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Oto-rhino-laryngologie

B 205

Otites aiguës
Étiologie, diagnostic, traitement
PR Christian DUBREUIL
Centre Hospitalier Lyon Sud, 69495 Pierre-Bénite Cedex.

Points Forts à comprendre Étiologie


• L’otite moyenne aiguë concerne surtout les enfants
• L’otite moyenne aiguë est l’infection entre 3 mois et 3 ans. Elle est observée dans 90 % des
bactérienne la plus fréquente chez l’enfant cas chez des enfants de moins de 5 ans. Deux tiers des
de moins de 3 ans. Les infections virales enfants âgés de moins de 3 ans ont déjà présenté un épi-
rhinopharyngées jouent un rôle prédominant sode d’otite moyenne aiguë.
en favorisant l'inflammation de l'épithélium
• L’otite moyenne aiguë est une colonisation des cavités
de l’oreille moyenne, puis l’adhésion,
de l’oreille moyenne (dont la muqueuse a été préalable-
la colonisation et la multiplication bactérienne
ment altérée par une infection virale), par des germes du
à ce niveau.
rhino-pharynx, via la trompe d’Eustache. (Les germes
• Le diagnostic impose un apprentissage
de l’otoscopie, favorisé ces dernières années pathogènes sont identiques dans le rhino-pharynx et
par la publication dans différents supports l’oreille moyenne).
médiatiques (journaux, cédéroms) L’oreille moyenne sécrète des immunoglobulines (Ig)
de documents photographiques d’excellente G, M et particulièrement A, et tout déficit transitoire,
qualité et surtout par l'utilisation de matériels ou toute immaturité portant sur les IgG1 et 2 favoriserait
adaptés (otoscope à lumière froide, optique la colonisation bactérienne de l’oreille moyenne, à partir
à lumière froide). du rhino-pharynx. De la même façon, les otites aiguës
• Le traitement antibiotique est justifié favorisent l’augmentation d’anticorps sériques IgG ou
par le risque de complications locorégionales IgM surtout après l’âge de 2 ans et s’il s’agit de pneumo-
et méningo-encéphalitiques, même si celles-ci coque.
sont devenues rares en pays développés, • Les facteurs favorisant l’otite moyenne aiguë sont
et même si l’otite évolue spontanément retrouvés de façon variable :
vers la guérison dans 70 % des cas. – la vie en collectivité (crèche ou garderie) favorise la
• Si l’antibiothérapie reste probabiliste, contamination interindividuelle virale et bactérienne
sans donnée bactériologique avant (en particulier de germes ayant acquis des résistances
le traitement, elle doit actuellement être aux antibiotiques) ;
orientée par des données épidémiologiques, – l’habitat en grande agglomération (pollution, mode de
bactériennes, largement diffusées dans vie) ;
la littérature, et doit prendre en compte – les antécédents familiaux d’otite moyenne aiguë ;
la fréquence des germes résistants – le tabagisme ou l’allergie respiratoire sont des
aux antibiotiques, en particulier Hæmophilus facteurs fréquemment retrouvés comme favorisant la
influenzæ et Moraxella catarrhalis sécréteurs persistance d’épanchement résiduel ;
de bêtalactamases, Streptococcus pneumoniæ – les otites moyennes aiguës sont volontiers saison-
ou pneumocoque de sensibilité diminuée nières (automno-hivernales) suivant les épidémies
à la pénicilline. d’infections virales ;
• Les indications actuelles de la paracentèse – les garçons sont plus souvent atteints que les filles ;
doivent être parfaitement connues, compte tenu – l’allaitement maternel aurait un rôle protecteur dans la
de l’impact thérapeutique qui peut en découler, survenue des otites moyennes aiguës (protection
en particulier dans les échecs du traitement immune ?) ;
par antibiotique et dans les otites récidivantes. – la carence martiale, le reflux gastro-œsophagien sont
• L’otite moyenne peut, enfin, être le premier des facteurs souvent incriminés et recherchés chez le
stade, par l’exsudat qui persiste chez la moitié nourrisson ;
des enfants au-delà du 15e jour, d’une otite – les facteurs socio-économiques entrent en jeu dans
séromuqueuse ou d’une otite à répétition. la fréquence et la gravité des otites (malnutrition,
hygiène de vie).

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OTITES AIGUËS

Diagnostic positif En cas d’otorrhée, celle-ci doit être aspirée ou « tampon-


née » afin d’apercevoir la perforation qui peut être dans
la partie inférieure du tympan (déclive), ou supérieure
Signes fonctionnels du tympan (non déclive, pas de drainage spontané).
Ils associent une otalgie, une hyperthermie inconstante,
dans le sillage d’une infection respiratoire virale. Diagnostic bactériologique
• L’otalgie se manifeste chez le nourrisson par des cris,
des pleurs, une irritabilité. Il repose sur la paracentèse et non pas sur le prélève-
• Une otorrhée peut aussi révéler une otite moyenne ment pharyngé (dont l’intérêt est cependant épidémio-
aiguë entraînant généralement une sédation rapide des logique).
symptômes. • Les indications de la paracentèse sont :
– enfant de moins de 3 mois ;
Signes généraux – enfant immunodéprimé ;
– en cas de complication (mastoïdite, méningite) ;
• La fièvre (observée chez 50 à 70 % des cas) oscille – en cas d’échec thérapeutique ou de résistance au trai-
entre 38,5 et 40 ˚C. tement après un traitement probabiliste.
• Souvent, c’est une symptomatologie extra-auriculaire • Avant l’âge de 18 mois, s’il s’agit de premières otites,
qui attire l’attention des parents, du médecin : anorexie la paracentèse est réalisée sans anesthésie ou après
récente, irritabilité, insomnie, troubles digestifs application locale de pommade anesthésiante (EMLA).
(diarrhée, vomissement) où l’examen clinique doit • Au-delà de cet âge et chez un enfant qui a subi plusieurs
obligatoirement comporter une otoscopie. paracentèses, l’anesthésie générale peut être nécessaire
• Certains tableaux cliniques peuvent être évocateurs : car irréalisable dans des conditions habituelles. Le pus
– d’une otite à Hæmophilus influenzæ quand existe de l’otorrhée est aspiré dans un cathéter, introduit dans
simultanément une conjonctivite (rencontrée dans un portagerme pour examen bactériologique et antibio-
15 % des cas), et quand Hæmophilus est isolé dans gramme. On retrouve des germes dans 70 % des cas,
75 % des cas ; cela signifie que dans 25 à 30 % des cas, les prélèvements
– d’une otite à pneumocoque (en cas d’otite hyper- sont stériles.
algique) avec hyperthermie (rencontrée dans 50 % des • Les principaux germes responsables sont :
cas d’infection à pneumocoque) ; – Hæmophilus influenzæ (40 % des otites), dont 40 %
– chez les nouveau-nés et le nourrisson de moins de des souches sont sécrétrices de bêtalactamases ;
3 mois, Streptococcus pneumoniæ, Hæmophilus sont – Streptococcus pneumoniæ ou pneumocoque (30 % des
le plus souvent isolés, mais le Staphylococcus aureus, otites). La résistance aux bêtalactamines correspond à
Pseudomonas æruginosa, le streptocoque B, des entéro- des modifications des protéines de liaison à la péni-
bactéries (Proteus æruginosa, Escherichia coli, cilline. On parle de pneumocoques de sensibilité
Enterobacter) sont isolés dans 25 % des cas justifiant diminuée à la pénicilline Sp RP qui sont généralement
une paracentèse systématique à cet âge avec antibio- des souches de portage de sérotypes dits non invasifs.
gramme. La fréquence de ces souches est passée en France à
60 %, 70 % en Île-de-France. Les souches résistantes
Otoscopie (dont la concentration minimale inhibitrice [CMI] est
supérieure à 1 mg/L) sont devenues plus nombreuses
C’est probablement l’un des examens les plus difficiles que les souches intermédiaires (CMI comprise entre
à réaliser et à interpréter : l’enfant bouge, est mal mainte- 0,1 et 1 mg/L) avec comme corollaire une différence
nu, le conduit auditif externe est encombré de débris céru- significative quant au taux de guérison par les bêta-
mino-épidermiques, le matériel d’otoscopie est inadapté. lactamines.
L’enfant est assis sur les genoux de sa mère qui maintient – Moraxella catarrhalis (10 à 15 % des otites) est pro-
les bras et le front (otoscopie, miroir de Clar, optique), ducteur de bêtalactamases dans 85 % des cas.
ou est couché sur une table d’examen maintenu de la
même façon (microscope). Diagnostic évolutif
Il faut disposer d’un jeu de spéculums de tailles diffé-
rentes, d’une micropince, voire d’un microcrochet pour • L’efficacité du traitement est évaluée sur l’améliora-
ôter les débris qui masquent éventuellement le tympan. tion des symptômes : fièvre, douleur.
Normalement le tympan est gris rosé, avec le manche du En cas de suspicion d’otite à pneumocoque (vie en
marteau blanc nacré et le triangle lumineux. collectivité, antécédents d’otite moyenne aiguë traitée
Au tout début de l’otite, le tympan est rosé, le manche par aminopénicilline dans les 3 derniers mois, âge
du marteau est rouge, par dilatation des capillaires l’en- inférieur à 18 mois), une évaluation à la 48e heure est
tourant. indispensable.
Au stade collecté, le tympan est bombé, rouge ou lie- Malgré une antibiothérapie de plus en plus adaptée à
de-vin, d’aspect pseudo-polypoïde, le manche du mar- l’épidémiologie, on retrouve 10 % d’échecs cliniques
teau n’est plus visible. qui concernent particulièrement le pneumocoque,

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Oto-rhino-laryngologie

lorsque l’otite survient en dessous de 18 mois et qu’il Le cotrimoxazole n’est plus utilisé compte tenu de la
existe d’une façon concomitante une infection virale. résistance du streptocoque de sensibilité diminuée à la
Les défauts d’observance du traitement sont aussi fré- pénicilline. L’association érythromycine sulfisoxazole
quemment retrouvés (arrêt prématuré du traitement, active in vitro sur le streptocoque, de sensibilité dimi-
dose insuffisante). nuée à la pénicilline, montre un taux d’échec clinique
• L’échec clinique se manifeste dans les 48 à 72 h qui important vis-à-vis de ce germe.
suivent le début du traitement antibiotique par l’absence
d’amélioration ou par l’aggravation de la symptomato- 2. Aspirine et paracétamol
logie. La paracentèse est obligatoire, avec examen Ils sont utilisés systématiquement pour traiter la fièvre et
bactériologique et recherche de germes résistant au les douleurs.
traitement initial (pneumocoque de sensibilité diminuée
à la pénicilline). 3. Corticoïdes et anti-inflammatoires
• Un exsudat stérile ou une otite séreuse persiste chez non stéroïdiens
50 % des enfants au 15e jour, chez 30 % des enfants au Il n’y a pas assez d’études cliniques pour démontrer
30e jour, même avec un traitement antibiotique efficace. l’efficacité en termes de rapidité de disparition de
Cette otite séreuse peut faire le lit : symptômes, de prévention de l’otite séreuse résiduelle
– de l’otite séromuqueuse (avec épanchement en utilisant des corticoïdes et des anti-inflammatoires
muqueux) ; ses conséquences sur l’audition, la parole, non stéroïdiens.
sont d’autant plus importante que l’enfant est jeune ;
– de l’otite moyenne aiguë à répétition, le liquide de 4. Soins locaux
l’oreille moyenne servant de milieu de culture pour le Les lavages de nez au sérum physiologique, le mouchage
développement des germes issus du rhino-pharynx. Il avec ou sans utilisation d’une mouchette, les anesthé-
se peut que la paracentèse puisse diminuer la fréquence siques locaux dans le conduit auditif externe repré-
de ses otites séromuqueuses résiduelles. sentent les soins locaux les plus efficaces.
• Les complications telles que la mastoïdite, les infec-
tions labyrinthiques (surdité d’oreille interne, vertiges, 5. Paracentèse
acouphènes), la paralysie faciale, les méningites, les Une paracentèse est pratiquée en cas d’échec du traitement
abcès extraduraux et cérébraux, la thrombophlébite du antibiotique évalué à la 48e ou 72e h, nécessitant une
sinus latéral, sont devenues exceptionnelles en France, aspiration pour examen bactériologique et un antibiogramme
depuis l’utilisation systématique des antibiotiques dans spécialement s’il s’agit d’un pneumocoque résistant.
le traitement de l’otite moyenne aiguë.

Indications
Traitement
L’attitude thérapeutique a été définie lors du consensus
sur le traitement de l’otite moyenne aiguë en 1996 et
Moyens tient compte de l’évolution des résistances des germes.
• Il existe un syndrome otite-conjonctivite : l’infection
1. Antibiotiques à Hæmophilus influenzæ est probable.
Les macrolides ne sont pas recommandés du fait de la Il faut prescrire soit amoxicilline-acide clavulanique
résistance habituelle d’Hæmophilus influenzæ, et acquise 80 mg/kg/j soit une céphalosporine de 2e ou 3e génération.
du pneumocoque, y compris pour les nouveaux macro- • Il n’y a pas de facteur de risque d’infection à pneu-
lides actuellement commercialisés. mocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline
L’amoxicilline ne peut être utilisée en raison de l’émer- (enfant de plus de 2 ans, pas de vie en collectivité, pas
gence des souches d’Hæmophilus influenzæ sécrétrices de traitement dans les 3 derniers mois par des amino-
de bêtalactamase. pénicillines) :
En revanche, la posologie élevée, 150 à 200 mg/kg/j est – utilisation des 3 classes de céphalosporines ;
utilisée dans le traitement des otites à Streptococcus – utilisation de l’association érythromycine-sulfisoxazole.
pneumoniæ de sensibilité diminuée à la pénicilline. • Il existe des facteurs de risque d’infection à pneumo-
Compte tenu de la fréquence des souches d’Hæmophilus coque de sensibilité diminuée à la pénicilline (v. supra),
influenzæ, de Moraxella catarrhalis et de staphylocoque il faut utiliser :
productrices de bêtalactamases, il faut donc utiliser des – amoxicilline acide clavulanique 80 mg/kg/j en 3 prises ;
céphalosporines orales, l’association amoxicilline-acide – cefpodoxime Proxétil 8 mg/kg/j en 2 prises ;
clavulanique, stables aux bêtalactamases. – céfuroxime Axétil 30 mg/kg/j en 3 prises.
En ce qui concerne le streptocoque de sensibilité diminuée La durée de l’antibiothérapie est de 8 jours ; le nombre
à la pénicilline, l’activité des céphalosporines de de prises quotidiennes doit être respecté.
1re génération est modérée, meilleure pour celles de 2e et • La durée du traitement antibiotique peut être réduite à
3e générations (sauf exception), l’amoxicilline acide 5 jours s’il n’existe pas de facteurs de risque d’infection
clavulanique. à pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline.

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OTITES AIGUËS

• En cas d’échec du traitement à la 48e-72e heure : la Points Forts à retenir


paracentèse avec étude bactériologique-antibiogramme
est indispensable à la recherche d’un pneumocoque • Ne pas méconnaître l’épidémiologie
résistant. et l’évolution des résistances des germes
Si la concentration minimale inhibitrice de ce germe est de l’otite moyenne aiguë aux antibiotiques.
inférieure à 2 mg/L : amoxicilline 150 mg/kg/j en • Ne pas utiliser les antibiotiques dans l’otite
2 prises par jour ; si elle est supérieure à 2 mg/L : moyenne aiguë sous forme de « recette »,
céphalosporine de 3e génération injectable (ceftriaxone, chaque enfant est un cas particulier
céfotaxime), à raison de 50 mg/kg/j une injection intra- et l’antibiothérapie doit être, si possible,
musculaire par jour pendant 3 jours. ■ adaptée au germe présumé.
• Connaître les critères de gravité de l’otite
moyenne aiguë et les risques d’infection
à pneumocoque de sensibilité diminuée
POUR EN SAVOIR PLUS à la pénicilline.
• Connaître les indications et les modalités
Gehanno P, Barry B. Les otites moyennes aiguës. Encycl Med Chir.
pratiques de réalisation de la paracentèse.
Paris : Elsevier, ORL, 1997, 20 085 A 10 : 5 p. • Savoir que dans les 2 ans à venir, des vaccins
conjugués pneumococciques seront disponibles
Xe Conférence de consensus en thérapeutique anti-infectieuse. sur le marché et permettront de diminuer
Les Infections ORL. Revue de la Société de pathologie infectieuse d’une façon très importante les otites
de langue française 1996, tome 26, supplément juin.
à pneumocoques.

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