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La Ghouta orientale, qui se compose à la fois de Trouver de la nourriture est ainsi devenu le premier
vergers, de villages agricoles et de bourgades faisant souci des civils. Le prix du « paquet » de pain
partie de la banlieue de Damas, n’est pas seulement atteint six dollars – il est de 50 cents à Damas – et
bombardée. Il y a visiblement une volonté du régime celui du sucre 30 dollars. D’où l’aggravation de la
de l’affamer. Impossible pour les habitants de recevoir malnutrition, notamment chez les enfants. D’après une
nourriture et médicaments. « Au début du siège, nous étude de l’Unicef réalisée entre juillet et septembre
parvenions à en obtenir grâce à des tunnels secrets. et qui portait sur 12 270 enfants, 1 715 souffraient
Mais c’est fini. Tous ceux qui existaient sont à présent de malnutrition chronique, avec une forme sévère
contrôlés par les forces du régime. Toutes les voies chez 329 d’entre eux. Depuis, plusieurs nourrissons
d’accès aussi », précise le Dr Amany. Impossible sont morts. Comme les hôpitaux, au nombre d’une
également d’évacuer les blessés et les malades. C’est vingtaine, et les dispensaires, les dépôts de nourriture
la différence avec la région d’Idlib, l’autre grand fief font l’objet d’attaques aériennes, en particulier les
insoumis, qui est limitrophe de la Turquie, ce qui rares fois où ils avaient pu être approvisionnés par les
permet à ses habitants de recevoir de l’aide. camions des Nations unies.
Dans la Ghouta orientale, petit territoire de 30 Officiellement, la Ghouta est l’une des quatre régions
km2, survivent encore plus de 370 000 personnes. syriennes bénéficiant des accords de désescalade
« Essentiellement les familles les plus pauvres ! conclus le 4 mai, à l’issue d’un quatrième round de
Les riches et tous ceux qui avaient de la famille à pourparlers à Astana (Kazakhstan) qui a réuni, outre
l’extérieur ont pu partir, soit hors de Syrie soit à les parties syriennes, d’un côté la Russie et l’Iran,
l’intérieur. Restent ceux qui n’avaient rien », explique soutiens de Bachar al-Assad, et de l’autre la Turquie,
depuis l’hôpital de Clermont-de-l’Oise (Oise), où représentant les rebelles, en vue de parvenir à une trêve
durable. Des convois d’aide humanitaire auraient alors
il travaille, le Dr Ziad Alissa, un vétéran des
dû parvenir à la Ghouta. « Mais aucun accord n’est
missions humanitaires en Syrie, souvent clandestines,
jamais respecté quand il s’agit de la Ghouta. On n’a
et président de l’Union des organisations de secours et
ainsi jamais pu obtenir une trêve, ne serait-ce que de
soins médicaux (UOSSM), une ONG qui apporte aide
48 heures, afin de permettre l’évacuation des blessés
et secours médical aux populations, en particulier aux
enfants – ils sont 95 000 pris au piège de la Ghouta. ou des malades », déplore le Dr Alissa.
Avec l’hiver, la situation humanitaire dans la zone Mardi 26 décembre, 531 civils gravement malades,
encerclée est devenue encore plus dramatique. « dont 167 enfants, attendaient depuis deux mois de
Maintenant, il n’y a plus ni électricité ni gaz et l’eau pouvoir sortir de la Ghouta, via le Croissant-Rouge
ou les Nations unies. S’ils prennent le risque d’être
est polluée », indique le Dr Amany Balour. Signe que
évacués, malgré la crainte d’être arrêtés par des soldats
le blocus est devenu total, on ne trouve quasiment
ou des miliciens sur un barrage, c’est parce que leur
plus de fuel pour alimenter les générateurs. Ou alors
état est des plus graves – pendant ces deux mois, une
à des prix extrêmes. « Onze dollars [neuf euros –
quinzaine de malades a déjà succombé. « Pas un seul
ndlr] le litre, une somme considérable quand on songe
de ces 167 enfants n’a pu sortir ces deux derniers mois.
que le revenu moyen d’une famille dans la Ghouta
Pas un seul. Et neuf d’entre eux sont décédés », a
est de 250 dollars », précise le Dr Alissa. Aussi, fait savoir Jan Egeland, conseiller spécial de l’envoyé
les assiégés cherchent-ils à se procurer du bois, au spécial des Nations unies. Dont la petite Rama, 4
détriment des vergers qui alimentaient naguère les ans. Un cas parmi d’autres, exemplaire : atteinte d’un
marchés de Damas et faisaient la richesse de ces terres cancer du larynx, elle n’a pas été autorisée à sortir de
bocagères. la Ghouta et a attendu pendant huit mois, dans les plus
grandes souffrances et difficultés pour s’alimenter,
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