RENCONTRE
Christophe Ridet.
Entrepreneur globe-trotter
Christophe Ridet est le nouveau
visage du centre des jeunes
dirigeants de Toulon. Danseur de
ballet à ses débuts, il a fait ses
premiers pas d’entrepreneur aux
États-Unis et cultive désormais
quotidiennement cette passion
découverte sur le tas.
A priori, rien ne prédestinait Christo-
phe Ridet à devenir entrepreneur.
Pourtant, depuis 2001, il dirige une
entreprise créée de toutes pièces et
dédiée à la conception, la fabrication
et la commercialisation d’articles de
danse. Et, au mois de juillet, cet
ancien danseur de ballet devenu
entrepreneur, « un peu par hasard »,
prendra la tête du Centre des jeunes
dirigeants de Toulon avec la ferme
intention d’insuffler une nouvelle
dynamique aux 30 JD qui composent
ce réseau.
Du saltimbanque...
« Depuis mon plus jeune âge, je sors
des sentiers battus, je ne fais rien
comme les autres », raconte Christo-
phe Ridet. Passionné de danse, il
attrape à la fin des années 70 « la fiè-
vre du samedi soir » et devient le
« Billy Elliot » de Bourg-en-Bresse.
Quelques années plus tard, il achève
sa carrière de danseur au ballet de
Monte-Carlo. L’heure est venue de
penser « reconversion ». Il s’achète
alors une machine à coudre à Hon-
gkong, découvre qu’il est doué de
ses mains et créé ses premiers vête-
ments de danse en lycra à Seattle,
« d’abord pour sa femme, puis pour
des amis et danseurs profession-
nels ». À cette époque, il vit le rêve
américain, constate que ce pays
encourage les entrepreneurs. « Aux
États-Unis, on peut partir de rien et
réussir. Il suffit d’y croire ».
... À l’entrepreneur
Se forge alors en lui une certitude :
son destin est de devenir entrepre-
neur, une seconde passion découver-
te sur le tas : « Même si j’ai commen-
cé par faire mes armes dans un
milieu artistique, que j’ai été un sal-
timbanque, je n’ai pas l’impression
de renier mes ambitions de départ.
Ce qui a changé, c’est juste le véhicu-
le que j’emprunte pour y arriver ».
Après une escale londonienne, il jet-
te l’ancre en rade toulonnaise en
juillet 2001. Dans ses bagages, son
projet d’entreprise et à ses côtés, sa
femme, Elisabeth qui met fin à sa car-
rière de danseuse. Le couple investit
tout ce qu’il a dans la production
Il aime, il n’aime pas...
Il aime
- Faire le tour du monde : « Une fois par an, je profite d’aller à la
rencontre de nos clients export pour faire le tour du monde en trois
semaines maximum et une dizaine d’escales. C’est devenu une sor-
te de pèlerinage, j’adore ».
- « Me dépasser physiquement, notamment via la pratique du wind-
surf et de la course à pied ».
- « Mon métier de dirigeant d’entreprise ».
- La diversité.
- « Mes enfants, ma famille, ce que j’ai construit avec ma femme,
Elisabeth ».
Il n’aime pas :
- L’intolérance.
Hélène Lascols
d’une première collection. Christophe
Ridet ne prend plus l’avion pour aller
danser, mais pour vendre ses articles
de danse, ce qui n’est pas le moindre
des plaisirs de son nouveau métier.
Aujourd’hui, il emploie 15 personnes
et participe au rayonnement de la
France à l’étranger. « Ce qui a fait la
différence ? C’est notre capacité à
inventer, à produire, à s’inspirer du
design français », remarque le diri-
geant. L’ancien danseur revendique
son attachement à la France et ses
valeurs. Décomplexé, il écrit l’avenir
de son entreprise à l’international,
« persuadé que c’est au-delà de nos
frontières que se joue l’avenir de
notre économie ».
Jouer collectif
La réussite est là et la passion pour
son nouveau métier est intacte, mais
« en entreprise, les valeurs devien-
nent plus difficiles à gérer, notam-
ment parce que le monde du busi-
ness cache une certaine violence »,
confie l’entrepreneur. Il trouve alors
refuge dans les réseaux. Dès 2003, il
est soutenu par le réseau Entrepren-
dre Paca et prend conscience
« qu’être parrainé, aidé, ça compte
énormément ». Puis en jan-
vier 2006, il bascule - « naturelle- l Christophe Ridet prendra la tête du CJD Toulon au mois de juillet. Dirigeant de l’entreprise Wear moi, il « adore » faire le tour du monde une fois par an. Le
ment » - vers le CJD : « Dans cette reste de l’année, il pointe sur un planisphère les pays dans lesquels sa marque est présente, ceux où ses produits sont fabriqués et ceux qu’il lui reste à conquérir.
aventure, la formation me permet de
muscler mon jeu, tout en me battant
pour la conservation d’une certaine
éthique et en y trouvant les outils qui
me le permettent ». Le CJD agit pour
« Jouer collectif pour renouer avec
lui comme une boussole. Christophe
Ridet s’implique et satisfait sa soif de PARCOURS
les grandes années du CJD Toulon »
formation tout au long de la vie, tout Après une année de dauphinat accom- nous pourrons renouer avec les gran- devenu chef d’entreprise sur le tas,
autant que son besoin de jouer collec- plie aux côtés d’Aline Caturegli, prési- des années. Durant ces deux ans, je c’est notamment au CJD que je me
tif. « Ma vie de dirigeant est plutôt 21 novembre 1965 dente, Christophe Ridet lui succédera souhaite également mettre à profit suis formé à ce métier, à travers des
collective et participative. Je donne Naissance à Bourg-en-Bresse. pour prendre la tête du Centre des jeu- mes compétences de communicant sessions de formation, mais aussi les
un cap à mes salariés mais j’ai nes dirigeants (CJD) de Toulon* au pour donner une image jeune et échanges.
conscience que ma volonté ne vaut 1983 mois de juillet. attrayante du réseau. Le CJD est aussi « un laboratoire du
que si elle est en harmonie avec leurs Premier emploi, premier patronat », qui met à l’épreuve certai-
attentes », confie-t-il. Alors que ce contrat en tant que danseur au Quelles sont vos ambitions pour Vous allez également écouter nes idées avant-gardistes. Ce fut le
soit au CJD ou dans son entreprise, il Théâtre du Silence, à le CJD Toulon ? les « anciens ». cas par exemple de la formation en
prône le collectif. D’autant que si sa La Rochelle. Je souhaite renouer avec les grandes En effet car nous ne pouvons pas espé- alternance, de l’intéressement et
réussite personnelle est un challenge heures du CJD Toulon. Celui des rer bâtir quelque chose de neuf sans aujourd’hui des thèmes liés au déve-
qu’il relève au quotidien, il considère Août 1992 années 80-90, qui comptait plus de tenir compte du demi-siècle de philo- loppement durable ou la responsabili-
qu’elle ne serait rien si elle ne lui per- Arrivée et installation aux États- 70 adhérents à son actif et qui était sophie JD écoulée. Nous allons notam- té sociétale en entreprise (RSE).
mettait pas de donner du sens aux Unis, à Seattle. influent. Depuis le début des années ment nous consacrer à cette écoute à
personnes qu’il rencontre, aux per- 2000, le CJD Toulon est reparti en l’occasion des 50 ans du réseau que À ce propos, votre entreprise
sonnes qui travaillent pour lui. Octobre 1992 conquête et peut aujourd’hui s’asseoir nous fêterons le 8 octobre prochain. est l’un des laboratoires toulon-
Mariage avec Elisabeth, à Seatt- sur 30 à 35 adhérents. Mon challenge Nous voulons rassembler un maxi- nais de la RSE.
le. est de poursuivre dans cette voie. mum « d’anciens » autour de deux Nous avons cette année remporté le
dénominateurs communs : être diri- trophée RSE Var dans la catégorie TPE
Juillet 2001 Comment allez-vous élaborer geant et être ou avoir été JD. et nous en sommes très fiers. Dans
Création de l’entreprise Wear votre programme ? mon entreprise Wear moi, les princi-
Moi en France. Actuellement, nous menons une Que recouvre cette philosophie pes de la RSE servent de curseur. Cela
réflexion collective sur le mandat JD ? permet à chaque fois de mesurer les
2003 2010-2012 et ses orientations. L’idée Le CJD est un mouvement qui regrou- conséquences de ses actes, car c’est
Lauréat du Réseau Entrepren- est de réaliser un diagnostic, de déga- pe de jeunes dirigeants, représentatifs de la responsabilité des chefs d’entre-
dre Paca. ger des pistes de réflexion et lors de du tissu économique et qui défend prise de développer son CA tout en
la plénière au mois de juin, nous l’idée d’un libéralisme responsable. respectant les fournisseurs, les clients,
2006 allons poser les bases de la prochaine Mais c’est aussi un réseau où ces jeu- les salariés et finalement certaines
Intégration du Centre des jeu- mandature. Pour cela, je veux m’ap- nes dirigeants viennent rompre leur règles. Ce n’est pas parce que le
nes dirigeants du Grand Tou- puyer sur les compétences des jeunes isolement, échanger, se former, pro- métier est parfois difficile, qu’il faut
lon. dirigeants (JD), amener chacun à s’ex- gresser. forcément répondre par la violence. Il
primer et finalement donner la prime La formation est ainsi au cœur de la existe toujours une possibilité de faire
Juillet 2010 au collectif. Je veux prendre le temps vocation du CJD. D’ailleurs, le métier autrement.
Présidence du CJD Grand Tou- d’écouter tout le monde car je suis per- de dirigeant ne s’apprend pas sur les
lon. suadé que si j’arrive à motiver 30 JD, bancs de l’école et étant moi-même *www.cjd-toulon.net