MATHEMATICS
May, 2010
anmaah
Annals of Mathematics, 171 (2010), 1591–1646
Abstract
Résumé
L’objet de cet article est de répondre à une question posée par Gelfond en 1968
en montrant que la somme des chiffres sq .p/ des nombres premiers p écrits en base
q > 2 est équirépartie dans les progressions arithmétiques (excepté pour certains
cas dégénérés bien connus). Nous montrons également que la suite .˛sq .p// où p
décrit l’ensemble des nombres premiers est équirépartie modulo 1 si et seulement
si ˛ 2 R n Q.
1. Introduction
Dans tout cet article, q désigne un nombre entier supérieur ou égal à 2. Tout
nombre entier n peut s’écrire de manière unique en base q sous la forme
X
(1) nD nk q k .nk 2 f0; : : : ; q 1g/;
k>0
où les nk sont tous nuls à partir d’un certain rang. La somme des chiffres du nombre
entier n écrit en base q est définie par :
X
(2) sq .n/ D nk :
k>0
1591
1592 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
et on trouvera dans [32], [54], [27] des estimations plus précises de cette fonction
sommatoire de la somme des chiffres des nombres premiers, dans [33] celle des
moments d’ordre k, et dans [35], [34], [2] l’étude de la distribution limite de la fonc-
tion somme des chiffres dans l’ensemble des nombres premiers. Le théorème de
Lejeune Dirichlet [37, pp. 315–342] concernant la répartition des nombres premiers
dans les progressions arithmétiques rentre également dans ce cadre et il permet
de montrer, comme l’a remarqué Sierpiński, que pour toute suite finie de chiffres
a1 ; : : : ; am et b1 ; : : : ; bn telle que .bn ; q/ D 1, il existe une infinité de nombres pre-
miers dont les m premiers chiffres sont successivement a1 ; : : : ; am et les n derniers
chiffres successivement b1 ; : : : ; bn ([55] contient une preuve de ce théorème dans
le cas q D 10 et attribue à une remarque de Knapowski le cas général). Harman a
étendu dans [23] ce résultat à des nombres premiers qui possèdent certains chiffres
librement préassignés, démontrant ainsi une conjecture due à Wolke [60], qui avait
pu en donner une preuve sous l’hypothèse de Riemann généralisée. j k
p
On remarque que si p > 3 est un nombre premier, alors 2 6 s2 .p/ 6 log log 2 C1.
L’existence d’une infinité de nombres premiers de Fermat ou de Mersenne, qui
correspondent respectivement à la borne inférieure et à la borne supérieure de cette
inégalité, constitue un problème d’une difficulté extrême qui s’inscrit également
dans le cadre de l’étude de la représentation des nombres premiers en base 2.
Par ailleurs on ne connaı̂t pas d’algorithme simple permettant de savoir si un
nombre entier est premier à partir de la donnée de son écriture en base q. Minsky et
Papert ont d’ailleurs montré dans [43] que l’ensemble des nombres premiers n’est
reconnaissable par aucun q-automate fini (pour cette dernière notion, on pourra
consulter [1] ou [13]). Cobham a présenté dans [6] plusieurs preuves alternatives de
ce résultat qui a été généralisé par Hartmanis et Shank dans [24] et Schützenberger
dans [53] en montrant qu’aucun ensemble infini de nombres premiers n’est recon-
naissable par un q-automate fini (ni même par un automate à pile) et par Mauduit
dans [39] en montrant que l’ensemble des nombres premiers n’est engendré par
aucun morphisme sur un alphabet fini.
Les théorèmes que nous établissons ici peuvent être interprétés comme une
démonstration de l’indépendance statistique entre la propriété multiplicative être
un nombre premier et une propriété de nature automatique relative à la repré-
sentation des nombres entiers en base q (le lecteur trouvera dans l’introduction
1594 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
1.3. La fonction somme des chiffres. La fonction somme des chiffres apparaı̂t
dans de nombreux problèmes mathématiques (voir [40] pour un survol de ces ques-
tions) mais c’est Mahler qui la fait intervenir le premier dans un contexte d’ana-
lyse harmonique profondément lié à notre propos. Il introduit dans [38] la suite
s .n/
. 1/ 2
n>0
afin d’illustrer plusieurs théorèmes d’analyse spectrale obtenus par
Wiener [59] et montre en particulier :
Ces travaux ont ouvert la voie à l’étude spectrale des systèmes dynamiques
symboliques. En effet la convergence de cette suite peut être comprise comme
une conséquence de l’unique ergodicité du système dynamique associé à la suite
.. 1/s2 .n/ /n>0 appelé système dynamique de Thue-Morse (voir par exemple [48]).
Keane a montré dans [36] que pour tout entier k, la limite de cette suite est
égale au k-ième coefficient de Fourier de la mesure de corrélation associée au
Q
système dynamique de Thue-Morse, c’est-à-dire le produit de Riesz n>0 .1
cos 2n t/. Des résultats analogues ont été obtenus dans [8], [42], pour la classe plus
générale des suites q-additives ou q-multiplicatives.
2. Résultats
Ces sommes sont qualifiées de sommes de type I lorsque l’un au moins des coeffi-
cients am ou bn est lisse, par exemple bn D 1 ou bn D log n (la variable correspon-
dante étant d’un ordre de grandeur significatif) et de type II lorsque les coefficients
am et bn ont une structure arithmétique trop complexe pour pouvoir être exploitée
(chacune des variables m et n étant, dans ce cas, d’un ordre de grandeur significa-
tif).
La principale difficulté réside généralement, et la preuve du Théorème 1 n’é-
chappe pas à cette règle, dans l’estimation des sommes de type II. Une application
de l’inégalité de Cauchy-Schwarz, pour lisser la variable m, puis l’inégalité
de Van der Corput, nous amène dans la Section 6.1, puisque g.n/ D e.f .n// avec
f .n/ D ˛sq .n/, à considérer dans l’exponentielle des différences de la forme
où la variable r est très petite devant n. Or, les chiffres de m.n C r/ et ceux de
mn coı̈ncident assez rapidement au delà de la taille de mr, une différence n’étant
possible que par la propagation d’une retenue. En prenant une petite marge, on
s’assure que les couples .m; n/ exceptionnels pour lesquels la coı̈ncidence n’a pas
lieu sont en nombre négligeable. Nous pouvons ainsi remplacer dans la Section 6.2
la fonction f par une fonction tronquée f qui ne prend en compte que les chiffres
de n de poids inférieur à ( est un paramètre qui dépend essentiellement de la
taille de m). La fonction f est périodique de période q , et cette propriété va
nous permettre dans la Section 6.3 en quelque sorte de séparer la structure digitale
de la structure multiplicative du problème. La clef permettant de poursuivre la
majoration des sommes de type II consiste à exprimer la transformée de Fourier
discrète de e.f .n// sous forme de produits de polynômes trigonométriques, puis
à estimer des moyennes d’ordre 1 et des moyennes quadratiques pondérées de ces
produits.
Dans le cas des moyennes d’ordre 1, l’objectif est, comme dans [17], d’ex-
ploiter la structure automatique de la fonction somme des chiffres et d’obtenir une
majoration meilleure que la racine carrée de la borne triviale. Ces estimations ont un
caractère assez technique et présentent un intérêt indépendant du reste de l’article.
Aussi, afin de ne pas interrompre le fil conducteur de la preuve du Théorème 1,
nous avons choisi de les présenter dans une partie indépendante située à la fin de
cet article (Section 12). On achève la majoration des sommes de type II dans la
Section 7 en appliquant ces estimations et en prenant soin de séparer le cas q D 2
du cas q > 3 qui conduisent chacun à des difficultés de nature différente.
Enfin, nous traitons dans la Section 8 les sommes de type I par une méthode
analogue à celle développée par Fouvry et Mauduit dans [17], [16], ce qui nous
permet de terminer la preuve du Théorème 1.
1598 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
4. Identité combinatoire
Une méthode classique (Hoheisel [28], Vinogradov [58]) pour traiter une
P
somme de la forme n ƒ.n/g.n/ est de la transformer en sommes multiples
X
a1 .n1 / ak .nk /g.n1 nk /
n1 ;:::;nk
comme cela est le plus souvent le cas) l’estimation des sommes de type II consti-
tue la difficulté essentielle. Vaughan a donné une élégante formulation de cette
méthode [57], qui a ensuite été approfondie par Heath-Brown [25]. Signalons par
ailleurs que le crible introduit par Friedlander et Iwaniec (voir par exemple [31,
Th. 13.12, p. 351]) conduit également à des majorations de sommes analogues aux
sommes de type I et de type II, mais dans des intervalles de sommation différents.
Nous allons utiliser une variante connue de la méthode de Vaughan (cf. [31,
Prop. 13.4, p. 345]) permettant d’éviter l’apparition de fonctions diviseurs qui ne
peuvent pas être individuellement majorées par un facteur logarithmique.
L EMME 1. Soient q > 2, x > q 2 , 0 < ˇ1 < 1=3 , 1=2 < ˇ2 < 1. Soit g une
fonction arithmétique. On suppose que pour tous réels M 6 x et tous nombres
complexes am , bn avec jam j 6 1, jbn j 6 1, on a
ˇ ˇ
ˇ ˇ
ˇ X X ˇ
(5) am bn g.mn/ˇ 6 U pour x ˇ1 6 M 6 x ˇ2 (type II);
ˇ ˇ
ˇ
ˇ q <m6M qxm <n6 m x
ˇM ˇ
ˇ
ˇ ˇ
ˇ ˇ
X ˇ X
g.mn/ˇˇ 6 U pour M 6 x ˇ1 (type I):
ˇ
(6) x
max x ˇ ˇ
q m 6t 6 m ˇ
M
<m6M t <n6 x m
ˇ
q
Alors ˇ ˇ
ˇ ˇ
ˇ X
ˇ U .log x/2 :
ˇ
ˇ
ˇ ƒ.n/g.n/ ˇ
ˇx=q<n6x ˇ
Remarque. Nous verrons que la majoration que nous obtiendrons dans la Sec-
tion 7 pour les sommes de type II permet en réalité de choisir ˇ1 arbitrairement
proche de 0 (voir l’inégalité (43) dans le cas q D 2 et l’inégalité (62) dans le cas
q > 3), ce qui permettrait de traiter plus grossièrement les sommes de type I.
Nous avons néanmoins choisi d’étudier de manière plus fine les sommes de
type I afin d’obtenir un meilleur exposant q .˛/ dans le Théorème 1, en vue
d’éventuelles applications.
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1599
avec
X
S1 D .m/ log.n/ g.mn/;
m6u
x=q<mn6x
X
S2 D .m1 / ƒ.m2 / g.m1 m2 n/;
m1 6u
m2 6u
x=q<m1 m2 n6x
X
S3 D .m/ ƒ.n1 / g.mn1 n2 /:
u<m6x
u<n1 6x
x=q<mn1 n2 6x
p
Choisissons u WD x ˇ1 , ce qui implique en particulier 1 6 u 6 x 6 x=q. La
somme S1 est une somme de type I. On écrit
Z n
X X dt
S1 D .m/ g.mn/ ;
m6u x x 1 t
q m <n6 m
X B B X C
C X
S2 D B
B .m1 /ƒ.m2 /C
C g.mn/:
m6u2 @ m1 6u A x=q m<n6x=m
m2 6u
mDm1 m2
1 P log n
qui vérifie bn D 0 pour n 6 u et 0 6 bn 6 log x ƒ.d / D log x 6 1:
d jn
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1601
Soit M1 une valeur de M pour laquelle le maximum est atteint. Pour montrer
que jS3 j U.log x/2 , on utilise (5) lorsque u 6 M1 6 x 1=2 , on utilise (5) en
échangeant les rôles de m et n lorsque qx 1=2 6 M1 6 x=u, et lorsque x 1=2 <
M1 < qx 1=2 , en prenant en compte l’uniformité en am et bn de la majoration (5),
on étend la sommation sur m et on la décompose en deux sommes, respectivement
x 1=2 =q < m 6 x 1=2 et x 1=2 < m 6 qx 1=2 . Pour la première de ces sommes on
utilise (5), et pour la seconde on utilise (5) en échangeant les rôles de m et n.
Le Lemme 1 nous montre que la clef de la démonstration du Théorème 1
réside dans l’obtention de majorations pour les sommes de type II (5) et pour les
sommes de type I (6). Pour estimer les sommes de type II, nous allons dans le
paragraphe suivant supprimer les contraintes multiplicatives à l’aide d’une variante
d’un procédé classique de séparation des variables (voir par exemple le Lemme
5.2.3 de [29]).
L EMME 2. Pour toute suite .an /n>0 de nombres complexes, on a pour tous
N0 6 N1 < N2 6 N3 entiers,
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ X ˇ Z 1=2 ˇ ˇ
1
ˇ ˇ ˇ X ˇ
ˇ
ˇ an ˇˇ 6 min.N2 N1 ; jsin j / ˇˇ an e.n/ˇˇ d :
ˇN1 <n6N2 ˇ 1=2 ˇN0 <n6N3 ˇ
L EMME 3. Soit g une fonction arithmétique, q > 2, 0 < ıQ < ˇ1 < 1=3, 1=2 <
ˇ2 < 1. Supposons qu’uniformément pour tous nombres complexes bn tels que
jbn j 6 1, on ait
ˇ ˇ
ˇ ˇ
X ˇ X ˇ
(7) ˇ
ˇ bn g.mn/ ˇ 6 V;
ˇ
q 1 <m6q q 1 <n6q
ˇ ˇ
(10) x ˇ1 6 M 6 x ˇ2
Notre objectif est maintenant de sommer cette expression sur m, puis d’intervertir
la somme et l’intégrale. Pour s’affranchir de la dépendance en m de N1 et N2 , nous
0 0
utilisons la majoration N2 N1 6 x, et comme q 1 < M=q < M 6 q C1 , quitte
à rajouter quelques termes supplémentaires, le membre de gauche de l’estimation
(5) est donc majoré par
ˇ ˇ
Z 1=2 ˇ ˇ
1 ˇ
X ˇ X ˇ
min.x; jsin j / ˇ bn e.n/g.mn/ˇˇ d :
0 0 1=2 ˇq 0 1 <n6q 0 C2
q 1 <m6q C1
ˇ
Par découpage, en utilisant l’inégalité triangulaire, cette expression est majorée par
0 C1 0
ˇ ˇ
X XC2 Z 1=2 ˇ X ˇ
1
X ˇ ˇ
min.x; jsin j / ˇ
ˇ bn e.n/g.mn/ˇˇ d :
D0 D 0 1=2
q 1 <m6q q 1 <n6q
ˇ ˇ
0 0 C 1
6 6 ;
0 C 0 C 2 C 0 C 0 C 1
0 0 C 1
ˇ1 ıQ 6 et Q
6 ˇ2 C ı:
0 C 0 C 2 0 C 0 C 1
Ainsi,
x log q
0 ˇ1 log
log q 1 ˇ1 log x
> log x D
0 0
C C2
log q C 2 1 C 2 log xq
log
log q log q log q
> ˇ1 1 2 > ˇ1 .1 C 2ˇ1 / ;
log x log x log x
0 Q
ce qui entraı̂ne 0 C 0 C2 > ˇ1 ıQ pour x > q .1C2ˇ1 /=ı . Similairement, comme
log q
x > q 1=.1 ˇ2 / entraı̂ne log x 61 ˇ2 6 21 , et comme 1
1 u 6 1C2u pour 0 6 u 6 1=2,
on en déduit
x log q
0 C 1 ˇ2 log
log q C 1 ˇ2 C log x
0 0
6 log x D log q
C C1 1 1 log x
log q
log q log q log q
6 ˇ2 C 1C2 6 ˇ2 C 3
log x log x log x
0
ce qui implique 0CC1 Q 3=ıQ .
0 C1 6 ˇ2 C ı pour x > q
6. Sommes de type II
L’objectif des Sections 6 et 7 est de nous placer dans les conditions d’appli-
cation du Lemme 3, c’est-à-dire de montrer la proposition suivante :
6.1. Lissage des sommes. Pour q > 2, soit f .n/ D ˛sq .n/ où
(14) ˛ 2 R n Z:
X R
X1 X XR
X1
R zn D znCr D znCr :
n rD0 n n rD0
Les entiers n pour lesquels la dernière somme est potentiellement non nulle
vérifient les inégalités 1 .R 1/ 6 n 6 N , donc leur nombre ne dépasse pas
N C .R 1/.
1606 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
où l’on a tenu compte du fait que la contribution totale de O.q / à la majoration
de jS j2 étant O.q 2CC /, elle est négligeable devant O.q 2.C/ / car 6 =2.
Pour poursuivre la démonstration, nous allons montrer que seuls les chiffres
de poids faible dans la différence f .m.n C r// f .mn/ contribuent de manière si-
gnificative. Nous allons donc introduire une notion de somme des chiffres tronquée
et montrer que l’on peut remplacer dans les sommes de type II la fonction f par
cette fonction tronquée.
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1607
6.2. Somme des chiffres tronquée. Pour tout entier > 0, on définit f par la
formule
X
(16) f .n/ D f .nk q k /;
k<
où les entiers nk désignent les chiffres de n dans son écriture en base q définie
par (1). La fonction f ainsi définie est clairement périodique de période q . Cette
fonction tronquée apparaı̂t dans un contexte différent dans [12] où Drmota et Rivat
étudient certaines propriétés de f .n2 / lorsque est de l’ordre de log n.
L EMME 5. Pour tout " > 0, il existe une constante c."/ telle que pour tous ,
, entiers avec > 0, > 0 et 0 6 6 =2, pour tout r 2 Z avec jrj < q , le nombre
E.r; ; ; / de couples d’entiers .m; n/ tels que q 1 < m 6 q , q 1 < n 6 q
et
f .m.n C r// f .mn/ ¤ fC2 .m.n C r// fC2 .mn/;
vérifie
(17) E.r; ; ; / 6 c."/ q .C/.1C"/
:
Preuve. Supposons 0 6 r < q . Dans ce cas 0 6 mr < q C . Lorsqu’on effec-
tue l’addition mn C mr, les chiffres du produit mn d’indice > C ne pourront
être modifiés que par propagation d’une retenue. Nous devons donc compter les
couples .m; n/ tels que les chiffres aj de l’écriture en base q du produit a D mn
vérifient aj D q 1 pour C 6 j < C 2. Ainsi en regroupant les produits
mn selon leur valeur a, nous obtenons
X
E.r; ; ; / 6 .a/ .a/
q C 2 <a6q C
où d’une part .a/ désigne le nombre de diviseurs de a et d’autre part .a/ D 1 si les
chiffres aj de l’écriture en base q de a vérifient aj D q 1 pour C 6 j < C2,
et .a/ D 0 dans le cas contraire, c’est-à-dire s’il existe un indice j , avec C 6
j < C 2, pour lequel aj ¤ q 1. Le nombre d’entiers a 6 q C vérifiant les
conditions précédentes est majoré par q C . Par conséquent la majoration (17)
découle de l’estimation classique (voir par exemple Hardy-Wright [22, Th. 315,
p. 260])
(18) .a/ " a" ;
qui entraı̂ne .a/ " q .C/" .
Le même raisonnement s’applique lorsque q < r < 0 en comptant les
couples .m; n/ tels que les chiffres aj du produit a D mn vérifient aj D 0 pour
C 6 j < C 2, et l’on obtient la même majoration (17).
1608 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
Pour fixer les idées, on peut dès à présent faire l’hypothèse que
log 2
(22) 6 . C /:
10 log q
Posons
(23) D C 2:
Comme f est périodique de période q , on peut écrire
X
S20 .n/ WD e.f .m.n C r// f .mn//
q 1 <m6q
1 X X
D e.f .u/ f .v//
q 2
06u<q 06v<q
X X X h.m.n C r/ u/ C k.mn v/
e :
q
06h<q 06k<q q 1 <m6q
Quitte à poser n0 D n (n0 parcourt aussi toutes les classes résiduelles modulo m0 )
et r 0 D r, on peut supposer que 0 6 r 6 d=2 et ensuite supprimer les valeurs
absolues. Alors en isolant le premier et le dernier termes de cette somme,
! !
1 1
S 6 d min M; C d min M;
sin m0rd sin m0 .1 dr /
!
X 1
Cd min M; :
0
sin m0 .n C dr /
16n6m 2
Posons
m0 3=2
1 dt
Z
h.x/ D C :
sin m0 .1 x/ 1=2 sin m0 .t C x/
Comme la fonction t 7! 1=.sin t / est convexe sur 0; Œ, la fonction h est convexe
sur Œ0; 1=2. Le maximum de la fonction h sur Œ0; 1=2 est atteint aux extrémités
de cet intervalle. Or
Z m0 1 Z 1
1
1 1 dt dt
h 2 h.0/ D C
sin 2m0 sin m0 m0 3=2 sin m0 t 1=2 sin m0 t
1 1 1 1
> C 3
sin 2m0 sin m0 2 sin 2m0 2 sin 2m0
1 1 1
> C > 0;
2 sin 2m0 3
2 sin 2m 0 sin m0
C .1 C q
/ .log q/ q G .˛/2 ;
où G .a; d; ˛/ et G .˛/ sont définies pour a 2 Z et d > 1 par
X X
(28) G .a; d; ˛/ WD jF .h; ˛/j et G .˛/ WD jF .h; ˛/j :
06h<q 06h<q
ha mod d
1 1 e.˛q hq /
D F .h; ˛/;
q 1 e.˛ hq 1 /
et donc
Y
j
(30) jF .h; ˛/j D q q .˛ hq /;
16j 6
Pour estimer les deux termes de la majoration (27), nous allons majorer pour
certaines valeurs de d j q et de a 2 Z, les moyennes d’ordre 1 :
X
jF .h; ˛/j ;
06h<q
ha mod d
d’ordre 2 :
jF .h; ˛/j2 ;
X
06h<q
ha mod d
et d’ordre 2 pondérées :
X jF .h; ˛/j2
ˇ ˇ :
ˇ ha ˇ
06h<q ˇsin q ˇ
h60 mod q
C .log q/ .1 C q
/ q .1C2q / ;
où les constantes q > 0, définies par (96) pour q D 2 et par (83) pour q > 3
vérifient la majoration cruciale
1
q < :
2
Il nous reste maintenant à estimer la première somme de cette majoration
afin de montrer (21). À cet effet, nous allons séparer le cas q D 2 du cas q > 3.
Nous commencerons par étudier le cas q D 2, plus simple à traiter, qui permet de
bien comprendre la structure de la preuve, et conduit par ailleurs à un résultat plus
précis. Lorsque q > 3 n’est pas premier, des difficultés supplémentaires dues à ses
diviseurs surgissent.
Nous séparons la sommation sur ı dans (32) en deux parties selon que ı 6
ou ı > .
Si 0 6 ı 6 , alors le minimum dans l’expression (33) vaut 2 . Dans ce cas,
La condition (14) nous permet de définir 2 .˛/ 20; 1Œ (nous verrons en fait que
d’après (96) on a 2 .˛/ < 0; 1144) par la formule
(36) 2 .˛/ D min .1 22 ; 2.log jcos ˛j/= log 2/ ;
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1615
donc
X X jFı .b; ˛/j2
S4 .ı/ 2 2 .˛/.ı /
C 2 ı ˇ ˇ :
br 0 ˇ
ˇsin 2ı ˇ
ˇ
06 <ı 16b<2ı
b1 mod 2
où
2 .˛/, défini par (104), vérifie 12 6
2 .˛/ < 1 d’après (105).
Comme 0 < 2 < 1=2, on en déduit
X
2ıC22 . ı/ S3 .ı/
<ı6
X X
2ıC22 . ı/C 2 .˛/.ı /
C 2ıC.1C22 /. ı/C
2 .˛/.ı /
<ı6 <ı6
2C22 . /C
C 2C 2 .˛/. /
ce qui conduit à
X
(37) 2ıC22 . ı/
S3 .ı/
<ı6
2 .1 C 2
/.2.1C22 / C 2 2C.1 2 .˛//C2 .˛/
C 2.1C
2 .˛// /:
Posons
(38) 2 .˛/ D min .1 22 ; 2 .˛/; 1
2 .˛// :
En observant que 0 < 2 .˛/ < 1 et donc que 2 2C2 .˛/ 6 1, on obtient
S2 2 .1 C 2
/ 2.2 2 .˛//
I
c’est-à-dire
S2 . C /2 2.2 2 .˛//.C2/
C 2.1 2 .˛//.C2/C
:
Pour obtenir la majoration attendue (voir (21)) :
(39) S2 . C /2 2C
;
il suffit que les deux conditions suivantes soient vérifiées :
.2 2 .˛//. C 2/ < C ;
.1 2 .˛//. C 2/ C < C I
c’est-à-dire
.2 2 .˛// < C .5 22 .˛//
et
.3 22 .˛// < 2 .˛/:
En posant
(40) WD ;
C
la majoration (39) est vérifiée dès que :
3 22 .˛/ 1 .5 22 .˛//
< < :
2 .˛/ C 2 2 .˛/
Nous sommes maintenant en mesure d’appliquer le Lemme 3 avec
2 .˛/
ıQ WD ;
28
3 22 .˛/
(41) ˇ1 WD C ıQ
2 .˛/
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1617
et
1 .5 22 .˛// Q
(42) ˇ2 WD ı;
2 2 .˛/
Nous devons vérifier que les conditions du Lemme 3 (0 < ıQ < ˇ1 < 1
3 et
1
2 < ˇ2 < 1) sont satisfaites, c’est-à-dire :
3 22 .˛/ 2 .˛/ 1 1 1 .5 22 .˛// 2 .˛/
0< C < < < < 1:
2 .˛/ 28 3 2 2 2 .˛/ 28
À cet effet, il suffit d’imposer la condition
2 .˛/
(43) ; 6
14
ce qui entraı̂ne en particulier que l’hypothèse (22) que nous avions imposée au
début du traitement de S2 est bien vérifiée. Pour q D 2 et ˛ 62 Z, la condition (43)
permet d’obtenir (21).
C .log q/.1 C q
/q .1C2q / ;
avec
0 1
1
jFı .a; ˛/j2 min @q ;
X
(44) S3 .k; ı/ D
A :
ar
06a<kq ı sin kq ı
kq ı
Posons
1 log 2 1 3 log 5
(45) 0 < !q WD 3 6 3 D < 0; 0351:
2 log q 2 2 log 3
C .log q/.1 C q
/q .1C2q / :
On va maintenant se concentrer sur la majoration de S3 .k; ı/.
Comme la fonction sinus est concave sur Œ0; , et 1 6 k 6 q ı , on a
ˇ ˇ
ı
ar
ı
ar
ı ˇ
ˇ ar ˇ
sin kq
kq ı
> kq sin
ı
D kq
ˇsin kq ı ˇ :
ˇ
kq
Ainsi, en utilisant (23), on a
0 1
1
jFı .a; ˛/j2 min @kq ı
X
1 ı 2
(47) S3 .k; ı/ 6 k q ;ˇ ˇA :
ˇ ar ˇ
06a<kq ı ˇ sin kq ı
ˇ
Lorsque ı est petit, on est gêné par les facteurs communs de r et q, alors que
si ı est plus grand, on peut sacrifier une petite puissance de q pour les éliminer
dans l’expression ar=.kq ı /. À cet effet, on introduit un entier tel que 1 6 6
et on distingue deux cas selon que ı 6 ou ı > .
Supposons que ı 6 .
La fonction a 7! jFı .a; ˛/j est périodique de période q ı , donc on peut écrire
0 1
1
jFı .a; ˛/j2
X X
S3 .k; ı/ 6 k 1 q ı min @kq ı 2 ; ˇ ˇ A:
ˇ .aCi q ı /r ˇ
06a<q ı 06i 6k 1 ˇsin kq ı
ˇ
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1619
S3 .k; ı/ q
C .log q/q ı
:
ce qui, compte tenu du fait que 0 < !q < 1, est majoré par
.1 C q
/q .q !q . /
C .log q/q .1 !q /
/
.2 !q / C!q
D .1 C q /q .q C .log q//:
(48) !q 6 ;
C .log q/.1 C q
/q .2 !q /
:
Comme ı 0 6 ı, d’après (30) et (31) on a jFı . : ; ˛/j 6 jFı 0 . : ; ˛/j, et jFı 0 . : ; ˛/j est
0
périodique de période q ı , donc la somme S3 .k; ı/ est majorée par
0 1
1
jFı 0 .a; ˛/j2
X X
k 1q ı min @kq ı 2 ; ˇ 0
ˇA :
i rC.ar=q ı / ˇ
sin
ˇ
0
06a<q ı 06i <kq ˇ kq
ˇ
0
En appliquant le Lemme 6 avec m D kq , n D i , a D r, b D ar=q ı , d D
.r; kq / la somme sur i est majorée par
0 1
1
.r; kq / min @kq ı 2 ;
A C kq log.kq /;
.r;kq /
ar
sin kq
.r;kq /q ı0
on obtient
ı0
jFı 0 .a; ˛/j2 :
X
S3 .k; ı/ S4 .k; ı 0 / C q log.kq /
0
06a<q ı
.log q/.1 C q
/q .2 !q /C!q
:
Sous la condition (48), on a donc en reportant dans (49) la majoration
X
(52) S2 q .1 C q /q q !q . ı/ max S4 .k; ı /
k j q ı
<ı6
.k;q/<q
C.log q/.1 C q
/q .2 !q /C
:
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1621
q .˛/ı 0
q ;
où l’on a posé
2 log.q .˛/=q/
(55) q .˛/ D min !q ; :
log q
La condition (14) entraı̂ne que
q .˛/ > 0:
Ainsi la contribution de ce terme à la majoration de S2 dans (52) est majorée
par
X
.1 C q
/q q !q . ı/ q .˛/ıCq .˛/
q
<ı6
q .1 C q
/q .2 q .˛// Cq .˛/
;
et comme d’après (55) et (48) on a q .˛/ 6 !q 6 , cette contribution est
finalement majorée par
q .1 C q
/q .2 q .˛//
:
1622 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
Il résulte donc de (52) (en utilisant à nouveau q .˛/ 6 !q pour rassembler les
termes d’erreur) que
X
(56) S2 q .1 C q /q q !q . ı/ max S5 .k; ı /
k j q ı
<ı6
.k;q/<q
C .log q/.1 C q
/q .2 q .˛//C
avec
ı0
X X jFı 0 .b; ˛/j2
(57) S5 .k; ı 0 / D q ˇ ˇ :
br 0 ˇ
ˇsin q ı0 ˇ
ˇ
06 <ı 0 16b6q ı 0
b60 mod q
Pour
(58) .q 1/˛ 62 Z;
nous utilisons la majoration (106) avec D ı 0 , en rappelant que .r 0 ; q/ D 1
d’après (54), ce qui donne
0 X 0 0 0
S5 .k; ı 0 / q ı q
q .˛/.ı / q q ı C
q .˛/ı D q .1
q .˛//.ı / ;
06 <ı 0
où
q .˛/, défini par (104), vérifie 12 6
q .˛/ < 1 d’après (105).
En reportant dans (56) on obtient
S2 q .1 C q / 2 q .2 !q /C!q C 2 q .1C
q .˛//C.1
q .˛//
.2 q .˛//C
C.log q/q :
Alors comme 6 ,
q .1C
q .˛//C.1
q .˛//
6 q .2 q .˛//Cq .˛/
donc, comme q .˛/ 6 !q 6 d’après (48), pour tout réel ˛ vérifiant (58), on a
S2 q 2 .log q/.1 C q
/q .2 q .˛//C
;
et en remplaçant par sa valeur C 2 (cf. (23)) on obtient
S2 q . C /2 .log q/ q .2 q .˛//C.5 2q .˛// C q .1 q .˛//CC.3 2q .˛//
:
Pour obtenir la majoration attendue (21), il suffit que les deux conditions sui-
vantes soient vérifiées :
.2 q .˛// C .5 2q .˛// < C
et
.1 q .˛// C C .3 2q .˛// < C ;
c’est-à-dire, en posant à nouveau
D ;
C
dès que l’on a
.4 2q .˛// 1 .6 2q .˛//
< < :
q .˛/ C .2 q .˛//
Nous sommes maintenant en mesure d’appliquer le Lemme 3 avec
q .˛/
ıQ WD ;
28
.4 2q .˛// Q
(60) ˇ1 WD Cı
q .˛/
et
1 .6 2q .˛// Q
(61) ˇ2 WD ı:
.2 q .˛//
Nous devons vérifier que les conditions du Lemme 3 (0 < ıQ < ˇ1 < 13 et 1
2 < ˇ2 < 1)
sont satisfaites, c’est-à-dire :
.4 2q .˛// q .˛/ 1 1 1 .6 2q .˛// q .˛/
0< C < < < < 1:
q .˛/ 28 3 2 .2 q .˛// 28
À cet effet, il suffit d’imposer la condition
q .˛/
(62) 6
14
1624 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
et de s’assurer que l’hypothèse (22) que nous avions imposée au début du traitement
de S2 est bien vérifiée, ce qui découle, d’après (45) et (59), du fait que l’on a
1 log 2
q .˛/ 6 !q D 3 :
2 log q
Pour q > 3 et .q 1/˛ 62 Z, la condition (62) permet d’obtenir (21).
1
ˇ2 < ıQ 6 1 Q
ı;
2 q .˛/
et donc
1 1 3
6 6 ;
1 ˇ2 ıQ ıQ
ce qui implique
Q Q
x0 D max.q 1=.1 ˇ2 /
; q 3=ı / D q 3=ı D q 84=q .˛/ ;
où q .˛/ est défini par (38) pour q D 2 et par (59) pour q > 3.
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1625
8. Sommes de type I
pour 1 6 M 6 x 1=3 et
1 1
(68) 0 < q .˛/ WD min 6 ; 3 .1
q .˛//
1
où 2 6
q .˛/ < 1 est défini par (104).
Remarque. Il suffirait de montrer la Proposition 2 pour 1 6 M 6 x ˇ1 , avec
0 < ˇ1 < 1=3 déterminé par le traitement des sommes de II, ce qui permettrait
de remplacer q .˛/ par un meilleur exposant. Ce raffinement n’aurait aucune inci-
dence sur le résultat final car la majoration des sommes de type II est prépondérante.
0 12
Z 1 Y Z 1 Y
i
@ q .˛ C q t / dt A 6 q2 .˛ C q i t / dt
0 0
06i < 06i <
ˇ ˇ2
1ˇ
Z ˇ X ˇ
e.˛sq .`/ C `t /ˇˇ dt D q :
ˇ
D ˇ
ˇ
0 ˇ06`<q ˇ
Preuve. Pour D 1, l’inégalité (70) est évidente. Pour > 2 on peut écrire,
en regroupant deux par deux les termes consécutifs,
Y Y q
i
q .˛ C q t / 6 q q .˛ C q i t /q .˛ C q i C1 t / 6 q
q .˛/. 1/C1 ;
06i < 06i < 1
q q
q .˛/C3=2 M 3 2
q .˛/
.1 C log M / C q =2C1 M 2 :
En remarquant que
ˇ ˇ
ˇ ˇ
ˇ X ˇ
jˆ .t /j D ˇ
ˇ e.˛sq .`/ C `t /ˇ
ˇ
ˇ06`<q ˇ
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1627
d’où
ˇ ˇ
X X ˇ
ˇˆ k ˇˇ
ˇ 1 m ˇ
M=q<m6M 06k<m
.k;m/Dd
1ˇ Z 1
M2 ˇˆ .t /ˇ dt C 1
Z X
1
ˇ
q 2 1
q jˆi .t /j dt;
d 0 2 0
06i <1
M 2 1 =2
q C q 31 =2 :
d2
1628 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
En choisissant
2 log.M=d /
1 D min ; ;
log q
M 2
q .˛/. 1 /C1C1 =2
q q
d2
M2 M 3 2
q .˛/
q 2 q 1C=2 C 3 2
.˛/ q
q .˛/C1C
q .˛/ 1=2
d d q
M 2 M 3 2
q .˛/
q 2 q 1C=2 C q
q .˛/C3=2 ;
d d
et en sommant sur d pour 1 6 d 6 M , on obtient (71).
Or,
ˇ ˇ ˇˇ ˇ
ˇ
ˇ X ˇ ˇ1 X X k` ˇˇ
e.˛ sq .mn//ˇ D ˇˇ e ˛ sq .`/ C
ˇ ˇ
ˇ ˇm m ˇˇ
ˇ
ˇ
06n6t 06k<m 06`6mt
ˇ ˇ
ˇ ˇ
q X ˇ X k` ˇˇ
6 1C ˇ e ˛ sq .`/ C ;
M ˇ m ˇˇ
06k<m 06`<mt
ˇ
où le premier terme 1 n’existe que si mt est entier. La majoration (74) donne
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ X k` ˇ X ˇ X k` ˇ
ˇ e ˛ sq .`/ C ˇ 6 .q 1/ ˇ e ˛sq .`/ C ˇ:
ˇ
ˇ06`<mt m ˇ ˇ ˇ
log.mt/ ˇ06`<q
m ˇˇ
6 log q
q x
q .˛/ M 2 2
q .˛/
.1 C log M / C x 1=2 M:
On a donc démontré, puisque M 6 x 1=3 , que
ˇ ˇ
X ˇ X ˇ 1 5
max e.˛ s .mn// ˇ q x 3 .2C
q .˛// log x C x 6
ˇ ˇ
ˇ
x ˇ
q
t6 m ˇ
M=q<m6M 06n6t
q x 1 q .˛/
log x:
Ceci termine le traitement des sommes de type I en établissant (67).
1630 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
ce qui prouve que la suite .˛sq .p//p2P est équirépartie modulo 1 d’après le critère
de Weyl [44, Ch. 1, p. 1].
Ainsi,
(77) cardfp 6 x; sq .p/ a mod mg
d 1 X aj X j
D .xI a; d / C e e sq .p/ :
m m 0
m p6x m
j 2J
Preuve. L’égalité (78) est classique et caractérise le noyau de Fejér. Pour mon-
trer (79), on écrit
X X X
q2 .t C qr / D .q jkj/ e.k t / e. kr
q /:
06r<q jkj<q 06r<q
Pour obtenir des majorations précises des sommes G .a; d; ˛/ et G .˛/ dé-
finies par (28), lorsque d divise q , nous utiliserons notamment le lemme suivant
qui précise des résultats obtenus dans [16].
L EMME 14. Pour q > 2, la fonction q définie sur R par
X
1 r
(80) q .t / D q q t C q
06r<q
et
2 2 2 2 2q
(82) max q .t / 6 C log cot 6 C log :
t2R q sin 2q 2q q sin 2q
En particulier, on a les valeurs exactes
p p
max 2 .t / D 2; max 3 .t / D 5=3; max 4 .t / D .2 C 2/1=2 :
t 2R t 2R t 2R
Pour q > 3, on définit q par
1
(83) q D log q ..2q/ /= log q; i.e. : q q D max q .t /:
t 2R
Alors pour q > 4 on a les inégalités
(84) 0 < q < 3 ; 0; 4649 < 3 D .log 5/=.log 3/ 1 < 0; 465:
Remarque. Le point important dans la majoration (84) est l’inégalité q <
1=2 qui sera essentielle dans la suite de notre étude. Lorsque q D 2, la définition
(83) amènerait la valeur 1=2, qui est insuffisante. Nous devrons donc effectuer
un traitement spécifique pour q D 2, et l’exposant 2 sera défini d’une manière
complètement différente dans le Lemme 18 par la formule (96).
Preuve. Par construction, q est périodique de période 1=q et continue sur R.
La démonstration du Lemme 2 de [16] montre que le maximum de q sur R est
atteint au point t D .2q/ 1 , ce qui établit la première égalité de (81). La seconde
égalité de (81) s’obtient en remplaçant t par .2q/ 1 dans (80).
Pour établir la première inégalité de (82), on utilise la convexité de la fonction
u 7! 1=.sin u/ sur 0; Œ qui permet d’écrire (méthode des trapèzes) :
1 q 3=2
1 1 1 dt
Z
q 6 C 1
C
2q q sin 2q q sin q .q 2 / q 1=2 sin q . 12 C t /
2 2
D C log cot :
q sin 2q 2q
1634 CHRISTIAN MAUDUIT ET JOËL RIVAT
qui est une majoration fine lorsque t est proche d’un entier. Ainsi,
p
1 1
p
p
max q;2 .t /6 max 2 .t /D 2 cos 4 3q 6 2 cos 6 D 3=2:
t 2Œ0;1=.3q/ t 2Œ0;1=.3q/
LA SOMME DES CHIFFRES DES NOMBRES PREMIERS 1635
p
Lorsque 1=.3q/ < t 6 1=4, avec la majoration 6 2 on peut écrire
2
p
2 2 2
q;2 .t / D q=2 .2t / 2 .t / 6 q=2 .2t /:
q q
Or, la fonction q=2 étant décroissante sur Œ0; 2=q, on a
1
q
max q=2 .2t / D q=2 .2=.3q// 6 sin 3 q4 sin 6 D 2 cos 6 :
t 2Œ1=.3q/;1=q
De plus,
1 1 q q
max q=2 .2t / 6 max D 6 6 cos 6 :
t 2Œ1=q;1=4 t 2Œ1=q;1=4 sin 2 t sin 2=q 4 2
Finalement,
p
2 2q p
cos 6 D 2 cos 6 D 3=2;
p
max q=2 .2t / q;2 .t / 6
t 2Œ1=.3q/;1=4 q 2
ce qui termine la preuve de (87).
C OROLLAIRE 1. Pour q > 3 et R j q, 2 6 R 6 q on a
(88) max q;R .t / 6 R3 ;
t 2R
or
!
ˇ ˇ ˇ ˇ h C rq 1
ˇF .h C rq 1
; ˛/ˇ D ˇF 1 .h C rq
1
; ˛/ˇ q 1
q ˛
ˇ ˇ ˇ ˇ
q
1 h r
D jF 1 .h; ˛/j q q ˛ :
q q
Ainsi, comme q est périodique de période 1, en remplaçant r par q 1 r, on
obtient
X X
(92) jF .h; ˛/j D jF 1 .h; ˛/j q .˛ hq /;
06h<q 06h<q 1
ha mod q ı ha mod q ı
(94) G .a; kq ı ; ˛/ 6 k 3 3 . ı/
q jFı .a; ˛/j :
En écrivant
d 1 . ; u 1 / D .d ; q 1
/ D .kq ı ; q ; q 1
/ D d 1;
3 3
où q;R est définie par (85) et majorée par (88) : q;R D q;q= 6 q :
Ainsi,
X
G .a; d ; ˛/ 6 3 q 3 jF 1 .a C ud 1 ; ˛/j
06u<u 1
et on obtient l’inégalité
3 3
(95) G .a; d ; ˛/ 6 q G 1 .a; d 1 ; ˛/:
or,
dıC1 dıC2 d d kq ı
ıC1 D D D ı D k;
dı dıC1 d 1 dı q
et Gı .a; dı ; ˛/ D Gı .a; q ı ; ˛/ D jFı .a; ˛/j ; ce qui établit (94).
Le cas q D 2 nécessite un traitement plus fin qui n’est pas couvert par les
lemmes précédents et qui fait l’objet du Lemme 18.
En écrivant pour 0 6 ı 6 ,
(100)
X X X ˇ ˇ
jFC1 .h; ˛/j D jFC1 .h; ˛/jC ˇFC1 .h C 2 ; ˛/ˇ
ˇ ˇ
06h<2C1 06h<2 06h<2
ha mod 2ı ha mod 2ı ha mod 2ı
On calcule
ˇ2 x ˇ2
ˆ21 .x/ D ˇcos .˛ x2 /ˇ C 2 ˇcos .˛ x2 / sin .˛ x2 /ˇ C ˇsin .˛
ˇ ˇ ˇ ˇ ˇ
2/
D 1 C ˇsin 2.˛ x2 /ˇ 6 2;
ˇ ˇ
p
donc ˆ1 .x/ 6 2, et on obtient pour 0 6 ı 6 ,
X p X
(101) jFC1 .h; ˛/j 6 2 jF .h; ˛/j :
06h<2C1 06h<2
ha mod 2ı ha mod 2ı
p
Cette majoration par 2 n’étant pas suffisante, nous allons procéder à une seconde
p
itération qui nous permettra en substance d’obtenir une majoration par .2 C 2/1=4 .
La majoration classique ja cos C b sin j2 6 jaj2 C jbj2 ; permet d’écrire
p
ˆ22 .x/ 6 ˆ21 . x2 / C ˆ21 . xC1 ˇsin 2.˛ x /ˇ C ˇcos 2.˛ x /ˇ 6 2 C 2:
ˇ ˇ ˇ ˇ
2 / D 2 C 2 2
06h<q 06h<q 1
ha mod q ı ha mod q ı
Alors
1
(105) 2 6
q .˛/ < 1:
Preuve. Supposons
q .˛/ > 1. Comme q 6 q, dans ce cas on a q .˛ C t / D
q .˛ C qt/ D q donc ˛ C t 2 Z et ˛ C qt 2 Z, d’où .q 1/˛ D q.˛ C t /
.˛ C qt/ 2 Z, ce qui est exclus. Ainsi,
q .˛/ < 1. Pour montrer que
q .˛/ > 12 ,
posons .q 1/˛ D n C ˇ avec n 2 Z et 12 < ˇ 6 21 , et choisissons t D ˇq ˛.
Alors q .˛ C t / q .˛ C qt / D q ˇq q . n/ D q q ˇq ; et comme q est
1
paire et décroissante sur Œ0; q1 , on a q ˇq > q 2q
1
D sin 2q > 1; d’où
q .˛ C t/ q .˛ C qt / > q et
q .˛/ > 21 .
L EMME 21. Soient q > 2, ˛ 2 R tels que .q 1/˛ 62 Z,
q .˛/ défini par (104)
et a 2 Z, avec .a; q/ D 1. Pour tout > 1, on a
X jF .h; ˛/j2 q
q .˛/. 2/C1
(106) ˇ 6 :
sin q
ˇ
ˇ ha ˇ
06h<q ˇsin q ˇ
h60 mod q
donc on obtient
jFCi .h; ˛/j2 jF .h; ˛/j2
X X h
ˇ D ˇ ˆ :
ˇ ha ˇ i
ˇ ˇ
ˇsin qha
ˇ ˇ
ˇsin q ˇ q
06h<q Ci Ci ˇ 06h<q
h60 mod q h60 mod q
La majoration (108), qui correspond à une simple itération (i D 1), n’est pas suf-
fisante, et en procédant à une double itération, on peut obtenir un résultat plus fin.
En appliquant l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a pour tout x 2 R,
0 10 1
1 X a.x C r/ A @ X x Cr xCr A
ˆ2i .x/ 6 4 @ q2 q4 ˛ ˆ2i 1 :
q q q q
06r<q 06r<q
donc d’après (104), puis (79) appliqué à la somme sur s puis sur r,
xCr
!
X X
xCr
q Cs
ˆ22 .x/ 6 q 4
q .˛/ 4
q2 ˛ q2 ˛ D q 4
q .˛/ :
q q
06r<q 06s<q
ce qui donne
X jF .h; ˛/j2 q
q .˛/. 1/
ˇ 6 :
sin q
ˇ
ˇ ha ˇ
06h<q ˇsin q ˇ
h60 mod q
Si est pair, on applique une fois l’inégalité (108) et on est ramené au cas précédent
avec 1 qui est impair, d’où
X jF .h; ˛/j2 q
q .˛/. 2/C1
ˇ 6 :
sin q
ˇ
ˇ ha ˇ
06h<q ˇsin q ˇ
h60 mod q
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