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avait pourtant jugé, après avoir connu le plus mauvais


score électoral de son histoire, qu’il était temps de se
Déchiré, le SPD allemand doit dire oui ou
libérer de la dangereuse étreinte de Merkel pour aller
non à la «grande coalition» se « ressourcer » dans l’opposition.
PAR THOMAS SCHNEE
ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 19 JANVIER 2018
Dimanche, il sera donc question de savoir si l’accord
de principe présenté vendredi 12 janvier par le
président du parti, Martin Schulz, et négocié pendant
cinq jours de « discussions préliminaires » avec
les conservateurs, constitue une base suffisante pour
former un nouveau gouvernement. En attendant, dans
tout le pays, les fédérations régionales et les sections
locales du SPD sont devenues le lieu de débats intenses
Kevin Kühnert, président des jeunes du SPD, lors d'une convention
du parti à Berlin, le 7 décembre 2017 © Reuters / Fabrizio Bensch.
entre les partisans des deux camps « pro-GroKo » et
Les 600 délégués du SPD doivent décider, lors d’un « No GroKo ». « Le débat contradictoire se déroule
congrès extraordinaire ce dimanche, s’ils valident une comme il se doit dans un parti démocratique, c’est-
nouvelle « grande coalition » avec la droite d’Angela à-dire sereinement et sur une base argumentative et
Merkel. Rarement le débat a été aussi intense au sein objective », se félicite Kevin Kühnert qui se déclare
d’un parti social-démocrate plus divisé que jamais. Les fier que son parti réussisse aussi bien « cetexercice
pronostics sont difficiles. démocratique ».
Berlin (Allemagne), de notre correspondant.-
Participer de nouveau à une « grande coalition » avec
les conservateurs ou choisir l’opposition et faire face
à de nouvelles élections ? Dimanche 21 janvier à
Bonn, les 600 délégués régionaux du SPD se réuniront
pour un congrès extraordinaire afin de trancher cette
question existentielle pour le parti social-démocrate Kevin Kühnert, président des jeunes du SPD, lors d'une convention
allemand, qui craint désormais de connaître le destin du parti à Berlin, le 7 décembre 2017. © Reuters / Fabrizio Bensch.

du PS français. Malgré son ton conciliant, le jeune tribun de 28 ans


« Les avis exprimés un peu partout dans les débats attaque frontalement la grande coalition, une alliance
qui animent actuellement les fédérations montrent que qui ne trouve absolument aucune grâce à ses yeux.
tout reste ouvert pour dimanche. Les opposants à une « Les revendications centrales du SPD sont absentes
GroKo [une grande coalition – ndlr] ont cette fois- de l’accord. Il n’y a pas d’assurance santé citoyenne
ci une véritable chance de l’emporter », a estimé pour mettre fin à une médecine à deux vitesses. On
Kevin Kühnert, chef des jeunesses du parti (Jusos) ne trouve aucun signal en faveur d’une meilleure
et opposant le plus actif à la réédition d’une grande répartition des richesses par l’impôt. Enfin, nous
coalition, lors d’une rencontre avec la presse étrangère serons obligés d’avaler la pilule amère de la CSU
en début de semaine à Berlin. [l’allié bavarois de la CDU, plus à droite – ndlr] en
ce qui concerne le droit d’asile, à savoir la fixation
Le vote dominical tant attendu s’inscrit dans la longue
d’une limite supérieure annuelle pour l’accueil des
course d’obstacles qui tient l’Allemagne en haleine,
réfugiés », énumère-t-il.
depuis qu’Angela Merkel a échoué à former la
seule autre coalition acceptable pour elle, avec les « Outre la trop faible empreinte sociale-démocrate,
écologistes et les libéraux. Placée dans une impasse, le texte est aussi imprégné du style des années
la chancelière essaie depuis de débaucher le SPD qui précédentes. Sur toutes les grandes questions d’avenir

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un peu complexes, comme les retraites, il est question Pourtant, si le courant No Groko a le vent en poupe,
de définir une ligne, plus tard, via la constitution les jeux sont loin d’être faits [voir ici une carte
de commissions ad hoc. Or, lors de la dernière des débats en cours dans les fédérations]. Car à
législature, on a vu que de nombreuses lois et mesures elles trois, les fédérations de Berlin, de Thuringe et
promises ont été reportées de la sorte », critique-t-il. de Saxe-Anhalt enverront seulement 37 délégués au
Quand on lui demande si l’attitude du SPD, congrès de dimanche alors que celle de Rhénanie
dans un pays où le système politique impose la (NRW) en alignera 144 (partagés sur la question),
pratique du compromis et des coalitions, n’est pas celle de Basse-Saxe (favorable aux négociations) 81,
excessivement nombriliste alors que l’Allemagne et celle de Hambourg (favorable) 15, ou encore celle
l’Europe attendent des réformes, Kühnert s’insurge : de Bade-Wurtemberg (favorable) avec 47 délégués.
« Un parti n’est pas une organisation publique. Il a De plus, quelques sondages laissent à penser que les
bien le droit de choisir son destin en fonction de ceux Allemands, mais aussi les électeurs et les adhérents du
qu’il représente. Je sais que nous avons une grande SPD, bien qu’ils déplorent le résultat de l’accord de
responsabilité sur l’Europe. C’est pourquoi je suis principe, soutiennent à une nette majorité l’ouverture
favorable à ce que le SPD, dans l’opposition, passe de négociations de coalition.
un accord précis avec un gouvernement conservateur Alors que Martin Schulz visite inlassablement les
minoritaire que Madame Merkel pourrait former. Je sections locales et les délégués régionaux, les prises
ne vois pas pourquoi le SPD devrait choisir une de position des chefs de file de l’aile gauche du SPD
solution où il se sacrifie et qui le conduira à la mort, pourraient contribuer à faire définitivement tourner le
cela juste afin de réformer un peu l’Europe. » vent en faveur de la position défendue par Schulz.
Quelques instants plus tard, Kevin Kühnert finit par Patron de la Fédération du Schleswig-Holstein, Ralf
le reconnaître : « Même si l’accord présenté vendredi Stegner se positionne depuis le début de manière très
contenait la création d’une assurance citoyenne et le critique face à l’accord de principe obtenu vendredi.
relèvement du taux plafond de l’impôt, je serais contre Tout comme Matthias Miersch, qui représente la
une grande coalition. Pour moi, ce qui compte, c’est « gauche parlementaire du SPD ».
que le SPD se renouvelle et commence à bâtir une Mais pour eux, il serait regrettable de ne pas tenter
alternative politique où il pourra être le leader. » d’obtenir plus par une nouvelle négociation sans
C’est avec ces arguments que le jeune homme, qui concession. « Je suis et reste sceptique par rapport
porte la voix de 12 000 adhérents de moins de 35 ans au à la GroKo mais le SPD ne peut se permettre de
sein du SPD, sur un total de 430 000 adhérents, fait le partir en vacances ou en cure. Actuellement, il y a
tour du pays pour convaincre ses camarades de bloquer seulement l’alternative entre des négociations pour
la « GroKo ». Ses arguments font souvent mouche, une grande coalition ou de nouvelles élections très
notamment dans les fédérations les plus affectées par prochainement, ce pourquoi les populistes de droite
la montée du parti d’extrême droite Alternative pour nous remercieraient sûrement », s’en explique Ralf
l’Allemagne (AfD). C’est-à-dire les fédérations de Stegner dans un tweet [ci-dessous]. Pour sa part,
l’est. Matthias Miersch rappelle qu’en dernier recours, à
l’issue d'éventuelles nouvelles négociations, le SPD
On le savait déjà, le SPD de Thuringe votera
organisera un référendum où l’ensemble de sa base
assurément No Groko. Mais dès samedi, le vif discours
pourra juger sur pièces.
de Kühnert enfonçait les propos rassurants du poids
lourd Sigmar Gabriel, ministre des affaires étrangères, Sur les réseaux sociaux, ces arguments semblent
et poussait les camarades de Saxe-Anhalt à rejeter marquer des points. D’autant que, comme l’admet
l’alliance avec les conservateurs. Un exemple suivi Andrea Nahles, ex-ministre de l’emploi et des affaires
deux jours plus tard par les Berlinois. sociales, personne n’a de « plan B » en cas de rejet

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d’une grande coalition. Même le très convaincant autre motif d’inquiétude. Dans le dernier numéro
Kevin Kühnert devient plus hésitant sur ce point : de l’hebdomadaireDer Spiegel, celle-ci a évoqué
« Je n’ai jamais dit que j’étais pour de nouvelles la possibilité de créer « un grand mouvement
élections. Je pense que la solution d’un gouvernement rassembleur à gauche », proposant que les dirigeants
conservateur minoritaire serait idéale », répète-t-il. de partis différents favorables à cette idée « se
Oui mais voilà, Kühnert ne décide pas à la place réunissent pour créer quelque chose de nouveau ». Et
d’Angela Merkel qui y est absolument opposée. deux jours plus tard, elle recevait Jean-Luc Mélenchon
Alors que les sondages de la semaine placent le SPD à Berlin, pionnier sur cette voie.
à seulement 18 % des intentions de vote, soit au pire La mise en œuvre de l’idée de Sarah Wagenknecht
à quatre points de l’extrême droite, la peur d’un vrai devra sans doute attendre un peu. Les responsables
désastre électoral est donc forte : « Si nous refusons de Die Linke ont pour la plupart salué dimanche
la coalition, Schulz sera fini et il y aura des départs. dernier son discours d’union des gauches. Mais ils
Nous irons au combat avec une direction provisoire, ont rejeté catégoriquement l’idée de créer un autre
dans un grand désordre. Quelle sera la réaction des parti. Par ailleurs, le couple Wagenknecht-Lafontaine
électeurs ? Nous risquons d’être sanctionnés pour ne est actuellement en guerre quasi ouverte avec les
pas avoir assumé nos responsabilités », s’inquiète un deux co-présidents du parti, Katja Kipping et Bernd
militant berlinois qui a requis l’anonymat. Riexinger. Cette proposition pourrait être avant tout
Et les plans évoqués récemment par la chef du groupe une manœuvre visant à déstabiliser leurs adversaires.
parlementaire de Die Linke, Sarah Wagenknecht, et Malgré tout, une partie du message est bien arrivée au
son époux et camarade Oskar Lafontaine sont un SPD : les futurs déçus du SPD savent à qui s’adresser
pour continuer à lutter à gauche.

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