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Saint Augustin

Saint Augustin Saint Augustin Collection dirigée par

Saint Augustin
Laurence Tacou
(354-430)
Le mensonge
Carnets
Né à Thagaste, aujourd’hui Souk- Aucun des commentateurs de l’Écriture cependant Jean Baudrillard
Ahras, à l’est de l’Algérie, près de ne peut dire qu’il a trouvé dans l’Écriture un Carnaval et cannibale

Le
la frontière tunisienne, ce Romain exemple ou une parole l’autorisant à aimer ou Pourquoi tout n’a-t-il pas
d’Afrique est fils d’une chrétienne, déjà disparu ?
Monique, et d’un païen, Patricius. Éle-
même à ne pas haïr un mensonge quelconque.
vé dans la religion de sa mère, il s’en Ils conviennent, d’ailleurs, que si on ment André Breton
quelquefois ce doit être avec répugnance et pour Mettre au ban les partis politiques

mensonge
détache à la fin de son adolescence
pour adhérer au manichéisme. En éviter un plus grand mal. En quoi ils se trompent, Jean-Marie Guyau
384, professeur à Milan, il y écoute la car ils subordonnent à un acte vil un sentiment de Contre l’idée de sanction
prédication de l’évêque du lieu, Am- grande valeur. Admettre, en effet, qu’on peut faire Joseph de Maistre
broise, qui désarme ses objections le mal pour en éviter un plus grand, c’est mesurer Éclaircissement sur les sacrifices
contre le christianisme. Augustin re-
vient alors à la foi de son enfance : il
le mal non plus sur la règle de vérité, mais sur la Edgar Morin
est baptisé à Pâques 387. Rentré en cupidité et l’usage, chacun estimant comme plus Le destin de l’animal
Afrique en 388, il y mène avec des grave le mal qui lui fait le plus d’horreur, et non Où va le monde ?

Le mensonge
amis une vie à la fois monastique celui qu’il doit, en réalité, le plus fuir. Vers l’abîme ?
et philosophique. C’est malgré lui Friedrich Nietzsche
qu’en 391 il devient prêtre à Hippone Saint Augustin Le crépuscule des idoles
(aujourd’hui Annaba, en Algérie), à
la demande du peuple chrétien de Pierre-Joseph Proudhon
cette ville. Devenu évêque d’Hippone La célébration du dimanche
en 395, il se dévoue jusqu’à sa mort à Ce Carnet est publié sous la direction de J.-M. Salamito La pornocratie
ses diocésains et à l’Église africaine Traduit du latin par Gustave Combès Sade
en général, prêchant le jour, écrivant Français, encore un effort...
la nuit, produisant l’œuvre la plus
étendue que nous ait léguée l’Anti- Spinoza
quité gréco-romaine. Son livre sur Le De la liberté de penser dans
un État libre

Carnets
mensonge est le dernier qu’il ait écrit Lettres sur le mal
comme prêtre, en 395.
Alexis de Tocqueville
9,50 € Le despotisme démocratique

L’Herne
L’Herne
9 782851 979346
ISBN 978-2-85197-934-6
le mensonge

Carnets
Œuvres de Saint-Augustin
1re série : Opuscules
II Problèmes moraux
Le Mensonge
© Institut d’Études Augustiniennes, 1948
© Éditions de L’Herne, 2010
22, rue Mazarine 75006 Paris
www.lherne.com
lherne@lherne.com
Saint Augustin

le mensonge

L’Herne
Préface

Pour Yves Modéran


(1955-2010),
ami de la vérité.

Augustin avait quarante ans quand il composa


Le mensonge, De mendacio. Il était prêtre à Hippone
(aujourd’hui Annâba, en Algérie). Peu après, au
printemps ou à l’été 395, il fut choisi comme
«  coévêque  », coepiscopus, par son évêque, Valerius.
À la mort de celui-ci, en 396 ou 397, il se retrouva
seul à la tête des « catholiques » de cette grande cité
portuaire.
Des «  catholiques  », pas de tous les chrétiens.
Hippone, en effet, comptait aussi une communauté
dissidente, fort nombreuse, avec son propre évêque.
Depuis 312, il existait en Afrique romaine deux
Églises rivales, celle des « catholiques » (comme ils se
qualifiaient eux-mêmes, mais les guillemets signalent
que ce terme n’avait pas le sens qu’il a de nos jours)

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et celle des «  donatistes  » (comme disaient leurs
adversaires, parce que leur chef s’appelait Donat).
Au long de son épiscopat, qui ne s’acheva qu’avec
sa mort, le 28  août 430, dans Hippone assiégée
par les Vandales, Augustin fit beaucoup pour la
réunification de l’Église d’Afrique. Mais, en 395,
quand il écrivait pour la première fois sur la notion
de mensonge, il n’était que prêtre. Et il l’était devenu
malgré lui.

Né le 13 novembre 354 à Thagaste (Soûk-Ahrâs,


en Algérie), Aurelius Augustinus était fils d’un païen
et d’une chrétienne. Il fut élevé dans la religion de sa
mère. Vers la fin de son adolescence, il s’enthousiasma
pour la philosophie en lisant l’Hortensius de Cicéron
(un ouvrage désormais perdu), mais il fut rebuté par
la Bible. Il pensa trouver dans le manichéisme la
réponse à sa soif de sagesse et à ses interrogations sur
l’origine du mal. Devenu professeur de rhétorique à
Milan en 384, il revint à la foi de son enfance grâce
à la prédication du brillant évêque de cette ville,
Ambroise. Celui-ci le baptisa dans la nuit du 24 au
25 avril 387, nuit de Pâques.
Rentré en Afrique à l’automne 388, Augustin
fonda dans son bourg natal, avec une poignée

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d’amis, une communauté qui ressemblait à la fois à
un monastère et à une école philosophique. Ses livres
commencèrent à le faire connaître aux chrétiens des
environs.
Début 391, alors qu’il était de passage à Hippone,
les « catholiques » du lieu exigèrent qu’il devînt un de
leurs prêtres. C’était la fin de sa tranquillité, pas celle
de sa fécondité comme auteur.

Dans ses Révisions, rédigées au soir de sa vie,


en 426-427, Augustin réexamine ses nombreux
ouvrages. Il place Le mensonge à la fin du livre  I,
comme le dernier en date des écrits antérieurs à son
épiscopat. Il avoue que la complexité de ce texte
l’avait découragé de le publier et que, par la suite,
il avait même ordonné sa destruction. Mais quand,
septuagénaire, il passe en revue ses œuvres, il retrouve
son De mendacio, que ses amis avaient épargné,
et cette fois il le publie, comme un pendant à son
Contra mendacium, Contre le mensonge, écrit en 420.
Qu’après un quart de siècle d’épiscopat Augustin
revienne à un sujet qui déjà le préoccupait au temps
de sa prêtrise, qu’encore une demi-douzaine d’années
plus tard il insère dans ses œuvres complètes le livre
qu’il avait d’abord voué à disparaître et qu’il pouvait

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penser avoir remplacé par un autre, voilà qui prouve
l’importance à ses yeux des problèmes moraux posés
aux chrétiens par le mensonge.
Ce sont des questions concrètes, «  de gros
problèmes qui nous troublent souvent dans le train
quotidien de notre vie  » (I, 1), qu’affronte le De
mendacio, cet « ouvrage si nécessaire à notre vie de
tous les jours  » (ibid.). Qu’est-ce que mentir  ? Un
chrétien a-t-il le droit de mentir  ? N’existe-t-il pas
des circonstances où un mensonge permet d’éviter
un mal plus grave  ? Le livre atteste que de telles
interrogations reçoivent en ce temps-là, parmi les
chrétiens, des réponses divergentes. L’auteur ne
cache pas qu’il s’agit « d’une question enveloppée de
mystère » (I, 1).
Dans ses Révisions (II, 27), il en vient à estimer
que Le mensonge, en raison même de sa difficulté,
«  n’est pas inutile pour l’exercice de l’esprit et
de l’intelligence  »1. Qui se sera confronté aux
raisonnements serrés de ce petit livre, comprendra
pleinement cette remarque d’Augustin. Il tirera de
son effort une joie comparable à celle d’un marcheur
en montagne ou d’un alpiniste. Et c’est l’occasion
de rappeler que, dans la vie intellectuelle, « rien ne

1. Traduction de Gustave Bardy, Paris, Desclée de Brouwer,


1950 (t. 12 de la « Bibliothèque augustinienne »), p. 445.

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remplace, même pour ceux qui ne se destinent pas
au labeur philosophique, le déchiffrement d’un texte
difficile »2�.
Afin, justement, d’aider le lecteur à trouver en ces
pages sa joie, voici quelques pistes de réflexion.

D’emblée, Augustin signale, en philosophe plutôt


qu’en théologien (mais chez lui les deux ne se laissent
pas aisément séparer), la difficulté de définir l’objet de
sa recherche. Mentir, ce n’est ni plaisanter ni se tromper.
« Mentir, c’est avoir une pensée dans l’esprit (in animo)
et, par paroles ou tout autre moyen d’expression, en
énoncer une autre  » (III, 3). C’est l’«  intention de
l’esprit », animi sententia, qui fait le mensonge, et non
pas « la vérité ou la fausseté des choses en elles-mêmes »
(ibid.). De cette volonté de parler autrement qu’on
ne pense, Augustin passe aussitôt à la «  volonté de
tromper », voluntas fallendi. Celle-ci semble le critère
permettant d’identifier un mensonge.
Pourtant, Augustin ne peut s’empêcher de se
demander, en des pages dont il reconnaît la subtilité,
si l’absence de cette volonté de tromper suffit à

2. Raymond Aron, Mémoires, Paris, Julliard, 1983, ch.  II,


p. 38.

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exclure absolument qu’il y ait mensonge (fin de III,
4 et IV, 4).
Ce travail de définition se prolonge, dans la
seconde grande partie du livre, par un double effort
de classification  : d’abord, une typologie empirique
des mensonges qui existent au quotidien (de XI, 18
à XIII, 22) ; ensuite, un classement éthique en huit
degrés selon un ordre décroissant de gravité, depuis
le « mensonge capital », capitale mendacium, commis
alors qu’on prétend enseigner la religion chrétienne,
jusqu’au mensonge – le moins répréhensible – par
lequel une personne, sans nuire à quiconque, tente
d’éviter une atteinte à la pureté de son corps (XIV, 25).
Définitions, classifications, études de cas, il y
a tout cela dans le De mendacio, avec une minutie
parfois vertigineuse. Mais il faut se garder de ne lire
l’ouvrage qu’en partie ou de se perdre en ses détails :
Augustin va au-delà de la casuistique en affirmant
pour finir « l’obligation absolue de ne jamais mentir »
(XXI, 42).
Il fonde cette conclusion sur «  les témoignages
de l’Écriture » (ibid.), et notamment sur un dossier
de citations de l’Ancien puis du Nouveau Testament,
dont il a énuméré les principales en V, 6-9. Il y
aurait beaucoup à dire sur l’exégèse biblique du
Mensonge : ses lectures allégoriques, ses distinctions
entre préceptes et exemples, paroles et actes (cf. les

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interprétations qui se succèdent à partir de XV, 26),
enfin sa volonté de concilier les textes apparemment
contradictoires.

Ce sont les deux échelons extrêmes de sa


classification qui préoccupent le plus Augustin  : le
mensonge le plus grave, qui se commet au nom de
la religion, et le plus excusable, par lequel on défend
sa pudeur.
« Le « premier » mensonge, le mensonge capital,
celui qu’il faut éviter et fuir loin avant tous les autres,
c’est le mensonge commis dans l’enseignement
de la religion » (XIV, 25 ; cf. VIII, 11 et XIII, 21).
Augustin condamne les propos visant à tromper
quelqu’un pour l’amener au christianisme ou, par
la suite, pour lui faire accepter tel ou tel aspect de
celui-ci. À ses yeux, la fin, fût-elle religieuse, ne
justifie jamais les moyens. Dans ses polémiques
contre des dissidents (comme les « donatistes », déjà
mentionnés), Augustin, fort différent d’autres Pères
de l’Église, refuse de recourir à la calomnie.
La question de savoir si l’on a le droit moral
de mentir pour échapper à des violences sexuelles
occupe dans Le mensonge une place importante.
Augustin affronte la sensibilité de ses contemporains,

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elle-même représentative de la tendance humaine
à concevoir certaines souillures physiques, même
infligées par autrui, comme des fautes morales et/ou
religieuses, et donc à stigmatiser les victimes elles-
mêmes comme portant une part de culpabilité ou
comme frappées de déchéance. Contre ces amalgames,
le théologien d’Hippone pose des distinctions : entre
persécution et corruption (VII, 10), entre justice des
actes et souillure du corps (IX, 15), entre ce que les
hommes voient et ce que Dieu juge (ibid.), entre
pudeur du corps et chasteté de l’âme (XIX,  40),
entre consentir et permettre (ibid.). Il conclut que
le chrétien doit « préférer la foi parfaite même à la
pudeur corporelle » (XX, 41).

Ce qui compte pour Augustin, c’est ce qui se passe


« dans l’esprit », in animo (III, 3) ; c’est ce que dit « la
bouche du cœur », os cordis (XV, 31-32). Il ne s’agit pas
du respect formel de préceptes abstraits, mais de la vie
intérieure de l’homme, de son ascension vers la vision
de Dieu. Voilà pourquoi les menteurs «  se font un
grand tort à eux-mêmes » (XI, 18), tandis que « Dieu
ne subit de leur part aucun dommage » (XVIII, 38).
L’enjeu fondamental, c’est l’«  amour  », dilectio
ou amor. L’homme doit maintenir « dans son cœur

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l’amour (dilectio) de la vérité » (XVII, 36), au lieu de
le détruire par des mensonges. Ayant « deux vies »,
il ne doit pas « aimer (diligere) la vie temporelle plus
que la vie éternelle  » (XVIII, 38). Il est appelé à
« garder sa sincérité à l’amour (dilectio) de Dieu et du
prochain » (XIX, 40). La chasteté de l’âme, à ne pas
confondre avec la pureté du corps, consiste en « un
amour ordonné (amor ordinatus) qui ne soumet pas
les biens majeurs aux biens mineurs » (XX, 41). Dans
son enquête sur le mensonge, Augustin unit deux
notions que notre époque tend à dissocier, l’ordre et
l’amour.
Le De mendacio s’achève sur une prière, un appel
à l’aide divine. Partie de la vie concrète, la réflexion
y revient. C’est la réflexion d’un philosophe et d’un
théologien, mais aussi d’un simple croyant, d’un
affamé de vérité, qui avoue sa faiblesse et s’en remet
à Celui qu’inlassablement il cherche�3.

Jean-Marie Salamito

3. La traduction reproduite ci-dessous est celle de Gustave


Combès, publiée en 1948, en regard du texte latin, dans le
tome 2 de la « Bibliothèque augustinienne ». Je ne l’ai modifiée
que sur quelques rares détails. Une édition bilingue plus récente
est celle, avec traduction italienne, de Maria Bettetini : Agostino,
Sulla bugia, Milan, Bompiani, 2001 (coll. « Testi a fronte »).

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LE MENSONGE

Complexité du problème
I. 1. Le mensonge soulève de gros problèmes
qui nous troublent souvent dans le train quotidien
de notre vie. Nous risquons, en effet, ou d’accuser
témérairement de mensonge ce qui n’en est pas ou de
croire qu’il est quelquefois permis de mentir pour un
motif honnête, service à rendre ou acte de miséricorde
à accomplir. Nous étudierons ces problèmes avec la
minutie spéciale aux chercheurs, et s’il nous arrive
de faire une découverte, nous n’affirmerons rien à la
légère. La discussion suffira à en montrer la valeur
au lecteur attentif. Car il s’agit d’une question
enveloppée de mystère. Elle déjoue souvent, en se
cachant, pour ainsi dire dans des détours pleins de
replis sinueux, les efforts de l’enquêteur. On croit la
tenir et elle vous échappe des mains. Elle apparaît de
nouveau et s’évanouit encore. À la fin, cependant,
un coup de sonde plus précis nous permettra de la
saisir et d’en dégager la solution. Elle contiendra

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peut-être quelque erreur, mais comme c’est le vrai
qui nous délivre de toute erreur et le faux qui nous
y enlace, j’estime qu’on ne se trompe jamais avec
plus de sécurité que lorsqu’on se trompe par un trop
grand amour du vrai et une trop grande défiance du
faux. Les censeurs sévères disent : vous êtes allé trop
loin. Mais la vérité peut leur répondre à son tour : ce
n’est pas encore assez. Qui que vous soyez, lecteur,
si vous êtes de bonne foi, ne blâmez rien dans cet
écrit avant d’avoir tout lu. Vous le trouverez ainsi
moins répréhensible. N’y cherchez pas d’éloquence.
Nous nous sommes surtout préoccupé du fond et
de l’achèvement rapide d’un ouvrage si nécessaire à
notre vie de tous les jours, ne réservant que peu ou
presque pas de soin à la forme.

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