Préparé par :
Charly Camilien VICTOR
18 février 2018
Introduction
La mise en marché des éléments culturels favorisés par l’essor de la technologie à l’ère de la
mondialisation amène à se questionner sur l’impact de ces politiques globalisantes sur les
cultures des pays du Sud. N’existe-t-il pas la domination de la culture du plus fort mettant en
cause le partage culturel universel ?
La mondialisation peut être considérée comme le fruit de deux courants de pensée économique
à savoir l’utilitarisme (négation des coutumes et des traditions au profit de la somme des utilités
individuelles ou actuellement la maximisation du bien singulier) et le libertarianisme ou
libertarisme (principes de propriété de soi, de juste circulation et d’appropriation originelle)
(Barré, O. & Guignier, A. 2005). Comme tout autre bien économique traditionnel, la culture
est placée sur le marché économique concurrentiel mondial entre les mains des Etats puissants,
souvent anciens colonialistes, qui construisent l’idéal d’être les meilleurs à travers la planète.
Ce processus favorisé par le libre-échange de l’économie mondiale entraine les citoyens avec
le « packaging culturel » des biens appuyés par la force des politiques qu’ils s’achètent à renier
leur culture locale propre mise à mal face au poids concurrentiel des autres. Il s’agit pour la
plupart des pays dont les Etats-Unis, et des politiques par exemple la francophonie d’une
exportation culturelle en vue de maximiser les utilités particulières par l’accroissement de leur
influence au niveau mondial. Est-il donc possible de parler d’une concurrence équitable entre
les cultures au niveau mondial si les pays du Sud n’ont que très peu d’influence sur ce marché?
En conséquence, entre en jeu l’aspect ambivalent de la mondialisation vue à la fois comme
sources d’interaction entre les cultures et sources de risques d’appauvrissement voire
d’homogénéisation (Barre, O. & Guignier, A. 2005).
La diffusion de la culture comme résultat du vocable de l’accès de tous à tout favorisé par le
phénomène de mondialisation préoccupe de plus en plus. Une interrogation se pose entre les
bénéfices qui peuvent être tirés dans le cadre de rapprochement des cultures différentes et les
méfaits ou la diabolisation de certaines cultures. Toutefois, ce souci majeur ne date pas
d’aujourd’hui, Nietzsche s’était déjà montré perplexe quant à la promotion d’une culture
journaliste, l’un des premiers outils de cette grande propagation, qu’il a appelé pseudo-culture
en raison de son impact sur la vraie culture visant le plein épanouissement de la personnalité
autonome (Goetschel, 2005). Le philosophe s’était opposé au refus des modernes à transmettre
à chacun une culture bien délimitée car il doutait fort que tout le monde peut se convertir en
formateurs, médiateurs pour assurer ou accomplir la destination de la culture. Nietzsche voulait
surtout souligner ce que Bourdieu(1994) allait mentionner comme étant une emprise sur la
production culturelle dans une logique de trouver une place dans une économie de marché,
appuyée par la démocratisation de la publication des savoirs issus des grandes universités
américaines et européennes. La mondialisation, avec ses nouvelles technologies de diffusion
d’innombrables produits culturels ne contribue-t-elle pas au paiement du lourd tribut par la
culture dite classique, formatrice de la personnalité face à la promotion d’une culture prétendue
universelle ?
Mosaïque planétaire
Pourtant, il importe d’avancer qu’à travers la planète beaucoup de gens ont du mal à vivre la
tension permanente entre l’universel et le particulier incarnée par la mondialisation mettant
en question l’avenir de notre condition humaine (Berkani, 2005). Cet échec de l’Etat-Nation,
transformé en holding avec des responsables devenus des managers (Debray,2017), a pour
conséquence de bouleverser l’imaginaire symbolique qui a permis à certains de vivre un
sentiment de sécurité existentielle exprimant la confiance dans la plupart des êtres humains
dans la continuité de leur propre identité et dans la constance des environnements d’action
sociaux et matériels (Thibault,2005).
Perspectives
La seconde perspective qui complète la première plaide en faveur d’une concurrence équitable
entre les cultures en permettant à tous les Etats d’encourager la création culturelle, de faire
circuler leurs cultures et d’assurer l’accès de leur population à la diversité culturelle. En
conséquence, face aux exigences libérales, les Etats auraient la possibilité d’agir
souverainement et de décider seuls de leur modèle politique, culturel, etc. et de se positionner
par rapport à ces Etats ayant déjà tirés des bénéfices du libre-échange tel qu’il est. Le marché
mondial actuel est dans une situation d’inégalités en ce qui a trait à la concurrence des biens et
des services culturels.
Conclusion
Ainsi, les deux perspectives envisagées ne sont pas facilement adoptables car pour assurer la
survie de la diversité culturelle, ni le protectionnisme, ni le libéralisme ne sont favorables. En
conséquence, il est nécessaire de voir la culture en dehors de l’idéologie marchande, d’un objet
mercantile, source des inégalités mondiales actuelles des cultures du fait des rapports de forces
économiques. Pourtant, il vaut mieux lutter pour aboutir à des rapports équitables et pas
uniquement égalitaires entre les cultures dominées et dominantes (Olivier Barré et Armelle
Guignier, 2005) ou bien favoriser la glocalisation qui est l’adaptation active aussi bien au
marché qu’à la culture locale.
Bibliographie