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COOPE RATION

Les forêts a l g ériennes


par Djol/il LOUNI *

Avant - propos
Présenter la forêt algérienne est une
tâche délicate dans la mesure où il est
difficile de donner un aperçu aussi som­
maire soit-il de ce doux royaume des
arbres, si divers car cette région pré­
sente des fac iès différents et contra­
dictoires si l 'on croit les paysages que
l 'on découvre. Cette diversité fait qu'il
y a une richesse forestière.
Je vous invite, malgré tout, à venir
vous approcher de cette forêt, de cette
A l g é r i e fore s t i è re afi n de m i e u x
connaître cette région. Les arbres qui la
composent sont témoins d'une histoire
séculaire et qui ont marqué ce pays.
Ensemble, nous nous promènerons à
travers ces formations végétales carac­
téristiques du m i l ieu méditerranéen . Photo 1 : Steppe d ' alfa dég radée dans la rég i o n de Djelfa (Algérie), avec
encore des individus épars de Pinus halepensis. Photo P.Quézel
Ensemble, nous découvrirons après une
description très générale, ce qu'est réel­
lement l a forêt et sa place en Algérie. diterranéennes ont été le plus souvent de TIMGAD, s ' imaginerait mal q ue ce
Nous pourrons apporter quelques élé­ pillées voire détruites par les civilisa­ b i o tope q u i n o u r r i t pén i b l em e n t
ments de réflexion sur l 'état de la forêt, tions successives qui ont trouvé des quelques familles de nomades à 1 'heure
de ce qui a été fait, de sa gestion, de sa matériaux indispensables à la survie ou actuelle, a pu, par le passé, subvenir aux
production, de son rôle et voir qui sont qui les ont considérées comme un obs­ besoins de l ' importante population qui
ses véritables ennemis. Notre réflexion tacle à leur développement" QUEZEL, vivait dans l 'antiquité."
pourra servir à mieux protéger cette 1 976. Aussi, nous pensons que la préoccu­
sylve. - Le passage successif des forêts aux pation maj eure et l ' i ntérêt accordé à
terrains de parcours puis aux terres de protéger, à défendre, à développer ces
L ' Algérie fai t partie i ntégrante du culture fût marqué par une diminution zones en question, sont justifiées.
bassin méditerranéen, l 'un des berceaux considérable de la diversité spécifique. Si l 'alarme est tirée et que la prise de
des p l u s anciennes c i v i l i sations au - Le passage du feu dans la régres­ conscience est mûre, nous percevons
monde et l ' une des régions où les res­ sion et la dégradation de la végétation que défendre et conserver la forêt algé­
sources naturelles (faune, sol , végé­ fore s t i ère e s t i ncontestab l e et c e l a rienne dont le patrimoine s 'est ame­
tation) ont fait l 'objet de sollicitations quelle que soit son origine humaine ou nuisé au cours du temps . Dans cette
précoces. naturelle. optique : la prévention des nouvelles
Ce qui n'a pas été sans répercussions L ' action conj uguée des d i fférents nuisances, la restauration des milieux
sur l e u r bon état et l e u r pére n n i té . facteurs : feu, exploitation inconsidérée dégradés, le maintien des m ilieux de­
Comme dans toute l a région méditer­ des pâturages, abattage des forêts, mise meuré s conservés, la protection des
ranéenne, l 'Algérie a connu des agres­ en culture vont porter un coup fatal aux espèces et de leur habitat sont autant de
sions humaines contre son m i l ieu na­ forêts algériennes qui, non seulement pos s i b i l i té s à travers l e s q ue l l e s o n
turel et par conséquent une destruction ont regressé mais ce qui en subsiste ne pourra accomplir cette noble tâche.
de la flore et de la faune. représente plus les boisements primitifs. C e t t e v o l o n t é se m an i fe s t e e n
" Situées dans une zone où l 'impact L 'érosion du sol est aussi un phé­ Algérie par 1 ' homologation des me­
humain s'est poursuivi, les forêts mé- nomène consécutif à la destruction de la sures strictes et sévères, d 'une gestion
couverture du sol. logique et intelligente grâce à une ges­
La désertification n 'en est qu'une il­ tion appropriée de la forêt en respec­
* Laboratoire de biosystématique et d'éco­ l ustration, RAMADE ( 1 976) écrit : "C'est tant les normes internationales.
logie méditerranéenne l ' h o m m e q u i e s t re spon s a b l e de L 'homme doit compter avec la forêt
Université d 'Aix-Marseille 1 l ' emprise des déserts sur les terres au­ dont l a protection est une garantie de
Case 42 1 bis F.S.T. Saint Jérôme 1 3397 trefois fertiles des anciennes civil isa­ survie pour lui, dans la mesure où i l tire
Marsei l le cedex 20 tions" et il ajoute :" Pour qui voit le site ses besoins en terre de culture, en eau,

59
forêt mélliterlBRéeRRe t. x� n° 7, janvier 7 994
en b o i s etc . . , ce q u i l ui impose de Les peuplements se présentent de fa­ presque toujours des formations arbo­
rechercher les meilleures possibi l ités çon irrégul ière, on observe des arbres rées, souvent claires, à sous-bois de
d 'un usage rationnel et durable de ces de tai l les et d ' âges différents . Il est type mattoral répondant plutôt à des
ressources. donc très rare de trouver un peuplement structures pré-forestières, voire pré­
Cet avant-propos est assez sombre régulier. s teppiques ( A B I - S A L E H , B A R B É R O ,
mais convient à cette triste réalité . Que Forêt de production ou de protec­ NAHAL et QUÉZEL, 1 976).
verrons-nous donc en nous promenant tion ?
en forêt ? Une présentation sommaire La forêt algérienne, malgré son ex­ 1 .2.1 Superficie forestière
-

de la forêt algérienne tant du point de ploitation ne s'est jamais prétendue être Présenter les b i l ans actue l s n ' est
vue des essences qui la constitue que une forêt de haute production sylvicole. pas chose facile, l 'étendue de la forêt
de son utilisation actuelle et ceci pour Elle joue le rôle de protection et de a toujours été mal appréciée quand on
mieux imager nos propos. récréation. Mais l ' ambition exige que la compare les différentes sources . Une
L ' accent sera m i s essentiellement production puisse avoir son rôle grâce à critique doit s ' établir quand on an­
sur les rôles économ ique, soc i a l et un aménagement, une conduite des nonce tel ou tel chiffre.
s c i e n t i fi q ue de c ette forêt c ar " l e s peuplements adéquate et des expéri­ Les travaux de MArRE en 1 925 re­
arbres e t les arbrisseaux sont les vête­ mentations menées sur le terrain dont p r i s par P E Y E R I H M O F F en 1 94 1 e t
ments de la terre" et notre désespoir l'objectif est d' utiliser à bon escient le KADIK, 1 987 ont montré que la sur­
est de constater que ceux ci s 'en vont produit forestier. face primitive s 'élève à 7 . 3 1 8.000 ha
en lambeaux. contre 2.9 1 0.000 ha actuellement. Le
Si l 'abus de l 'exploitation va jusqu'à 1.2- Description de la forêt taux de boisement est donc passé de
modifier les conditions du sol et du cli­ 27, 1 7 % à 1 1 %. L'actualisation de ces
algérienne
mat local. Les travaux de reboisement c h i ffre s e s t m e n é e par le B U R E A U
p e u v e n t al ors permettre l a re­ Milieu naturel, fragile et perturbé, NATIONAL DES ETUDES FORESTIERES
constitution du capital ligneux, et bien la forêt ne pourra se développer que si qui met au point l 'Inventaire National
sûr il faudra attendre des générations les gestionnaires forestiers prennent Forestier (Plusieurs régions ont déjà
pour revoir se créer le milieu forestier conscience de sa conservation en te­ été inventoriées).
d 'antan. " La forêt bien gérée a la vie nant compte de son importance écolo­ BOUDY en 1 955 montre que la super­
p l u s longue que les frontière s et ce gique et économique. ficie forestière est de 3.800.000 ha.
vêtement de la terre est le patrimoine du En c o n s i d é rant l e s c r i tères Les forestiers algériens publient en
monde" bioclimatiques, l ' Algérie présente tous 1 966 que l 'étendue forestière (forêts +
l e s b i oc l i m ats m é d i te rran éens en m a q u i s ) e s t de 3 . 0 1 3 . 000 ha e t
allant de l' humide au saharien. Les QUEZEL en 1 985 : 3.000.000 h a .
z o n e s s e m i - ar i d e s pré s e n te n t d e s Ces valeurs doivent être considé­
aspects bien particul iers tant par les
1 - Structure et espèces qui les constituent, conifères
rées avec beaucoup de réserves, ce qui
est intéressant est d'avoir une idée la
composition de essentiellement, présents également en
dehors de ces zones, mais aussi par la
plus générale possible.
On peut estimer, grossièrement, que
la forêt struct ure des formations végétales les principales essences se répartissent
qu 'elles déterminent et qui sont en fait comme suit (Voir Tab.l).
a lgérienne
1. 1
Caractéristiques
-
ESSENCES Superficie en ha Superficie en %
générales Pin d ' Alep 792.000 34,8
Le caractère méditerranéen de l a Chêne l iège 463.000 20,4
forêt algérienne n 'est pas à démontrer
v u sa s i t uation géograph i q u e et l a Chêne vert 354.000 1 5 ,6
physionomie que celle-ci présente. Cet Genévrier de Phénicie 227 .000 10
ensemble d ' arbres est en lutte perpé­
tuelle contre l 'homme, le feu, les trou­ Thuya 1 9 1 .000 8,4
peaux. Une adaptation est ainsi effec­ Chêne zeen + Chêne
65.000 2,9
tuée dans la mesure où l 'arbre devenant afarès
frugal s 'enracine. Cet état d 'équilibre
Cèdre de l 'Atlas 23.000 1 ,0
i n certain est conditionné par les i n ­
fluences d u milieu physique e t humain. Pin maritime 1 2.000 0,5
Forêt de lumière, thermophile dans
DIVERS 1 43 .000 6,4
son ensemble, elle renferme un sous­
bois puissant et envahi ssant et ainsi TOTA L 2.270.000 1 00
s 'établit une concurrence entre les deux
MAQ UIS 780.000
strates. Une résistance biologique et
é c o l o g i q u e s ' i n s t a l l e au s e i n d e s TOTAL (F+M) 3 .050.000
essences principales, c e qui donne une
B roussai Iles 1 .940.000
certaine perennité.
La sylve algérienne est formée essen­ Alfa 3 .037.000
tiellement de trois types de formations
v égétales : la forêt, le maq u i s et la Tab. 1 : Répartition générale des terres en Algérie Septentrionale (SERVICE DES
broussaille. FORETS , 1966 IN KADIK 1987)

60
COO P E RATIO N

Photo 2 : Chênes verts - Aurès - Algérie Photo J . Bonnier

La surface forestière productive est - L'Atlas saharien : Les plus impor­ La mauvaise régénération observée
faible, elle représente 1 7% de la super­ tantes pinèdes se trouvent au niveau des dans la pl upart des groupements ne
ficie totale des forêts, 2 1 % sont sus­ Oued Naïls. Les montagnes de Dje/fa semble pas être liée aux conditions éco­
ceptibles d 'être améliorés et 62% sont sont boisées des plus beaux peuple­ logiques qui sont dans l 'ensemble favo­
des forêts dégradées. ments de cette essence. rables mais conditionnée par des fac­
Le processus de dégradation s'accé­ - Les Aurès Nememcha : Dans le teurs différents selon les stations étu­
lère de plus en plus, ceci fera disparaître Hodna, un mélange pin d'Alep - Chêne diées : le pacage dans les s uberaies
nos belles forêts. vert s'observe. constitué essentiel lement de bovins,
Dans les Aurès, les versants sud sont ovins et même de caprins consommant
1 .2.2 - Description de la forêt par boisés de pin d'Alep. Les peuplements se les jeunes semis en fin de printemps et
essence situent entre 1 000 et 1 40ü m d'altitude. en été.
1 - Forêt de pin d'Alep : La régénération de l 'espèce est facile
Essence de l ' étage semi -aride, se mais le problème reste l 'incendie. III- Forêts de chênes à feuilles ca­
c o n tentant de 3 5 0 mm de p l u i e et Ces forêts doivent faire l 'objet d'une duques :
s 'adaptant à tout sol. Occupant la su­ protection et d ' u n aménagement ur­ Représentées par le chêne zeen et le
perficie la plus élevée en Algérie, le pin gents. chêne afarès qui prospèrent tous deux à
d'Alep constitue la plus grosse masse partir de 800 mm de pluie. Souvent en
d'un seul tenant. Il se cantonne essen­ II - Forêt de Chêne liège : m é l ange avec le chêne l iège q u ' i l s
tiellement à l ' Est et à l 'Ouest du pays. Les forêts de chêne liège occupent envahissent au niveau de certaines sta­
Les zones du pin d'Alep sont : une place de premier ordre dans l'éco­ tions fraîches. Des futaies exubérantes
- Les forêts du littoral : la zone du nomie forestière algérienne. La suberaie aux couleurs changeantes au rythme
Sahel étant la transition entre les sube­ produit annuellement 200.000 Quintaux des saisons. Se régénérant très facile­
raies et les zones à pin d'Alep. Les lit­ de liège qui sont exportés après trans­ ment tant par rejet que par souche, i l
toraux algérois et oranais renferment là formation par les industries locales. colonise les régions de l ' Est du pays de
une faible étendue de pin d'Alep. Localisée à l 'Est du pays entre le lit­ la Kabylie à la frontière tunisienne.
- Les forêts du Tell : Les forêts de toral et une l igne passant approxima­ Les futaies denses de Quercus cana­
pin d 'Alep se retrouvent au niveau de t ivement par Tizi-Ouzou, Kherrata, riensis et Quercus afarès occupent
trois blocs : Guelma, Souk Ahras. La suberaie est quelques chaînons côtiers de l ' Atlas tel­
- Les forêts des Monts de Tlemcen : représentée à l ' ouest dans les régions de lien où ces essences trouvent des condi­
les pinèdes se situent essentiellement au Tlemcen et de Mascara. En généra l , tions propices à leur développement,
niveau du Tell méridional et les monts e l l e c o l o n i se l ' étage b i o c l im a t i q ue quant à Quercus tlemceniensis il se ,

de Slissen. humide et sub-humide. trouve à l'extrême Ouest du pays.


- Les forêts des Monts de Daia : ré­ Fortement représentée à l ' E s t d u Notons que le chêne afarès est une
gion fortement boisée, où le pin d'Alep p a y s , rare et di spersée à l ' O uest, la endémique de la Kabylie.
e s t r o i et c o n s t i t u a n t un e n semble suberaie s 'étale sur une bande de 450 Les c h ê n e s zeen et afarès s o n t
jusqu'à Sidi Bel Abbès km d 'A lger au Cap Roux ( Est d 'El conc urrents s u r les versants Nord et
Les forêts de Saïda sont bienve­ Kala), dont la largeur ne dépassant pas Sud.
nantes, celles de Tiaret forment un 60 à 70 km. Cette bande côtière se pro­ L ' h i stoire de la végétation révèle
mélange de pin d'Alep et Chêne vert. longe sur une l ongueur de 1 50 Km q ue ces d e u x e s p è c e s ont eu u n e
Le T e l l algérois : Au n i veau de jusqu'à Bizerte en Tunisie. extension bien s upérieure q u e celle
l'Ouarsenis, les forêts sont constituées L ' Inventaire National Forestier de q u ' e l l e s c o n n a i s s e n t a uj o u r d ' h u i
en majorité de pin d 'Alep et des taillis l ' A lgérie du N o rd (étab l i en 1 9 8 3 ) ( M ES S A O U DENE , 1 9 8 9 ) . S u r l e p l an
de chêne vert, le thuya et le genévrier confirme q u e l e s forêts d e Q uercus technologique, le bois est considéré
de phénicie accompagnent ces deux suber c o u v re n t u n e s u perfic i e de comme dur, nerveux sujet à des re­
espèces. 2 . 000 000 ha tota l i sant 3 4 . 000 .000 trait s radiaux et tangentiels i mpor­
Les forêts des Bibans en sont riches. d'arbres (toute strate confondue) et dont tants. Ces caractéristiques médiocres
Le Tell constantinois ne comporte 65% sont représentés par de vieilles limitent son utilisation à des poteaux de
pas des massifs étendus . futaies. mines, traverses de chemin de fer, bois

61
de c h a uffage et c h arpen t e s trad i ­
tionnelles.
Des exploitations intenses ont été
effectuées durant les périodes 1 850 à
1 95 1 au niveau de toute l 'Algérie.

IV- Le Chêne vert :


Essence commune et résistante du
pourtour méditerranée n . Rustique et
régénérant par rejets ou drageons jus­
q u ' à u n âge avancé. En Oran ie , l e
chêne vert constitue d e vastes massifs
purs en t ai l l i s essentiel lement vers
Tiaret et Saïda . Il accompagne à tra­
vers tout le territoire du Nord algérien
des espèces telles que le Pin d ' Alep et
le Cèdre de l ' Atlas.

V- Le Pin maritime :
Occupant le l ittoral constantinois, la
Photo 3 : Bovin en forêt - Massif des Beni Sa lah. Photo I . N . R.A.
forêt de pin maritime "saignée à blanc"
se refait parfaitement. Il s ' y cantonne
a u s s i s u r le l i ttoral Kaby l e o ù i l Dans les Aurès et l 'Atlas saharien nos suberaies sans omettre de signaler
reprend, dans des zones, son territoire particulièrement Djelfa et Bousaâda, le vieillissement, l ' absence de régéné­
écologique grâce à des reboisements. i l constitue de grandes superficies. ration, l ' absence d 'aménagement des
forêts ainsi que l ' exploitation irration­
VI- Le Thuya: La forêt algérienne de conifère ne nelle.
Essence oranaise, de l ' Ouest algérien s ' arrête pas uniq uement aux espèces U n e régre s s i o n e s t o b s e rv é e
dans la partie occidentale, il forme des sus-citées. Le montagnard supérieur d ' année en année s urtout e n ce q u i
taillis entre Mascara, Tiaret et Saïda. offre asi le au genre Abies représenté concerne c e s dernières années : la pro­
Le thuya se maintient sur des ter­ par le Sapin de Numidie qui se ren­ duction passe de 1 29.350 q en 1 986 à
rains arides, il se contente de 250 à co ntre au n i v e a u des h a u t e s m o n ­ 78. 1 50 q en 1 990.
300 mm d'eau. Essence très plastique, t a g n e s a v o i si n a n t l ' ai r e d u Cèdre. La suberaie a subi des bouleverse­
résistante aux agents destructeurs, se N ' oublions pas l e Pin noir qui co­ ments lors de son évolution. Des fac­
régénérant très facilement elle possède habite avec ces deux genres. teurs aussi bien naturels qu' humains
la particularité de rejeter si extraordi­ ont contribué à la régression des po­
naire chez les résineux. tentialités du Chêne liège. Les grandes
r é c o l t e s se s i t u e n t à S o u k - A h r a s ,
VII- Le cèdre de l'A tlas:
Essentiel lement montagnard dont
I l - Le rôle de la Collo, Jijel, Yakouren, Alger .

l ' aire s'étend à partir de 1 400 à 2800 m forêt 2.1.2 - Le bois :


d 'altitude et se développant à l 'étage Jusqu'en 1 963, l 'exploitation de bois
humide et froid. Outre la fonction sociale et scienti­ ( bois d ' œ uvre, chauffage, carbonisa­
D ' un charme incontestable, son ar­ fique, la forêt algérienne prend part à tion) était de 300.000 m 3 en moyenne.
chitecture fait de lui un des plus bel la fonction économique. En 1 97 0 , la p r o du c t i on de b o i s
arbre d 'Afrique du Nord. 2. 1 La fonction
-
d 'œuvre était de 1 2.000 m 3 e t e n 1 979,
Le cèdre se retrouve au niveau des elle est estimée à 1 9.000 m 3.
Aurès, du Dj urdj ura, de l ' Atlas b l i ­
de production : Si l ' on compare ces chiffres à ceux
déen ainsi q u ' à Teniet El Haad. La production forestière algérienne de l ' importation du bois qui dépasse
Conservé au niveau des Parcs natio­ est faible. Les suberaies prennent part 1 .000.000 m3, on se rend compte de
naux, la régénération capricieuse de cet à une production par le liège beaucoup l ' immense effort à fournir pour satis­
arbre fait que des reboisements sont plus importante que les autres forma­ faire les besoins nationaux en bois.
déployés pour l 'extension de son aire. tions forestières pour le bois. La demande e s t de p l u s en p l u s
grande, l a mobilisation des ressources
VIII- Le genévrier : 2.1.1 - Le liège : fore s t i ère s et d e s i n v e s t i ss e m e n t s
Il existe trois sortes de genévriers La production de liège brut est rela­ énormes pour créer des reboisements
en Algérie : t i v e m e n t c o n s ta n te , en m o y e n n e essentiel l ement productifs dans les
- Genévrier de Phénicie 1 48 . 000 q uintaux sont récoltés an­ zones favorables : i l faut dès lors que
- Genévrier Oxycèdre nuellement, exception faite pour 1 965 de n o u v e l l e s trad i t i o n s s y l v i c o l e s
- Genévrier Thurifère où la production a atteint 350.000 q. s ' installent.
Le g e n é v r i e r de P h é n i c i e s e cette surexploitation est justifiée par la Le pin d'Alep malgré son étendue
retrouve à l a fois sur les dunes mari­ non exploitation durant les années de contribue très mal à combler le déficit
times en Oranie et sur les montagnes guerre. en prod u i t l i gn e u x . Les autre s e s ­
les plus sèches . Les trois genévriers En 1 970 et 1 977, la production de sences sont plutôt protégées. Le bois
constituent un stade ultime de dégra­ liège a chuté. Cette chute est due aux de chêne zéen est à l ' étude pour une
dation. incendies qui ravagent annuel lement mei lleure utilisation.

62
COO P E RATI O N

Cette action de grande envergure a


comme base scientifique l 'existence des
vestiges des anciennes forêts de pin
d ' A le p au piémont nord de l ' Atlas
saharien où les conditions climatiques
deviennent plus favorables que celles
des hauts plateaux. Il s 'agit surtout de
l 'augmentation des précipitations, dé­
passant 300 mm/an.
Dans cette forêt claire de pin d'Alep,
appelée parfois Steppe arborée, la strate
d'alfa est relativement dense.
La potentialité forestière de la région
du barrage vert est indiquée aussi par la
présence des groupements arbustifs à
Quercus ilex et Juniperus phoenicea.
Le barrage vert a été crée dans la
zone où plusieurs espèces s'approchent
de la limite de leurs aires. La réussite de
Ph oto 4 : Plantation de pins d ' A l e p dans la steppe a lgérienne (rég i o n de
cette entreprise exige une connaissance
Djelfa) pour la mise en place du barrage vert. Photo P.Quézel
détaillée des conditions écologiques
d'où l 'aménagement de cette zone.
2.2 - La fonction sociale : convient d' en ajouter d'autres sous le
Il ne doit pas devenir une ceinture
L 'homme a toujours puisé les res­ contrôle humain si l 'on veut conserver
verte créée par le reboisement . Ayant
sources forestières. Cette action non le patrimoine forestier. Il faut établir un
un certain but économique, il doit pro­
réglementée a nui au développement bilan pastoral pour mieux étayer le pro­
téger les terrains utilisés par l ' agrono­
forestier par les agressions incons­ blème et essayer d 'allier le pastoralisme
mie et contribuer à l ' amélioration du
cientes tant par le biais des dél its de à la foresterie.
pâturage et à la restauration de l 'équi­
coupes, du surpâturage que de l 'incen­ Une gestion de l 'espace doit être ra­
libre naturel. Il s ' agit donc d ' un équi­
die incontrolé pour l'utilisation de ces tionnelle.
libre agro-sylvo-pastoral.
s u rface s en terr a i n s agri c o l e s . Une diminution des cheptels est sou­
Les conifères, en premier ordre, ont
L'accroissement des populations en­ haitable afin de ne pas dépasser les
constitué l ' arsenal des reboiseurs tant
traîne cette sur-utilisation, surtout dans valeurs critiques des charges tolérables
au niveau du barrage vert que d'autres
les zones à haute potentialité forestière en forêt. Au niveau du Parc National du
zones. Le pin d'Alep a toujours été sol­
où se développent les essences nobles. Djurdjura, l'accés n 'est autorisé qu'aux
licité. L'expérience néfaste de la mono­
bovins qui détruisent moins le patri­
c u l ture a fai t réfl é c h i r à l a d i v er ­
Le pâturage : moine que les autres bétails telle que la
sification des essences à reboiser.
Cette fonction est en relation directe chèvre qui est dévastatrice. Cette solu­
avec les facteurs anthropiques qui ne tion compat i b l e avec l a s u rv i e des
sont g uère à réhaus ser s i l ' on croit populations locales, a donné pour résul­
l ' hostilité de l 'homme envers la forêt. tat une remontée biologique remar­ Conclusion
L'activité pastorale est intense en fo­ quable et une reprise d ' extension des
rêt, elle assure une production fourra­ genévriers et des cèdres. Etab l i r u n bilan de l ' évolution du
gère appréciable et qui est utilisée par couvert végétal en Algérie est chose
l e s troupeau x . Cette v a i n e p ât u re peu aisée. La difficulté est d ' établir
des bilans corrects voire significatifs
s 'exerce souvent sous forme de trans­
humance.
I I I Les
-
au niveau des variations des s urfaces
Ce pâturage a en effet pour consé­ reboisements forestières.
Aucune valeur actuelle précise n 'est
quences d ' é l i miner par broutage les
j e unes régénérat i o n s , les branch e s Si l 'homme, par ses actions hostiles accessible.
basses e t l e s rejets. au milieu forestier, contribue aussi au La l o u r d e t â c h e d e s s t r u c t u r e s
Les effets de piétinement sur le sol développement de la forêt et particu­ forestières est encore e n chantier.
sont aussi graves. l ièrement à son extension, le reboi­ L ' i m préc i s i o n fai t q u e n o u s
Des lois interdisent cette pâture mais sement constitue le facteur majeur. s o m m e s d é m u n i s d e s v é r i ta b l e s
l 'éxécution n 'est pas formelle .. L'Algérie, pour sa part, a eu la noble chiffres q u i devraient refléter la réa­
" L ' équilibre doit être respecté car expérience d'installer "le barrage vert" lité.
quand on sait que les zones sous-pâtu­ et l 'idée de cette création appartient aux Sur le plan pratique et théorique, la
rées s ' embroussaillent à vive allure, ce p l u s audac i e u x de la protection de forêt algérienne se heurte à des écueils
qui réduit la diversité floristique et pro­ l 'environnement. : son hétérogéneité floristique et bio­
duit du combustible au prem ier i n ­ Le "barrage vert" traverse le pays de climatique ne simplifie pas les choses,
cendie. la frontière tunisienne à la frontière sa vulnérabilité après toutes les agres­
Le sur-pâturage a, quant à lui, stoppé marocaine sur une longueur de 1 .200 sions subies rend indispensable une
la régénération et a transformé les forêts Km sa largeur varie de 5 à 20 Km. I l politique d ' ut i l i sation e t de sauve­
en pin piqueté d 'arbres ébranchés et a suit la bordure septentrionale d u Sahara garde qui est la matière première des
modifi é le tap i s herbacé" ( Q ueze l , et on pense qu'il adoucira le climat en services forestiers algériens.
Barbero, Bonin, Loisel) permettant l ' utilisation agro-sylvo-pas­
A ces situations si contradictoires, i l torale des régions voisines. D . L.
63
forêt méllitermnéenne t. x� n° 7, janvier 7 994

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