LIVRE II
DE LA NATURE.
CHAPITRE V.
Suite de la thorie du hasard. - Le hasard n'est cause ni de ce qui est constant
ni de ce qui est habituel et ordinaire ; le hasard est en dehors de l'un et de
l'autre ; il est cause de ce qui se produit accidentellement, mme dans les
choses qui ont une fin. - Le hasard est indtermin et toujours obscur pour
l'homme ; il n'est pas raisonnable. Bonheur on malheur qu'il cause; inconstance
de la fortune.
2. Parmi toutes les choses qui ont lieu, les unes sont
produites en vue d'une certaine fin ; les autres ne sont pas
produites ainsi. Dans les premires, il y a tantt prfrence
et intention ; tantt il n'y en a pas. Mais ces deux cas n'en
13. On peut dire aussi avec toute vrit que le hasard est
quelque chose de draisonnable ; car la raison clate dans
les choses qui restent ternellement les mmes, et dans
celles qui sont le plus souvent d'une certaine faon. Le
hasard, au contraire, ne se rencontre que dans les choses
qui ne sont ni ternelles, ni ordinaires ; et comme les
causes de ce dernier ordre sont toujours indtermines, le
hasard est indtermin comme elles.
13. Quelque chose de draisonnable, parce qu'il arrive
rarement et qu'il n'est pas la suite d'une intention rflchie.
- Ni ternelles ni ordinaires, le texte est moins prcis. Indtermin comme elles, voir plus haut 10.