15 décembre 2008
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Table des matières
I Intégrales multiples 5
1 Rappels sur l’intégrale définie des fonctions d’une variable. 7
1.1 Motivations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.1 Cas des fonctions positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Définitions de l’intégrale de Riemann. . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.1 Fonctions intégrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Quelques propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Relation de Chasles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Linéarité de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.3 Positivité de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.4 Intégrales et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Formule de la moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 Primitives et intégrales. Théorème fondamental de l’intégration. . . . 11
1.5.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5.2 Primitives d’une fonction continue . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5.3 Primitives usuelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.6 Trois techniques de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6.1 Intégration par parties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6.2 Changement de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.6.3 Primitives de fraction rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . 15
2 Intégrales doubles. 17
2.1 Intégration sur les rectangles de R2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.1 Motivations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.2 Définitions de l’intégrale double au sens de Riemann. . . . . . 17
2.1.3 Quelques propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.1.4 Intégration des fonctions continues (par morceaux). Liens avec
les intégrales itérées et Théorème de Fubini. . . . . . . . . . . 19
2.2 Intégration sur les autres sous-ensembles de R2 . . . . . . . . . . . . 20
2.2.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.2 Propriétés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.3 Théorème de Fubini. Domaines de Fubini. . . . . . . . . . . . 22
2.3 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.1 Exemples de changement de variables classiques. . . . . . . . 23
3
4 TABLE DES MATIÈRES
Intégrales multiples
5
Chapitre 1
1.1 Motivations.
Coment mesurer l’aire d’une surface quelconque du plan ?
On sait calculer les aires délimitées par des figures géométriques simples : rec-
tangles, triangles. Par suite, on sait aussi déterminer l’aires des surface qu’il est pos-
sible de découper en un certain nombre de rectangles (et/ou de triangles, comme un
trapèze par exemple ). Le lecteur admettra sans difficulté les règles suivantes, qu’il
utilise quotidiennement (. . .) pour calculer des aires :
– Règle 0 L’aire d’un point ou d’un segment est nulle.
– Règle 1 L’aire d’un rectangle est A = L.`, où L et ` sont les longueurs de 2
côtés consécutifs du rectangle.
– Règle 2 Si S1 et S2 sont deux surfaces dont on peut mesurer l’aire telles que
S1 ⊂ S2 alors A(S1 )2 A(S2 ).
– Règle 3 Si S1 et S2 sont deux surfaces disjointesSdont on peut mesurer l’aire,
S on
peut également mesurer l’aire de leur reunion S1 S2 . On a alors : A(S1 S2 ) =
A(S1 ) + A(S2 ).
Exercice 1.1.0.1. Calculer l’aire d’un trapèze connaissant sa hauteur et les longueurs
de ses deux côtés qui sont parallèles.
Exercice 1.1.0.2. Si S1 et S2 sont deux surfaces dont
S on peut mesurer l’aire, et si on
peut mesurer celle de leur intersection on a : A(S1 S2 ) = A(S1 ) + A(S2 ) − A(S1 ∩
S2 ).
7
8CHAPITRE 1. RAPPELS SUR L’INTÉGRALE DÉFINIE DES FONCTIONS D’UNE VARIABLE.
b−a
xj = a + j , j = 0 . . . n,
n
(en particulier x0 = a et xn = b).
On recherche sur le j−ième intervalle la borne supérieure Mj et la borne inférieure
mj de la fonction f . On note
n−1
X
n
I− = (xj+1 − xj )mj
j=0
et
n−1
X
n
I+ = (xj+1 − xj )Mj
j=0
Définition 1.2.0.1. Soit f une fonction bornée sur un intervalle [a, b].
n
On dit que f est intégrable (au sens de Riemann) sur [a, b] lorsque les suites I− et
n
I+ convergent vers une même limite I. Ce nombre est appelé l’intégrale de la fonction
f sur l’intervalle [a, b]. On le note
Z b
I= f (t)dt.
a
1.2. DÉFINITIONS DE L’INTÉGRALE DE RIEMANN. 9
Définition 1.2.1.2. Un fonction f est dite continue par morceaux sur l’intervalle [a, b]
s’il existe une subdivision finie {a = x0 , x1 , . . . , xn = b} de cet intervalle, telle que
f soit continue sur chaque sous-intervalle ouvert ]xj , xj + 1[ et admette une limite à
gauche et à droite en chaque xj pour tout j ∈ {0, . . . , n − 1} et tout j ∈ {1, . . . , n}
respectivement.
Proposition 1.2.1.3. Toute fonction f continue par morceaux sur [a, b] y est intégrable.
Son intégrale sur [a, b] est alors égale à la somme des intégrales de f sur chaque sous-
intervalle oû elle est continue.
1.5.1 Définition
Définition 1.5.1.1. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On dit que la
0
R F est une primitive de f sur I si , pour tout x ∈ I on a F (x) = f (x).
fonction dérivable
On note F = f .
Si une fonction admet une primitive sur un intervalle, elle en admet plusieurs. La
proposition suivante montre cependant que ces primitives diffèrent entre elles d’une
constante.
Par exemple la fonction x 7→ ln x est une primitive sur ]0, +∞[ de la fonction
x 7→ 1/x, de même que la fonction x 7→ ln(3x) puisque ln(3x) = ln x + ln3. Par
contre x 7→ ln x est la seule primitive de x 7→ 1/x ]0, +∞[ qui s’annule en x = 1.
Proposition 1.5.2.2. Soit f une fonction continue sur un intervalle [a, b]. Si F est une
primitive quelconque de la f sur [a, b], alors on a
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a) =: [F ]ba
a
Rx
Démonstration. La fonction G : x 7→ a f (t)dt est une primitive de f sur [a, b] ; les
fonctions F et G diffèrent donc d’une constante C. Or G(a) = F (a) + C = 0 donc
C = −F (a) et G(b) = F (b) + C = F (b) − F (a).
Z Z x Z x
On utilise les notations f (x)dx ou f (t)dt (Attention : pas f (x)dx) pour
désigner l’ensemble des primitives de la fonction f .
R
f F = f
xα+1
xα , pour α 6= −1 α+1 +C
1
x+a ln |x + a| + C
sin x − cos x + C
cos x sin x + C
eαx
eαx α + C, pour α 6= 0
√ 1 arcsin x + C
1−x2
1
1+x2 arctan x + C
R
f F = f
U α+1
U 0 U α , pour α 6= −1 α+1 +C
U0
U ln |U | + C
U 0 sin U − cos U + C
U 0 cos U sin U + C
U 0 eU eU + C
0
√U arcsin U + C
1−U 2
U0
1+U 2 arctan U + C
Cette formule est évidement très utile lorsque l’une des deux intégrales est beau-
coup plus simple à calculer que l’autre. Soit par exemple
Z π/2
I= x cos xdx
0
14CHAPITRE 1. RAPPELS SUR L’INTÉGRALE DÉFINIE DES FONCTIONS D’UNE VARIABLE.
Cette formule s’appplique aux intégrales des fonctions de la forme P (x) sin x,
P (x) cos x, P (x)ex , avec P (x) un polynome.
Proposition 1.6.2.1. Soit f une fonction continue sur l’intervalle [a, b]. Soit aussi ui
une fonction continument dérivable de [α, β] dans [a, b] avec u(α) = a et u(β) = b).
On a Z bZ β
f (x)dx = f (u(t))u0 (t)dt
a α
Cette formule très utile est facile à prouver : si F est une primitive de f sur [a, b],
on a, pour tout t de [α, β]
et il suffit d’intégrer :
Z β
f (u(t))u0 (t)dt = [F ◦ u(t)]βα = F (u(β)) − F (u(α)) = F (b) − F (a)
α
On peut donner un sens mathématique à ce petit calcul, mais pour l’instant on doit se
contenter d’y voir un moyen de retenir cette formule, voir de la mettre en pratique. En
effet, si l’on note u la variable notée x dans la formule ci-dessus (ce qui ne change
rien), on lit
Z b Z β
f (u)du = f (u(t))u0 (t)dt.
a α
Voici des exemples oû l’on applique la formule du changement de variable dans
chacun des deux sens.
1.6. TROIS TECHNIQUES DE CALCUL 15
On vient de calculer la surface d’un quart de disque de rayon 1, donné par l’équation
y 2 = 1 − x2 , avec x ∈ [0, 1]. Pour un disque de rayon R, on trouve de cette manière la
valeur de son aire : πR2 .
• Calculons maintenant l’intégrale
Z e
(ln(t))2
J= dt
1 t
On reconnait facilement dans la fonction à intégrer une expression de la forme f (u(t))u0 (t)
avec u(t) = ln t (et donc u0 (t) = 1/t) et f (x) = x2 . On a u(1) = 0, u(e) = 1 et, en
lisant la formule de changement de variable de droite à gauche,
Z 1
1
J= u2 du =
0 3
2ax + b 1
f (x) = A 2
+B b
·
ax + bx + c (x + 2 )2 + ∆2
Chapitre 2
Intégrales doubles.
d−c
yj = c + j , j = 0 . . . m, Jj = [yj−1 , yj ], j = 1 . . . m.
m
On en déduit une subdivision du rectangle R = [a, b]×[c, d] en nm sous-rectangles
de même aire : Ri,j := Ii × Jj .
17
18 CHAPITRE 2. INTÉGRALES DOUBLES.
n
X
+ b−ad−c X
I+ = vol(Pi,j )= Mi,j
n m
i = 1, · · · , n i = 1, · · · , n
j = 1, · · · , m j = 1, · · · , m
et
n
X
− b−ad−c X
I− = vol(Pi,j )) = mi,j .
n m
i = 1, · · · , n i = 1, · · · , n
j = 1, · · · , m j = 1, · · · , m
Lorsque f est à valeurs positives et que l’on peut mesurer le volume de V, on doit
avoir :
n n
I− ≤ vol(V) ≤ I+
Définition 2.1.2.1. Soit f une fonction bornée sur le rectangle R = [a, b] × [c, d].
n n
On dit que f est intégrable (au sens de Riemann) sur R lorsque les suites I− et I+
convergent vers une même limite I. Ce nombre est appelé l’intégrale de la fonction f
sur le rectangle R. On le note
ZZ
I= f (x, y)dxdy.
R
Linéarité de l’intégrale
Proposition 2.1.3.1. La fonction f + λg est intégrable sur R et on a
ZZ ZZ ZZ
(f + λg)(x, y)dxdy = f (x, y)dxdy + λ g(x, y)dxdy
R R R
2.1. INTÉGRATION SUR LES RECTANGLES DE R2 19
Positivité de l’intégrale
ZZ
f ≥ 0 =⇒ f (x, y)dxdy ≥ 0
R
Intégrales et inégalités
Proposition 2.1.3.2. Si pour tout (x, y) ∈ R on a f (x, y) ≤ g(x, y), alors :
ZZ ZZ
f (x, y)dxdy ≤ g(x, y)dxdy
R R
Formule de la moyenne
Soit f une fonction intégrable sur R, alors il existe c ∈ R tel que
ZZ
1
f (c) = f (x, y)dxdy =: la moyenne de f sur R.
Aire(R) R
Soit f une fonction continue (par morceaux) sur un rectangle R = [a, b] × [c, d].
On définit :
[a, b] → R
- pour tout y ∈ [c, d], la fonction fy : qui est continue par
x 7→ f (x, y)
Rb
morceaux sur [a, b], donc intégrable sur [a, b] et son intégrale est a fy (x)dx =: F (y).
De plus l’application y 7→ F (y) est intégrable sur [c, d] (d’après les rappels vus dans
le chapitre précédent) ;
[c, d] → R
- pour tout x ∈ [a, b], la fonction fx : qui est continue par
y 7→ f (x, y)
Rd
morceaux sur [c, d] donc intégrable sur [c, d] et son intégrale est c fx (y)dy =: G(x).
De plus l’application x 7→ G(x) est intégrable sur [a, b].
Theorème 2.1.4.1. Soit f une fonction continue (par morceaux) sur un rectangle R =
[a, b] × [c, d] alors :
20 CHAPITRE 2. INTÉGRALES DOUBLES.
Exemple 2.1.4.2.
Calculer R 2xy − 3y 2 dxdy, où R = [0, 1] × [1, 2].
RR
2.2.1 Définitions
Définition 2.2.1.1. On appelle (fonction) indicatrice de D l’application notée 1ID :
R2 → R définie par :
2.2.2 Propriétés.
Soit f et g deux fonctions intégrables sur le domaine D et λ un réel.
Linéarité de l’intégrale.
Positivité de l’intégrale
ZZ
f ≥ 0 =⇒ f (x, y)dxdy ≥ 0
D
Intégrales et inégalités.
Si pour tout (x, y) ∈ D on a f (x, y) ≤ g(x, y), alors :
ZZ ZZ
f (x, y)dxdy ≤ g(x, y)dxdy
D D
Intégrale et aire.
ZZ
Aire(D) = 1dxdy
D
Formule de la moyenne.
Soit f une fonction intégrable sur D, alors il existe c ∈ D tel que
ZZ
1
f (c) = f (x, y)dxdy =: la moyenne de f sur R.
Aire(D) D
Comme conséquence, si m et M sont respectivement un minorant et un majorant
de f sur R, alors on a
ZZ
mAire(D) ≤ f (x, y)dxdy ≤ M Aire(D)
D
Additivité.
ZZ ZZ ZZ ZZ
f (x, y)dxdy = f (x, y)dxdy+ f (x, y)dxdy− f (x, y)dxdy
D1 ∪D2 D1 D2 D1 ∩D2
22 CHAPITRE 2. INTÉGRALES DOUBLES.
!
ZZ Z b Z h2 (x)
f (x, y)dxdy = f (x, y)dy dx
D a h1 (x)
Définition. Remarque
Un domaine D comme dans l’hypothèse 2 du théorème précédent est appelé do-
maine de Fubini. La majeure difficulté dans les calculs d’intégrales multiples consiste
à écrire un domaine D donné sous forme implicite ( c’est à dire sous la forme {(x, y) ∈
R2 : g(x, y) = 0}, par exemple un disque ) comme une réunion finie de domaines de
Fubini.
Exemples.
Exemple 2.2.3.2.
ZZ
Calculer (2xy + x)dxdy où D est le demi-disque unité supérieur de R2 .
D
Solution. On a D = {(x, y) ∈ R2 : x2 + y2 ≤ 1 et y ≥ 0}, écrivons D comme un domaine de Fubini.
Pour celà nous devons :
1. déterminer les variations de x (la valeur minimale m et la valeur maximale M de x sur D) on écrit
alors ml eqx ≤ M ;
2. x étant fixé, déterminer les variations de y en fonction de cette valeurs de x : on écrit g(x) ≤ y ≤
h(x).
√
Soit (x, y) ∈ D, on a : x2 + y 2 ≤ 1√⇔ y 2 ≤ 1 + x2 ⇔ y ≤ 1 + x2
car y ≥ 0. De plus, pour que la fonction 1 + x2 soit bien définie il faut et il suffit que x ∈ ff
[−1, 1].
2 −1 ≤ √ x≤1
Par conséquent, le domaine D s’écrit D = {(x, y) ∈ R : }, c’est un
0 ≤ y ≤ 1 + x2
domaine de Fubini. On a donc, par le théorème de Fubini :
ZZ Z 1 Z √ 1+x2
!
(2xy + x)dxdy = (2xy + x)dy dx =
D −1 0
Z 1 √ Z 1 » „ «–1
ˆ 2 ˜ 1+x2 p 1 2 1 1 2 3
= xy + xy 0 dx = (x(1 + x2 )+x 1 + x2 )dx = x + x3 + (1 + x2 ) 2
−1 −1 2 3 2 3 −1
√ 1 1 3
Car 2x 1 + x2 = U 0 U 2 a pour primitive 1
1 +1 U 2 +1 = 2
3
U2.
2
2
=
3
2.3. CHANGEMENT DE VARIABLES 23
Theorème 2.3.0.3.
Hypothèses.
1. f est une fonction continue sur un domaine borné D de R2 ,
2. φ est un C 1 -difféomorphisme de ∆ dans D :
∆ → D
φ:
(u, v) 7→ (x(u, v), y(u, v))
Conclusion. On a :
ZZ ZZ
f (x, y)dxdy = f (x(u, v), y(u, v))|JACφ(u, v)|dudv
D ∆
Car les ensembles {0} × [0, 2π], [0, R] × {0} et {(0, 0)} sont d’aires nulles.
Exemples.
Exemple 2.3.2.3.
Calculer l’aire de D : le disque de centre 0 et de rayon R.
Solution : on a
ZZ Z Z ! Z
Aire(D) = 1dxdy = r dθ dr = 2πrdr = πR2
D [0,R] [0,2π] [0,R]