Le commerce de la friperie est une activité qui fait intervenir plusieurs acteurs.
Il y a d’abord l’exportateur, de qui vient la marchandise. Généralement de l’Europe
centrale, il est Belge ou Hollandais. Pour N.A., qui exerce dans la friperie au marché
Mboppi, « Ce sont les Arabes d’Europe qui rassemblent les vêtements et nous les
envoient. » Ils collectent donc les vêtements qui sont ensuite nettoyés, parfumés
avant conditionnement en ballots. GP Kuissu note avec amertume que « parfois, c’est
des articles volés dans les industries textiles, des articles présentant des défauts, des
fins de séries, ou qui ne peuvent être écoulés sur leur marché naturel. » Ce à quoi
N.A. répond : « Nous avons le premier, deuxième et le troisième choix…On ne peut
comparer un vêtement neuf avec un autre qui est usé… » A regarder de près, les
exportateurs doivent être nombreux, comme l’atteste cette annonce sur
internet : « Friperie, Afrique, Pays de l’Est – Attention des fripiers, revendeurs,
magasins, importateurs – Vente de vêtements d’occasion, chaussures, accessoires
(H/F/E)- Grand choix, plusieurs qualités, toutes quantités, disponible en balles, ou
sacs, ou par container de 20 à 40- En très bon état. » De telle annonces abondent
sur la toile, et qui témoignent du dynamisme dans la filière.
Le regard de l’Etat
Le noyau principal
Les importateurs du secteur de la friperie, selon M. Kuissu, sont des commerçants qui
«font de gros bénéfices sur l’irresponsabilité des pouvoirs publics et du faible
pouvoir d’achat des populations. » Quoiqu’il en soit, c’est parfois de hautes
personnalités que l’ont ne soupçonnent pas, qui confient la gestion du business aux
proches parents. Les fripiers ont formé un regroupement qui tient lieu de Syndicat. Si
le manque de solidarité entre eux est à l’origine de cette malheureuse situation, ce
rassemblement sert néanmoins à quelque chose. « Ce n’est pas un syndicat en tant
que tel. C’est un regroupement de patrons qui interviennent quand la marchandise
a des difficultés avec la douane », explique N.A. de Mboppi, avant de lâcher : « les
fripiers ne sont pas solidaires ! » Et les Chinois dans tout cela ? Il y a deux ans, ils
constituaient une véritable menace pour le secteur. Aujourd’hui, « les clients savent
faire le choix. » Pour N.A., il n’y a pas lieu de craindre pour le textile camerounais,
« Nous mettons la barre à la portée de tous, et les ménages nous font confiance. » A
voir le monde qui grouille au marché Mboppi au « secteur friperie », on peut dire que
les affaires marchent. Des millions se brassent tous les jours dans la filière :
dépendant du choix (1er, 2e, ou 3e choix), et du type de vêtements (hommes, femmes
enfants, culottes, tee-shirts…), le ballot peut varier entre 50 000 et 1 million de F cfa,
ou plus.
Et le roi de la friperie ? N.A. pense qu’il existe mais qu’il ne sera pas facile de le
connaître, « C’est difficile de savoir qui il est, parce qu’aucun fripier ne viendra vous
dévoiler son chiffre d’affaires. »
Gérard Philippe Kuissu pour sa part pense que la friperie est un ennemi d’Etat qu’il
faut simplement éradiquer, à cause de son : « caractère anti-patriotique, négatif et
impropre au développement d’un pays comme le nôtre et même tout le continent. »
Il semble parler pour lui-même, parce que même froissée, la friperie continue
d’habiller d’Afrique.
KK