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plusieurs opérations frauduleuses destinées à faire


taire d’anciennes maîtresses, dont l’ancienne actrice
Syrie: Trump, le doigt sur son «gros
porno Stormy Daniels.
bouton»
PAR MATHIEU MAGNAUDEIX C’est ainsi au pays de Donald Trump : les grands
ARTICLE PUBLIÉ LE MERCREDI 11 AVRIL 2018
soubresauts du monde entrent sans cesse en collision
avec les hoquets quotidiens d’une présidence folle,
extrême, cernée par les affaires.
Devant les militaires, un Trump courroucé a dénoncé
une fois de plus « une chasse aux sorcières » à
son encontre. Il a pulvérisé à nouveau son propre
ministre de la justice, accusé de ne pas le protéger.
Il n’a pas exclu de virer un jour le procureur spécial
Donald Trump entouré de Mike Pence, de John
Bolton et de l'état-major militaire. © Reuters
Robert Mueller, qui enquête sur les liens de son équipe
Quelques jours à peine après avoir annoncé un avec la Russie pendant la campagne présidentielle et
désengagement en Syrie, le président américain tente d’éclairer les recoins louches de son business.
envisage des frappes de représailles après l’attaque Il a même dénoncé une « attaque contre notre
chimique meurtrière à Douma, dans la banlieue de pays ». Comme si de vraies bombes avaient frappé
Damas. Des discussions sont en cours avec Paris et Washington…
Londres.
New York (États-Unis), de notre correspondant.–
Les généraux multidécorés ont regardé ailleurs,
cherchant comment échapper à cet instant gênant.
Lundi 9 avril dans la soirée, Donald Trump avait réuni
ses généraux à la Maison Blanche. Il devait évoquer
la situation en Syrie et d’éventuelles représailles
Donald Trump entouré du vice-président Mike Pence, de John Bolton
militaires après l’attaque chimique sur Douma, dernier et de l'état-major militaire, lundi 9 avril à la Maison Blanche. © Reuters
bastion des forces anti-Assad de la Ghouta orientale. Trump a fini par parler de la Syrie et de l'attaque de
Comme d’habitude, les médias avaient été conviés Douma, un « acte barbare ». « Nous ne pouvons pas
au début de la rencontre, la première apparition permettre de telles atrocités. Nous ne pouvons pas le
médiatique de son tout nouveau conseiller à la sécurité permettre. » Il a surtout laissé planer la menace d’une
nationale, John Bolton. L’ancien ambassadeur de riposte « vigoureuse ». Devant les gradés, Trump a
George W. Bush à l’ONU, un faucon de l’ultradroite, même laissé entendre que ce n’était qu’une question
a jadis appelé à frapper militairement l’Iran et la Corée d’heures, « probablement à la fin de la journée ».
du Nord. Finalement, la Maison Blanche s’est laissé plus de
Mais Donald Trump a commencé à parler de tout autre temps. Trump, qui devait prendre l’avion vendredi 13
chose. avril pour sa première tournée en Amérique latine, a
En l’occurrence de son avocat personnel, Michael décidé de rester à Washington pour, dixit la Maison
Cohen, perquisitionné quelques instants plus tôt par Blanche, « superviser la réponse américaine à la Syrie
le FBI. La police fédérale le soupçonne en effet ». Le report du voyage lui évite aussi un accueil froid,
d’avoir supervisé au nom de son client prestigieux dans un continent où ses déclarations et sous-entendus
racistes contre les Latinos passent mal.

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Ces derniers jours, Paris, Londres et Washington n'ont Trump 2013 : « DO NOT ATTACK SYRIA »
pas caché des contacts intenses. Lanceront-ils des
frappes contre la Syrie, en dehors du mandat de
l’ONU ? À la suite d'un énième veto russe, ce mardi 10
avril au Conseil de sécurité des Nations unies, contre
une résolution américaine proposant d'enquêter sur les
armes chimiques syriennes, « toutes les options sont
sur la table », assure la Maison Blanche.
Nikki Haley, l'ambassadrice américaine, et François Delattre, l’ambassadeur
De part et d’autre de l’Atlantique, l’heure est au français, en discussion aux Nations unies. New York, février 2018. © Reuters
bellicisme. Et à une sorte d’étrange compétition entre Au-delà de la rhétorique viriliste et va-t-en guerre
Trump et Macron pour le leadership anti-Assad, treize dont il est coutumier – on se souvient d'une récente
jours avant la première visite d’État du président passe d'armes médiatique avec Kim Jong-un au cours
français aux États-Unis. Les deux présidents se sont de laquelle Trump s'était vanté d'avoir un bouton
parlé dimanche et lundi. Selon le New York Times, la nucléaire « bien plus gros » que le dictateur nord-
Maison Blanche ressentirait« une pression pour agir, coréen –, Trump doit naviguer entre d'immenses
de peur que la France ne le fasse la première ». contradictions.
« Nous allons poursuivre les échanges d’informations Pendant sa campagne, il a plaidé une sorte de
techniques et stratégiques avec nos partenaires en nouvel isolationnisme américain. En 2013, il s'était
particulier britanniques et américains, et dans les d'ailleurs opposé à des frappes en Syrie après une
prochains jours nous annoncerons notre décision », attaque chimique mortelle attribuée, déjà, au régime
a expliqué le président français mardi soir 10 avril. syrien. « DO NOT ATTACK SYRIA », écrivait-il, en
Emmanuel Macron a fait de l’utilisation des armes majuscules, sur Twitter.
chimiques une « ligne rouge » – référence aux propos Après une purge de la Maison Blanche, le voilà
de Barack Obama. « L'utilisation d'armes chimiques entouré de conseillers bellicistes. Comme l'a prouvé
donnera lieu à des répliques, y compris de la France le limogeage brutal de son ancien secrétaire d’État
seule », promettait le président français après son Rex Tillerson, remplacé par Mike Pompeo, un ultra
élection. qui n'est toujours pas en poste faute de confirmation
Selon la presse américaine, la Grande-Bretagne, le au Sénat, Trump est par ailleurs souvent en désaccord
Qatar et l'Arabie saoudite pourraient soutenir une avec sa propre administration.
riposte. La Russie promet d'ores et déjà de « sérieuses Ses hésitations sur la Syrie traduisent ces tiraillements.
conséquences ». Emmanuel Macron a assuré qu'en cas Il y a quelques jours, Trump a annoncé un
d'attaque, les forces russes ou iraniennes ne seraient « désengagement américain rapide en Syrie, avant de
en aucun cas » « touché[es] ». revenir en partie sur ses propos quelques jours plus
tard. Et selon le Los Angeles Times, le Pentagone
s'inquiète d'une escalade avec la Russie en cas de
frappes.
Autre écueil : l'effectivité de telles représailles. Il
y a pile un an, élu depuis quelques mois, Trump
avait lancé des frappes unilatérales contre le régime
syrien après une attaque chimique meurtrière à
Khan Cheikhoun. Hormis le fait que l'événement
avait enchanté ses hôtes, dont le président chinois
Xi Jin Ping, réunis ce soir-là dans la résidence

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luxueuse de Trump en Floride, les frappes n'ont président Trump pense qu'étendre la guerre en Syrie
eu aucune conséquence substantielle sur le cours amènera de la stabilité dans la région et protégera les
des événements. Selon la presse américaine, Trump intérêts américains, qu'il vienne le dire au Congrès. »
réfléchirait donc cette fois à une intervention plus En 2013, l'ancien président Barack Obama avait
musclée, au risque, là encore, de l'escalade. annoncé des frappes imminentes, avant de renoncer
Au contraire du président français, qui en de pour saisir le Congrès. Il n'y avait jamais eu de frappes,
telles circonstances est seulement tenu d'informer le au grand dam de François Hollande, alors chaud
Parlement, Trump est toutefois limité par le Congrès partisan d'une intervention contre le régime syrien. À
américain. l'époque, Trump, déjà une célébrité mais pas encore un
Président de la commission des affaires étrangères politique, avait lui aussi exigé un vote au Congrès.
du Sénat, et partisan de frappes, le républicain Peu fascinées par la théorie de l'exceptionnalisme
Bob Corker explique qu'elles ne pourraient être américain et soucieuses du respect du droit
que « chirurgicales » (sic), une implication plus international, des voix s'évertuent à rappeler qu'en
substantielle devant être approuvée par le Congrès. l'absence de frappes décidées par les Nations unies,
« C'est un président, pas un roi », prévient le une telle action est contraire au droit international.
démocrate Tim Kaine, ancien colistier d'Hillary « La force militaire contre la Syrie violera la loi
Clinton en 2016, partisan d'un contrôle strict du internationale aussi sûrement que l'utilisation d'armes
Congrès afin d'éviter les aventures militaires solitaires chimiques », explique ainsi Mary Ellen O'Connell,
du vindicatif président des États-Unis. une juriste internationale de l'université Notre-Dame
« Le président n'a pas l'autorité légale pour élargir citée par le site Daily Beast. Cette spécialiste des
la guerre en Syrie, a prévenu mercredi 11 avril interventions armées américaines compare la ligne
l'ancien candidat socialiste à la présidentielle Bernie étasunienne avec « la vieille stratégie américaine au
Sanders. C'est le Congrès qui décide si notre pays Vietnam qui consistait à détruire un village pour le
entre en guerre, et le Congrès ne doit pas abdiquer sa libérer. On sait comment ça a tourné ».
responsabilité. Nous avons été en Agfhanistan dix-sept Ce mercredi, le président américain a manié la menace
ans et en Irak 15 ans. Le résultat a été une instabilité explicite sur Twitter: « Prépare-toi Russie, les missiles
régionale massive, la perte terrible de vies humaines vont arriver »
et une facture en milliards de milliards de dollars. Si le Boite noire
Ajout: la mise en garde de Bernie Sanders, mercredi
11 avril.

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