I- Définition de la croissance
1 – Définition
• La définition de F.Perroux : « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues (chacune
de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi décennaux) d’un indicateur de dimension : pour une nation
le produit global net en termes réels. Ce n’est pas l’augmentation du produit réel par habitant. » . Il ajoute
« qu’elle s’accompagne de progrès économiques variables et réalisés dans des changements de structure. »
L’indicateur quantitatif qui a été retenu pour étudier la croissance est soit le PIB soit le RNB (qui a
remplacé le PNB dans le nouveau système de comptabilité nationale)
a. PIB
• Dé fi ni ti on : Le PIB mesure la somme des valeurs ajoutées produites par les entreprises implantées
dans le pays (la richesse créée) Il faut ajouter à cette somme des valeurs ajoutées, la TVA grevant
les produits et les droits de douanes puisque ces données figurent dans la valeur des utilisations
finales correspondantes (consommation et exportations).
• Rappel : la valeur ajoutée est la différence entre :
• le chiffre d’affaires( valeur de la production : prix x quantité )
• et les consommations intermédiaires (valeur des biens et services détruits lors du
processus de production), en prenant en compte la variation des stocks
VAB = CA - CI + ∆ S
• Rema r que : Le PIB est donc basé sur un critère géographique (le territoire), le RNB (avant 2002,
dénommé PNB) sur un critère de nationalité.
b. Le RNB
• Dé fi ni ti on : RNB = PIB - revenus versés par les entreprises étrangères implantées dans le pays à
l’extérieur + revenus reçus des entreprises ayant la nationalité implantées à l’étranger.
• Rema r que s :
- Pour pouvoir comparer la valeur du P.I.B. d'une année sur l'autre et voir si elle augmente, il
est nécessaire d'enlever les effets de l'inflation sur la mesure du P.I.B., c'est-à-dire de le
calculer à prix constants.
- En effet, comme le P.I.B. est calculé en utilisant les prix des produits, si ce prix augmente,
on peut croire que le P.I.B. augmente alors que ce n'est pas vrai réellement.
- Le plus souvent, la croissance économique est donc mesurée par le taux de croissance
annuel du P.I.B. réel (c'est-à-dire corrigé de l'inflation).
b. le PIB n’assure pas une bonne qualité de comparaison entre les différents pays
Il est nécessaire de calculer un taux de change en parité de pouvoir d’achat ( PPA )(2 p 30 , cf TD) . Pour établir une
comparaison, on doit :
• convertir toutes les monnaies dans une monnaie de référence (le dollar),
• mais il faut tenir compte des variations de pouvoir d’achat existant entre pays de niveaux de
développement différents.
• On va alors prendre comme taux de change la valeur qui égalise les pouvoirs d’achat des
monnaies dans les différents pays, c’est-à-dire qui égalise la valeur d’un panier de biens pris
comme référence.
c. on compte , selon J.P.Delas , comme richesse ce qui est nuisance ou réparation des dégâts de
l’économie monétaire .
Constat : « On a pu résumer cette idée par une formule lapidaire : nuisances + réparations = double progrès » En effet , la
richesse dégagée par une usine qui pollue augmentera le PIB mais il en sera de même pour les appareils qui seront mis en place
afin de lutter contre la pollution .
Solution : Il aurait fallu prendre en compte les effets externes ( tels que la pollution, cf. cours de 1° et chapitre politiques
économiques de terminale ) générés par l’activité et comptabiliser les richesses négatives en les soustrayant du PIB.
F.Perroux écrivait : « la croissance ce n’est pas l’augmentation du produit réel par habitant » .
Plusieurs critiques ont donc été émises à l’encontre de cet indicateur::
• le PIB/habitant est une moyenne qui peut dissimuler des inégalités extrêmes (Brésil) . Or le
développement doit permettre de satisfaire les besoins fondamentaux de toute la population ; il faut donc
disposer d’indications sur la répartition du revenu national, sur la proportion de personnes vivant en
dessous du seuil de pauvreté.
• il laisserait penser que certains pays ( les émirats producteurs de pétrole ) qui ont le PIB/habitant le plus
élevé sont aussi ceux qui sont le plus développés mais il n’en est rien . Ces pays n’ont pas développé
d’industrie ; ils vivent de la rente de matières premières. On peut dès lors douter de leur aptitude à générer
une croissance durable.
Définition : Une croissance extensive est une croissance qui résulte du seul accroissement quantitatif des facteurs de
production. On produit 2 fois plus car on utilise deux fois plus de facteurs de production (main d’œuvre et capital).
Cette croissance se produit donc sans gains de productivité. Dès lors, elle bute inéluctablement sur des goulots
d’étranglement, comme ceux que connaissaient les sociétés traditionnelles.
En approfondissement : pour ceux qui ont envie de voir ce qui les attend s’ils veulent entrer en prépa ECE l’année prochaine :
Les ressources sur la révolution industrielle :
mises en ligne par un enseignant de CPGE de Rouen (mr Biasutti) : Révolution industrielle
Sur le site de la CPGE du lycée carnot : ici et ici
Sur les analyses de la croissance un dossier tiré du cours de la CPGE du lycée carnot (cours et présentation power point
ardu) : ici
• L’apparition puis le développement du progrès technique a permis de connaître une croissance intensive.
• Déf in it ion de la cr ois sance in ten si ve : La croissance intensive est une croissance qui économise
les facteurs de production grâce aux gains de productivité générés en particulier par le progrès
technique. Pour multiplier par 2 les quantités produites il n’est pas nécessaire d’augmenter
proportionnellement la quantité de facteurs de production . Une innovation (cf. Schumpeter, chapitre
investissement et progrès technique) par exemple telle qu’une meilleure organisation du travail (cf.
Taylor ou Ford) permet au même nombre de travailleurs d’être plus efficaces et donc de produire plus.
En approfondissement : sur le site du CAE (conseil d’analyse économique ) des ressources sur la croissance
française :
• Le rapport : La France dans 15 ans, perspectives économiques Rapport de synthèse, cellule du CAE, 8
janvier 2009 et son Résumé de La France dans quinze ans
• Les leviers de la croissance française Rapport n° 72, Philippe Aghion, Gilbert Cette, Élie Cohen et Jean
Pisani-Ferry, 19 décembre 2007
• Sur le site de la prépa ECE1 du lycée Carnot : La version numérique des documents sur les analyses des 30
Glorieuses : analyses_croissance_30glorieuses
o Les économistes libéraux ont cherché à limiter l’intervention de l’Etat considérée comme un élément perturbateur
entravant le fonctionnement du marché .Mais du fait de « la faiblesse de l’Etat , des inégalités , des conflits ethniques ou
religieux , l’insécurité des personnes et des biens découragent l’investissement , en particulier extérieur dans de
nombreux pays . A l’évidence , il faut un cadre stable , prévisible et favorable aux échanges . » selon A.Parienty :
Complément sur cette controverse entre les analyses libérales : cliquez ici et tiers-mondistes de la croissance : cliquez ici
III- Les conséquences de la croissance :la croissance engendre des transformations structurelles
La croissance ne se traduit pas seulement par une augmentation des quantités produites mais aussi par de nombreuses
transformations :ainsi les 30 Glorieuses furent, selon J.Fourastié, l’âge de toutes les ruptures.
a. Constat
Depuis 2 siècles , la répartition sectorielle du PIB comme celle de la population active ont fortement évolué :
- la part dans le PIB et dans la population active de l’agriculture n’a cessé de diminuer
- au profit, dans un premier temps, de l’industrie,
- puis dans un second temps, c’est le secteur tertiaire qui connaît le développement le plus rapide.
On est ainsi passé :
- d’une société agricole et rurale au XVIII° siècle
- à une société industrielle et urbaine jusqu’au milieu du XX° siècle.
- Depuis lors semble se développer une société postindustrielle.
b. Explications
J.Fourastié a construit une théorie qui reprend la typologie sectorielle établie par C. Clark en insistant,
comme critère de différenciation sur les rythmes différents de progrès technique et de productivité :
• le secteur primaire (rassemble l’ensemble des activités productrices de matières
premières issues de la nature : agriculture et mines) se caractériserait par un
progrès technique et des gains de productivité intermédiaires .
• le secteur secondaire (correspond à la transformation continue sur une grand
échelle de matières premières en produits transportables : principalement le secteur
industriel) se caractérise par un progrès technique et des gains de productivité très
élevés
• le secteur tertiaire ( rassemble les services , c’est-à-dire les biens immatériels
produits dans divers types d’activité :marchandes ( commerce , transport , ... ) ou
non marchandes ( éducation , santé ) ) se caractérise par un progrès technique et
des gains de productivité faibles : pour produire plus , il faut faire appel à davantage
de main-d’œuvre ( croissance de type plutôt extensive ) .
• Définition de l’élasticité ( rappel première) : l ‘élasticité revenu d’un poste de consommation (par
exemple l’alimentation) mesure la sensibilité des dépenses alimentaires à une variation
du revenu : Elasticité revenu : η = (∆Q/ Q) / ( ∆R/R)
R= revenu, Q = dépenses consacrées à un poste alimentaire, ∆= variation .
La croissance économique , par l’augmentation du revenu qu’elle va engendrer , va donc déterminer un bouleversement de la
structure de consommation des ménages ( 8 p 15 ).On observe alors, non seulement une élévation du niveau de vie mais aussi une
transformation du mode de vie .
• Défi ni ti on : Il correspond à la quantité de biens et de services dont peut disposer un individu, un ménage en
fonction de ses ressources : le niveau de vie est donc un indicateur de type quantitatif.
Complément : un exemple portant sur les ouvriers depuis un siècle , cliquez ici
• Remarque : Néanmoins, cela ne signifie pas que les disparités de consommation aient totalement disparu .Des individus
ayant des niveaux de vie comparables peuvent avoir des structures de consommation très différentes (1 p 16 : dernier
paragraphe).
• Défi ni ti on : En effet, le mode de vie qui désigne les façons de vivre , de se nourrir , de se vêtir , d’utiliser son
temps , ses loisirs ne dépend pas seulement du revenu ( variable quantitative ) ; il est fonction aussi de
variables qualitatives telle l’appartenance sociale ( le niveau d’éducation, la catégorie sociale
d’appartenance , etc. .)
En approfondissement sur les déterminants de la consommationun dossier de la CPGE du lycée Carnot : ici
En approfondissement sur le site de la prépa ECE1 du lycée Carnot : la dynamique des secteurs productifs : 3 présentation power
point : ici
Chapitre introductif :Croissance, changement social,
développement
Complément : la distinction introduite par Parsons entre changement d’équilibre et changement de structure , cliquez ici
Cette distinction opérée par les auteurs qui se sont préoccupés du changement social se caractérise par 4 points
• Le changement social doit donc être un changement de structure , c’est à dire qu’on doit pouvoir observer une
modification de l’organisation sociale dans sa totalité ou dans certains de ses composants essentiels.
• le changement social est repérable dans le temps: c’est à dire que l’on peut désigner ce qui a été modifié entre
deux moments. Le changement tend donc à être identifié par rapport à une situation de référence.
• le changement social est durable: c’est à dire que les transformations structurelles observées ont une certaine
stabilité. On ne parlera donc de changement social qu’après s’être assuré de la pérennité des modifications
étudiées.
• Le changement social est évidemment un phénomène collectif, il concerne une communauté, une organisation,
une collectivité ou s’il s’agit par exemple d’un changement de représentations des individus pris collectivement
• Il est important de noter que comme l’indique R Boudon, la sociologie moderne tend à rejeter l’idée selon laquelle il
existerait une cause dominante du changement social, elle tend même à reconnaître la pluralité des types de changement
• .En cela elle s’oppose aux grandes théories construites au 19 ème siècle , telles celle de Marx qui sont des théories dites
unicausales ou monistes car elles accordent à un facteur (le matérialisme historique chez Marx) un rôle déterminant . Il
ne faut pas oublier non plus que le changement social ne se fait jamais sans conflit (cf chapitre conflits sociaux).
1 - le facteur démographique.
En approfondissement :
Le cours sur la démographie pour maîtriser les indicateurs et la transition démographique : chapitre complémentaire
croissance et démographie
Un dossier tire du site de la CPGE du lycée Carnot : dossier_demographie-2008
Le cours de H Leridon sur la transition démographique au collège de France : Microsoft PowerPoint -
CollFrance_2009_cours2
Une vidéo sur le site Gapminder àconsulter sans modération ) : What stops population growth?
Comme l’indique G Rocher c’est Durkheim qui a le premier et le plus poussé en avant l’analyse du facteur démographique dans
le changement social. Nous verrons (chapitre changement social et solidarités ) que, pour Durkheim , le progrès de la division du
travail a entraîné une transformation radicale des sociétés ( passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique). Or, ce
progrès de la division du travail, Durkheim l’attribue à l’accroissement démographique (qui est aussi à l’origine d’un
accroissement de la densité morale de la population).
Complément sur l’analyse de D.Riesman qui met aussi en avant l’influence du facteur démographique , cliquez ici
Le progrès technique est considéré, en particulier depuis le 19 ème siècle, comme un facteur déterminant du changement social .
Plusieurs analyses peuvent être mises en évidence :
• l’analyse de Marx :il suffit de prendre pour exemple le déterminisme matérialiste cher à Marx (cf
chapitre conflits sociaux) qui fait dépendre les rapports sociaux de l’évolution des forces productives (cf la
célèbre phrase : « le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain, le moulin à vapeur, la société
avec le capitalisme industriel »).
• L’analyse de Mumford : complément , cliquez ici
• J.A.Schumpeter ( cf chapitre investissement et progrès technique ) insiste , quant à lui , sur le rôle des
innovations et de l’entrepreneur dans le processus de croissance et de développement .
Limites de ces analyses :Il n’en reste pas moins que toutes les théories accordant au progrès technique un rôle central ont
une faiblesse majeure : comment expliquer son apparition , il faut alors ternir compte du contexte socioculturel (22 à 25 p
26-28)
Chapitre introductif : Croissance, Notions du référentiel : IDH
changement social, développement
I. Définition du développement
L’assimilation entre croissance et développement qui a souvent été faite par de nombreux auteurs, en particulier
Rostow est très critiquable . E n effet , la croissance est un phénomène économique et quantitatif , alors que le
développement est d’ordre social , culturel donc qualitatif .
2. Définition de F.Perroux
Comme l’indique F.Perroux, « l’économiste à qui on demande qu’est ce que le développement doit à mon sens répondre
: le développement est la combinaison de changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à
faire croître cumulativement et réellement son produit réel global. »
Solution :. C’est ce défi qu’a essayé de relever le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) qui a construit 2
nouveaux indicateurs : l’Indicateur de Développement Humain ( IDH ) et l’ Indicateur de Pauvreté Humaine ( IPH ) .
1. L’IDH
a. définition de l’ IDH
Il veut être la mesure du développement humain entendu au sens où les besoins fondamentaux sont couverts . L’IDH
se calcule à partir de la combinaison de 4 critères :
• l’espérance de vie , comprise entre 25 et 85 ans
• le taux d’alphabétisation des adultes
• le nombre moyen d’années d’études
• le niveau de PIB/habitant en PPA .
Conc lus ion : « L’ IDH résulte de leur combinaison puisque c’est la somme pondérée selon les coefficients fixés par le
PNUD des 4 valeurs . Les indicateurs PIB réel par habitant ajusté et espérance de vie à la naissance pèse chacun pour
un tiers dans l’IDH, le taux d’alphabétisation des adultes et la moyenne des années d’études respectivement pour 2/9
et 1/9 . »
b. Intérêt de l’IDH
Il permet de :
• dépasser la simple comptabilisation quantitative du PIB et il mesure donc mieux le niveau de développement
atteint par un pays .
• Il établit donc une hiérarchie des pays différente de celle du PIB . Pour l’année 92 , le Canada occupe la 11°
place au classement du PNB/habitant , mais la 1° à celui de l’IDH . Au contraire , la Guinée occupe le 139°
rang pour le PNB/habitant , et le 173° rang pour l’IDH . De même , la hiérarchie des pays suivant le PIB réel
par habitant et celle de l’IPH ne se recoupent pas . Les profils de la Suède et des Etats Unis sont ainsi très
différents selon B.Stern .
2. L’IPH
a. Définition
L’indicateur de pauvreté humaine mesure le dénuement au niveau des quatre grands aspects de la vie humaine :
• la capacité de vivre longtemps et en bonne santé mesurée par le pourcentage de personnes
risquant de décéder avant un âge fixé
• le savoir mesuré par le pourcentage d’adultes analphabètes
• les moyens économiques mesurés par L’absence d’accès à des conditions de vie décentes qui se
décompose en 3 variables :
- pourcentage d’individus privés d’eau potable
- pourcentage d’individus privés d’accès aux services de santé
- pourcentage d ’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition
• La participation à la vie sociale
Ces éléments sont les mêmes pour tous les pays qu’ils soient industrialisés ou en développement. Seuls les critères
les mesurant varient, pour tenir compte des différences dans les réalités de ces pays . On calcule alors un IPH1(pour
les PVD) et un IPH2 (pour les pays industrialisés)
b. Intérêt
Cet indicateur a l’avantage de révéler mieux que l’IDH la capacité redistributive des pays .
Complément : des indicateurs mesurant les inégalités hommes-femmes , cliquez sexospecifique de developpement humain
(ISDH) et indicateur de participation des femmes (IPF) ici
Ces sociétés sont des sociétés holistes où l’individu est déterminé par le groupe ce qui a 2 conséquences :
• L’individu appartient alors au groupe de ses parents : il n’ y a pas de mobilité sociale
• Tout changement est refusé : les sociétés sont statiques , les valeurs héritées sont respectées
2. empêchent la croissance
Le progrès technique est donc impossible , car il remettrait en cause les fondements même de la société :
• l’individu innovateur changerait de statut
• il y aurait une remise en cause des valeurs traditionnelles
Il paraît alors difficile d’assurer une croissance économique et démographique forte , car :
• elles ne peuvent lutter contre les aléas de la nature ( par exemple , une tempête qui détruit les récoltes)
• comme la production ne peut augmenter , il ne peut y avoir d’augmentation de la population ( cf analyse de Malthus)
Conclusion :
Constat : La structure sociale et économique des sociétés traditionnelles semble rendre impossible la libération de l’homme des
besoins fondamentaux.
Explications : Les philosophes des Lumières vont s’efforcer de démontrer que le responsable de cette situation est la société
féodale qui, en entravant l’action individuelle, donc les droits naturels de l’individu interdit toute croissance économique.
En effet , selon les libéraux, l’homo oeconomicus est une caractéristique naturelle, il existe dans toutes
les sociétés et à toutes les époques . Si l’homo oeconomicus paraît absent des sociétés traditionnelles,
c’est parce que celles-ci se sont efforcées en imposant des ordres, des statuts, des corporations de
contraindre l’individu qui est naturellement égoïste et rationnel à rechercher non pas son intérêt
individuel mais à se conformer aux besoins de la société.
II. Le passage à la croissance
1. La suppression des sociétés traditionnelles est une nécessité pour les libéraux
Dans ces conditions ,il faut libérer l’individu de l’ordre social qui le contraint afin de le libérer du besoin .Dès lors , la croissance
économique deviendra une fin en soi .
Mesures préconisées : Il faut donc comme préalable à tout décollage économique remettre en cause l’échelle des valeurs
imposée par la société traditionnelle en offrant aux individus des possibilités différentes de celles qui se présentaient aux
générations précédentes
Solutions préconisées par les libéraux : Il est donc urgent, pour les libéraux, d’abolir cet héritage
du vieux monde afin de laisser jouer les lois naturelles du marché. Le libre-accès au travail, l’institution
d’un libre marché du travail marquent l’avènement d’un monde social rationnel par la destruction de
l’ordre social arbitraire de l’ancienne société.
Conséquences attendues : la liberté du travail en libérant l’initiative privée, le goût du risque et de
l’effort, le sens de la compétition va conduire l’individu à désirer une amélioration de sa condition qui
sera source d’efficacité et de dynamisme économique .
2. Un mécanisme universel
C’est ce qui s’est passé pour les pays occidentaux à partir du XVIII° siècle . Les auteurs libéraux vont alors proposer des théories
développant l’idée que tous les pays suivent la même progression .
a. La thèse de Rostow
Rostow, dans une perspective libérale, va s’efforcer de montrer que la croissance économique
nécessite une rupture avec l’ordre ancien ; il va développer un schéma en 5 phases qui reprend celui
suivi par l’Angleterre depuis le 18° siècle :
• Premier stade les sociétés traditionnelle : ce sont des sociétés rurales , à faible mobilité sociale
et où le système des valeurs empêche tout progrès technique . La croissance est donc très
faible voire nulle
• Second stade : les conditions préalables au décollage : c’est un ensemble de transformations
fortes qui rendent le décollage possible : par exemple , une révolution agricole qui , en
augmentant la productivité agricole , permet de libérer de la main d’œuvre
• Troisième étape : le décollage ou take-off : c’est la période où l’on passe des sociétés
traditionnelles aux sociétés industrielles . Cette période de 20 ou 30 ans est marquée par un
taux d’investissement très élevé et par quelques branches motrices tirant toute l’économie
• Quatrième étape la maturité : c’est un longue période où les innovations se généralisent à
l’ensemble de l’économie et où une diversification des activités apparaît
• Cinquième étape : la phase de consommation de masse : les biens industriels se diffusent à
l’ensemble de la population . Comme les besoins fondamentaux sont assurés , de nouveaux
besoins apparaissent et sont progressivement comblés
Rostow écrit : « que le pays le plus développé industriellement ne fait que révéler aux économies les
moins développées l’image de leur propre futur. » En ce sens, les pays en développement ne sont pas
différents des pays développés, ils sont seulement en retard ( théorie dite du retard ) .
Mesures préconisées par Rostow : Les PVD, pour connaître une croissance et un développement
n’ont alors qu’à suivre un modèle de référence, considéré par Rostow comme la seule voie possible
( the one best way ) : c’est le modèle de l’Angleterre depuis le XVIII° siècle qui leur permettra de
connaître une croissance économique forte et durable qui engendrera un développement économique à
terme et rapprochera les PVD de la situation des PDEM aujourd’hui .
F Fukuyama va s’inscrire dans la logique de Rostow, mais en intégrant les données issues du nouveau
contexte dans lequel il se situe : Rostow rédige son ouvrage au début des années 60, Fukuyama au
début des années 90, à l’époque de l’effondrement du bloc soviétique et de son modèle.
Selon Fukuyama , un seul modèle assure simultanément la croissance , le bien-être et la démocratie :
celui des pays occidentaux basé sur :
• la liberté économique ( économie de marché) : le marché assure la croissance économique la
plus forte ( cf chapitre sur le marché de première
• la liberté politique ( démocratie libérale ) : celle-ci permet d’assouvir les aspirations
immatérielles des individus ( dignité)
• Selon Fukuyama , la liberté économique est un préalable à la liberté politique A Prezeworski
vient récemment de démontrer qu’au-dessus d’un PIB/habitant de 6000$/an il n’y a pas
d’exemple de pays qui soit revenu à un régime autoritaire. L’Espagne, Taiwan, la Corée du Sud
ont tous réussi leur transition démocratique autour de ce chiffre magique.
Conclusion : une fois que le modèle libéral se sera généralisé , on assistera à « la fin de l’histoire » :
un modèle de société optimal ayant été déterminé
On constate que les pays de l’OCDE qui sont les pays les plus riches sont aussi les pays les plus développés et qu’au contraire les
pays n’ayant pas connu de croissance économique sont sous développés (13 p 18)
Cette relation de causalité est mise en évidence dans la courbe de Kuznets qui relie 2 variables : PIB/habitant et niveau des
inégalités qui est un élément du développement :
Premier stade : les sociétés traditionnelles où le PIB/hab et les inégalités réduites , car la faiblesse de la croissance
empêche tout surplus à partager
Deuxième stade : dans la première phase de croissance , celle-ci se traduit par une augmentation des inégalités car :
o La croissance nécessite un taux d’investissement élevé , donc un taux d’épargne élevé . Comme ce sont les plus
riches qui ont le taux d’épargne le plus élevé , il faut accepter une hausse des inégalités
o Tous les individus n’ont pas les mêmes capacités pour profiter des opportunités de la croissance
Troisième stade : passé un certain seuil , l’augmentation du PIB/hab se traduit par une réduction des inégalités . La forte
augmentation de la richesse générée par la croissance économique va permettre aux pays ayant connu un décollage
économique d’améliorer le sort de la population et d’assurer le bien-être de la population , car :
• Cette augmentation de la richesse permet d’augmenter le niveau de vie et d’améliorer le mode de vie : la consommation
augmente et se transforme ( cf lois d’Engel , fiche 1 )
• De prendre en charge les dépenses d’infrastructure ( d’éducation , de santé ) : la population est plus instruite et en
meilleure santé
• comme la population est plus riche et plus instruite , les revendications changent d’après R.Inglehart : de matérielles ,
elles deviennent immatérielles . La population souhaite alors plus de liberté , plus d’égalité .
Comme la population est plus instruite et en meilleure santé , sa productivité augmente , puisque elle peut plus facilement innover
et que le nombre de personnes absentes au travail diminue . La croissance intensive est donc relancée .
D’après les libéraux , un cercle autoentretenu entre croissance et développement existe : la croissance est l’élément moteur qui
lance le développement qui en retour renforce la croissance .
Conclusion des auteurs libéraux , notamment de Rostow :L’étude des facteurs quantitatifs semble être le meilleur indicateur
selon Rostow pour analyser les performances économiques d’un pays . Pour étudier le niveau de développement d’un pays , il
suffit de connaître son PIB/habitant .
a. Constat
Conclusion : on peut alors parler de mal développement qui nécessite l’élaboration de nouveaux indicateurs ne se limitant pas à
mesurer l’augmentation de la richesse matérielle : le PIB n’est donc pas un bon indicateur du développement comme l’affirment
les libéraux .
b. explications
L’augmentation des la richesse crée est donc une condition nécessaire pour assurer du développement , mais elle n’est pas
suffisante . D’autres facteurs sont indispensables :
• comment cette croissance est obtenue :
- une croissance qui repose sur l’exploitation de la main d’œuvre ne peut assurer de développement
- ou bien si cette croissance se traduit par une exploitation très forte des ressources naturelle non renouvelables
( cf fiche 6 développement durable)
• comment cette croissance est répartie :
- les fruits de la croissance doivent être réparties de manière équitable et favoriser les plus démunis
- l’augmentation des richesses ne doit pas servir à effectuer des dépenses inutiles au développement ( dépenses
militaires ou pharaoniques : « éléphants blancs »
2. La croissance n’est pas une condition nécessaire et suffisante pour assurer le développement
A.Sen va plus loin et considère que le développement ne nécessite seulement pas une croissance préalable , car : « l’éducation et
les soins médicaux sont des services intensifs en travail, donc relativement peu coûteux dans les pays pauvres (en raison de la
faiblesse des rémunérations). Si ces pays ont moins d’argent à dépenser, ils ont aussi besoin de moins d’argent pour fournir ces
services. Pour cette raison beaucoup de pays pauvres ont de fait été capables de développer largement les services éducatifs et
médicaux sans attendre d’être prospères. »
Son raisonnement est le suivant :
• Le développement d’un pays est avant tout fondé sur sa capacité à éduquer et à soigner sa population
• Ce sont des activités de services demandant beaucoup de travail et peu de capital
• Les pays pauvres ont un excédent de main d’œuvre , le salaire y est donc faible
• Le coût de production de l’enseignement et de la santé est donc bas
• Les pays pauvres peuvent ainsi les financer
Complément : un article du Monde de Sen en mai 2006 sur « mondialisation et justice sociale : cliquez ici
Une relation de circularité lie croissance et développement , les 2 variables sont interdépendantes . Il ne faut donc pas favoriser
l’un au détriment de l’autre , mais les articuler
Le succès économique des pays asiatiques est la preuve que le développement peut s’obtenir de manières différentes :
- Une société holiste : Japon
- Une intervention forte et ciblée de l’Etat : Corée du Sud ou le Japon avec le Miti ( ministère de l’industrie )
- Une dictature politique alliée avec une économie du marché : la Chine
Le développement est une notion qualitative qui dépend des aspirations de la population . Celles-ci relèvent des valeurs de la
société qui peuvent être différentes de celles des pays occidentaux :
- L’exemple le plus célèbre est celui de M.Sahlins dans son ouvrage « Age de pierre , âge d’abondance » :
• A priori , les bushimans arrivent à peine à subvenir à leurs besoins
• Or , quand Sahlins étudie de manière plus approfondie cette société , il se rend compte que les bushmans
passent très peu de temps à chercher leur nourriture
• Sahlins en conclut que obtenir uniquement le minimum vital est un choix et non une obligation , car leurs
valeurs sont différentes de celles des occidentaux : ils ne souhaitent pas accumuler des biens matériels , mais
disposer de temps libre
- Ainsi , les pays occidentaux ne pourraient pas juger de l’état de développement des autres pays car ils ne disposent pas
des bons outils de mesure : un pays pauvre peut considérer comme essentiel de disposer d’une armée puissante pour
garantir son indépendance et donc y consacrer des sommes importantes au détriment de l’éducation et de la santé .
III-Un modèle qui n’est donc pas transposable : les critiques à l’encontre de la théorie du retard
Les PED actuels ne pourraient pas suivre avec succès le modèle préconisé par Rostow pour 2 raisons .
Critique : Ceci suppose que les différents pays sont dans des situations socio-économiques
comparables, ce qui est loin d’être le cas. Les PVD ne sont pas en retard, ils sont différents.
Complément sur la situation spécifique des PED notamment des effets néfastes de la colonisation ,
cliquez ici
Postulat :
• « L’histoire se déroule de façon implacable. On ne brûle pas les étapes dit Rostow,
chaque pays doit passer par un même nombre de stades, un peu comme un homme
avant d’être adulte . » .
• Cette vision de l’histoire est statique, elle suppose que l’ environnement
international auquel sont confrontés les pays demeure identique .
Complémément sur :
- l’intégration différente des PED dans le commerce mondial , cliquez ici
- les relations inégales entre pays riches et pays pauvres , cliquez ici
- La dégradation des termes de l’échange des PED , cliquez ici
En approfondissement : sur l’excellent site de Gapminder : en anglais mais tout à fait accessible :
A. Un concept récent
- La raréfaction des ressources naturelles , la montée de la pollution , la dégradation de la qualité de l’air et de l’eau ont
engendré ,chez les scientifiques et la population une prise de conscience des risques à plus ou moins long terme de notre
modèle de croissance productiviste basée sur une augmentation infinie de la production .
- Les premiers à s’en inquiéter sont les scientifiques du Club de Rome en 1971-1972 : pour éviter la disparition de la planète ,
ils prônent la croissance zéro : le PIB ne doit plus augmenter .
- Or , cette croissance zéro comporte une ambiguïté : elle risque d’empêcher toute possibilité de développement pour les pays
pauvres
2. Un concept novateur
La notion de développement durable établi par le rapport Bruntland en 1987 permet de répondre à cette critique et de dépasser
l’opposition entre croissance et environnement
B. Définition ( p 24 )
Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :
- le concept de "beso in ", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à
qui il convient d’accorder la plus grande priorité
- l’idée des li mi ta tions que l’éta t de nos tec hn ique s et de notr e or gan is ation soc iale
imposent sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.
Elle mesure l’impact de l’homme sur la planète . C’est la surface de la planète , exprimée en
hectares dont une population a besoin pour satisfaire sa consommation en produits d sol et en
zones de pêche , en terrains bâtis ou aménagés , en forêts capables de recycler les émissions
de CO2 et , plus généralement , en surface d’absorption des déchets .
Cette empreinte écologique peut être calculée pour la planète , un pays , une ville . Pour qu’il y
ait développement durable , elle ne doit pas dépasser 2 ha/habitant
En approfondissement :
• le rapport du CESE : le clezio philippe , les indicateurs du développement durable et l'empreinte écologique
- Ce schéma a été rapproché de l'hypothèse formulée par Simon Kuznets en 1955, qui avait envisagé
une corrélation entre la réduction des inégalités de revenu et le niveau du PIB/habitant, selon une
même forme de courbe en U inversé. Cela explique l'emploi fréquent dans la littérature économique
de l'expression « courbe environnementale de Kuznets ».
- Grossman et Krueger vont l’adapter à la relation croissance-développement :la croissance serait
nocive pour l'environnement dans les premiers stades du développement ; puis, au-delà d'un
certain seuil de revenu par habitant, la croissance entraînerait une amélioration de la qualité de
l'environnement. La relation entre croissance et dégradation de l'environnement aurait dès lors la
forme d'un U inversé : dans un premier temps, l'augmentation de la production dégraderait
l'environnement (l'effet d'échelle domine, pour reprendre la terminologie de Grossman et Krueger :
pour produire plus les entreprises utilisent davantage de matières premières et polluent plus), puis,
au-delà d'un point d'inflexion, la croissance réduirait les dégradations environnementales (l'effet
technique l'emporte : les entreprises économisent les matières premières et polluent moins tout en
produisant davantage).
- Les premiers travaux sur la courbe environnementale de Kuznets indiquent que le point d’inflexion
se situe autour d’un PIB/hab de 5000 dollars
Source : http://www.senat.fr/rap/r03-233/r03-23332.html
Complément sur le développement durable dans les pays en développement , un rapport de la Banque mondiale , cliquez : ici
B. Les explications
Les auteurs libéraux vont alors expliquer pourquoi la croissance peut être conciliable avec le développement durable , c’est-à-dire
comment l’effet technique dépasse l’effet d’échelle .
La raréfaction des ressources naturelles et l pollution peuvent être résolues grâce au marché et au
comportement rationnel des entreprises dont le but est toujours de maximiser leur profit matériel ( ce
sont des homo oeconomicus )
En approfondissement : sur le site du CAS : Les perspectives énergétiques de la France à l’horizon 2020-2050 :
• Résumé (5 pages)
• Présentation powerpoint (30 pages)
a. Les conséquences automatiques de la croissance : le rôle du progrès technique
La croissance entraîne une augmentation de la demande de matières premières . Celle-ci devient alors
supérieure à l’offre. D’après la loi de l’offre et de la demande , le prix augmente , ce qui a deux
conséquences :
• La demande diminue : les consommateurs en achètent moins (cf évolution de la demande de
produits pétroliers depuis en 2008 )
• Une volonté de trouver d’autres ressources incite les entreprises à innover pour trouver des
produits substituables ou mettre en œuvre des processus moins gourmands en énergie
Ainsi , le progrès technique , qui permet de repousser les limites de la croissance économiques , résout
aussi les problèmes sociaux et environnementaux »
- Le problème de la pollution est d’être un ’effet externe , c’est-à-dire une conséquence involontaire
de l’action rationnelle des individus . La pollution n’a donc pas de prix, d’autant plus qu’elle est
diffuse et qu’elle concerne des biens libres (air eau, etc).Les entreprises ne voient donc pas l’intérêt
à la réduire .
- Pour les libéraux ,La solution serait la création de marché à polluer qui internaliserait les
externalités (ici la pollution) et les ferait entrer dans le calcul rationnel de l’entreprise . Ainsi l’Etat
garant de l’intérêt général doit instaurer un marché des droits à polluer (distribuer des permis de
pollution en quantité s décroissantes) et laisser le marché s’autoréguler : plus le prix de la pollution
sera élevée , plus les entreprises seront incitées à réduire leur niveau de pollution pour réduire leurs
coûts , voire augmenter leurs recettes ,car elles pourraient vendre leurs droits à polluer non utilisés
(à partir d’un calcul coût bénéfice ).
Comme on l’ a déjà vue dans la fiche 1 , la croissance se traduit par une transformation de la
consommation A ces transformations de la production s’ajoutent des changements de la structure de la
demande .
- D’après les lois d’Engel , quand le revenu augmente , la part du budget consacré aux dépenses de
biens matériels diminue au profit de la demande de services . Or celle-ci est nettement moins
polluante et gourmande de ressources naturelles que la production de biens .La croissance se
traduit donc automatiquement par une réduction de la pollution .
- Cet effet est renforcé par le changements de valeurs de la population résultant de la croissance :
• quand les ménages sont pauvres , leur objectif est d’assurer leur satisfaction matérielle .
• Avec la croissance, celle-ci est acquise et leurs revendications ne sont plus les mêmes .Ils
ne souhaitent plus avoir de nouveaux biens , mais ont des demandes qualitatives : égalité ,
meilleur environnement. . La protection de l’environnement est onc un bien supérieur dont
l’élasticité-revenu est supérieure à 1
• La population va donc faire pression sur les gouvernements pour assurer une baisse de la
pollution . Cette pression des opinions publiques sur les Etats se remarque avec la signature
du protocole de Kyoto en 98 et son entrée en vigueur en 2005 . Le protocole de Kyoto
repose sur un principe relativement simple :les pays développés et en transition se sont
engagés sur un objectif global de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre de
5,2% en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990 . Cet effort est important puisque cela
représente une diminution de 20 % par rapport au niveau d’ émissions anticipé pour 2010 si
aucune mesure de contrôle n’avait été adoptée » .
Complément : Une vidéo expliquant les tenants et les aboutissants des droits à polluer , une vidéo de Canal éducatif , cliquez : ici
Conclusion :
Pour les néo-classiques , il n’y aura pas dans l’avenir de contradiction entre croissance économique et développement durable :
soit le marché s’autorégulera de manière efficace , soit il existe des instruments économiques qui permettent de dépasser la
logique de court terme des agents .
III. La remise en cause de l’analyse libérale de la relation croissance-développement durable
a. La régulation par le marché est une condition nécessaire mais non suffisante pour assurer le
développement durable : l’effet rebond du progrès technique
Le progrès technique n’est pas suffisant pour solutionner les défis auxquels le monde est confronté : il
permet certes d’économiser les ressources , mais les gains dus au progrès technique se révèlent
insuffisants .On constate que cette réduction de l’intensité énergétique génère un effet rebond . Les
gains d’efficacité entraînent une baisse des prix : les pays , profitant de ces gains de d’efficacité , vont
consommer davantage de ressources pour produire davantage (ex les 4-4 gros consommateurs
d’énergie) . Certes , on gagne en terme d’intensité unitaire , mais on perd en termes d’énergie totale
utilisée .
b. La régulation par le marché est insuffisante : les effets de la pollution à long terme
La régulation par le marché est défaillante pour lutter contre la pollution . Le marché des droits à polluer n’est pas optimal car :
- L’Etat est soumis aux lobbyes des entreprises qui menacent de délocaliser ou de licencier si le coût de la pollution nuit à la
compétitivité a distribué trop généreusement les droits.
- le marché ne peut arriver à diminuer la pollution du fait des caractéristiques mêmes de la pollution :elle cumule ses effets
dans le long terme et certains effets sont irréversibles. La pollution actuelle s’ajoute à celle passée et met des siècles avant de
disparaître . Ce type de conséquences ne peut être appréhendé par l’entreprise car elle recherche son profit maximum à court
terme (myopie du marché , cf cours de première) .
Conclusion :
Croissance et développement durable apparaissent ainsi contradictoires : on ne peut atteindre à la fois l’augmentation des
richesses et la préservation de l’environnement .
- Dans ce cas , une croissance zéro comme le préconisait le club de Rome dans les années 70 ne
paraît pas suffisant , puisque cela impliquerait de laisser les plus pauvres dans leur état de pauvreté
. La solution serait alors la décroissance : selon Latouche et N Georgesu Roegen (cf cours) les pays
riches devraient réduire leur quantité de richesses créées pour permettre aux populations les plus
pauvres de connaître une augmentation du niveau de vie et la satisfaction des besoins élémentaires
. Latouche en particulier conteste la notion même de développement durable qui n’est selon lui
qu’un oxymore.
- Mais à voir les problèmes générés par un ralentissement de la croissance dans les PDEM (cf le rique de récession du à la crise
des subprime) ,on peut se demander si cette stratégie serait acceptée par les habitants des pays riches qui selon certains
sociologues sont dépendants de la consommation (Baudrillard).
Pour développer ce point , un article de Sciences humaines : croissance soutenable ou croissance zéro ? ici
- Mais aussi il faudrait abandonner nos indicateurs de richesses et en définir d’autre ce qui semble être le but de la commission
composée de J Stiglitz et A Sen dont la mission est de proposer des substituts au PIB
En approfondissement :
• Un rapport du CAE qui a déjà quelques années mais qui fait le point sur Kyoto et l’économie de l’effet de serre
Rapport n° 39, Roger Guesnerie, 14 janvier 2003
• Un entretien vidéo de J.Stiglitz sur http://www.challenges.fr/video/ qui dure 6 heures . Vous pouvez regardez les chapitres
suivants :
L’environnement face à l’économie Télécharger
Les raisons du réchauffement planétaire Télécharger
Le protocole de Kyoto Télécharger
Economie et pollution Télécharger
Déforestation et biodiversité Télécharger
Comment faire respecter les accords de Kyoto ? Télécharger
Le coût social de la pollution Télécharger
Les intérêts de l'économie face à ceux de l'environnement Télécharger
Pour ceux qui veulent aller plus loin sur le concept de développement durable : quels sont les intérêts et les limites de ce concept :
• Un article de Sciences humaines : ici
• Une vidéo sur Agoravox de S.Brunel , géographe , professeur à Montpellier et à Sciences Po Paris : elle montre les
ambiguïtés du concept de développement durable par rapport au développement des pays pauvres : ici