Gérard Collomb, François Rebsamen, Manuel Valls, Gaétan Gorce, Yves Krattinger, Marc
Daunis, Malek Boutih, Jean-Pierre Mignard
Nos concitoyens constatent que tel n'est pas le résultat. Si une frange
extrêmement réduite a vu ses privilèges confortés, les autres sont à la peine, qu'ils
soient salariés, dirigeants de PME, artisans ou agriculteurs. Dans cet échec, il y
a évidemment les effets de la crise. Mais ce que les Français perçoivent, c'est
qu'à l'origine de cette crise, se trouvent précisément les politiques que Nicolas
Sarkozy voulait faire adopter à notre pays. C'est donc le modèle porté par la
droite française qui se trouve ainsi disqualifié.
D'où un mouvement fort en faveur de la gauche d'une opinion publique qui attend
de nous que nous lui proposions un autre modèle. Pas un catalogue de promesses
auxquelles nos concitoyens ne croient plus ! Mais une autre vision de l'avenir,
capable de prendre en compte le mouvement du monde d'aujourd'hui.
C'est cette vision qui doit être le cœur de notre projet. Et c'est pour la définir que
nous, qui nous définissons comme des Socialistes réformistes, avons choisi de
nous adresser aux militants du Parti socialiste lors de cette convention.
Quelles sont les grandes questions sur lesquelles les Français attendent de nous
une réponse ?
Ils constatent qu'au sein même de l'Europe, notre économie perd des parts de
marché là où l'Allemagne en gagne. C'est ainsi qu'en dix ans, les marges des
entreprises françaises se sont effondrées de près de 50 %, fait unique en Europe !
Non, ce n'est pas dans de vaines protections mais c'est dans l'innovation, dans la
création que se trouve l'avenir !
C'est pourquoi, conformément au meilleur de leur tradition, les Socialistes
doivent refuser tout conservatisme et se présenter comme ceux qui incarnent le
changement et ce dans tous les domaines : économique, social, culturel ! Car
c'est bien ceux qui, à travers le monde, sauront inventer de nouveaux modèles :
nouveaux produits, nouveaux services, nouveaux modes de consommation,
nouvelles organisations sociales, qui marqueront le monde de demain.
Face à une droite qui, au travers des mesures qu'elle a prises, est apparue comme
une économie de la rente, nous devons, nous, être les défenseurs de l'économie
productive.
Sans même parler d'un avenir lointain, cela sera nécessaire si nous ne voulons
pas être confrontés, à terme, à la situation que connaît actuellement la Grèce.
Ces efforts peuvent être acceptés par nos concitoyens à condition qu'ils soient
équitablement répartis en fonction des revenus et du patrimoine de chacun. C'est
vrai pour ce qui est des retraites comme pour ce qui est d'une nouvelle fiscalité.
Nous devons apparaître comme les plus à même de faire émerger ce modèle
nouveau.
C'est à la lumière de toute cette histoire qu'il nous faut inventer un modèle
nouveau, capable de marquer une autre étape de l'histoire de l'humanité.
Ce modèle ne peut consister à dire aux peuples du monde qui connaissent encore
l'extrême pauvreté qu'il convient qu'ils se résignent au nom de la survie de la
planète. Il ne peut consister à dire aux exclus de nos sociétés occidentales qu'ils
doivent renoncer à l'espérance de participer pleinement à notre société.
Mais il doit nous amener à répondre aux attentes nouvelles qui se font jour,
celles d'une consommation plus qualitative, celles d'une production qui prenne
en compte non seulement les conditions d'une meilleure protection des biens
collectifs mais qui permette même de réparer les dégâts causés à nos milieux
naturels depuis quelques siècles et de manière plus intensive dans la dernière
période.
Les temps qui s'ouvrent seront marqués par une volonté nouvelle de privilégier
l'être sur l'avoir, la rencontre de l'autre plutôt que le repliement sur soi-même.
Mais cela ne pourra se faire qu'à partir d'une pleine prise en compte des réalités
d'aujourd'hui.
"Partir du réel pour aller à l'idéal". C'est là le message de Jaurès auquel il nous
appartient de donner aujourd'hui une nouvelle modernité.