Chapitre I
PROCESSUS PSYCHIQUE
DE LA PUBERTÉ
Chapitre II
LE PROCESSUS PSYCHOLOGIQUE
DE L’ADOLESCENCE
LES TÂCHES PSYCHIQUES DE L’ADOLESCENCE
Chapitre III
LE PROCESSUS PSYCHOLOGIQUE
DE LA POSTADOLESCENCE
Chapitre IV
SOCIÉTÉ ADOLESCENTRIQUE
• Interminables adolescences, les 12-30 ans, Paris, Cerf, 1988 [2002], 222 p.
• Le sexe oublié, Paris, Flammarion, 1990, 338 p.
• Adolescences au fil des jours, chronique des paroles et des maux d'adolescents, Paris,
Cerf, 1991 [2002], 224 p.
• Non à la société dépressive, Paris, Flammarion, 1995.
• Entre adultes et adolescents, chronique au fil des jours, Paris, Cerf, 1995 [1997,
2004], 256 p.
• L'amour et le préservatif, Paris, Flammarion, 1995.
• La différence interdite : sexualité, éducation, violence. Trente ans après 68, Paris,
Flammarion, 1998, 327 p.
• La liberté détruite, drogue et toxicomanie, Paris, Flammarion, 2000 [2005], 224 p.
• Epoux, heureux époux, essai sur le lien conjugal, Paris, Flammarion, 2003, 171 p.
• Le règne de Narcisse, Les enjeux du déni de la différence sexuelle, Paris, Presses de la
Renaissance, 2005.
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IDÉES-FORCES
Les lois psychologiques sont universelles, mais leur vécu revêt pour chaque individu
un caractère singulier.
Progressivement, la famille s’est centrée autour de l’enfant, et l’on dit ainsi de la famille
moderne qu’elle est mononucléaire. Si cette évolution a produit une perte de sociabilité et un
gain d’affectivité, la famille parentale demeure, pour l’enfant, ce qui permet la
structuration de sa personnalité.
L’adolescence est l’âge privilégié du XXème siècle. C’est à la fois une construction sociale et
un processus psychique, et pas une nature.
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DÉVELOPPEMENTS ESSENTIELS
Le développement des idées et des attitudes lors des années 60 a favorisé une
juvénilisation de la société, et l’adolescence est devenue l’âge privilégié du 20e siècle. C’est
une période qui se prolonge de plus en plus tardivement en exerçant une force d’attraction sur
les enfants comme sur le adultes. Ce fait est inquiétant, dans la mesure où nous ne sommes
plus dans l’ordre de la coopération entre les générations, mais dans un mouvement de déni de
la maturité.
Parler de culture adolescente est un abus de langage, et la notion de « culture adolescente » est
un sophisme. En effet, les tâches psychiques sont restées les mêmes au cours de ce siècle, et
c’est surtout leur mise en œuvre qui varie d’une génération à l’autre.
Loin des schémas mécaniques de l’Ancien Régime, les situations sociales auxquelles peuvent
aujourd’hui prétendre les jeunes passent essentiellement par la voie de l’éducation et par
l’obtention de diplômes. Cela amène à centrer l’intérêt de la famille sur l’éducation des
enfants, et l’enfant lui-même va devenir un capital à développer au mieux de ses possibilités,
avec le souci de faire mieux et plus que ses géniteurs. Toutefois, certains adultes, qui n’ont
pas réussi à résoudre le complexe d’Œdipe avec leurs parents, se tournent paradoxalement
vers leurs enfants et, en les prenant comme les représentants symboliques de la loi,
escomptent par leur intermédiaire trouver la solution.
Il n’est pas juste de dire que les jeunes sont plus matures aujourd’hui. Ils savent, sans doute,
davantage de choses que leurs aînées à leur âge, ils sont peut-être plus éveillés à certaines
réalités, mais cela n’entraîne pas nécessairement une maturation authentique. Ils peuvent vivre
des activités nouvelles sur un mode infantile dans une relation de « bébés couples » sans pour
autant grandir affectivement. D’autres peuvent être insérés socialement dans une vie
professionnelle qu’ils utilisent comme défense pour s’opposer au travail psychique dans leur
personnalité.
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Chapitre I
PROCESSUS PSYCHIQUE DE LA PUBERTÉ
Une mode a voulu faire des éducateurs des témoins écoutants et compréhensifs ayant la
volonté de ne rien imposer. Ces pédagogies du "laisser-faire" s’inspirant d’une mauvaise
maîtrise de ce que l’on a appelé les méthodes non directives ont contribué à éparpiller les
personnalités des enfants. Ils n’ont donc plus de références en terme de valeurs éthiques et
sociales. Ils se retrouvent éparpillés sans avoir développé leur savoir, leur autonomie, et leur
liberté.
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* Les conditions de l’acquisition de l’identité sexuelle
La croyance en un sexe unique est très forte pendant l’enfance. La découverte et
l’acceptation de différences sexuelles, vont permettre à l’adolescent de s’unifier et de trouver
une plus grande confiance en lui-même. La puberté vient défaire cette croyance et pose une
fois de plus le problème de l’identité sexuelle dans une double perspective : l’acceptation de
son corps sexué, et le besoin de s’inscrire dans une continuité psychique qui assure la
cohérence de la personnalité de l’intérieur et de l’extérieur de soi.
* La pression pulsionnelle
Le pubère, puis l’adolescent, vit avec un sentiment de vide et d’étrangeté par rapport à
lui-même. Les modes de satisfaction libidinale des premières années de la vie sont réactivées
avec l’oralité et l’analité.
* Le surmoi escamoté
La culpabilité est rejetée, projetée, déchargée sur le groupe ou sur un leader et, au nom
de cette force, le fautif, c’est l’autre, les parents, voire une classe sociale.
Chapitre II
LE PROCESSUS PSYCHIQUE DE L’ADOLESCENCE
LES TÂCHES PSYCHIQUES DE L’ADOLESCENCE
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s’amorce avec les premiers liens de la période infantile. L’adolescent est pris dans une sorte
de contradiction : à la fois, il recherche des objets d’amour oedipien et, en même temps, il
veut désinvestir ses objets
Une période trouble commence avec l’adolescence. La libido reste flottante, c’est l’époque de
l’amoureux chez la fille, de l’ami idéalisé chez le garçon, mais sur le modèle narcissique
plutôt qu’objectal. Le risque encouru par l’adolescent est lié à l’ambiguïté du rôle de l’objet
interne. Le travail de cette période consiste bien à commencer à se détacher d’une certaine
position oedipienne des parents aussi bien dans sa relation incestueuse hétérosexuelle que
dans sa relation incestueuse homosexuelle, avec le risque de rejeter en même temps l’appareil
psychique, le surmoi, l’idéal du moi étant condamnés à ne plus fonctionner.
– Chez la fille : la fille, à ce stade, vit des attachements affectifs très intenses et exclusifs.
L’élu(e) est fortement idéalisé et érotisé. Le « béguin » est une forme d’idéalisation typique. Il
peut aussi bien viser un homme qu’une femme, mais lorsqu’il se porte sur un sujet féminin, il
se présente sous sa forme pure.
* LA RÉORGANISATION DU MOI
* Les conduites précoces et réactionnelles
Le couple précoce apparaît pour l’adolescent une solution à ses problèmes affectifs, un
moyen d’acquérir de l’indépendance et de mettre à distance ses problèmes. Ce n’est pas parce
que la relation ou le mariage était précoce que le couple se dissocie, mais parce que la plupart
de ces relations de couple réunit des personnalités immatures.
* Le deuil de l’enfance
Ce meurtre de l’enfance est structurant, car il permet une fortification du moi.
* La surestimation de soi
L’adolescent se déprime facilement car il se heurte à des désillusions et à ses limites.
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l’adolescent qui n’est pas reconnu en tant que tel est le parent du même sexe »1. Ce constat,
paradoxal, est à la mesure des ambivalences de l’adolescence. En effet, plus le rejet du parent
du même sexe est fort, et plus l’adolescent exprime qu’il a besoin de lui pour se construire,
par identification.
Le fils tire en effet une très grande fierté lorsqu’un père accepte de partager des activités avec
lui et – même si elles restent plus proches de leur mère que les garçons de leur père – il en est
de même pour les filles. Seulement, il est important de savoir que cette relation ne commence
pas avec l’adolescence. Elle a une histoire et l’adolescence ne fait que révéler les rencontres et
les rendez-vous manqués entre parents et enfants.
À l’opposé, on assiste à l’extension des jeux de rôles, vécus par des adolescents dans leur vie
réelle pendant plusieurs jours et parfois des mois. Ces scénarios ressemblent aux grands jeux
que l’on pratiquait autrefois dans les colonies de vacances ou dans les camps scouts, mais ont
un profil bien différent dans la mesure où ils vont envahir psychologiquement et
matériellement l’ensemble de la vie de ceux qui les incarnent. Les psychologies juvéniles
étant moins organisées et plus morcelées, on risque donc des accidents schizoïdes, ou
l’adoption de conduites additives.
Le jeune alterne en fait entre deux états : le deuil et l’état amoureux. L’autre sexe n’apparaît
plus comme un manque mais comme une complémentarité. À l’adolescence, ce sont surtout
des identifications extra-familiales qui vont être recherchées. Depuis plusieurs années les
groupes de jeunes jouent un rôle très conformiste sur les attitudes des adolescents. Sous le
couvert d’une pseudo originalité, il y a peut être là une défense contre sa propre individuation
au bénéfice d’une conduite standardisée.
1
Peter BLOS, revue Adolescence, -1985, t.3, « Fils de son père ».
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* LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ
* Le processus d’individuation renforce le moi
L’adolescence est la période de la mise en place d’une nouvelle économie des pulsions
et des découvertes qui engagent la personnalité. Selon Peter Blos, cinq critères organisent
alors la dynamique du processus de consolidation du moi :
1. Les fonctions et les intérêts du moi se sont stabilisés dans une individuation singulière
propre au sujet.
2. Le sujet est devenu "autonome", il n’est plus soumis à des luttes internes inhibantes. Le moi
n’utilise plus son potentiel énergétique à résoudre ses conflits pulsionnels.
3. L’identité sexuelle est acquise et constante dans la primauté génitale.
4. La représentation de soi et des relations objectales est relativement constante.
5. Les appareils mentaux sont stabilisés et protègent l’intégrité des structures de la
personnalité.
Chapitre III
LE PROCESSUS PSYCHOLOGIQUE
DE LA POSTADOLESCENCE
* LA POSTADOLESCENCE : UNE APPLICATION NOUVELLE DU CONCEPT
L’allongement de l’adolescence est un phénomène récent, produit par des
conséquences historiques, par l’allongement de la scolarité et par d’autres modifications des
conditions de vie à partir de la fin du XVIIème siècle. Dans cette situation particulière
correspondant à un réaménagement de la personnalité qu’est la postadolescence, l’essentiel du
travail s’effectue dans l’articulation de la vie psychique avec l’environnement. Si le problème
de la fin de l’adolescence peut être considéré comme un faux problème nous aurions tord de
penser que nous sommes soumis à l’adolescence éternelle. Le rapport au temps actuel est vécu
sur un modèle juvénile : celui de l’instant qui dure, et non pas celui d’une temporalité. La
postadolescence est un nouvel âge de la vie aux tâches bien spécifiques pour mettre en place
une vie psychique complexifiée au fil du temps. Elle se commence aux alentours de 23 ans.
* L’autonomie psychique
Il est plus sécurisant aussi bien effectivement que matériellement de vivre chez ses
parents, quand la famille devient un lieu de référence historique et affectif qui donne un
sentiment de continuité avec soi-même. Il est d’ailleurs fréquent de voir des enfants ayant
quitté le foyer parental qui font davantage acte de présence que lorsqu’ils y étaient à demeure.
Cet exemple donne sens à la distinction à opérer entre autonomie (capacité psychique à
exister par soi-même) et indépendance (surtout relative aux besoins matériels).
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désir de satisfactions immédiates. Le moi névrosé donne alors des personnalités qui se
plaignent de tout et de rien. L’absence de projet social laisse supposer un avenir limité ou de
toute façon sans lendemain.
Chapitre IV
SOCIÉTÉ ADOLESCENTRIQUE
* Vers l’adolescence
L’adolescence est un fait récent, puisqu’on sait que l’adolescence se confondait avec
l’enfance jusqu’au 18ème siècle. Mais il faut aussi se souvenir qu’à chaque époque depuis le
16ème siècle, un âge a été privilégié.
– À la fin du 16ème siècle, dans la vie sociale les éducateurs et les pédagogues
manifestent de l’intérêt pour l’éducation des enfants.
– Au début du 17ème siècle, l’enfant est considéré pour lui-même. La vie familiale
intègre le souci de l’éducation morale et de la formation de la raison et du caractère.
– Au milieu du 17ème siècle, le thème dominant est celui de la jeunesse représentée par
l’image de l’homme complet du 16e et du 17e siècle, qui est un jeune homme,
« l’officier à l’écharpe ».
– Au 18ème siècle, l’adolescence n’est plus tout à fait liée à l’enfance. Deux personnages
l’illustrent : le chérubin (essentiellement mis en scène dans la littérature) et, surtout, le
modèle du conscrit (dont la force virile sera valorisée).
– Le 19ème siècle est le siècle de l’enfance. Il va consacrer les idées du 14ème siècle.
Alors que les enfants étaient mêlés à la vie des adultes, ils sont désormais séparés et
considérés pour eux-mêmes. L’enfant est également représenté par sa grâce et son
charme. Ce sentiment est devenu moderne. Il fait partie des clichés actuels.
– Au 20ème siècle, après avoir été très nettement séparé de la vie des adultes, de la vie
familiale, l’enfant, dans nos sociétés modernes, s’y trouve très impliqué. À nouveau, il
est vécu comme un adulte en réduction au sein d’une relation de vis-à-vis et très
souvent de couple enfant / adulte.
Progressivement, la famille s’est centrée autour de l’enfant pour donner naissance à la famille
moderne, réduite aux parents et aux enfants. Philippe Ariès note que, dans ce passage, il y a
eu une perte de sociabilité, l’homme devenant isolé, reclus, d’une part dans sa famille, d’autre
part, dans sa profession. En revanche, il y a eu, quelles que soient les relations parents-
enfants, gain de l’affectivité et à l’intérieur du couple les relations psychologiques et
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sentimentales ont atteint une importance, un degré et une recherche de qualité affective qui
n’existaient pas auparavant.
* LA SOCIÉTÉ ADOLESCENTRIQUE
* Le modèle de l’affectivité juvénile
Ce ne sont plus les adultes qui donnent le rythme du temps, mais les adolescents.
D’ailleurs, nous vivons tous plus ou moins en fonction des rythmes scolaires. Les références
éducatives sont à l’origine d’une nouvelle orientation de la relation aux jeunes de la part des
adultes. Une société adolescentrique s’installe. De nombreux adultes sont eux-mêmes de
grands adolescents dont la vie affective n’est pas toujours stabilisée. Une société que l’on veut
fraternelle, où il n’y a plus de parents ni d’enfants mais des frères et des copains, devient
progressivement perverse. Nous ne sommes plus dans l’ordre de la coopération entre les
générations, mais dans un mouvement de déni de la maturité. Dans bien des cas, en effet, la
relation de parents/adolescents s’effacent ou se clivent dans une relation d’« adultes-
adolescents » (les adulescents) à leurs « enfants-adolescents » (les adolescentriques).
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– La tendresse prime sur l’amour, la relation de conservation, de protection, prime sur la
relation objectale.
– L’intensité émotionnelle est confondue avec le sentiment amoureux ; la relation reste
du domaine de l’immédiat, de l’instant, et a des difficultés à s’inscrire dans la durée.
– Le désir d’un enfant est plus une recherche de réassurance narcissique de soi-même ou
de défense contre sa sexualité oedipienne que le fait de transmettre la vie et d’inscrire
l’enfant dans une histoire relationnelle et conjugale.
– La relation de couple est devenue une affaire privée que l’on veut protéger de façon
narcissique dans la crainte de la voir dénaturée par le mariage institutionnel.
En refusant ses origines dans le fantasme d’une génération spontanée qui sert le mythe
de l’adolescent révolté et contestataire, la « génération 68 » s’est aussi coupée de l’histoire.
L’image du père a été confondue avec celle du grand frère, les nouvelles générations ont du
mal à s’inscrire dans la filiation. La société actuelle est, en ce sens, malade de l’image du
père, et les relations entre parents et enfants ne sont plus alimentées, pour l’ensemble, par
l’idée du conflit des générations. Fuyant ce conflit constructif, les adultes disparaissent au
contraire derrière leur culpabilité, et laissent le terrain inoccupé au moment où l’adolescent a
besoin d’une fonction parentale leur permettant de structurer leur personnalité.
Les personnalités juvéniles ont toujours vécu une période narcissique pour se structurer, en se
prenant comme objet d’intérêt. Mais aujourd’hui, l’utilisation du narcissisme de confirmation
s’efface devant un narcissisme de défense et de protection. Cela explique notamment que les
jeunes, fragilisés dans leur idéal du moi, reçoivent le moindre reproche scolaire comme une
atteinte à leur intégrité psychologique.
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CRITIQUES POSSIBLES
À un niveau historique et plus analytique, Tony Anatrella rappelle deux idées essentielles :
1) « Progressivement, la famille s’est centrée autour de l’enfant, et l’on dit ainsi de la
famille moderne qu’elle est mononucléaire. Si cette évolution a produit une perte de
sociabilité et un gain d’affectivité, la famille parentale demeure, pour l’enfant, ce qui
permet la structuration de sa personnalité. »
2) « L’adolescence est l’âge privilégié du XXème siècle. C’est à la fois une construction
sociale et un processus psychique, et pas une nature. »
Dans le registre psychologique, mais aussi éducatif, l’auteur adoptent encore des positions qui
ne semblent guère contestées aujourd’hui. Au rang de ces positions figurent bien sûr la
reconnaissance du vécu singulier des lois psychologiques dites « universelles ». On peut aussi
reconnaître à l’auteur de s’opposer au modèle faussement égalitariste du parent-copain, qui
compromet la construction positive de l’enfant « contre » ses parents.
Les analyses du chercheur Anatrella s’inscrivent toutefois dans une autre perspective que
celle d’un questionnement sur l’autorité parentale ou sur les aspects cognitifs de l’éducation.
Avant même de considérer la qualité ecclésiastique de l’auteur, comment, en effet, ne pas
s’étonner du systématisme de son opposition ? Appréhendée sur le mode conservateur de la
complainte, la société française n’apparaît pour lui que sous une forme déclinante, dans
laquelle l’autorité est abdiquée aux adolescents, l’ordre social est anomique, les instances de
socialisation sont pathologiques, la culture est délégitimée et le rire immature :
« Dans bien des cas, sur le plan psychologique, on peut dire que les enfants et les adolescents
sont en train de devenir les pères et les mères de leurs parents. / De nombreux stéréotypes et
de lieux communs viennent encombrer la réflexion au sujet de cette fameuse égalité des sexes,
débat dans lequel on ne sait plus très bien de quoi l’on parle / Un sentiment de liberté sans
limite s’est imposé dans les représentations collectives jusqu’à se protéger de moins en moins
et apparaître complètement nu sur les plages dans les années 70, réconciliant ainsi l’homme
primitif avec l’homme technologique. / Les jeux de rôles (…) vont envahir psychologiquement
et matériellement l’ensemble de la vie de ceux qui les incarnent. (…) Les psychologies
juvéniles sont moins organisées, plus morcelées, on risque donc des accidents schizoïdes. / Au
contraire de Raymond Devos, « Coluche » ne connaissait pas l’humour. Il utilisait la pulsion
à l’état brut : ses excréments restent des excréments et, en plus, il fait rire en disant que ce
sont des excréments. »
Ce sont enfin les allusions « spirituelles » distillées dans l’ouvrage qui trahissent le parti pris
idéologique du père Anatrella, et discréditent conséquemment la force de ses analyses.
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« Les « restos du cœur » sont des coups de cœur médiatiques de coupables. Provenant d’une
générosité qui n’est pas issue d’une attention réelle et honnête aux personnes secourues, ils
ne s’inscrivent pas dans un engament de longue durée comme c’est le cas pour le Secours
catholique, l’Armée du salut, le Secours populaire, les Compagnons d’Emmaüs ou encore
Aide à toutes détresses qui eux s’enracinent dans le temps. / Les sectes sont les religions du
narcissisme ; par contre, les religions du Livre comme le judaïsme et le christianisme sont des
religions oedipiennes. Dans un univers qui dénie le complexe d’Œdipe, la relation a du mal à
accéder au sens de la parole. (…) Nous avons tort de ne pas offrir une réelle éducation
religieuse aux enfants. Sans cette connaissance, ils deviendront vite incapables de se situer
par rapport à l’enracinement judéo-chrétien de la vie sociale, culturelle, festive et religieuse
des sociétés occidentales. La dimension religieuse fait partie de l’existence et il est dommage
de se priver de cette recherche spirituelle. »
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L’AUTEUR ……………………………………………………………………. 3
IDÉES-FORCES ………………………………………………………………. 4
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