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Dans quelle crise sommes-nous ?

par Philippe Hervé


“La crise, c’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître”.
Antonio Gramsci

En juillet prochain, la crise dite des «subprimes» aura déjà deux ans. Ses
conséquences pour les peuples sont dramatiques : 2008 a été une année de
«stagflation», c’est-à-dire de stagnation des PIB sur quasiment l’ensemble de la
planète, doublée d’une inflation massive des matières premières et des produits
agricoles ; 2009 sera une années de dépression marquée par une déflation liée à
la crise de la demande qui existe depuis septembre dernier et l’effondrement du
système financier mondial.

Crise d’adaptation ou crise systémique

Après deux ans de crise, nous disposons aujourd’hui du recul nécessaire pour la
caractériser : loin d’être une crise d’adaptation, il s’agit en vérité d’une crise
dite « systémique » et « structurelle ».

Comment justifier cette affirmation ? En dernière instance, ce qui distingue une


crise d’adaptation d’une crise systémique c’est lorsque les mesures de
redressements se révèlent être des mesures d’accentuation de la crise traversée,
alors la crise systémique et structurelle est dûement caractérisée. Or, cette
situation en « boucle » est celle que nous traversons actuellement, car pour
tenter de sortir de la crise « de la dette »… les gouvernements développent
précisément de la dette. C’est le serpent qui se mord la queue ! La crise actuelle
ne peut donc que s’aggraver par ces méthodes.

Depuis septembre 2008, sont administrées à l’économie mondiale, malade de


l’endettement, les drogues qui l’ont justement envoyée à l’hôpital. On tente
maladroitement de soigner le mal par le mal et de guérir une économie rongée
par le crédit par une relance extrême de celui-ci. Bref, on connaît les causes :
trop de dettes et des taux d’emprunt trop bas et les réponses sont : encore plus
de dettes et des taux encore plus bas (alors que dans la réalité ces taux sont près
proche de 0%).

Or, cette conjoncture absurde n’est pas le résultat de décisions erronées de


quelques technocrates inspirant nos dirigeants, mais elle est la résultante de
l’impossibilité historique, dans un système donné, d’auto-détruire les formes
objectives de domination du capital qui sont à l’oeuvre.
Charabia ?! Alors détaillons très brièvement ce point central pour la
compréhension de la crise actuelle : la crise de la dette n’est que la résultante
de la domination systématique des « circuits longs », c’est-à-dire mondialisés et
contrôlés par les multinationales monopolistes, par rapport aux « circuits courts
» du capitalisme classique qui survivait encore laborieusement à la fin du
20ème siècle. La victoire des « circuits longs » s’est imposée comme réalité
objective grâce à sa capacité à réduire drastiquement le coût du travail par
l’emploi d’une main d’œuvre quasi esclave dans certains pays du tiers monde,
ou par un accord stratégique avec les gouvernements en place (le régime
chinois par exemple). Mais ces « circuits longs » ne peuvent exister de manière
monopolistique qu’à la condition absolue d’être organisés, hiérarchisés en
terme de répartition du profit, et fluidifiés grâce à la superstructure financière et
bancaire. Ainsi, cette organisation financière et bancaire loin d’être une forme
parasitaire du système, comme on tente de nous le faire croire, est en réalité le
noyau vital et central de l’organisation de la domination du capital de nos jours.
La financiarisation est le fondement du capitalisme actuel, elle n’est pas un
électron libre venue ébranlé un système qui, sans elle, marcherait très bien.

L’exploitation de la ressource « être humain » pour combler le


gouffre financier

Là est l’explication des couinements sans fin de nos dirigeants sur le thème : «
nous devons sauver les banques ! ». Sans les banques, sans la financiarisation,
le système est mort. Dans les faits, ce sauvetage des banques a été planifié
grâce à la panique née au moment de l’effondrement de Lehman Brothers. Pour
les tenants du libéralisme, cette faillite a été une « divine opportunité » pour
exiger des peuples plusieurs milliers de milliards et ainsi faire passer cette
gigantesque dette privée (générée par le système) vers une dette publique (c’est
à dire l’impôt payé par les citoyens !). Toute autre solution aurait détruit le
noyau vital du système qu’est la finance mondialisée, soit par la relocalisation
des organismes financiers (car une nationalisation éventuelle des banques
aurait été, comme aurait dit La Palice, nationale) ; soit par la destruction des
banques comme émettrices exclusives de la monnaie (par exemple en mettant
en place d’un système monétaire en réseau). Voilà pourquoi pour sauver le
système tel qu’il est, il faut le « criser » ! C’est à dire endetter encore davantage
les gens…

Ainsi, de hoquet en hoquet, de soubresaut en soubresaut, la crise va continuer,


rythmée par des événements soi disant imprévus, permettant de subjuguer les
opinions publiques. Le prochain épisode de cette série fleuve sera peut-être une
hyper inflation généralisée, capable de dévaloriser massivement la dette de la
sphère financière au détriment des salariés, des retraités et des petits épargnants
(c’est à dire 99.9% de la population de la planète… ).

Bien sûr, cette conviction que nous avons de traverser une crise systémique
nous amène à penser que les solutions Keynésiennes classiques ne peuvent pas
avoir le moindre impact sur la réalité du capitalisme d’aujourd’hui. Car Keynes
a proposé dans les années trente des solutions qui avaient pour but de sortir de
la crise en accélérant justement l’adaptation du capitalisme moderne. Or, dans
une crise systémique, il ne s’agit pas d’adaptation mais de déconstruction.
D’ailleurs, pour éviter le débat rationnel, les keynésiens contemporains
induisent le plus souvent dans leurs propos que « la sphère financière est
devenue folle », bref que l’organisation financière et bancaire est réformable et
qu’elles est indépendante du capitalisme. Non Messieurs, Wall Street n’est pas
réformable, mais simplement arrivé au bout de sa logique matérielle, c’est-à-
dire exister, comme nous le disions plus haut, comme noyau vital définitif d’un
système d’exploitation.

Crise systémique ou pli historique ?

Ainsi, nous considérons pour notre part que la crise dite des « subprimes », n’a
rien à voir avec celle de 1929. C’est même par certains côtés l’inverse de cette
dernière. Il suffit pour s’en convaincre de constater l’exemple anecdotique de
Général Motors, né du grand krach de 29 et justement mort (en tant que société
privée) dans la tourmente financière d’aujourd’hui.

Mais nous pensons également que cette crise paroxysmique, qui risque de
s’étaler sur une longue période, c’est-à-dire plusieurs années ou dizaines
d’années est l’ultime avatar d’un mode de production en fin de vie. Loin d’être
un simple problème de baisse du taux de profit, la crise financière actuelle n’est
que la pointe visible de l’iceberg de la crise de la définition de la Valeur elle-
même (c’est à dire comment évaluer ce que vaut un objet, un service, etc. ).
Comme au 16ème siècle, la crise de la Valeur commence d’abord par sa simple
définition. Comme à la Renaissance, nous sommes dans l’incapacité d’avoir
une vision comptable cohérente de celle-ci. Depuis plusieurs années, et en
particulier depuis le scandale Enron et Andersen Consulting en 2002, il est
impossible de simplement croire à l’existence d’une comptabilité réelle et
sincère. Ainsi : que valent vraiment les actions des multinationales ? Et réponse
: nul ne le sait ! Que valent les actions des banques monopolistes ? Réponse :
nul ne le sait !

Le second élément, qui révèle pour nous l’existence d’un pli historique, réside
dans le fait que les innovations les plus importantes, impliquant à terme des
changements dans les rapports sociaux, se font en dehors d’un quelconque
process de rentabilité et de création d’une Valeur quantifiable sur le plan
comptable. Nous voyons bien l’émergence de ce phénomène avec la création
de l’Internet qui est, par bien des côtés, hors de toute définition de la Valeur en
tant que rapport social. Le « libre », c’est à dire la coopération des individus
pour faire avancer et évoluer des produits ou des concepts accessible
gratuitement à tous (logiciels, ordinateurs, objets divers, etc. ) est en train de se
développer très fortement.

Le troisième élément, déterminant à nos yeux, de cette crise de la Valeur tient


dans la marginalité de plus en plus grande du travail physique et intellectuel,
direct et indirect, dans la transformation de la valeur en prix. Car les prix
aujourd’hui sont surdéterminés justement par des « circuits longs »
monopolistiques. Nous vivons en quelque sorte l’époque des « prix théoriques
». Cette crise de la réalisation de la Valeur en prix, induit toutes les autres
crises, en particulier celle de la monnaie comme équivalent universel.

Bien sûr, cette impossible « révélation » de la Valeur induit un enchaînement


de déconstruction des rapports de production et des formes idéologiques de
domination du capital. Parmi ces destructions, la Politique, comme expression
d’un pouvoir oppressif, est en première ligne dans le « casse-pipe » généralisé.

Il est donc essentiel de débattre entre les femmes et les hommes de progrès de
cette opinion que nous émettons, car comment trouver la voie de sortie de cette
engeance si nous nous contentons simplement d’envisager l’avenir comme la
continuation d’un passé révolu ?

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