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Le pain romain

La mouture
La cuisson
Quelques recettes

Werner Hürbin (avec la collaboration de


Marianne Bavaud, Stefanie Jacomet et Urs Berger) Augster Blätter zur Römerzeit 4
Fig. 1 (à droite)
La déesse Demeter (Cérès) envoie
Triptolème, fils du roi Keleos d'Eleusis,
chez les hommes, pour leur transmettre
la connaissance de l'agriculture et
de la fabrication du pain; à gauche,
Persephone, fille de Demeter, donne
a Triptolème les épis de blé.

Relief grec en pierre,


5ème siècle av.J.-C.
Le pain romain

Les céréales
(avec la collaboration de Marianne Bavaud et Stefanie Jacomet
de l'Institut botanique de Bâle)

La culture des céréales apparaît avant du millet et du froment. En Europe, la


les grandes civilisations. En Egypte, les culture des céréales est déjà attestée au
tombes à inhumation du 6 è m e / 5 è m e néolithique (5500-2400 av.J.-C). Dans
siècle av.J.-C, les chambres funéraires les contreforts des Alpes, les villages la-
des pyramides ainsi que d'autres monu- custres connaissaient déjà diverses es-
ments funéraires montrent l'existence pèces de froments: le blé nu, l'amidon-
à cette époque de l'orge et de l'ami- nier, l'ingrain et l'orge. Le millet et l'é-
donnier. En Mésopotamie, des inscriptions peautre s'ajoutèrent à l'Age du bronze;
cunéiformes datant d'environ 4000 ans c'est à l'Age du fer que l'avoine et le sei-
av.J.-C. mentionnent la culture de l'orge, gle sont attestés pour la première fois.
A l'époque romaine, l'approvisionne- la colonie ou du Plateau, où l'on pra- Fig. 3
ment en céréales était une des tâches de tiquait principalement la culture de cé- Deux entrepôts (horrea) construits
l'Etat. Ce dernier se préoccupait d'offrir réales. parallèlement à Trêves, près de la rive de
la Moselle. Chacun mesure 70 m de long
sur le marché des céréales à des prix Une inscription trouvée à Kaiseraugst
sur 16 m de hauteur. Reconstitution de
accessibles même aux classes les plus (Fig. 16) laisse supposer qu'un grenier à H. Mylius.
défavorisées de la population. A Rome, blé (horreum) de l'administration impé-
le peuple recevait gratuitement des riale des céréales se trouvait dans la par-
céréales. En l'an 2 av.J.-C, l'empereur tie inférieure nord de la ville d'Augusta
Auguste limita le nombre des ayants- Raurica, près du Rhin et du port.
droit à 200000 citoyens établis à Rome.
Par la suite, le gouvernement fit tout
pour assurer l'approvisionnement de la
capitale; ainsi, il agrandit Ostie, le port
de Rome, sous le règne de l'empereur
Claude (41-54 a p . J . - C ) . Un demi-siècle
plus tard, Trajan (98-117 ap.J.-C.) bâtit
à Ostie un nouveau port avec des instal-
lations plus adéquates pour faire face
aux incendies. Les bateaux de céréales
en provenance d'Afrique du Nord ou
d'Egypte pouvaient être rapidement dé- Fig. 2 Fig. 4
chargés. Ainsi l'approvisionnement de la Moissonneuse utilisée en Gaule à Les HORREA LOLUANA (entrepôts
ville était assuré. l'époque romaine, d'après deux reliefs lollianiens) près de la rive du Tibre.
en pierre provenant d'Arlon (Belgique) Fragment du grand plan de Rome,
Les habitants de la ville romaine et Buzenol (Luxembourg). gravé sur des plaques de marbre sous le
d'Augusta Raurica faisaient venir leurs (D'après J. Mertens, Ur-Schweiz 22, règne de l'empereur Septime Sévère 30
10 20 40 50
céréales essentiellement du territoire de 1958, 49sq.). (193-211 ap.J.-C). _1_ _1_ _l_ —I 1 on
Fig. 6

Epoques o 3 _0>

II
-g

11
ra 01
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1968-1973

1600
12
1200
Moyen âge 14
millet
750 orge blé nu seigle cultivé
9
300
Les sortes de céréales — autrefois et aujourd'hui
Epoque romaine 30

14 L'orge grains contiennent beaucoup de protéi-


La Tène
nes. La haute teneur en gluten de la
16 Une des plus anciennes sortes de
farine de froment permet aisément la
Hallstatt céréales, déjà cultivée presque partout
fabrication de pâtes ou d'articles de
800 au néolithique. Elle s'accomode d'un
boulangerie.
sol pauvre, se passe d'engrais. On re-
L'ingrain est l'une des plus anciennes
trouve l'orge en plaine ou même dans
Age du Bronze < céréales cultivées très t ô t au Proche-
les vallées intérieures alpines, si le climat
Orient (région du Croissant fertile). La
est favorable, jusqu'à une altitude de
solidité de sa paille, qui est pourtant
1900 mètres. Le manque de protéines
1800 fine, permet de tresser des corbeilles ou
agglomérantes la rend peu appropriée à
d'attacher la vigne.
la fabrication du pain. De nos jours, on
13 L'amidonnier, originaire également
en fait d'excellentes soupes. O n l'utilise
du Proche-Orient, est l'une des principa-
également comme fourrage et dans la
les céréales dès le néolithique. O n le
brasserie (1 tonne d'orge donne environ
Néolithique rencontre couramment de nos jours. Le
800 kg de malt, ce qui correspond à 50 hl
3000^ 16 blé dur et le blé poulard proviennent
de bière).
de l'amidonnier. Le blé tendre et l'é-
peautre ont leur origine en Transcau-
Le froment casie, à la différence des autres céréales.
Le froment comprend différentes es- L'épeautre se répand chez nous seule-
pèces de céréales comme par exemple ment à l'Age du bronze; à l'époque
20 l'ingrain, l'amidonnier et l'épeautre qui romaine, on le cultive fréquemment en
ont un grain qui adhère fortement à la Europe centrale.
4500 balle; d'autres sortes, comme le blé A Augusta Raurica ainsi que dans les
dur, le blé poulard et le blé tendre ont environs, on sait qu'il y avait beaucoup
un grain qui se détache plus facilement. de sortes différentes de froment. La pré-
Fig. 5 En conséquence, une céréale comme férence allait aux grains qui se détachent
Du néolithique à nos jours : Sortes et fré- l'amidonnier par exemple sera battue, facilement comme le blé tendre ainsi
quence des céréales en Allemagne attestées séchée au four (grillée) et foulée ou que le blé poulard, ce dernier comme
par des découvertes archéologiques et des passée au mortier, alors qu'il suffira de spécialité. A l'échelle mondiale, le blé
informations écrites (d'après U. Körber-
battre le blé poulard pour détacher les tendre est l'une des céréales les plus
Grohne, Fundberichte Baden-Württemberg 4,
1979, 157). grains des épis. Outre l'amidon, les communément répandues de nos jours.
Le seigle Le millet
O r i g i n e : Asie du sud-ouest ou pro- Cette plante très ancienne d'Asie cen-
bablement aussi Caucase. De la Mer trale parvient en Europe au néolithique
Noire, il se répand en Europe comme il y a plus de 4000 ans. On la trouve en
mauvaise herbe dans le froment ou Suisse dès l'Age du bronze. Très tôt, on
l'orge. Cette céréale est attestée chez la cultive avec l'orge et le froment. C'est
nous seulement à partir de l'Age du fer. un fruit typique de l'été qui fait assuré-
A l'époque romaine, elle constitue un ment partie des cultures de l'Europe
élément important à côté de l'épeautre centrale dès l'Age du bronze. La bouillie
et du blé nu dans la fabrication du pain. de millet — principalement à partir de
Le seigle se contente de sols pauvres à millet cultivé — est à l'époque romaine
des altitudes qui peuvent être assez éle- un aliment important et apprécié. D'ailleurs
vées et se trouve notamment en Valais à on peut fabriquer du pain à partir de la
plus de 2000 mètres. Il fournit la paille la farine de millet. De nos jours le millet
plus longue et la plus résistante de t o u - cultivé est moins important. Sa culture est Le pain
tes les céréales. On l'utilise comme lien encore répandue en Asie du sud ou cen-
et pour couvrir les toits ainsi que pour trale ainsi qu'au Moyen-Orient. Chez nous, Au 5ème millénaire av.J.-C, les lacus- En 170 av.J.-C, Rome comptait déjà
confectionner des cordes et des nattes. on la trouve encore comme denrée ali- tres fabriquaient du pain léger avec du des boulangers indépendants. Le règne
mentaire (souvent sous le nom de millet levain; ce pain ressemblait beaucoup au de l'empereur Auguste (27 av. J . - C -
doré). Le millet des oiseaux, certes moins pain léger que nous connaissons actuel- 14 ap. J . - C ) vit l'apparition de la corpo-
connu, est souvent utilisé, comme son lement. Au quatrième millénaire av.J.-C, ration des boulangers. Pour le 4ème
L'avoine nom l'indique, c o m m e nourriture pour l'art de la boulangerie était déjà de bon siècle a p . J . - C , nous possédons beau-
Sensible à la sécheresse, l'avoine pro- les oiseaux. Une autre sorte de millet, le niveau et l'on cuisait déjà différentes sor- coup des renseignements sur la cor-
vient de plants d'avoine sauvages des sorgho, provient de la savanne africaine tes de gâteaux, approchant parfois même poration des 264 boulangers de Rome.
bords de la Méditerranée. D'abord mau- et fut connue plus tard en Europe. Elle la pizza. Les lacustres en savaient autant Les attributions de la corporation étaient
vaise herbe dans des champs de fro- n'a aucun lien de parenté avec le millet à cette é p o q u e en matière de pain et de réglées par l'Etat; la marge bénéficiaire
ment ou d'orge, on la trouve cultivée dès cultivé ni avec le millet des oiseaux. pâtisserie que les Egyptiens. était contrôlée. Dans la période romaine
l'Age du fer dans nos régions. Les grains Pendant son règne, Ramses III offrit tardive, la profession était héréditaire:
ont beaucoup de protéines et ont ainsi Fig 7 6,5 millions de pains aux temples, ce qui
une grande valeur nutritive. L'homme Boulangerie de la cour du roi égyptien est considérable. A la fin de l'Age du
emploie l'avoine surtout dans la confec- Ramsès IlI [12ème siècle av.J.-C): à gauche
pétrissage de la pâte; au milieu, mise en bronze apparaissent les premières com-
tion de bouillie. C'est également un ali- munautés qui ont pour but l'exploitation
forme de la pâte ; à droite, cuisson d'une Fig. 8
ment pour les chevaux et un très bon pâtisserie en forme de spirale au-dessus d'un four. C'est à cette même époque Pains romains de différentes formes
fourrage pour d'autres animaux. d'une rôtissoire et usage d'un four. que le four devient plus fonctionnel. (diamètre du plus grand pain : 22 cm).
quiconque héritait d'une boulangerie Bien pétrir. Après avoir bien travaillé la
devait rester au pétrin et celui qui é p o u - masse, donne lui une forme et cuits-
sait une fille de boulanger travaillait la dans un plat de terre (coquitoque
forcément, au moins pendant 5 ans, à la sub testu)». Le plat était fermé et placé
fabrication du pain. Les boulangers de la dans des braises. Beaucoup de ménages
capitale recevaient leurs céréales d'un d'Augusta Raurica n'avaient pas de four
des 190 greniers de Rome et les faisaient et faisaient ainsi le pain et les galettes, à
moudre dans un des 254 moulins de moins bien sûr qu'ils n'aillent les acheter
la Ville. chez le boulanger.
Enumérons quelques-unes des n o m - Ce n'est que dernièrement que la
breuses sortes de pains romains (en la- preuve a été rapportée qu'à Augusta
tin, panis = p a i n ) : le «panis acerosus» Raurica des bouillies de céréales étaient
était le pain noir habituel, fabriqué avec aussi souvent préparées dans des mar-
de la farine et du son. Le «panis aqua- mites. Les recettes étaient variées.
ticus» était un pain particulièrement
léger, bien aéré, indiqué pour les mala-
des ; le « panis nauticus » était la biscotte
des marins. Cependant on emportait
aussi des «biscottes» dans les expédi-
tions militaires. En 358, Julien (empereur
de 361 à 363), qui avait séjourné plu-
sieurs fois dans le castrum de Kaiser-
augst, fit préparer par la garnison, avant
une campagne contre les Germains, des
biscottes pour 20 jours.
Fig. 9 (en 'haut)
Marcus Porcius Cato (env. 200 av. J.-C.) Palette de boulanger, pour enfourner
nous prouve, dans son livre « d e agri- les pains (longueur 1,86 m). Fortification
cultura », que pour cuire du pain, il n'est romaine de la Saalburg.
pas nécessaire d'avoir un four. La recette
est la suivante: « Lave bien tes mains et
Fig. 10 (à droite)
le pétrin (manus mortariumque bene Fabrication du pain dans une grande bou-
lavato). Mets de la farine (farinam) dans langerie (d'après D. Macaulay, Eine Stadt
10 le pétrin et ajoute peu à peu de l'eau. wie Rom, Zürich 1975).
Le moulin

Dès l'Age de la pierre, l'homme a meules, mais souvent seuls des frag-
développé différents moulins en pierre ments sont conservés ; avant de les trans-
pour moudre les céréales. Les premiers porter dans le d é p ô t lapidaire, on les
modèles s'actionnaient manuellement numérote et on les photographie. Autre-
(Fig. 12). Ils se composaient d'un socle fois, ils. étaient sans doute « les plus im-
plat d'environ six kilos et d'une pierre portantes pierres» à Augst. En 1976, la
mobile de 800 g environ. On broyait les découverte d'un moulin particulière-
grains entre les pierres. Par la suite, on ment imposant avec des meules intactes
incurva la base fixe du moulin en forme (Fig. 24) (Insula 25 — Giebenacherstras-
d'auge à l'aide d'un ciseau et d'un mar- se) suscita le désir de construire une
teau puis on adapta la pierre mobile. réplique et de la faire fonctionner. Les
Ces moulins sont encore en usage de meules (Fig. 23-25) d'un diamètre de
nos jours en Zambie (Afrique). Les mou- 64 cm, sont faites en grès, particulière- F/g. 11 F/g. 12
lins rotatifs en pierre, dès le début de ment dur. La partie inférieure est haute Pain de froment de forme ronde datant Le moulage avec la pierre de base et la
l'Age du bronze, furent un grand pro- de 20 cm, la meule, quant à elle, mesure d'environ 1000 av.J.-C. trouvé près de meule au néolithique
grès. Ils permettaient de moudre de 35 cm. Son poids est de 200 kg environ. Corcelettes (VD). (d'après A. R. Furger/F. Hartmann,
Vor 5000 Jahren..., Bern/Stuttgart 1983).
grandes quantités en peu de temps.
Souvent on passait les grains dans un A l'usage, le rendement horaire de
mortier avant de les moudre, ce qui sim- ce moulin est de 25 kg de farine direc-
plifiait le travail. tement utilisable pour la cuisson. Une
deuxième meule, dont même les arma-
Le poids des moulins rotatifs en pierre tures en fer sont conservées, est en lave.
ne permettait pas un transport aisé de Une poignée permet de tourner la meule
ceux-ci. Cependant les moulins manuels qui pèse 31 kg (Fig. 17). Son rendement
faisaient partie du paquetage de l'armée horaire est d ' environ 4 kg de farine.
romaine. Chaque soldat était responsa-
ble de son ravitaillement. Il recevait une Le métier du meunier était pénible
ration journalière de 1,5 à 2 livres de cé- et peu considéré à l'époque romaine.
réales. Après nettoyage, il devait mou- L'emploi d'animaux (âne et mulet) dans
dre les céréales et en faire de la bouillie les moulins, qui faisaient tourner la
ou du pain. Dans les camps, les légions pierre mobile (Fig. 14 et 19) facilita con-
utilisaient de simples fours de campa- sidérablement le travail du meunier. L'ar- Fig. 13
gne. Dans les camps fixes à la frontière chitecte romain Vitruve décrit un moulin La bouillie de céréales forme lors de sa
du «limes», il y avait des boulangeries, à roue hydraulique motrice et fonction- cuisson des croûtes contre les parois inter-
avec plusieurs fours juxtaposés. C'est nes du récipient (représentées en noir). Ces
nant par transmission de l'énergie sur la
croûtes sont bien conservées et permettent
le cas à la Saalburg par exemple. Les meule (Fig. 26). Ce n'est que récem- une analyse. La figure montre un exemplaire
fouilles des quartiers romains d'Augusta ment que l'on a découvert un tel moulin de la culture d'Horgen (vers 3100 av.J.-C.)
12 Raurica mettent fréquemment à jour des à Avenches. Ce genre de moulin est très (d'après A. R. Furger/F. Hartmann). 13
Fig. 14 (à gauche)
Moulin actionné par un mulet. Bas-relief
romain en pierre sur un sarcophage d'Ostie.

Fig. 15 (à droite)
Ustensiles du boulanger. Même bas-relief
que Fig. 14.

Fig. 16 Fig. 17
Pierre votive d'un esclave de l'empereur Petit moulin
(son nom est inconnu) trouvée à Kaiseraugst. provenant
L'esclave était DlSP(ensator) HOR(reorum), d'Augst
c'est-à-dire administrateur des greniers à (support et
céréales (V.S.L.L.M. = Votum solvit libens poignée
laetus merito, ce qui signifie: il s'acquitta reconstitués).
de son voeu avec joie et bien volontiers). Inv. No
Inv. No 1900.311. 1970.1347. 15
Fig. 18/19 Fig- 18 _
Tombeau monumental du riche boulanger Marcus
Vergilius Eurysaces, près de la Porta Maggiore
(Rome), datant du 1er siècle av. J.-C.
En bas, les scènes du relief de ce monument
funéraire (représentées ici dans le sens inverse):

Fig. 19 Décompte
(achat des céréales ?)

m 'UTK
^ia;;i.ii!!i;;:'iiiìi)!ìì'g;i'''^^!!:il)ii>

17
Pétrisseuse à pâte Mise en forme des pains Four
F/g. 20 Fig. 21
Boulanger tra- Augst, insula 5:
vaillant au four. le four à pain, lors
Mosaïque romaine de sa découverte,
de St-Romain-en- pratiquement intact,
Gal (Sud de la (cf Fig. 29-31).
France); musée
de St-Germain-en-
Laye près de Paris.

Fig. 22
Relief en ivoire,
4ème siècle ap.J.-C. :
à gauche, danse
autour du veau d'Or;
au milieu, un échan-
son; à droite,
5 hommes, installés
sur un lit de banquet
(triclinium), lors
d'un festin avec des
pains et du poisson.

19
Fig. 23-25
Reconstitution et
dessin d u moulin
en pierre découvert
à Augst en 1976,
à l'insula 25
(diamètre: 64 cm).
Il est à nouveau
'vÜfe en service !
Inv. No 1977.18555.

Fig. 25

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fjji>n>ir»i>tjrirr.

Fig. 26 Fig. 27
Moulin hydraulique (d'après Vitruve), Ancien moulin allemand; à droite,
reconstruit sur la base des découvertes dans la roue hydraulique (non représentée)
le fortification romaine de Zugmantel.

voisin d'un autre vieux moulin allemand dans des roches eruptives : du granit, du de grandes distances parfois jusqu'à Rhin). Autre preuve de ce commerce de
datant de 1870 (Fig. 27). Etonnant si l'on gneiss ou encore dans du grès très dur 1500 km. Beaucoup de bons moulins meules: un bateau romain ayant coulé,
sait que ce moulin allemand était consi- que l'on trouve dans certaines couches viennent du sud de l'Italie, de Grèce, que l'on a retrouvé avec sa cargaison de
déré comme très moderne à l'époque. de carrières de grès. Il y avait aussi un in- d'Espagne ou encore d'Afrique du Nord. meules à quelques kilomètres au nord
tense commerce de meules dans t o u t Beaucoup de meules retrouvées à Augst de Strasbourg dans un bras du Rhin
Les meules de nos moulins romains l'empire, où l'on recherchait avant tout la sont en basalte et proviennent des car- actuellement comblé. O n a pu établir
22 (molae) sont taillées la plupart du temps qualité. Les pierres étaient déplacées sur rières de l'Eifel (partie moyenne du facilement qu'il provenait de l'Eifel. 23
Le four à pain

Les fours à pain romains découverts a retrouvé en place un fragment de tuile


lors des fouilles à Augst et Kaiseraugst qui assurait le réglage de l'évent. Lors du
sont, à vrai dire, relativement fréquents. chauffage du four, on ouvrait cet orifice.
Pendant longtemps, cependant, on ne Pendant la cuisson, on le fermait tout en
les identifia pas en tant que tels, car bien laissant un interstice qui permettait à la
souvent seule leur base et parfois quel- vapeur de s'échapper. Le foyer (à gau-
ques fragments de la surface de cuisson che sur la Fig. 31 ) découvert à côté du
étaient conservés. Ce n'est qu'en 1966, four fournissait l'eau chaude nécessaire
à l'insula 5, à côté du théâtre, que l'on à la fabrication du pain.
trouva un four entièrement conservé avec Une copie fidèle, en ce qui concerne
sa coupole. A ce jour, il demeure le four les dimensions, a été reconstruite pour
romain le mieux conservé que l'on ait pouvoir tester le fonctionnement du four
trouvé au nord des Alpes. On peut le voir original. A la place des morceaux de
sous un abri appelé la Taverne ( à environ tuiles, nous avons toutefois utilisé des
50 m au-dessus du musée romain). Le briques modernes résistantes au feu. Les
four présente une surface à cuire circu- étapes de la construction furent les sui-
laire d'un diamètre de 1,35 m, en plaques vantes: on construisit tout d'abord une
de terre cuite. La coupole est faite de fondation circulaire profonde de 30 cm
fragments de tuiles romaines liés avec de et de 1,70 m de diamètre, que l'on rem- four, en grès; ensuite nous avons ma- ensuite à l'aide de terre humide et de
l'argile. A l'intérieur, la coupole apparaît plit ensuite de béton. O n édifia par-des- çonné sur le socle en briques les quatre plâtre. La voûte en pierre et en mortier
sous forme d'une voûte en encorbelle- sus un socle circulaire de 45 cm de hau- premières couches de la voûte, t o u t en (à base de terre) résistants au feu fut
ment d'un mètre de haut (Fig. 30). L'ex- teur, en briques (dimensions 2 5 x 1 3 x ayant calculé un diamètre intérieur de maçonnée contre ce dispositif. Il ne fal-
térieur montre trois rétrécissements suc- 10 cm) obtenant ainsi une hauteur de 1,30 m. Un gros poteau en bois placé lait pas oublier l'ouverture pour le tirage.
cessifs, et est enduit d'une épaisse cou- travail aussi c o m m o d e que pour le four verticalement indiquait le milieu du four. Avec du mortier de chaux, on ma-
che d'argile. L'ouverture du four, large romain. L'intérieur du socle était sans La longueur de ce pieu était légèrement çonna ensuite, autour de l'ouvrage déjà
de 30 cm et haute de 40 cm, est enca- doute rempli d'un matériau gardant inférieure à la hauteur interne du four. en place, un manteau de briques. Finale-
drée par deux montants et un linteau en longtemps la chaleur, car la surface de Sur la base de la voûte, que l'on venait ment, on badigeonna l'extérieur du four
grès (à droite sur la Fig. 29). On pouvait cuisson se trouvait juste au-dessus. A cet de maçonner, on plaça tout autour, à avec du mortier de chaux assez grossier,
ainsi enfourner de grands pains. Une effet, nous avons utilisé du sable sec et des intervalles réguliers de 30 cm, des avant d'ajouter une plaque en fer qui
ouverture que l'on pouvait fermer plus des galets, placés par couches dans baguettes de coudrier légèrement re- permettait de fermer l'ouverture du four
ou moins servait à régler la ventilation le socle. Les 15 centimètres supérieurs courbées. pendant la cuisson.
pendant le fonctionnement du four et étaient un mélange de sable, de cendres Ces baguettes furent fixées au haut
permettait aussi à la fumée de s'échap- et de cailloux. On plaça ensuite — et cela du pieu en bois qui marquait le centre.
per (à gauche sur la Fig. 29). Cet évent après avoir bâti la coupole — les plaques Des branches assez minces et des brin-
est formé par un tuyau (tubulus) introduit de terre cuite, assemblées sans mortier, dilles de sapin furent ensuite tressées Fig. 28
horizontalement dans la paroi du four Reconstitution d'une boulangerie
qui formaient la surface de cuisson. horizontalement. On obtint ainsi une
avec plusieurs fours contre le mur de
(ce genre de tuyaux servait habituelle- corbeille tissée qui formait la voûte pro-
En ce qui concerne la coupole, nous la fortification de la Saalburg
24 ment au chauffage par hypocauste). On jetée du four. Cet ouvrage fut affiné (d'après Saalburg-Jahrbuch 7, 1930).
construisîmes d'abord l'ouverture du 25
Fig- 29

'^P
event avec Ov
fermeture
• coulissante

mur 4

du four 05 m

| | BRIQUES V///A CALCAIRE ^r_ | GRES — PARTIES MODERNES

Fig. 29-31
Augst, insula 5: plan (Fig. 31 )
coupe transversale et détail (Fig. 30)
(Fig. 29: ouverture du four et évent)
du four de la Fig. 21. Dans la coupe
transversale (Fig. 30), on reconnaît
sans peine la construction de la fausse
voûte avec les tuiles plates empilées
horizontalement vers l'intérieur
(d'après Berger 1977).
Recettes de pain
Par Urs Berger, maître-boulanger à Augst.

Pain romain Malaxer ces ingrédients pour obtenir


une pâte aussi molle que possible. Tenir
A la maison :
au chaud et laisser reposer. Bien pétrir;
750 g de farine romaine (gruau) former deux miches rondes et laisser
moulue par une meule romaine reposer à nouveau (sur la plaque du four
en pierre ou dans des moules).
500 g d'eau ( t i è d e )
Dans le four préchauffé, cuire 40 mi-
1 petite cuiller de sel (10 g )
nutes à 220° C.
1 petite cuiller de miel ou de sucre
(10g) On peut remplacer une partie du
20 g de levain gruau par de la farine bise, si l'on désire
un pain plus léger.

Dans la boulangerie romaine d'Augusta Raurica :

Le four peut contenir au maximum poser dans le four l'équivalent d'une


30 pains de 600 g. harasse de bois ou un bon fagot t o u t en
prévoyant une aération suffisante. Une
Recette: La proportion des ingré- fois que le bois brûle bien, le répartir sur
dients est la même qu'avant. Si l'on toute la surface de l'âtre et mettre en-
m o u d soi-même la farine, il faut s'atten- core un demi-fagot. Bien répartir les
dre à quelque p e r t e ; ajouter d'emblée braises pour que la base soit uniformé-
un kg de céréales. ment chauffée. Sortir les braises juste
avant la cuisson; enlever le résidu avec
Le moulage: Vous pouvez moudre un sac de jute mouillé. Enfourner les
vous-même les céréales romaines sur la pains et fermer la porte du four et
meule romaine en pierre. Rendement l'évent. La durée de la cuisson d é p e n d
horaire du petit moulin manuel : environ de la chaleur que l'on a pu garder dans
4 kg de farine prête à l'emploi ( plusieurs le four et du nombre de pains. Il faut
passages dans la meule). Le grand mou- compter 40 à 80 minutes de cuisson.
lin a davantage de rendement. Jeter un coup d'oeil dans le four à peu
Fig. 32 près à la moitié du temps de cuisson. Si
Vendeur de pain à son stand. Peinture
La cuisson : chauffer le four deux heu- le pain brunit trop rapidement, ouvrir un
murale de Pompéi. 1er siècle ap.J.-C.
28 ( grandeur 70 x 60 cm ). res avant la cuisson. Ouvrir l'évent. Dis- peu l'évent. 29
Fig. 33 Bibliographie:
Pain
Serpentin Mise à jour par l'éditeur en 1994.
Baatz 1984: D. Baatz (Übersetzung aus der
Appendix Vergiliana), Die Brotzeit. More-
tum. Archäologische Nachrichten aus Ba-
den 1984, Heft 32, 1984, 34ff.
La cuisson Berger 1977: L. Berger, Ein gut erhaltener Back-
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dans un endroit chaud (à côté du feu)
rungsreste aus römischen Gräbern und
jusqu'à ce qu'elle lève; travailler la pâte Aschengruben des Trierer Landes. Archäo-
à nouveau en lui donnant une forme logisches Korrespondenzblatt 22, 1992,
allongée de 50 cm de longueur. Laisser 109ff.
reposer 10 minutes. Enrouler le «ser- Davies/Währen 1978: R.W. Davies und M.
p e n t » autour d'un bâton vert (sans Währen, Brot. In: Reallexikon der Germa-
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(1978) 545ff.
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31
Augster Blätter zur Römerzeit 4

ISBN 3-7151-2304-4

Editeur : A m t für Museen und Archäologie des Kantons Basel-Landschaft,


Römermuseum Augst — Musée Romain d'Augst
Texte: Werner Hürbin 1980 (avec une contribution d'Urs Berger)
Traduction française : Denis Tissot
A d a p t a t i o n de la 2e édition : Marianne Bavaud, Stefanie Jacomet et Karin Meier-Riva
Rédaction de la 2e édition : Alex R. Furger et Mirjam Wey
Mise en p a g e d e la 2e édition : Mirjam Wey, Nuglar
Edition et adresse pour commandes : Römermuseum, CH-4302 Augst
Imprimé par Lüdin A G , Liestal
2e édition 1994 ( 1 re édition française 1980)
© 1994 Römermuseum Augst

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