BEAUX ARTS MAGAZINE SUPPLEMENT JUIL 10

86-90 RUE THIERS Parution irrégulière

92100 BOULOGNE - 01 41 41 55 60

Surface approx. (cm²) : 492

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ARAÛJO ET TÉLLEZ DANS LES MARGES

À l'écoute de l'au-delà et de l'en deçà de la vie
Maîs que a vida
Fondation Gulbenkian
Av de Berna 45A • Lisbonne
+217823000-www gulbenkian pt
Jusqu'au 6 septembre

Javier Téllez
O «macérante ile Haier mm
Courtesy de I artiste et galerie
Peter Kiichmann Zurich

Par le biais de sa collection d'art moderne et contemporain, la fon-

dation Gulbenkian offre un large soutien à la création portugaise.
L'exposition «Maîs que a vida» (Plus que la vie) prolonge cet engagement
en confrontant une vingtaine d'installations du Portugais Vasco Araûjo
et du Vénézuélien Javier Téllez ils sont de la même génération (nés en
1975 et en 1969), leurs œuvres ont intégré d'importantes collections
muséales (le Centre Pompidou et la Taie Modem) et tous deux abordent
le médium vidéo. Les commissaires ont aussi révélé des centres d'intérêt
similaires Dans la forme, tous deux se réfèrent à d'autres médiums, le
cinéma et le documentaire pour Téllez, la litterature d'un Samuel Beckett
pour Araùjo. Dans le contenu, chacun montre l'étrangeté, celle qui
dérange ou attise la curiosité déplacée Fils de psychiatres, Téllez puise
dans son vécu pour donner (enfin ') la parole aux êtres en marge, et ses
œuvres sont empreintes de sa connaissance de l'univers de la folie Pour
O Rinoceronte de Durer et la Passion de Jeanne d'Arc, il filme des patients
d'hôpitaux psychiatriques Pour Letter on the Elme, il s'inspire des der-
nières années de la vie de sa mère, frappée de cécité, pour donner à voir
ce que les aveugles ressentent en touchant un objet, ici un éléphant, pour
la première fois. La vieillesse et la folie (Todos os Que Caem), le mutisme
(Farde Donna) et la mort en tant que prolongement de la vie sont les pro-
tagonistes du travail d'Araûjo. Quand l'un sublime un quotidien difficile,
l'autre plonge directement dans la réalité. » Aude de Bom bon Pai me

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Su LES SOUBRESAUTS DU MONDE...

... et comment les artistes y répondent
Perpétuai Battles
Baibakov Art Projets
Paveletskaya Naberezhnaya 2
bld 18-Moscou
+74956633722
www baibakovartprojects com
Jusqu'au 25 juillet

Cyprien Gaillard
Oesiuansky Kalon, 2007
Courtes* galerie Bugada & Cargnel, Par

Dynamiter un programme officiel un peu crispé? Telle est la propo-

sition de «Perpétuai Battles», conçue dans le cadre de l'année France-
Russie. Les deux commissaires d'exposition Kate Sutton et Jean-Max
Colard ont ainsi fait appel à des artistes installés en France, mais non
nécessairement français, pour s'affranchir à Moscou de toute revendi-
cation d'une identité nationale. L'angle choisi fait d'ailleurs sourdre une
problématique très internationale : sous-titrée «II faut entendre le gron-
dement lointain de la bataille», phrase empruntée à Surveiller et punir
de Michel Foucault, l'exposition observe comment les artistes contem-
porains sont à l'écoute des états de violence qui traversent le monde.
Des tensions sociales aux affrontements politiques, le focus se déplace.
Mais aussi la manière dont les artistes se saisissent du sujet : le Suisse
Thomas Hirschhorn affiche un rapport très littéral au monde et à ses
soubresauts quand une Latifa Ekchach en passe par des sculptures
plus allusives. A l'image de ce monticule de pierre évoquant à la fois une
trace du land art et une scène de lapidation. Les 13 000 m2 de ce centre
d'art fondé en 2008 par la jeune Maria Baibakova dans une ancienne
chocolaterie, à deux pas du Kremlin, tremblent aussi sous les coups de
poing que se distribuent les deux bandes rivales filmées par Cyprien
Gaillard dans son épique vidéo Desniansky Raton. Et finissent par partir
en fumée avec les tableaux de maisons incendiées du duo Tursic & Mille.
Une exposition pugnace. - Judicael Lavrador

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ROTHKO, CELESTE AVENTURIER

Le chantre du «color field» irradie à Moscou
MarkRothko
Into an Unknown World
Garage Center for Contemporary
Culture • Obraztsova Street 19 A
Moscou.+7 495 6450510
www garageccc com
Jusqu'au 14 août

A GAUCHE «HOT 1962

ADROITE»» I2\tn
Courtesy The Pace Gallery Newyork
01998 Kate Rothko Pnzel i Christopher
Rothko/Artists Rights Society (ARS)
photos G R Christies

Certes, l'exposition n'est pas énorme. Cependant, quand on connaît

la fragilité des œuvres de Mark Rothko, on ne peut que saluer l'effort des
organisateurs russes pour montrer pour la première fois dans leur pays
les œuvres d'un des héraults de l'expressionnisme abstrait américain.
L'artiste, à la différence de Jackson Pollock et sa peinture gestuelle, pra-
tique une abstraction qu'on nomme «color field» (champ chromatique).
Appliquée généralement en glacis transparents, la couleur fait surgir des
configurations rectangulaires, superposées symétriquement sur un fond
quasi monochrome. Les formes, aux contours flous et apparemment
mouvants, sont comme des nappes chromatiques d'une luminosité irra-
diante La dissolution de la structure à ses extrémités induit un effet de
méditation la couleur se perd dans l'espace. Plaines étendues à l'infini,
ces paysages sans limites qui résistent à la possibilité d'être parcourus
par le regard restent comme inaccessibles au spectateur, progressive-
ment saisi d'un sentiment de religiosité indéterminée. D'un tableau à
l'autre, le peintre agrandit le format afin d'arriver à une échelle monu-
mentale et de réduire la disparité entre le corps de l'œuvre et le corps du
spectateur. C'est ainsi en toute logique que Rothko s'attaque aux projets
muraux dont les études préparatoires sont exposées à Moscou Parmi
eux, son chef-d'œuvre absolu les décors pour la chapelle de l'université
St. Thomas à Houston. Itzhak Goldberg

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