GEOPOLITIQUE DU THEATRE MEDITERRANEEN – ATTRIBUTIONS DU PREFET MARITIME

Conférencier : commissaire général JL VELLUT, adjoint au Préfet maritime de Méditerranée

1. Définition : LE PREFET MARITIME (PREMAR) et l’action de l’Etat en mer (AEM)

La présentation du Préfet Maritime renvoie à l’organisation de l’AEM en France :
- Il dépend du Premier Ministre, coordonne les moyens des différentes administrations agissant en mer à des fins
de sauvetage, lutte anti-pollution et maintien de l’ordre public en mer.
- Le PREMAR, ‘urgentiste’ de la mer, s’appuie sur les centres opérationnels (CO) des différentes
administrations : COMarine, COGendarmerie, CODouanes, CROSS (affaires maritimes), CODIS (sécurciv).
- La marine y consacre 30% de son activité ; la douane est la première administration civile de l’AEM.
- La Société nationale de secours en mer (SNSM) concourt à 60% des opérations de sauvetage, et à 100% en
heures non ouvrables.

2. Définition : la GEOPOLITIQUE
Le découpage des territoires est très récent ; 70% des frontières datent de l’époque 1885/1910 ; la France et la
Grande Bretagne ont tracé 40% des frontières du Tiers Monde.

historiquement, la Méditerranée n’a eu une pleine cohérence que durant l’empire romain, puis a évolué au fil des
‘empires’ (byzantin, ommeyade, ottoman) selon une logique de flux/reflux est-ouest.

géographiquement, elle est une succession de mers, assurant la jonction entre trois continents, constituant un
théâtre étroit. Elle ne constitue donc pas un espace de projection des souverainetés terrestres vers le large.

économiquement, elle est un territoire encombré (220 000 navires par an qui représentent 30% du trafic
mondial, un tiers du pétrole transporté par voie de mer, et plus du tiers du fret maritime). Ses ports constituent un
hub maritime, qui cherche à bénéficier du trafic qui s’écoule et dont seul un tiers s’arrête en Méditerranée.

actuellement, elle est un espace en crise, du fait de la crise du fret maritime en surcapacité dans un contexte de
réduction des échanges, mais aussi une zone d’instabilité.

3. PREFET MARITIME ET GEOPOLITIQUE

3.1. Le Préfet de l’urgence et la géopolitique « rapprochée »
Son action repose sur
- des centres opérationnels,
- des sémaphores et des moyens nautiques affrétés par la MN (Abeille),
- un dispositif juridique (« mise en demeure ») permettant à l’Etat de faire cesser tout danger « grave et
imminent » en se substituant à l’armateur et au capitaine du bâtiment concerné.
Néanmoins, ce dispositif se heurte à un monde maritime opaque.
Les risques les plus importants sont les évènements de mer, dont 90% sont d’origine humaine (équipage réduit,
condition de travail difficile). Les chimiquiers constituent le danger le plus important.
La gestion de crise nécessite de traiter 3 domaines répondant à des exigences et un tempo différent : le fait matériel
constaté (nappe d’hydrocarbure par exemple), les médias qui en rendent compte, les autorités concernés ou
souhaitant l’être (des cabinets ministériels aux élus locaux).
3.2. Le Préfet de l’ordre public en mer et la géopolitique « hauturière »
La lutte contre le narcotrafic en Méditerranée ne passe pas par l’Etat du pavillon (Go Fast «apatride ») ; ces trafics
sont favorisés par les faibles distances à parcourir.
L’immigration clandestine se déplace en fonction des mesures prises par les différents Etats côtiers ; les migrants se
transforment le plus souvent en naufragés, obligeant ainsi les Etats à les secourir.
La piraterie existe en Méditerranée, même si de manière plus faible que dans certaines zones maritimes.
3.3. Le Préfet de l’environnement et la géopolitique « bleue »
Création d’une zone de protection écologique (ZPE) faible (env 100 nautiques) mais permettant d’affirmer le
pouvoir des Etats et la préoccupation des citoyens. A signaler par ailleurs :
- le sanctuaire marin PELAGOS (France/Italie) ;
- le réseau NATURA 2000 (objectif 10% eaux françaises protégées en 2012, 20% en 2015) ;
- les aires marine protégées (Parc naturel de Port Cros).
Le conseil interministériel de la mer de décembre 2009 devrait fixer les moyens adaptés à leur surveillance.

4. PREFET MARITIME ET FONCTION GARDE-COTES

Attente du Livre Bleu qui devrait renforcer le pouvoir du PREMAR, sans création d’une garde-côtes « organique ».

Toulon, le 17 octobre 2009 20ème SMHESAr