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Quand elle avait lair heureux parce quelle devait aller la Reine Topaze, ou que son regard

devenait srieux, inquiet et volontaire, si elle avait peur de manquer la rite des fleurs ou
simplement lheure du th, avec muffins et toasts, au Th de la Rue Royale o elle croyait que
lassiduit tait indispensable pour consacrer la rputation dlgance dune femme, Swann,
transport comme nous le sommes par le naturel dun enfant ou par la vrit dun portrait qui
semble sur le point de parler, sentait si bien lme de sa matresse affleurer son visage quil ne
pouvait rsister venir ly toucher avec ses lvres. Ah! elle veut quon la mne la fte des
fleurs, la petite Odette, elle veut se faire admirer, eh bien, on ly mnera, nous navons qu nous

incliner. Comme la vue de Swann tait un peu basse, il dut se rsigner se servir de lunettes

pour travailler chez lui, et adopter, pour aller dans le monde, le monocle qui le dfigurait moins.

Un soir o Swann avait accept de dner avec les Verdurin, comme pendant le dner il venait de
dire que le lendemain il avait un banquet danciens camarades, Odette lui avait rpondu en pleine

table, devant Forcheville, qui tait maintenant un des fidles, devant le peintre, devant Cottard:
Oui, je sais que vous avez votre banquet, je ne vous verrai donc que chez moi, mais ne venez

pas trop tard.


Bien que Swann net encore jamais pris bien srieusement ombrage de lamiti dOdette pour
tel ou tel fidle, il prouvait une douceur profonde lentendre avouer ainsi devant tous, avec
cette tranquille impudeur, leurs rendez-vous quotidiens du soir, la situation privilgie quil avait

chez elle et la prfrence pour lui qui y tait implique. Certes Swann avait souvent pens
quOdette ntait aucun degr une femme remarquable; mais depuis quil stait aperu qu
beaucoup dhommes Odette semblait une femme ravissante et dsirable, le charme quavait pour

eux son corps avait veill en lui un besoin douloureux de la matriser entirement dans les
moindres parties de son cur.

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