VERDIER Véronique
L’AVENIR DU
MANAGEMENT SELON
DRUCKER
(1999, Paris, Ed. Village Mondial)
SOMMAIRE
1
http://207.36.242.12/data/html/drucker/timelineh.htm
2
The Peter Drucker Foundation for Non-Profit Management : http://www.pfdf.org/
2
Constituée autour des auteurs comme A.P. Sloan, A. Chandler, O. Gélinier et P.F. Drucker,
l’école néo-classique des organisations correspond à un mouvement empirique qui se
développe à la fin de la seconde guerre mondiale.
L'école néo-classique s'inscrit dans le cadre défini par les classiques. D'une part, son
approche est empirique, dans la mesure où les principaux auteurs conceptualisent des théories
à partir de multiples expériences réalisées au sein d’une activité de conseil en management.
D'autre part, elle adopte une attitude pragmatique car l’empirisme des auteurs a pour objectif
de dégager des principes normatifs de management à partir d’observations concrètes réalisées
dans les entreprises.
L’école néo-classique remet en cause, en premier lieu, la séparation jusqu’ici existante
entre la théorie et la pratique organisationnelle. Consultants en management, les auteurs de
l’approche empirique ont cherché à intégrer les nouveaux besoins des firmes dans leurs
analyses : répondre à l’évolution des besoins des consommateurs, faire évoluer la fonction
marketing, tenir compte des changements sociaux et autres. A travers l’analyse de cas
concrets, ils ont particulièrement travaillé sur le rôle de la direction générale, sur la fonction
de management ainsi que sur les structures organisationnelles. Le mouvement empirique
s’appuie sur cinq grands postulats à l’origine des « principes d’action pour le management 3 » :
- Le principe classique de maximisation du profit est jugé irréaliste,
- La direction par objectifs permet d’organiser l’activité autour de véritables équipes de
travail. Il s’agit d’une approche de l’entreprise en termes de responsabilités s’appuyant sur
une hiérarchie d’objectifs clairement définis,
- La décentralisation des responsabilités et des décisions s’accompagne généralement d’une
départementalisation par produit principalement pour renforcer une logique marketing
dans les firmes. L’approche de la prise de décision est envisagée par une décentralisation
à partir de la répartition des responsabilités,
- La motivation par la compétitivité est un principe admis par les auteurs néo-classiques qui
mettent l’accent sur la nécessité d’aider les acteurs de l’entreprise à réaliser leurs
ambitions dans la structure,
- Le contrôle par analyse des écarts est rendu nécessaire par la principe de décentralisation
verticale (hiérarchique) et horizontale (niveaux de participation aux décisions). Les unités
décentralisées doivent être autonomes, tout en rendant régulièrement des comptes sur la
3
B. Lussato (1977, p.86-92), Introduction critique aux théories d’organisation, Paris, Dunod.
3
4
PLANE J-M. (2003), Management des organisations : Théories, Concepts, Cas, Paris, Dunod.
4
management doit passer par les objectifs de l’entreprise, ses responsabilités mais aussi par
sa capacité d’autocontrôle.
¾ Enfin, P. Drucker est aussi le premier théoricien des organisations à recommander aux
entreprises de se concentrer sur leur savoir-faire et de ne pas diversifier leurs activités, et à
poser le principe managérial suivant lequel il est fondamental de s’en tenir à ce sue l’on
sait faire (principe de Stick to the Knitting).
2- POSTULATS
Dans son ouvrage « L'avenir du management », P. Drucker expose sa vision des opportunités
et menaces qui vont surgir au 21ième siècle dans l’environnement des organisations. L'objectif
de P. Drucker est d'inciter les dirigeants à dépasser leur quotidien et à préparer leur avenir. P.
Drucker ne cherche pas à donner des réponses mais il essaie de soulever des questions
s’appuyant sur les postulats suivants :
- Les institutions qui se préparent aux nouveaux défis seront les leaders de demain et
domineront l’avenir.
- Nous vivons dans une période de profonde transition. Les nouvelles réalités sociales,
démographiques et économiques et leurs exigences vont transformer l’état d’esprit des
entreprises et des individus.
- Le cœur de la société moderne, n’est pas la technique, ni l’information, ni la productivité.
Mais, c’est l’institution et son management, en tant qu’organe social produisant des
résultats. Par conséquent, « le domaine du management, sa responsabilité, c’est tout ce
qui affecte la performance de l’entreprise et ses résultats, que ce soit à l’intérieur ou à
l’extérieur, qu’elle puisse le contrôler ou non » (1999, p.46).
3- HYPOTHESES
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- Le management est une discipline sociale dont les postulats de base changent.
- Le management c’est le cœur de la société moderne, ce n’est pas la technique, ce n’est pas
l’information, ce n’est pas la productivité. C’est l’institution et son management, en tant
qu’organe social produisant des résultats.
- Le but de la stratégie, c’est que l’organisation soit capable d’atteindre les résultats
souhaités dans un cadre imprévisible.
- On ne gère pas le changement. On peut seulement en prendre la tête. Au XXIe siècle, le
changement sera la norme, et le défi central, pour l’entreprise, sera d’être un leader du
changement.
- Ce qu’une organisation réussit, une autre puisse le réussir aussi bien. Il affirme avec
raison qu’être au moins aussi bon que le meilleur est la condition nécessaire de la
compétitivité.
- Au XXIe siècle, l’actif le plus précieux d’une entreprise sera ses travailleurs du savoir et
leur productivité.
4- MODE DE DEMONSTRATION
5
D. Autissier, dans Charreire S. et Huault I. (2002, p.34), Les grands auteurs en management, Paris, Editions
EMS.
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organisations vont devoir faire face au 21ième siècle, et qui remettent en cause les fondements
de leur stratégie et de leurs modes de management, ainsi que l’état d’esprit des dirigeants.
Ainsi, P. Drucker propose des conseils indispensables pour l’action face aux défis
considérables que l’avenir prépare. Alors que l’ouvrage s’intéresse, dans les cinq premiers
chapitres, aux changements en cours dans l’environnement, dans la société, l’économie, la
politique et la technologie, le dernier chapitre est consacré aux nouvelles exigences que va
rencontrer l’individu.
5- RESUME DE L’OUVRAGE
5.1. Les nouveaux paradigmes du management
L’objectif de ce chapitre est de montrer que le management est une discipline sociale dont les
postulats de base changent. Depuis les années 30, l’étude du management repose sur deux
ensembles de postulats qui concernent les réalités du management : la discipline et la
pratique. Cependant, pour P. Drucker (1999, p.15), ils sont « si éloignés des réalités présentes
qu’ils constituent des obstacles à la théorie et encore plus à la pratique du management ». Il
propose donc de remplacer systématiquement chaque postulat.
Way, c’est à dire un seul et unique meilleur moyen de gérer et d'organiser l’entreprise, et qui
considérait que toutes les organisations devaient adopter la même structure organisationnelle
- Ancien postulat : « Il existe – ou il devrait exister – une manière meilleure que les
autres de gérer les hommes » / Postulat de Drucker : « Il existe une seule bonne façon
de guider les hommes afin de rendre productifs les points forts et le savoir de chaque
individu. »
Pour P. Drucker, le développement du temps partiel, de l’intérim et de la sous-traitance, a
modifié la gestion des hommes. Désormais, l’organisation a de moins en moins d’employés,
et ses employés sont moins des « subordonnés » et plus des « travailleurs du savoir », c'est-à-
dire, « des associés », collaborateurs de l’entreprise. Ces travailleurs doivent être considérés
comme volontaires car ils sont mobiles, susceptibles de démissionner car propriétaires de
leurs « moyens de production » donc de leur savoir. Ainsi, pour P. Drucker, le nouveau
challenge du management va consister à conserver les travailleurs du savoir au sein de
l’organisation ; ce qui implique un recentrage de l’organisation autour sa mission et une
réflexion en terme de motivation et de rémunération des travailleurs du savoir. Finalement, le
nœud de la gestion des hommes ne sera pas de gérer les individus, mais de les guider, pour
rendre productifs leurs points forts et leur savoir.
L’ancien postulat voulait que le management soit défini juridiquement parce que les pouvoirs
de commandement et de contrôle ne sont définis légalement qu’à l’intérieur des institutions.
Cependant, pour P. Drucker (1999, p.37), cette définition légale n’est pas adaptée à la gestion
d’une grande entreprise. Il pense en effet que (1999, p.40), le concept de management de
keiretsu, apparu dans les années 60 aux Etats-Unis (il consiste à intégrer les fournisseurs de
l’entreprise dans son système de management par des contrats), ne suffit pas car il n’est pas
« un partenariat entre égaux » ; il repose sur la dépendance des fournisseurs. Il faudrait plutôt
envisager l’espace du management à travers un ensemble de processus, c'est-à-dire à
l’intégration de la chaîne de valeur de l’amont et de l’aval dans le management de
l’entreprise. Finalement, pour P. Drucker (1999, p.40-41), « le nouveau postulat auquel le
management, en tant que discipline et pratique, devra de plus en plus se référer, c’est que son
champ d’action ne se défini pas juridiquement. Il doit se définir opérationnellement. Il doit
embrasser la totalité du processus et se concentrer sur les résultats et la performance de la
totalité de la chaîne économique ».
- Ancien postulat : « L’économie, définie par les frontières nationales, constitue
‘l’écologie’ de l’entreprise et du management » / Postulat de Drucker : « L’espace du
management est défini politiquement »
Il est généralement admis dans la discipline et dans la pratique du management que les
économies, définies par les frontières nationales, constituent l’« écologie » de l’entreprise et
de sa gestion, qu’il s’agisse d’entreprises à but lucratif ou non. Cependant, P. Drucker (1999,
p.41) souligne que « ce postulat est inhérent à la traditionnelle multinationale » dans laquelle
les données politiques et économiques étaient en correspondance. Mais aujourd’hui, les
entreprises étant transnationales, le management et les frontières nationales ne sont plus en
harmonie. L’espace du management ne peut donc plus se définir par des données politiques.
En conséquent, P. Drucker (1999, p.43) pense que les frontières nationales vont conserver leur
importance mais elles « sont d’abord des contraintes. La pratique du management – et pas
seulement celui des entreprises – rentrera de plus en plus dans un cadre opérationnel, plutôt
que dans un cadre politique ».
- Ancien postulat : « Le management traite des problèmes internes à l’organisation » /
/ Postulat de Drucker : « Le management concerne le dedans de l’entreprise »
Tous les postulats habituels reposent sur le fait que le domaine du management concerne
l’intérieur de l’entreprise. Cependant, P. Drucker (1999, p.44) souligne que, dans la pratique
d’aujourd’hui, la distinction entre le management et l’esprit d’entreprise n’a aucun sens
puisqu’une institution qui n’innove pas ou qui n’a pas l’esprit d’entreprise ne survivra pas
9
longtemps. De plus, aujourd’hui, le management ne doit plus se focaliser sur la gestion interne
des coûts mais il doit au contraire se concentrer sur les résultats et les performances de
l’entreprise, et organiser les ressources de l’organisation en vue des résultats à obtenir à
l’extérieur. Ainsi, pour P. Drucker (1999, p.45), « le management existe dans l’intérêt des
résultats de l’institution. Il doit partir des perspectives de résultats et doit organiser les
ressources de l’institution en vue de les atteindre. Il est le moyen par lequel l’institution (…)
sera capable de produire des résultats en dehors d’elle-même ».
- La définition de la performance
Selon P. Drucker, depuis la naissance des sociétés anonymes, on assiste à un
déplacement de propriété vers l’actionnariat salarié et les fonds de pensions. Ce phénomène
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- La compétitivité mondiale
Pour P. Drucker, l’objectif stratégique majeur de toute institution doit être la
compétitivité mondiale. La réussite et la survie d’une institution passe par le dépassement des
standards établis par les leaders dans son domaine, où que ce soit dans le monde. En effet,
dans le domaine de la production, il n’est plus possible de baser le développement
économique d’une entreprise sur une stratégie de maîtrise des coûts de la main d’œuvre car
elle ne procure plus un avantage suffisant pour pallier la faiblesse de la productivité du travail.
De même, dans tous les domaines du management (conception, marketing, finance,
innovation,…), l’entreprise doit désormais atteindre une performance au moins égale à celle
des leaders mondiaux, si faibles soient ses coûts et si fortes ses subventions.
Finalement, pour P. Drucker (1999, p.67), « la stratégie doit assimiler par
conséquence une nouvelle donnée fondamentale. Toute institution – et pas seulement les
entreprises – doit se mesurer aux normes établies par les leaders de son secteurs, où que ce
soit dans le monde ».
et leur stratégie d’ensemble. Par conséquent, P. Drucker (1999, p.71) montre que « la
croissance des entreprises et leur expansion dans les diverses parties du monde devra de plus
en plus s’appuyer sur des structures de caractère économique, et non sur des structures de
caractère juridique, donc politique ». C'est-à-dire qu’elle devra s’opérer, moins par des
fusions ou des acquisitions, et plus par des alliances, des partenariats, des joint-venture et
autres relations nouées avec des organisations étrangères.
- L’abandon organisé
Cette politique consiste à abandonner le passé, c'est-à-dire, libérer les ressources
affectées à maintenir ce qui ne contribue plus à la performance et qui ne produit plus de
résultats. En effet, il est préférable d’abandonner un produit, un service, un marché ou un
procédé arrivé à maturité puisqu’il induit des coûts cachés à travers les ressources qu’il
mobilise, et qu’il ne contribue pas à la création de valeur. P. Drucker (1999, p.79) souligne
que cette conclusion est valable pour les distributeurs et les canaux de distribution, qui ont
tendance à changer plus vite que tout le reste, à notre époque marquée par la « révolution de
l’information ».
Tout ce que fait une entreprise, à l’intérieur et à l’extérieur, doit être systématiquement
et continuellement amélioré, à tous les niveaux de l’organisation, et selon un rythme annuel
fixé à l’avance réaliste et réalisable. Cette phase est toujours orientée vers la création de
valeur et la performance. Elle pousse à innover sur le produit, le service, et elle conduit à de
nouveaux procédés, à de nouvelles activités. Finalement, elle induit des changements
fondamentaux.
- Exploiter le succès
Pour devenir un leader du changement, l’entreprise doit exploiter le succès, c'est-à-dire
se focaliser sur les opportunités et doit y affecter des hommes. L’organisation doit donc
apprendre à saisir les opportunités de changement qui se présentent à elle. Pour ce faire, elle
peut s’inspirer de ses propres succès et les exploiter pour créer des nouveautés. Ainsi, par
l’accumulation de petits progrès, l’exploitation du succès peut finalement aboutir à une
véritable innovation. Le changement n’apparaît alors pas uniquement comme la réponse à un
problème donné, mais comme l’exploitation d’opportunités qui peuvent conduire à un
changement majeur, c'est-à-dire à quelque chose de véritablement nouveau et différent.
Pour P. Drucker, les études de marché ou de clientèle, portant sur des faits actuels, ne
peuvent prédire les problèmes auxquels l’initiateur du changement sera confronté.
L’organisation doit donc réaliser un « test de la réalité », c'est-à-dire, elle doit tester toute
amélioration ou innovation à petite échelle, à travers une action-pilote. Si elle réussi -si elle
met à jour des problèmes ou des opportunités que personne n’avait imaginés- le risque du
changement sera généralement assez faible. Et, on verra aussi très clairement quelle stratégie
d’entreprise adopter pour introduire et mettre en œuvre le changement. De plus, pour réussir
la gestion du changement, l’entreprise doit mettre en œuvre une méthode comptable et
budgétaire convenable.
Elle doit avoir deux budgets séparés :
Æ Le premier est opérationnel, il porte sur les dépenses minimales à effectuer pour
poursuivre les affaires en cours ;
Æ Le second est consacré à l’avenir, il porte sur les dépenses maximales de l’avenir et de son
exploitation (10% à 12% des dépenses totales).
L’entreprise doit aussi veiller à ne pas tailler dans le budget de l’avenir pour maintenir
le passé. Or, le manager agit en général en fonction des rapports qu’il reçoit. Il est donc
important que le leader du changement soit informé des domaines d’opportunités potentiels.
et la part de marché. Donc, de nouvelles méthodes sont apparues pour fournir de l’information
à la direction générale, à ses tâches et aux décisions qu’elle doit prendre.
Pour P. Drucker (1999, p.101), « le I va donc l’emporter sur le T dans l’expression
‘technologie de l’information’ ». Et, dans 10 ou 20 ans, lorsque le marché de l’information et
l’offre d’information convergeront, la véritable nouvelle révolution de l'information aura lieu
dans toutes les organisations et sera menée « non pas par les techniciens de l’informatique,
mais par des comptables et des éditeurs ». Finalement, l’information étant la ressource clé des
entreprises et des individus, ils vont avoir à apprendre de quelle information ils ont besoin,
comment l’obtenir, et comment l’organiser.
5.4.3. L’information dont ont besoin les dirigeants pour leur travail
P. Drucker (1999, p.122) considère que « pour un travailleur du savoir, et surtout
pour un dirigeant, l'information est la ressource clé » car elle le relie à ses collègues, à
l’entreprise, et à son « réseau », et lui permet de faire son travail. Cependant, les systèmes
d'information de l’entreprise ne pouvant leur fournir qu'une faible partie de l’information dont
ils ont besoin, celle-ci viendra de l'extérieur et devra être organisée séparément du système
d'information interne.
- Organiser l'information
A moins d'être organisée, l'information ne représente qu’un ensemble de données.
Selon P. Drucker (1999, p.124), l’information « doit être organisée en fonction des méthodes
de travail de chaque cadre. Mais, il existe cependant, pour organiser l’information, quelques
méthodes de base ». Il propose alors d’organiser l’information selon « l'événement clé » de la
performance de l’organisation ; selon l'évènement exceptionnel qui tombe en dehors de
l’intervalle normal de distribution des probabilités et qui constitue de l'information et exige
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une action ; selon le concept de seuil qui détermine le moment à partir duquel une séquence
d'événements devient une « tendance » et requiert de l'attention, voire une action.
Finalement, pour P. Drucker, le meilleur moyen d'organiser l'information est de faire
en sorte de ne percevoir que ce qui est inhabituel.
siècle, qu’elle soit marchande ou non-marchande, sera ses travailleurs du savoir et leur
productivité.
installateurs, réparateurs, ..., et sont les successeurs des ouvriers qualifiés des 19ième et 20ième
siècles.
Enfin, pour P. Drucker (1999, p.146), « c'est aussi probablement le groupe des
technologues qui donne aux pays développés un avantage concurrentiel décisif et durable ».
intellectuelle, de mettre le doigt sur ses points forts, d’apprendre les bonnes manières, et
surtout de déterminer ce qu’il ne doit pas faire. Il faut noter ici que pour une action efficace, il
vaut mieux se concentrer sur les domaines où on a une forte compétence et de solides talents
plutôt que de vouloir s’améliorer dans des domaines à compétences faibles. En effet, dans le
premier cas on peut passer « d’une bonne performance à l’excellence » alors que dans l’autre
cas on passe tout juste « de l’incompétence à la médiocrité » (Drucker, pp 161).
Les travailleurs du savoir doivent aussi connaître leur façon de travailler. Drucker note
(pp 162), que si une personne ne travaille pas selon sa propre méthode, il y a « une quasi-
certitude de non-performance » . Ils doivent par conséquent savoir si ils travaillent mieux à
l’écrit ou à l’oral. Agir en fonction de ce talent particulier est la « clé de la performance ».
D’autre part, un homme est soit un décisionnaire, soit un conseiller, mais ne peut pas être les
deux à la fois car le conseiller ne sera pas capable de porter la responsabilité de la prise de
décision. Un autre point important est celui du « système de valeurs ». Le « système de
valeurs » de l’individu doit correspondre à celui de l’entreprise, el cas échéant, il court le
risque de frustration et de non performance.
- Il apparaît que P. Drucker n’intègre pas dans ses travaux les multiples apports des
approches psychosociologiques des organisations.
- Il ne faut pas perdre de vue que la théorie de P. Drucker s’applique, avant tout, à la
société américaine au sein de laquelle l’esprit de compétition, de dépassement de soi et
de réalisation est exacerbé. En France, les organisations sont d’abord dominées par la
conflictualité, le management par objectifs ne va pas toujours de soi puisque ces
derniers ne peuvent être contestés, voire rejetés par les salariés.
- Sur le plan théorique, enfin, les analyses de P. Drucker manquent parfois de rigueur
notamment parce que la dimension systémique de l’entreprise est souvent perdue de
6
PLANE J-M. (2003), Management des organisations : Théories, Concepts, Cas, Paris, Dunod.
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vue. En effet, B. Lussato (1977)7 a clairement démontré que les concepts de l’école
empirique ou néo-classique n’intègrent pas les apports de la théorie des systèmes ce
qui limite de fait la portée générales et globale.
7
B. Lussato (1977, p.92-95), Introduction critique aux théories d’organisation, Paris, Dunod.
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BIBLIOGRAPHIE
¾ BOYER L. et EQUILBEY N. (2003), Organisation : Théorie, Applications, Paris,
Editions d’Organisation.
¾ CHARREIRE S. et HUAULT I. (2002), Les grands auteurs en management, Paris,
Editions EMS.
¾ DRUCKER P. (1999), L’avenir du management, Paris, Editions Village Mondial.
¾ KALIKA M. (1995), Structures d’entreprises, Paris, Economica.
¾ LUSSATO B. (1977), Introduction critique aux théories d’organisation, Paris, Dunod.
¾ PLANE J-M. (2003), Management des organisations : Théories, Concepts, Cas, Paris,
Dunod.