La Grande Époque

EpochTimes.com
ÉDITION 148
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 16 – 31 JANVIER 2009 • BIMENSUEL

► P. 10 Environnement ► P. 9 Nouveau regard ► P. 8 Mauritanie

Un sanctuaire Misère et Apprendre
marin bonheur au à vivre libre
d’exception cinéma

Salvador p. 3
Première au Parlement européen : L’ex-guérilla
une résolution pour la liberté de la du FMLN aux
portes du
presse en Chine pouvoir

Nicaragua p. 3

Bons comptes
entre amis

Zhang Yue/La Grande Époque

Le Parlement européen demande à Eutelsat de reprendre la diffusion de NTDTV en Chine.

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Le tournant de l’Afrique du Sud en 2009

APRÈS une année 2008 marquée par
un remaniement complet de la tête de
l’ANC (Congrès National Africain), les
élections générales prévues en avril
devraient voir émerger, pour la pre-
mière fois depuis 15 ans, une vérita-
ble opposition. Le parti de Jacob Zuma
l’a bien compris et a lancé avec pugna-
cité, samedi 10 janvier, sa campagne
électorale. Son adversaire de toujours,
l’ancien président Thabo Mbeki dont
l’absence à ce congrès de l’ANC a
été fort remarquée, pourrait lui trouver
dans ces élections l’occasion de renaî-
tre de ses cendres. À la mi-décembre,
ses proches ont créé un nouveau parti
le CoPe (Congrès du Peuple), déjà cré-
dité de 15 % des voix. Les élections du
mois d’avril doivent être un tournant
pour l’Afrique du Sud, avec des implica-
tions à prévoir à l’échelle du continent –
et notamment dans la politique vis-à-vis
du Zimbabwe voisin.
Annoncé de longue date et souhaité
par la plupart des observateurs, l’égrè-
nement de l’ANC a commencé au mois
de décembre. Avec la création du CoPe
(Congrès du Peuple) dirigé par Mosiuoa
Lekota, l’ancien ministre de la Défense
du président sortant Thabo Mbeki,
l’unité artificielle de l’ANC est enfin bri-
sée.
Le congrès fondateur du CoPe a eu
lieu le 16 décembre à Bloemfontein, ville
de naissance de l’ANC en 1912, comme
pour symboliser une renaissance de
« l’union sacrée » dont la raison d’être
a été pendant près d’un siècle la lutte
contre l’apartheid. Car depuis son
accession au pouvoir en 1994, le parti
de Nelson Mandela a peiné à faire face
aux défis sociaux du pays, alors que le
débat démocratique restait étouffé par
l’omniprésence d’un ANC rassemblant
de l’extrême-gauche jusqu’aux libéraux
et fonctionnant en vase clos.
Il aura fallu la lutte interne entre
Thabo Mbeki, président d’Afrique du
Sud de 1999 à 2008 et Jacob Zuma –
qui l’a remplacé à la tête de l’ANC lors
du congrès de Polokwane en décem-
bre 2007, pour accélérer la création
d’un réel pluralisme politique en Afri-
que du Sud.
Le 20 septembre 2008, l’ANC ralliée
à Jacob Zuma a publiquement humilié
Thabo Mbeki en le forçant à démission-
ner de la présidence du pays suite aux Économie p. 7
révélations d’un juge chargé des pour-
suites pour corruption contre Zuma, sur
qui le camp Mbeki aurait exercé des Danone-Wahaha :
pressions politiques pour arriver à une
condamnation de Zuma.
Près d’un tiers du gouvernement a
le litige devant
alors suivi Mbeki en démissionnant de
même, dont le ministre des Finances,
un tribunal
Trevor Manuel, considéré comme le
responsable de la croissance écono- d’arbitrage de
mique du pays, ce qui a fait anticiper la
partition annoncée de l’ANC. Stockholm
Lire la suite page 2

CHINE ÉCONOMIE SANTÉ RENCONTRES

Les médias d’État chinois
admettent une recrudescence
des manifestations.
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Page 2 ................ International
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Page 4 ............................ Chine
Les mécanismes de la crise : le
scandale Madoff.
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Page 5 .............................. Chine
Page 6 .............................. Chine
Page 7 ....................... Économie
La médecine par les plantes
dans la prévention de la grippe.
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Page 8 ................... Droits humains
Page 9 .................. Nouveau regard
Page 10 .................. Environnement
Malongo, l’art du café bien fait.
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Page 11 ................................ Petites annonces Page 14 ................ Art de vivre
Page 12 ............................... Santé et bien-être Page 15 ................ Rencontres
Page 13 ................................................ Société Page 16 ........................ Culture

Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires
2 International
Le tournant de l’Afrique du Sud en 2009
Suite de la première page
VIRAGE À GAUCHE DE L’ANC, COPE
SOUS COULEUR MBEKI
Le CoPe, qui dit compter déjà près de
400.000 adhérents, est crédité de près
de 15 % des suffrages pour les élections
d’avril. Son programme politique, qui n’a
pas encore été dévoilé mais qu’on anti-
cipe de centre-droit dans la lignée de la
présidence Mbeki, s’appuie déjà sur un dis-
cours focalisé sur la corruption supposée de
Jacob Zuma. Le parti envisagerait d’ailleurs
une coalition avec d’autres partis d’opposi-
tion, notamment l’Alliance démocratique qui
pèse environ 10 % des suffrages, regroupe
les anciens partis progressistes et a la faveur
des électeurs blancs.
Les membres du CoPe incluent des
déçus de l’ANC et de sa logique de clan :
Nomonde Mahajana, une déléguée du
Nord-Ouest citée par le Mail&Guardian,
explique : « Nous sommes fatigués de
l’ANC. Nous voulons du changement et de
la protection. L’ANC ne fait qu’accumuler de
l’argent sans nous protéger ». Esme Moetsi,
une conseiller municipal de Kimberley, indi-
que au même journal avoir rejoint le CoPe
parce que « l’ANC travaille pour l’ANC et pas
pour les Sud-Africains ».
Le ralliement au nouveau parti d’un des
grands icônes de la lutte anti-apartheid,
Allan Boesak, a créé une grande émotion au
mois de décembre, et inquiète les dirigeants
de l’ANC. « Nos espoirs n’ont pas reçu de
réponse, nos rêves ont été piétinés, notre
aspiration à la justice n’a pas été satisfaite.
Nous n’avons toujours pas un pays unifié.
Nos idéaux ont été remplacés par la désil-
lusion. Le CoPe doit être la nouvelle vision
pour que l’Afrique du Sud construise une
maison pour tous ».
Autre icône – décédée le 1er janvier – l’an-
cienne élue progressiste sud-africaine Helen
Suzman, qui dénonça pendant des années
le régime d’apartheid depuis la chambre des
députés, rejoignait déjà ce constat en 2007
quand elle estimait dans un entretien avec
l’AFP que « ce qui l’a remplacé [l’apartheid]
n’est pas très satisfaisant » : « Les hôpitaux
sont une honte », « le système éducatif est
choquant », « la criminalité trop élevée ».
Pour ce qui est du fonctionnement du Par-
lement, même en plein apartheid, disait-elle
alors, « j’ai toujours eu la possibilité d’ex-
primer mes opinions ». « Aujourd’hui, c’est
beaucoup plus difficile, le rôle de l’opposi-
tion n’est pas reconnu. Les questions res-
tent sans réponse, elles sont déclarées
invalides... ».
La pression est forte sur le CoPe dont
les meetings sont systématiquement per-
turbés par des membres de l’ANC et dont
le Congrès fondateur a eu lieu en plein dans
une manifestation organisée par l’ANC, et à
laquelle participait Jacob Zuma lui-même.
Celui-ci n’a pas obtenu le positionnement
espéré de la part de Nelson Mandela, qui
dans sa lettre au Congrès de l’ANC indi-
Un feu après l’autre dans l’Est congolais
LA ZONE frontalière Est de la République
du Congo, dans la zone partagée avec le
Rwanda et l’Ouganda, passe d’une menace
à l’autre. Après plusieurs années de terreur
par les factions tutsie du général rebelle
Laurent Nkunda, ce sont aujourd’hui les
rebelles ougandais de l’Armée de Résis-
tance du Seigneur qui perpétuent des mas-
sacres dans les populations civiles.
Le Congrès National de la Défense du
Peuple (CNDP) a annoncé samedi 17 jan-
vier par la voix de Bosco Ntaganda la fin de
ses combats contre l’armée régulière con-
golaise. L’annonce, faite en l’absence de
Laurent Nkunda, pose la question de la
position de celui-ci dans le CNDP. A-t-il été
renversé ? Une nouvelle partie de ses trou-
pes fait-elle dissidence ?
Dans le premier cas, c’est la fin d’une
guerre dont les victimes ont été essentiel-
lement civiles : plus de 250.000 habitants
du Nord-Kivu ont été déplacés en 2008
comme conséquence des combats entre
les troupes du CNDP et l’armée régulière
congolaise. Dans le second, le cessez-
le feu annoncé ajoute une pression forte
à Laurent Nkunda pour accepter un arrêt
général des combats dans cette lutte qu’il
présente comme une défense des popula-
tions tutsie congolaises persécutées par les
milices hutus du Interahamwe.
Point extrêmement positif, la rencontre
www.lagrandeepoque.com
Zuma superstar de 2009.
« Nos espoirs n’ont pas reçu de réponse, nos
rêves ont été piétinés, notre aspiration à la justice
n’a pas été satisfaite. Nous n’avons toujours pas
un pays unifié. Nos idéaux ont été remplacés par
la désillusion. »
Allan Boesak, icône de la lutte anti-apartheid
que : « J’ai choisi et ai fait savoir publique-
ment que je ne m’impliquerai pas dans ces
questions politiques. C’est à la nouvelle
génération de prendre les rênes et les res-
ponsabilités ; la nôtre a fait aussi bien qu’elle
le pouvait en son temps ».
Zuma a, lors de ce Congrès, impulsé un
virage politique marqué à l’ANC. L’ANC vire
à gauche titrait le Mail&Guardian dimanche
11 janvier. Il satisfait ainsi toute l’aile gauche
du Parti, en particulier le congrès des syndi-
cats sud-africain et les communistes qui l’ont
porté à la tête de l’ANC fin 2007 : mouve-
ment vers une éducation gratuite, lutte con-
tre la corruption, renforcement du rôle de
l’État dans l’économie et investissements
qui a conduit à l’annonce du cessez-le-
feu à Goma a, d’après la BBC, eu lieu en
présence du commandant en chef de l’ar-
mée rwandaise. Le Rwanda étant depuis
des années le principal soutien logistique
et financier de Laurent Nkunda (le chaos
au Nord-Kivu permettant à la fois un pillage
des ressources naturelles congolaises et
une poursuite de la volonté d’éradication
des responsables du génocide rwandais
de 1994), la trêve pourrait être solide.
PLUS DE 600 CIVILS MASSACRÉS
PAR LA LRA
Mais avec un feu éteint un autre s’al-
lume : les attaques perpétrées récemment
par les rebelles ougandais de l’Armée de
Résistance du Seigneur (LRA) ont provo-
qué la mort de plus de 600 personnes, l’en-
lèvement de plus 400 autres, ainsi que le
déplacement de plus de 104.000 person-
nes, indiquent les Nation unies. Les mem-
bres du Conseil de sécurité ont exprimé
« leur grave préoccupation devant l’am-
pleur de ces atrocités et ont souligné que
les responsables doivent être traduits en
justice ».
En septembre 2008, alors même que
depuis deux ans il négociait un accord de
paix avec le gouvernement ougandais, le
chef du LRA, Joseph Kony, a ordonné
l’attaque de civils comme moyen de pres-
publics pour aider à la création d’emplois :
« La création d’emplois décents sera au
centre de toutes nos mesures économiques.
Nous mettrons en place un système com-
plet de mesures industrielles sous contrôle
de l’État, qui guideront les investissements
publics et privés pour soutenir la création
d’emplois et une plus grande transformation
économique ».
LES DIFFICULTÉS À VENIR
L’éclatement annoncé de l’ANC a donc eu
lieu, et ouvre de nouvelles voies à l’Afrique
du Sud. Dans sa lettre au Congrès de l’ANC,
Nelson Mandela indique : « Les principales
difficultés pour notre pays restent la con-
solidation et l’approfondissement de notre
sion pour obtenir la levée du mandat d’ar-
rêt de la Cour Pénale Internationale contre
lui. Les forces armées congolaises, souda-
naises et ougandaises ont lancé une opé-
ration militaire conjointe contre la LRA le
14 décembre dernier qui s’est soldée par
un échec : si les bases de ravitaillement
de la LRA ont été coupées, Joseph Kony
a pu s’échapper et ses troupes se retrou-
vent aujourd’hui dans leur position d’excel-
lence : la guérilla dans la jungle.
Lors d’un exposé devant le Conseil,
le Secrétaire général adjoint des Nations
unies aux affaires humanitaires, John Hol-
mes, estime que « le refus répété par la
LRA de signer l’Accord de paix final est
profondément décevant et inquiétant ».
Le Haut Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (UNHCR) a, lui, indiqué
qu’une équipe conjointe des Nations unies
avait réussi à se rendre au nord-est de la
RDC dans le village de Duru, qui a été le
théâtre d’attaques successives menées
par la LRA. « L’équipe du HCR a été cho-
quée par la condition physique de ces vil-
lageois, dont beaucoup d’entre eux sont
vêtus de haillons et paraissent affamés et
faibles après avoir passé des nuits dans
la brousse en plein air sans couverture »,
a dit le porte-parole du HCR Ron Edmond
lors d’un point de presse à Genève. « Nous
sommes de plus en plus inquiets quant à la
16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque
démocratie et l’amélioration fondamentale
de la vie de tous les Sud-Africains ». Pour
le CoPe, tout l’objectif est de réussir à obte-
nir avec ses alliés une minorité de blocage
au Parlement, soit 1/3 des sièges, afin que
le débat démocratique puisse – enfin – réel-
lement avoir lieu.
Car de toute façon, l’enjeu ne peut être la
présidence : il est largement anticipé qu’en
avril, le nouveau Parlement nommera Jacob
Zuma président de la République sud-afri-
caine – sauf si, hypothèse improbable, l’op-
position est devenue assez forte pour s’y
opposer, auquel cas un maintien en fonc-
tion du consensuel Kgalema Motlanthe est
envisageable.
Le nouveau Gouvernement devra alors
trouver les solutions à la bombe à retarde-
ment sociale sud-africain : le pays a beau
être la première économie du continent
africain, le chômage y sévit au point que,
début 2008, des dizaines d’immigrés zim-
babwéens accusés de voler les emplois des
Sud-Africains ont été lynchés par la popula-
tion. La redistribution des terres cultivables
détenues par des fermiers blancs prend
plus de temps que prévu – elle est censée
atteindre 30 % des terres d’ici 2014 – et aug-
situation humanitaire et aux attaques con-
tinues menées par la LRA contre la popu-
lation civile dans la Province Orientale de
la RDC ».
La LRA, mouvement qui a émergé
deux ans après le début de la guerre civile
ougandaise, en 1988, souhaite établir un
STR/AFP/Getty Images
mente la tension entre populations blanches
et noires.
Enfin, fortement critiquée pour sa politique
africaine perçue comme impérialiste et pour
son soutien au régime de Robert Mugabe
au Zimbabwe, l’Afrique du Sud est atten-
due avec vigilance sur son futur style et sa
future vision. Jacob Zuma, dont la fille vient
d’épouser un des ténors de l’opposition zim-
babwéenne, a déjà donné quelques signes
d’un futur changement de ton en s’enga-
geant lors du Congrès de l’ANC à « trou-
ver une solution » à la fois pour la crise au
Zimbabwe et celles au Soudan et Somalie.
Il devra par contre compter avec ses alliés
d’extrême-gauche qui ont eux refusé de
rencontrer le leader de l’opposition zimba-
bwéenne Morgan Tsvangirai, possiblement
du fait d’une vieille sympathie envers un
Robert Mugabe pourfendeur des États-Unis
et allié historique de la Russie communiste.
Avant cela, arriver jusqu’aux élections : le
12 janvier, la Cour suprême d’appel sud-afri-
caine a réactivé les poursuites pour corrup-
tion à l’encontre de Jacob Zuma, poursuites
qui avaient été invalidées en septembre der-
nier pour vice de forme.
AURÉLIEN GIRARD
nouveau gouvernement ougandais « basé
sur les dix commandements de la Bible »
(sic). L’essentiel de ses troupes serait
constitué d’enfants-soldats.
AURÉLIEN GIRARD
Source : l’ONU
La Grande Époque ● 16 – 31 JANVIER 2009
Salvador : l’ex-guérilla du FMLN aux portes du pouvoir
POUR la première fois depuis la fin, en
1992, de la guerre civile du Salvador,
le Front Farabundo Marti de Libération
nationale (FMLN), parti issu de l’ex-gué-
rilla d’extrême gauche du même nom, est
le favori tant des élections législatives et
municipales (le 18 janvier) que de la pré-
sidentielle (15 mars). La confirmation par
les urnes de ce double pronostic mettrait
fin à 20 ans de pouvoir de l’Alliance répu-
blicaine nationaliste (ARENA, droite). Cet
éventuel renversement historique devrait
beaucoup à la popularité du candidat du
FMLN à la présidence, l’ancien journa-
liste de télévision Mauricio Funes. Con-
verti officiellement à la politique voici à
peine moins de deux ans, son auréole a
épaulé la campagne des candidats de son
parti à l’Assemblée législative (Parlement
monocaméral de 84 députés) et aux 262
mairies du pays. Les 20 représentants du
Salvador au Parlement centraméricain
seront élus simultanément. Le résultat de
ces scrutins auxquels sont convoqués ce
dimanche 4,2 millions des 6,8 millions de
Salvadoriens sera considéré comme un
sondage grandeur nature avant l’élection,
en mars, du président du plus petit État
d’Amérique centrale.
Douze ans de guerre civile, de 1980 à
1992, firent aux Salvador 75.000 morts,
8.000 disparus et 12.000 invalides. La
paix fut signée le 16 janvier 1992 au Mexi-
que par le FMLN et le gouvernement sal-
vadorien dominé par l’ARENA, parti lié
originellement à des groupes armés clan-
destins d’extrême droite (escadrons de
la mort de Roberto d’Aubuisson) formés
pour combattre la guérilla. L’objectif de
réconciliation proclamé alors n’empêche
pas le Salvador d’être aujourd’hui l’une
des nations les plus violentes d’Amérique
latine avec un taux annuel d’homicides, 55
par tranche de 100.000 habitants, nourri
par les maras (bandes de délinquants),
l’abondance d’armes, l’impunité judiciaire
et surtout une pauvreté frappant 48 % de
la population.
La diffusion des résultats de sonda-
ges est interdite au Salvador durant les
15 jours précédant une élection. Le der-
nier sondage, publié le 29 décembre
2008 et élaboré par l’Universidad Tecno-
lógica (UTEC), octroyait au FMLN 40,6 %
des intentions de vote aux législatives et
38,4 % aux municipales, contre respecti-
Nicaragua : bons comptes entre amis
Le vendredi 16 janvier, la Cour
Suprême du Nicaragua a inva-
lidé la condamnation à 20 ans
de prison pour corruption de l’an-
cien président Arnoldo Aleman,
qui a été reconnu coupable en
2003 d’avoir détourné des millions
de dollars de fonds publics pen-
dant son mandat, de 1997 à 2002.
Un évident coup de balai judi-
ciaire commandité par le président
Daniel Ortega pour débloquer le
Parlement nicaraguayen, paralysé
depuis le mois de novembre par
les partisans d’Aleman.
ARNOLDO Aleman a réalisé l’exploit de
se voir classé parmi les dix personnalités
politiques les plus corrompues de tous les
temps par l’association Transparency Inter-
national. Ce « titre de gloire » acquis durant
ses années de présidence efface les efforts
majeurs d’amélioration des infrastructures
nicaraguayennes et la croissance économi-
que qui ont marqué son mandat.
Dans cet âge d’or déjà le dirigeant de
l’Alliance Libérale – une union sacrée des
libéraux incluant son propre parti, le Parti
Constitutionnel Libéral (PLC) – et son
« opposant » sandiniste Daniel Ortega
trouvaient des façons de s’entendre : Ale-
man achetait la paix parlementaire – ou
respectait l’équilibre des forces donné par
le résultat des urnes, selon le point de vue
– en nommant des sandinistes à des fonc-
tions honorifiques diverses. En 2002 encore,
lorsque le successeur d’Aleman au pouvoir,
Enrique Bolanos – son ancien vice-prési-
dent – avait pris la tête d’une véritable opé-
ration « mains propres » et mettait en cause
Mauricio Funes, candidat de l’ancienne guérilla du FMLN à l’élection présidentielle du 15 mars 2009 au
Salvador.
Quant aux sondages concernant l’élec-
tion présidentielle de mars, celui diffusé le
15 décembre dernier par l’université cen-
traméricaine donnait à Mauricio Funes
44,2 % des intentions de vote, soit une
avance de 16,2 points sur son concur-
rent de l’ARENA, l’ex-directeur général
de la Police nationale civile, Rodrigo Avila
vement 26,2 % et 26,7 % à l’ARENA. (28 %). Les analystes n’excluent pas une
Les autres partis en lice sont crédités victoire du candidat du FMLN à la majo-
de moins de 5 % des voix. Il s’agit de deux rité absolue dès le premier tour de la pré-
partis de droite, Parti de conciliation natio- sidentielle.
nale (PCN) et Parti démocrate chrétien
(PDC), et de deux sociaux-démocrates, MODÉRATION DU FMLN : RÉELLE
Changement démocratique (CD) et Front OU TACTIQUE ?
démocratique révolutionnaire (FDR). Outre la popularité liée à ses 20 années
L’ARENA contrôle actuellement 147 de journalisme télévisé, Mauricio Funes
mairies et le FMLN 52, dont celle très con- utilise comme arme électorale une modé-
voitée de la capitale, San Salvador. L’As- ration idéologique, réelle ou tactique, qui
semblée législative compte 34 députés de gomme l’image communiste du FMLN.
l’ARENA, 32 du FMLN, 10 du PCN, 6 du Ponctué du slogan Le changement au
PDC et 2 du CD. Salvador pour vivre mieux, le « Pro-
MIGUEL ALVAREZ/AFP/Getty Images
Daniel Ortega en plein trou d’air.
le résultat controversé des élections muni-
cipales nicaraguayennes du 9 novembre :
Le budget 2009 n’a même pas encore pu
être voté, le nombre de députés présents
MIGUEL ALVAREZ/AFP/Getty Images étant insuffisant pour convoquer une ses-
Arnoldo Aleman fin 2007. sion législative.
Dans la ville de Jinotega par exemple,
plusieurs ministres de son propre parti, les l’ex-sandiniste Jaime Salguera accuse le
partisans d’Ortega et d’Aleman se liguaient Conseil Électoral d’avoir « fait disparaître
pour faire face, étrange union de libéraux et des votes, donnant la victoire au candidat
de socialistes. d’Ortega ». Cité par le journal La Prensa,
Puis, en 2007, le Gouvernement de Daniel Salguera indique que le candidat du Parti
Ortega a fait voter une nouvelle loi – d’appli- Constitutionnel Libéral (PLC) menait par
cation rétroactive – qui limitait à 5 ans au lieu 2.000 voix d’avance alors que 98 % des
de 20 la condamnation maximale pour cor- bulletins avaient été comptés. La fraude a
ruption. Cette loi a signé de facto la « libéra- inversé le résultat final, donnant la mairie au
tion » d’Arnoldo Aleman ; « libération » entre sandiniste. Le Conseil Électoral « a méprisé
guillemets puisque depuis sa luxueuse villa la volonté populaire, comme dans une dicta-
où il était en résidence surveillée mais totale- ture totale », tempête l’ancien allié de Daniel
ment libre de ses mouvements, Aleman res- Ortega.
tait le leader de l’opposition nicaraguayenne
libérale. Mais la nouvelle loi ne blanchissait LA LUTTE CONTRE LES FRAUDES
pas l’ancien président, virginité indispensa- Les fraudes sont multiples, documentées
ble à une éventuelle nouvelle candidature et outrageusement visibles. Pour rajouter du
présidentielle. piment à la situation, les sandinistes auraient
C’est cette absolution qu’Arnoldo Aleman menacé de mort des députés du PLC, à
vient d’obtenir. Il a pu pour cela s’appuyer l’exemple de Wilfredo Navarro et Guillermo
avec confiance sur le blocage parlemen- Osorno, cités par le site abc.es le 5 décem-
taire provoqué depuis début novembre par bre dernier.
www.lagrandeepoque.com International 3
Jose CABEZAS/AFP/Getty Images
gramme de gouvernement 2009-2014 »
présenté par l’ex-guérilla et son candi-
dat à la présidence ignore totalement, au
long de ses 106 pages, non seulement le
mot « communisme », mais aussi ceux de
« socialisme », « nationalisation », « boli-
varien », « révolution », « lutte des clas-
ses », etc.
Comme n’importe quel candidat prési-
dentiel latino-américain, de gauche ou de
droite, Mauricio Funes promet la lutte con-
tre la pauvreté, la corruption, l’inflation et
la délinquance, l’amélioration des services
de santé et d’éducation, ainsi que le res-
pect de l’écologie et des droits fondamen-
taux. Face à la crise financière mondiale,
il offre sa collaboration aux institutions
monétaires internationales vilipendées
au Venezuela et dans d’autres pays de la
région gouvernés par la gauche radicale.
Mais l’un des commandants histori-
ques de la guérilla salvadorienne, Joa-
Mais, malgré la situation toujours tendue
autour des élections municipales, le blan-
chiment d’Aleman malgré les 58 millions
de dollars disparus des caisses de l’État a
immédiatement provoqué un retour au tra-
vail des parlementaires du PLC.
« Après sept années de justice atten-
due, d’humiliations, de violations des droits
humains aux mains du FSLN (le parti san-
diniste), justice a finalement été faite », écrit
un Aleman en auto-béatification à la presse
centraméricaine.
Réélu de façon inattendue en 2006 avec
38 % des suffrages grâce à une modifica-
tion de la loi électorale abaissant le pourcen-
tage à atteindre pour être élu au premier tour
de l’élection présidentielle, Daniel Ortega
se trouve donc aujourd’hui en posture dif-
ficile : hausse du chômage et de l’inflation,
détérioration des relations avec l’Europe et
les États-Unis du fait du rapprochement du
Nicaragua avec la Russie et l’Iran, rupture
quin Villalobos, qui abandonna le FMLN
en 1995 au profit de la social-démocratie,
affirme dans un article d’opinion publié le
15 janvier par le quotidien nicaraguayen
La Prensa que l’élection à la présidence
du Salvador de Mauricio Funes signifierait
l’avènement d’un gouvernement contrôlé
par le Parti communiste, qui dominerait
plus que jamais le FMLN. « Le pire serait
d’aboutir à la situation du Nicaragua »,
prétend Villalobos.
Sur le même registre, une campa-
gne audio-visuelle orchestrée par l’an-
tenne salvadorienne de Fuerza Solidaria
(Force Solidaire), organisation vénézué-
lienne hostile au socialisme du président
Chavez, a mis en garde les Salvado-
riens contre ce qu’elle appelle la tactique
de fausse modération de Mauricio Funes
et du FMLN. Avec l’aide de militants de
l’ARENA, cette campagne a souligné les
liens entre le FMLN et Hugo Chavez et a
rappelé que le président vénézuélien et
ses homologues de la gauche dite boli-
varienne au pouvoir actuellement en Boli-
vie (Evo Morales), en Equateur (Rafael
Correa) et au Nicaragua (Daniel Ortega)
avaient tous affiché, selon Fuerza Solida-
ria, une relative modération pour se faire
élire, instaurant ensuite progressivement
un populisme autoritaire.
La tension politique propre à la campa-
gne électorale s’est exacerbée après l’as-
sassinat, le 9 janvier dans le département
oriental de Morazan, de deux activistes du
FMLN par des inconnus fortement armés
et vêtus de noir comme les forces spécia-
les de police.
À la mi-décembre, des fonctionnaires
du Conseil de sécurité nationale dénon-
çaient, photos à l’appui, l’existence d’au
moins 40 groupes armés illégaux s’entraî-
nant dans 5 régions du Salvador que con-
trôlaient le FMLN pendant la guerre civile.
Le chef de la mission d’observation élec-
torale de l’Union européenne, le socialiste
espagnol Luis Yanez-Barnuevo, a assi-
milé cette information à une manoeuvre
électorale. [Autrement dit à une tentative
d’intoxication visant à favoriser l’ARENA
aux élections ; ndlr]. Le gouvernement
salvadorien d’Elias Antonio Saca, l’actuel
chef de l’État, a toutefois annoncé qu’il
enverrait des preuves à l’Organisation des
États américains et aux Nations unies.
LatinReporters.com
des relations diplomatiques avec la Géorgie
comme conséquence de la reconnaissance
de l’indépendance de l’Abkhasie et de l’Os-
sétie du Sud… et retour aux affaires de son
principal adversaire.
Après les élections municipales de
novembre à travers lesquels Ortega a tenté
de reprendre la main sur un Nicaragua où
sa popularité est en berne, États-Unis et
Europe ont suspendu leur aide au pays, soit
une perte respectivement de 64 millions de
dollars et 40 millions d’euros. La Hollande a
fait de même en supprimant son aide de 12
millions d’euros.
Enrique Saenz, député ex-sandiniste,
ricane de l’effet boomerang des élections
de novembre. « Maintenant ils sont encore
plus mal qu’avant », confie-t-il au journal
costaricain Nica Times. « Aussi peu de légi-
timité qu’ils aient eu avant les élections, elle
a maintenant coulé. »
AURÉLIEN GIRARD
4 Chine www.lagrandeepoque.com 16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

Chine – Taiwan : pour ou contre les « trois

liaisons directes »
Le 15 décembre, les « trois liaisons
directes » ont été officiellement réta-
blies entre la Chine et Taiwan dans un
accord entre la Fondation des Échan-
ges entre les deux rives (SEF) et l’As-
sociation pour les relations entre
les deux rives du détroit de Taiwan
(ARATS). Les trois liaisons concernent
directement les services postaux, le
commerce et les transports à travers le
détroit, qui ont été coupés en 1949. Le
pour et le contre de rétablir les liaisons
restent à peser.
LE MATIN même où les « trois liaisons directes »
sont devenues effectives, les lignes aériennes chi-
noises Shenzhen et les lignes aériennes orientales
ont lancé leur premier vol en moins d’une heure,
a rapporté la BBC. Au même moment, la ligne
aérienne TransAsia basée à Taiwan s’est ouverte
vers Shanghai.
Avec l’ouverture des voies aériennes et fluvia-
les, le cargo Xinyantai de la compagnie maritime
chinoise s’est mis en route le jour même du port de
Tianjin au port Keelong de Taiwan.
UN ITINÉRAIRE DIRECT QUI RACCOURCIT
LES DISTANCES
Le transport autorisé par les trois liaisons direc-
tes ouvre des itinéraires directs pour le transport
des marchandises. Cela élimine le besoin de vil-
les d’escale et réduit considérablement le temps
de transport. Le temps de voyage aérien de Shan-
ghai à Taipei est réduit de plus d’une heure, et le
temps par la mer est réduit de huit heures.
Selon l’accord signé le 4 novembre par la SEF et
l’ARATS, plusieurs vols directs vont s’étendre petit
à petit à plusieurs villes de la Chine continentale,
à l’exception de Pékin, Shanghai, Nanjing, Guan-
ghou et Xiamen.
Les services postaux directs pour le courrier et
les colis entre les détroits utiliseront le vol ou le
fret. Toutefois, le service ne sera pas disponible
avant février parce que les programmes informati-
ques utilisés sont toujours en phase de test.
HONG KONG PRÉVOIT LA PERTE D’UN MIL-
statistiques montrent que presque trois millions de
Taïwanais ont transité par Hong Kong l’année der-
nière, avec environ 11 % de passagers arrivant par
avion. S’y ajoutent 280.000 tonnes de marchandi-
ses de fret aérien venant à Hong Kong, soit 7 %
du total du fret aérien du territoire pour l’année
entière. Le Conseil de Développement Commercial
de Hong Kong estime malgré tout que la réduction
du nombre de voyageurs taïwanais ne sera que de
5 % et celle du fret aérien de 20 %, pariant sur l’at-
tractivité du territoire.
LE VICE-PRÉSIDENT DE TAIWAN : UN AVAN-
TAGE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU TOU-
RISME
Pour le vice-président Xiao Wangchang, le plus
grand avantage de ces trois liaisons est de faire
de Taiwan un pivot régional de la zone Asie-Paci-
fique, particulièrement dans le tourisme, selon
l’Agence de Presse Centrale.
Stimulé par les trois liaisons directes, le mar-
ché boursier de Taiwan est monté en flèche le
15 décembre, suivi par des mouvements de titres
légers.
Certains chercheurs indiquent cependant que, si
les trois liaisons directes apporteront des oppor-
tunités commerciales à Taiwan, elles auront éga-
lement plusieurs impacts négatifs. Par exemple,
l’industrie manufacturière de Taiwan pourrait tom-
ber en faillite en raison des coûts de production
plus faibles en Chine continentale.
LE PARTI PROGRESSISTE DÉMOCRATIQUE
REMET EN QUESTION LA LÉGITIMITÉ DES
« TROIS LIAISONS »
Le Parti Progressiste Démocratique (DPP) a lui
publié une déclaration qui accuse l’administration
de Ma Yingjiu de violer la loi en autorisant les trois
liaisons directes. La déclaration sous-entend que
l’administration a ignoré les mises en garde du
PATRICK LIN/AFP/Getty Images
congrès et de l’opinion publique, ce qui causera
Un remorqueur tire un cargo au port Keelung au nord de Taiwan le 15 décembre 2008, très certainement beaucoup de tort à Taiwan.
pour lancer le service de cargaison directe entre Taiwan et la Chine. Le président Huang Weizhe, député du DPP, doute par exem-
taiwanais Ma Yingjiu a proclamé le lancement de vols quotidiens historiques avec la ple de la légitimité de cette autorisation « auto-
Chine, annonçant un réchauffement des relations entre les deux côtés du détroit. matiquement effective » parce que les accords
attendent encore le vote du corps législatif. Huang
LION DE VOYAGEURS CHINOIS PAR AN Kong pourrait baisser drastiquement, ce qui fragili- trouve absurde que l’administration puisse signer
Le gouvernement de Hong Kong et les organisa- serait la position économique de Hong Kong. avec un gouvernement étranger un accord qui peut
tions non gouvernementales prévoient ainsi que le Il est prévu que Hong Kong perde un million de être invalidé en quelques jours.
nombre de voyageurs taïwanais voyageant à Hong voyageurs en provenance de Taiwan en un an. Les XIN MING

Le « buzz » internet sur la vidéo Eutelsat interpellé par le

d’un hôpital psychiatrique chinois
Une vidéo révélant les mau-
vais traitements infligés à une
personne âgée dans un hôpi-
tal psychiatrique en Chine circule
depuis quelque temps parmi les
blogueurs chinois. Le document
montre une infirmière de l’hôpi-
tal en train de donner des coups
de pied à une personne âgée, ou
la frappant avec un balai tout en
essayant de l’attacher à un lit.
LE TOURNAGE a été mis en ligne par
Zhu Chuanming, qui montre le document
comme preuve que les infirmières de l’hô-
pital psychiatrique de Laiwu dans la pro-
vince de Shandong ont brutalisé sa mère,
Wang Xiuying. Cette dernière est décédée
huit jours après être rentrée à l’hôpital.
Provoquant la colère des blogueurs chi-
nois, la vidéo relayée par la chaîne de télé-
vision Qilu dans la province de Shandong
a également attiré l’attention des membres
du mouvement bouddhiste Falun Gong à
l’étranger. Pour Zhang Zhaojing, représen-
tant de l’Association Falun Dafa de Toronto
au Canada, la vidéo confirme les informa-
tions sur les mauvais traitements que son
association relaie depuis des années.
Selon M. Zhang, sur le site Internet Min-
ghui sont recensés plusieurs milliers de
cas dans lequels des membres du mou-
vement arrêtés par la police chinoise ont
été envoyés – en suivant le vieux modèle
soviétique – dans des hôpitaux psychiatri-
ques. Près de 70 membres du mouvement
y seraient décédés.
Zhang Zhaojing cite par exemple le
récit de Chen Jinhua, 67 ans, de la ville de
Chengdu : « J’ai été emmenée de force à
« D’autres témoignages édifiants décrivent
des salles dans lesquelles des malades
d’Alzheimer sont abandonnés dans une odeur
nauséabonde avec des excréments jonchant
le sol, recouvrant les murs, les lits et même le
corps des patients. »
l’hôpital psychiatrique de Wanchun par Hu
Dongxiang et Yu Xiuyun, tous deux du
bureau 610 municipal de Hesheng. On
voulait me faire avaler des médicaments
psychotropes. Quand je refusais les injec-
tions, ils m’attachaient les mains et les jam-
bes écartées pour me faire l’injection, ou
m’enfoncer les médicaments dans la bou-
che. »
« J’ai aussi rencontré une autre femme
qui venait du comté de Pi. Elle avait la cin-
quantaine et était fonctionnaire aux impôts
locaux. Elle était en excellente santé. Le
personnel hospitalier a tenté de la for-
cer à prendre des médicaments psycho-
tropes. Elle a refusé. Le médecin a donc
utilisé une pince pour casser deux de ses
dents et faire passer de force les médica-
ments dans sa gorge. Un jour on nous a
surprises en train de pratiquer les exerci-
ces de Falun Gong. L’hôpital a voulu nous
en empêcher. Mais nous avons refusé
d’écouter. Le directeur de l’hôpital a traîné
madame Yang dans une pièce pour y être
électrocutée et l’on m’a forcée à regarder
l’horrible scène. Ils ont placé une pince
sur le nez de madame Yang et l’ont élec-
trocutée. Elle a crié et hurlé plusieurs fois
tant la douleur était insoutenable, jusqu’à
ce qu’elle ne puisse même plus crier. Son
visage est devenu tout vert et ses yeux se
sont fermés. Je me sentais si mal que je
me suis mise à pleurer. Deng Qianzhi m’a
alors menacée en me disant : ‘C’est ce qui
va t’arriver si tu continues à pratiquer le
Falun Gong’ ».
D’autres témoignages édifiants décri-
vent des salles dans lesquelles des mala-
des d’Alzheimer sont abandonnés, dans
une odeur nauséabonde avec des excré-
ments jonchant le sol, recouvrant les murs,
les lits et même le corps des patients.
Dans une étude intitulée Psychiatrie
judiciaire en Chine et ses abus politiques,
Robin Munro, chercheur à l’université de
Londres, affirmait déjà en 2001 : « Le
ministère de la Sécurité Publique en Chine
dirige un ensemble d’hôpitaux spécialisés
pour héberger des criminels psychopa-
thes et qu’il utilise aussi pour incarcérer
des opposants politiques. Maintenant les
membres du mouvement Falun Gong sont
traités de la même manière. »
Que ce soit dans le cadre de répres-
sions politiquement motivées ou bien dans
l’accueil de patients en besoin d’aide psy-
chiatrique, les méthodes des hôpitaux chi-
nois ont aujourd’hui de quoi inquiéter.
JIN XIN
Pour en savoir plus :
voir la vidéo : http://www.youmaker.com/
video/sv?id=8a77f2406d83456b860c5012
1bd9a0d7001
Parlement européen
LE PARLEMENT européen a adopté, par
plus de 476 voix, une déclaration écrite (86/
2008) demandant à Eutelsat de « rétablir
immédiatement la diffusion de NTDTV en
Chine et d’expliquer son interruption ». C’est
la première fois que le Parlement européen
adopte officiellement une déclaration écrite
sur la question de la liberté de la presse et
des droits de l’homme en Chine.
NTDTV a été, de 2004 à juin 2008, la
seule chaîne de télévision en langue chi-
noise à diffuser ses émissions en Chine
sans passer par le filtre de la censure du
régime communiste. Son indépendance
et sa liberté de ton sont depuis longtemps
considérées comme une menace par le
régime chinois. La Chine est aujourd’hui
encore la plus grande prison pour journa-
listes au monde d’après Reporters sans
frontières.
Pour servir sa politique de censure et
de contrôle des médias, le régime chinois
fait depuis des années miroiter des con-
trats tout en niant l’accès aux marchés aux
entreprises refusant d’appliquer ses règles
de contrôle. Yahoo, Google et Skype ont
ainsi accepté, pour accéder au marché chi-
nois, d’aider les autorités chinoises à pister
les communications des dissidents ou de
bloquer leurs pages dites « sensibles » sur
la démocratie et les droits de l’homme.
L’opérateur satellitaire européen Eutel-
sat a suivi le même chemin, pour s’ouvrir
le marché chinois et permettre le lancement
de ses nouveaux satellites par des lanceurs
chinois. Bien qu’Eutelsat affirme que l’inter-
ruption de la diffusion de NTDTV en Chine
est due à des « raisons techniques », les
éléments obtenus par Reporters sans fron-
tières montrent qu’Eutelsat a intentionnelle-
ment interrompu les signaux de NTDTV, à
quelques semaines des Jeux olympiques
de Pékin.
« Il y a amplement assez de capacité
restante sur le satellite W5, surtout depuis
que le US Broadcast Board of Governors
s’en est retiré, par exemple. Voice of Ame-
rica a quitté le Satellite W5 le 1er août, lais-
sant amplement de capacité disponible” a
dit le député Bart Staes. » « Le fait est qu’ils
cèdent à la pression du régime communiste
chinois. »
La déclaration écrite qui vient d’être
adoptée lors de la session plénière du Par-
lement à Strasbourg mi-janvier confirme le
soutien du Parlement européen à NTDTV
et à la liberté de la presse. C’est un réqui-
sitoire contre la tentative du régime chinois
communiste d’interférer avec les pratiques
commerciales éthiques en faisant du chan-
tage économique.
Le président d’Eutelsat Giuliano Berretta
a été invité à répondre de ses actes devant
des membres du Parlement européen. Son
refus de s’y rendre a été interprèté comme
une preuve supplémentaire qu’Eutelsat a
quelque chose à cacher.
« Il a manifestement peur de venir. Il a
peur de faire face aux membres du Par-
lement parce qu’il n’y a aucune explica-
tion pour avoir fermé le signal [en Chine]
et ceci est manifeste », a dit Hanna Foltyn-
Kubicka, une des députés à avoir envoyé la
lettre à Berretta via un interprète.
Par cette déclaration écrite, le Parlement
européen a fait un pas important qui pour-
rait aider Eutelsat à restaurer sa crédibi-
lité commerciale. NTDTV demande à tous
les citoyens et organisations qui se sen-
tent concernés par la justice sociale et la
liberté d’exprimer leur désaccord à Eutel-
sat. Parallèlement, NTDTV continue ses
tentatives de communication avec Eutelsat,
afin de rouvrir la seule fenêtre d’information
libre en Chine continentale.
RÉMI BLEIBTREU
Déclaration écrite accessible au lien sui-
vant : http://www.europarl.europa.eu/
activities/plenary/writtenDecl/wdFastOngoi
ng.do?language=EN&startValue=20
La Grande Époque ● 16 – 31 JANVIER 2009 www.lagrandeepoque.com Chine 5
Les médias d’État chinois persistent dans
leur stratégie du leurre
Le 5 janvier 2009, l’organe
médiatique du Parti commu-
niste chinois (PCC), l’agence
de presse Xinhua.net a publié
un article intitulé 2009 sera une
année de protestations publi-
ques qui devront être gérées
correctement. Dans l’article, le
PCC déclare que « sans l’om-
bre d’un doute, nous sommes
maintenant dans une période
propice aux protestations
publiques et les autorités du
PCC s’attendent à en rencon-
trer beaucoup plus en 2009 ».
Les médias d’État chinois, ou
« organes de propagande du
Parti communiste chinois », ont
toujours appliqué cette politique
d’imposture consistant à recon-
naître un pourcentage infime
des problèmes en prétendant
qu’ils apportent la solution et
contrôlent la situation.
CET ARTICLE a été repris dans le
magazine Outlook (Liaowang), lequel
inclut trois interviews par des journa-
listes de Xinhua News Agency dans,
respectivement, les provinces de Chon-
gqing, du Jiangsu et du Guangdong.
Au-delà de prévoir en 2009 un augmen-
tation des protestations publiques, l’arti- La Grande Époque

cle tente une analyse de la situation.
Selon son auteur, la plupart des ras-
semblements actuellement ont la sym-
pathie et le soutien du public en général.
Aussitôt qu’une personne dans le voisi-
nage soulève un problème avec le gou-
vernement, toute la communauté lui
apporte son soutien - finissant par for-
mer une manifestation. Souvent, les ras-
semblements dégénèrent en émeutes
qui occasionnent d’énormes dommages.
LE POUVOIR PRIS POUR CIBLE
À la fin de l’article, il est suggéré entre
les lignes que le contrôle strict du sys-
tème judiciaire et la censure des médias
sont la cause principale des rassemble-
ments publics. Les émeutes sont prin-
cipalement initiées par des personnes
Plus d’un millier de policiers ont été mobilisés pour disperser les résidents protestant contre la construction du transformateur électrique de
Junjing dans le district de Tianhe de la ville de Guangzhou, province du Guangdong, le 30 décembre 2008.
vivant dans des conditions de pauvreté et prendre d’assaut les forces de police ; contraint de parler des manifestations. éviter une révolution violente. Ils se sont
aggravées par la crise financière et le ces émeutes de masse sont devenues la Wei Jingsheng, un militant démo- donc demandé si accepter des ‘transfor-
taux de chômage élevé. norme des rassemblements en Chine. crate de renom pense que la tendance mations pacifiques’, n’est pas le choix le
Néanmoins, les experts soulignent que En particulier, le slogan de Yang Jia : à la violence actuelle dans les manifes- plus sage ».
c’est la corruption du système gouverne- « Si vous ne parvenez pas à me don- tations chinoises est le résultat de l’obs- Cependant, Wei indique que le PCC
mental du PCC et sa gestion dictatoriale ner une réponse, je vous donnerai la tination du PCC et de son insistance à insiste sur son système dictatorial à parti
des affaires publiques qui contribuent au mienne », a largement circulé sur le net, maintenir un système à parti unique. Il unique et a clairement affirmé qu’il ne
déclenchement d’émeutes. et « à bas le PCC » est devenu un slo- ajoute : « Non seulement il y a des libé- laisserait aucune chance à une « trans-
De nombreux grands rassemblements gan communément accepté parmi les raux, mais également beaucoup de cen- formation pacifique ». Résultat, les gens
publics ont eu lieu en 2008, y compris Chinois qui protestent et dont le PCC tristes à l’intérieur du PCC qui ont noté n’ont pas d’autre choix que de recou-
les émeutes dans le comté de Weng- a peur. que la tendance à la violence dans la rir à des émeutes en masse. Du fait
an, dans la province du Guizhou et les L’attitude des médias d’État du PCC société chinoise est parfaitement illus- de cette poussée de révolution violente
rassemblements de soutien en réponse envers les émeutes massives a changé, trée par l’assassinat des policiers par au sein du peuple chinois, les chances
au meurtre de policiers par Yang Jia à de garder le silence à n’avoir pas d’autre Yang Jia. Si le PCC rate l’opportunité de d’une transformation pacifique s’amenui-
Shanghai. C’est devenu la tendance : alternative que de les reconnaître. Pour prendre des initiatives, d’aller de l’avant sent de plus en plus.
attaquer les bâtiments du gouvernement la première fois en 2008, le PCC a été avec des réformes, on ne pourra pas SHI YU

Le nombre de cyber-auditeurs augmente malgré l’interdiction

TAIPEI – La station de radio Son de
l’Espoir (Sound Of Hope) est basée aux
Etats-Unis et émet en chinois vers la
Chine communiste, Taiwan et les pays
voisins. Les auditeurs captent leur sta-
tion sur la bande FM, sur ondes courtes
ou sur le net. Le nombre de gens consul-
tant le site de SOH, estimé à 4 millions en
2008, a augmenté de 67 % en cinq ans
d’existence, et ce, malgré les tentatives
répétées du régime communiste chinois
de saboter la diffusion et le site internet
vers la Chine.
« Notre station a eu un grand impact en
2008 alors que les autres médias ne fai-
saient qu’essayer de survivre », dit Zeng
Yong, le directeur de la station.
En mai 2008 lors du tremblement de
terre qui a eu lieu dans la province du
Sichuan, les gens avaient perdu tout
moyen de communication avec le reste
du monde. SOH était la seule radio sur
ondes courtes à rapporter les nouvel-
les du tremblement de terre en temps
et en heure en Chine. « J’aimerais que
votre signal soit plus fort pour que tous
les villageois puissent capter vos émis-
sions », disait un villageois de la province
de Sichuan.
SOH reçoit un accueil favorable autant
chez les Chinois de Chine continentale
que ceux vivant à l’étranger. Il est impos-
sible de recenser le nombre de gens
écoutant SOH mais des réactions comme
celles qui suivent donnent des indications
sur le besoin qu’elle assouvit.
« SOH nous laisse entrevoir l’espoir
dasn l’avenir. Il y a des millions de gens
comme moi en Chine. Beaucoup d’entre
eux ne savent pas comment capter votre
radio », rapporte un auditeur.
« J’aime les histoires d’une grande pro-
fondeur que l’on peut entendre dans vos
programmes. Les analyses de l’actualité
sont très pertinentes. Je m’allonge sou-
vent sur mon lit pour écouter la radio. La
voix de SOH est réellement la voix des
Chinois et représente l’espoir de la nation
chinoise », nous a écrit un autre auditeur.
Un professeur émigré aux États-Unis a
dit : « Je n’écoute que SOH, parce que les
programmes ont une réelle profondeur ».
Et un autre auditeur de former le voeu
suivant : « J’espère que vous pourrez
bientôt rentrer à la maison », (signifiant
que la radio puisse émettre officiellement
en Chine).
Zeng Yong ne cache pas sa satisfac-
tion de voir que SOH est accueillie si cha-
leureusement parmi les Chinois. C’est
pour cette même raison que le Parti com-
muniste veut faire taire la station. « C’est
cela qui nous motive à continuer d’amélio-
rer nos programmes », confie Zeng.
Sur la question du développement de
SOH pour cette nouvelle année, Zeng
Yong répond que 2009 sera très impor-
tante car SOH s’apprête à diffuser des
nouveaux programmes en direct qui
encourageront les gens à exprimer leurs
propres opinions. Il est également prévu
de diffuser une série d’émissions sur l’art
de vivre et la musique.
SOH a des correspondants dans une
vingtaine de villes du monde. Son ambi-
tion pour les deux années à venir est
d’ajouter des fonctionnalités plus déve-
loppées et de rendre SOH accessible sur
les téléphones portables.
XIN BAIZHENG

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6 Chine www.lagrandeepoque.com 16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

AUJOURD’HUI EN CHINE
Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir (Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)
PROCÈS CONTRE LES TRANSPORTS PUBLICS détournement des fonds destinés aux écoles, lesquel- l’acte chaque année, et 150.000 à effectivement met- chinoises, y compris Pékin, Shanghai, le Guangdong,
DANS LA PROVINCE DE HENAN les ont été construites sans respecter les normes de tre fin à leurs jours. Ces statistiques ont initialement le Fujian et le Henan. Indétectables en machine, les
Le 12 janvier a commencé dans la province de sécurité. été rendues publiques lors d’un séminaire à l’univer- faux billets alimentent toutes les rumeurs, les plus per-
Henan le procès intenté par une famille contre le sité Tsinghua de Pékin. D’après le professeur Jing sistantes évoquant l’implication de responsables com-
département des transports du comté Lushi. Ceci DES TRAVAILLEURS MIGRANTS IMPAYÉS ET Jun du département de sociologie de la même univer- munistes comme « conseillers » à la contrefaçon.
fait suite à l’accident provoqué par un bus commu- TABASSÉS sité, c’est un taux trois fois supérieur à celui des fem- Plus de 10 milliards de faux yuans (1 milliard
nal qui a brisé les deux jambes de la petite Li Zhiwei, D’après le site yaxin.com, une centaine d’ouvriers mes en zone urbaine, et la première cause de décès d’euros) circuleraient en Chine.
11 ans et tué sa mère, Wang Fengyun. Des internau- du bâtiment sont rassemblés depuis le 13 janvier dans la tranche des 15-34 ans.
tes émus par l’accident dans une famille déjà frap- devant les bâtiments de leur employeur, le groupe Radio Free Asia cite Xu Rong, directrice du centre LEURS TERRES ET LEUR MAISON VENDUES
pée par la tétraplégie du père ont déjà offert 15.000 de construction Xinjiang n° 4. Employés sur quatre de développement culturel pour les femmes en zone SANS QU’ILS LE SACHENT
yuans (1.500 euros) à la famille, ce qui ne leur per- sites de construction différents, les ouvriers n’ont reçu rurale, à Pékin : pour elle, les chiffres réels sont supé- Madame Wang Yan, de Chendu, défigurée et brû-
met pas d’assumer les coûts médicaux. Leur avocat depuis des mois qu’une très faible partie du salaire rieurs à ceux publiés qui n’auraient pas été réactuali- lée gravement sur 45 % de la surface de son corps.
plaide aujourd’hui la responsabilité du département qui leur est dû. sés depuis 1999. Outre les difficultés financières en Début 2007, Madame Wang et son mari ont été
des transports et de l’administration des infrastructu- L’entreprise a alors recruté des hommes de main zones rurale, la domination masculine laisse d’après attaqués par des hommes de main recrutés par le
res routières, respectivement pour avoir employé un qui ont tabassé les ouvriers. L’un des ouvriers, elle peu d’options aux femmes « mal mariées ». promoteur immobilier local qui avait acheté, sans
conducteur de bus sans permis et pour avoir fait réa- emmené dans les bâtiments de l’entreprise, est res- Pour madame Liao Tianqi d’ObserveChina.net, qu’ils le sachent, leur terre et leur maison. Frappé à
liser la route sur laquelle l’accident a eu lieu par une sorti dix minutes après le visage en sang. Un autre, « ces statistiques soulignent la trame sociale de ce la tête, le mari de madame Wang a été arrosé d’es-
entreprise non qualifiée. assommé par les coups, a dû être évacué par ses problème. En Chine, les femmes subissent le plan- sence et brûlé vif. Brûlée elle aussi, madame Wang
collègues. ning familial et la politique de l’enfant unique. Les tra- a survécu.
DÉTENU POUR DES PROSPECTUS CONTRE fics de femmes restent un problème majeur. De plus, La justice locale a refusé d’enquêter sur son
LA RÉVOLUTION CULTURELLE INTERDICTION D’UN SHAMPOING CANCÉRI- sans statut social, les chinoises rurales n’ont aucune agresssion et rejeté son dépôt de plainte. Sa maison
Le shanghaïen Dan Miaofa se rappellera du début GÈNE indépendance ce qui provoque chez elles une forte a, comme prévu, été rasée. Incapable de marcher,
du mois de janvier, qu’il vient de passer en cellule Un shampoing produit dans la province de Guan- pression mentale. » madame Wang ne peut trouver de travail et vit main-
d’isolement pendant dix jours. Dan Miaofa avait, au gdong, le « Noir immaculé (yi-xi-hei) », supposé con- tenant, avec sa fille, chez ses parents.
mois de décembre, distribué dans un centre commer- tenir des herbes médicinales stimulant la croissance MÉLAMINE : DES PARENTS REJÈTENT LES
cial des prospectus parlant du traitement subi par son des cheveux noirs, vient d’être retiré de la vente. COMPENSATIONS FINANCIÈRES MANIFESTATION PLANIFIÉE DE 3.000 AGRI-
père dans les années 60 lors de la « grande révolu- D’après Southern Net, un reportage sur la mar- Les avocats d’une association de 200 familles dont CULTEURS
tion culturelle ». que « Noir immaculé » a montré qu’en fait d’herbes un enfant a été empoisonné par du lait contaminé à Huang Weizhong, représentant des agriculteurs
médicinales, les produits de la marque contenait des la mélamine ont rejeté la proposition d’indemnisa- de Putian dont les terres ont été saisies, s’attaque
LES PARENTS DU SICHUAN CONTINUENT À agents cancérigènes comme la benzenediamine. tion financière. Les victimes, indiquent-ils, considè- rien moins qu’au Conseil d’État. Condamné en 2005
DEMANDER JUSTICE Les autorités sanitaires de la ville de Guangzhou rent les montants insuffisants ; ils s’indignent de plus à trois ans de prison pour avoir tenté un dépôt de
Les parents d’enfant tués dans les écoles du ont ordonné le retrait des produits, qui relèvent plus de n’avoir à aucun moment été consultés et d’avoir plainte contre l’institution, Huang persiste et signe en
Sichuan lors du tremblement de terre de mai 2008 de colorants chimiques que de shampoing. été arrêtés lorsqu’ils ont organisé une conférence de demandant au comité permanent du congrès du peu-
continuent leur lutte : dans une interview récente, Une visite du site de l’usine n’a pas permis de trou- presse et fait des propositions au Gouvernement. ple d’accéder à sa demande.
la coalition des parents d’enfants de l’école primaire ver la moindre plante médicinale. La benzenediamine Les indemnisations offertes par Sanlu Corporation, Pour Huang, sa démarche est entièrement autori-
Mianzhu Fuxin n° 2 ont ainsi indiqué n’avoir encore est un agent chimique cancérigène utilisé dans la tan- au cœur du scandale, sont de 200.000 yuans (20.000 sée par la loi chinoise et s’il devait subir des repré-
reçu aucune explication au fait que dans leur ville nerie du cuir et interdit dans les formulations cosmé- euros) par enfant mort, 30.000 yuans (3.000 euros) sailles, cela ne ferait que prouver que « la Chine est
seules les écoles se sont effondrées. Leur dépôt tiques. pour les bébés gravement malades et 2.000 yuans un pays sans loi, et que les discours sur les droits de
de plainte ayant été rejetée par la justice locale, les (200 euros) pour les autres. l’homme sont du vent ». Les agriculteurs derrière lui
familles avaient prévu un déplacement à Pékin le 5 LE SUICIDE DES FEMMES EN ZONE RURALE attendent le moment de sortir dans la rue.
janvier, qui a été empêché par l’arrestation de leur La presse officielle chinoise, par la voix du Beijing PLUIE DE FAUX BILLETS SUR LA CHINE
représentant, Sang Jun. Pour les parents, une seule Daily, s’inquiète du taux de suicide chez les femmes D’après les journaux chinois, des faux billets de
explication au désastre : la corruption qui a conduit au en zone rurale. Elles sont plus d’un million à passer à 100 yuans sont apparus dans plus de 15 provinces

48.527.211 Chinois ont démissionné du Parti

aprs avoir lu les Neuf commentaires sur le Les Chinois ont de l’espoir
ÉDITORIAL Parti Communiste. Ce mouvement de démis-
sions reste pour le peuple un moyen d’expres- Les intervenants témoignent de l’impact des démissions du Parti
sion non violent, apolitique et sans précédent
dans la société chinoise face à la dictature et à la corruption générali- communiste chinois en Chine.
sée au sein du régime. La Grande Époque publie un extrait traduit de FIN 2008, la diaspora chinoise a tenu à sage envoyé en Chine avait aussitôt été « C’est totalement vrai. La façon dont
cette série éditoriale chinoise dans chacun de ses numéros. New-York un forum sur le futur de leur rejeté, parce qu’il contenait des critiques le PCC a traité ses citoyens durant le
pays, qui peut aujourd’hui se lire comme envers le régime chinois. Ceci illustre, séisme du Sichuan a suffi à démontrer
les « vœux pour 2009 » des Chinois exi- croit-il, la façon dont le régime chinois aux gens qu’ils ne pourraient jamais
NEUF COMMENTAIRES lés. La rencontre confirme la vivacité
du mouvement de démissions du Parti
peut aussi influencer les médias outre-
mer pour museler et assujettir les voix
compter sur le Parti communiste »,
affirme-t-il.
Communiste chinois qui a fait suite à qui ne lui sont pas favorables. Monsieur « Pour juger si un citoyen chinois croit
Suite du sixième commentaire devons tous nos succès au Parti », « je consi- la publication en Chine du recueil Neuf He a également expliqué en détail com- réellement dans la démocratie, il suf-
dère le Parti comme ma mère », « j’utilise ma commentaires sur le Parti Communiste ment le régime arrête quiconque lit ou fit de voir si il ou elle a quitté le PCC »,
C. Une culture pour inciter à la haine propre vie pour sauvegarder le Comité central chinois. diffuse les Neuf commentaires en Chine, martèle-t-il.
« Ne pas oublier la souffrance des classes du Parti », « un Parti grand, glorieux et cor- Le président du Centre mondial de texte supposé « subversif ». Monsieur TianLiang Zhang, analyste
(pauvres) et se souvenir fermement de l’hos- rect », « un Parti invincible », etc. démissions du PCC, le professeur Véritable aficionado du texte en de la chaîne NTDTV, rebondit en insis-
tilité dans les larmes et le sang » est devenu Dayong Li, a qualifié les Neuf commen- question, BuoQiao Tang, porte-parole tant sur la conception erronée qui fait
une politique nationale de base. La cruauté G. Une culture de prétention taires de « neuf bombes atomiques spi- du « Gouvernement par Intérim de la dépendre du PCC pour régler le pro-
envers les ennemis de classe était considé- Le Parti a établi des modèles, fondé des rituelles ». Son organisation, réseau Chine » – un groupe de démocrates blème en Chine. « Alors que c’est le
rée comme une vertu. Le PCC a enseigné : exemples les uns après les autres et lancé « le social communautaire présent dans tou- réfléchissant à une future constitution PCC lui-même, comme le fait ressortir
« mordez votre haine, mâchez-la et avalez- progrès socialiste, idéologique et éthique » et tes les diasporas chinoises, a assumé pour la Chine post-communiste – croit les Neuf commentaires, qui est le pro-
la. Plantez cette haine dans votre cœur pour des campagnes « d’éducation idéologique ». dès 2005 un rôle moteur dans la pro- pour sa part que les Neuf commentai- blème ».
qu’elle y germe. » Finalement, le peuple a continué à faire exac- motion des Neuf Commentaires hors res ont apporté aux Chinois rien moins Dans la même veine, le professeur
tement comme avant chacune de ces cam- de Chine. qu’une « renaissance spirituelle » : TianXiao Li, de l’université de Columbia,
D. Une culture de duperie et de pagnes. Toutes les conférences publiques, Soutenu par des médias chinois libres « Au fur et à mesure que le mouve- a décrit les Neuf Commentaires comme
mensonges les sessions d’étude et les partages d’expé- dont la chaîne de télévision New Tang ment ‘Démissionner du PCC’ a grandi, un troisième œil sur la Chine, fournis-
Voici quelques exemples des mensonges rience sont devenus « une vitrine sérieuse » Dynasty Television (NTDTV) et la radio de plus en plus de gens ont été capa- sant aux gens une chance de briser leur
du PCC : « Le rendement par mu est supé- et la norme morale de la société a continué à Sound of Hope (SOH), ainsi que par les bles de reconnaître la véritable nature lien mental avec le Parti communiste. Le
rieur à dix mille jin » pendant le Grand Bond faire de grands bonds en arrière. démocrates chinois et des minorités per- du PCC », explique-t-il. « Les gens peu- texte, affirme-t-il, ne laisse au régime
en avant (1958). « Pas une seule personne sécutées par le PCC, le Centre mondial vent maintenant surmonter leur peur du aucune chance d’arrêter le mouvement
n’a été tuée sur la place Tiananmen » pendant 3. L’aspect des relations interpersonnelles des démissions dit avoir pu structurer PCC pour défendre leurs droits ». parce que les changements qu’il induit
le massacre du 4 juin 1989. « Nous contrôlons le mouvement des démissions du Parti « Le mouvement ‘Démissionner du viennent du cœur des gens.
le virus du SRAS » en 2003. « C’est actuel- A. Une culture de la jalousie Communiste, qu’ont symboliquement PCC a été le meilleur mouvement pacifi- Madame Li Ping Zhao enfin, dont la
lement la meilleure période pour les droits de Le Parti a promu « l’égalitarisme absolu » rejoint plus de 45 millions de Chinois. que pour désintégrer le PCC », poursuit- famille était membre de l’Armée Rouge,
l’homme en Chine » et « la théorie des Trois afin que « quiconque dépasse les autres sera Le démocrate bien connu Wei il, décrivant le mouvement comme « une a conclu les vigoureux échanges en
représentations ». la cible des attaques ». Les gens sont jaloux Jingsheng, présent par vidéoconfé- rafale de vent qui a balayé le PCC sans expliquant avoir quitté le PCC après
de ceux qui ont une plus grande habileté et de rence, a remarqué que les Neuf com- l’utilisation d’un seul soldat ». avoir lu les Neuf commentaires – et en
E. Une culture de lavage de cerveau ceux qui sont plus riches – c’est ce qui a été mentaires avaient un vrai rôle éducatif : Monsieur Buo indique par ailleurs utilisant son vrai nom [ndlr, dans le mou-
Voici quelques slogans que le PCC a créés appelé le « syndrome des yeux rouges ». « Les gens doutent du régime. Ils pren- que depuis la fondation du Gouverne- vement de démissions, des noms d’em-
pour laver le cerveau du peuple : « Il n’y aurait nent conscience que les jours du PCC ment par Intérim de la Chine, des Chi- prunt sont souvent utilisés par mesure
pas de nouvelle Chine sans le Parti com- B. Une culture consistant à s’écraser l’un sont comptés », a-t-il rajouté. Selon lui, nois viennent s’enregistrer en tant que de sécurité]. Après quoi elle a rejoint
muniste ». « La force au cœur pour mener l’autre le fait que le PCC soit dénoncé par ses « citoyens du futur gouvernement ». Le- l’équipe des volontaires afin d’aider
notre cause est le PCC et la base théorique Le PCC a encouragé à « lutter face à face propres membres, que ceux-ci transfè- quel promet à l’avance le droit de s’ex- d’autres gens à quitter le Parti Commu-
qui guide notre pensée est le marxisme-léni- et dénoncer dos à dos ». Dénoncer ses asso- rent leur argent aux membres de leur primer et de protester contre toutes niste chinois.
nisme ». « Alignez-vous sur la position du ciés, écrire des lettres pour les diffamer, fabri- famille à l’étranger, illustre une situa- mesures injustes. « La fin de l’ère com- Madame Zhao dit avoir déjà aidé
Comité central du Parti ». « Exécutez les quer des faits et exagérer leurs erreurs – ces tion de « rats affolés dans un navire qui muniste n’est plus très loin », a-t-il dit. plus de 2.000 personnes à quitter le
ordres du Parti si vous les comprenez. Si vous comportements déviés ont été utilisés pour coule ». PCC. Elle a également partagé sur la
ne les comprenez pas, exécutez-les aussi et mesurer la proximité à l’esprit du Parti et le LE PCC « EST LE PROBLÈME » façon dont sa famille avait été victime
votre compréhension s’approfondira en effec- désir d’avancer. DES VOIX BÂILLONNÉES Président de l’Union Mondiale des des différents mouvements politiques
tuant les ordres ». Le musicien Zhendong He a raconté Partis Démocrates chinois, Wang Jun, du PCC. Beaucoup des membres de sa
Pour en savoir plus, lire les Neuf Commentai- à ceux qui étaient présents à la réunion complète en reprenant une affirmation famille ont été persécutés à mort, a-elle
F. Une culture d’adulation res sur www.lagrandeepoque.com comment il avait été censuré alors qu’il tirée des Neuf commentaires : « Sans le dit, simplement parce leur origine était
« Le ciel et la terre sont grands, mais plus Version audio disponible sur le site de la radio essayait d’envoyer un mot à son père PCC la Chine pourra avancer vers une « bourgeoise ».
grande encore est la grâce du Parti », « nous Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org pour son 88e anniversaire. Son mes- nouvelle ère ». MINGGUO SUN
La Grande Époque ● 16 – 31 JANVIER 2009
Danone-Wahaha : le litige devant un tribunal d’arbitrage
de Stockholm
Danone, le géant français de
l’alimentation, et son ancien
partenaire chinois de boisson
Wahaha, s’affrontent depuis le
6 janvier dernier devant le tribu-
nal d’arbitrage de Stockholm, la
chambre des Nations unies pour
le droit commercial international.
Le litige porte sur la propriété de
la marque Wahaha, estimée à
2,4 milliards de dollars, d’après
Euromonitor International. L’af-
faire se déroule à huit clos. Il
faudra attendre plusieurs semai-
nes afin d’avoir le verdict du
jugement, le dossier étant com-
plexe à cause du flou juridique
caractéristique de tous les dos-
siers impliquant des sociétés chi-
noises.
LORS de la création en 1996 de la coen-
treprise franco-chinoise, dont Danone est
actionnaire à 51 % et Zong Qinghou, le
fondateur de Wahaha à 49 %, les deux
anciens partenaires se sont mis d’accord
pour désigner une juridiction étrangère
pour statuer sur le litige. Ce choix démon-
tre que Danone avait pris les devants pour
échapper à la partialité des juges chinois
liés au pouvoir politique communiste.
Pour mémoire, Wahaha avait besoin de
l’argent et du savoir-faire de Danone pour
faire son ascension sur le marché chinois,
alors que Danone croyait en une coopéra-
Franck Riboud, PDG de Danone, à la dernière assemblée générale des actionnaires à Paris.
tion fructueuse vers la conquête de nou-
veaux marchés, mais ce dernier n’avait
pas prévu la virulence de son partenaire.
Le litige a éclaté sur la place publi-
que en février 2007 (cf. article « Une
idylle qui tourne au vinaigre » du 22 avril
2007). Depuis, le mirage chinois s’est
transformé en cauchemar pour le groupe
français avec plus d’une trentaine de pro-
cès lancés dans différents pays. Danone
accuse Wahaha d’avoir rompu leur accord
de coentreprise, en ne respectant pas
la clause de non-concurrence spécifiée
dans leur contrat initial. En effet, Wahaha
a développé illégalement un réseau paral-
lèle de plus de soixante usines de pro-
duction et de sociétés de distribution
de boissons sous la marque Wahaha,
www.lagrandeepoque.com
Olivier Laban-Mattei/AFP/Getty Images
sans autorisation préalable de l’action-
naire majoritaire. De son côté, Wahaha
avance que Danone a validé l’existence
du réseau parallèle et reprend les mêmes
accusations de Danone pour concurrence
déloyale, en prenant pour argument que
Danone a développé des partenariats
avec d’autres producteurs de boissons
chinois.
Économie 7
Danone a sollicité le tribunal d’arbitrage
à Stockholm dès mai 2007. Il s’agit d’un
tribunal occidental, donc on peut suppo-
ser qu’il prononcera un jugement impar-
tial. Une dizaine de jugements ont déjà été
rendus par les juridictions chinoises depuis
l’éclatement du conflit et toutes ont été en
faveur de Wahaha. Les pressions venant
des dirigeants communistes chinois étant
fortes, Stockholm pourra-t-il résister et se
dégager de leur contrôle ? Dans des Iles
Vierges britanniques, où Danone a égale-
ment lancé le procès en novembre 2007,
il a obtenu dans un premier temps le gel
des actifs du réseau d’entreprises chi-
noises qualifiées d’illégales, mais ces
décisions ont été rejetées en décembre
2008. L’affaire est actuellement exami-
née à la cour d’appel. Depuis juin 2007,
le dossier Danone-Wahaha est aussi aux
États-Unis où Danone poursuit les repré-
sentants de plusieurs sociétés en dehors
de la coentreprise exploitant la marque
Wahaha, et notamment la femme et la
fille de M. Zong. Les auditions devraient
démarrer à Los Angeles début février de
cette année. Danone « réclame 100 mil-
lions de dollars de dommages et intérêts
plus 25 millions de dollars par mois depuis
la date de déposition de la plainte » de
son ancien partenaire, d’après les docu-
ments déposés à la cour de Los Angeles,
rapporte Bloomberg. Danone affirme que
ces sommes représentent un manque à
gagner que génèrent les opérations paral-
lèles de Wahaha.
Le feuilleton judiciaire Danone-Wahaha
n’est pas terminé ! Même si Danone
gagne son procès, aura-t-il les moyens de
faire appliquer la décision en Chine ?
HANNA L. SZMYTKO

Le scandale Madoff Commerce

SUITE aux révélations de la presse américaine le 11
décembre dernier, les petits actionnaires découvrent
avec stupéfaction que Bernard Madoff, un homme
d’affaires réputé au-dessus de tout soupçon et devenu
l’une des références de Wall Street, n’est en réalité
qu’un escroc ayant réussi à berner quasiment l’en-
semble du monde de la finance par un montage frau-
duleux et à provoquer une perte gigantesque évaluée
à 50 milliards de dollars.
C’est après avoir avoué son montage à ses fils que
ces derniers le dénoncent au FBI. Il est arrêté le 12
décembre et mis en examen, mais relâché contre une
caution de 10 millions de dollars, assigné à résidence
à New York avec un bracelet électronique, et n’est
autorisé à sortir que pour se rendre au tribunal.
UN AUTODIDACTE INSPIRÉ MAIS ROUBLARD
En 1960, âgé de 22 ans, il débute une carrière
d’autodidacte dans le monde de la finance en créant
sa propre société de courtage avec seulement 5.000
dollars. Dès le début des années 1980, il est l’un des
premiers à investir dans les outils informatiques, ce
qui lui permet de passer plus vite ses ordres de bourse
en limitant les erreurs. Son ascension à Wall Street
devient dès lors fulgurante.
Désireux de passer à la vitesse supérieure, il laisse
ses fils gérer la société de courtage et profite de sa
notoriété pour créer une société d’investissement,
Bernard L.Madoff Investment Securities LLC, en se
spécialisant dans la gestion de fortune. Profitant de
l’envolée des cours de bourse, il attire ses clients en
leur garantissant des rendements allant jusqu’à 17 %
par an, et devient rapidement une référence dans son
activité à New York. À la fin des années 1990, certains
clients et concurrents commencent à avoir des dou-
tes sur ses pratiques et déposent plainte auprès de la
Securities and Exchange Commission (SEC), mais les
huit enquêtes menées au début 2000 n’aboutissent à
aucun résultat.
Le montage financier utilisé par Bernard Madoff,
connu sous le nom de « chaîne de Ponzi », con-
siste à payer les intérêts des premiers investisseurs
avec le capital déposé par les suivants. Tant que la
hausse des cours incite les gens à investir en bourse,
il a toujours la trésorerie suffisante pour rémuné-
rer les principaux investisseurs. Mais la chute conti-
nue des marchés financiers au dernier trimestre 2008
pousse la plupart de ses clients à vendre leurs titres
pour récupérer leurs fonds, ce qui provoque l’écrou-
lement de son système et permet de mettre à jour la
supercherie.
D’après le Wall Street Journal, les investisseurs
ayant les plus grosses pertes potentielles sont des
fonds américains, mais également beaucoup de ban-
ques européennes, comme Banco Santander (2,87
milliards de dollars), Fortis (1,35 milliard de dollars),
(588.543 dollars), la Death Penalty Information Cen-
ter, la Lymphoma Research Foundation, des musées,
des écoles et des universités. Certaines organisa-
tions, comme JEHT Fondation ou bien Picower Foun-
dation ont par la suite été obligées de fermer leur
activité.
Des fonds éthiques sont également touchés,
comme Nouvelle Stratégie 50 et Investissement et
Partage de la société de gestion Meeschaert, qui
avaient en portefeuille des parts du fonds luxembour-
geois Luxalpha proposé par la banque suisse UBS.
Le fonds Luxalpha, créé par la société Access Inter-
national Advisors, avait confié près de 1,5 milliard
de dollars à Bernard Madoff. Il était géré par Thierry
Magon de la Villehuchet, un Français basé à New
York, mais l’annonce de l’escroquerie l’avait plongé
dans une profonde dépression. Il a mis fin à ses jours
le 23 décembre dernier.
Depuis quelques jours, des investisseurs européens
lésés comme la société Deminor, déposent des plain-
tes et entament des contentieux en responsabilité
auprès de ceux qui peuvent encore rembourser. La
banque UBS, dépositaire des fonds Luxalpha et Lux
Invest, et la banque HSBC, dépositaire de Thema Fund
International, sont particulièrement visées. Leur répu-
tation, notamment celle d’UBS qui se veut être le pre-
mier gestionnaire de fortune au monde, risque d’être
Timothy A.Clary/AFP/Getty Images fortement ternie, mais également celle de la place
Bernard Madoff à la sortie du tribunal fédéral financière de Luxembourg, qui hébergeait ces fonds.
américain le 14 janvier 2009 à New York. Selon Novethic « l’affaire Madoff qui a éclaté il y
a un mois ne fait que commencer ». Elle « déstabi-
lise les règles européennes » et « risque d’ébranler
HSBC (1 milliard de dollars), Natixis, RBS, BNP Pari- un peu plus la confiance pourtant très fragile dans les
bas, et dans une moindre mesure, des compagnies institutions financières ».
d’assurances comme AXA. Le montant détaillé des PATRICK C. CALLEWAERT
pertes n’est pas encore connu dans sa globalité.
Parmi les victimes, on trouve également des fon-
dations et personnalités juives de renommée interna- Chaîne de Ponzi : Il s’agit d’une forme d’escro-
tionale comme Steven Spielberg ou Elie Wiesel (qui querie basée sur un système pyramidal. Le prin-
a annoncé une perte de 15 millions de dollars), mais cipe est de rémunérer les investisseurs avec l’argent
également des personnalités françaises comme Caro- versé par les derniers arrivés. Chaque nouvel entrant
line Barclay ou le couturier Daniel Hechter, et de nom- se voit promettre des profits importants, entraînant
breuses personnes en Israël. Mais la discrétion étant du fait « du bouche à oreille » un afflux de capitaux
une règle chez les personnes fortunées, il est peu permettant d’entretenir le « contrat » initial, jusqu’à
vraisemblable que le montant de leurs pertes soit réel- l’explosion du système. Cette bulle spéculative ne
lement connu un jour. peut faire long feu lorsqu’il s’agit de rémunérer à hau-
teur de 10 % des montants investis de plus en plus
DES ONG ET FONDS ÉTHIQUES FORTEMENT importants, lorsque le marché fait face à une décol-
AFFECTÉS lecte massive. Cet argent profite en premier lieu au
Les pertes vont cependant bien au-delà. Elles tou- fondateur de la chaîne. Mais lorsque les investis-
chent près de 400 organisations américaines, des seurs réclament les fonds investis initialement, le
ONG et des fonds caritatifs en tout genre, pour un système s’écroule devant l’incapacité de rembourser
montant global de 73 millions de dollars, selon Bloom- les sommes engagées. Ce système tient son nom
berg, parmi lesquelles on trouve un grand nombre de de Charles Ponzi qui a mis en place une opération
fondations juives comme JEHT Foundation (24,2 mil- immobilière frauduleuse dans les années 1920 fon-
lions de dollars), mais aussi Amnesty International dée sur ce principe.
international :
les États-Unis
triplent les droits
de douane sur le
roquefort
SUITE à la prolongation de l’interdiction
prise par les autorités européennes d’im-
porter du bœuf américain aux hormones,
et en accord avec les règles de l’OMC, les
États-Unis décident de tripler les droits
de douane à partir du 23 mars 2009 sur
l’importation du roquefort, une emblème
nationale française. Même s’il est le plus
taxé, notre fromage figure cependant
dans une longue liste de produits euro-
péens sanctionnés, et qui visent 26 des
27 pays européens. En effet, le Royaume-
Uni étant le seul pays européen favorable
au bœuf aux hormones, il se trouve épar-
gné par les sanctions américaines.
Les réactions en France ont été immé-
diates. Du très diplomate ministre de
l’Agriculture Michel Barnier, pour qui la
sanction « est injustifiée », au tonitruant
José Bové qui l’estime « parfaitement
scandaleuse » et dénonce « la prise en
otage du roquefort », les commentaires
vont bon train dans nos chaumières.
On ne peut cependant pas s’empê-
cher de penser, comme l’a déclaré Robert
Glandières, le président de la Confé-
dération Générale des Producteurs de
Roquefort à Reuters le vendredi dernier,
« que c’est peut-être pour se faire plai-
sir que l’administration Bush, avant de
partir, a pris cette ultime décision. C’est
sans doute parce que nous lui avions
résisté ».
La nouvelle administration américaine
fera-t-elle à l’avenir preuve de plus de dis-
cernement dans l’analyse des différends
qui opposent les États-Unis à l’Europe
en matière de nourriture ? Saura-t-elle
reconnaître les vertus de ce produit natu-
rel, connu depuis l’époque des Romains,
et dont la fabrication bénéficie d’une
Appellation d’Origine Contrôlée (AOC)
depuis 1925 ?
PATRICK C. CALLEWAERT
8 Droits humains www.lagrandeepoque.com 16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

Mauritanie : les anciens esclaves tentent de s’adapter

au sein de leur nouvelle communauté
Deux ans après que plus d’une
centaine de familles d’anciens
esclaves ont quitté leur village
dans le sud de la Mauritanie
pour créer leur propre com-
munauté, loin des propriétai-
res d’esclaves, des membres
de ce groupe ont confié à IRIN
qu’ils se débattaient encore pour
s’adapter à leur indépendance.
RAMADAN Ould Semette est de ceux
qui ont quitté le village de Lefrewa, où
ces familles étaient esclaves de généra-
tion en génération ; certes, il a pu prendre
un nouveau départ, comme il le souhaitait
depuis bien longtemps, mais c’est à peu
près tout.
« Nous n’avons que nos muscles pour
survivre et nous luttons sans cesse dans
le désert. Le seul avantage qu’il y a à vivre
ici, dans un nouvel endroit, c’est que nous
nous sommes physiquement éloignés de
l’exploitation du passé ».
Tourner la page et se trouver un moyen
de subsistance est une tâche particulière-
ment ardue dans un pays où la plupart des
habitants vivent déjà dans des conditions
difficiles.
La Mauritanie est composée pour moi-
tié d’un territoire désertique inhabitable
et inhospitalier ; près de la moitié de ses
trois millions d’habitants n’a pas accès à
l’eau salubre, selon les Nations unies, et
d’après les estimations de FEWSNET,
organisme spécialisé dans la surveillance
de la situation alimentaire mondiale, plus
de 330.000 personnes souffraient de mal-
nutrition [dans le pays] en octobre 2008.
Biram Ould Abeide, conseiller de la
Commission nationale des droits de
l’homme, a expliqué à IRIN que la com-
mune des anciens esclaves, baptisée
Sawap (« vertueux » en arabe), avait
eu des difficultés à trouver où s’établir.
« Aucune communauté ne les a accueillis.
Ils ont eu de graves problèmes pour obte-
nir l’autorisation de s’installer là où ils sont
maintenant. C’est une question de droits
fonciers ; il n’y a pas de terres inscrites au
50 % du territoire mauritanien est composé de désert et près de la moitié de ses trois millions d’habitants
n’a pas accès à l’eau potable.
nom d’anciens esclaves ».
M. Abeide a expliqué que le président
de l’époque, Sidi Mohamed Ould Cheikh
Abdallahi, était intervenu pour aider les
familles à s’installer en 2006.
M. Semette, habitant de la com-
mune, a indiqué à IRIN que si un mem-
bre du groupe avait besoin de consulter
un médecin, il se faisait transporter à dos
d’âne à travers le désert jusqu’au centre
médical le plus proche, à trois kilomètres
de là. L’eau est une denrée rare. Et les
femmes se rendent à pied jusqu’aux villa-
ges voisins pour trouver de la nourriture,
a-t-il ajouté.
Selon les experts des droits humains,
si une loi contre l’esclavage a été adop-
tée en 2007, les systèmes d’aide aux
anciens esclaves font défaut. M. Abeide
a en outre expliqué à IRIN qu’en dépit de
cette loi (qui définit la servitude pour dette
et les mariages forcés comme des formes
d’esclavage), les droits des anciens escla-
ves continuaient d’être « négligés, dans le
meilleur des cas, si ce n’est complètement
bafoués ».
Selon la commission, la loi a abouti à
la libération de 43 personnes, et des cen-
taines d’affaires sont encore en instance.
Mohamed Bilal Ould Dike, avocat spé-
cialiste des droits humains, a néanmoins
expliqué à IRIN que la loi contre l’escla-
vage n’était que la première étape.
« Cette loi n’assure pas la protection
des victimes. Les vraies garanties dont
elles ont besoin sont d’ordre juridique
[mise en application de la loi] et socioé-
conomique. Il faut prévoir un système
GEORGES GOBET/AFP
de réinsertion économique pour ces vic-
times ».
Une membre de la commune a expli-
qué qu’elle ne réussissait pas à trouver
de travail rémunéré. « Nous travaillons
comme domestiques », a confié Tesslem
Mint El Kory à IRIN. « Mais les familles de
la région sont si pauvres qu’elles n’ont pas
les moyens de nous payer. Alors, nous
faisons le travail que nous avons tou-
jours fait, et nous ne sommes toujours
pas payés ».
Lemine Dadde, commissaire aux droits
de l’Homme depuis le coup d’État, a expli-
qué à IRIN que le conseil militaire au pou-
voir avait prévu de consacrer un budget
de plus de cinq millions de dollars pour
aider les victimes d’esclavage. Le com-
missaire a également indiqué que 46 vil-
lages extrêmement pauvres dont les
populations sont en grande partie com-
posées de Noirs africains (une majorité
d’esclaves sont Noirs africains) devaient
recevoir une aide financière d’urgence à
compter de février 2009.
L’esclavage est interdit en Mauritanie
depuis l’époque du colonialisme. Pour-
tant, malgré l’adoption périodique, depuis
l’indépendance en 1960, de législations
visant à renforcer cette interdiction, tou-
tes les communautés ethniques le prati-
quent encore (principalement en milieu
rural), selon les associations de défense
des droits humains.
UN DÉPART DÉFINITIF
Le chef du village de Lefrewa, à 90 kilo-
mètres au sud de Nouakchott, la capitale,
a expliqué à IRIN que les 100 familles
d’anciens esclaves avaient toujours été
les bienvenues au sein de sa commu-
nauté.
« Notre village est parmi les plus pro-
ches de Nouakchott, la capitale, alors nous
sommes tout à fait conscients des risques
et du caractère illégal de l’esclavage », a
déclaré Lemrabett Ould Mohamed Aly.
« S’ils sont partis s’installer ailleurs, c’est
une question de choix personnel ; per-
sonne ne les y a forcés. Des familles d’an-
ciens esclaves vivent encore parmi nous ».
Le chef du village a expliqué que les
anciens esclaves qui avaient quitté
Lefrewa en grand nombre, en 1976,
avaient fini par y retourner. « Ils sont
revenus chez nous parce qu’ils n’ont pas
trouvé d’autre endroit où vivre aussi paisi-
blement qu’ils vivaient parmi nous ».
Lorsque IRIN a demandé aux familles
de Sawap si quelqu’un parmi elles était
tenté de retourner vivre à Lefrewa,
compte tenu de leurs difficultés écono-
miques, Mbarek Ould Mahmoude a pour-
tant déclaré : « Nous avons réussi à nous
enfuir de la terre de nos anciens maî-
tres pour pouvoir jouir de nos droits civi-
ques… Les maîtres nous ordonnaient de
voter comme ils le voulaient. Nous n’avi-
ons d’autre choix que de nous plier aveu-
glément à leurs ordres. Alors, non on n’y
retournera pas ».
Irin News

Une compagnie pétrolière française en difficulté en Amazonie

LA COMPAGNIE franco-britannique Perenco est
confrontée à de sérieuses difficultés dans une
région reculée de l’Amazonie suite à une décision
de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de
pétrole) et aux préoccupations que suscite la situa-
tion des Indiens isolés dans l’un des territoires où
elle opère.
Quelques jours après que la compagnie a annoncé
son intention d’exploiter le territoire d’Indiens isolés
du Pérou, le gouvernement équatorien a suspendu
ses activités sur son territoire pour se conformer à
la décision de l’OPEP. Les gisements exploités par
Perenco sont considérés comme la plus grande
découverte pétrolière depuis ces trente dernières
années au Pérou. Ce programme, qui viole les droits
fondamentaux des Indiens isolés et menace leur sur-
vie, a suscité une protestation massive de la part des
organisations indigènes locales ainsi qu’un recours
auprès de la Commission interaméricaine des droits
de l’homme.
Perenco, qui prétend que ces Indiens n’existent
pas, a l’intention d’investir une somme plus impor-
tante – 350 millions de dollars – que toutes les autres
compagnies qui opèrent au Pérou en une année.
Les activités de Perenco en Equateur ont été sus-
pendues en réponse aux restrictions imposées par
l’OPEP dans l’attente de stabiliser le prix mondial du
pétrole brut. La présence de la compagnie avait mobi-
lisé des milliers de manifestants qui avaient paralysé
un de ses sites pétroliers et un aéroport et avait provo-
qué de violents conflits au cours desquels deux mani-
festants au moins avaient été blessés par des tirs de
fusil à balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a
déclaré aujourd’hui : « L’OPEP et les Indiens isolés
forment un duo improbable, mais quoi qu’il en soit,
les temps sont durs pour Perenco. Ses activités
ont été suspendues en Equateur et la pression
augmente pour qu’elles le soient également au
Pérou. La compagnie devrait admettre que propulser
des centaines d’ouvriers pétroliers sur le territoire
des Indiens isolés du Pérou est une entreprise plus
qu’hasardeuse ».
Survival France

Brèves d’espoir Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

QUAND LES ARTS MARTIAUX S’ATTAQUENT
AUX HANDICAPS !
Bien qu’ouverts à tous en théorie, les salles de
sports et clubs d’arts martiaux restent souvent à la
portée des seuls valides. « Intégrer une personne
handicapée dans un cours de valides demande
du savoir-faire à la fois sur le fond, pour adapter
au mieux possible le sport aux possibilités des
personnes handicapées, mais aussi sur la forme,
car tous les élèves, valides et handicapés, doivent
recevoir la même attention sans en pâtir dans leur
apprentissage ». C’est un équilibre difficile à trou-
ver d’après Philippe Aymont, professeur de karaté
à Jouy-en-Josas et psychomotricien qui connaît bien
la question. Par son travail avec Pierre (14 ans, han-
dicapé moteur depuis sa naissance qui arrive pour-
tant à pratiquer le karaté en fauteuil roulant dans
le cours des élèves valides) et avec un autre élève
malvoyant, Philippe Aymont décide de favoriser
plus largement l’intégration des personnes handica-
pées dans les clubs d’arts martiaux, quel que soit le
type de handicap : moteur, visuel, auditif, mental, ou
maladies invalidantes.
Pour en savoir plus : www.handibudo.org
PHILIPPE ZOUMMEROFF : SOUTENIR LA
RÉINSERTION DES ANCIENS DÉTENUS
Philippe Zoummeroff est collectionneur dans À LA PORTÉE DES PERSONNES DÉFAVORI-
l’âme, grand amateur de livres princeps (première SÉES
édition de tout ouvrage), et d’œuvres « qui apportent Le Québec est parmi les plus gros consomma- CHARENTAISES
quelque chose de nouveau ou d’important dans teurs d’énergie électrique et la consommation des
l’histoire ». C’est ainsi qu’il découvre Des délits et
des peines de César Beccaria (1764), dans lequel
ce juriste italien prône l’abolition de la torture et de
la peine de mort ainsi que l’instauration de la pri-
son comme peine de référence. L’ouvrage le sub-
jugue et marque le début de son intérêt pour la
question de la justice pénale. Sa collection com-
porte aujourd’hui 10.000 livres et documents tous
dédiés à la justice pénale du 15e siècle à nos jours.
Son érudition sur le sujet l’amène à constater
que « depuis la création de la prison, aucun des
problèmes qu’elle a soulevés n’a pu être résolu :
surpopulation, inaptitude à réinsérer, récidive et
durcissement des peines sont au contraire plus que
jamais d’actualité. J’ai commencé à me demander
ce qui pouvait être fait pour changer les choses ».
Philippe Zoummeroff décide de financer tous les
deux ans une bourse de 12.000 euros pour soutenir
les acteurs engagés dans la réinsertion des détenus.
Il visite les prisons, invite des anciens détenus chez
lui, entretient des correspondances avec les prison-
niers et participe à pratiquement tous les colloques
existant sur le sujet. En 2010, il aura 80 ans et pré-
voit de se retirer pour se consacrer à sa famille.
Pour en savoir plus: www.collection-privee.org
ÉCONOLOGIS : L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE
LES VOILES DE L’AMERICA AU BRAS DES
En colportant leurs déchets de la terre vers la
ménages représente une part importante des émis-
sions nationales de gaz à effet de serre (GES). Pour
consommer plus durablement, il existe de nombreu-
ses actions et technologies auxquelles les person-
nes à revenus modestes n’ont souvent pas accès.
L’objectif du programme Éconologis est donc à
la fois social, environnemental et économique.
Deux volets composent ce programme : le premier
sur rendez-vous, un conseiller et un technicien se
rendent au domicile pour une visite d’environ une
heure et demie. Alors que le premier analyse les
comportements et modes de consommation du foyer
et évalue les économies possibles, le second dresse
un bilan de l’état du logement (isolation, étanchéité,
systèmes de chauffage, etc.) et des travaux à envi-
sager. Il en effectue également, et toujours gratuite-
ment, les plus sommaires comme la pose de pomme
de douche à débit réduit, l’ajustement de la tempéra-
ture du chauffe-eau, le calfeutrage des fenêtres pour
l’hiver, etc. Plusieurs conseils à appliquer quotidien-
nement sont également donnés. Deuxième volet :
depuis 2004, l’installation de thermostats électroni-
ques, par des électriciens qualifiés, est offerte sous
réserve d’une autorisation du propriétaire. Les étu-
des effectuées par l’AEE révèlent que les ménages
consomment entre 2,5 et 10 % d’énergie en moins.
Pour en savoir plus : www.aee.gouv.qc.ca
mer, les bateaux participent à la dégradation des
fonds marins. Les piles, très utilisées à bord des
voiliers qui nécessitent de nombreux petits appa-
reils (radio, réveil…), polluent à l’unité 1m² de terre
marine pendant 50 ans. Les déchets, transpor-
tés par les courants, s’accumulent souvent pour
constituer de véritables décharges sous-marines, à
2.000 m de profondeur parfois. Les nuisances écolo-
giques qui en résultent affectent la faune et la flore.
L’objectif de l’association Echo-Mer est d’inci-
ter les acteurs de la mer et l’industrie nautique à
un plus grand respect de l’environnement marin.
Depuis sa création en 2001, l’association Echo-Mer
dialogue avec les pouvoirs locaux afin de faire abou-
tir des programmes innovants en matière d’écologie.
En 2006, un projet, baptisé « Textile en mer », voit
le jour. Les voiles de bateaux sont faites en car-
bone, mylar et dacron, matières non recyclables en
l’état. Constatant l’absence de valorisation de ces
déchets textiles de l’industrie nautique, David Beau-
lieu décide de lancer la filière. Echo-Mer récupère
la toile, gratuitement dans les voileries, pour la tran-
former en sacs. De fils en aiguilles, les voiles de la
coupe de l’America se retrouvent donc au bras des
charentaises.
Pour en savoir plus: www.echo-mer.com
 La Grande Époque EpochTimes.com

NOUVEAU REGARD ÉDITION 148

WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 16 – 31 JANVIER 2009 • BIMENSUEL

►Chronique d’un observateur du 7e

Misère et bonheur au cinéma

UN TRUFFAUT AMÉRICAIN
Le cinéma n’arrête pas de perdre ses
richesses : récemment Robert Mulligan a
quitté le navire. Il était le réalisateur d’Un
été 42 et de L’autre, l’histoire fantastique
de jumeaux à la sensibilité à fleur de peau.
Cet artiste était un « Truffaut américain ».
Ces œuvres étaient simples et fluides
comme les livres de Maupassant. Il avait
jeté sur le cinéma américain un regard
humaniste et féerique. Son cinéma avait
un goût de bonheur dénué de banalité.
DE LA SCIENCE-FICTION À LA PHI-
LOSOPHIE
Michaël Crichton, écrivain, scénariste
et réalisateur de films de science-fiction,
a disparu en novembre, comme s’il n’avait
pas existé. Presque personne n’en avait
parlé à sa mort. En 1973, il tourne Le mys-
tère Andromède, puis enchaîne avec un
remarquable film à la fois fantastique et
de science-fiction Mondwest, des aventu-
res vécues à la carte, au moyen âge, au
western, ou dans l’antiquité. Looker (1982)
critiquera les opérations chirurgicales pra-
tiquées sur les mannequins afin de rendre
les publicités plus efficaces. Michaël Crich-
ton avait travaillé sur l’adaptation de son
roman Jurassic Park que réalisera Steven
Spielberg.
COUP DE CHAPEAU À CLAUDE
BERRI
Le cinéma français a pris aussi son
coup de froid avec la disparition d’un grand
monsieur de l’industrie cinématographi-
que, Claude Berri, à la fois artiste et déci-
sionnaire. Ceci est rare dans la profession,
car les réalisateurs, à part Bertrand Taver-
nier, n’ont ni la force ni le temps de s’oc-
cuper de la gestion et de la distribution de
leurs films. C’est un métier à part entière. Guillaume Canet, Audrey Tautou et Claude Berri.
Berri avait compris qu’il lui fallait l’accom-
plir, sinon il ne ferait pas de films du tout.
Son vieux père lui disait : « Il faut distribuer
les cartes mon fils, sinon aucune chance
d’y arriver ». Berri a fait siennes ces paro-
les et les a portées très loin, puisqu’il a été
l’homme le plus puissant du cinéma fran-
çais associé à Pathé et AMLF. Dans le
milieu il était appelé le Parrain. Ses films
les plus importants restent les premiers :
Le vieil homme et l’enfant (1967) où il
filme sa vie d’enfant caché avec le formi-
dable Michel Simon et Le cinéma de papa
(1970) où il raconte son évolution dans sa
famille et ses débuts de comédien. Sui-
vront des films plus ou moins autobiogra-
phiques comme Mazel Tov.
Claude Berri né Langmann, le 1er juillet
1934, était un homme de cinéma complet.
Il avait été d’abord comédien. Son pre-
mier rêve, inspiré par son père, fourreur, Daniel Craig et Jamie Bell.
qui disait avec l’humour qui le caractéri-
sait qu’ « il allait mettre Louis de Funès au
chômage ». Plus tard, il lui a rendu hom-
mage dans son beau film Le cinéma de
papa (1970). Sa mère et son père reste-
ront le point fort de son existence. Il suivra
aveuglément les conseils de son père pour
obtenir son indépendance dans un métier
où il est bon de contrôler les mécanis-
mes compliqués de production et de créa-
tion : « Tu dois donner les cartes », aimait
à lui répéter son père. En échos, Claude
Berri crée la production Renn et s’asso-
cie avec AMLF et Pathé. Là il réussit non
seulement à réaliser les films de son choix
mais aussi à produire les réalisateurs qu’il
admire dont par exemple le Tchèque Milos
Forman dont il avait acheté et distribué Au
feu les pompiers qui l’a révélé au public
français.
Il ne s’est jamais remis de la mala-
die puis de la mort de sa femme, Anne-
Marie Rassam qui s’est suicidée en 1995,
de l’existence. Un photographe accueille
chez lui à Istanbul, en plein hiver, un
parent qui a quitté son village pour réali-
ser son rêve de devenir marin. Nuri Bilge
Ceylan explore l’intériorité d’un être frus-
tré qui, pour de l’argent, s’est dénoncé à
la place de son patron, pour un crime qu’il
n’a pas commis. Sa femme a une liaison
avec son patron, ignoré jusque-là de leur
fils. Les conventions négatives du mariage
entrent en jeu : jalousie, explications, vio-
lences. Le réalisateur décrit une société
qui ne peut sortir des conventions. En
Turquie, une femme reste encore l’objet
de l’époux. La mort est sur le point d’ap-
paraître lorsqu’une société est repliée sur
elle-même. Les différences de classes ne
peuvent disparaître à cause des rites reli-
gieux, ni même des boucs émissaires, qui
sont souvent des femmes. La pauvreté
gronde sans remède.
Le cinéma turc semble chercher sa
marque plus dans l’esthétique que dans la
complexité et la rigueur du scénario. D’un
film à l’autre, il ne semble pas sortir de la
tragédie sociale ancrée dans les familles
décomposées.
QUI VEUT DES MILLIONS ?
Slumdog millionnaire est un film anglais
de Danny Boyle, dans la tradition des films
de Bollywood qui parviennent à faire coha-
biter en priorité le bonheur et la positivité
dans des histoires tragiques construites
d’amour, de crime et de gloire.
La vraie question posée à Jamal Malik
sur le plateau de télé Who Wants to Be a
Millionaire ? – version indienne de la célè-
bre émission présentée en France par
Michel Foucault Qui veut gagner des mil-
lions – après un acharnement à s’accro-
cher à la vie après un voyage de vingt
ans dans la profondeur et le désarroi de
la société indienne qui se débat pour sor-
tir d’une misère chronique au moyen de

Instant terrestre www.instanterrestre.com puis de la souffrance de son fils tétraplégi-

Clins d’oeil
Clin d’oeil innocent ou pied de
nez de l’enfant à un autre oeil,
celui du photographe. Pour ces
indiens quechuas de la région de
Cuzco au Pérou, le système du
troc est toujours en vigueur. Une
fois par semaine, et cela depuis
des générations, se jouent les
mêmes scènes sur les marchés
andins ; visages tannés et cha-
peautés, cotonnades des fem-
mes où les couleurs les plus
vives s’affrontent dans un bon-
heur constant, enfants virevol-
tant comme des abeilles d’étal
en étal, attirés par la moindre
curiosité.
C’est l’instant où les adultes se
retrouvent autour d’un plat uni-
que et s’en nourrissent avec
délectation. Ici, on ne s’enrichit
pas comme nous l’entendons
aujourd’hui chez nous, on parle
du temps, des récoltes, de la
famille qui s’agrandit et du bon-
heur simple de se retrouver. Ils
ont pour eux le goût d’aimer, l’art
d’espérer et cette joie de vivre qui
nous fait tant défaut. C’est ce qui
nous différencie de ces peuples
exprimant toute l’humanité dans
ces gestes libres et amicaux,
dénués de vanité et de cupidité.
Texte et photo
de Stéphane Cabaret
que mort en 2002. Ce 12 janvier il meurt
d’un infarctus cérébral à l’hôpital Pitié-Sal-
ses ressources humaines, stoppée par la
foule religieuse redoutable qui oublie qu’en
premier lieu c’est en respectant l’homme
pêtrière. qu’on peut respecter Dieu qui est le por-
teur de nos espérances.
LES JUIFS COMBATTANT LES NAZIS Jamal accusé de tricherie par jalousie
Les insurgés d’Edward Zwick avec
Daniel Craig, conte l’histoire de trois frères
et racisme est arrêté, interrogé au com-
missariat violemment par usage de l’élec-
juifs qui pour échapper à l’invasion de leur tricité. Mais Jamal, très sincère, ne dit que
village par les nazis, en Biélorussie en 1941 la vérité. Il essaie d’atteindre la gloire pour
se cachent dans une forêt. Tuvia, Asaël et cette jeune femme qu’il aime et que la télé
Zus Bielski sont rejoints par d’autres hom- va peut être lui faire retrouver. Un conte
mes et femmes pour échapper aux massa- de fée social où il est bon d’ouvrir les yeux
cres ordonnés par Hitler. Les frères aînés pour admirer ce gamin qui a grandi dans
n’ont pas la même conception de la lutte. les taudis de Bombay. Sa mère est morte
L’un est pour mener une lutte sans pitié lors d’une attaque par un groupe d’hin-
contre les Allemands aidant des juifs à douistes armé de bâtons. Ils incendient sa
s’évader des ghettos. L’autre se refuse à maison et tuent sa famille. Le commissaire
toute violence. Le film décrit avec finesse pose les questions à Jamal sur sa vie et
la résistance juive ignorée de tous. Limpor- comment il a pu répondre jusque-là sans
tance du film réside également dans le fait tricher aux questions du présentateur.
qu’il montre la résistance juive à l’Est car Ce film est adapté par Simon Beau-
certaines légendes ont fait courir le bruit froy, du roman à succès de Vikas Swarup,
que les juifs se sont fait tuer comme des Les fabuleuses aventures d’un Indien mal-
agneaux. Le film décrit des charniers puis chanceux qui devint milliardaire. Le rôle
l’insolence et l’incompétence des partisans de Jamal est interprété par le Britannique
russes nourris d’antisémitisme viscéral. Ils Dev Patel.
rejettent toute fraternité avec leurs « frères
juifs » menacés d’extermination par l’ar- NEIGE ET SOLIDARITÉ
mée qui s’avance. Ce film permet de pren- Frozen River fait partie de ces films
dre conscience de la shoah par balle. C’est
américains qui ont réussi à parler de l’hu-
une autre façon radicale de tuer des juifs.
manité naturellement sans en rajouter.
Le dégoût des soldats était tel qu’à la fin de
C’est un film court d’1h37 de Courtney
l’année 1941, les chambres à gaz ont pris Hunt. Dans une vallée gelée du Saint-Lau-
le relais des camions à gaz. Il n’y a aucun
rent, au nord de l’État de New York, deux
rapport entre la mort et les soldats du femmes se rencontrent et se soutiennent
Reich, trop précieux désormais sur le front
dans leur désarroi devant leur vie médio-
russe. Des convois se chargeaient d’ache- cre. Délaissées des hommes, elles s’asso-
miner les juifs vers les camps de Pologne cient pour se livrer au trafic d’émigrés en
où des recherches avaient été entreprises dépit de leur morale.
pour exterminer plus et plus vite. Le vrai sujet est une chronique de la vie
Il faut bien avouer que le film est tou-
de deux femmes qui se battent pour exis-
chant et bien réalisé par Edward Zwick, leter et tenter d’élever leur enfant. Une pho-
réalisateur de Blood Diamond. tographie unique permet de voyager sur la
neige d’un blanc inquiétant où la réverbé-
RETOUR DU CINÉMA TURC ration du soleil écrit « solitude abandonne
Sur un autre ton, le cinéma turc est à nous ».
l’honneur, après Uzak un film sur le vide ALAIN PENSO
10 Environnement www.lagrandeepoque.com 16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

Le nouveau sanctuaire marin du Pacifique en cadeau d’adieu

C’est un cadeau de départ du
président George W. Bush,
deux semaines avant la fin de
son mandat : des « aires mari-
nes protégées » sont créées
dans le Pacifique. L’ensem-
ble de ces sites sera approxi-
mativement comparable à la
superficie de l’Espagne ou de
la France métropolitaine et tota-
lisera environ 505.000 km2.
D’après James Connaughton,
conseiller à la Maison Blanche
sur les sujets environnemen-
taux, la création de ce sanc-
tuaire constitue la plus grande
zone de protection marine de
l’histoire des États-Unis. Cette
aire océanique protégée est
située près de Hawaï et com-
prend trois sites déclarés monu-
ments nationaux marins : la
fosse des Mariannes, un archi-
pel isolé du Pacifique (Guam) et
l’atoll Rose (Samoa).
reconstituer, poissons, oiseaux, plan-
tes marines… George Bush indique :
« Pour les oiseaux de mer et pour la
vie marine, ces lieux sont des sanctuai-
res, ils pourront croître et prospérer pai-
siblement. Pour les scientifiques, ils sont
des lieux pour élargir les frontières de
la découverte et de la connaissance. Et
pour le peuple américain, ils témoignent
de l’honneur de notre pays, notre devoir
d’être de bons gestionnaires de la créa-
tion du Tout-Puissant ».
FRONTIÈRE ENTRE DEUX PLAQUES TEC-
TONIQUES
Les trois nouvelles aires proté-
gées abritent une très grande diver-
sité d’espèces et des milieux naturels
exceptionnels. La fosse des Mariannes
est le lieu le plus creux du globe. Elle
mesure 10.920 mètres sous la surface de
Hassan Ammar/Getty Images la mer et s’étend sur plus de 25.000 kilo-
Les poissons nagent au milieu des récifs coralliens, y créent leur habitat et s’y reproduisent. mètres. Ce lieu sous-marin est plus de
cinq fois plus long que le Grand Canyon
et il est plus profond que la hauteur du
mont Everest. La fosse est la frontière
entre deux plaques tectoniques qui com-
prend une vingtaine de volcans sous-
marins, des cheminées hydrothermales,
des foyers en activité. De plus, elle pos-
sède le seul cratère de soufre en ébulli-
tion du globe.

NUMÉRO UN DE LA PROTECTION MARINE HAUT LIEU DE RECHERCHE DES SCIENTI-

Cette décision a été saluée par de
nombreuses organisations de protec-
tion de la nature, bien que surprises. En
effet, les actions environnementales de
George Bush ont été fortement contro-
versées. Il s’est toujours montré inflexible
au sujet du dossier de la réduction des
émissions de gaz à effet de serre de son
pays. Mais, au niveau de la protection
marine, il est le président américain qui
a le plus fait pour les territoires marins.
Le 15 juin 2006, il avait déjà décidé de la
création d’une immense réserve marine
au nord-ouest des îles Hawaï. Il a large-
ment utilisé la loi de 1906 lui accordant le
droit de désigner les monuments à con-
server en leur donnant le statut immédiat
de Monument national, sans avoir à con-
sulter le congrès. Ainsi la protection des
sites est instantanée, la pêche commer-
ciale est interdite sur un rayon de 92 kilo-
mètres aux abords des côtes, des atolls,
Une palourde géante au milieu des coraux.
est même restreinte sur les sites plus PÊCHE COMMERCIALE INTERDITE PEN-
éloignés. L’Institut Pew qui finance les DANT CINQ ANS
recherches océaniques a félicité l’action
du président américain.
Le statut de Monument national
entraîne par ailleurs la disparition de la
pêche commerciale pendant cinq ans
Hassan Ammar/Getty Images
dans la zone qui jusque-là a été affec-
tée par une activité intensive de la
pêche. Ceci a fortement altéré les coraux
et les écosystèmes. Ce statut protection-
niste permettra aux espèces rares de se
FIQUES
L’atoll Rose est un lieu renommé parmi
les biologistes. Il représente la plus forte
concentration de nidification pour les tortues
sous-marines. Jim Connaughton, un haut
responsable de l’environnement, a indiqué,
lors de sa conférence de presse à la Maison
Blanche le 5 janvier, que ces lieux abritent
des centaines d’espèces de poisson, des
tortues en voie d’extinction, des oiseaux de
mer, des oiseaux migrateurs et des préda-
teurs comme les requins.
Pour les scientifiques, les aires
marines protégées représentent une
« formidable opportunité », comme l’ex-
plique Roger McManus, vice-président
du groupe Conservation International
en charge des programmes marins : « Il
n’existe pas de meilleurs laboratoires
naturels que ceux que nous avons là-
bas. »
HÉLOÏSE ROC

Les courants marins nommés « convection profonde » en désordre

L’équipe scientifique française
de l’IFREMER qui a participé
à l’étude de la convection pro-
fonde en Atlantique Nord, met
en évidence l’apparition d’un
phénomène océanique nou-
veau, qui n’a pas été vu depuis
plusieurs années1. La convec-
tion profonde est la manifesta-
tion résultant des mélanges des
masses d’eau des régions polai-
res et équatoriales. Ces flux
provoquent des colonnes d’eau
instables. Les eaux de surface
et celles des fonds marins ten-
dent à échanger leur place.
CONVECTION PROFONDE OBSERVÉE JUS-
QU’À 1.800 MÈTRES DE PROFONDEUR
Les scientifiques ont remarqué une
reprise de la convection profonde au
cours de l’hiver 2007-2008 en mer du
Labrador et en mer d’Irminger. Cette
sieurs années le mélange atteignait des caractéristiques physiques de l’océan en
profondeurs nettement moins importan- profondeur. Ce sont plus de 3.000 flot-
tes. La convection profonde a été obser-teurs autonomes répartis dans tous les
vée jusqu’à 1.800 mètres de profondeur océans du monde qui mesurent la tem-
dans la mer du Labrador et à 1.000 pérature des océans, en surface et en
mètres dans la mer d’Irminger. profondeur et la salinité des eaux. Les
Ce sont « des niveaux jamais atteints
chercheurs tentent d’expliquer vaine-
depuis 1994 », précise la chercheuse ment cette variante inattendue, comme
Virginie Thierry dans un communiqué de la conséquence de la température de
l’Ifremer. Elle ajoute : « Le processus de
l’air « anormalement froides dans l’At-
convection profonde contribue au stoc- lantique Nord au cours de l’hiver 2007-
kage en profondeur et pour des centai- 2008 » et, par « la présence d’une
nes d’années du CO2 atmosphérique ». couche d’eau froide et peu salée en sur-
Ce phénomène est inattendu car les face dans la mer du Labrador ».
mesures observées entre 2001 et 2007 En effet, à la fin des années 1980 et
étaient comparables. La convection pro- au début des années 1990, lorsque les
fonde était comprise entre 700 et 1.100 hivers étaient marqués par des tempé-
mètres. Ceci a été traduit comme étant ratures très basses et des vents très
les conséquences du réchauffement cli- forts, « le mélange hivernal atteignait en
matique. mer du Labrador des profondeurs supé-
rieures à 2.000 mètres », selon l’Ins-
PLUS DE 3.000 FLOTTEURS RÉPARTIS titut. C’est comme-ci nous faisions un
DANS LES OCÉANS DU MONDE compte à rebours, les chercheurs sont
L’étude a été menée en particu- perplexes.
lier grâce au programme Argo. Ce HÉLOÏSE ROC
programme océanographie interna- Asif Hassan/Getty Images
tional permet de mesurer, d’enregistrer 1 Article paru dans la revue scientifique Les scientifiques sont perplexes devant une mer qui semble en

reprise est inattendue car depuis plu- et de transmettre en temps réel les Nature de Geoscience2. désordre.

Cycle sismique et prévision des risques dans la zone de Sumatra

LES SÉISMES de forte puissance
sont parmi les catastrophes naturelles
les plus destructrices et meurtrières.
Il est indispensable de prévoir de tels
évènements à court, moyen ou long
terme pour les nombreuses zones à
risque du globe. L’équipe du professeur
Shen Chuan-Chou du département de
géologie de l’université nationale de
Taiwan (NTU), en collaboration avec
l’institut de technologie de Californie,
l’institut des sciences indonésien
et l’université du Minnesota, vient
de publier un article exposant une
nouvelle méthodologie de prévision des de fossiles de ce corail. Ils ont pour cela de Sumatra a subi par période de 200 un séisme exceptionnel si le mouvement
séismes. utilisé les radionucléides (nucléides dont ans une activité sismique importante, tectonique des plaques reste inchangé.
le noyau est instable, donc radioactif) U- de magnitude 8 sur l’échelle de Richter De telles activités sismiques peuvent
DATATION DU CORAIL PAR URANIUM 238, U-234 et Thorium-230 pour dater pendant quelques décennies, se engendrer de forts tsunamis mettant en
Les chercheurs ont analysé dans les ces fossiles avec une marge d’erreur terminant par un séisme exceptionnel danger la vie de millions de personnes.
eaux du Sud-est asiatique l’évolution du extrêmement faible. En associant ces supérieur à 9. Grâce à l’analyse des Les pays du Sud-est asiatique doivent
porites cylindrica, un corail côtier qui résultats avec la morphologie du corail, quatre derniers cycles, le professeur rester en état d’alerte et préparer au
a tendance à modifier son apparence le cycle sismique des îles Mentawai en Shen explique que le séisme ayant eu maximum des mesures de sécurité pour
extérieure en fonction de la profondeur Indonésie a pu être établi. lieu à cet endroit le 12 septembre 2008 éviter un éventuel désastre. Cette étude
du plancher océanique, pouvant par inaugure une nouvelle période d’activité a été financée par le Conseil national
exemple s’élever lors d’un tremblement UNE ACTIVITE SISMIQUE PAR PÉRIODE DE importante. Un tremblement de terre de des sciences de Taiwan et a été publiée
de terre. L’équipe taiwanaise a 200 ANS magnitude 7 à 8 devrait avoir lieu tous dans la revue en ligne Science.
développé une technique de datation du L’équipe taiwanaise a ainsi constaté les 6 à 13 ans dans la région pendant GUILLAUME COLLEU
corail par uranium pour déterminer l’âge que durant 700 ans, la région des îles une trentaine d’années, se terminant par Institut Français de Taipei
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12 Santé et Bien-être
Si vous prenez des
antibiotiques, envisagez
aussi de prendre des
probiotiques
LES ANTIBIOTIQUES peuvent soi-
gner les maladies virales et atténuer
la souffrance, mais ils ne sont pas
sans risques. Pour commencer, la
généralisation sans discernement de
leur utilisation au cours des dernières
décennies a contribué à l'émergence de
bactéries résistantes aux antibiotiques
qui peuvent se révéler fatales. L’allergie
aux antibiotiques est une autre question
qui peut avoir de funestes conséquen-
ces. De plus, la prise d'antibiotiques
déstabilise le système digestif, mettant
en danger la santé des bactéries utiles
à la digestion qui vivent dans l'intestin,
celles que l’on appelle les « probioti-
ques ».
À court terme, apparaissent des trou-
bles digestifs comme la diarrhée, les
coliques. Mais saviez-vous que des
problèmes à long terme peuvent aussi
apparaître ? Un traitement antibiotique,
en particulier s’il est répété, a la capa-
cité théorique de perturber l'écosystème
intestinal, ce qui va créer un déséqui-
libre dans l’organisme. En médecine
naturelle, on reconnaît qu’un traitement
antibiotique peut développer des espè-
ces de levures comme le candida, qui
ont la capacité de provoquer des symp-
tômes tels que ballonnements, flatulen-
ces et qui perturbent la flore intestinale.
Enfin, les antibiotiques peuvent être
un facteur déclencheur de ce que l’on
appelle le syndrome du côlon irritable.
Pour ces raisons, il est générale-
ment conseillé aux personnes qui pren-
nent des antibiotiques de compléter le
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Solution
page 15 2 4
www.lagrandeepoque.com
La Grande Époque
traitement avec des probiotiques (bac-
téries et levures utiles) pendant et
après la prise d'antibiotiques. Il n’y a
pas, à ma connaissance, de recher-
che faite pour évaluer cette approche
de la santé à long terme sur la fonction
de l'intestin, mais quelques études ont
évalué l'impact de la thérapie probioti-
que. Des scientifiques spécialisés dans
ce domaine ont récemment publié une
étude dans la revue American Family
Physician.
Sept études de bonne qualité ont
été identifiées, et les résultats sont
en faveur de l'utilisation des probioti-
ques pour la prévention de la diarrhée
liée aux antibiotiques. Les probioti-
ques ont également eu un bon profil
de sécurité à la fois pour les adultes et
pour les enfants. Il est probable qu’au
cours de l’année, certains d’entre vous
seront sujets à des infections pulmonai-
res entraînant une prise d’antibiotiques
à répétition. La prise d’un probiotique
sera alors une bonne assurance contre
les problèmes à court et long termes.
DR JOHN BRIFFA
Pour en savoir plus :
Probiotics, article de Kligler B. paru
en 2008 dans la revue American Fam-
ily Physician (réference 2008;8(9):
1073-1078)
Le Dr John Briffa est un médecin
spécialisé dans la nutrition et la médecine
naturelle domicilié à Londres. Il est
également l'auteur de plusieurs articles.
www.drbriffa.com
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3
4
3
7 5
16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque
La médecine par les plantes dans la
prévention et le traitement de la grippe
La médecine chinoise n’asso-
cie pas les symptômes de la
grippe aux virus, mais elle éva-
lue la maladie en fonction d'un
art complexe, fondé sur des prin-
cipes qui remontent à des mil-
liers d'années.
LA MÉDECINE chinoise utilise les plan-
tes depuis des centaines, voire des mil-
liers d'années pour traiter les différents
types de grippe. Aucune recherche scien-
tifique n’a été menée pour vérifier son effi-
cacité. Toutefois, des siècles de preuves
empiriques peuvent attester de l'utilité et
du bienfait qu’ont ces plantes dans la pré-
vention et le traitement des symptômes de
la grippe. Il convient également de men-
tionner qu’aucune étude épidémiologique
stricte n’a validé cette forme de préven-
tion. Seuls ceux qui ont eu la chance de
bénéficier de ce traitement peuvent témoi-
gner de l’aide qu’il leur a apportée. Son
coût est relativement faible, il n’entraîne
pas de dépendance et les virus ou les
bactéries sont traités.
Les principes de la médecine chinoise
datant de milliers d'années ont pour ori-
gine les concepts philosophiques du Yin
et du Yang – soit une relation entre les
contraires comme le froid et la chaleur.
Elle tient compte des principes que les
tion et l’état de santé général de chaque
personne, la grippe ou toute autre infec-
peut améliorer son système immunitaire
Photos.com
de différentes façons : en vivant selon un
anciens médecins chinois appelaient Wu tion se manifeste de différentes façons style de vie modéré et équilibré, en man-
Xing, soit les cinq éléments qui sont le feu,
la terre, le métal, l'eau et le bois. Quand
Le traitement à base de plantes ne vise
pas une grippe en particulier. Son fonc-
geant correctement, en gérant son stress
avec la méditation et une bonne attitude,
une personne consulte un herboriste chi- tionnement est basé sur les symptômes en faisant de l'exercice, en évitant l'alcool,
nois, celui-ci lui prend le pouls, regarde
sa langue, pose des questions en rela-
tion avec l'apparition des symptômes, et
spécifiques que manifeste le malade.
L'herboriste tiendra également compte
du stade de la maladie (début, milieu, fin)
la nicotine et les drogues. Une bonne
hygiène des mains contribue également
à prévenir les infections. Est-ce qu’en sui-
lui demande si la fièvre lui donne froid ou lorsqu’il formulera une ordonnance à base vant ces recommandations une personne
chaud. Il regarde si la personne transpire, de plantes. En prévention, un herboriste peut éviter de tomber malade ? Pas for-
quelle odeur il dégage, comment est son peut recommander des herbes pour ren- cément, mais cela permet de renforcer
urine, s’il a d’autres malaises physiques, forcer le système immunitaire. Ainsi la le système immunitaire, et si l’on tombe
son état général, etc. Le diagnostic se fait personne résistera mieux aux infections malade, la guérison sera plus rapide.
sur cette base. bactériennes ou virales. LORRAINE KABACINSKI
En raison de la différence de constitu- En médecine chinoise, une personne RADIO SON DE L’ESPOIR, GENÈVE
La Grande Époque ● 16 – 31 JANVIER 2009 www.lagrandeepoque.com Société 13
Développer la bientraitance des seniors
LE 16 OCTOBRE dernier, Valérie
Létard, secrétaire d’État chargée de la
Solidarité, présentait son programme en
faveur de la bientraitance des person-
nes âgées.
Cette prise de mesures a fait suite à
plusieurs émissions télévisées traitant
du sujet de la maltraitance des seniors
en établissements, ainsi que la réflexion
menée en février dernier par la Commis-
sion européenne. Plus en amont, c’est
l’épisode de la canicule de 2003 qui avait
entraîné un début de conscientisation
collective sur la situation des personnes
âgées dans les établissements d’accueil
mais aussi à domicile.
Avant d’aborder la question de la bien-
traitance, on peut essayer d’appréhender
celle de la maltraitance, même s’il faut le
préciser, l’absence de maltraitance n’im-
plique pas systématiquement l’existence
de la bientraitance…
La maltraitance s’exerce sur des Photos.com

niveaux différents, comme le définit le

ministère du Travail et des Relations
sociales (www.travail-solidarite.gouv.fr ),
« la notion de maltraitance renvoie à une
diversité de situations allant de la négli-
gence à la violence. Elle correspond le
plus souvent à une succession de petits
actes qui, réunis, créent les conditions
de l’isolement et de la souffrance des
personnes. Quelques exemples de mal-
traitance : brutalité, sévices ; infantilisa-
tion, humiliation ; abus de confiance ;
défaut de soins ; privation ou violation
de droits. »
En cas de soupçon de maltraitance, il
existe depuis février dernier, un numéro
d’appel national, le 3977, ou encore
deux réseaux associatifs d’écoute, Alma
France (alma-France.org) et l’Associa-
tion francilienne pour la bientraitance des
aînés et/ou handicapés (0810 600 209).
Ainsi, en 2006, il s’est avéré que la
moitié des 13.600 appels reçus par ces
services d’écoute ont concerné vraiment
des cas de maltraitance, dont 70 % à
domicile et 30 % en établissement.
À domicile, la maltraitance est le plus
souvent psychologique (24 %, intimida-
tion, dévalorisation…), financière (22 %)
et physique (14 %, violence, privations)
tandis qu’en institution, on recense plutôt
des négligences (31 %) et des violences
psychologiques (23 %).
Pour remédier à cet état de fait, Valé-
rie Létard propose donc, pour les établis-
sements, ce plan de bientraitance qui
s’articule autour de trois axes :
- mieux contrôler et informer, en aug-
mentant le taux (de 50 à 80 %) de con-
trôles surprise dans les établissements
hébergeant des personnes âgées dépen-
dantes (Ehpad), et en relançant le 3977
La bientraitance se définit comme un ensemble de règles de vie
concernant tous les acteurs de l’accompagnement des seniors.
autour d’une campagne de sensibilisa-
tion.
- faire confiance aux professionnels
qui rempliront chaque année un ques-
tionnaire sur les formations suivies par
les membres du personnel en matière de
bientraitance.
- et enfin, former les personnels aux
techniques d’accompagnement person-
nalisé : pour ce faire, il est prévu une
formation de 250.000 professionnels en
trois ans.
Mais alors, qu’est-ce que la bien-
traitance ?
Le site AFBAH de l’Association Fran-
çaise pour la Bientraitance des Aînés et/
ou Handicapés la définit ainsi :
« La bientraitance demande donc des
échanges entre toutes les parties pre-
nantes : institutions, professionnels, usa-
gers, familles et proches, bénévoles, etc.
Certains piliers sont incontournables :
- respect de la personne, de son indi-
vidualité ;
- nécessité d’un cadre clair ;
- respect des choix de la personne et
développement des possibilités de déci-
Photos.com
sion ;
- questionnement sur la justesse des
actes par rapport aux besoins ».
Loin d’être un concept moralisateur,
la bientraitance s’établit comme un
ensemble de règles de vie concernant
tous les acteurs de l’accompagnement
des seniors, tentant alors de compren-
dre les difficultés rencontrées de part et
d’autre : pour les seniors, l’acceptation
de leur dépendance, un accompagne-
ment face à la solitude, la maladie… et
pour les personnels, une formation adap-
tée, mais aussi une prise de conscience
du manque de personnel dans les éta-
blissements, dans lesquels certains per-
sonnels ne peuvent apporter, faute de
temps, l’accompagnement psycho-affec-
tif nécessaire au bien-être moral des
résidents…
Il s’avère donc essentiel que ce plan
s’accompagne de mesures concrètes
tant sur le plan de la formation que sur le
plan des ressources humaines et maté-
rielles.
FRÉDÉRIQUE PRIVAT
Le bonheur est contagieux
Plus vous connaissez de gens heureux,
et plus vous avez de chances de l’être
vous-même.
DEUX scientifiques américains, Nicho-
las Christakis, professeur de sociolo-
gie médicale à l’école de médecine de
Harvard à Boston et James Fowler de
l’université de San Diego en Californie,
ont fait une étude sur 4.700 personnes
en remontant jusqu’en 1971 : les nais-
sances, les mariages, les décès, les
divorces, les amis les plus proches, les
collègues de travail et les voisins ont été
recensés.
Il s’agissait de répondre à quatre
questions simples :
Combien de fois dans la semaine qui
vient de s’écouler vous vous êtes dit ?
• j’ai aimé la vie
• j’ai été content
• j’ai vu le futur avec optimisme
• j’ai senti que j’étais aussi bien que
les autres.
Ceux qui ont répondu favorablement
étaient considérés comme « heureux »
tandis que les autres étaient considérés
comme « malheureux ».
60 % de gens se sont dit heureux !
Pas mal.
L’étude a démontré que les gens
qui avaient le plus de relations socia-
les – amis, conjoint, voisins, proches –
étaient les plus heureux. De plus, toute
personne supplémentaire heureuse les
rendait eux-mêmes plus heureux.
Il se forme comme une chaîne où
les uns sont connectés aux autres, et
Une autre enquête scientifique,
menée par des chercheurs de l’uni-
versité Wisconsin Madison aux États-
Unis, nous a intéressés.
Voici la démarche expliquée par l’un
d’eux, le Dr Davidson : « Dans de nom-
breuses traditions contemplatives, on
parle de bienveillance et d’amour, pour
le bonheur des autres et de compas-
sion afin de soulager la souffrance des
autres… Nous voulions voir comment
cette génération volontaire de compas-
sion affecte la partie du système céré-
bral dédiée à l’empathie ».
Les chercheurs sont partis de deux
groupes : d’une part des moines
aguerris qui pratiquaient la médita-
tion depuis longtemps, et d’autre part
16 personnes à qui l’on a enseigné les
bases de la méditation seulement deux
semaines avant l’étude.
On leur a demandé de se concen-
trer sur des gens qu’ils aimaient, de
leur souhaiter des choses positives,
puis après un petit moment, de géné-
rer de tels sentiments envers tous les
êtres, sans penser à qui que ce soit en
particulier.
Les 32 personnes ont passé un
scanner IRM. On leur a demandé soit
de commencer la méditation, soit de
s’en abstenir. Dans chaque situation,
les personnes ont été exposées à des
sons positifs ou négatifs conçus pour
susciter l’empathie ou non, par exem-

La Grande Époque EpochTimes.com

où votre bonheur dépend de ce qui se
passe autour de vous, c’est comme
un phénomène de contagion. Et ils ont
découvert – quelle bonne nouvelle ! –
que le bonheur est plus contagieux que
En 2000, alors que la persécution du Falun Gong* par le Parti communiste chinois fait rage, de le malheur.
nombreux médias internationaux reprennent la propagande officielle du Parti visant à éradiquer Leur étude a démontré que si l’une
le Falun Gong en trois points « diffamer leur réputation, les ruiner financièrement et les détruire de vos relations sociales est heureuse,
physiquement ». cela augmente vos chances de 15 % de
Dans ce contexte, l’information réelle sur l’actualité chinoise est inexistante. À New York, de l’être vous-même.
jeunes doctorants d’origine chinoise rachètent un journal local du New Jersey dans la perspective L’ami d’un ami ou l’ami de votre con-
joint, s’il est heureux, augmente vos
de traiter objectivement l’actualité chinoise. Le journal Da Ji Yuan (La Grande Époque) est né. chances de l’être aussi de 10 %.
Sept ans plus tard, La Grande Époque est diffusée en 18 langues dans plus de 30 pays. Elle est Et l’ami de l’ami de votre ami, c’est-
diffusée dans des villes telles que Toronto, Taipei, San Francisco, New York, Buenos Aires, Lima, à-dire au 3e degré, augmente vos chan-
Sydney, Hong Kong, Tokyo, Berlin, Londres… ces de 6 %.
La version française naît en janvier 2005 à Paris. Elle est également disponible à Genève, Cela veut dire que ce ne sont pas
Bruxelles et Montréal. seulement vos proches qui auront une
La Grande Époque offre un « regard nouveau sur un monde en évolution ». Créée avec la vo- influence positive, mais aussi les pro-
ches des proches et c’est dans ce sens
lonté de respecter la diversité des points de vue et l’indépendance de l’information, La Grande qu’on peut dire que le bonheur est con-
Époque est aujourd’hui l’une des premières sources d’information indépendante sur la Chine. tagieux.
Forte de journalistes présents dans une trentaine de pays, La Grande Époque propose égale- Ils se sont penchés aussi sur les con-
ment à ses lecteurs un contenu éditorial riche par sa variété. Actualité internationale, protection séquences en matière de santé et ont
des droits humains, environnement, diversité culturelle, art de vivre et bien-être sont autant de découvert qu’être heureux a un effet
thèmes qui font la spécificité de cette publication. important sur la baisse de la mortalité,
* Le Falun Gong est une méthode de Qi Gong de l’école bouddhiste basée sur le principe uni- sur la réduction de la souffrance, de la
dépression et de l’alcoolisme et que le
versel d’authenticité-bienveillance-tolérance. Cette discipline s’est répandue très rapidement dès bonheur améliore aussi le système car-
1992. En 1999, le nombre de pratiquants en Chine était supérieur aux membres composant le diaque.
Parti communiste. C’est ce que Jiang Zemin, président chinois de l’époque, n’a pas accepté. Il a Nos chercheurs ont découvert aussi
alors ordonné la plus grande vague de répression depuis la révolution culturelle visant à éradiquer que chaque ami malheureux augmente
le Falun Gong. votre risque d’être malheureux de 7 %.
Selon Manfred Nowak, Rapporteur spécial sur la torture de l’ONU, dans deux-tiers des cas rap- Alors il ne vous reste qu’à choisir
votre camp !
portés de torture et de mauvais traitements infligés par les autorités chinoises, les victimes sont
Cela dit, on peut creuser un peu plus
des pratiquants de Falun Gong ». et se demander ce qui me rend heureux.
ple l’appel d’une femme en détresse,
les rires d’un bébé, le bruit de fond
d’un restaurant.
Le scanner a révélé une activité
significative dans la partie du cerveau
qui joue un rôle dans la perception cor-
porelle de l’émotion chez les prati-
quants de longue date, au moment où,
exposés à des sons suscitant l’émo-
tion, ils généraient de la compassion.
Cette activité était bien moindre chez
les jeunes pratiquants.
Les conclusions de cette étude mon-
trent qu’avec la pratique de la médita-
tion, avec de l’entraînement, on peut
développer les compétences qui favo-
risent le bonheur et la compassion. Et
comme dans l’étude précédente, cela
a des répercussions sur la santé, mais
aussi, sur la société et particulièrement
auprès des adolescents qui pourraient
y trouver une aide dans cette période
de passage entre l’enfant et l’adulte.
On connaissait le pouvoir de la
bonté, de la compassion mais là, on en
a des preuves scientifiques.
En conclusion, il n’a pas fallu d’étu-
des scientifiques à Shantideva, un
philosophe indien du VIIe siècle pour
savoir que « la source de toute la
misère du monde est de ne penser
qu’à soi. La source du bonheur du
monde est de penser aux autres »...
En fait c’est par là que nous devrions
commencer. À partir de là, le bonheur
est contagieux.
Radio Son de l’Espoir
14 Art de vivre www.lagrandeepoque.com 16 – 31 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

2009, gare à la sécurité des

véhicules anciens
En France, le 15 avril 2009, en
même temps que les nouvelles
plaques d’immatriculation, entre
en vigueur une autre loi qui con-
cerne les automobilistes. Le Gou-
vernement veut supprimer les
voitures qui présentent un danger
par leur vétusté. Vous avez un
Photos.com
sinistre : accident, grêle, vol, etc.
et vous faites appel à votre assu-
Feuille de route pour rance ? Cette année, si votre voi-
ture n’était pas en bon état, vous
allez vous apercevoir qu’un mal-
les bonnes résolutions heur n’arrive jamais seul.

LES BONNES résolutions de la nouvelle
année sont importantes parce qu'elles
peuvent nous aider à définir ce que nous
voulons pour nos vies et nous donner un
calendrier pour atteindre nos objectifs.
Nombreux sont ceux qui prennent des
résolutions pour la nouvelle année sans
vraiment chercher au fond du coeur ce
dont ils ont vraiment besoin ni ce qu’ils
désirent réellement.
Nous avons tous bien sûr l'espoir d’at-
teindre nos objectifs mais souvent nous
n’y parvenons pas. Il nous manque un
plan concret pour nous guider afin de
les réaliser. Année après année, nous
échouons et nous commençons à douter
de nos capacités.
vaillent sur plusieurs années mais cette
année, vous êtes en mesure d'accomplir
les deux premières étapes à suivre pour
atteindre cet objectif. Aussi, il est important
de distinguer les éléments que vous avez
vraiment envie de travailler des points
qui sont influencés par la société ou par
d'autres personnes.
Maintenant que vous avez déterminé
vos trois à cinq objectifs, écrivez tout ce
que vous devez faire pour atteindre cha-
que objectif. Par exemple, si vous voulez
trouver un nouvel emploi, vous pouvez
écrire : « Je recherche des entreprises
avec qui je souhaite travailler, je mets à
jour mon curriculum vitae, je cherche quel-
qu'un qui va le vérifier afin d’assurer son
efficacité et pour qu’il réponde aux nor-
JUSQU’À présent, le contrôle technique
vérifiait l’état des voitures et donnait son
aval pour qu’elles puissent circuler. Pour
garantir plus de sécurité sur les routes, le
Gouvernement français a discrètement fait
voter une loi en 2003 qui oblige les assu-
reurs à vérifier complètement l’état d’un
véhicule accidenté. Celui-ci doit non seule-
ment estimer le sinistre mais aussi vérifier
l’état de dangerosité du véhicule lui-même.
Si le véhicule a trois points déficients sur
vingt-et-un, il sera immobilisé chez le gara-
giste. La loi entre en vigueur cette année.
Dans les jours suivants, vous rece-
vez une lettre vous enjoignant de remet-
tre votre carte grise à la préfecture dans
les dix jours jusqu’à ce que le véhicule soit
réparé et vu une nouvelle fois par l’expert Photos.com

UN EXERCICE SIMPLE mes d’un curriculum vitae. Puis, j’envoie qui certifie alors que le véhicule est bien En France, il vaut mieux entretenir sa voiture au risque de se retrouver
Voici un exercice simple que vous pou- mon CV aux entreprises choisies et j’as- conforme. En ce qui concerne les points sur des pneus.
vez faire pour développer vos résolu- sure un suivi par des appels et un nouvel qui ne relèvent pas du sinistre, ils sont
tions de cette année. Sortez une feuille envoi pour les relancer ». à votre charge. Les assureurs ne sont renvoie une lettre avec laquelle vous pour- sure ou une fuite dans ces parties sera à
de papier et une minuterie. Réglez-la sur pas les seuls à être mis à contribution. rez retourner à la préfecture pour repren- réparer.
cinq à dix minutes. Une fois que vous ÉTABLISSEZ UNE FEUILLE DE La police a également le devoir, lors de dre votre carte grise. Le système de direction, le circuit du
démarrez le chronomètre, écrivez tout ce ROUTE contrôles, de vérifier le véhicule et le cas carburant, le berceau, les suspensions,
qui vous vient à l'esprit et que vous sou- Créez un plan pour chacun de vos échéant, de le mettre hors circulation. QUELS SONT LES POINTS À VÉRIFIER essieux, les fourches et les jantes ne doi-
haitez réaliser, faire, ou avoir dans votre objectifs. Si vous êtes en recherche d’em- Pour éviter ces déboires et finalement vent pas présenter de fuite ni de déforma-
vie actuelle ou à venir. Une fois que votre ploi essayez cela : ET LES ENNUIS COMMENCENT rouler dans un véhicule plus sûr, il est pré- tion. Une déformation importante ou un
plume touche le papier, écrivez jusqu'à ce Première semaine : rechercher dix Vous devez aller jusqu’à la préfecture férable de vérifier les points suivants et de dysfonctionnement du système de frei-
que le temps soit écoulé. Durant ce temps, entreprises qui correspondent à votre remettre votre carte grise, même si votre les faire réparer soi-même. nage, du système d’assistance comme
ne vous inquiétez pas de savoir si ce que profil. véhicule a été réparé entre temps. La La carrosserie qui se trouve sous le un échauffement anormal sont autant de
vous écrivez est possible ou pas. Vous fil- Deuxième semaine : écrivez et peaufi- deuxième visite de l’expert est à vos frais, véhicule – soit les longerons, les bran- points à vérifier. Les sièges doivent être
trerez la liste plus tard. nez des lettres de motivation. soit en moyenne 300 euros. Pour se pro- cards, les traverses, les planchers, le réglementaires et bien fixés. Les ceintures
Lors de l'écriture, pensez à des traits Troisième semaine : envoyez votre CV téger, l’expert qui engage sa responsa- passage de roues, les pieds de montant doivent être en parfait état tout comme les
de caractère personnel que vous souhai- à ces dix entreprises. bilité peut vous faire passer un contrôle avant et arrière, les pieds milieux, le bas airbags. Les modifications effectuées pour
tez développer, à votre condition physi- Quatrième semaine : recherchez dix technique, une géométrie des trains rou- de caisse – doivent être exempts de rouille le tuning doivent être homologués pour
que et à vos objectifs de santé comme à autres entreprises. lants, et ce, chaque fois à votre charge. provoquant un gonflement ou une perfora- que les véhicules soient acceptés.
vos relations, votre famille, votre travail, Cinquième semaine : Faites le suivi Une fois que l’expert constate que le véhi- tion. Les boulons, les vis et les soudures CATHERINE KELLER
les aspects intellectuels, l'éducation, l'ar- des appels à la première dizaine d'en- cule est réparé, il envoie la levée de pro- doivent être irréprochables. Une défor- LA GRANDE ÉPOQUE
gent, la rénovation de votre habitation ou treprises. cédure au ministère de l’Intérieur qui vous mation importante, une fissure, une cas- GENÈVE
le changement d'environnement, des cho- Sixième semaine : envoyer votre CV
ses que vous voulez faire pour les autres, aux dix prochaines entreprises.
du temps à libérer pour vous, des lieux où Septième semaine : faites le suivi des
vous souhaitez aller, que vous voulez voir, appels à la seconde dizaine d'entreprises.
les personnes avec qui vous avez envie de Persévérez, garder votre esprit ouvert et
passer du temps et ainsi de suite. ne vous découragez pas.

DÉCOUVREZ VOS VÉRITABLES Pour un plan à long terme que vous

SOUHAITS
Il faut souligner qu’un écrit reste, même
si ce que vous écrivez est « rien, rien et
rien ». Quelque soit votre état d’esprit, cet
exercice vous aide à affiner ce que vous
voulez vraiment sans le retravailler. Il est
recommandé d’écrire au moins durant dix
minutes parce que plus vous écrirez long-
temps, plus vous devrez vous connec-
ter avec les désirs qui sont réellement
authentiques. Puis prenez une pause de
cinq minutes et reprenez votre liste pour
l’examiner.
QUELS SONT LES OBJECTIFS QUI
COMPTENT LE PLUS ?
Prenez un surligneur pour mettre en
lumière les éléments qui sont les plus
importants pour vous. Choisissez trois à
cinq points que vous souhaitez travailler votre bien-être à New York. Son site Web
durant cette année. Certains points se tra- est myheartdances.com
ne terminerez pas en un an, par exem-
ple l'achat d'une maison, décrivez cha-
que étape à suivre et déterminez ce que
vous avez à faire cette année pour vous
rapprocher de cet objectif. Par exemple :
rechercher des informations, assister à
des conférences sur l'immobilier ; décou-
vrir les projets qui se développent dans
le quartier ou la commune où vous avez
envie de vivre. Établir un budget pour
mettre l'argent de côté pour constituer un
apport. Placez ces objectifs par semaine
comme dans l'exemple ci-dessus. Que ce
soit pour obtenir un emploi, l'achat d'une
maison ou tout autre objectif, vous pouvez
utiliser cette formule sur un calendrier.
MELISSA KING
Melissa King est un coach de vie pour

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La Grande Époque ● 16 – 31 JANVIER 2009
Malongo, l’art du café bien fait
L’histoire des cafés Malongo
débute en 1934 à Nice. Mes-
sieurs Fulconis et Liprandi diri-
gent la société. Très vite la
réussite s’avère fulgurante. Les
petites camionnettes vont rem-
placer les bicyclettes et la tor-
réfaction journalière va passer
de 25 kg à 100 kg. Les ven-
tes vont prendre un bel essor
et se propager sur un rayon
de 100 kms autour de Nice. La
production annuelle grimpera
jusqu’à 40 tonnes. En 1952 l’en-
treprise se nommera « Com-
pagnie Méditerranéenne des
Cafés Malongo » et devien-
dra le premier torréfacteur des
Alpes-Maritimes. Le succès va
lui permettre de se répandre
ensuite dans tout le sud-est de
la France. En 1968 Hugo Rom-
bouts rachètera la société et
accélérera son développement
en avantages auprès des mar-
chés comme l’hôtellerie et la
restauration. C’est en 1980 que
l’usine sera transférée dans la
zone industrielle de Carros le
Broc à Nice.
UN VOYAGE AU MEXIQUE, DES
RENCONTRES ET DES CONNAIS-
SANCES BIENFAITRICES
En 1975, Jean-Pierre Blanc prendra la
fonction de directeur général des Cafés
Malongo. Son entrée dans la maison va
lui permettre de continuer l’engagement
qui gouverne au sein de la société : pré-
server la qualité des cafés.
Depuis les années 90, le combat est
orienté sur le développement durable.
Jean-Pierre Blanc part sillonner le
Mexique, voyage qui le conduira à faire
des rencontres importantes. La pre-
mière de ses rencontres est la décou-
verte d’une coopérative de commerce
équitable créée par quatre commerçan-
tes indiennes qui exportent du café biolo-
gique de qualité.
La seconde sera l’entretien avec le
prêtre hollandais Francisco Van Der Hoff.
Le prêtre avait conceptualisé une vision
complète autour d’une filière agricole
pour garantir aux producteurs des reve-
nus décents. Le label « Max Havelaard »
est donc né en 1988 aux Pays- Bas. Le
prêtre en sera le cofondateur. Ce label
va se répandre à travers le monde. Un
certain nombre d’initiatives seront fédé-
rées dans le même esprit et sur le même
modèle comme pour le cacao, le thé, le
café.
Ses entrevues avec les paysans qui
pratiquent à la fois l’agriculture bio et le
respect de la nature lui a ouvert les yeux.
Jean-Pierre Blanc lance ainsi le com-
merce équitable en France avec ses pro-
duits qui s’appelleront « Malongo Petits
Producteurs » lancés en 1997.
MALONGO SENSIBILISE AU DÉVE-
LOPPEMENT DURABLE
Tout ce qui tourne autour du déve-
loppement durable prend des formes
différentes et passe aussi par le recy-
clage des déchets. Près de 15 filières
de valorisation ont été mises en place
en 15 ans, dont 6 intègrent le programme
« Indus’tri », programme de gestion col-
lective des déchets de la zone indus-
trielle de Carros-Le-Broc qui a démarré
en 2003. Les déchets industriels sont
créés au cœur des Café Malongo à Car-
ros. Ces déchets incluent : toiles de jute,
plastiques, cartons, ceux des bureaux
comme les ordinateurs, les consomma-
bles. Malongo réalise 12 % de réduction
sur le poids des boîtes métalliques, 20 %
La Grande Époque
83 rue du Château des Rentiers
75013 Paris Tél : 01 45 86 41 95
www.lagrandeepoque.com
Edité par La Grande Époque
SARL au capital de 10.000 €
R.C.S. Paris B 480 550 037
Un travailleur agricole sélectionne des grains de café arabica dans
une ferme près de Varginha au Brésil.
sur le poids des capsules sur les doses,
20 % sur le poids des emballages car-
ton. Soucieux de l’environnement, le ver-
nis UV (dont les principaux composants
sont : résine, solvant réactif et photo
amorceur/sensibilisateur) sera retiré des
emballages carton au profit d’un ver-
nis acrylique. Des tests industriels sont
réalisés fréquemment sur des nouvelles
matières afin de développer des embal-
lages qui réunissent la qualité de con-
servation et la qualité environnementale.
Une charte du développement durable
est définie à l’interne avec un comité de
pilotage en passant évidemment par une
réflexion globale.
UN SUIVI RÉGULIER DES CONSOM-
MATIONS ET DES ÉMISSIONS
Les consommations comme l’élec-
tricité, le gaz, l’eau et les émissions
comme les déchets, la fumée des torré-
facteurs, le bruit, vont être suivis réguliè-
rement. L’importance pour Malongo est
de disposer d’indicateurs et de mettre en
place des objectifs annuels de réduction.
LANCEMENT DU PLAN 100 % ÉNER-
GIE VERTE AVEC EDF
Malongo est la première entreprise en
région PACA à avoir souscrit en 2006 le
contrat « KWh équilibre » d’EDF. Ce con-
trat engage EDF à produire 1 Kwh issu
des énergies renouvelables pour 1 Kwh
consommé. De 21 % en 2006, de 70 %
en 2007, il représente 100 % de l’énergie
Directrice de la publication :
Isabelle Chaigneau
Directeur de la rédaction :
Rémi Bleibtreu
Rédacteur en chef :
Aurélien Girard
MAURICIO LIMA/AFP
consommée sur l’ensemble des sites en
2008 (~ 3,2 millions de KWh).
PRÉSERVER AVANT TOUT LE TERROIR,
UNE IMPORTANCE VITALE
En conséquence, les voyages au Mexi-
que, en Haïti, au Guatemala, en Afrique
de l’Est, en Éthiopie feront prendre cons-
cience à Jean-Pierre Blanc de l’impor-
tance de préserver le terroir, de protéger
les variétés botaniques ainsi que la forêt.
« Il faut savoir que dans toutes les plan-
tations quand un arbre meurt, un nouvel
arbre est planté sans tarder. Les paysans
maintiennent en état la forêt tropicale et
ne sont pas rémunérés pour cela. »
LGÉ : Quelle est la différence entre
le commerce équitable et le dévelop-
pement durable ?
Jean-Pierre Blanc : Le développe-
ment durable s’inscrit dans la démarche
du commerce équitable mais le com-
merce équitable ne s’inscrit pas dans
les marges du développement dura-
ble. Si vous prenez ou considérez que
le commerce équitable est une fleur à
quatre pétales, vous diriez que le pre-
mier pétale, c’est tout ce qui est agricul-
ture biologique, le deuxième c’est tout ce
qui est développement autour de la qua-
lité c’est-à-dire amélioration des varié-
tés botaniques, conservation des vieilles
espèces, leur maintien et leur dévelop-
pement. La troisième concerne tout ce
qu’il y a autour de la biodiversité (pro-
Comité de rédaction :
Hanna L. Szmytko (Economie), Héloïse Roc (Envi-
ronnement), Frédérique Privat (Société), Catherine
Keller (Art de vivre, Santé & Bien-être)
redaction.fr@lagrandeepoque.com
www.lagrandeepoque.com Art de vivre 15
Jean-Pierre Blanc, directeur général des cafés Malongo à Carros
- Le Broc à Nice.
tection de la forêt). Enfin le quatrième,
le cœur le plus important, est le com-
merce équitable dans sa fonction écono-
mique et sociale. Prix minimum garanti,
responsabilité sociale auprès des plan-
teurs. Tout ce qui ajoute de l’humain au
développement durable. Nous vivons sur
une planète où il est important de s’in-
téresser aux animaux, à la forêt, mais
aussi aux individus. Le commerce équi-
table regroupe l’ensemble des fonctions
diverses du développement durable et
regroupe donc l’ensemble. Cela ajoute
un côté social à l’aspect, disons écolo-
gique ou purement fonctionnel de plan-
ter un arbre.
LGÉ : À travers vos ventes trans-
mettez-vous des messages ?
Jean-Pierre Blanc : On essaie de
transmettre des messages pour nos
campagnes de communication concer-
nant notre café « Petits Producteurs ».
On a synthétisé cette idée dans une
phrase : « Ce sont nos petits producteurs
qui font les grands cafés ». En deux mots
pourquoi ce produit est-il particulier ?
C’est parce qu’il a été fait par des hom-
mes dans des critères particuliers. Un
message qui ramène au travail de l’hu-
main et sensibilise le consommateur plus
qu’une démarche visant la pauvreté. Car
on se situe sur un plan économique,
c’est-à-dire au-delà de la charité. Il n’y a
que l’économie qui permette de travailler
sur le long terme.
LGÉ : Ce qui veut dire pas d’écono-
mie, pas de développement durable ?
Jean-Pierre Blanc : Si vous ne
créez pas d’activité économique, que
vous vous contentez d’agir avec une
pseudo-aide, vous ne pouvez pas créer
un développement économique. Per-
sonne ne peut s’approprier le dévelop-
pement. Personne ne peut améliorer à
la fois l’activité, améliorer le développe-
ment durable. Nous nous situons dans
une tendance qui n’est pas de la charité
mais de l’économie. Nous payons plus
cher nos produits, non pas que le petit
paysan soit pauvre, mais bien parce que
son produit est de grande qualité. C’est
un échange d’égal à égal, plus dans la
dignité que dans la charité, le but étant
l’économie des producteurs.
LGÉ : Pensez-vous que les gens
font la différence entre charité et qua-
lité ?
Jean-Pierre Blanc : La porte d’entrée
la plus facile est effectivement la sensibi-
lisation, c’est-à-dire la charité. Je pense
Directeur artistique : Mathieu Sirvins
Impression : Oppermann Druck und Verlags-GmbH
& Co. - Gutenbergstraße 1, D-31552 Rodenberg
Dépôt légal : à parution.
ISSN : 1772-3426.
Suzi LOO/La Grande Époque
que c’est la première étape. La seconde :
la réflexion. Il est préférable de recréer
les productions économiques qui profi-
tent à l’ensemble, la preuve en est don-
née par la crise financière. Le café est
coté à la bourse de New York. De plus en
plus de fonds sont entrés dans ces mar-
chés qui, au lieu de réguler le marché du
physique, l’ont au contraire dérégulé.
Dans les années 2000 à 2005 avec le
commerce équitable, nous avons payé
nos cafés deux fois le prix de la bourse.
Une similitude très forte existe entre la
crise financière et ce que le commerce
équitable a apporté par une régulation
volontaire : 1) un prix minimum garanti
quel que soit les cours de la bourse,
2) une prime de développement social,
prime que l’on verse et qui permet à la
collectivité de décider elle-même des
programmes sociaux qu’elle veut enga-
ger, 3) l’élément technique et le préfi-
nancement des récoltes. On autofinance
et on amène une sécurisation en terme
d’achat autour du produit, puis les élé-
ments techniques – ce n’est certes pas
suffisant, la partie la plus importante est
d’essayer de trouver l’appui au dévelop-
pement.
MALONGO RÉCOMPENSÉ
Au mois de décembre dernier,
Malongo a remporté le trophée du « Prix
Entreprises & Environnement ». Ce
concours national a été organisé par
le ministère du Développement dura-
ble (MEDAD). Honneur décroché dans
la catégorie « Management et initiati-
ves pour le développement durable »,
une récompense bien méritée sur l’en-
gagement dans la durée du développe-
ment durable.
Cerise sur le gâteau, la méthodologie
des cafés Malongo a été recommandée
dernièrement par le ministère de l’Éco-
nomie. Elle fait désormais partie des
sociétés labellisées « Entreprises du
Patrimoine Vivant », label gratifiant les
entreprises nationales d’un savoir-faire
rare, exceptionnel et indiscutable au ser-
vice du made in France.
Le café Malongo est distribué princi-
palement en France. Environ 11 % de
la production est exportée en Suisse,
en Espagne, en Italie, aux États-Unis
et en Chine. Il est le premier interve-
nant français des cafés haut de gamme
du commerce équitable et de l’agricul-
ture biologique. Malongo propose aussi
une gamme étendue de thés sélection-
nés selon la même éthique qualitative
que ses cafés.
SUZI LOO
SERVICE ABONNEMENTS
01 45 86 41 95 / abonnement.fr@lagrandeepoque.com
PUBLICITÉ
France : 06 84 57 34 04 / publicite.fr@lagrandeepo-
que.com ; Belgique : 09 233 7713
Suisse : 079 821 7422
La Grande Époque ● 16 – 31 JANVIER 2009
La Divine Performing Arts ravit le cœur du public
et des professionnels
MONTRÉAL – Pour les
Steinwold, lui musicien, elle bal-
lerine, le spectacle du 16 janvier
de Divine Performing Arts à la
Place des Arts de Montréal a été
une soirée mémorable.
M. STEINWOLD a joué du piano pendant
25 ans avant de prendre sa retraite. Son
épouse était ballerine pour l’une des gran-
des compagnies de ballet canadiennes et
a également dansé pendant un quart de
siècle.
« C’était un très beau spectacle »,
estime monsieur Steinwold, ajoutant que
les présentateurs ont de quoi être fiers.
« C’était un très, très beau specta-
cle », a renchéri Mme Steinwold. « Très
discipliné, très gracieux, de superbes
danseurs... d’excellents danseurs. [...]
Merveilleux, merveilleux, très bien tra-
vaillé ».
Madame Steinwold a observé que
la danse classique chinoise est totale-
ment différente du ballet et que les dan-
seurs étaient très disciplinés et très bien
entraînés.
« Des heures de pratique. Des heu-
res de répétition », a ajouté M. Steinwold,
qui a assisté à de nombreux spectacles
de danse en suivant le travail de son
épouse.
« Discipline et travail assidu », ont-ils
repris en chœur.
Madame Steinwold a précisé que c’était
la très grande concentration des danseurs
qui l’avait le plus impressionnée.
Spectacle des Arts Divins
PARIS
PALAIS DES CONGRÈS
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27-28 FEV & 1 MARS 2009
Location : 0892 050 050 (0.34 €/min) – www.viparis.com
Magasins Fnac, Carrefour, 0892 68 36 22 (0.34 €/min) – www.fnac.com
et points de vente habituels points de vente habituels
La Grande Époque
« Vous pouviez le ressentir chez cha- Les costumes, l’éclairage, le son ; tout est
cun d’eux ». spectaculaire. Et les musiciens, le chant...
Monsieur Steinwold mentionne que Le ténor était fabuleux et la soprano, et
ce qui l’a marqué le plus c’est la diffé- le baryton, j’ai rarement entendu un tel
rence dans les positions des bras entre baryton ».
la danse classique chinoise et la danse « La pianiste aussi », a ajouté Madame
européenne. Steinwold. « Ils étaient tous excellents.
« Si vous observez les bras, compa- Excellents, excellents. C’était un specta-
rés à la danse classique de France ou cle magnifique ».
de Russie auxquelles nous sommes habi- L’ex-ballerine mentionne qu’elle a par-
tués, ils sont très, très souples, très déli- ticulièrement apprécié les costumes
cats. Splendide, très spécial... De voir ce colorés. Elle devine que d’aussi beaux
genre de danse, c’est vraiment superbe. costumes ont dû nécessiter un budget
TOURNÉE MONDIALE 2009
La culture chinoise
comme elle doit être
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STADSSCHOUWBURG ANVERS
23, 24, 25 FEV 2009
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Présenté par :
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Lumière d’Asie
Pour en savoir plus : fr.DivineShows.com
⊩ ೑ France
Association Voix de l’espoir
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conséquent.
« Ils sont beaux, si beaux. Ils étaient
magnifiques, vraiment, vraiment très
beaux », décrit-elle.
« La costumière doit avoir de l’expé-
rience en danse parce qu’il faut pouvoir
danser dans ces costumes... [Ce n’est
pas] facile de concevoir des costumes
pour la danse », fait remarquer Monsieur
Steinwold, ajoutant que des costumes
mal conçus pourraient restreindre les
mouvements des danseurs.
« Je suis certaine qu’ils font plusieurs
répétitions avec les costumes pour s’as-
surer qu’ils ne trébuchent pas dedans »,
commente Madame Steinwold. « Il n’y a
eu aucune erreur ».
Elle a avoué ne pas savoir que la danse
traditionnelle chinoise comporte le genre
de sauts et de culbutes normalement
associés à la gymnastique.
De tels mouvements ont été emprun-
tés à la danse chinoise pour être ensuite
incorporés à la gymnastique.
« Ça ne vient pas de la gymnastique,
ça vient de la danse, c’est ce que j’ai
appris ».
Elle a aussi apprécié les chorégra-
phies.
« C’est merveilleux, les chorégraphies
pour la musique sont fabuleuses, c’est
fabuleux. Le Phénix était très beau. Tout
était très beau ».
Depuis des millénaires, on estime
que le phénix est sacré et qu’il est le
roi de tous les oiseaux. Les danseuses,
avec leurs longues robes fluides dans le
numéro Le Phénix mystique, expriment
la grandeur avec leurs mouvements de
Un compositeur de
renom émerveillé par la
Divine Performing Arts
TORONTO — Monsieur Wilkins a travaillé
avec des artistes comme Céline Dion,
Michael Jackson, Anne Murray ou encore
Burton Cummings. Il a été profondément
touché par la Divine Performing Arts après
avoir assisté au spectacle à Toronto.
« J’ai trouvé que c’était un spectacle
extraordinaire, c’était un grand spectacle.
Superbes danses, magnifiques costumes
et musique. Je suis particulièrement inté-
ressé en la matière puisque je suis musi-
cien. C’est remarquable de voir comment
ils combinent les instruments traditionnels
occidentaux avec les instruments chinois »,
a dit Monsieur Wilkins, l’un des musiciens
arrangeurs canadiens les plus acclamés et
lauréat de l’Ordre du Canada, la plus haute
distinction civile du Canada.
« J’avais les oreilles ouvertes toutes
grandes pour essayer de comprendre ce
qu’ils jouaient. C’était très beau quand ils
ont présenté les différents instruments et
qu’ils ont joué un petit peu chacun. J’ai pu
les voir un peu mieux. Puis il y a eu le solo
de erhu, j’ai vraiment apprécié. »
Le erhu est un violon de Chine à deux
cordes, un instrument avec un son mer-
veilleux, lancinant et une surprenante tes-
siture.
« Je pense que [la musique] saisit l’es-
prit des danses et l’esprit de ce qu’ils ont
essayé de dépeindre. »
La Divine Performing Arts tire son ins-
piration des 5.000 ans de civilisation chi-
noise. La plupart des danses sont basées
sur l’étonnante richesse des mythes, des
légendes et des récits historiques.
Un exemple du programme de cette
année est Le triomphe du roi des singes,
une danse tirée d’une scène de la célè-
e
bre nouvelle du XVI siècle Voyage vers
l’Ouest, une nouvelle épique sur le pèleri-
nage d’un singe en Inde afin de retrouver
des écritures bouddhistes sacrées.
« Parfois c’est vraiment paisible, spécia-
lement dans la seconde moitié du numéro
du printemps, et à la première partie de
l’ouverture lorsqu’il y a la séquence avec
les manches. J’ai pensé que c’était très
paisible. Et parfois quand ça doit être éner-
gique – quand il y a les éboulements de
Culture 16
bras distincts et leurs petits pas légers
et rapides.
« J’ai aimé le tableau avec les baguet-
tes », ajoute-t-elle.
Ce numéro, Baguettes mongoles, mon-
tre la vivacité de la danse ethnique de
l’arrière-pays de la Chine avec l’utilisation
toute particulière des baguettes par les
femmes de Mongolie. Le charme des plai-
nes de cette région reflète la convivialité
des danseurs qui utilisent des poignées
de baguettes chinoises pour accueillir
leurs invités.
Madame Steinwold souligne qu’elle a
aussi apprécié la variété dans les danses
et comment la danse classique chinoise
utilise une grande variété d’accessoires.
« Toute la production était très, très
professionnelle », selon Monsieur
Steinwold. « Je comprends pourquoi le
billet est à 200 dollars », dit-il en ajou-
tant qu’il avait acheté les meilleures pla-
ces disponibles.
« Ça valait vraiment la peine... C’est
très coûteux de monter une telle pro-
duction. Et nous allons aller voir leur site
Internet, nous allons en apprendre davan-
tage sur eux, au sujet de la compagnie. »
En tant que musicien, il a particulière-
ment apprécié son instrument favori dans
le spectacle, le violon à deux cordes chi-
nois, le erhu. « Absolument magnifique ».
ALLEN ZHOU
LA GRANDE ÉPOQUE
MONTRÉAL
La Divine Performing Arts sera au
Palais des Congrès de Paris du 27 février
au 1er mars 2009.
La Grande Époque
Monsieur Wilkins a été émerveillé
par la Divine Performing Arts.
rochers dans les montagnes – je pense que
les compositeurs ont fait un gros travail et
l’orchestre a lui aussi fait un superbe travail
afin de dépeindre cela. »
Le numéro de printemps auquel Mon-
sieur Wilkins fait référence s’appelle
Accueillir le printemps. Les rapides jeux de
jambes, la gestuelle impeccable, et l’étour-
dissant jaillissement de couleurs forme la
base de la danse à l’éventail de ces fem-
mes. Les éboulements de rochers appa-
raissent dans une danse appelée Le Moine
Ji Gong enlève la Mariée. L’un des person-
nages le plus apprécié de l’histoire chi-
noise, tout le monde se souvient du moine
Ji Gong pour sa manière peu orthodoxe et
apparemment originale de faire de bonnes
actions.
Comme de nombreux spectateurs assis-
tant au spectacle, Monsieur Wilkins a été
ébloui par les costumes du spectacle.
« Les costumes étaient très frappants et
les couleurs vraiment vibrantes. Les danses
sont également très énergiques. Je pense
que tout était très harmonieux. La chorégra-
phie, la musique et les décors, tout semblait
aller ensemble selon moi. C’est la première
fois que nous le voyions. Nous étions vrai-
ment impressionnés par tout l’ensemble ».
Monsieur Wilkins a dit que la musique
dans le spectacle était touchante et pouvait
inspirer ses prochaines compositions.
Il a composé pour la CBC, CTV, CBS
ainsi que pour une grande variété de spec-
tacles et d’émissions. Il a également écrit
des arrangements pour de nombreux musi-
ciens et groupes connus et il est lui-même
un musicien connu.
MATTHEW LITTLE