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Quel est le meilleur plan de reconstruction pour Haïti,


après le violent séisme du 12 janvier 2010 ?

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Me Destin Jean, licencié en droit.

Quel est le meilleur plan de reconstruction pour Haïti, après le violent séisme du
12 janvier 2010 ?

Haïti est un pays du Sud. En temps normal, le pays n’arrive à fonctionner


qu’avec l’aide de la Communauté internationale tant sur le plan de la Défense
nationale que sur le plan économique ou purement financier. Des élections, un
attribut de la Souveraineté, pour renouveler son personnel politique, ne
s’organisent pas sans l’observation et le financement de la Communauté
internationale. La dette extérieure d’Haïti donne aux institutions de Bretton
Woods un prétexte pour orienter stratégiquement les « projets de
développement » du pays. C’est ainsi que chacun sait qu’Haïti reste et demeure
un très bon élève du FMI ou de la BID, alors que le Peuple crève la gueule
ouverte. Haïti pratique ou est contraint de pratiquer le libéralisme sauvage, alors
que les pays créateurs du libéralisme économique utilisent aujourd’hui toutes les
tribunes appropriées pour faire un plaidoyer pour un libéralisme à visage
humain. C’est le cas de dire qu’Haïti est un laboratoire de la Communauté
internationale. Pouvons-nous cependant nous refuser à servir de cobaye pour la
Communauté internationale aux crochets de laquelle nous subsistons ?

En dépit de l’omniprésence de la Communauté internationale en Haïti et


de notre proximité géographique avec notre grand voisin du Nord, en
l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique, l’hyper puissance mondiale, le pays
reste et demeure l’un des plus pauvres de la planète. Il est en proie chaque année
à un lot d’ouragans entraînant à chaque fois des pertes considérables en vies
humaines, des destructions des infrastructures et la destruction du peu qui reste
de la flore et de la faune. Des missions humanitaires viennent souvent nous
secourir, mais une mauvaise coordination ou canalisation de l’aide empêche
presque toujours aux vraies victimes d’être touchées. Certaines fois, l’argent
retourne vers ceux-là mêmes qui sont chargés de l’acheminer vers la population
victime. C’est ainsi que beaucoup de monde ici se plaignent lorsque,
miraculeusement, le pays est épargné de violents cyclones. Chaque Haïtien sait
que les périodes de cyclones font toujours de nouveaux millionnaires en Haïti ;
alors vous l’aurez vitement compris !

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Me Destin Jean, licencié en droit.

Pour ne rien arranger, le mardi 12 janvier 2010, un séisme de magnitude


7.3 sur l’échelle de Richter vient causer des dégâts inestimables en Haïti. L’on
ne saura jamais le nombre de tués et de blessés ; seulement on sait qu’ils doivent
se chiffrer en centaines de milliers. Qui n’a pas perdu un frère, un cousin, une
nièce, un oncle, une mère ou tout simplement un ami ? Pour ce qui concerne les
dégâts psychologiques, Dieu seul sait ! Des pertes matérielles considérables que
personne ne pourra estimer avec certitude sont tout aussi naturellement
enregistrées. Beaucoup de symboles ont été effondrés dont le Palais national, le
Palais législatif et le Palais de Justice. Sachant que Port-au-Prince représente le
nerf politique du pays, tout l’appareil physique de l’Etat est effondré. C’est ainsi
que le Chef de l’Etat, le Premier Ministre, les Ministres, les Secrétaires d’Etat et
les directeurs généraux encore vivants sont entassés au niveau de la DCPJ
(Direction de la Police judiciaire), sans aucun décorum, comme on entasse du
bétail dans un camion.

De plus, la Capitale est aussi le poumon économique du pays, puisque


tout est centralisé à la « République de Port-au-Prince ». Donc, quand Port-au-
Prince a de la grippe, tout le reste du pays éternue. En conséquence, même 40%
du territoire n’a pas été touché par le séisme, mais tout est à refaire puisque le
pays a été frappé, ce mardi de deuil, dans son centre névralgique, son centre
d’impulsion économique et politique. Un pays où le chômage est la norme en
temps normal, vous pouvez imaginer ce qui se passera dans les prochains jours,
si rien n’est fait jusque-là, quand vous savez que bon nombre d’investisseurs ont
été décapitalisés par ce qui s’est passé.

L’école ne fonctionne pas et les dirigeants du pays se noient dans leur


incapacité à assurer la coordination et la distribution de l’aide humanitaire
venant à flot de l’étranger, à telle enseigne que l’ex-Président des Etats-Unis,
Bill Clinton, est finalement chargé par les Nations-Unies de la coordination de
l’aide en Haïti. Pourtant, une simple commission nommée par le Gouvernement
en place devrait pouvoir se charger efficacement de la coordination de l’aide.
Tout l’appareil de l’Etat ne devrait pas perdre son temps à gérer l’urgence. Nous
n’ignorons pas que la couche la plus défavorisée de la population victime du
tremblement de terre du 12 janvier occupe désespérément toutes les places
publiques et artères de la capitale et de certaines villes environnantes.
Cependant, pour combien de temps le monde restera brancher Haïti ?

Bon gré, mal gré, le Gouvernement présent a le devoir historique de


prendre le leadership de la reconstruction d’Haïti. Heureusement, dans la

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Me Destin Jean, licencié en droit.

première Conférence pour la Reconstruction et le Développement d’Haïti tenue


au Canada, le Premier Ministre haïtien, Jean-Max Bellerive n’a pas tardé à faire
comprendre à l’opinion publique internationale qu’Haïti ne se laissera pas faire,
cette fois-ci. C’est fort ; c’est même encourageant mais cela doit aussi
s’accompagner d’un plan haïtien, clair et précis, élaboré et appuyé par toutes les
forces vives de la Nation haïtienne (sous le leadership du Gouvernement,
naturellement) et prenant en considération tout particulièrement les aspirations
des masses.

Haïti est le meilleur juge de son intérêt et doit, par conséquent, être le
principal artisan de son destin. En vertu de tout ce qui précède, vous aurez
vitement compris que la Communauté internationale restera pour Haïti un
partenaire important dans le cadre de ce vaste projet de reconstruction.
Toutefois, elle ne doit pas prendre la place qui revient aux haïtiens, car le pays
n’en profitera pas. La Communauté internationale promet de nous aider à
reconstruire, mais il nous incombe de reconstruire le pays, mieux qu’avant, pour
nous-mêmes d’abord et pour les générations futures ensuite. C’est notre
responsabilité historique.

Le Gouvernement d’Haïti devra impliquer le plus de secteurs nationaux


possibles dans les échanges pour ce vaste projet de la reconstruction ; ce n’est
pas l’affaire du Gouvernement, il y a trop d’enjeux pour laisser au seul
Gouvernement le soin de décider…

En tant que Citoyen responsable, nous proposons, dans cette perspective,


que le citoyen soit placé au centre de tout. La notion de service public doit
cesser d’être fluctuante et vide de sens en Haïti, elle doit être une valeur. Les
politiciens, à la tête de l’Etat, doivent servir le pays, mais non se servir du pays.
Le respect de la loi devra être un culte. Les disparités entre les classes sociales
devront être abordées avec sérieux. L’on se posera la question quel Citoyen,
pour quelle Société, à travers quelle Ecole ? L’on se souciera de savoir comment
faire rencontrer les différents citoyens des différentes couches et donc comment
faire tomber les murs, etc.

Me Destin Jean,
Licencié en droit.

En date du 2 Février 2010, Port-au-Prince.

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