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Points Forts à comprendre une nécrose de la paroi de l’anse invaginée, avec diffusion
de sang dans la lumière du tube digestif.
2. Conséquences
Les conséquences de l’invagination intestinale aiguë sont
doubles : elle entraîne une occlusion par obstruction de la ter un lymphome digestif. L’invagination intestinale aiguë
lumière intestinale, et une strangulation du mésentère du peut également survenir au cours d’une mucoviscidose, ou
segment invaginé, qui fait toute la gravité de la maladie. d’un purpura rhumatoïde.
La compression veineuse et lymphatique qui découle de • À part, citons les invaginations postopératoires, qui peu-
cette strangulation est responsable d’un œdème qui aggrave vent survenir dans les deux premières semaines après une
l’occlusion, et d’une hypersécrétion muqueuse. La com- chirurgie abdominale ou rétropéritonéale. Dans 90 % des
pression artérielle mésentérique entraîne une ischémie puis cas, elles sont iléo-iléales.
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« ASP d’invagination iléo-colique. »
Notez le peu d’air dans le cæcum, la grisaille de l’hypochondre 2
droit (siège de la tête du boudin d’invagination), et l’air para- « ASP d’occlusion aiguë du grêle. » Notez la distension des
doxal dans le côlon d’aval. anses grêles, et l’absence d’air dans le côlon.
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3 Invagination intestinale aiguë : aspect en
Échographie d’invagination intestinale aiguë : aspect en cocarde. pince de homard au lavement opaque.
2. Formes cliniques
Physiopathologie – Invaginations intestinales aiguës du nouveau-né, très
• Occlusion directe par obstruction de la lumière intestinale. rares, qui sont presque toujours organiques.
• Compression veineuse : – Piège diagnostique des formes pseudo-convulsives et
– œdème qui aggrave l’occlusion ; pseudo-neurologiques : il faut savoir penser à l’invagina-
– hypersécrétion muqueuse. tion devant un enfant adressé pour absences ou convulsions
• Compression artérielle : ischémie, puis nécrose du segment inva-
giné. (en particulier sans fièvre).
– Formes pouvant simuler une gastro-entérite.
– Invaginations intestinales aiguës bien tolérées du grand
enfant, évoluant souvent depuis plusieurs jours.
Diagnostic – Invaginations intestinales aiguës iléo-iléales, réalisant un
tableau clinique d’occlusion précoce du grêle.
Épidémiologie – Invaginations intestinales aiguës colo-coliques, raris-
simes, en rapport avec une insuffisance d’accolements
L’invagination survient chez l’enfant de 3 mois à 3 ans dans coliques, pouvant se révéler par un prolapsus du boudin
90 % des cas, et à 60 % avant 1 an. Elle touche 80 % de d’invagination par l’anus. À noter qu’un boudin prolabé
garçons. Son incidence annuelle est évaluée à environ 5 ‰ par l’anus peut se voir également dans les invaginations
admissions en chirurgie pédiatrique, incidence qui semble intestinales aiguës iléo-coliques classiques.
sous influence de facteurs épidémiques et saisonniers. Le diagnostic d’invagination intestinale aiguë doit être sus-
pecté, et donc éliminé, chez tout enfant de 3 mois à 3 ans
Diagnostic clinique présentant des douleurs abdominales et (ou) des vomisse-
1. Présentation clinique habituelle ments.
• L’interrogatoire cherche à mettre en évidence la triade Examens complémentaires
classique de l’invagination associant douleurs abdominales,
vomissements et rectorragies. 1. Abdomen sans préparation (ASP)
• Les douleurs abdominales sont des douleurs paroxys- Il doit être systématique. Réalisé de face, en décubitus dor-
tiques, à début souvent très brutal. Elles s’accompagnent sal et en orthostatisme, il recherche (document O1 et 02) :
classiquement d’accès de pâleur inhabituelle. Elles se mani- – une opacité ovalaire, image directe du boudin d’invagi-
festent par un refus du biberon, associé à des cris ou des nation, parfois cerclée par de l’air, et siégeant le plus sou-
pleurs. Les crises douloureuses sont spontanément résolu- vent dans la région sus-hépatique ou sur le côlon trans-
tives, et en dehors des crises, le nourrisson est strictement verse ;
normal. – une fosse iliaque droite vide, avec disparition du granité
• Les vomissements, alimentaires au début, sont fréquents. cæcal ;
Initialement, ils sont le reflet végétatif de la souffrance – la présence d’air « paradoxal » dans le côlon d’aval.
mésentérique. Ensuite, ils deviennent bilieux et traduisent Des niveaux hydro-aériques peuvent être présents, témoins
l’occlusion du grêle. d’une occlusion du grêle parfois sévère : ils prédisent un
• Les rectorragies peuvent être franches et spontanées. Par- risque plus élevé d’échec du lavement. Il recherche égale-
fois, il s’agira de simples traces muco-sanglantes dans les ment des complications, telles qu’un pneumopéritoine, des
selles ou sur la couche. signes radiologiques d’épanchement intrapéritonéal, ou des
• La palpation abdominale recherche le boudin d’inva- anses intestinales préperforatives.
gination, masse constituée par les deux anses intestinales L’abdomen sans préparation peut être normal, ce qui n’éli-
invaginées. Il peut siéger sur tout le cadre colique, avec une mine pas le diagnostic d’invagination.
prédominance dans la région sous-hépatique et sur le côlon
transverse. Le boudin d’invagination est rarement palpé ; 2. Échographie
il doit être recherché de préférence en dehors des crises • Indications : c’est actuellement l’examen clé. Pour une
douloureuses, lorsque l’enfant est asymptomatique. majorité d’équipes, elle doit être systématique. Pour
• Le toucher rectal doit être systématique, à la recherche d’autres, elle n’est à réaliser qu’en cas de doute diagnos-
de sang sur le doigtier en cas de rectorragies non extério- tique, faisant hésiter à réaliser d’emblée un lavement. Elle
risées. est en tous cas indispensable lorsque l’état clinique de l’en-
• La fièvre est présente dans 30 % des cas, en rapport avec
l’infection virale souvent incriminée.
• L’examen clinique recherche enfin des signes de gra- Signes radiologiques évocateurs
vité, contre-indiquant le lavement : altération sévère de à l’abdomen sans préparation
l’état général, météorisme abdominal avec défense, col-
lapsus ou état de choc, déséquilibres hydro-électrolytiques • Opacité ovalaire ± cerclée d’air, dans l’hypochondre droit.
• Fosse iliaque droite vide : disparitin du granité cæcal, absence d’air.
sévères, ou rectorragies massives. Ces formes graves sont • Présence d’air paradoxal dans le côlon d’aval.
actuellement très rares (moins de 5 % des invaginations • Niveaux hydro-aériques, témoins d’une occlusion du grêle.
intestinales aiguës).