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Imprimer cet article publié le 19-11-2003 sur le site www.la-croix.com

Le déclin français,un débat récurrent

La thèse du déclin de la France refait périodiquement surface, surtout en période de difficultés


économiques. Mais les critères qui permettraient de le mesurer impartialement font défaut
La thèse du déclin de la France est de retour. Depuis l'automne, pas moins de six essais ou revues l'ont abordée, pour la
défendre ou la contredire : l'avocat Nicolas Baverez a relancé les hostilités avec La France qui tombe (Perrin, 2003).
Récurrent sur la scène littéraire et médiatique, le phénomène est devenu objet d'études historiques. «La rhétorique de la
décadence trouve ses racines dans les courant contre-révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle», analyse Olivier Ihl,
professeur à l'Institut d'études politiques de Grenoble. Centrée au départ sur les thèmes de race, de religion, ou de
morale, elle s'est appliquée depuis à tous les domaines : artistique, littéraire, social, démographique, et finalement
aujourd'hui géopolitique et économique.

«Rares sont les pays qui s'interrogent autant sur le rôle qu'ils doivent tenir dans le monde», remarquait ainsi récemment
Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques. Selon lui, face à cette question, les
Français «hésitent souvent entre deux attitudes : surestimation ou dénigrement de leurs capacités».

Quel que soit le motif, le «mobile», en revanche, reste le même. En effet, le déclin est toujours, pour Olivier Ihl, un
«slogan, un mot d'ordre pour appeler au sursaut». Dans ses mémoires (Les Français, réflexions sur le destin d'un peuple,
2000), Valéry Giscard d'Estaing ne voulait «identifier les causes» du déclin politique de la France que pour le « ralentir »,
voire, « rêve impossible, l'inverser ». De son côté, Alain Duhamel, auteur du Désarroi français (Plon, 2003), décrit autant
les maux de la société française - inquiétude face à la mondialisation ou à l'immigration - que les moyens «d'en sortir».

Le retour aujourd'hui de ce discours catastrophiste n'est pas fortuit. Il permet à ceux qui, dans la majorité, craignent une
pause dans les réformes, d'appeler le gouvernement à poursuivre son effort.

Thème d'opposition par nature (davantage «de droite» que «de gauche»), ce discours est évidemment indissociable d'un
contexte de crise ou de mutation. Professeur d'histoire contemporaine à Nanterre, Michel Lescure en fait remonter
l'origine à la défaite française de 1870. «D'abord lié au fait militaire, il s'est étendu au plan économique avec l'idée,
contestée par certains, d'un retard industriel par rapport à l'Allemagne», explique-t-il.

Le thème, depuis, réapparaît à chaque crise économique, la France se caractérisant par ses difficultés à sortir du
marasme. Immanquablement, l'incapacité à réformer, le corporatisme ou la défense des acquis sociaux sont présentés
comme autant de handicaps.

Dans son essai, Nicolas Baverez fait justement du modèle socio-étatiste la source de tous les maux de la France,
déplorant pêle-mêle le niveau de la fiscalité, le nombre des fonctionnaires ou le coût du système de sécurité sociale. Un
argumentaire qui a immédiatement déclenché la polémique : l'absence d'indicateurs fiables reste, en effet, la grande
faiblesse du discours sur le déclin. «Les partisans de cette thèse ont recours à des arguments soi-disant scientifiques
mais toujours invérifiables et systématiquement démontés par les experts», confirme Olivier Ihl.

La dernière campagne présidentielle en a apporté une bonne illustration : pour critiquer la politique menée pendant cinq
ans par son rival, Jacques Chirac s'est appuyé sur un classement d'Eurostat, l'office européen de statistiques rétrogradant
la France au 12e rang de l'Union européenne pour son PIB par habitant. Un résultat relativisé depuis par plusieurs
chercheurs qui en ont démontré la fragilité méthodologique.

Dans le foisonnement des statistiques et des classements, tout est effectivement question d'interprétation. Même le
volume des échanges économiques de la France avec le reste du monde, couramment utilisé pour évaluer sa
compétitivité, est sujet à débat. Avec 49,8 milliards d'euros en 2002 d'investissements directs étrangers dans l'Hexagone,
la France reste la deuxième terre d'accueil en Europe, preuve de «l'attractivité» de son territoire.

Mais, nuancent certains économistes, de plus en plus d'investissements sont en réalité des rachats d'entreprises, ce qui
est beaucoup plus inquiétant. De même, alors que certains se félicitent du dynamisme des entreprises françaises à
l'étranger, d'autres jugent dommageable pour l'économie et pour l'emploi que les investissements français à l'étranger
soient si importants : 67,8 milliards d'euros en 2002.

«On peut tout de même remarquer que la France ne cesse depuis dix ans de perdre des parts de marchés par rapport à
ses voisins», avance Michel Didier, directeur de l'institut Rexecode. Directeur du Centre d'études prospectives et
d'informations internationales, auteur au début de l'année d'un rapport au premier ministre sur la compétitivité, Lionel
Fontagné refuse cependant de rouvrir le débat. Pour «ne pas ajouter à la polémique».

Anne-Bénédicte HOFFNER et Jean-Claude BOURBON

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=1001700&imprim=true 27/10/2007

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