de Neuville-Vitasse,
433 habitants.
Maire rural : une passion
Photo: Thibaud Vuiton
Le Q u ot idie n
d e s Mu n i c i pa les 2 0 0 8
ré ali sé pa r l es ét u d i an t s
de l’É co le su p érie u re de
j ou r n a lisme de Lil le
de mars N u mé r o 7
Ve n d r e d i 1 4 m a r s 2008
à Wazemmes
Duels politiques Coup de gueule
Entre les candidats, Marc-Philippe Daubresse,
Photo: Jérémy Marot
Fin bâclée
On frô l e l ’e nnui. Aprè s l ’e f -
f er v esc enc e de s de r nie rs
jo urs, l es tractatio ns e n
to ut g enre , l e s mariage s e t
l es ente r re me nts, la suc -
c essio n d e me eti ngs e t l e s
di str ibuti ons de tracts , l e
c al me e s t r ev enu. Ce r tes ,
une c ampagne él e cto rale
tient plus d u marathon que
du s pri nt. Ma is dan s de
no mbre us es vi ll e s, le s dé s
é taie nt je té s dè s l e p rem ie r
t o u r. P o u r l e s a u t r e s , l e s
c andi da ts mo bil i se nt le urs
de r niè re s f or c e s. De r nie rs
m a r c h é s à t r a v e r s e r, d e r -
ni ers po ints pr esse, der-
n i è r e s a f fi
ficc h e s à c o l l e r.
H eur euse me nt q ue Marc-
Ph il ip pe Daub res s e é ta it là
p our a jo uter du p iqu ant à
grand re nfo r t d e pe ti tes
p hr as e s a s s as s ine s e nv ers
L
l e Mo Dem.
Au programme de Mar tine
Aubr y e t Sé basti en H uyghe Martine Aubry
Reportage photo : Jonathan Roux
h i e r, u n e v i s i t e a u p a s d e ne sera restée
c o u r s e d u m a r c h é d e Wa - qu’un quart
ze m m e s . C e r t e s ce qu a r- d’heure
t i e r l u i e s t c h e r, m a i s t o u t sur le marché
de m ême , be a uco up s ’ at- de Wazemmes
te ndaie nt à mie ux q u’un avant de
ma rc hé à la va -v ite , à tr oi s partir vers
j o u r s d u s e c o n d t o u r. C ’ e s t la maison
un fait, le s L il lo is on t q ua- de quartier.
s im e n t él u la m a ir e s o r-
bliques que nous avons tenues, les
tante dimanche der nier et
Dernier jour de marché à Wazemmes
Lillois m’ont fait beaucoup de compli-
p erso nne ne pe ut l e ur re-
ments », s’enorgueillit-elle. Et effec-
p roc her d’ avo ir tué to ut avant le second tour. Martine Aubry
tivement dans les allées, les
suspe nse. Rie n ne ser t no n
hâte le pas… vers sa réélection.
« bravo », « félicitations » et autres « on
p lus d’e n vo ul oi r à Sé bas-
Par Alexandra Nawawi va gagner » s’amoncellent. Même
t i e n H u y g h e c a r, e t c ’ e s t
Mourad, commerçant au marché,
do mma ge ab le p o ur lui ,
es militants du Parti s’est déplacée à son QG pour la qui avait promis de « titiller » l’élue ,
M a r t i n e A u b r y a é t é d é fi finni-
socialiste n’ont pas matinée mais se fait attendre. Dans se ravise devant elle. « Madame
tiv e men t ado pté e p ar l e s
qu’un atout dans le local, le café fume. Assise à une Aubry, on n’arrive plus à trouver des
Li l lo is qui ne la tax en t p lus
leur jeu. Certes, leur table, Martine Aubry met la main places au marché alors qu’on est Lillois.
de “ p ar ac h utée ” .
candidate est arri- à la patte, passe des coups de C’est pas normal ! » se plaint-il. « Oui,
En s om me, ap rè s une
vée première di- fil, pendant que les militants distri- oui vous avez raison. Merci de votre re-
l ong ue semai ne pauv re e n
manche dernier buent des tracts à tour de bras, em- marque, on va s’en occuper » lui ré-
re bo ndissem ent mis à p ar t
avec 46 % des voix. mitouflés dans pond Martine
l es all iance s, l es Li ll oi s
Certes, Martine Aubry a installé leur précieux fou-
« ON A TOUS Aubry, avant de
s’ac hemi nen t v ers un di-
son local de campagne au cœur du lard bleu. « On a poursuivre sa tra-
ma nch e qui s ’ ann onc e to ut
quartier de Wazemmes, un des plus tous attrapé un ATTRAPÉ UN versée du marché.
a u s s i l o n g . D e s fi fiaa n ç a i l l e s
populaires de Lille. Mais en plus, rhume », s’amuse Un quart d’heure et
de 2 001 e ntre Aubr y et le s
ils ont la chance (et l’obligation) de Nicolas, jeune mi- RHUME » vingt-cinq « bonne
Li l lo is , o n s’ app rê te à v iv re
porter des écharpes en guise d’ac- litant et habitant chance pour di-
le mariage. E t on voit mal
cessoire de campagne. Alors que de Wazemmes. manche » plus tard,
q uel q u’un ca p ab le d e s ’y
leurs adversaires n’ont, en tout et Quand, enfin, la maire de Lille sort la candidate en campagne est arri-
o p p o s e r.
Marc-Antoine Barreau pour tout, qu’une casquette en de son local, la petite troupe se met vée à l’autre bout du marché.
coton estivale, estampillée Sébas- en marche. Une poignée de main Le petit cortège s’échappe par une
tien Huyghe. au marchand de culottes, une bise petite rue. Martine Aubry a un
Jeudi, dernier marché avant le se- au kiosquier d’en face. Martine autre rendez-vous, un apéritif à la
cond tour des élections munici- Aubry est la star du marché. « J’ai maison de quartier de Wazemmes,
pales, le vent souffle sur la place du eu très peu de retours négatifs des élec- dans lequel elle ne restera que vingt
marché. La candidate socialiste teurs. Même pendant les réunions pu- minutes.
LA PRESSION de mars
Un QG bien placé
Quotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, de
Fin bâclée
On frô l e l ’e nnui. Aprè s l ’e f -
f er v esc enc e de s de r nie rs
jo urs, l es tractatio ns e n
to ut g enre , l e s mariage s e t
l es ente r re me nts, la suc -
c essio n d e me eti ngs e t l e s
di str ibuti ons de tracts , l e
c al me e s t r ev enu. Ce r tes ,
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tient plus d u marathon que
du s pri nt. Ma is dan s de
no mbre us es vi ll e s, le s dé s
é taie nt je té s dè s l e p rem ie r
t o u r. P o u r l e s a u t r e s , l e s
c andi da ts mo bil i se nt le urs
de r niè re s f or c e s. De r nie rs
m a r c h é s à t r a v e r s e r, d e r -
ni ers po ints pr esse, der-
n i è r e s a f fi
ficc h e s à c o l l e r.
H eur euse me nt q ue Marc-
Ph il ip pe Daub res s e é ta it là
p our a jo uter du p iqu ant à
grand re nfo r t d e pe ti tes
p hr as e s a s s as s ine s e nv ers
L
l e Mo Dem.
Au programme de Mar tine
Aubr y e t Sé basti en H uyghe Martine Aubry
Reportage photo : Jonathan Roux
h i e r, u n e v i s i t e a u p a s d e ne sera restée
c o u r s e d u m a r c h é d e Wa - qu’un quart
ze m m e s . C e r t e s ce qu a r- d’heure
t i e r l u i e s t c h e r, m a i s t o u t sur le marché
de m ême , be a uco up s ’ at- de Wazemmes
te ndaie nt à mie ux q u’un avant de
ma rc hé à la va -v ite , à tr oi s partir vers
j o u r s d u s e c o n d t o u r. C ’ e s t la maison
un fait, le s L il lo is on t q ua- de quartier.
s im e n t él u la m a ir e s o r-
bliques que nous avons tenues, les
tante dimanche der nier et
Dernier jour de marché à Wazemmes
Lillois m’ont fait beaucoup de compli-
p erso nne ne pe ut l e ur re-
ments », s’enorgueillit-elle. Et effec-
p roc her d’ avo ir tué to ut avant le second tour. Martine Aubry
tivement dans les allées, les
suspe nse. Rie n ne ser t no n
hâte le pas… vers sa réélection.
« bravo », « félicitations » et autres « on
p lus d’e n vo ul oi r à Sé bas-
Par Alexandra Nawawi va gagner » s’amoncellent. Même
t i e n H u y g h e c a r, e t c ’ e s t
Mourad, commerçant au marché,
do mma ge ab le p o ur lui ,
es militants du Parti s’est déplacée à son QG pour la qui avait promis de « titiller » l’élue ,
M a r t i n e A u b r y a é t é d é fi finni-
socialiste n’ont pas matinée mais se fait attendre. Dans se ravise devant elle. « Madame
tiv e men t ado pté e p ar l e s
qu’un atout dans le local, le café fume. Assise à une Aubry, on n’arrive plus à trouver des
Li l lo is qui ne la tax en t p lus
leur jeu. Certes, leur table, Martine Aubry met la main places au marché alors qu’on est Lillois.
de “ p ar ac h utée ” .
candidate est arri- à la patte, passe des coups de C’est pas normal ! » se plaint-il. « Oui,
En s om me, ap rè s une
vée première di- fil, pendant que les militants distri- oui vous avez raison. Merci de votre re-
l ong ue semai ne pauv re e n
manche dernier buent des tracts à tour de bras, em- marque, on va s’en occuper » lui ré-
re bo ndissem ent mis à p ar t
avec 46 % des voix. mitouflés dans pond Martine
l es all iance s, l es Li ll oi s
Certes, Martine Aubry a installé leur précieux fou-
« ON A TOUS Aubry, avant de
s’ac hemi nen t v ers un di-
son local de campagne au cœur du lard bleu. « On a poursuivre sa tra-
ma nch e qui s ’ ann onc e to ut
quartier de Wazemmes, un des plus tous attrapé un ATTRAPÉ UN versée du marché.
a u s s i l o n g . D e s fi fiaa n ç a i l l e s
populaires de Lille. Mais en plus, rhume », s’amuse Un quart d’heure et
de 2 001 e ntre Aubr y et le s
ils ont la chance (et l’obligation) de Nicolas, jeune mi- RHUME » vingt-cinq « bonne
Li l lo is , o n s’ app rê te à v iv re
porter des écharpes en guise d’ac- litant et habitant chance pour di-
le mariage. E t on voit mal
cessoire de campagne. Alors que de Wazemmes. manche » plus tard,
q uel q u’un ca p ab le d e s ’y
leurs adversaires n’ont, en tout et Quand, enfin, la maire de Lille sort la candidate en campagne est arri-
o p p o s e r.
Marc-Antoine Barreau pour tout, qu’une casquette en de son local, la petite troupe se met vée à l’autre bout du marché.
coton estivale, estampillée Sébas- en marche. Une poignée de main Le petit cortège s’échappe par une
tien Huyghe. au marchand de culottes, une bise petite rue. Martine Aubry a un
Jeudi, dernier marché avant le se- au kiosquier d’en face. Martine autre rendez-vous, un apéritif à la
cond tour des élections munici- Aubry est la star du marché. « J’ai maison de quartier de Wazemmes,
pales, le vent souffle sur la place du eu très peu de retours négatifs des élec- dans lequel elle ne restera que vingt
marché. La candidate socialiste teurs. Même pendant les réunions pu- minutes.
LA PRESSION de mars
Un QG bien placé
Quotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, de
Les Ç
a lambine pour les bambins. À Wazemmes, il
jardins
faut deux ans d’attente pour obtenir une place
dans la crèche de la Maison de quartier, qui en
d’enfants
compte 22. « Tout cela est très insuffisant, déplore Toun-
sia Lehlid, directrice de l’endroit. Les crèches sont de
beaux exemples de mixité sociale et culturelle, il faut main-
en friche
tenir ce lien. On trouve des enfants issus de l’immigration
comme de parents cadres sup. La chance de Wazemmes,
c’est de ne pas être un quartier ghetto ». Mais les chiffres
peinent à suivre, comme dans la crèche de l’associa-
tion Innov’Enf, où cinquante enfants sont sur liste
d’attente. « Le quartier attire beaucoup de jeunes ménages,
il faut trouver des solutions de garderie », assure Danielle
Poliautre, adjointe de Martine Aubry. Un centre pe-
tite enfance est prévu pour 2009 avec 24 places, et le
Habitants
programme de la maire sortante prévoit 70 places
supplémentaires d’ici 2011. Deux projets pour ré-
populaires,
pondre aux demandes des personnels éducatifs… et
des parents.
habitat
dégradé
Identité
culturelle S
relle », explique Laurent Tricart, chargé de la communica-
tion dans cet établissement. Lorsque Didier Fusillé, direc- e loger à Wazemmes ? Pas évi-
teur de Lille 2004, a lancé ce concept, il voulait laisser une dent. L’ancien bastion ouvrier
à préserver
trace pérenne. Pourtant cette structure laisse certains dubi- pâtit de son insalubrité… et ses
tatifs comme André Denimal, directeur du Biplan. « On ne 26 000 habitants avec. « Wazemmes
consacre que peu de place à la musique là-bas. Déjà qu’à Lille 2004, est toujours un quartier très populaire,
les groupes locaux n’avaient pas vraiment été associés… ». note Philippe Deltombe, président
L
Aujourd’hui, il faudrait davantage de subventions pour régional de l’association Droit au lo-
maintenir à flot ces établissements wazemmois. « Je perçois gement (DAL). L’habitat est souvent
25 000 euros chaque année. Tout juste de quoi payer le loyer. Il en en mauvais état, mal isolé, et ce sont les
a Maison Folie. Symbole du nouvel élan culturel im- faudrait le double », réclame André Denimal. « Il faut mainte- plus démunis qui paient les pires factures
pulsé à Wazemmes depuis Lille 2004, cette structure nir les lieux populaires de Wazemmes. » Le quartier devrait être d’électricité et de chauffage ». La muni-
de 300 places accueille aussi bien des expositions, du de nouveau sollicité l’an prochain sur la thématique de cipalité a mis en place une cellule de
théâtre que de la danse et des concerts. « C’est un quartier dy- « l’Europe et les pays de l’Est » à l’occasion de Lille 3 000. lutte contre l’insalubrité « mais elle ne
namique avec une mixité sociale et culturelle très intéressante. Quant à la renovation du Bazar de Wazemmes, « j’aimerais fonctionne efficacement que depuis un
L’équipement est à la fois ambitieux par ses projets et proche des bien qu’on en fasse un pôle du livre », souhaite Dimitri Va- an », explique-t-il, reconnaissant que
habitants. Cela doit devenir un outil de démocratisation cultu- zemsky, éditeur lillois et riverain. rénover l’ensemble des anciens loge-
ments ouvriers « ne se fait pas en cla-
V
Meglali, vendeur de poulets sur le
marché et installé à Cysoing dans un
trois-pièces avec sa femme et ses
oir Naples… et se dire qu’à Lille, parfois, L’alarmisme, ça va cinq minutes, mais visiblement la quatre enfants. Selon les chiffres de
c’est un peu pareil. Sacs poubelles, détritus, meilleure sensibilisation c’est le PV. » Depuis peu, une la Direction départementale de
Wazemmes souffre d’une réputation de sa- « brigade propreté » verbalise les habitants qui aban- l’Equipement, 80000 ménages sont
leté : le nettoyage était déjà l’un des enjeux des mu- donnent leurs ordures hors jours de en attente d’un logement social sur
nicipales de 2001. « C’est lié à l’activité du quartier, collecte. « Il faut exemplariser la sanc- Lille, et Wazemmes n’est pas en
justifie Nicolas Bernard, militant PS et animateur tion », justifie Nicolas Bernard. Ad- reste. En campagne, Martine Aubry
d’un groupe de riverains mobilisés sur le sujet. À Wa- jointe au maire et présidente du a promis… 877 nouveaux logements
zemmes, il y a à la fois le plus grand marché de la ville conseil de quartier, Danielle Poliau- pour le quartier, dont 317 sociaux.
trois fois par semaine, et la rue Gambetta, la plus grande tre évoque une autre cause à la sa- « C’est loin d’être suffisant, mais avec 30
rue commerçante de Lille. Néanmoins, on tente de faire leté: « On dénombre beaucoup de bâti- % de logements sociaux sur Lille on ne
progresser les mentalités, notamment sur la mise en place ments découpés en petits logements, où il peut pas dire que la mairie ne joue pas le
du tri sélectif ». Membre de l’Union des commer- n’y a pas la place de mettre les deux bacs jeu », nuance Philippe Deltombe.
çants de la rue Gambetta, Jackie Gosciniak essaie réglementaires. Et puis certaines rues sont Reste que des bobos s’installent de
d’y contribuer, à son niveau : « j’ai mis une affiche trop étroites, voire encombrées par les voi- plus en plus, rejetant mécanique-
sur ma vitrine, j’ai collé des autocollants sur les boîtes tures, et les éboueurs ne peuvent pas y pas- ment les classes moins aisées hors
aux lettres, mais les gens s’en moquent. Il a fallu que je ser. » D’où des ordures qui s’amon- du lieu. « Ce sont des places prises au dé-
voie des rats dans les rues pour obtenir une réaction. cellent. triment de l’âme populaire. »
ÀVOIX
SAISIR
Par Jonathan Roux
(Photos) et Françoise
Marmouyet (Textes)
Tête à tête
À la sortie de son QG de Wazemmes,
Martine Aubry prend le temps de
répondre aux questions des habitants
avant de se rendre au pas de course
à un cocktail de la Maison de quartier.
Foire d’empoigne
Militante UMP (à gauche de la photo): « Il y a certaines régions
où le PS est respectable, ici non. »
Militant PS (à droite): « Arrêtez madame, on a fait 40 %! »
Militante UMP : « Mais nous on représente la classe, l’élégance... »
Militant PS, en riant : « Venez voir la classe et l’élégance.
Faîtes le bon choix contre Sarko! »
tout colère
Marc-Phippe Daubresse,
hier lors de sa conférence
contre
de presse
le MoDem
I
photo :Jeremy Marot
Le maire de Lambersart était remonté contre
le parti centriste. Il l’a fait savoir hier lors d’une
conférence de presse où les piques, visiblement
mûries depuis un temps, ont été nombreuses.
de l’un de ses derniers meetings, cité « les excellentes infrastructures de transports
Par Jérémy Marot à Lille » et regretté que « certains élus centristes aient pu faire penser que le MoDem
était un parti de droite ». Jamais pendant son discours, Martine Aubry n’a été
l avait prévenu. D’un sourire gourmand : « Si vous êtes amateur de pe- égratignée.
tites phrases, il faut venir. » Alors, on est venu. Et on n’a pas été déçu. Indignation parmi les élus de droite quant on en vient aux cantonales à
Marc-Philippe Daubresse, député-maire UMP de Lambersart et Bailleul. « Pourquoi le lundi midi, on nous demande de retirer des candidats, ce que
candidat à la présidence de la Communauté urbaine de Lille nous faisons, pour négocier, lundi soir, avec les socialistes ? », s’emporte Daubresse.
(LMCU), était en grande forme, hier. Épaulé par Thierry Lazaro, Visiblement, les cadres nordistes de l’UMP se sont faits rouler. « Mais nous,
patron de l’UMP local et Jean-René Lecerf, sénateur du Nord, il on est naïfs », assume Lazaro.
avait bien préparé son point-presse. Et était tout chagrin de l’atti- Les tempêtes de mots battent son plein alors que Daubresse s’essaye au ca-
tude du MoDem. Il est vrai que le MoDem a joué plus d’un vilain lembour maritime – en latin s’il vous plaît. « Fluctuat nec mergitur (Il tangue
tour à l’UMP du Nord, qui a découvert, à l’occasion, que le parti mais ne sombre pas, NDLR), pourrait-on dire à propos du MoDem. Mais au bout
de Bayrou – eh oui – était parfois à d’un moment, fluctuat, d’accord, mais Titanic Mamère
« QUELLE
droite, parfois à gauche. En l’occur- aussi ! » Aïe... Vexé comme un amant éconduit,
rence, dans le Nord, il penche à gauche, enfin plu- Daubresse voit plus loin que les municipales. En
tôt, tangue, et Marc-Philippe Daubresse, accoudé DÉSOLATION, tête, la présidence de la Communauté urbaine,
QUELLE TRISTESSE,
au bastingage, en est malade. Lui qui a « fondé, dé- pour laquelle il s’estime « toujours en lice ». Le
veloppé et fait prospérer l’UDF dans le coin ». Alors, petit jeu des élus orange ne l’inquiète pas plus que
dès les premières minutes du point-presse, LA C’EST LAMENTABLE ! » ça. « Ils vont gagner quoi à s’allier au PS ? Une voix
flèche. « Je suis furieux de voir un certain nombre de d’élu communautaire à Saint-André, une ou deux à
mes amis en tête de la procession socialiste, avec un en- Faches-Thumesnil ? Ça ne change rien, ce sont des
censoir et tout ça, pour un plat de lentilles ! » sièges pris sur ceux du PS. »
Il s’en prend à Olivier Henno, chef du MoDem nordiste, qu’il traite de « gi- Plutôt que de s’attarder sur ce « champ de ruines » qu’est le MoDem, Dau-
rouette opportuniste qui attend le sens du vent. » Le mieux loti est sans conteste bresse préfère enfin chouchouter celui qui sera le véritable arbitre de la lutte
Jacques Richir, candidat orange à Lille et fraîchement rallié à Martine pour la Communauté urbaine : Henri Ségard. Vice-président de LMCU,
Aubry. Ce libéral-traître est prêt à « vendre son âme » et « aller à la soupe » pour l’homme est à la tête d’un groupe d’élus sans étiquette qui pèsent actuelle-
grappiller quelques places d’élus. « Quelle désolation, quelle tristesse, c’est la- ment pour 28 % des votes pour la présidence. Or, Ségard est aussi un proche
mentable ! » Pourtant, le pacte Richir-Aubry n’est pas vraiment une surprise de Daubresse. De quoi nourrir « beaucoup d’affection » pour lui en retour... Et
I
et Marc-Antoine Barreau
l aura tout essayé et pourtant, il n’y pour apporter autre chose à la ville. Dans
aura personne pour sauver le soldat un sens, oui, on est contre Mellick »,
Mellick (PS). C’est définitif, c’est conclut Olivier Gacquerre à ce sujet.
bien seul contre trois que le maire de Par la suite, plus jamais le nom du
Béthune s’apprête à protéger son fau- maire sortant ne sera prononcé.
teuil de maire. Hier soir, au premier Place au projet et surtout à la cohé-
étage du café Le Brussel, en face du rence de cette fusion de liste. Tous trois
beffroi de Béthune, était réuni le front affirment que leurs programmes res-
anti-Mellick au grand complet. Sté- pectifs se ressemblaient beaucoup.
phane Saint-André (DVG), Olivier Alors, à la question « Pourquoi n’avez-
Gacquerre (MoDem soutenu par vous pas fait liste commune dès le pre-
l’UMP) et Bernard Seux (SE) étaient mier tour ? », Stéphane Saint-André
attendus pour éclairer les Béthunois botte en touche : « Nous avons consulté
sur cette alliance soudaine. les électeurs. Six sur dix veulent que ça
« Notre union n’est pas dirigée contre Mel- change. Nous répondons à leur demande. »
lick mais pour Béthune ! ». En cœur, les Bernard Seux embraye : «Au-delà des
trois candidats unis derrière Stephane calculs politiciens, nous sommes là pour Bé-
Saint-André nommé tête de liste, de- thune. Nous avons, ensemble, un projet co-
Photo : Marie-Adélaïde Scigacz
vancent tout jugement de valeur pou- hérent dynamique qui tient compte des dif-
vant porter sur leur coalition. Brou- férentes sensibilités au-delà de l’esprit
haha dans la salle, les personnes partisan. » Reste à savoir si les Béthu-
venues les soutenir semblent en avoir nois se retrouveront dans cette al-
assez qu’on leur colle l’étiquette « tout liance : deux personnes de gauche al-
Stéphane Saint-André (au centre) n’a pas de doute : « Ensemble, sauf Mellick » sur le dos. « On est contre liée à un MoDem, lui-même soutenu
nous serons capable de nous entendre pour gérer la ville. » lui dans le sens où on n’a pas la même vi- par un député UMP. Peut-être de quoi
sion de Béthune. On veut prendre sa place donner un peu le tournis.
la lutte
est
haineuse »
J
Par Hélène
V I L L E N E U V E D ’ A S C Q . Gérard Caudron (DVG) et Jean-Michel Stievenard (PS) ont travaillé
Bekmezian
main dans la main pendant vingt-quatre ans. Aujourd’hui en concurrence pour la mairie, ils se
livrent à une guerre électorale sans merci. Pour le psychanalyste Jean-Pierre Friedman (1), cette
lutte fratricide illustre un phénomène plus large.
ean-Pierre Friedman connaît d’autant mieux les Une campagne entre candidats de Dans la région, Pierre Mauroy ne joue-
luttes intestines de pouvoir qu’il en a été victime. bords politiques différents serait donc t-il pas ce rôle de leader fédérateur ?
Premier adjoint au maire de Meillers, petite moins violente ? À une certaine époque, il y avait en effet
commune de 200 habitants dans l’Allier, il s’est Entre gens de bords différents, la guerre des parrains régionaux. À Marseille, Gas-
représenté aux élections municipales cette peut être saine et loyale. Entre gens du ton Defferre était reconnu comme tel,
année. Le conseil sortant a été reconduit mais même bord, la lutte devient haineuse et même par les gens de la gauche. Pierre
pas lui, évincé par ses colistiers. Il est donc un perfide. Pendant la Présidentielle, Nicolas Mauroy le fut aussi à une époque. Mais au-
observateur privilégié de la question. Sarkozy et Ségolène Royal ne se portaient jourd’hui, en partie à cause de son âge et
pas vraiment des coups bas, simplement de ses relations difficiles avec Martine
Comment deux hommes politiques, des attaques. La campagne fut beaucoup Aubry, je ne suis pas sûr qu’il soit toujours
de gauche tous les deux et qui ont tra- plus sournoise pour les primaires du PS, une forte personnalité dans le Nord. Et
vaillé ensemble, peuvent-ils se livrer par exemple. À l’intérieur de leur propre Martine Aubry n’a pas repris le flambeau.
une bataille électorale aussi agres- camp, les gens ne sont pas seulement en
sive ? compétition, ils se haïssent encore plus C’est donc propre au genre humain ?
Les plus grandes haines naissent entre les qu’ils détestent les gens des camps oppo- Oui. D’un point de vue psychosociolo-
gens les plus proches. Il s’agit du complexe sés. Regardez Laurent Fabius et François gique, déjà, les luttes intestines ont tou-
de Caïn, de quelque chose de fratricide. On Hollande, Dominique de Villepin et Nicolas jours été les pires. Regardez ce qui s’est
ne peut détester que ce que l’on connaît Sarkozy. On respecte souvent plus l’adver- passé entre les catholiques et les protes-
bien. Plus on se connaît, plus on est proche, saire politique qui n’est pas dans son tants, pourtant tous chrétiens. Et regardez
plus le complexe de Caïn se justifie. Ceci camp. Dans un même camp, il y a des luttes ce qui se passe aujourd’hui entre les sun-
est particulièrement vrai pour les élections à mort. nites et les chiites. Les guerres civiles sont
municipales où le terrain de la bataille est bien souvent les plus cruelles et les plus
plus petit et où les gens, les électeurs Cela a toujours été le cas en poli- monstrueuses. D’autre part et d’un point de
comme les tique ? vue psychologique, cela relève de l’ar-
CELA RELÈVE candidats, se En tout cas, le phénomène s’est amplifié chaïsme animal, de quelque chose de bio-
DE L’ARCHAÏSME
connaissent avec la disparition des grands leaders logique. C’est comme dans une meute pri-
bien. Si les politiques. À gauche, quand François Mit- mitive où il faut un seul chef pour maintenir
ANIMAL ”
candidats sont terrand est parti, avant même qu’il ne dé- le groupe et où la lutte pour la domination
davantage des cède, le Parti socialiste a explosé. Puis le est la plupart du temps une lutte à mort. Et
cousins dans PS a cru, à tort, pouvoir se donner un lea- c’est seulement à partir du moment où il y
les élections der avec Ségolène Royal. À droite, Nicolas a un mâle - ou une femelle - dominant(e)
nationales, ils sont des frères dans les élec- Sarkozy s’était placé comme tel mais il a qu’il devient possible d’attaquer l’autre
tions locales ; c’est pourquoi l’intensité de été discrédité à cause de l’exposition ex- camp. Le camp, comme le parti politique,
la bataille est bien plus forte. Ce sont les trême de sa vie personnelle. Aujourd’hui, à n’est fort que s’il y a un seul leader.
gens qui se connaissent le mieux qui ont le gauche, à droite et au centre, il y a claire-
plus tendance à se trahir les uns les autres ment un grand vide de leadership comme
et à porter des coups bas. on n’en a pas connu depuis longtemps.
(1) Jean-Pierre Friedman est l’auteur de Dans la peau de Sarko :
et de ceux qui veulent sa peau et Du pouvoir et des gommes :
Jacques, Lionel, Jean-Pierre et les autres aux éditions Michalon.
Stationnement
à l’amende Photo: Eric Filliastre
O
Parkings bondés, voitures mal garées… Le stationnement est un vrai problème à Saint-Omer (lire aussi page 9).
Un tel enjeu pour la ville que les deux candidats aux municipales en ont fait le thème principal de leur campagne.
versaire sur le thème du stationnement. compte sur le tourisme pour compen- tecte des bâtiments de France a effectué une
Vingt-cinq ans après, le constat est clair : ser les emplois supprimés à la cristalle- étude sur la question. En raison de sa proxi-
ù peut-on garer sa voiture rien n’a changé. » Pour résoudre le pro- rie d’Arques. mité avec un monument historique, le
à Saint-Omer ? Question blème, Bruno Magnier préconise la « La création d’un parking de 460 places en deuxième niveau ne pourrait occuper qu’un
anodine en apparence, construction d’un parking aérien de bas de la rue de Dunkerque répond à cette peu moins des deux tiers de la surface de
mais qui pourrait bien coûter sa place 176 places, au-dessus de l’actuel par- logique », rétorque Jean-Jacques Del- l’actuel parking de l’Esplanade. » Nette-
à Jean-Jacques Delvaux (UMP), le king de l’Espla- vaux. Le maire ment insuffisant selon Jean-Jacques
maire sortant. Certaines décisions,
comme la suppression de la gratuité du
nade. L’agran-
dissement de ce
UN PV SUR sortant compte
insuffler un
Delvaux.
Quant au quart d’heure de stationne-
premier quart d’heure de stationne-
ment, ont été mal perçues par la popu-
parc de station-
nement de 363
UN PARE-BRISE EST nouveau dyna-
misme à une
ment gratuit, « il existe toujours. Nous
avons mis en place les PIAF, de petits horo-
lation. Les commerçants du centre- places, très sou- PLUS ÉVOCATEUR zone marginale, dateurs personnels que les gens alimentent
ville, notamment, craignent que cette vent saturé, re- et redonner vie
QU’UN PROGRAMME aux commerces
avec une carte et qui leur permet d’en béné-
mesure ne dissuade les Audomarois de présente un véri- ficier. Le but était d’éviter le phénomène des
se garer à proximité de leurs enseignes. table enjeu pour qui y sont im- voitures-ventouse : les gens laissaient leur
Délicat, d’autant que le centre com- la ville, selon le candidat socialiste. « Le plantés. « Nous prévoyons la création d’un voiture le matin et repartaient le soir ».
mercial de Longuenesse, situé à moins manque de places disponibles a un effet né- pôle touristique pour relier la ville au quar- Reste que beaucoup d’Audomarois
de dix minutes de la commune, exerce gatif sur les visiteurs. Les travailleurs de Lille tier du Marais, ainsi que l’aménagement ignorent l’existence de ce projet. « Les
une forte attractivité. Il n’en fallait pas pourraient s’implanter à Saint-Omer pour des quais pour permettre la navigation de gens s’informent de moins en moins, même
plus pour que Bruno Magnier, candidat profiter du faible coût de l’immobilier, mais plaisance. » Le candidat UMP se mon- si on les inonde de documents », soupire le
PS, ne s’engouffre dans la brèche. l’absence d’un grand parking à proximité de tre très critique envers les propositions maire. Il est vrai qu’un PV sur un pare-
« Lors de sa première élection, en 1983, la gare les en dissuade. » Une situation de son opposant, à commencer par la brise est beaucoup plus évocateur
Jean-Jacques Delvaux avait battu son ad- dramatique selon Bruno Magnier, qui création du parking aérien. « L’archi- qu’un programme…
du MoDem ?
Q
Jusqu’au bout, la campagne
à Saint-Omer n’aura pas été
de tout repos. Muriel Volle,
la candidate du MoDem s’est
finalement désistée, après
de nombreuses tentatives d’union.
Photo : G.A.
ue de rebondissements !
Les municipales de Saint--
Omer font jaser. Les listes
Jean-Jacques Delvaux, maire de Saint-Omer depuis 1983, est arrivé en deuxième
pour les élections, c’est
position au premier tour. La mairie (ci-dessus) pourrait basculer à gauche.
toute une histoire. En no-
vembre, les rumeurs en- ture. Ni Muriel Volle, ni Dany Masset ni même Phi- Jacques Delvaux (UMP). Le journal parle même de
flent déjà : Michel Lefait, lippe Caron (tous trois du MoDem) ne figurent sur deux postes pour la liste de l’ancienne adjointe au
député PS de la 8e circons- sa liste, alors qu’ils étaient colistiers aux dernières maire. Jean-Jacques Delvaux dément tout rappro-
cription du Pas-de-Calais, municipales. Les trois évincés ont donc décidé de chement : « Il n’y a eu aucune négociation avec Muriel
se présenterait aux élections municipales de Saint- conduire leur propre liste, à quelques jours du Volle. Le lendemain des élections nécessite un climat de sin-
Omer. Ce qu’il dément publiquement peu après. premier tour. Surprise cérité et de loyauté. Ce
Quelques jours plus tard, c’est au tour de Bruno
Magnier, le secrétaire de la section socialiste, de se
au soir du 9 mars :
le socialiste Bruno
« LES NÉGOCIATIONS n’est pas avec une négocia-
tion de couloir que l’on va
porter premier candidat à la mairie. En décembre, le Magnier est en tête DE COULOIR NE VONT PAS réconcilier l’électeur et la
MoDem essaie de se rapprocher du socialiste en vue avec 42,55 %, devant politique. »
d’une création de liste commune. « Muriel Volle, du le maire sortant qui RÉCONCILIER L’ÉLECTEUR Du côté de Bruno
ET LA POLITIQUE »
MoDem, nous a contactés. On s’est réunis avec les mili- totalise 40,89 % des Magnier, aucune prise
tants du MoDem, ainsi qu’avec Michel Lefait, à la mairie voix. de contact ni aucune
d’Arques. Nous avons refusé un rapprochement car elle Malgré une courte consultation avec Mu-
demandait la tête de liste », déclare le secrétaire de la campagne, Muriel Volle est l’autre révélation de ce riel Volle. Finalement, cette dernière préfèrera jeter
section socialiste. La presse a été informée, mais la premier tour. Elle se place troisième, mais obtient l’éponge sans donner de consigne de vote. Ce sera
représentante du MoDem a toujours nié ce rappro- tout de même 16,56 % des voix. Au lendemain du donc un duel Magnier-Delvaux au second tour. Mais
chement. premier tour, nouveaux rebondissements. La Voix du l’issue du scrutin reste indécise. Qui remportera la
Ensuite, c’est au maire sortant de passer à l’action : Nord du 11 mars évoque des rumeurs de rapproche- mairie de Saint-Omer ? Aux électeurs de Muriel
Jean-Jacques Delvaux (UMP) annonce sa candida- ment entre la liste de Muriel Volle et celle de Jean- Volle de se positionner.
Maire sor- ■ Poursuivre le programme de réno- ■ Créer une maison de quartier dans ■ Rénover l’arboretum du jardin pu-
tant UMP vation des rues ; lutter contre le bruit les faubourgs ; développer des ateliers blic ; lancer un grand festival annuel
Nom : en collaboration avec la police muni- de pratique musicale pour collégiens “jardins et lumières” pour mettre en
Delvaux cipale ; rénover l’éclairage public et lycéens ; mettre en place un “pas- valeur le patrimoine de la ville ; pour-
Prénom :
Jean-Jacques dans l’ensemble de la ville ; défendre seport jeune” proposant aux adoles- suivre la reconversion de l’Hôtel de
Âge : 65 ans la propreté urbaine par des cam- cents des réductions en matière de ville et de son théâtre en un centre
Profession : pagnes de sensibilisation et une ver- sport, de culture et de loisirs. culturel et d’animation.
retraité de balisation accrue des contrevenants.
l’éducation
nationale
Candidat PS ■ Entretien des voieries, des trottoirs ■ Création d’emplois peu qualifiés ■ Faire de Saint-Omer une ville tou-
Nom : et de la propreté de la ville ; lutte pour les jeunes Audomarois non-di- ristique accueillante et du tourisme
Magnier contre les nuisances visuelles et so- plômés ; mettre des jeux pour enfants un vecteur essentiel de développe-
Prénom : nores ainsi que l’insécurité ; relais au pied des immeubles ; création de ment pour le Pays de Saint-Omer ;
Bruno
Âge : 48 ans entre les personnes âgées et les diffé- conseils de quartiers pour prendre en mettre en place une piste cyclable re-
Profession : rentes structures d’accueil qui les compte les réalités locales spéci- liant centre-ville et marais ; proposer
proviseur- concernent. fiques. des boucles touristiques selon divers
adjoint thèmes comme le patrimoine, la na-
ture, le bois, l’aquatique…
du MoDem ?
Q
Jusqu’au bout, la campagne
à Saint-Omer n’aura pas été
de tout repos. Muriel Volle,
la candidate du MoDem s’est
finalement désistée, après
de nombreuses tentatives d’union.
Photo : G.A.
ue de rebondissements !
Les municipales de Saint--
Omer font jaser. Les listes
Jean-Jacques Delvaux, maire de Saint-Omer depuis 1983, est arrivé en deuxième
pour les élections, c’est
position au premier tour. La mairie (ci-dessus) pourrait basculer à gauche.
toute une histoire. En no-
vembre, les rumeurs en- ture. Ni Muriel Volle, ni Dany Masset ni même Phi- Jacques Delvaux (UMP). Le journal parle même de
flent déjà : Michel Lefait, lippe Caron (tous trois du MoDem) ne figurent sur deux postes pour la liste de l’ancienne adjointe au
député PS de la 8e circons- sa liste, alors qu’ils étaient colistiers aux dernières maire. Jean-Jacques Delvaux dément tout rappro-
cription du Pas-de-Calais, municipales. Les trois évincés ont donc décidé de chement : « Il n’y a eu aucune négociation avec Muriel
se présenterait aux élections municipales de Saint- conduire leur propre liste, à quelques jours du Volle. Le lendemain des élections nécessite un climat de sin-
Omer. Ce qu’il dément publiquement peu après. premier tour. Surprise cérité et de loyauté. Ce
Quelques jours plus tard, c’est au tour de Bruno
Magnier, le secrétaire de la section socialiste, de se
au soir du 9 mars :
le socialiste Bruno
« LES NÉGOCIATIONS n’est pas avec une négocia-
tion de couloir que l’on va
porter premier candidat à la mairie. En décembre, le Magnier est en tête DE COULOIR NE VONT PAS réconcilier l’électeur et la
MoDem essaie de se rapprocher du socialiste en vue avec 42,55 %, devant politique. »
d’une création de liste commune. « Muriel Volle, du le maire sortant qui RÉCONCILIER L’ÉLECTEUR Du côté de Bruno
ET LA POLITIQUE »
MoDem, nous a contactés. On s’est réunis avec les mili- totalise 40,89 % des Magnier, aucune prise
tants du MoDem, ainsi qu’avec Michel Lefait, à la mairie voix. de contact ni aucune
d’Arques. Nous avons refusé un rapprochement car elle Malgré une courte consultation avec Mu-
demandait la tête de liste », déclare le secrétaire de la campagne, Muriel Volle est l’autre révélation de ce riel Volle. Finalement, cette dernière préfèrera jeter
section socialiste. La presse a été informée, mais la premier tour. Elle se place troisième, mais obtient l’éponge sans donner de consigne de vote. Ce sera
représentante du MoDem a toujours nié ce rappro- tout de même 16,56 % des voix. Au lendemain du donc un duel Magnier-Delvaux au second tour. Mais
chement. premier tour, nouveaux rebondissements. La Voix du l’issue du scrutin reste indécise. Qui remportera la
Ensuite, c’est au maire sortant de passer à l’action : Nord du 11 mars évoque des rumeurs de rapproche- mairie de Saint-Omer ? Aux électeurs de Muriel
Jean-Jacques Delvaux (UMP) annonce sa candida- ment entre la liste de Muriel Volle et celle de Jean- Volle de se positionner.
Maire sor- ■ Poursuivre le programme de réno- ■ Créer une maison de quartier dans ■ Rénover l’arboretum du jardin pu-
tant UMP vation des rues ; lutter contre le bruit les faubourgs ; développer des ateliers blic ; lancer un grand festival annuel
Nom : en collaboration avec la police muni- de pratique musicale pour collégiens “jardins et lumières” pour mettre en
Delvaux cipale ; rénover l’éclairage public et lycéens ; mettre en place un “pas- valeur le patrimoine de la ville ; pour-
Prénom :
Jean-Jacques dans l’ensemble de la ville ; défendre seport jeune” proposant aux adoles- suivre la reconversion de l’Hôtel de
Âge : 65 ans la propreté urbaine par des cam- cents des réductions en matière de ville et de son théâtre en un centre
Profession : pagnes de sensibilisation et une ver- sport, de culture et de loisirs. culturel et d’animation.
retraité de balisation accrue des contrevenants.
l’éducation
nationale
Candidat PS ■ Entretien des voieries, des trottoirs ■ Création d’emplois peu qualifiés ■ Faire de Saint-Omer une ville tou-
Nom : et de la propreté de la ville ; lutte pour les jeunes Audomarois non-di- ristique accueillante et du tourisme
Magnier contre les nuisances visuelles et so- plômés ; mettre des jeux pour enfants un vecteur essentiel de développe-
Prénom : nores ainsi que l’insécurité ; relais au pied des immeubles ; création de ment pour le Pays de Saint-Omer ;
Bruno
Âge : 48 ans entre les personnes âgées et les diffé- conseils de quartiers pour prendre en mettre en place une piste cyclable re-
Profession : rentes structures d’accueil qui les compte les réalités locales spéci- liant centre-ville et marais ; proposer
proviseur- concernent. fiques. des boucles touristiques selon divers
adjoint thèmes comme le patrimoine, la na-
ture, le bois, l’aquatique…
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FOCUS
prendre votre
prochain maire ?
Photo : G.W.
au second tour, l’heure Commercial
U
n’est plus aux réunions publiques,
mais au contact direct « Trouver un loge-
ment sur Saint-Omer
avec l’habitant. n’est vraiment pas
facile. Les loyers
sont assez élevés pour les jeunes qui
cherchent à s’installer. Créer des em-
plois sur l’Audomarois, peut-être dans le
tourisme, aiderait les jeunes. Je remet-
trais en place le quart d’heure gratuit
pour le stationnement, supprimé par la
municipalité, et il faudrait également
ne semaine avant le premier tour, Bruno augmenter ou créer des place de par-
Magnier, candidat PS, avait organisé trois kings gratuites en centre-ville. »
réunions publiques. Pour le second tour, la
stratégie sera légèrement différente. « Nous allons nous
orienter sur le porte-à-porte. Nous ne voulons pas faire comme
Jean-Jacques Delvaux, qui est plutôt un homme de salons et
qui tient ses réunions dans des hôtels », explique le socia-
liste, qui compte « se concentrer sur les électeurs des quartiers
les moins favorables ». Au centre de la commune, dans le Prénom : Josiane
bureau de vote numéro 1 (Hôtel de ville), Jean-Jacques Âge : 56 ans
Delvaux devance Bruno Magnier de plus de cent voix. Profession :
Pour conquérir de nouveaux électeurs, le candidat Sans emploi
compte également sur les réunions de bistrot. Ces soi- Bruno Magnier (PS) chez
Il y a pas mal de
rées, qui consistent à organiser une rencontre avec les lui mardi matin, avant
choses à faire à
électeurs dans les bars de la ville, ont remporté un franc de partir distribuer
Saint-Omer. L’anima-
succès auprès des Audomarois. Bruno Magnier compte des tracts dans tion n’est plus
bien en tenir au moins une d’ici le 16 mars, « pour faire les quartiers de la ville. comme avant. Beau-
coup de fêtes qui
le point, mais aussi parce que cela attire les gens des milieux po- existaient ont été supprimées. J’organise-
pulaires, qui sont précisément les électeurs que nous souhaitons auront un choix clair à faire entre Bruno Magnier et moi, di- rais donc plus de concerts en centre-
toucher ». manche. Nous voulons mettre en avant notre pleine connais- ville. Il n’y a pas encore assez de par-
Même stratégie chez le maire sortant, Jean-Jacques sance des dossiers et notre disponibilité pour la commune. » kings. Les seules places gartuites qui ont
Delvaux : « Nous n’avons plus aucune réunion publique pré- Avec, là encore, deux maîtres mots : contact et péda- été créées sont éloignées du centre-ville.
vue, nous en avons déjà organisé trois dans la semaine qui a gogie. « Cette semaine, nous allons nous livrer à une cam-
précédé le premier tour. » Le candidat UMP compte bien pagne de proximité pour informer les électeurs de notre pro-Photo: G.A.
profiter des quelques jours qui lui restent pour trans- gramme. Même si celui-ci a été bien expliqué, des questions
mettre ses derniers messages de campagne aux habi- subsistent chez certains habitants. » Les deux candidats au-
tants. L’occasion de les confronter à la situation poli- ront l’embarras du choix pour convaincre les indécis :
tique du second tour : « Nous allons leur expliquer qu’ils dimanche, 40% des Audomarois s’étaient abstenus.
Prénom : Thomas
Âge : 22 ans
Profession :
Étudiant
Je commencerais par
cale sur la place Foch le samedi soir les grands projets de la ville ; créer un
Liste Delvaux (UMP) : 40,89 %
Liste Volle (MoDem) : 16,56 %
nement : la gare.
en été ; programmer un festival de ci- grand parking auprès du quai des Sa- Au second tour, ce
néma en plein air sur le site des rem- lines, subventionné à 40 % par la sera aux électeurs
parts ; apporter un soutien logistique Communauté d’agglomération de de Muriel Volle
et financer encore davantage les asso- Saint-Omer (Caso) ; développer les de départager
les deux candidats
ciations culturelles. maisons de la petite enfance dans encore en lice.
tous les secteurs de l’agglomération.
Prénom : Catherine
MUNICIPALES Âge : 50 ans
2001 : 2ème tour Profession :
Buraliste
■ Création d’un vrai journal de la ■ Mettre en place une nouvelle fonc-
ville ; offrir aux quartiers la possibi- tion : l’élu en charge des affaires éco- Je rétablirais le quart
lité d’organiser des animations inté- nomiques de la ville sera le représen- d’heure gratuit pour
les automobilistes
grées et soutenues par la municipa- tant de la ville auprès de la Caso ; car cette suppres-
lité ; créer un théâtre de verdure au créer une commission de l’intercom-
Liste Delvaux : 50,01 %
organiser des concerts gratuits sur la l’économie et les autres secteurs. Jean-Jacques
voiture pour simplement acheter leur
pain et qui reviennent avec un PV de
Grand’place réaménagée et un festi- Delvaux avait été onze euros, ça fait cher le pain !
val de musique. largement réélu
en 2001 malgré la Je ne suis pas d’accord avec le déména-
concurrence d’une gement des bureaux de la municipalité.
autre liste de droite. Elle était très bien sur la Grand’ place.
Débat ou pas ?
au secours
La situation rappelle 2007 et la fameuse
rencontre entre Ségolène Royal et
François Bayrou. Au lendemain du pre-
mier tour, Jean-Jacques Delvaux, le
maire sortant de Saint-Omer, a convié
de la ville
son adversaire socialiste à un débat.
Mais ce dernier a rejeté la proposition
de son concurrent. Le candidat PS craint
que « le maire sortant ne reprenne à son
compte les idées de son programme ».
Barbier remporte
Saint-Omer sud
Dans le canton de Saint-Omer sud, il n’y
aura pas eu de surprise. Le conseiller
général sortant, Jean-Marie Barbier, a
été reconduit dans ses fonctions à une
très large majorité des voix. Le candi-
dat du PS recueille plus de 66 % des
voix au premier tour et devance nette-
À l’heure où l’ensemble de l’Audomarois ment son adversaire de l’UMP, François
Decoster, qui n’a pas dépassé 20 % des
doit appréhender les plans sociaux suffrages. Un résultat significatif : avec
la victoire du socialiste Bertrand Petit
de la Cristallerie d’Arques, les édiles sur Jean-Jacques Delvaux dans l’arron-
S
de St-Omer s’accordent à voir dissement de Saint-Omer nord, les
deux cantons de la ville sont désormais
dans la communauté d’agglomération ancrés à gauche.
Stationnement :
un outil indispensable pour faire face.
L’avenir est sombre
pour la cristallerie d’Arques. l’œil de Muriel Volle
eule ville de droite dans une communauté d’agglo- les deux hommes sont sur la même longueur d’onde : si Saint-
mération de gauche. Isolée, mais pas sans poids. Omer veut retrouver son standing passé, cela passera obliga-
Saint-Omer, ce ne sont “que” 16 000 habitants, au toirement par la Communauté d’agglomération. Et ce, grâce
sein d’une Communauté d’agglomération de Saint-Omer à l’apport financier représenté par la taxe professionnelle qui
(Caso) comptant 72 000 âmes. 16 000 personnes seulement au permet d’exécuter de grands chantiers, et surtout grâce à l’em-
sein de la Caso, mais une ville qui en est le cœur industriel, ploi. Ainsi, Jean-Jacques Delvaux et Bruno Magnier pensent
touristique, et même historique – le district fut créé en 1962 à l’un comme l’autre que la catastrophe de la cristallerie
l’instigation de l’Audomarois Raymond Senellart. Au- d’Arques (6 000 emplois supprimés en quatre ans) ne pourra
jourd’hui, Jean-Jacques Delvaux, maire de Saint-Omer depuis être compensée qu’au niveau de la Caso.
Photo CJ
1983, est le seul homme de droite « Depuis cette annonce, explique Malgré son désistement, Muriel Volle a
à occuper l’un des dix-neuf hôtels SEULE VILLE DE DROITE Jean-Jacques Delvaux, l’Aggloméra- gardé tout son sens critique. Interrogée
sur le manque de places de parking à
de ville faisant partie de la Caso. tion a développé plusieurs zones d’acti-
DE L’AGGLOMÉRATION
Saint-Omer, l’ex-candidate a regretté
Cette différence ne le gêne guère : vités dans les alentours. Ici, nous en « l’absence d’étude depuis 2000 ». L’an-
« Dans le cas d’une communauté d’ag- avons une située du côté de la porte cienne adjointe au maire a par ailleurs
glomération, il y a une solidarité qui doit jouer. Évidemment qu’il faut multimodale, qui est actuellement en cours de construction sur un site estimé que « les parkings excentrés ne
sont pas tout à fait optimisés ». Un tacle
se battre pour obtenir quelque chose, mais ce n’est pas une question de 160 hectares. De nombreuses entreprises ont fait part de leur vo- au maire sortant et à son projet
d’étiquette politique. C’est juste que chaque ville veut tirer le maxi- lonté de venir s’y installer. » Par ailleurs, les deux candidats sou- de création d’un parc de stationnement.
mum de la Caso. » Jean-Jacques Delvaux explique ainsi que cer- lignent le haut potentiel touristique de la ville. « Saint-Omer pos-
tains dossiers municipaux n’auraient pu être menés à terme sède un patrimoine historique et naturel riche. Avec une bonne Les municipales
passionnent sur le Net
sans l’apport de la communauté d’agglomération. « Nous avons concertation au niveau de la Caso, il doit être possible de pousser des
pu monter à Saint-Omer un office de tourisme intercommunal qui n’a gens qui ne font que passer ici à y rester quelques jours. » D’où des
d’égal dans la région que celui de Lille. Je peux aussi citer la piscine, promesses des deux candidats de créer des emplois dans l’hô- Qui a dit que la politique n’intéressait
dont la réfection n’a été possible que grâce à l’apport financier de la tellerie ou la restauration. Seul regret pour le maire de Saint- plus personne ? Sur le site Internet de
Caso. » Un bilan positif que conteste vigoureusement Bruno Omer : « concernant la cristallerie d’Arques, nous nous sommes ré- La Voix du Nord, un article consacré au
bilan du maire de Saint-Omer et au pro-
Magnier, l’opposant PS de Jean-Jacques Delvaux dans la veillés trop tard. Nous aurions dû anticiper ce qui allait se passer et gramme des différents candidats a déjà
course à la mairie de Saint-Omer. Celui-ci déplore que la com- s’y préparer bien plus tôt ». recueilli près de 400 réactions. Mor-
mune soit « isolée » au sein de la Caso. « Le maire ne cesse de s’op- En tout cas, quel que soit le nom de l’homme qui occupera la ceaux choisis : « Une seule possibilité
poser aux propositions de la Communauté d’agglomération. Résultat future mairie, il ne recevra pas en bonus la présidence de la d’avancer, c’est la liste Magnier » ;
: ces dernières années, Saint-Omer a perdu son rang dans le concert des Communauté d’agglomération : la fonction devrait en effet « Jean-Jacques Delvaux, à renouveler
sans modération pour le bien-être de la
villes du Pas-de-Calais. » En revanche, il est un point sur lequel échoir à Joël Duquesnoy, l’actuel maire d’Arques. ville… » Une belle réserve de slogans
S
2008, mais pas 2014
aint-Omer est l’un des der- Martin-au-Laërt ou encore Blen- ment sur ces propres terres. Au
niers bastions de l’UMP dans decques, est totalement acquise à lendemain du premier tour des
le département du Pas-de- la gauche. La Communauté d’ag- élections municipales, le maire
Calais. Mais les choses pourraient glomération de Saint-Omer, prési- sortant se classe deuxième
bien changer avec le second tour dée par Jean-Marie Barbier (PS), (40,89 %) derrière le socialiste
des élections municipales, di- aussi. La cité de Delvaux surnage Bruno Magnier (42,55 %). Autant
manche. seule au milieu d’une mer rose. dire que, dimanche 16 mars, la ba-
En mars 2008, tout l’Audomarois Forte personnalité de la droite ré- taille est loin d’être gagnée pour
est occupé par la gauche. Tout ? gionale, le maire de Saint-Omer Jean-Jacques Delvaux. Si Saint-
Non ! Une petite ville peuplée est également conseiller général Omer passe à gauche, ce sera une
d’irréductibles électeurs de droite du Pas-de-Calais. nouvelle ville perdue par la droite
résiste encore et toujours à l’enva- Pourtant, le 9 mars, Jean-Jacques dans le Pas-de-Calais. Pour le can-
Photo EF
Jean-Jacques Delvaux l’a confirmé : il ne
hisseur... Depuis 1983, l’UMP est Delvaux a perdu son poste au Dé- didat socialiste, « Delvaux et l’UMP se représentera pas en 2014. Interrogé
au pouvoir dans la ville de Saint- partement, au profit de Bertrand jouent leur dernière cartouche. Il est sur la présence des jeunes sur sa liste,
le maire sortant a expliqué qu’il souhai-
Omer, sous l’égide de Jean- Petit (PS), maire de Saint-Martin- crucial pour eux de garder Saint- tait « préparer la relève. J’aurai 71 ans en
Jacques Delvaux qui a ravi la mai- au-Laërt, et ce dès le premier tour, Omer ». 2014, ce qui me conduirait à finir mon
rie au socialiste sortant, Jean avec 63,72 % des voix contre lui, Autrement dit, avec ses airs de vil- mandat à 77 ans en 2020. » Un âge pas si
Saint-André. À ce jour, c’est la dans son canton de Saint-Omer lage gaulois, Saint-Omer essaie avancé, pourtant. Jacques Chirac avait
75 ans à sa sortie de l’Elysée, en 2007…
seule ville de droite dans l’Audo- nord. C’est une réelle surprise tant bien que mal de résister aux « Oui, mais je ne me sens pas prêt à faire
marois. L’agglomération, compre- pour le premier magistrat de assauts d’une gauche ragaillardie. le même choix. Je pense qu’il faut savoir
nant Longuenesse, Arques, Saint- Saint-Omer d’être battu si large- Mais y parviendra-t-elle ? laisser sa place », a affirmé le candidat.
«
de ch’maire!
ç
Photo : Thibaud Vuitton
René Verfaillis, maire de Neuville-Vitasse depuis 38 ans, ne se représente pas.
a faisait trente-huit ans que René Verfail- Nord (affiliée à l’Association des maires de même sexagénaire à la retraite et candidat dans
lis s’asseyait à cette table, dans la petite ar- France). Il souligne que dans le Nord, 75 % des son village du Puy-du-Dôme.
rière-salle boisée de la mairie. D’abord en maires se sont représentés. Un sondage Ipsos Ou alors, il faut avoir une famille très conci-
tant que conseiller municipal, puis, dans pour le Courrier des maires (1) le confirme : les liante. René Verfaillis remercie encore sa femme
le siège tapissé de velours rouge : la place maires prennent goût à leur fonction. En France, pour toutes ces années où il rentrait tard des
du maire de Neuville-Vitasse. Un village à les deux tiers des maires se représentent et ils conseils municipaux ou des fêtes du village :
une vingtaine de kilomètres d’Arras (Pas- sont plus de 90 % dans les villes de plus de « Allez expliquer à votre dame que vous ne voulez pas
de-Calais). Mais après une vie entière de bons 10 000 habitants. C’est plus qu’en 2001. Ceux manger de son pâté de tête, parce vous en avez déjà
et loyaux services dédiés à cette commune de qui font baisser la moyenne, ce sont les maires mangé au club des anciens ! » Dure aussi, la fonc-
433 habitants, il a décidé de passer la main à 68 des toutes petites communes. Marcel Astruc, tion de première dame du village…
ans. « La mairie, j’en ai assez. Je veux retrouver ma li- vice-président de l’Association des maires ru-
berté. Avoir du temps pour moi, pour partir en va- raux de France (AMRF), estime, lui, que la crise
cances », explique René Verfaillis qui n’a jamais de vocation est bien réelle : « Aujourd’hui, on nous
(1) Sondage Ipsos pour le Courrier des maires
réalisé en février 2007 auprès de 405 maires.
été encarté dans un parti politique. prend pour des spécialistes, alors qu’avant, être maire
Être maire rural, c’est un sacerdoce, une pas- dans un village de 300 habitants, ça voulait dire aller
sion. Si les maires dans les villages se défendent à la messe le dimanche et signer trois papiers. » Combien gagne
souvent de faire de la politique, ils doivent Une école qui brûle, un toit qui s’écroule ou un
d’abord gérer la commune et ses habitants. « Dès enfant qui se blesse sur un terrain de football et
votre maire ?
que les gens ont des problèmes avec leur voisin, leurs la responsabilité du maire peut être mise en Voici le salaire mensuel des premiers magistrats
que donne l’Association des maires de France :
enfants, leur voi- cause. « Il y a de
ture, c’est la faute
de ch’maire ! Il faut « AVANT, ÊTRE MAIRE plus en plus de
normes. C’est très
- Pour une commune de moins
de 500 habitants, 632,85 euros
être disponible 24
heures sur 24. »
ÇA VOULAIT DIRE ALLER compliqué », rap-
porte Serge Mar- - De 500 à 1 000 habitants : 1 154,02 euros
René se souvient À LA MESSE LE DIMANCHE tin. Beaucoup de - De 1 000 à 3 499 :1 600,73 euros
du jour où il a dû maires ont peur et
aller déterrer des ET SIGNER TROIS PAPIERS. » souhaitent être - De 3 500 à 9 999 : 2 047,45 euros
obus de la Se- davantage proté- - De 10 000 à 19 999 : 2 419,72 euros
conde Guerre mondiale dans un champs der- gés. La complexité des réglementations, la dis-
rière le village, « avec une pelle et une pioche ! » Tout ponibilité croissante demandée et le manque de - De 20 000 à 49 999 : 3 350,38 euros
seul, avec beaucoup de travail et peu de moyens. moyens financiers ont découragé des maires.
Le bureau de l’employée communale n’est ou- « C’est sûr que si on est maire d’une commune de - De 50 000 à 99 999 : 4 094,90 euros
vert que vingt heures par semaine. Cet après- moins de 20 000 habitants, il faut une activité paral- - Plus de 100 000 habitants : 5 397,83 euros
midi, elle n’est pas là et de son passage dans la lèle. Les réunions se passent le soir et le week-end. C’est
matinée ne reste qu’une vieille machine à cal- très fatiguant », explique le directeur de l’associa- Le maire est payé par la commune. Il propose lors
culer devant sa chaise. tion des maires du Nord. du conseil municipal son salaire (il n’est pas
« C’est sûr qu’il est plus difficile d’être maire au- Impossible d’être disponible à plein temps pour obligé de demander le maximum). Ses adjoints
touchent 40 % du salaire du maire (là encore le
jourd’hui. Mais je me demande si ce n’est pas une idée les actifs. Les maires sont souvent des retraités. nombre d’adjoints tolérés dépend de la taille de
reçue cette crise de vocation », s’interroge Serge « Ce n’est pas sain ! Ils ne représentent qu’une partie la commune). G.C
Martin, directeur de l’Association des maires du de la population », s’indigne Marcel Astruc, lui-
L
Par Benoist Pasteau
Défendre
les intérêts
et le monde agricole ». Il admet qu’il « faudrait
remettre du lien entre les consommateurs et les
agricoles
producteurs. La vente directe à la ferme revient
peu à peu à la mode mais pas suffisamment.
Alors que ces consommateurs peuvent trouver à
proximité de chez eux des produits de qualité ».
Et de toute façon, « nous sommes condamnés à
le faire ».
Dans son village, quatre listes ont été pré-
sentées lors du premier tour. « Dans chacune
d’elles, il y avait au moins un représentant du
monde agricole. » Une force qu’il pense être
bénéfique dans la mesure où il juge que les
intérêts des agriculteurs ne sont pas consi-
dérés à leur juste valeur. Preuve en est, la
campagne municipale chez lui « ne s’est ré-
sumée qu’à l’amélioration des cours d’eau ».
Dans le Pas-de-Calais, 75 % du territoire
sont des terres agricoles. « Nous avons besoin
de nous investir », explique Bruno Roussel de
Photo : Sylvie Larrière
L
fraîchement d’être élu au conseil municipal.
Notamment la gestion de l’occupation des sols.
« Les villages ont beaucoup grossi, observe-t-il.
«
De plus, le maire a entamé une révision du Plan
es municipales représentent un espace de d’occupation des sols (PLU). Nous avons besoin
décisions dans un territoire donné. » de participer à la discussion. »
Par Guillaume Carré Bernard Pruvost, président de la Même si aujourd’hui les communes n’ont
Chambre d’agriculture du Nord, ne suit pas plus les compétences d’autrefois, certains
de très près les élections de 2008. Ses préoc- dossiers sensibles leur incombent encore.
cupations sont ailleurs. « La gestion de l’occu- Être représentant à la communauté de com-
pation des sols est très importante à mes yeux », munes de la Canche serait l’une des priori-
Les agriculteurs de la région souligne-t-il. Antoine Jean, porte-parole de tés de l’agriculteur de Campigneulles-les-
ont des avis partagés sur les élections la Confédération paysanne, « n’attend pas Petites. Afin de « porter plus haut la parole des
grand chose ». Originaire de Nomain, com- agriculteurs ». Une priorité pour le monde
mune rurale à proximité d’Orchies, l’agri- agricole, aujourd’hui devenu minoritaire
municipales. Ce qui les préoccupe
principalement : la gestion culteur porte une attention particulière sur dans la société, et qui pourtant reste le prin-
de l’espace et l’occupation des sols. les relations entretenues « entre la population cipal utilisateur du territoire.
Tuer
le Pierre
ur les marchés, elle va même jusqu’à porter une Mutez. « Mais je me suis éloignée quand j’ai compris qu’il
casquette “Sébastien Huyghe !” pour tracter », se rapprochait de Martine Aubry. » Son point de vue sur Brigitte Mauroy
s’enthousiasme Etienne Diot, benjamin de la l’État-providence la ferait plutôt pencher du côté poursuit Charlie
liste UMP. Il est vrai qu’au premier abord, droit de la balance : « Quand on attend trop de l’État-
on a du mal à imaginer cette dame distinguée providence, on cherche moins à exploiter les forces que cha-
Hebdo en diffamation
- chaussures Channel, foulard et fourrure - cun a en soi. Mais attention, je suis pour de vraies poli- Jeudi 6 mars, 22h30. Dans les locaux de
endosser jusqu’à la caricature l’habit du militant de tiques sociales : il faut aider les gens qui en ont besoin. » France 3 Nord-Pas de Calais, les quatre
base. Mais lorsqu’elle s’anime, évoquant la « gauche Elle ne reconnaît qu’un défaut à son oncle : « Celui principaux candidats à la mairie de Lille
croisent le fer au cours d’un ultime
caviar » qu’elle « exècre », ou pointant la politique d’être socialiste ». débat avant le premier tour. D’entrée, la
« paillettes » de Martine Aubry, l’évidence est là : Bri- Elle avoue que son nom lui en a fait « baver ». Mâ- “polémique du jour” est mise sur le
gitte Mauroy est une combattante. Et dans son com- choires serrées : « À votre avis, c’est facile de s’appeler tapis : dans son édition du mercredi
bat contre la candidate PS, elle se dépense sans Mauroy en 1981 [NDLR : Pierre Mauroy est alors 5 mars, Charlie Hebdo accuse Brigitte
Mauroy de justifier l’excision. L’hebdo-
compter. Premier ministre de madaire satirique pointe un article
Boycott du Salon
à gauche
du livre
Le Salon du livre, qui ouvre à Paris au-
jourd’hui pour six jours, est boycotté
dans le 9-3
par les pays arabes. Cette 28e édition,
dont l’invité d’honneur est Israël, doit
être inaugurée ce matin par le Premier
ministre israélien Shimon Pérès. L’appel
au boycott de l’Organisation panisla-
mique des sciences et de la culture a
reçu un accueil favorable dans plu-
sieurs pays arabes. « Une mauvaise mé-
thode », pour David Martinon, porte-pa-
role de l’Élysée. « Le salon du livre est
un lieu de dialogue qui doit échapper à
la polémique », a-t-il affirmé.
S
fieu est maire, il est clair que nous aurons
depuis 1972. À Aubervilliers, bastion PC
historique, le PS pourrait s’imposer. une équipe au niveau de la mairie de
Paris. Cela dépendra du nombre de
conseillers de Paris à l’issue du second
tour », a-t-elle assuré. En clair, si Ber-
Photo : DR
Par Séverine Fiévet Marie-Georges Buffet et François Hollande trand Delanoë, favori, remporte la mai-
rie de Paris, Rachida Dati risque de lais-
ser sa place au maire sortant Michel
qui s’embrassent. Une image dépassée ?
Dumont. Celui-ci, qui figure en seconde
pourtant cause commune aux élections munici- place sur la liste de la ministre, aura bé-
pales. Jusqu’en 2001, malgré le déclin électoral pro- néficié d’un joli coup de pub.
ur le marché d’Aubervilliers (Seine-Saint- gressif du PCF, le soutien des socialistes avait per-
Denis), socialistes et communistes se livrent mis à de nombreux maires communistes de se Le rival de Juppé
à une véritable guerre. Mégaphones en ban- maintenir, notamment en Seine-Saint-Denis. Mais
doulière, les militants de la liste PCF menée par le la stratégie du PS a changé. En septembre dernier jette l’éponge
maire sortant Pascal Beaudet arpentent les allées. La déjà, la chef de file du PCF, Marie-George Buffet, L’adversaire d’Alain Juppé à la mairie
cible de leurs attaques, ce n’est pas l’UMP, mais bel s’était inquiétée d’une volonté d’émancipation du de Bordeaux, Alain Rousset (PS), a dé-
et bien le candidat socialiste Jacques Salvator. Dans PS. Elle avait multiplié les appels au “rassemble- missionné du conseil municipal avec
Photo : DR
quatre de ses colistiers. Il avait obtenu
ce contexte, l’absence d’accord entre ces deux listes ment de la gauche au premier tour”. En vain. Les 11 sièges contre 50 pour la liste d’Alain
n’a rien d’une surprise. Il y aura donc une quadran- socialistes veulent récupérer les bastions rouges. Un Juppé, élu dès le premier tour. Le direc-
gulaire à Aubervilliers. À elles comportement condamné teur de campagne d’Alain Rousset a
deux, les listes du communiste Pas-
cal Beaudet (34,94 %) et du socia-
348 VOIX même à gauche.
Mélenchon, sénateur PS de
Jean-Luc précisé qu’il s’était présenté « pour
gérer en cas de victoire, pas pour être
F
rançois Fillon et Rachida Dati rain de la justice, la ministre s’est dit dats Sarkozy et Royal au moment de
se sont déclarés hostiles au- persuadée que le juge ne pourrait pas l’élection présidentielle. « On est là aux
jourd’hui à la demande d’eu- accéder à cette requête. « Cette dame de- limites de ce que la société peut dire, de ce
thanasie de Chantal Sébire. Cette mande à la justice de pouvoir exonérer de que la loi peut faire. Je pense qu'il faut
femme de 52 ans souffre d’une tu- la responsabilité pénale le médecin pour lui avoir la modestie de reconnaître que la so-
meur du sinus et de la cavité nasale administrer une substance létale (...) Ce ciété ne peut pas répondre à toutes ces
qui la défigure et la fait souffrir. Elle n'est pas notre droit et nous avons fondé questions », a affirmé François Fillon. « La sécurité routière ne se brade pas »,
pouvait-on lire sur les banderoles des
a demandé au président du tribunal notre droit et la convention européenne des Reste que si la Justice n’accède pas à manifestants hier à Nancy (Meurthe-et-
de Dijon d’autoriser son médecin droits de l'Homme sur le droit à la vie ». la demande de Chantal Sébire, l’af- Moselle). Quelques 500 voitures-écoles
traitant à l’aider à mourir. Quant à François Fillon, il estime faire pourrait bien se retrouver de- ainsi que 160 bus et camions s’étaient
Le magistrat doit statuer lundi, mais que la loi Léonetti de 2005 sur la fin vant les tribunaux. Avec des méde- rassemblés pour protester contre la ré-
François Fillon et Rachida Dati ont de vie, qui autorise les médecins à cins à la barre des accusés, cette fois. forme du permis de conduire. L’an-
nonce faite par le gouvernement selon
déjà tranché ce matin. Interrogés res- cesser les soins palliatifs, est suffi- Pour François Fillon, « il reste la solu- laquelle le code de la route pourrait
pectivement sur RTL et France Inter, sante. Une loi décriée par les asso- tion qui lui a été proposée qui est une so- désormais être passé dans les écoles a
ils se sont tous deux prononcés ciations pro-euthanasie qui jugent lution qui de mon point de vue est accep- déclenché une grogne des auto-écoles,
contre la demande de Chantal Sébire. qu’elle ne va pas assez loin. La ques- table ». Comprendre un placement qui craignent pour leur chiffre d’af-
faires. Des manifestations ont eu lieu un
Sans empiéter franchement sur le ter- tion avait d’ailleurs divisé les candi- dans le coma. peu partout en France.
À
Fillon et Hollande, ont fait
le déplacement pour soutenir
leurs candidats respectifs,
Xavier Darcos et Michel Moyrand.
Photo DR
DÉTIENT
vellement réélu, Alain Juppé, sur une boulange-
devaient se rendre, hier soir, à rie, là sur un atelier
LA CLÉ
Sourire de façade pour un Xavier Darcos
sa réunion publique. Au même d’art. But de la ma- en difficulté dans son fief
moment, François Hollande, nœuvre : montrer
lui, prévoyait d’aller au mee- qu’il est bien implanté dans sa (30 % de l’électorat) et tentent de séduire le can-
ting de Michel Moyrand afin de le soutenir. ville. Une manière de répondre à l’opposition didat du Modem, à la tête d’une liste « ni de
Le duel de Périgueux était plutôt inattendu : le qui l’accuse de gérer sa ville de Paris, entre deux droite, ni de gauche », Jean-Louis Demaret. Avec
22 février, un sondage du quotidien Dordogne réunions de politique nationale. À Périgueux, 6,05 % des suffrages, l’homme se retrouve bel et
libre donnait Xavier Darcos gagnant dès le pre- Nicolas Sarkozy avait été largement devancé par bien en position d’arbitre de la campagne.
mier tour. Comme en 2001, où il s’était installé Ségolène Royal lors du deuxième tour de l’élec- Lundi, il a pris son petit déjeuner avec Michel
haut la main dans son fauteuil de maire avec tion présidentielle. Xavier Darcos, qui ne fait Moyrand, puis a déjeuné avec Xavier Darcos.
plus de 59 % des voix. Michel Moyrand n’avait d’ailleurs pas référence à l’UMP sur ses affiches Avant de finalement décider de rester neutre. La
alors recueilli que 34 % des suffrages. Dimanche de campagne, table sur son bilan et sur la proxi- ville, bastion de la droite depuis quarante ans,
dernier, c’est avec 56 voix de retard sur son ad- mité. pourrait donc basculer à gauche si les électeurs
versaire socialiste que Xavier Darcos s’est vu Pour conquérir la ville, les deux candidats mi- de Jean-Louis Demaret décidaient de reporter
contraint d’aborder le second tour des munici- sent aussi sur les quelques 5 600 abstentionnistes leurs voix dimanche sur le candidat PS.
Estrosi, disciple
de Sarkozy, est favori
NICE. Rien n’est encore joué
entre le maire historique
Photo DR
P
Par Jeffrey Martin
Le candidat Estrosi multiplie
«
les actions sur le terrain
lus sarkozyste que Christian putation dans les Alpes-Mari- qu’il était loin d’avoir gagné. gouvernement, et il fera siéger à la
Estrosi, tu meurs ! » C’est times. Dans ces conditions, le can- Christian Estrosi arrive certes en très sensible présidence de la
un jeune militant UMP didat UMP à la mairie de Nice ne tête, mais avec seulement 35,80 % Commission des appels d'offres
qui traduit le mieux, par cette for- peut que pâtir de la chute de po- des suffrages recueillis. Il devance un élu de l'opposition de gauche.
mule lapidaire, un sentiment una- pularité du président. S’y est ajou- le maire sortant (DVD) Jacques Preuve de cette volonté d’ouver-
nimement partagé par les fidèles tée la polémique sur son déplace- Peyrat, qui a su convaincre ture très “tendance”, la liste de
du candidat à la mairie de Nice. ment à Washington le 23 janvier, 23,14 % des électeurs, et le candi- Christian Estrosi comprend pour
Christian Estrosi, 52 ans, n'a pas révélée par le Canard enchaîné. Au dat socialiste Patrick Allemand, moitié des membres de la société
cessé d'afficher son amitié avec le lieu de prendre un vol régulier Air qui a obtenu 22,3 % des voix. civile, ainsi que le radical de
chef de l'Etat depuis leur rencon- France pour assister à une confé- Selon un sondage TNS-Sofres- gauche Jean-Michel Galy.
tre en 1988. Dès cette époque, le rence dans la capitale américaine, /Logica pour Nice Matin publié le Le maire sortant et ex-frontiste
secrétaire d'État à l'Outre-mer a Christian Estrosi a fait appel aux 23 février, Christian Estrosi l'em- Jacques Peyrat, suspendu de
toujours revendiqué une fidélité services de Dassault Falcon Ser- porterait au second tour avec l’UMP et entré en dissidence
sans faille à son mentor, celui-ci vice pour un montant de 138 000 44 % des voix. Loin du plébiscite contre le poulain de Sarkozy, n’y
lui rendant la pareille à l’occasion, euros. Conséquence : alors qu'en attendu il y a encore quelques va pas par quatre chemins et aver-
comme en 1993, lorsque le bras novembre il était donné gagnant mois. tit : « Si Estrosi l'emporte, les Sarko-
droit d’Edouard Balladur appuie dès le premier tour, le résultat de S’il est élu, il a déjà annoncé qu’il Boys déferleront sur la Promenade des
la candidature d’Estrosi à la dé- dimanche dernier lui a prouvé démissionnera de son poste au Anglais. »
Un village
semaines, l’ambiance dans la commune
s’est considérablement alourdie,
et le premier tour n’y a rien changé
puisque personne n’a été élu.
en pagaille
C
dimanche soir : un sujet qui fait jaser
dans cette petite commune.
«
Par Benoist Pasteau laisse entendre dans sa plaidoirie, Château-l’Ab- trois jeunes dans le conseil, pour qu’ils puissent se faire
baye est bien alimenté en connexion Internet. entendre, car rien ne bouge ici. »
La campagne électorale a pris une tournure mal- Au café, sur la place de l’église et de la mairie,
saine dans ce petit bourg. La faute aux com- on est aussi consterné. « Il y a une mauvaise en-
mentaires que l’on peut laisser sur le site de la tente dans le village, et ça date de la campagne électo-
Voix du Nord à propos du bilan des maires. Plus rale menée en 1977 par Marie-Jeanne Dufernez. Pen-
omme je ne me représente pas, il y de 200 pour le village ! dant trois jours et trois nuits, elle a cherché pour voir
a pléthore de candidats. » Pour Kévin, 18 ans, tout juste en âge de voter en a si mon père avait détourné de l’argent à Château-l’Ab-
Marie-Jeanne Dufernez, marre de ces histoires qui pourrissent l’am- baye », commente, consternée, Nicole, la pa-
maire sortante de la petite commune de Châ- biance. « Tout le monde s’entend bien d’habitude dans tronne de ce bar qui n’a pas de nom.
teau-l’Abbaye, près de Saint-Amand-les-Eaux, la commune, mais depuis quelques temps, les gens ne Alain, l’un des plus fidèles clients du bistrot,
tout est normal. Pour un observateur extérieur, se disent plus bonjour. Il est temps que ça se finisse. » poursuit : « Je suis arrivé il y a 35 ans, par amour du
le mot “pléthore” est encore trop faible. Quatre L’écœurement n’est pas le village, et aujourd’hui j’ai envie
listes en course pour la mairie d’un village de 700 monopole des habitants. que ça change car on n’a pas
habitants, ce n’est pas banal. Et cela n’est pas dû
au seul fait que la maire sortante, en place depuis
Quentin Sénéchal dirige la
liste Avenir castellabien, une
DEPUIS beaucoup amélioré les choses de-
puis tout ce temps », clame ce
1977, ne brigue pas un nouveau mandat. En liste faite par les jeunes, pour QUELQUES Belge d’origine. Marie-Hé-
effet, la première édile, apparentée extrême les jeunes. « Notre programme lène, née ici et qui a passé
gauche, a l’honneur de voir son fils, 41 ans, sur est complètement axé sur les TEMPS, LES GENS plus de 25 ans dans le village
NE SE DISENT
une autre liste, plutôt de droite. « La maire et son jeunes, raconte le jeune a « beaucoup souffert de ces gué-
fils se sont d’ailleurs vigoureusement expliqué sur la homme de 23 ans, compta- guerres internes à la com-
place publique », selon Quentin Sénéchal, un des
autres prétendants à la gestion de la commune.
ble dans la vie. Ça fait quinze
ans que j’habite ici, rien n’a PLUS BONJOUR” mune. » Aujourd’hui exté-
rieure au bourg, elle s’amuse
Pour Marie-Jeanne Dufernez, il n’y a pas péril vraiment évolué pour nous. Et presque de raconter que « sa-
en la demeure. « Disons que l’on n’a pas les mêmes comme on n’est pas représenté dans le conseil, on a dé- medi dernier, vers 23 h, un corbeau a glissé une lettre
idées politiques, mais je n’ai aucun problème avec mon cidé d’agir. » À ses côtés, Pascal Gollunski, un anonyme dans les boîtes aux lettres de la commune »,
fils », explique-t-elle. La mère, vêtue d’un pull vieux de la vieille. Malgré ses 43 ans, Pascal ne attaquant la liste de droite, dans laquelle le fils
rouge, va même plus loin. « Certaines personnes, choque pas dans cette liste. Il adhère au projet. Il de la maire est inscrit. Autrement dit, vivement
sous couvert d’anonymat, nous attaquent sur cela. faut dire qu’il est pour le changement : « Il y a sept que ces élections se terminent à Château-l’Ab-
C’est inacceptable. La Voix du Nord devrait suppri- ans, je me suis présenté tout seul, avec un slogan sim- baye. Et encore, tout le monde n’est pas
mer tous les commentaires anonymes. C’est un site de ple : “Seul contre tous”. J’ai fait 15 %, explique-t-il. convaincu que les choses reviennent à la nor-
corbeaux. » Comme Marie-Jeanne Dufernez le Notre but absolu, c’est qu’il y ait au moins deux ou male lundi matin.