Dossier 1 : D’où vient la croissance ?

Argument général du dossier : Pendant les Trente Glorieuses, la France et l’Europe ont connu une croissance
économique exceptionnelle. Depuis, les phases de croissance ont été plus limitées. Or, sans croissance, le développement est
impossible et il est plus difficile d'améliorer les conditions de vie des populations. Il est donc nécessaire de s'interroger sur les
sources de la croissance, d'en comprendre les mécanismes - notamment le rôle central joué par la productivité du travail - et
d'identifier les agents économiques (entrepreneurs, État) qui, par leurs actions, favorisent l'innovation. Cependant, la croissance
n'est pas une fin en soi (voir Dossier 2), car sa mesure est difficile et ses effets sur l'environnement peuvent être lourds de
conséquences pour le développement futur des pays.

Durée : 2 heures

Travail personnel relatif au dossier : PrépaFiche en dernière page

Plan détaillé

Etape 1 : L'exemple de la chaudière

Chaleur
= Charbon (=
croissanc Chaudière facteurs de
e (= appareil productif) production)
économiq
ue))

Conclusion : La contribution de l'efficience de la chaudière au surcroît de chaleur ainsi obtenu peut être appréhendée sous
forme de résidu. C'est la part du surcroît de chaleur qui n'est pas due au charbon supplémentaire utilisé.

Si l'on assimile l'appareil productif à cette chaudière, un surcroît de chaleur ( = la croissance économique) peut être obtenu
par l'emploi de davantage de charbon ( = les facteurs de production) ou par une amélioration de sa combustion ( = l'efficience
de la chaudière)
Si l'on définit le progrès technique comme l'amélioration de l'efficacité de la combinaison productive, sa contribution à la
croissance peut alors être appréhendée en soustrayant du taux de croissance la contribution des facteurs de production.

Etape 2 : La contribution des facteurs à la croissance

Sur le LT, on comprend bien que l’accroissement du PIB s’explique partiellement par l’augmentation des moyens
de production (travail et capital) et par une hausse de la productivité
On pourra ici rappeler la différence entre croissance extensive (la croissance économique résulte
principalement de la quantité de facteurs de production) et croissance intensive (la croissance économique
provient avant tout d’une hausse de la productivité).

Etape 3 : Les sources de la croissance française pendant les 30 Glorieuses (1951 / 1973)

Pour la période 1951-1973, la croissance française (5,4 % par an en moyenne) provient pour 2,3 points des
facteurs de production et, par conséquent, pour 3,1 points du progrès technique.

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Etape 4 : D'où vient le progrès technique ?

Réponse 1 : Le progrès technique est exogène ; ce résidu qui explique une partie de la croissance (et qui
permet d'améliorer l'efficacité de chacun des deux facteurs) tombe du ciel. C'est la réponse donnée par R. Solow
(Prix Nobel en 1987) qui a fourni en 1956 un cadre d'analyse de référence, repris plus ou moins par tous les
économistes ultérieurs.
Cette idée d'un progrès technique exogène (c'est à dire venant féconder de l'extérieur l'efficacité du travail et du
capital) n'était, il faut bien le dire, qu'à moitié satisfaisante. D'abord parce qu'elle faisait de la croissance le fruit
d'un hasard : et si le progrès technique se ralentissait ? Ensuite, comment expliquer les écarts de taux de croissance
entre pays sachant que le progrès technique est acclimatable dans chaque pays ?

Réponse 2 : Le progrès technique ne tombe pas du ciel. C'est la théorie de la croissance endogène (vision
endogène du progrès technique) qui, à partir des années 80, va bouleverser l'analyse néoclassique. Ces nouvelles
théories réintroduisent le progrès technique en montrant que les agents économiques produisent de l'innovation et
que les connaissances constituent un stock de capital (capital humain) qui peut être accumulé. Ce qui amène les
tenants de cette analyse à réhabiliter le rôle de l'Etat.

Etape 5 : L'apport des théories de la croissance endogène (P. Romer, R. Lucas, R. Barro)

Croissance endogène : Croissance qui s'explique par les comportements économiques des agents.
Il y a endogénéisation du progrès technique : il n'est plus considéré comme exogène et dépend de choix
économiques, du comportements des agents économiques (volonté d'expliquer l'origine du progrès technique)

Externalités : Interactions entre les agents qui ne passent pas par le marché. Les externalités peuvent être positives
(division du travail, savoir-faire collectif, apprentissages qui se diffusent dans toute l'économie, infrastructures) ou
négatives (pollution)

 Comment les théories de la croissance endogène expliquent-elles la croissance ?

Par le progrès technique, les externalités, les économies d'échelle, les rendements croissants. Ces théories
insistent sur la grande diversité des sources de croissance : capital physique, capital public, recherche et
développement, innovations, capital humain (désigne le stock de connaissances et de savoir-faire incorporé par
chaque individu et qui peut être utilisé à des fins productives. On utilise souvent le niveau d’éducation pour
mesurer la capital humain, mais cette définition est restrictive car elle n’inclut pas l’échange de connaissances ou
l’expérience accumulée dans le travail, ce qui rend délicate l’interprétation des travaux empiriques sur ses effets
économiques).

 Quel est le rôle des investissements en recherche et développement dans la croissance ?

Les investissements en RD permettent d'innover. L'innovation se diffuse dans l'économie, elle permet de faire
progresser la technique et, en augmentant le stock de connaissances, la technologie, elle augmente la productivité.
La technologie est un bien cumulatif car chaque nouvelle découverte s'appuie sur les découvertes du passé.

 Montrez que les théories de la croissance endogène réhabilitent le rôle de l'Etat

Les agents économiques ne prennent pas en compte dans leurs décisions des externalités positives ou négatives
pour l'économie. La concurrence aboutit donc à une situation qui ne correspond pas à un optimum. L'Etat doit donc
intervenir pour favoriser les investissements qui ont des effets externes positifs sur la croissance ; il doit aussi
développer la recherche (par exemple en la subventionnant) et l'innovation car le rendement social de la recherche
et de l'innovation sont supérieurs à leur rendement privé. L'Etat doit aussi financer les infrastructures nécessaires à
la croissance, infrastructures qui profitent à tous.

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Les dépenses publiques peuvent contribuer à améliorer la productivité du secteur privé. Cette productivité dépend
notamment du niveau des infrastructures publiques de transport (ponts, voies de chemins de fer, routes…) et de la
qualité du système éducatif. Il existe des externalités positives qui sont à l'origine d'économies d'échelle. On se rend
compte que des interventions publiques bien ciblées peuvent s'avérer très efficaces, y compris lorsqu'on tient
compte de leur financement par prélèvements obligatoires.

 La croissance économique est-elle un phénomène naturel ?

La croissance n'est jamais acquise. Elle nécessite de faire des choix dans les investissements. Elle résulte du
comportement des agents économiques.

Pour aller plus loin (Bordas 2003)

I – La croissance

A – D’où vient la croissance ?

La croissance a plusieurs origines. La première consiste à utiliser au mieux les ressources existantes pour augmenter les
ressources disponibles par habitant. C'est la productivité du travail, qui se mesure pour un pays par le PIB divisé par le
nombre de personnes employées (productivité par tête) ou par le nombre d'heures de travail utilisées (productivité
horaire). La productivité du travail, quand elle augmente, permet ainsi d'accroître le revenu par tête. C'est ce qui explique
pourquoi les pays européens ont pu se rapprocher du niveau de vie des Américains après la Seconde Guerre mondiale : leur
niveau de productivité a « rattrapé » celui des Etats-Unis.

Pour produire plus, il faut aussi utiliser le facteur travail. Il s'agit de la population active et de ce qu'on appelle le capital
humain, c'est-à-dire l'ensemble des ressources productives incorporées dans chaque travailleur.

Pour être efficace, chaque travailleur doit disposer d'un stock de capital technique (ensemble des moyens de production
matériels - machines - ou immatériels - logiciels) suffisant, afin de pouvoir produire plus. C'est l'investissement, ou FBCF,
achat de biens durables de production de plus d'un an, qui accroît ce stock de capital et favorise ainsi la croissance en
augmentant les capacités de production, en modernisant l'appareil de production ou en rendant les entreprises plus compétitives
(produits de meilleure qualité ou moins chers, par exemple).

L’histoire économique nous apprend aussi que le décollage industriel des pays occidentaux n'aurait pu se faire sans l'apport du
progrès technique, c'est-à-dire sans la découverte de nouvelles sources d'énergie (le charbon, l'électricité), de nouvelles
techniques de production (métier à tisser, machine à vapeur) ou de nouveaux moyens de locomotion (chemin de fer).

Le progrès technique se mesure par l'évolution de la productivité globale des facteurs (PGF) qui indique la part de
l'augmentation de la croissance qui n'est due ni au travail ni au capital fixe.

B – Les sources de la productivité du travail

Il existe trois sources de la productivité du travail : l'organisation du travail, le progrès technique et l'investissement,
qui accroît le capital disponible par travailleur.

Pour pouvoir répondre à la demande croissante de biens ou de services, les entreprises ont dû modifier leur organisation du
travail en cherchant des moyens plus efficaces pour produire. Dès la fin du 19ème siècle, on trouve aux Etats-Unis des usines de
production fortement mécanisées où le travail à la chaîne et la division du travail permettent d'accroître la productivité du
travail.

La recherche de la productivité passe aussi par l'achat de matériels plus performants. Ainsi, en investissant, les entreprises
modernisent leur appareil de production et adaptent de nouvelles technologies (comme l'ordinateur) qui permettront de
produire plus ou mieux.

Chapitre 1 : Comment expliquer la croissance ? / Terminale ES / Cours de P. OLLIVIER 3 / 5

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De manière générale, quand une innovation (amélioration d'un produit ou d'un procédé de production) est adoptée par des
agents économiques, cela entraîne une diffusion des gains de productivité à l'économie entière. Chaque agent peut alors
s'approprier les gains de productivité (en augmentant son profit) ou en faire profiter les autres agents par le biais d'une baisse
des prix.

Si le progrès technique accroît la productivité, comment expliquer que l'introduction de l'ordinateur n’ait pas eu plus d'effets
sur les statistiques de la productivité du travail ? Ce paradoxe est en partie résolu quand on remarque que les innovations
seules ne suffisent pas à agir sur la productivité : il faut aussi que les formes d'organisation du travail s'adaptent aux
nouvelles technologies.

II – Le rôle des agents économiques

A – Les choix individuels

Le rôle des agents économiques ne se borne pas à produire, certains n’hésitent pas bousculer les règles du jeu en innovant.
C'est ce qui permet, selon Schumpeter, de différencier le simple chef d'entreprise de l'entrepreneur. H. Ford, par exemple, peut
être qualifié d'entrepreneur, car il a imposé une nouvelle forme d'organisation du travail à son époque.

La motivation essentielle de l'entrepreneur est d'échapper à la concurrence et donc d'obtenir une sorte de monopole
provisoire. Mais le processus d'imitation de l'innovation qui se met en place réintroduit la concurrence et permet, comme dans
le cas du secteur des microprocesseurs, de faire baisser les prix.

Certains projets innovants ne peuvent aboutir faute de trouver un financement adéquat, les banques traditionnelles préférant
éviter les projets risqués ou incertains. C'est ici qu'intervient le capital-risque (ou fonds d'innovation), dont le rôle est à la fois
d'aider financièrement les projets plus hasardeux, mais aussi d'apporter des conseils stratégiques aux entrepreneurs débutants.

B – Le rôle de l’Etat

On ne peut réduire le processus de croissance et d'innovation aux seules initiatives individuelles. L’Etat, par son action, joue
aussi un rôle important soit grâce à ses investissements publics, qui favorisent le développement et la croissance (comme la
construction de canaux aux Etats-Unis au 19ème siècle), soit en apportant sa contribution à l'effort de recherche et de
développement du pays. Ainsi, en France, plus d'un tiers de la recherche-développement est financé par l'État.

Les théoriciens de la croissance endogène justifient cette intervention par le fait que le marché seul n'incite pas suffisamment
à produire des connaissances scientifiques. En effet, le progrès technique produit des externalités (actions économiques qui ne
donnent pas lieu à un prix sur un marché) qui sont favorables à toute la société (un vaccin, par exemple) et qu'il faut donc
encourager par des mesures fiscales ou juridiques (droit sur les brevets) ou techniques (favoriser les échanges de
connaissances).

C – L’importance du contexte socioculturel

Suivant les pays, la croissance et l'innovation connaissent des niveaux différents et on peut s'interroger sur le rôle joué par
l'environnement culturel (les normes, les valeurs, les comportements) et social (les structures juridiques, éducatives, les
relations entre l'État et les entreprises).

Aux États-Unis, dans la Silicon Valley, on estime qu'une bonne part des transactions se déroule selon la logique du don : les
individus donnent (des conseils, des renseignements, des informations) parce qu'ils savent qu'en retour ils pourront bénéficier
du même service (contre-don). Cela permet donc aux agents économiques de créer plus rapidement et plus efficacement des
entreprises ou de développer des projets de recherche.

L’avance de la Suède dans le domaine des nouvelles technologies s'explique par l'existence d'institutions spécifiques
(marchés boursiers spécialisés, organismes de financement) qui facilitent le financement, mais aussi par l'action de l'État dans
la formation des travailleurs et par les nombreux liens qui existent entre le milieu de l'université et de la recherche et le monde
des entreprises.

Chapitre 1 : Comment expliquer la croissance ? / Terminale ES / Cours de P. OLLIVIER 4 / 5

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PrépaFiche
Nom : Prénom : Classe :

 Définir avec précision le terme suivant : Facteurs de production

 Connaissances : Rappelez la différence entre productivité moyenne et productivité marginale d’un facteur

 Exploitation d’un texte

Pour comprendre la richesse des nations, les économistes distinguent habituellement trois facteurs de production : le
…………….., le ……………………… et le p………………………….. t………………………..
Le ………………………………….. est mesuré par la somme des investissements matériels du pays, corrigés par
l’obsolescence des équipements installés. Le ……………………….. est représenté par le nombre d’heures travaillées,
lesquelles sont corrigées par un indicateur de scolarisation des travailleurs. Le p……………………… t…………………..,
qu’on appelle aussi la « productivité globale » des facteurs de production, mesure l’efficacité avec laquelle une économie
marie les deux premiers termes, …………………………… et …………………………………
Si par exemple deux économies investissent les mêmes sommes et recrutent le même nombre de travailleurs mais que l’une
soit plus pauvre que l’autre, on dira qu’elle a bénéficié d’une moins bonne « productivité globale ». La productivité globale est,
on le voit, une sorte de boite noire où les économistes mettent ce que n’expliquent ni le …………………….. ni le
…………………….

D. Cohen, Richesse et pauvreté des nations, Flammarion, 1997.

1 – Complétez le texte ci-dessus

2 – Complétez l’enchaînement des déterminants de la croissance

……………………………… + …………………………….. + ………………………………. ⇒ Croissance économique

3 – (Compréhension du texte) Pourquoi le montant du capital doit-il être corrigé par « l’obsolescence des équipements » ?

4 – (Compréhension du texte) Pourquoi doit-on tenir compte de la durée de scolarisation dans la mesure du facteur travail ?

5 – Que signifie « productivité globale des facteurs » ?

 Mise en évidence des mécanismes : Proposez un schéma mettant en évidence 3 causes et 4 conséquences de la hausse de
la productivité

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