Turcan Robert. L'âme-oiseau et l'eschatologie orphique. In: Revue de l'histoire des religions, tome 155 n°1, 1959. pp. 33-40.
doi : 10.3406/rhr.1959.8882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1959_num_155_1_8882
L'âme-oiseau
et l'eschatologie orphique
Ú7TO X
/0ovoç 9] птероиаоап opviv
8eoç sv (x
1) 251 b.
2) 256 b.
3) 256 d-e.
4) Cf. R. Hackforth, Plato's Phaedrus, transi, with Intr. a. Comment, Camb
ridge 1952, p. 82. Il y a évidemment une allusion au cufxa = стт^ос des « orphi
ques » dans l'expression (250 c) : xal acr^fxavroi toútou ô vuv Stj oâjjxa теркре-
povTsç èvo(JiaÇo[xev (ibid., p. 95, n. 1).
5) Cf. R. Turcan, La catabase orphique du papyrus de Bologne, R.H.R.,
CL, 1956, p. 145-6.
6) Fr. 32 c, v. 6 Kern.
7) Rep., VI, 14 (p. 127, 9-11 Ziegler).
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,
notera simplement que le sens de l'image n'est pas inconciliable
avec la distinction marquée dans le fragment des Rhapsodies,
s'il s'agit en fait ici des âmes sorties victorieuses des épreuves
de l'Hadès et si l'on songe que, pour les orphico-pythagoriciens,
il n'y a pas d'autre enfer que la réincarnation terrestre.
Maxime de Tyr est plus explicite que Plutarque lorsqu'il
déclare : « Le premier parmi les Grecs, Pythagore de Samos
osa dire qu'une fois envolée, l'âme échappera à la vieillesse
et. à la mort1. » Ici non plus, l'expression n'est pas une figure
courante du langage parlé, puisque l'auteur prend la peine de
l'expliquer en comparant longuement le dernier voyage à un
vol qui entraîne l'âme non dans les zones brumeuses des
sommets montagneux, mais dans les régions éthérées où
régnent la constance et la sérénité2.
On comprend dès lors que la métaphore puisse s'appliquer
à une fuite de l'âme qui prétend s'évader par le suicide de la
prison corporelle3. Dans le texte mutilé d'un papyrus conservé
à l'Université de Bologne,- qui nous donne un échantillon de
cette littérature apocalyptique bien connue de Plutarque,
on trouve sur une liste de damnés la définition orphique
d'un cas de suicide :
xpuaipojv
£7tTÔCTO4.
Il est significatif qu'Eunape use d'une expression parallèle,
lorsque dans la Vie de Porphyre5 il raconte comment Plotin
le détourna du suicide : « II multiplia les discours propres à
rappeler son âme prête à s'envoler du corps. » Malgré ses
talents de styliste précieux et affecté, Eunape n'a pas inventé