porteurs d'un poison mortel ; on ne peut cependant, pour ce faire, s'enfermer dans une tour d'ivoire. Ce qu'il
faut, c'est crer les conditions pour que, tout en vivant et en agissant dans ce monde, il soit possible de
bnficier, d'une faon significative, de la frquentation d'un contexte traditionnel. Le Shaykh ad-Darqaw - qui
pourtant vivait une poque et dans des lieux qui pourraient nous paratre idaux aujourd'hui - disait
quelqu'un qui se plaignait de ne pas trouver des hommes avec qui partager ses aspirations spirituelles : " Eh
bien, engendre-les toi-mme ! "
Les moyens auxquels le Shaykh 'Abd al-Whid Yahy Gunon a toujours fait allusion, sans vouloir trop les
expliciter pour des raisons diverses et comprhensibles, sont peut-tre apparemment moins clatants que ne
voudraient l'imaginer nombre de ses lecteurs. Ce qui est vraiment clatant, en ralit, ce sont les possibilits
cognitives qui se dveloppent, une fois que ces moyens ont t constitus, et qui permettent aux bndictions
d'oprer et de crer des occasions de connaissance qui dpassent toute initiative et imagination individuelles.
On ne voit alors plus de " vides " au sein de la Cration de Dieu, car, en fait, ces vides correspondent seulement
un " point de vue ", le point de vue profane.
Cette pratique intgre et sincre de la religion constitue le point de dpart pour s'orienter vers une ventuelle
vocation contemplative, dont tous les croyants peuvent tirer le bnfice travers une vision naturelle de
l'intgrit de la Tradition qui les libre de toute recherche individualiste obsessionnelle de l'sotrisme, en leur
faisant dcouvrir, si besoin est, le sens ncessaire du sacrifice que cela comporte. En effet, certaines
exagrations, engendres par des passions trangres la vraie vocation religieuse, ont toujours t tout fait
inconnues dans toutes les civilisations traditionnelles, o chacun s'abreuve la source dans la mesure de sa
vraie soif de connaissance.