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Pour une nouvelle PAC durable,

favorisant l’esprit d’entreprise

1. La Politique Agricole Commune mise en place il y a 40 ans n’est plus adaptée à la


situation actuelle. Les objectifs qui lui ont été fixés dans l’article 39 du traité de
Rome :
– accroître la productivité de l’agriculture,
– assurer ainsi un niveau de vie équitable à la population agricole,
– stabiliser les marchés,
– garantir la sécurité des approvisionnements,
– assurer des prix raisonnables aux consommateurs,

ne correspondraient plus dans les faits ni au niveau de développement de


l’agriculture européenne, ni aux aspirations de la Société notamment en matière de
développement durable.

2. L’édifice de la Politique Agricole Commune et son application dans les Etats Membres
se sont bâtis progressivement par ajouts successifs de réglementations et de mesures.
A l’origine, celles-ci s’emboîtaient parfaitement les unes avec les autres, ce qui
donnait une cohérence à l’ensemble. Au fil des années et, en particulier, depuis la
réforme de 1992, des fissures apparaissent ici ou là dans l’édifice et le rendent
inopérant progressivement tout en alourdissant la gestion administrative des
entreprises agricoles. Les objectifs affichés et les pratiques deviennent incohérents :
on veut de la préférence communautaire et on achète du blé en Ukraine ! On veut
assurer un niveau de vie équitable pour les agriculteurs et on les accuse d’une
entente, ouvrant par là une nouvelle remise en cause des interprofessions. On veut
laisser jouer le marché du blé, mais quand le prix mondial est supérieur au prix
européen, on taxe les exportations.

3. Bref, alors que l’on va élargir l’Union Européenne, il est urgent de redonner des
perspectives et de la cohérence à la Politique Agricole Commune en la réformant en
profondeur et en lui donnant un nouveau souffle. Si le choix du calendrier appartient
aux politiques, une telle réforme ne doit pas se faire dans la précipitation. Elle doit
être précédée d’une déclaration politique claire sur le rôle et la place que doit
occuper l’agriculture dans l’économie de l’Union Européenne. Cet aspect politique
semble aujourd’hui marquer le pas au profit de discussions techniques sur tel ou tel
mécanisme. Cette situation est préjudiciable pour l’avenir du secteur agricole car il
s’agit bien là de l’essentiel.

4. A cette vision politique, il conviendrait d’y associer les Pays d’Europe Centrale et
Orientale (PECO). Comment en effet adopter un projet qui engage sur le moyen long
terme sans y faire adhérer ceux qui en seront les acteurs. Faire des PECO les
spectateurs de la réforme, c’est créer à terme des sources de frustration
génératrices potentielles de remise en cause profonde d’options qui aujourd’hui sont
partagées par une large majorité des 15 comme par exemple les quotas laitiers.

SAF-Agriculteurs de France juin 2003


5. Quelles que soient les orientations qui seront prises, les chefs d’entreprises agricoles
sauront relever les défis. Ils n’ont pas de complexes à avoir et surtout pas en France,
premier pays agricole européen. Mais la confiance ne s’acquière, dans une activité
économique comme l’agriculture, que par de la lisibilité des règles sur le moyen et
long terme.

6. Au-delà des aspirations de la Société, le projet agricole pour l’Union Européenne


devra mieux prendre en compte ce qui favorise l’initiative des chefs d’entreprises
agricoles et leur goût d’entreprendre. Les agriculteurs ont progressé depuis les
années 60. Ils sont beaucoup mieux formés et informés. Ils vivent à l’heure d’Internet
et des démarches « qualités ». Ce sont des entrepreneurs. Il faut leur donner les
moyens d’entreprendre et non pas les placer dans des situations d’optimisateurs de
primes au milieu d’un écheveau de contraintes administratives. La Politique Agricole
Commune se doit donc d’être plus simple et aussi plus efficace.

7. Dans cette perspective, le budget agricole a été fixé jusqu’en 2013, c’est une bonne
chose. Toutefois la répartition des dépenses au sein de celui-ci reste à déterminer
pour la période 2006 – 2013. En tout état de cause, les dépenses agricoles doivent
garder leur caractère obligatoire. Il faut se garder d’affecter ces crédits à des actions
non agricoles comme le développement des territoires ruraux. Les demandes de la
Société en matière d’environnement ou de bien être animal auront un coût qu’il ne
faut pas non plus sous-estimer.

8. Dans ce contexte, l’initiative de la Commission Européenne a le mérite de susciter la


réflexion. Mais les propositions de Franz FISCHLER n’apportent pas nécessairement
les bonnes solutions, sont très incomplètes, et ne donnent pas de lisibilité ni sur
l’approche globale, ni sur le moyen long et terme. Elles ne constituent donc qu’une
base de travail qu’il faut, sans attendre, considérablement améliorer en relation
avec un projet politique fort.

9. La proposition FISCHLER de découplage total , en théorie, semble aller vers la


simplification. Or, de France, telle qu’annoncée, il n’en est rien. Cette mesure, sous
sa forme actuelle, génère beaucoup trop d’inégalités et de complexité dans sa
gestion dans le temps. De plus, si la répartition du volume d’aides allouées aux
exploitations n’est pas identique d’un Etat à l’autre, cela engendrera de facto des
distorsions de concurrence importantes. Enfin, le découplage total est, à terme,
inexplicable et difficilement justifiable aux yeux de la Société. Le découplage tel
qu’il est proposé doit donc être sérieusement amendé.

10. Si découplage il y a cependant, il ne pourra être que partiel. Les primes seront à
rattacher au sol, seule possibilité dans ce cas de simplifier leur gestion et leur
transmission, même si ce système crée une rente sur le foncier. Les primes devront
bénéficier à l’exploitant. Elles pourront être soumises à des conditions de versement
déterminés en fonction des attentes de la Société : préservation de l’environnement,
des paysages, biodiversité… Il s’agit là du meilleur moyen de justifier et d’expliquer
le versement des primes. Les critères de conditionnalité des aides mériteront une
attention particulière et devront être les plus simples possibles. En effet, ces
obligations ont des coûts. Il ne s’agira pas avec ce principe de reporter sur des pays
qui ne les reconnaissent pas, pays en développement ou réputés comme tels, des
pollutions que notre Société refuse.

SAF-Agriculteurs de France juin 2003


11. Par ailleurs il ne faut pas pour autant tout déréguler, tout libéraliser. Sans quoi le
secteur irait à sa perte ! Il est nécessaire de garder un minimum d’outils de
régulation, ce qui n’est pas incompatible avec l’esprit d’entreprise. Des filets de
sécurité de type intervention ou droit de douane sont à conserver.

12. Dans le même temps la gestion des risques agricoles doit devenir une composante à
part entière de la Politique Agricole Commune. Des outils de gestion des risques sont
à développer comme de nouveaux contrats d’assurance, ou des mécanismes comme
le Plan Epargne Risque, proposé par la SAF-agriculteurs de France. Les marchés à
terme et marchés d’options sont aussi à développer. S’ils ne constituent pas des filets
de sécurité, ils permettent de mieux gérer le risque « prix ». La formation jouera ici
un rôle déterminant.

13. A l’échelle nationale, ce mouvement doit s’accompagner d’adaptations juridiques,


fiscales et sociales pour les entreprises agricoles. C’est tout l’objet des travaux de la
commission « Entreprise » de la SAF. En effet il faudra créer les conditions
nécessaires aux entreprises qui produiront des biens et des services, pour se
développer sur leurs marchés, que ceux-ci soit locaux, nationaux, européens ou
mondiaux.

14. Immanquablement les années à venir seront des années de transition vers un nouveau
positionnement du secteur agricole. Comme toute période de transition elle
s’accompagnera d’une réorientation de bon nombre d’entreprises. Aussi faudra-t-il
prendre, tant à l’échelle européenne qu’à l’échelle nationale, les moyens
d’accompagner ce repositionnement.

15. Refuser tout changement de Politique Agricole, c’est subir, c’est accepter sans le dire
une restructuration silencieuse avec son cortège de drames humains. Proposer une
nouvelle PAC en amendant et en modifiant la proposition de la Commission
Européenne c’est être acteur de son destin, c’est prendre en charge son avenir, c’est
se donner le maximum de chances de réussite pour tous, quelles que puissent être les
stratégies individuelles développées.

SAF-Agriculteurs de France juin 2003

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