physico-chimiques
des argiles monominérales
J . P . GIROUD
Ingénieur ECP
Docteur de spécialité
Professeur de mécanique des sols à l'Institut universitaire
sur leur
de technologie de Grenoble
et A . B O T T E R O
comportement mécanique
Ingénieur INSA
Docteur de spécialité
105
7
Plan de l'étude ,—I 1—, L _ — _ _ J 2 molécules
Q O "*T de H 0 5
4 * . A . „;„..iwEMnwMu e t
couche octaédrique
PRINCIPALES ARGILES MONOMINERALES d'hydroxyde d'aluminium
couche octaédrique
Bien qu'une liste de plus de 400 minéraux argi- d'hydroxyde de magnésium «Brucite»
3
leux , plus ou moins distincts, ait pu être établie [2] couche tétraédrique
nous n'en considérons que 7 qui constituent la quasi-
totalité des dépôts naturels et qui, par conséquent,
7 de silice
nibles.
Fig. 1 - Représentation conventionnelle
La kaollnite : c'est une argile dont le feuillet c o m - des différents minéraux étudiés.
porte deux c o u c h e s : une de silice, l'autre d'alumine
(fig. 1a). Les principaux minéraux apparentés sont
la dicklte, la nacrite et l'halloysite. L'attapulgite : il est difficile de définir le feuillet
d'attapulglte ; il semble que ce minéral se présente
L'halloysite : cette argile n'est autre qu'une kaolinite sous la forme d'un empilement de tétraèdres sili-
hydratée (deux états d'hydratation existent dans la cates formant de longues chaînes parallèles réunies
nature : 2 H 0 et 4 H 0 ) (fig. 1b, 1c). C e p e n d a n t ,
2 2 entre elles par des liaisons oxygène.
ses propriétés physico-chimiques et mécaniques
Les allophanes : ce sont des a s s e m b l a g e s désor-
donnés de c o u c h e s de silice et d'alumine mal c r i s -
3. Au sujet de la minéralogie des argiles, on pourra consul-
ter l'excellent ouvrage : L'analyse minéralogique des sols tallisées (amorphe) rendant impossible toute carac-
argileux, Voinovitch et al., Eyrolles - Paris, 1971. térisation cristallographique.
106
PARAMETRES PHYSICO-CHIMIQUES de mesure de la dimension des particules fines par
sédimentométrie : d'une part parce que la notion de
« diamètre équivalent » qui consiste à représenter
Il nous a paru possible de traduire l'ensemble des
par une seule dimension une particule argileuse,
phénomènes physico-chimiques jouant un rôle dans
généralement plate, est loin de la réalité et d'autre
le comportement mécanique des argiles par les
part, parce que l'agitation de la suspension a par-
cinq paramètres physico-chimiques suivants :
fois pour conséquence de briser les particules ;
- nature minéralogique — ensuite, parce que la dimension n'est pas le seul
- géométrie paramètre du comportement mécanique des argiles,
- hydratation comme nous le verrons par la suite.
- ions et électrolyte
- limites et indices d'état. Toutefois, sans aller jusqu'à donner une définition
de l'argile à partir de la seule dimension de s e s
Le dernier de ces cinq « paramètres » est en fait particules, on doit considérer que ce paramètre est
un ensemble de valeurs obtenues par des e s s a i s très important car les plus petites ont une surface
normalisés (limites d'Atterberg, etc.) et qui dépen- spécifique (rapport surface/volume) très grande par
dent étroitement des paramètres précédents dont rapport aux grosses, ce qui implique que les forces
elles constituent, en quelque sorte, la synthèse. résultant des phénomènes superficiels sont prépon-
dérantes pour les petites particules. Il apparaît
Examinons plus en détail chacun de ces cinq
donc comme très intéressant de faire une mesure de
paramètres.
la surface spécifique qui est, au moins, aussi fidèle
que la mesure de la dimension.
Nature minéralogique
107
Ions et électrolyte Les valeurs d e s limites et indices sont directement
fonction de tous les paramètres physico-chimiques :
Lors de leur formation et ultérieurement les parti- aussi peut-on considérer qu'ils constituent d e s para-
cules d'argile sont entourées par de l'eau dans mètres de synthèse. Leur principal inconvénient dé-
laquelle sont d i s s o u s un certain nombre de sels. coule d'ailleurs de cette multidépendance qui amène
C e s sels s e dissocient en ions qui suivant leur les plages de valeurs à s e recouper largement quand
charge électrique vont être attirés sur les bords on compare plusieurs a r g i l e s . 9
particules sont entourés d'une coquille d'eau dont suffisante pour permettre une certaine liberté de
l'épaisseur varie en sens inverse de la valence : ils déplacement relatif d e s particules, mais trop faible
font partie de la double couche. Ils peuvent être pour les éloigner de telle manière que les forces
remplacés par d'autres cations qui proviennent de la de liaison entre elles soient réduites fortement. Dans
solution électrolytique dans laquelle baignent les une même famille minéralogique, w peut recouvrir
P
cement intégral d'un cation par un autre permet de quantité d'eau qui éloigne suffisamment les parti-
définir une « vitesse d'échange cationique ». L e s cules pour annuler pratiquement les forces inter-
cations les plus fréquemment rencontrés dans les particulaires et qui, grâce au pourcentage élevé
argiles naturelles sont les suivants : d'eau « visqueuse » par rapport à l'eau liée, permet
2 + 2 un libre déplacement relatif d e s particules ; la plage
calcium : C a , magnésium : M g + , hydrogène :
des valeurs obtenues par w est encore plus éten-
H+, potassium : K + , ammonium : N H + , sodium :4
L
valant 96 500 C , une argile dont la capacité d'échange est teneur en eau, compris entre w et w , à l'intérieur
P L
50 meq pour 100 g peut échanger c e s 50 meq de N a + contre duquel on doit s'attendre pour le matériau à un
2
50 meq de C a + par exemple, alors qu'en parlant de valence, comportement « plastique », c'est-à-dire à d e s défor-
il faudrait considérer 1 ion-gramme de N a + contre 1/2 ion-
2 mations irréversibles à volume constant sous fortes
gramme de C a + .
contraintes. La plasticité optimale s e trouve réalisée
8. La normalisation des essais peut être consultée dans des quand les particules sont entièrement recouvertes
ouvrages spécialisés en particulier dans :
d'eau rigide et qu'un peu d'eau visqueuse, addi-
a) Limites d'Atterberg, Limite de liquidité - Limite de plas- tionnelle, joue le rôle de lubrifiant.
ticité, Mode opératoire, Dunod - Paris, 1970.
b) Book of A S T M Standard (1969) :
— liquid limit of soils - Method D423 - 66,
9. Relations entre la composition minéralogique et les carac-
— plastic limit and plasticity index of soils - Method D424 - téristiques mécaniques de quelques sols argileux français,
59 (1965), G . Pilot, S . Amar et A . Le Roux, Bull, liaison Labo. P. et
— shrinkage factors of soils - Method D427 - 61 (1967). Ch., 43 (janv.-fév. 1970), p. 69-80.
108
Le tableau I, regroupe les limites et indices aux- La combinaison de c e s trois composantes, la pré-
quels on doit ajouter l'activité colloïdale que S k e m p - sence d'eau, la cinématique de l'essai et notam-
ton [6] a définie comme étant égale au rapport de ment la vitesse de déformation, ont donné naissance
l'Indice de plasticité au pourcentage d'éléments de à un grand nombre de paramètres mesurés par
| p divers essais (au laboratoire ou « in situ ») :
diamètre Inférieur à 2 microns (soit A = — —).
% < 2 fx — compression monoaxiale (ou compression sim-
ple),
TABLEAU I — essais triaxiaux,
Tableau récapitulatif des limites et indices d'état — cisaillements plans (linéaires ou rotatifs), etc.
1 3
début de glissement dans le plan de cisaillement. amené à saturation sous une contrainte verticale de 0,07 bar
(1 psi).
10. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une propriété 12. Le gonflement libre Fg est le pourcentage de gonflement
mécanique de l'argile mais du comportement mécanique de unidirectionnel d'un matériau amené à saturation sans sur-
l'eau en écoulement dans l'argile. charge appliquée.
109
T A B L E A U II
Sa nature minéralogique confère au cristal L'halloysite peut être considérée comme de la kaolinite hydratée. La Les ion K+ qui assurent la liaison
son aptitude à bien ou mal cristalliser : le plupart des propriétés des halloysites dépendent de l'état d'hydratation entre les feuillets jouent un rôle im-
degré de cristallisation (*) qui conditionne la (2 H O entre deux feuillets ou 4 H 0).
2 2
portant pour les propriétés mécani-
taille des particules peut entraîner des varia- ques. En particulier ils condition-
tions de wl du simple au double : nent le degré de cristallisation qui
joue pour l'illite un rôle important :
— wl = 30 pour une kaolinite fortement le feuillet élémentaire peut évoluer
cristallisée entre la forme la plus ma! orga-
— wl =75 pour une kaolinite faiblement nisée (illite) et la forme la plus
cristallisée. fortement cristallisée (muscovite),
3 3
ce qui modifie radicalement les pro-
La substitution de l'ion A l + par l'ion Ti + priétés colloïdales.
3
ou Fe + conduit à un affaiblissement de la
cristallisation.
L'absorption d'eau en fonction du temps est
plus faible pour les minéraux bien cristallisés.
Particules plates de forme hexagonale, de Particules allongées, de forme tubulaire. Particules plates de forme cepen-
diamètre moyen allant de 0,3 à 4 M et d'épais- 0,04 /x < diamètre des tubes < 0,2 ¡1, longueur des tubes : dant moins régulière que celle des
seur courante égale à 0,1 M. particules de kaolinite.
plusieurs microns.
0,1 fi < diamètre moyen < 3 n
2 La déshydratation de l'état 4 H 0 à l'état 2 H 0 entraîne une augmen- épaisseur moyenne = 0,01 f-
Surface spécifique : quelques m par gramme 2 2
L'hydratation naturelle de la kaolinite est Elle présente deux états naturels d'hydratation : 2 H 0 ou 4 H 0 2 2
essentiellement fonction de son degré de cris- (il s'agit du nombre de molécules d'eau qui sont insérées entre deux
tallisation. feuillets élémentaires de type kaolinite).
Rappelons que la kaolinite peut présenter une La déshydratation 4 H 0 —» 2 H 0 est irréversible et s'effectue à une
2 2
forme particulière d'hydratation intra-particu- teneur en eau w voisine de 10 % . Tout autre état d'hydratation est
laire qui donne naissance à un minéral argi- instable et procure au minéral une plasticité très supérieure à celle
leux à propriétés nettement distinctes : l'hal- qu'il présente dans les deux états stables : 2 H 0 et 4 H 0 . 2 2
loysite.
Eons : d'après les principaux résultats dus à Les études de White montrent que l'on ne peut rien conclure de Ions : La nature des cations a peu
Grim et Scott, il est très difficile de dégager significatif quant à l'influence de la nature des cations adsorbés sur d'influence sur les limites d'état et
une loi de variation des limites et indices les limites et indices d'état. Il ne semble pas que les relations existant la plasticité de l'illite, d'après les
d'état en fonction de la nature des ions entre la nature des cations adsorbés et l'épaisseur de leur coquille d'eau résultats de Lambe et ai. Notons
adsorbés. Il faut d'ailleurs noter que les va- aient une influence sur l'état d'hydratation (2 H 0 ou 4 H 0) de 2 2 seulement que d'après White les
leurs des limites étant faibles, l'influence des l'halloysite. ions monovalents (Na+, Li+) sem-
ions peut être du même ordre que la préci- blent moins favoriser les proprié-
sion habituelle des mesures. tés colloïdales que les ions poly-
2
valents (Ca +, Fe-+...). La vitesse
La vitesse d'échange des cations est très d'échange des cations est très
élevée par rapport aux autres argiles pures, faible.
vu la faible quantité d'eau adsorbée et la
circulation relativement aisée de l'électrolyte.
b) N a C l /
/
A cause de l'augmentation de la concentration
en ions Na+ qui tend à diminuer les forces
de répulsion, ce qui entraine une tendance à
la floculation et conjointement un accroisse-
ment de wl
halloysite 2 H„ O halloysite 4 H 3 O
i l * ! 5 à 10 10 à 40
moyenne 50 moyenne 60 60 à 90
1 à 40
0,02 à 0,016
110
MONTMORILLONITE CHLORITE ATTAPULGITE ALLOPHANES
Le type de substitution ionique dans le cristal élémentaire facilite plus ou moins l'hydratation Ce minéral est en La structure miné- Il semble que l'on
des cations adsorbés, l'amplitude et la distribution des forces d'attraction à la surface des général faiblement ralogique de l'atta- baptise • allopha-
particules. cristallisé, et pré- pulgite conditionne nes » tous les mi-
sente souvent des en partie les pro- néraux que l'on ne
Des montmorillonites homoîoniques (*) montrent des valeurs de W|_ présentant des écarts de f o r m e s polymor- priétés du minéral peut identifier aux
100 % : la structure et la composition cristalline semblent jouer un rôle majeur sur les phéno- phes difficiles à par l'intermédiaire rayons X par une
mènes d'hydratation. identifier. L'ion de la forme des diffractograp'hie, à
2
Mg + est fréquem- particules dues à cause de la peti-
ment remplacé par cette structure. tesse des particu-
2
l'ion Fe + dans la les due à leur très
couche de liaison. faible organisation.
Particules plates de forme quelconque et de taille très petite. La taille des parti- Leur nature miné- Les allophanes doi-
cules est sans ralogique confère vent être consti-
0,05 M < dramètre moyen < 0,5 y.
doute liée à la te- aux particules d'at- tués de très peti-
o
neur en Fe +. Les 3
tapulgite une forme tes particules, vu
épaisseur moyenne = 0,001 ^ (10 A) minéraux c o n t e - très allongée. C e leur très faible de-
Surface spécifique : plusieurs centaines de m 2
par gramme de minéral sec. nant très peu de m i n é r a l présente gré de cristallisa-
3
Fe + (clinochlore, donc une structure tion.
prochlorite) ont des fibreuse qui condi-
particules plus pe- tionnera l'ensemble
tites que ceux qui de ses propriétés
contiennent de mécaniques.
forts pourcentages
3
de Fe + (thuringite
par exemple).
Le séchage à l'étuve provoque, plus que pour toutes les autres argiles, un - collage » irré- D'après leur taille
versible entre les particules et perturbe gravement les mesures des limites d'état et l'ana- et leur faible cris-
lyse granulométrique. Sa surface spécifique très élevée permet à la montmonllonite d'attein- tallisation, les al-
dre des teneurs en eau très élevées par l'existence de doubles couches très épaisses. lophanes doivent
atteindre un degré
Remarque : l'hydratation est étroitement liée à la nature des ions adsorbés. d'hydratation im-
portant.
Ions : Contrairement aux autres minéraux argileux, la montmorillonite est très sensible à la Les ions Na+, C a + 2
nature des cations adsorbés. Les ions Na+ et Li+ entourés d'une épaisse coquille d'eau et Li+ sont favora-
induisent un puissant effet dispersif des particules et une plasticité maximale. L'influence de bles à des valeurs
la nature des cations s'atténue lorsque la teneur en eau diminue (dans l'ordre d'influence de W|_ très supé-
décroissante Wj_ , w p , w$ ). Les limites varient en première approximation dans le sens rieures à celles
inverse de la valence des cations adsorbés, pour une montmorillonite donnée. mesurées dans le
cas de la présence
des ions K+, N H + 4
2
et Mg + d'après
2
Remarque - Importance de la valence : étude comparative Na+, Ca +. Grim.
D'après Mering et Glaeser le cation Na+ se place dans la cavité hexagonale des cristaux Par contre, wp est
de montmorillonite de manière à être situé le plus près possible de la charge négative qu'il très peu sensible à
neutralise. La particule est alors neutre et n'adsorbe plus de cation en surface. La mont- la nature des ca-
morillonite Na+ est alors dissociable en de très petits éléments, ce qui conduit à une tions adsorbés.
2
très grande surface spécifique (800 m ./g) et par ce à de fortes valeurs de wi_ et de lp .
3 +
Le cation C a , par contre satisfait deux charges négatives dans le réseau (car il est bivalent) La vitesse d'échan-
mais ne peut se rapprocher que d'une d'entre elles, d'où une énergie de surface non négli- ge des cations est
geable et une dissociation en petits éléments plus difficile. très faible.
2
Certains auteurs mentionnent que la présence simultanée d'ions Na+ et C a + entraîne une
très grande tendance à la dispersion vu l'épaisseur variable d'eau adsorbée par les particules,
suivant le pourcentage de cations de chaque sorte qu'elles • contiennent ».
La vitesse d'échange des cations est très faible.
80 à 150 10 à 40 20 à 30
111
T A B L E A U III
KAOLINITE HALLOYSITE
Cohé îion Cohésion faible (grosses particules) (% de T dû à la cohésion < 20 %) Cohésion faible (forme et taille des parti-
K X (c) cules)
-0J d
princ
Parar
Frottement ? élevé (<pmax = 20°) (% de - dû à ? > 80 %) tp élevé (forme et enchevêtrement des
1res de gr andeur
Ions
« a
-0)
ce co .1 m La stabilisation chimique (chaux ou ciment) est facile car la perméabilité est relativement
cu
HE 1 élevée par rapport aux autres argiles et la diffusion dans la masse est rapide,
-tmax est atteint pour 6 % d'additif.
Influerice des pe
la compression simple).
W pt
géné¡rales
« t u
Carach
comi
optim
Densité sèche Addition de sable : YdWax. est atteinte quand le pourcentage de sable incorporé Yd assez faible (1,4) due à la structure
m 3 X
Géométrie La compressibilité dépend du degré de cristallisation qui conditionne la taille des Forte compressibilité due à la forme des
Influence des paramètres
c
o
O Ions La nature des ions adsorbés joue un rôle négligeable sur la compressibilité illustrée par
la courbe (e — In c).
Concentration en sel Les électrolytes * floculants » du type NaCI conduisent à des compressibiJités plus fortes
de l'électrolyte Cs que les « défloculants * du type quadrafos,
Ordre de
grandeur Gonflement libre Fs 5 % < F s < 60 %
Influence des p aramètres
onflement
Géométrie Les possibilités de gonflement sont faibles, à cause de la taille élevée des particules Le gonflement est très faible à cause de
de la et de la structure généralement floculée. la forme des particules et de la structure
physico-chimligues
particule Les kaolinites ma! cristallisées gonflent plus que celles qui sont fortement cristallisées. enchevêtrée qui en résulte.
O
L'influence de la nature des ions est pratiquement nulle mais il semble que l'ion sodium
Na+ entraine un gonflement maximal.
Ions
Influence des
2
La consolidation est plus rapide pour les ions C a + et Na+, plus lente pour les ions
paramètres
phys.-chim.
Ions
jnsolidation
J 2
AI + et Th +.
Le coefficient de consolidation C augmente quand la contrainte verticale appliquée «
v
ü
Consolidation secondaire Très faible.
Ordre de k en m/s 9
10- m/s < k < 10- 7
m/s Analogue à la kaolinite.
grandeur
rméabilité
Géométrie Les kaolinites fortement cristallisées ont des granulométries qui leur confèrent des La forme des particules et la structure
Influence des paramètres
de la perméabilités analogues à celles des silts fins et les rendent très sensibles au gel fibreuse enchevêtrée qui en découle entraî-
physico-chiuniques
V
Q. Ions k décroit dans l'ordre des cations : 3
Al + > 2
Ca + > K+ > Na+
112
ILLITE MONTMORILLONITE CHLOR. ATTAPULGITE ALLOPH.
20 % < % de T dû à la cohésion < 4 0 % Cohésion élevée (particules très petites) % de t dû à la cohésion > 80 % . Faible (?)
(forme des
particules)
ç montmorillonite < <p < <p kaolinite ? # 0 (çmax = 6°) % de - dû à 0 < 20 % Fort (?)
60 % < % de T dû à ? < 80 % (forme des
10° < <p < 15° particules)
Forte (?). Très forte (due à un redéveloppement rapide des doubles couches : 50 % de * Forte (?)
récupéré en une heure). Si = 7
d'après
Gradwell et
Birre!
(St + < S t + ) -
K Na p 3+ j—> t max (cémentation ?).
e
Quand Na+ est remplacé par K+, f aug- Si Na+ est remplacé par K+, T naturelle augmente et T remaniée diminue.
mente par cémentation des particules dues Na+ —» sensibilité minimale
à K+. sensibilité K > sensibilité Na+ +
(voir illite)
2 2
C a + et Mg + donnent des résultats voi-
sins.
La stabilisation chimique (chaux ou ciment) est plus difficile que pour la kaolinite.
La perméabilité k étant très faible, la diffusion est très lente.
Le % optimal d'additif semble se situer vers 8 % pour la chaux.
Peu de résultats : Cs ( N a C i ) - ^ ^ ^ " ^
(Ce résultat est analogue à celui observé pour la kaolinite.)
Analogue à la kaolinite (?). w sensible à la nature des ions adsorbés (par leur action sur la double couche)
0 D t w élevé
o p t
3 a 3
ydmax c o ï t dans l'ordre K+ < Fe + < Mg + < Ca + < Na+ "/dmax faible
(voir halloysite)
Compressibilité analogue à celle de la Début de compression très lent car les doubles couches très épaisses ont un compor- Forte d'après la forme
kaolinite mais le début de la compression tement très visqueux et la structure initiale n'est pas modifiée par de faibles contraintes. des particules)
[courbe (e — In o)} est plus lent. Cela
est dû aux doubles couches plus épaisses
qui nécessitent des contraintes plus éle-
vées pour entraîner un début de compres-
sion (voir montmorillonite).
Compressibilités équivalentes pour les La nature des ions conditionne l'indice des vides initial (e ). Les ions très dispersants 0
2 2
ions C a + et Mg +. du type Na+ entraînent des e très forts, d'où une compression importante. 0
15 % < F s < 120 % F s est très élevé (il atteint 2 000 % !)• Analogue à l'illite
H+ —» gonflement minimal La présence d'ions Na+ ou Li+ très dispersants pour la montmorillonite entraîne des
K+ —» gonflement maximal gonflements importants.
Ca 2 + 2
et Mg + gonflements identiques. F sdécroit dans l'ordre des cations
La concentration C n'influe pratiquement
s Na+ > Li+ > K+ > Ca + > M g + > H + 2 2
pas sur le gonflement. La pression de gonflement S est très différente suivant la nature de l'ion adsorbé
p
1 3
Sp (Na*) = 00 S p (Ca *)
L'ion Na+ induit des temps de consolidation maximaux (ceci est dû à la désorganisation
progressive des doubles couches très épaisses).
Le coefficient de consolidation C est à peu près constant quand Na+ est adsorbé, v
Forte Forte
k demeure très faible malgré une forte incorporation de sable au minéral argileux : par
T
exemple 90 % de sable + 10 % de montmorillonite correspond à k = 4.10" m/s pour
5 2
Na+ et k = 4.10" m/s pour C a + .
113
Perméabilité densité maximale et la teneur en eau optimale, dans
la famille des propriétés mécaniques. Là encore, on
La percolation de l'eau à travers un matériau argi- pourra noter que les caractéristiques p h y s i c o -
leux est généralement très lente. Le coefficient k chimiques des matériaux jouent un rôle important.
qui la mesure, exprimé en m/s, peut varier dans
des proportions de 1 à 10 000 suivant la nature du
fluide percolant, la structure et les propriétés phy-
sico-chimiques de l'argile. C e s dernières, en parti-
culier, conditionnent fortement la dimension des
CONCLUSION
vides participant réellement à l'écoulement du
liquide visqueux qui peut s'effectuer suivant une loi Bilan de notre étude
s'éloignant sensiblement de la loi de D a r c y (voir
Après avoir tenté de définir les paramètres physico-
plus haut et [1]).
chimiques qui caractérisent les minéraux argileux,
nous avions comme objectif de présenter une s y n -
thèse de l'ensemble des propriétés de chaque mi-
néral et d ' e s s a y e r de montrer l'influence des pro-
priétés physico-chimiques sur le comportement
mécanique. Malgré les lacunes de la littérature a c -
14
ETUDE DES PARAMETRES PHYSICO-CHIMIQUES tuelle sur cette q u e s t i o n , nous espérons avoir
apporté une contribution à cette orientation originale
et complexe de la recherche dans le domaine de
Nous présentons dans le tableau II la liste, pour
l'étude des matériaux argileux.
chaque minéral pur étudié, des paramètres physico-
chimiques définis précédemment. Pour chacun Nous n'avons présenté ici que les résultats concer-
d'eux, nous donnons les valeurs fréquemment ren- nant les argiles monominérales les plus répandues.
contrées et les aspects particuliers qui expliquent C e s résultats constituent la première partie d'une
pourquoi il affecte le comportement mécanique du thèse [1] dont les chapitres suivants sont consacrés
minéral. aux argiles polyminérales. N o u s y avons en parti-
culier étudié les propriétés physico-chimiques et
mécaniques des mélanges binaires d'argiles et d'au-
CORRELATION ENTRE LES PARAMETRES tre part nous avons rassemblé les caractéristiques
PHYSICO-CHIMIQUES ET LES PARAMETRES d'un grand nombre d'échantillons de sols argileux,
MECANIQUES ce qui nous a permis d'étudier les éventuelles cor-
rélations existant entre les paramètres p h y s i c o - c h i -
miques et les paramètres mécaniques. Cette étude
Notre but étant de p r o p o s e r au lecteur une vue
s'est concrétisée par l'établissement de diagrammes
d'ensemble sur les propriétés mécaniques des prin-
dont certains semblent justifier la poursuite de ce
cipales argiles monominérales, nous avons utilisé la
genre d'entreprise. C e s résultats feront l'objet d'une
représentation la plus schématique possible, et
publication ultérieure.
pour chaque propriété mécanique, nous avons indi-
qué l'influence des paramètres physico-chimiques et,
dans la mesure du possible, l'ordre de grandeur des Applications pratiques pour les grands projets
paramètres mécaniques qui la mesurent (tableau III).
Bien que l'idéal eût été de relier tous les paramè- La complexité du comportement intime de la phase
tres, certains d'entre eux, c o m m e le module œdomé- argileuse et la faiblesse des résultats pratiques
trique ( E ) par exemple, n'ont pas fait l'objet de acquis jusqu'à ce jour dans ce domaine, écartent
œ d
mesures systématiques pour les argiles monominé- la possibilité de voir dans un p r o c h e avenir l'analyse
rales étudiées ici. En ce qui concerne la c o m p r e s - physico-chimique se substituer intégralement aux
sibilité, nous ne p r o p o s o n s pas de valeurs numé- essais classiques de la mécanique des sols. La
riques, mais compte tenu de l'état de la recherche « physico-chimie des argiles » peut néanmoins, à
dans ce domaine, nous indiquons seulement com- notre avis, apporter à l'ingénieur du sol plus d'in-
ment l'allure des c o u r b e s peut être expliquée par formations intéressantes qu'il ne le pense habi-
les propriétés physico-chimiques des minéraux. tuellement : c'est d'ailleurs ce que nous espérons
avoir montré dans cet article.
Notons enfin que le compactage est une modifica-
tion artificielle des propriétés physiques et, par là, L'intérêt pratique d'une telle recherche est justifié
mécaniques des matériaux argileux et que par consé- en particulier dans le c a s de matériaux argileux
quent, il nous a semblé logique de l'inclure, en tant concernés par de grands ouvrages de génie civil.
que « paramètre mécanique » caractérisé par la
En effet, l'analyse physico-chimique des sols pré-
sente au moins quatre intérêts :
114
— cela permet d e prévoir, dans certains c a s , un observe l'ingénieur du sol (en particulier : cohésion
comportement inaccoutumé du s o l qui n'aurait pu du matériau, faible perméabilité, forte compressi-
être détecté qu'après d e s essais beaucoup plus blllté, etc.) certains aspects spécifiques de ce c o m -
longs qui dépassent parfois le cadre d e s program- portement, par exemple la thlxotropie, le retrait, le
mes c l a s s i q u e s (gonflement, thlxotropie, etc.), gonflement sont liés à d e s mécanismes complexes
— enfin, certains résultats d'essais mécaniques mettant en jeu l'ensemble d e s propriétés physico-
inhabituels peuvent être contrôlés et justifiés par chimiques d e s matériaux argileux.
les résultats de l'analyse physico-chimique. P a r
exemple, l'existence d'un angle de frottement interne C ' e s t pourquoi il nous a semblé nécessaire de don-
élevé pour un matériau argileux s'expliquera si l'ana- ner de l'argile une définition plus « physico-chimi-
lyse physico-chimique a permis de déceler la pré- que » que celle que l'on emploie couramment. O n
sence d'halloysite ou d'attapulglte, dont la forme peut ainsi tenter de proposer la définition suivante :
des particules est favorable au frottement.
Un sol argileux est un sol dont le comportement
Définition de l'argile mécanique est essentiellement fonction des proprié-
tés physico-chimiques de ses particules. Ces pro-
Nous avons pu justifier, lors de l'étude du para-
priétés sont caractérisées par l'affinité pour les
mètre « géométrie de la particule » les réserves
liquides polaires (dont l'eau), la prépondérance des
nombreuses qu'il nous semblait nécessaire de faire
forces de surface vis-à-vis des forces de volume et
quant à une définition de 1'« argile » basée unique-
la possibilité de substitutions ioniques.
ment sur une caractéristique géométrique, en l'oc-
currence le diamètre apparent d e s particules.
Cette définition reste bien sûr essentiellement qua-
Si l'ensemble d e s facteurs granulométriques joue litative mais nous pensons qu'elle tend à s e rap-
un rôle essentiel dans les manifestations de com- procher d e s réalités « physico-chimiques » d e s
portement mécanique d e s argiles telles q u e l e s matériaux argileux.
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