Tout est faux. Je l’ai appris aujourd’hui.

La vie un jeu dont personne n’a fixé les règles, le

bonheur est un idéal que chacun essaie d’atteindre sans savoir qui il est vraiment. Je me
regarde dans le miroir et je ne vois qu’un reflet. Le reflet de moi-même, la distorsion de
mon â me, une sculpture anthropomorphe dont je ne suis pas le créateur, ni même le
constructeur. Changez mon visage et vous ne me reconnaitriez pas. JE n’existe pas. JE est
une supercherie, l’œuvre d’un Autre. J’ai vendu mon â me avec l’innocence de mon
enfance, emportée quelques années plus tô t par l’obligation de me conformer à des
règles que l’on ma dictées. ON m’a dit que la faute entrainait la sanction. La sanction, le
rejet. Le rejet, la solitude. La solitude, la mort. Pourtant c’est aujourd’hui, seul face à moi-
même, que je me sens vivant. Seul juge, je suis tout-puissant et c’est aujourd’hui que naît
ma prétention de devenir le véritable auteur de mon être.

Je suis à nu. L’heure de la divine révélation a sonné. De mon corps jaillira l’essence même
de mon être et s’illuminera bientô t autour de moi l’aura de l’homme qui sait. Elle se
révèlera du plus profond de mon inconscient pour donner naissance à un être qui ne
sera réellement connu que de lui-même. Cette entreprise longue, périlleuse mais
nécessaire me permettra d’affronter le Jugement Dernier en symbiose totale avec moi-
même. Alors, lorsque mon dernier souffle s’évanouira dans l’atmosphère et que devant
moi s’érigera l’Instance Suprême, je verrais dans le reflet de ses yeux un être qui connaît
les ténébreuses profondeurs de son Inconscient et les délicates subtilités de son Moi. Et
quand ce jour là arrivera, quand au bout du chemin la faucheuse m’attendra, stoïque et
imperturbable, elle reconnaîtra l’homme accompli qui ne la craint pas.