Preface ix
0.1 Quelques erreurs fréquentes sur la mondialisation . . . . . . . 4
0.2 La dynamique de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . 7
0.2.1 Les moteurs de la mondialisation . . . . . . . . . . . . 8
0.2.2 Les freins à la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . 10
0.2.3 La fragmentation du processus de production . . . . . 11
0.3 Mondialisation et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
0.3.1 Les inégalités sur longue période . . . . . . . . . . . . . 16
0.3.2 Le commerce et les inégalités entre pays . . . . . . . . 17
0.3.3 Les inégalités intra-pays . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
0.4 Conclusion : la mondialisation pro…te-t-elle aux pauvres? . . . 28
v
vi CONTENTS
ix
La mondialisation des échanges
xi
xii Preface
des pays (en trait gras le PIB mondial, en pointillé le commerce mondial,
base 100 en 1962):
Même si ces pays ont connu une première mondialisation entre 1870 et
1914, les ‡ux commerciaux sont aujourd’hui plus importants aujourd’hui,
alors même que le PIB a décuplé ces 150 dernières années. Cette expansion
du commerce trouve aujourd’hui de nouveaux relais, notamment à travers
xiv Preface
Les e¤ets de la distance sur le commerce sont décrits par les modèles de
gravité. Ces modèles ont une longue tradition en économie dont le résultat
représentent un des faits les plus robustes en économie international. Selon
ce modèle, le commerce entre deux pays est proportionnel au produit des
PIB des deux pays divisé par la distance qui les sépare élevé à une puissance
autour de 0,9. La valeur de ce paramètre signi…e que doubler la distance
entre deux pays réduit le commerce d’environ 90%. Cette élasticité a peu
changé depuis les années 70 malgré les progrès dans les communications et
les transports1 . Si le commerce s’accroît entre les pays, cela est attribuable
à la croissance des PIB et non pas à l’e¤acement des distances comme il est
souvent dit.
2
Dan Ben-David "Equalizing Exchange: Trade Liberalization and Income Conver-
gence", The Quarterly Journal of Economics vol. 108, No. 3 (Aug., 1993), pp. 653-679.
3
Andrew K. Rose; Eric van Wincoop "National Money as a Barrier to International
Trade: The Real Case for Currency Union" The American Economic Review, vol. 91, No.
2, Papers and Proceedings of the Hundred Thirteenth Annual Meeting of the American
Economic Association (May, 2001), pp. 386-390.
4
Baldwin (2006) "Globalization : The Great Unbundling(s)", mimeo.
xxii Preface
5
Edward Leamer (2006) "A ‡at world, a level playing …eld, a small world after all or
none of the above ?", à paraître dans the Journal of Economic Litterature.
6
Edward Leamer et Michael Storper (2001) "The economic geography of the Internet
age", The Journal of International Business Studies 32 (4) 641-665.
7
The New Division of Labor, Princeton University Press 2004.
8
"O¤shoring : The next industrial revolution?" Foreign A¤airs 85 (2).
0.2 LA DYNAMIQUE DE LA MONDIALISATION xxv
Les tâches routinières sont des tâches qui nécessitent la répétition méthodique
de procédures facilement transcriptibles et codi…ables. Le graphique montre
que le travail aux Etats-Unis change de nature à partir des années 70 et incor-
pore une part croissante de tâches non-routinières. Les années 70 marquent
d’ailleurs également le début de l’envol des inégalités salariales entre les non
quali…és et les plus quali…és. Il reste toutefois di¢ cile de savoir quelle part
de cette tendance est attribuable au commerce international et quelle part
provient du progrès technique et de l’e¤et des nouvelles technologies.
La part des inégalités attribuables au commerce international fait l’objet
de la section suivante.
xxvi Preface
revenu par habitant jusqu’à 20 fois supérieur à celui d’un pays pauvre alors
que deux cent ans auparavant les inégalités de niveau de vie étaient dans
une échelle de 1 à 3 (Madison). Il n’y a pas eu d’évolution des inégalités
comparables au sein de chaque pays ou les revenus des plus riches sont glob-
alement restés un multiple stable des revenus des plus pauvres comparé aux
divergences internationales.
Même si la croissance des inégalités entre pays prédomine, cela ne signi…e
pas que la question du lien entre globalisation et inégalités se résume à cette
question. La mondialisation peut par exemple avoir freiné une réduction
des inégalités intra-pays comme prédit par Kuznets13 . En d’autres termes,
la réduction des inégalités dans chaque pays aurait été plus forte sans la
mondialisation. Ou bien les e¤ets de la mondialisation sur les inégalités
peuvent avoir été e¢ cacement combatus par des politiques mises en œuvre
dans le cadre national, alors que le cadre international rend inopérante toute
politique réelle de réduction des inégalités.
En…n, ce constat est vrai sur longue prériode et pour l’ensemble des pays,
ce qui n’empêche pas une tendance récente à l’accroissemnt des inégalités,
essentiellement aux Etats-Unis et en Grande Bretagne depuis une vingtaine
d’années, mais aussi dans une moindre mesure dans la plupart des pays de
l’OCDE.14
13
Simon Kuznets "Economic Growth and Income Inequality", The American Economic
Review, vol. 45, No. 1 (Mar., 1955), pp. 1-28.
14
A. B. Atkinson "Bringing Income Distribution in From the Cold" The Economic Jour-
nal vol. 107, No. 441 (Mar., 1997), pp. 297-321.
xxviii Preface
Théories
retard pris sur les pays industrialisés. Pour certains pays comme l’Inde,
l’importations de grandes quantités de d’articles manufacturés (textiles, mé-
talurgie) bon marché aboutirent à un processus de désindustrialisation. Quelques
chi¤res: l’Inde produisait un quart des produits manufacturés mondiaux en
1750, elle n’en produit plus que 2% en 1900. La part des textiles indiens dans
le commerce triangulaire transatlantique représentait 40% en 1730, 22% en
1780 et 3 % en 1840.
Résultats empiriques
D’un point de vue empirique, il existe une corrélation forte entre ouverture
aux échanges et croissance économique. Le sens de causalité n’est toutefois
pas complètement établi.16 Un pays béné…ciant d’une croissance élevée voit
généralement sa part échangée avec le reste du monde augmenter. Le lien
entre ouverture des frontières et croissance pose également des problèmes
de causalité. Ainsi, une étude de la Banque Mondiale couvrant 41 pays
en développement montre que les pays qui ont ouvert leurs économies ont
simultanément opéré d’autres réformes structurelles également facteurs de
croissance: libéralisation du marché domestique des facteurs, du marché des
biens, renforcement des droits de propriété, stabilisation macroéconomique.
A titre d’exemple, l’abandon des politiques de substitution des importa-
tions dans les années 80 s’est accompagné d’un changement de politiques
macroéconomiques (correction des dé…cits publics, lutte contre l’in‡ation et
le déséquilibre de la balance des paiements).17
Historiquement, il existe une relation inverse entre ouverture aux échanges
et croissance avant 195018 . Malgré l’exemple de , de nombreux pays se sont
industrialisés à l’abri de la concurrence international: Etats-Unis, France
16
Francisco Rodriguez, Dani Rodrik "Trade Policy and Economic Growth: A Skeptic’s
Guide to Cross-National Evidence" NBER 7081 Apr 1999.
17
Voir la critique de cette étude dans le rapport sur la recherche de la Banque Mondiale:
www.tinyurl/yck7wc en particulier p 52 et suivantes.
18
Ce fait est documenté par P. Bairoch. Voir également Michael A. Clemens et Je¤rey
G. Williamson "Why Did the Tari¤-Growth Correlation Reverse After 1950?" NBER 9181,
Sep 2002.
xxx Preface
free trade
revisited
6 :png
nous isolons l’Afrique avec une forte décroissance jusqu’au début des années
90, puis une remontée plus récente:
Conclusion d’étape
L’ouverture commerciale devrait réduire les inégalités dans les pays en développe-
ment car il favorise le facteur relativement abondant par rapport au reste du
monde, c’est à dire le travail non quali…é. Est-ce vraiment le cas ? Dans les
pays en développement, deux zones géographiques ont été particulièrement
étudiées. En Asie du Sud-Est (Corée, Singapoure et Taiwan), les écarts
salariaux se sont réduits depuis les années 60 (en accord avec HOS et le
théorème de Stolper-Samuelson exposés dans la suite). En Amérique du Sud
depuis le début des années 80 et l’abandon des politiques d’industrialisation
par substitution des importations (Chili, Colombie, Costa Rica, Mexico, et
Uruguay), le résultat est inverse : les écarts salariaux se sont accru à partir
de cette époque. Les e¤ets sur les inégalités de la seconde expérience de
libéralisation commerciale de l’Amérique du Sud sont a priori en désaccord
avec le théorème de Stolper-Samuelson. Toutefois, Wood (1997) fait à juste
titre remarquer que des pays plus pauvres que ceux d’Amérique latine se sont
simultanément ouvert au commerce comme la Chine et d’autres pays asia-
tiques. Par exemple, le Mexique a dû faire face à une concurrence intense
avec des pays à plus bas salaires comme la Chine. Cette concurrence entre
pays à bas salaires et pays à salaires intermédiaires se poursuit d’ailleurs en-
core aujourd’hui, notamment avec la libéralisation complète du secteur du
textile depuis le 1er janvier 2005.
En…n, deux grands pays comme la Chine et l’Inde ont également été
les témoins d’un accroissement des inégalités à partir de la seconde moitié
des années 80 pour la Chine et depuis le début des années 90 pour l’Inde,
alors même que ces deux pays s’ouvraient de façon croissante au commerce
extérieur.
Toutefois, une analyse plus détaillée montre les éléments suivants. L’accroissement
des inégalités en Chine est principalement dû à l’exclusion d’une partie im-
portante de la population des gains du commerce international, le commerce
se développant principalement dans les villes côtière et les zones franches.
Ainsi, la hausse importante des inégalités en Chine s’explique par la crois-
sance des inégalités géographiques alors que les inégalités sont restées stables
xxxvi Preface
dans chaque localité. La même remarque peut d’ailleurs être faite pour le
Mexique depuis l’Alena où les régions frontalières avec les EU ont été fa-
vorisées de façon disproportionnées, accroisant les inégalités dans l’ensemble
du pays. La forte croissance du PIB a donc accru le revenu de la très grande
majorité de la population chinoise, ce qui a permis au taux de pauvreté de
baisser. Mais les gains de la croissance ont pro…té disproportionnellement à
certaines sous-populations.
Le cas des pays développés est di¤érent. On observe une hausse récente
des inégalités dans certains pays développés comme les EU et la Grande Bre-
tagne pour les inégalités salariales, certains pays européens comme la France,
l’Allemagne ou l’Italie pour le chômage et plus généralement la précarité (tra-
vail à temps partiel, CDD, . . . ).
0.3 MONDIALISATION ET INÉGALITÉS xxxvii
xxxix
xlLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
une contrainte budgétaire dite intertemporelle plutôt qu’à une suite de con-
traintes instantanées. Les implications de ce constat sont l’objet de cette
section.
Nous considérons une petite économie ouverte évoluant sur deux périodes.
Le taux d’intérêt mondial r s’impose à cette économie et est exogène. Il
existe un seul bien périssable qui doit donc être consommé dans la période
où il est disponible. Le seul moyen de transmettre des biens d’une période à
l’autre est de passer par le marché …nancier et d’échanger.
Notons Ct et Qt respectivement la consommation et la production à la
date t = 1; 2. X est le nombre d’unités de titres que l’économie acquiert
entre la période 1 et la période 2. La contrainte budgétaire de la période 1
est:
C1 + X = Q1
C2 = RX + Q2
C2 Q2
C1 + = Q1 +
R R
C1
Q1+Q2/R
A
Q1
pente : -R
C2
Q2 RQ1+Q2
R(C1 Q1 ) = (C2 Q2 )
En seconde période, le pays doit dégager des excédents commerciaux
(C2 < Q2 ) si il produit un dé…cit commercial en première période et in-
versement. En d’autres termes, le pays doit emprunter à l’extérieur dès lors
xliiLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
première période
C1
Imp
Q1
Exp
C2 Q2 seconde période
première période
Q1
Exp
C1
Imp
Q2 C2 seconde période
max U (C1 ; C2 )
C2 Q2
sc. C1 + = Q1 +
R R
où U représente les préférences du consommateur représentatif sur l’ensemble
des combinaisons de consommations.
C1
C2
Nous voyons que l’utilité est supérieure avec ouverture qu’en autarcie (la
courbe d’indi¤érence se déplace vers le quadrant NE). Parce que l’ouverture
0.5 LE RÔLE DE LA BALANCE COMMERCIALE xlv
Le modèle présenté ici est trop simple pour aborder ces questions. Il
pointe simplement un béné…ce de l’ouverture …nancière quand l’économie
n’ajuste pas à chaque instant ses besoins de consommation à sa capacité de
production. Le graphique suivant montre que la France n’a jamais égalisé
ses exportations et ses importations. Par exemple, la balance commerciale
française a été excédentaire entre 1993 et 2003. Si les entreprises françaises
n’avaient pas été capables vendre à l’extérieur le surcroît de production non
absorbé par la demande domestique, la production et la croissance auraient
été certainement plus faibles.
xlviLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
C1
Q1
C’
Q’1
A’
C2
Q2
Quels sont les e¤ets d’une variation du taux d’intérêt mondial sur le bien-être
du pays ? Tout dépend de la position extérieure de celui-ci et du sens de
variation du taux d’intérêt. A titre d’illustration, examinons les e¤ets d’une
hausse du taux d’intérêt, lequel passe de R à R0 .
C1
A
Q1
C2
Q2
C1
C’
Q1
C2
Q2
C1 + X1 = RX0 + Q1
C2 + X2 = RX1 + Q2
C3 + X3 = RX2 + Q3
:::
CT + XT = RXT 1 + QT
dans lesquelles Xt est le nombre d’unités de titres détenu par les résidents
à la date t et R le facteur d’intérêt supposé …xe quel que soit la période. RX0
est la richesse …nancière (positive ou négative) détenue par les résidents à la
date initiale. Elle re‡ète et synthétise les variations passées de la balance
commerciale. Nous pouvons diviser la t-ième contrainte par Rt 1 puis addi-
tionner les T contraintes ainsi redimensionnées. Nous obtenons la contrainte
budgétaire intertemporelle suivante:
C2 C3 CT
C1 + + 2 + ::: + T 1
R R R
Q2 Q3 QT
= RX0 + Q1 + + 2 + ::: + T 1
R R R
lLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
dans laquelle la somme actualisée des consommations d’un pays est égale à
la somme actualisée de ses ressources. En l’absence de contraintes d’endettement
(les agents résidents peuvent librement placer ou s’endetter sur les marchés
…nanciers étrangers), le consommateur ne fait face qu’à une seule contrainte
intertemporelle actualisée à la première période.
Si le marché …nancier est parfait, le recours au marché …nancier au-
torise une déconnexion complète entre le pro…l de la consommation agrégée
et l’évolution de la production intérieure. Les deux pro…ls obéissent à des
logiques di¤érentes et il n’y a pas de raisons pour que l’évolution de la con-
sommation (qui dépend des préférences des consommateurs) épouse celle du
revenu (qui dépend des conditions productives du moment).
Nous pouvons exprimer la contrainte intertemporelle en fonction des sol-
des commerciaux:
Q2 C2 Q3 C3 QT CT
(Q1 C1 ) + + + ::: + = RX0
R R2 RT 1
La somme actualisée des soldes commerciaux doit égaliser le passif ou
l’actif net du pays à la période courante. Un pays n’a pas à annuler à chaque
période ses soldes commerciaux (Qt = Ct ). Tout ce qui lui est demandé est
de payer un jour ses dettes.
Nous pouvons obtenir une nouvelle expression de la contrainte budgétaire
qui va nous être utile dans la suite. Réécrivons légèrement les contraintes
instantanées:
Q1 C1 = X1 RX0
Q2 C2 = X2 RX1
Q3 C3 = X3 RX2
:::
QT CT = XT RXT 1
de soldes commerciaux:
X2 RX1 X3 RX2 XT RXT 1
(X1 RX0 ) + + + ::: + = RX0
R R2 RT 1
Nous obtenons après simpli…cation:
XT
=0 (1)
RT 1
Ce qui signi…e que satisfaire sa contrainte intertemporelle revient à laisser
une dette actualisée de dernière période qui est nulle. En horizon …ni, cela
est équivalent à XT = 0.
En pratique et contrairement aux individus, les pays ne meurent jamais et
peuvent éternellement promettre de rembourser leurs dettes "demain". Que
devient alors la contrainte budgétaire d’un pays si l’horizon de vie est in…ni
?
XT
lim =0
T !1 RT 1
En horizon in…ni, l’endettement peut croître au cours du temps du mo-
ment que le taux de croissance est inférieur au taux d’intérêt. Illustrons ce
principe en supposant que la dette extérieur croît au taux constant g (avec
X < 0):
Xt+1 = (1 + g)Xt
Dans ce cas:
XT = (1 + g)T X0
En se rappelant que R = 1 + r:
XT 1+g T
T 1
=( ) RX0
R 1+r
Il s’ensuit que la contrainte terminale est respectée si le taux de croissance
de la dette est inférieur au taux d’intérêt:
XT
lim = 0 si g < r
T !1 RT 1
Nous voyons donc que la dette peut éternellement augmenter sans violer
la contrainte budgétaire du pays! Il su¢ t que la dette croisse à un rythme
inférieur au taux d’intérêt sous peine d’un e¤et boule de neige qui rendrait
le pays insolvable dans un temps …ni. Est-ce que le report perpétuel par
un pays du remboursement du principal lèse ses créanciers ? Non dans la
mesure où les intérêts sont payés et où le marché …nancier est su¢ samment
liquide pour que les créanciers puissent échanger quand bon leur semble leurs
créances contre des devises. Ces deux conditions sont remplies en pratique
pour la dette des pays développés. Remarquons que cela n’empêche pas la
dette de certains pays comme celle de l’Italie dont le ratio dette/PIB est
supérieur à 100%, d’être jugée risquée par les principales agences de notation
internationales.
0.6 LE MODÈLE AVEC PRODUCTIONS EXOGÈNES liii
Est-ce que la dette peut augmenter plus vite que le taux d’intérêt ? Oui,
si cette phase est transitoire. Ce qui importe, c’est que la croissance de
la dette ralentisse par la suite a…n de satisfaire la contrainte de solvabilité à
horizon in…ni. C’est pourquoi il est si di¢ cile de juger du caractère insolvable
d’une dette qui croîtrait à un rythme soutenu. Bien que la dette américaine
vis à vis du reste du monde prenne des proportions inquiétantes, la plupart
des observateurs maintiennent leur con…ance dans ce pays. Ceci dit, plus la
dette s’éloigne de son sentier de solvabililité, plus l’ajustement futur devra
être important.
Nous pouvons maintenant aborder l’e¤et de l’ouverture économique de
deux pays précédemment fermés.
max U (CB ; CV )
sc. CB QB et CV QV
max U (CB ; CV )
sc. CB + P CV QB + P QV
livLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
CV
Q
CB
P (CV QV ) = QB CB
Nous voyons que Nation gagne à l’ouverture puisque son utilité augmente.
Ce résultat est valable quel que soit le rapport des prix mondiaux. Seul le
sens de l’échange est in‡uencé. Dans l’exemple graphique, Nation accroît sa
consommation de biens V , biens dont il est le moins doté avant l’ouverture, et
0.7 LE MODÈLE À UN FACTEUR DE PRODUCTION lv
0.7.1 Le cadre
Supposons que le pays soit doté en travail et que ce facteur de production
peut être alloué soit au secteur industriel (V ), soit au secteur agricole (B).
A chaque bien z 2 (B; V ) est associé un coe¢ cient technique az pour Nation
tel que:
QB = aB LB
QV = aV LV
travail. Plus az est élevé, et plus la production est e¢ cace dans le bien z.
Les prix des biens domestiques sont PB pour B et PV pour V . En autarcie,
la demande de travail de Nation doit être égale à l’o¤re de travail en quantité
LB + LV = L ou encore :
CB CV
+ =L
aB aV
De plus, les prix des biens sont égaux aux coûts de production a…n qu’en
concurence, les entreprises ne fassent pas de pro…t:
w
PB =
aB
w
PV =
aV
En e¤et, une unité de bien z nécessite 1=az unités de travail et coûte par
conséquent w=az . Il s’en suit que les prix relatifs entre les deux biens doivent
être égaux au rapport des coe¢ cients techniques:
PB aV
=
PV aB
Supposons en e¤et que la relation soit inégale dans un sens arbitraire:
aB PB > aV PV (2)
Dans ce cas, les producteurs maximiseraient leur pro…t en ne produisant
que le bien B qui est le moins coûteux en terme de travail et/ou a le prix le
plus élevé. Le programme de Nation est donc le suivant:
max U (CB ; CV )
CB CV
sc. + =L
aB aV
Notons que nous résolvons directement l’optimum de l’économie en nous
passant des prix de marché. Le premier théorème du Bien-Etre nous en-
seigne qu’en concurrence parfaite, l’allocation trouvée peut être décentralisée
à l’aide des prix de marché dé…nis par l’équation (2).
0.7 LE MODÈLE À UN FACTEUR DE PRODUCTION lvii
CV
CB
L’allocation autarcique
aV aV
>
aB aB
Ceci n’est pas le signe d’un avantage absolu, mais l’expression d’un avan-
tage relatif. Par exemple, l’inégalité n’est pas incompatible avec un avantage
absolu d’Etranger dans les deux biens : az > az , z = B; V . Comme déjà
expliqué dans la section précédente, cela conduit également à des inégalités
de prix relatifs avant ouverture:
PB PB
>
PV PV
Après ouverture, la consommation de Nation passe de C à C 0 :
CV
C’
Q CB
Le gain à l’échange
ou encore avec QV = 0:
PB CB + PV CV = PB QB
dont la pente est PB =PV qui est plus verticale que la pente en autarcie
PB =PV . L’allocation C 0 fait donc bien partie de l’ensemble budgétaire de
Nation. Le commerce agit comme si l’espace des productions réalisables était
élargi. Notons qu’un progrès technique qui améliorerait l’e¢ cacité productive
du bien V agirait exactement de la sorte. Le parallèle entre le commerce et
le progrès technique suggère que le commerce n’a ici que des e¤ets favorables
sur l’économie.
La spécialisation o¤rant la plus grande utilité à Nation est celle dans
laquelle le pays produit exclusivement des biens B, soit le point Q sur le
graphique, apportant la consommation C :
CV
C
C’
Q’
Q CB
Jusqu’à maintenant, nous avons supposé que Nation était un petit pays dont
la participation aux échanges ne modi…e pas les prix relatifs. Nous pou-
vons adopter une perspective di¤érente en modélisant deux grandes zones
économiques. Le rapport des prix mondial est maintenant endogène et se
…xe de telle façon que les deux pays égalisent leurs balances commerciales.
CV
Q*’
C’
C*
C=Q
Q’
CB
Le graphique suivant compare les situations pour deux pays avant et après
ouverture. Avant l’ouverture, le pays N produit et consomme C = Q (au
point de tangence entre la courbe d’indi¤érence et la contrainte budgétaire)
tandis que le pays E produit et consomme C = Q . Après ouverture, le
pays N produit Q0 et consomme C 0 . Le pays E produit Q 0 et consomme
également C 0 en raison d’une hypothèse d’identité des préférences entre les
deux pays. Chacun des deux pays produit les biens dans lesquels il a un
avantage comparatif: le bien B pour le pays N et le bien V pour le pays
E. Il en résulte une élévation du bien-être des consommateurs (les courbes
d’indi¤érence se déplacent vers le haut). Les deux pays gagnent à ouvrir
leurs frontières.
0.7 LE MODÈLE À UN FACTEUR DE PRODUCTION lxi
Angleterre Portugal
1 unité de drap 1=aB = 100 1=aB = 90
1 unité de vin 1=aV = 120 1=aV = 80
logiciels
frontières
de production
EU
Inde
appareils
ménagers
22
Bhagwati (1958) "Immiserizing Growth : A Geometric note". Review of Economic
Studies 25, 201-205.
23
P. Samuelson (2004) “Where Ricardo and Mill Rebut and Con…rm Arguments of
Mainstream Economists Supporting Globalization,” Journal of Economic Perspectives,
Vol. 18 No. 3 Summer 2004, pp. 135-146
24
Pour plus de détails, voir Leamer (2006), Journal of Economic Literature.
lxviLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
logiciels
QUS
CUS
CI
appareils
QI ménagers
logiciels
QUS
CUS
CI
appareils
QI ménagers
Biens « propres »
frontières
de production
Nord
Sud
Biens
« polluants »
biens
« polluants »
QSud
Les deux pays continuent de consommer les deux biens, mais le Nord
délocalise sa pollution au Sud. Le Nord gagnent au commerce. Ses citoyens
béné…cient d’un pouvoir d’achat supérieur et d’un environnement moins pol-
lué. Le Sud peut perdre aux échanges si la pollution est su¢ samment nocive
pour ses habitants et dépasse les gains à l’échange.
lxxLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
QB = aB LB
QV = aV LV
biens « propres »
frontières
de production
Nord
Sud
biens
« polluants »
aB
PV = (1 + )
aV
0.7 LE MODÈLE À UN FACTEUR DE PRODUCTION lxxi
max U (CB ; CV )
w
sc. CB + PV CV = Y = wL + CV
aV
A l’équilibre, le TMS est égal au rapport des prix qui est égal au taux
marginal de transformation:
UV0 aB
0
= PV = (1 + )
UB aV
biens « propres »
introduction d’une taxe
environnementale
avant l’ouverture
commerciale
biens
« polluants »
Sans cette taxe, les prix relatifs des deux économies seraient identiques
et il n’y aurait pas de commerce entre les deux pays. La taxe conduit au
transfert de la pollution dans l’autre économie.
lxxiiLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
biens « propres »
Les effets de
l’ouverture
commerciale
biens
« polluants »
0.8.1 Le cadre
Le prix des facteurs est w (le salaire) pour L (le travail). La production des
deux biens est représentée à l’aide des fonctions de production suivantes (à
comparer avec la technologie à rendements constants Qz = az Lz , z = B; V ):
QB = F (LB )
QV = G(LV )
Les deux fonctions de production sont di¤érentes pour les deux biens (F
et G). La productivité marginale du facteur travail décroît dans les deux
secteurs à mesure que la quantité utilisée augmente:
0.8 LE COMMERCE AVEC RENDEMENTS DÉCROISSANTSlxxv
@2F
(L) < 0
@L2
@2G
(L) < 0
@L2
La contrainte de ressources est toujours LB + LV = L.
0.8.2 L’optimum
Nous supposons également que la concurrence pure et parfaite prévaut. Nous
pouvons donc directementc écrire le problème sous la forme de la sélection
d’un optimum de Pareto (théorème du Bien-Etre). En autarcie nous avons:
max U (CB ; CV )
8
>
> C = F (LB )
>
< B
sc. CV = G(LV )
>
>
>
:L +L =L
B V
G0L UB0
= 0 (3)
FL0 UV
Cette égalité peut se réécrire de la façon suivante:
Déplacer une unité de travail d’un secteur vers le second (par exemple du
secteur B vers le secteur V ) doit égaliser le coût marginal en terme d’utilité
de la perte de production de biens B (côté gauche de l’équation) et le gain
marginal en terme d’utilité (côté droit) lié à l’accroissement de la production
du bien V . Dans le cas inverse, le transfert de main d’oeuvre d’un secteur à
l’autre augmenterait l’utilité du consommateur.
lxxviLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
max U (CB ; CV )
sc. PB CB + PV CV = wL
G0L UB0 PB
0
= 0
= (6)
FL UV PV
Cette dernière relation va nous permettre de représenter graphiquement
l’équilibre/optimum de l’économie à travers la construction de la frontière
des possibilités de production.
0.8 LE COMMERCE AVEC RENDEMENTS DÉCROISSANTSlxxvii
max F (LB )
8
< G(L ) = Q
V V
sc.
:L +L =L
B V
CV
CB
A
dQB FL0
= (7)
dQV LB +LV =L G0L
CV
A E
C
pente locale au
point C = F’/G’
E CB
A
CV
A E
pente locale au
point C
C
E CB
A
Nous voyons que la pente locale s’accroît au fur et à mesure que le secteur
B capte l’intégralité du facteur de production. Cela représente un coût crois-
sant en production perdue pour le bien V en ordonné.
CV
A E U
U
E CB
A
L’équilibre autarcique
CV
E U’
-PB/PV
C’
Imp
U’
C
Q
CB
E
Exp
CV
Q*
FPP de E
C = C*
FPP de N
Q
CB
L’économie mondiale
Nous voyons que les deux pays pro…tent du commerce puisque la nou-
velle courbe d’indi¤érence (identique pour les deux économies) est plus élevée
qu’en double autarcie:
0.8 LE COMMERCE AVEC RENDEMENTS DÉCROISSANTSlxxxiii
CV
C*=Q*
C=Q
CB
0.9.1 Le cadre
Il existe dorénavant deux facteurs de production : L et K. Le prix des
facteurs est w pour L et r pour K. Les deux biens sont maintenant produits
par des fonctions de production incluant les deux facteurs: QB = F (KB ; LB )
et QV = G(KV ; LV ). Les deux fonctions de production sont di¤érentes pour
les deux biens. Les fonctions de production sont dites "néo-classiques": la
productivité marginale d’un facteur décroît à mesure que la quantité utilisée
augmente:
@2F @2F
(K; L) < 0 et (K; L) < 0
@K 2 @L2
@2G @2G
(K; L) < 0 et (K; L) < 0
@K 2 @L2
Il existe maintenant deux contraintes de ressources pour chaque facteur:
8
<K +K =K
B V
: L +L =L
B V
max U (CB ; CV )
8
>
> CB = F (KB ; LB )
>
>
>
>
< C = G(K ; L )
V V V
sc.
>
> KB + K V = K
>
>
>
>
: L +L =L
B V
Déplacer une unité de travail d’un secteur vers le second (par exemple du
secteur B vers le secteur V ) doit égaliser le coût marginal en terme d’utilité
de la perte de production de biens B (côté gauche de l’équation) et le gain
marginal en terme d’utilité (côté droit) lié à l’accroissement de la production
du bien V . Dans le cas inverse, le transfert de main d’oeuvre d’un secteur
à l’autre augmenterait l’utilité du consommateur. Le raisonnement est iden-
tique avec le facteur capital.
L’égalité (2) fait le pont entre les conditions d’un optimum de Pareto et
l’équilibre concurrentiel. Le consommateur doit égaliser son taux marginal de
substitution et la pente de sa contrainte budgétaire tandis que les entreprises
maximisent leurs pro…ts en égalisant le rapport des prix et leur taux marginal
de transformation.
La solution des programmes de maximisation des pro…ts des entreprises
lxxxviLA THÉORIE CLASSIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
d’où:
FL0 = G0L = w
FK0 = G0K = r
max F (KB ; LB )
8
>
> G(KV ; LV ) = QV
>
<
sc. KB + KV = K
>
>
>
: L +L =L
B V
G0K G0L
=
FK0 FL0
0.9 LE MODÈLE À DEUX FACTEURS DE PRODUCTIONlxxxvii
dQV UB0 PB
= =
dQB UV0 PV
Le premier rapport s’interprète comme la pente locale de la frontière des
possibilités de production dans le plan (QB ; QV ). La frontière est dessinée
dans le graphique suivant et relie les points AA. La consommation d’autarcie
doit être telle que le taux marginal de substitution est égal à la pente locale
de la frontière, elle-même égale au rapport des prix (pente de la droite EE).
Il s’ensuit que la courbe d’indi¤érence U U est tangente à la frontières des
possibilités de production.
CV
A E U
U
E CB
A
L’équilibre autarcique
CV
E’ U’
A
Q
U’
CB
E’
A
CV
CB
CV
CB
0.10 Conclusion
Nous avons vu un premier type de gain tiré du commerce dans le cas avec
productions …xes. Parce que les pays ne produisent qu’une gamme réduite
de biens et que les consommateurs souhaitent une consommation diversi…ée,
l’échange permet de mieux faire concorder l’o¤re avec la demande des con-
sommateurs. Ce résultat est établi en concurrence parfaite. Nous verrons
dans un chapitre ultérieur sur la concurrence imparfaite comment ra¢ ner
cette argument.
Ce gain issu du commerce n’est pas le seul. Même quand l’économie
peut a priori produire une combinaison libre des deux biens en déplaçant des
ressources d’un secteur à un autre, il est dans son avantage d’échanger avec
l’extérieur en se spécialisant dans un seul des deux biens. Nous aboutissons à
un cas extrême de déconnexion entre la production et la consommation per-
mise par le commerce extérieur. Cet argument de spécialisation productive a
été élaboré le premier par Ricardo. Nous verrons dans un chapitre ultérieur
comment étendre cet argument à un grand nombre de biens et en modélisant
mieux l’économie étrangère.
Ce résultat de spécialisation n’est pas remis en cause avec un nombre
plus important de facteurs de production même si le résultat de monospé-
cialisation n’est plus vrai. Au-delà de l’introduction d’un second facteur
de production, l’hypothèse clé de la dernière section de ce chapitre est la
décroissance de la productivité marginale dans chacun des deux facteurs. Ce
résultat freine considérablement l’avantage de la monospécialisation car la
décroissance de la productivité marginale rend de plus en plus ine¢ cace le
transfert de facteurs dans un seul des deux secteurs de l’économie. Cette
ine¢ cacité croissante de la spécialisation se retrouve graphiquement dans la
concavité de la frontière de production. Au fur et à mesure que la production
d’un bien est abandonnée, il faut une réduction toujours plus grande pour
obtenir une quantité donnée de l’autre bien. Même s’il n’est plus optimal
de se spécialiser complètement, le commerce avec l’extérieur reste clairement
une source de gain pour le consommateur.
0.10 CONCLUSION xci
Nous développons dans la suite les arguments qui viennent d’être esquis-
sés. Le point important est de mieux comprendre la logique de l’échange entre
deux pays. Nous allons pour cela modéliser aussi bien l’économie domestique
que l’économie étrangère.
Le modèle ricardien en
équilibre général
Nous dévelopons et détaillons dans les chapitres qui suivent les idées qui ont
été avancées dans la partie précédente. Nous généralisons le modèle ricardien
fondé sur l’avantage technologique en supposant que deux pays produisent un
grand nombre de biens plutôt que deux. Cela nous permettra d’aboutir à de
nouvelles conclusions concernant la nature des gains de l’échange (chapitre
3). Nous présenterons ensuite le modèle HOS qui fonde le commerce sur
un tout autre argument. Nous pourrons alors mieux comprendre les e¤ets
redistributifs du commerce entre les di¤érentes catégories de la société : les
travailleurs et les capitalistes, et parmi les travailleurs ceux qui sont quali…és
et ceux qui ne le sont pas.
David Ricardo expose la théorie des avantages comparatifs en 1817 dans
les Principes de l’économie politique et de l’impôt. Auparavant, Adam Smith
avait montré l’avantage de la spécialisation internationale dans La Richesse
des nations en se fondant sur l’avantage absolu. Smith note également que
les béné…ces de la division du travail augmentent avec la taille du marché.
L’argument de Ricardo en termes d’avantages comparatifs est plus puissant
puisqu’il implique que tous les pays devraient trouver avantage à commercer
quel que soit leur niveau de développement. Nous analysons dans ce qui suit
un modèle plus complet que celui de Ricardo bien que dans la même lignée.
L’analyse se place en équilibre général. Nous considérons deux grands
pays (ou deux grandes zones, par exemple l’Europe et l’Asie de l’Est) et un
continuum de biens. Ce modèle a été la première fois étudié par Dornbusch,
xciii
xciv LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
0.11 Le cadre
Soit deux pays produisant un continuum de biens indexés sur un interval
[0; 1]. A chaque bien indexé z 2 [0; 1] est associé un coe¢ cient technique
a(z) pour Nation et a (z) pour Etranger (ou "reste du monde"). Une unité
de travail produit a(z) unités de bien z chez Nation et a (z) chez Etranger:
Q(z) = a(z)L(z)
et concurrence parfaite (pro…t nul), le prix du bien est égal à son coût. Le
coût d’une unité de travail est noté w chez Nation et w chez Etranger. Les
prix p(z) sont concurrentiels et …xés de telle manière à annuler les pro…ts:
p(z)Q(z) wL(z) = 0
w
p(z) =
a(z)
Nation produit et vend les biens dans les deux pays à chaque fois que son
prix (son coût) est inférieur à celui d’Etranger:
w w
<
a(z) a (z)
a(z) w a(z 0 )
> >
a (z) w a (z 0 )
Il reste à déterminer la frontière de spécialisation c’est à dire la répartition
géographique de la production des biens et le salaire dans les deux pays.
a(z) w a(z 0 )
> >
a (z) w a (z 0 )
Par commodité, les biens sont indexés du plus grand avantage au plus
petit avantage pour Nation. En d’autres termes, pour z < z 0 :
a(z) a(z 0 )
> .
a (z) a (z 0 )
xcvi LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
a(z)
A(z) =
a (z)
qui est décroissante sur [0; 1] par construction. Plus A(z) est élevé, plus
la production chez N est e¢ cace comparé aux conditions chez E. En notant
! = w=w le rapport salarial entre les deux pays, cela revient à dire que
Nation produit z et Etranger z 0 si:
Soit ze (fonction de !) le bien pivot tel que les deux pays produisent à
coût identique:
A(e
z) = !
! = A(e
z) (fonction d’o¤re)
omega
La courbe d’offre
omega
Comme A(z) est décroissant, nous avons le résultat intuitif que plus le
coût du travail augmente chez Nation comparé à Etranger, et plus le pays se
spécialisera dans un nombre de biens restreint.
Im = Ex ) (1 z)wL = zw L
z L
! = B(z) = (fonction de demande)
1 z L
30
L’hypothèse de demande uniforme sur tous les biens peut paraître un peu forte.
L’annexe montre comment écrire le modèle avec une demande variable.
xcviii LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
B(z) est croissant en z. Plus un pays produit (et donc exporte) un nombre
de biens important et plus sa balance commerciale à salaires donnés sera ex-
cédentaire. La hausse salariale relance les importations et rétablit l’équilibre
commercial. C’est ce qu’exprime le graphique suivant:
omega
B(z)
Balance commerciale
déficitaire
Balance commerciale
excédentaire
z
! = A(z) = B(z)
ou graphiquement:
0.11 LE CADRE xcix
omega
B(z)
omega bar
A(z)
z
z
1= 1=
T 1 z
A(z) =
T z
T (T ) représente l’avantage absolu du pays N (E). Le paramètre
re‡ète l’avantage comparatif et gouverne la sensibilité de la demande au
coût. De A(z) = ! on tire:
T!
z= (9)
T! + T
Le seuil z dépend de la taille des pays (équation (10)) et du niveau tech-
nologique (équation (9)). La fonction de demande B(z) peut se réécrire :
!
z= (10)
! + LL
31
Cette forme possède certains fondements microéconomiques, cf. Eaton, Jonathan and
Samuel Kortum (2002) “Technology, Geography, and Trade”Econometrica, 70, pp. 1741-
1780.
c LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
0.12 Applications
0.12.1 Les e¤ets du progrès technique
Rappelons que la productivité relative est donnée par
a(z)
A(z) =
a (z)
Plus A(z) est élevé, et plus la production chez N est e¢ cace. Supposons
qu’Etranger connaisse un progrès technique uniforme sur toute la gamme des
biens. Cela signi…e que pour tout bien z, A(z) baisse, soit une translation
vers le bas de la courbe d’o¤re:
omega
B(z)
omega bar
A(z)
z
z
pb(z) pb (z 0 ) = ! a (z 0 )
b +b
Comme le prix relatif des biens étrangers par rapport aux biens domes-
b>b
tique diminue, on a bien ! a (z 0 ). Le progrès technique chez E pro…te donc
également aux habitants de N via une baisse des prix des biens importés.
cii LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
omega
B(z)
omega
B(z)
A(z)
Les e¤ets sur la spécialisation mondiale de l’entrée d’un grang pays dans le
commerce international
D = Im Ex > 0
D = Im Ex
= (1 z)(wL + D) z(w L D)
Après élimination de D:
z L
!=
1 z L
Le déséquilibre ne modi…e pas la fonction d’o¤re à salaires relatifs donnés.
La répartition géographique de la production mondiale dépend des avantages
comparatifs des deux pays et non pas de quel pays dépense le plus. Cela vient
du fait que le revenu transféré est consommé de la même façon par les deux
pays.
Cette dernière hypothèse est évidemment discutable, ne serait-ce qu’en
raison des préférences observées pour les produits locaux (produits culturels,
alimentaires, etc.). Nous pouvons introduire simplement une préférence pour
les biens domestiques en supposant que seule la fraction de la production
peut être échangée. La fraction 1 est constituée de biens non échange-
ables (services de proximité, administrations publiques, etc.). La condition
32
Robert Dekle, Jonathan Eaton & Samuel Kortum "Unbalanced Trade" NBER 13035.
cvi LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
D = (1 z)(wL + D) z(w L D)
ou:
z L (1 )D
!= +
1 z L (1 z)w L
Un dé…cit commercial conduit à un déplacement de la production sur
le sol domestique puisque les consommateurs préfèrent les produits locaux.
B(z) se déplace vers la gauche (à spécialisation inchangée, il est nécessaire
que le salaire relatif de N augmente a…n de rétablir un niveau donné de dé…cit
commercial). A l’équilibre, le salaire augmente chez N et z diminue. L’emploi
se déplace vers le secteur des biens non échangeables (BNE). Les travailleurs
restants dans le secteur des biens échangeables (BE) se spécialisent dans les
activités les plus productives, d’où l’accroissement du salaire.
La part du PIB qui provient du secteur des BE est:
z(wL + w L ) L
= z(1 + )
wL !L
Cette part dépend négativement de ! qui est une fonction croissante de
D. Par rapport au cas D = 0, la part est donc plus faible. Le dé…cit évince
le secteur des BE.
Vendre une unité de biens à l’étranger nécessite par conséquent 1=g unité
produite domestiquement. Ce coe¢ cient augmente le coût unitaire d’autant
pour les biens exportés.
Les importations de N : E exporte les biens pour lesquels son coût
unitaire augmenté des coûts de transport est plus faible que le coût unitaire
domestique:
w 1 w
<
a (z) g a(z)
soit encore:
A(z)=g < ! (11)
a (z 0 ) 1 w
>
a(z 0 ) g w
soit:
A(z)g > ! (12)
omega A(z)/g
Les courbes d’offre
avec coûts de transport
A(z).g
salaire
relatif
non
exports échangés imports
z
z1 z2
w w
(1 + t) <
a (z) a(z)
La dernière relation devient:
inchangés par symétrie. Le bien-être des deux pays diminue car certaines
production locales seraient avantageusement transférées à l’étranger. Si les
deux pays ont des tailles di¤érentes, les DD augmentent le salaire du pays qui
produit les biens dont la demande mondiale est la plus importante soit le pays
le plus grand si la demande est uniforme. Le recul de la demande étrangère
est en e¤et moins prononcé dans le grand pays. Une guerre commerciale
entre le Mexique et les Etats-Unis a ainsi peu de chances de se produire en
raison des e¤ets dissymétrique entre les deux pays.
Les modèles standards d’échange prédisent que l’immigration aura les mêmes
e¤ets que le commerce sur les salaires des travailleurs non quali…és des pays
développés. Supposons un ‡ux migratoire du pays E vers le pays N (supposé
disposer du salaire le plus élevé, soit ! > 1). Le transfert de main d’oeuvre
doit s’accompagner d’un transfert de production a…n de préserver le plein-
emploi dans les deux pays. La spécialisation de N doit donc s’étendre. Une
baisse du salaire réalise une telle réallocation.
L’analyse est similaire à celle de l’entrée d’une grande économie dans le
commerce mondial. Une balance commerciale équilibrée implique:
Im = Ex ) (1 z)w(L + ) = zw (L )
soit encore:
z L
!=
1 z L+
omega B(z)
salaire
relatif
A(z)
1. les ‡ux migratoires n’ont pas d’impact discernable sur l’économie des
35
George J. Borjas, Richard B. Freeman, Lawrence F. Katz (1997) "How Much Do
Immigration and Trade A¤ect Labor Market Outcomes?" Brooking Papers on Economic
Activity n 1 p1-90.
0.12 APPLICATIONS cxiii
2. les immigrés s’orientent vers les villes les plus dynamiques en termes
d’emplois (les immigrés tendent aussi à se concentrer dans les mêmes
villes). Les salaires sont plus élevés à Los Angeles qu’à Detroit, et peu
de nouveaux arrivants s’installent à Detroit.
0.12.8 O¤shoring
Le phénomène d’o¤shoring (dé…ni dans la partie introductive) est-il quali-
tativement di¤érent de celui d’immigration? Nous allons voir que les deux
phénomènes ne sont pas assimilables et conduisent à des conclusions opposées
sur les salaires.
Nation peut désormais diviser le processus de production en deux étapes.
Une des étapes fait intervenir la main d’oeuvre du pays E en proportion 1
(supposée exogène) de la production. La seconde implique les travailleurs
nationaux pour la proportion . L’entreprise béné…cie alors partiellement du
niveau de salaire qui prévaut chez E. La productivité reste toutefois di¤érente
par rapport au cas où la production du bien z serait entièrement prise en
charge par Etranger. Elle est de a (z) au lieu de a (z) avec > 0.
Une entreprise chez N produisant le bien z décide d’externaliser une partie
de sa production si cela réduit son coût:
w w w
+ (1 ) <
a(z) a (z) a(z)
soit si:
w w w
+ (1 ) <
a(z) a (z) a (z)
Soit encore :
ce qui est possible si > 1 ou encore > 1. Le cas contraire (les tra-
vailleurs indiens travaillant dans des …lliales américaines sont moins produc-
tifs que leurs homologues travaillant dans des entreprises locales) est évidem-
ment moins plausible et conduirait à rendre l’o¤shoring non rentable pour
les entreprises chez N.
Nous supposons que E n’a pas accès à une technologie similaire et ne
peut externaliser une partie des tâches chez N. Nation dispose d’un avantage
comparatif sur Etranger dans la production du bien z et Etranger sur Nation
dans le bien z 0 si:
production
non production
externalisée externalisée imports
z
z
cxvi LE MODÈLE RICARDIEN EN ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
z L
B(z) = =!
1 z L
production
non production
externalisée externalisée imports
z
z
production
non production
externalisée externalisée imports
z
z
A(z)/µ
θ A(z) θ 'A(z)
B(z)
A(z)/µ '
imports
z
z
Nous avons toutefois vu dans une section précédente que dans un modèle
ricardien à deux biens, l’o¤shoring pouvait conduire non pas à une améliora-
tion des termes d’échange mais à leur dégradation. Les économistes débattent
vivement pour savoir lequel de ces deux e¤ets dominent.
0.13 CONCLUSION cxix
0.13 Conclusion
Le modèle de Dornbusch, Fisher et Samuelson (1977) montre comment se
déterminent la spécialisation internationale et les salaires relatifs de deux
pays qui commercent. Au-delà de l’idée d’avantages comparatifs (courbe
d’o¤re), l’idée générale est qu’un pays ne peut gagner des parts de marché
sans accroître à long-terme ses salaires (courbe de demande). La combinaison
salaires faibles - productivité importante génère en e¤et des surplus commer-
ciaux qui devront se réduire un jour par une hausse des salaires. Cette hausse
réduit la taille de l’avantage comparatif (courbe d’o¤re) et donne un pouvoir
d’achat supplémentaire aux travailleurs permettant d’accroître la demande
intérieure et donc les importations (courbe de demande).
Notons que le mécanisme de réduction des dé…cits commerciaux décrit
dans le modèle ricardien (via la courbe de demande) di¤ère du mécanisme
habituellement retenu de variation du taux de change. Ici, le modèle est pure-
ment réel et …xe uniquement les prix relatifs. L’introduction de deux unités
monétaires di¤érentes dans chacun des pays donnerait un second moyen de
rééquilibrage à court-terme via une dévaluation de la monnaie dans le pays
qui subit des dé…cits. Toutefois, ce mécanisme suppose la présence de rigid-
ités nominales et un écart à la parité de pouvoir d’achat qui sont moins
pertinents sur un plus long horizon. Le rééquilibrage par les salaires relatifs
(courbe de demande) est un mécanisme de long-terme additionnel.
b(z)(wL + w L )
Le revenu total de Nation est égal à ses ventes entre 0 et ze:
Z ze
b(z)(wL + w L )dz
0
Sa consommation totale est quant à elle égale à:
Z 1
b(z)wLdz
0
L’équilibre de la balance commerciale nécessite que Nation consomme la
valeur de ce qu’elle produit:
Z 1 Z ze
b(z)wLdz = b(z)(wL + w L )dz
0 0
Z 1 Z ze
L
) b(z)!dz = b(z)(! + )dz
0 0 L
R ze
b(z)dz L
) ! = R01
b(z)dz L ze
Ainsi, comme pour la fonction d’o¤re, nous pouvons formuler une "fonc-
tion de demande" qui relie chaque spécialisation ze un ratio de salaire !:
L
! = B(e
z ) = v(e
z) (fonction de demande)
L
avec R ze
b(z)dz
z ) = R01
v(e
ze
b(z)dz
La fonction de demande peut également découler de l’équilibre commer-
cial directement. L’équilibre de la balance commerciale nécessite que la pro-
duction exportée par E vers N (terme de gauche) soit égal à la production
exportée de N vers E (terme de droite):
0.14 ANNEXE : L’ÉQUILIBRE COMMERCIAL cxxi
Z 1 Z ze
b(z)dz wL = b(z)dz w L
ze 0
Le modèle HOS
Dans ce modèle élaboré par Eli Heckscher, Bertil Ohlin (Nobel 1977) et
Paul Samuelson (Nobel 1970), la motivations de l’échange réside dans les
di¤érences de dotations factorielles entre les pays. Certains pays disposent
de plus de capital que d’autres, ou de plus de main d’oeuvre quali…ée, ce
qui va induire assez naturellement une spécialisation des échanges interna-
tionaux. Les pays dotés en capital vont par exemple exporter des biens dont
la production nécessite des machines. Les pays dont la main d’oeuvre est
peu quali…ée vont se concentrer sur les segments de production intensifs en
travail.
Deux hypothèses sont importantes : la concurrence parfaite sur les marchés
des biens et des facteurs, et la liberté de mouvement des facteurs d’un secteur
à l’autre à l’intérieur d’un pays. En revanche, les facteurs sont supposés im-
mobiles internationalement. Il existe également des hypothèses dans le mod-
èle de base qui ne sont que des simpli…cations : technologies identiques entre
les pays, préférences identiques des consommateurs quel que soit le pays. Ces
hypothèses pourraient être relâchées sans modi…er la teneur du modèle.
Pourquoi un pays bien doté dans un facteur tend-il à exporter les biens
dont la production est intensive dans ce facteur ? L’histoire est assez simple.
Prenons l’exemple du travail non quali…é. Si le pays national est relativement
bien doté en travail non quali…é, ce dernier y est relativement bon marché
dans l’économie au sens où l’équilibre sur le marché du travail va aboutir à un
niveau de salaire relativement faible par rapport à son équivalent étranger.
Le pays national a donc un avantage comparatif dans la production du bien
intensif en travail non quali…é puisque le secteur qui emploie intensivement ce
cxxiii
cxxiv LE MODÈLE HOS
facteur va béné…cier des salaires faibles. Les prix des biens produits dans ce
seteur seront en conséquence également faibles, comparé au prix des mêmes
biens produits à l’étranger. Cet avantage de prix se re‡ètera dans la structure
des exportations qui se concentreront dans les biens utilisant intensivement
le travail non quali…é.
L’hypothèse de technologie identique est importante ici. Dans la réal-
ité, les quali…és chinois sont évidemment moins rémunérés que les quali…és
français, malgré le fait que la proportion de quali…és en Chine est plus faible
qu’en France. Un modèle plus complet devrait intégrer des di¤érences tech-
nologiques pour rendre compte de ce fait, sans détruire l’argument de com-
merce du modèle HOS.
Le fait remarquable de cette analyse est qu’elle modélise comme chez
Ricardo un avantage relatif plutôt qu’absolu. Si par exemple un pays dispose
d’un ratio capital/travail élevé, c’est nécessairement en comparaison de ce
même ratio observé à l’étranger. Ce qui signi…e mécaniquement que l’étranger
béné…cie d’un ratio travail/capital élevé par rapport au pays national. En
d’autres termes, relever un avantage dans la dotation factoriel d’un pays A
vis à vis d’un pays B revient à identi…er un avantage factoriel inverse au pays
B par rapport au pays A.
0.15 Le cadre
Nous reprenons le cadre développé dans le chapitre sur la théorie classique
du commerce international et le modèle à deux facteurs de production. Nous
rappelons les notations. Il existe deux pays : N (nation) et E (étranger),
deux biens : B (ou "blé") et V (ou "voitures"). Nous normalisons à 1 le
prix du bien V dans les deux économies (PV = PV = 1). Le prix du second
bien B est noté p (p dans le pays Etranger). Les économies disposent de
deux facteurs de production : L (travail, L ) et K (capital, K ). Le prix des
facteurs est noté w (w ) pour L (L ) et r (r ) pour K (K ). Les ressources
en facteurs sont données en quantités …xes dans chaque pays:
0.15 LE CADRE cxxv
8 8
<K +K =K <K +K =K
B V B V
N: E:
: L +L =L : L +L =L
B V B V
K K
> (13)
L L
Il n’existe pas de di¤érences technologiques, ce qui distingue l’analyse de
celle de Ricardo. Les deux fonctions de production sont identiques dans les
deux pays même si elles di¤érent d’un bien à l’autre. Les productivités mar-
ginales des fonctions de production sont décroissantes. Plus séci…quement,
nous adoptons la formulation Cobb Douglas:
QB = LB kB QB = LB (kB )
QV = LV kV QV = LV (kV )
Nous supposons dans la suite que le secteur du blé nécessite plus de main
d’oeuvre que le secteur des voitures, ce qui revient à supposer comme nous
allons le voir que:
<
cxxvi LE MODÈLE HOS
pCB = bY (16)
CV = (1 b)Y
Les entreprises prennent les prix des facteurs comme donnés et choisissent
l’intensité factorielle qui maximise leur pro…t:
FL0 G0L w
0
= 0
=
FK GK r
0.16 LA DOUBLE AUTARCIE cxxvii
w
kB = (17)
1 r
w
kV =
1 r
Chez E:
w
kB =
1 r
w
kV =
1 r
Logiquement, plus le coût du travail est élevé par rapport au coût du cap-
ital, plus les entreprises vont installer un stock de capital important par tra-
vailleur. De plus, en raison de < , on observe pour tout ratio salaire/taux
d’intérêt:
k B < kV
k B < kV
w (1 b)(1 ) + b(1 )
= k
r (1 b) + b
Nous obtenons une relation linéaire entre le stock de capital par travailleur
de l’économie et le ratio des prix des facteurs. Le stock de facteurs étant
donné pour l’économie dans son ensemble, le sens de la causalité va du capital
par travailleur vers le ratio des prix. Par exemple, un stock de capital élevé va
cxxviii LE MODÈLE HOS
w/r
w/r
(w/r)*
K/L
k* k
w 1
= kB (relation BB)
r
w 1
= kV (relation V V )
r
avec kB < kV . On voit immédiatement qu’en raison de b 2 [0; 1], on a:
1 (1 b)(1 ) + b(1 ) 1
(1 b) + b
0.16 LA DOUBLE AUTARCIE cxxix
Cela signi…e que la pente reliant le stock agrégé k au ratio des prix est
une moyenne pondérée des pentes reliant les stocks sectoriels kB et kV . D’où
graphiquement:
w/r
BB
VV
w/r
K/L
kB k kV
w/r
BB
VV
w/r
(w/r)*
K/L
k*B k* k*V
Il reste à comprendre comment est déterminé le prix relatif des deux biens.
Comme nous l’avons suggéré en introduction, le prix d’un bien est d’autant
plus faible que le secteur qui le produit utilise intensivement un facteur en
quantité abondante dans l’économie. C’est ce que nous montrons ici.
(1 ) kV (1 ) w w
p= =
(1 ) kB (1 ) 1 r 1 r
d’où:
w
= Ap1=( )
r
avec A une constante positive qui dépend des paramètres du modèle. Comme
> 0, le coût relatif du travail est croissant avec le prix. En d’autres ter-
mes, plus le prix du bien B, bien intensif en travail, est élevé, plus l’économie
va produire ce bien, ce qui élève la demande de travail par rapport à la de-
mande de capital. Mais la relation peut également s’interpréter dans l’autre
sens. Plus le salaire est faible est relativement au taux d’intérêt, plus le
secteur qui utilise intensivement le facteur travail est avantagé, et plus son
prix relatif par rapport au prix de l’autre secteur sera faible. Graphiquement
nous obtenons la relation suivante:
0.16 LA DOUBLE AUTARCIE cxxxi
w/r
w/r
(w/r)*
p
p* p
w/r
(w/r)*
p p* k* k
BB
VV
w/r
(w/r)’
p P p* k’B kB k’V kV
Ce théoème est devenu célèbre pour ses conclusions quant au lien entre
commerce international et inégalités. Il montre clairement que l’ouverture
n’est pas béné…que à toutes les sous-parties de la population puisque les dé-
tenteurs d’un facteur présent en quantité plus abondante à l’étranger perdent
à l’ouverture commerciale.
0.18 LES EFFETS DE LA CROISSANCE cxxxv
De plus, si les prix s’égalisent complètement chez N et chez E, les prix re-
latifs des facteurs de production vont également s’égaliser puisque nous avons
supposé que les deux pays partageaient les mêmes fonctions de production
(pas de di¤érences technologiques à la Ricardo ici). Quand les échanges …nis-
sent par égaliser les rémunérations, les prix des biens sont identiques et les
‡ux commerciaux cessent.
Cela ne veut pas dire que les salaires des non quali…és européens vont
nécessairement converger vers les salaires chinois. Le modèle HOS ne prend
pas en compte les écarts technologiques qui expliquent empiriquement un
grande partie des inégalités de salaire entre l’Europe et la Chine.
CV
A’
CB
A’
Le modèle HOS prédit que les gains à l’échange sont plus importants si
le commerce se réalise soit entre des pays très di¤érents dans leurs dotations,
soit qui di¤èrent en taille. Dans le premier cas, les mouvements de prix relat-
ifs à la suite de l’ouverture commerciale seront importants, ce qui conditionne
la taille des gains à l’échange. Prenons d’abord l’exemple graphique de deux
pays similaires (en dotation factorielle et/ou en taille) qui décident de former
une zone de libre-échange:
CV
E’ U’
A
Q
U’
CB
E’
A
CV
U’
A
U’
CB
A
0.19 DE QUOI DÉPENDENT LES BÉNÉFICES DE L’ÉCHANGE ?cxxxix
CV E’
U’
A
C
Q
U’
CB
E’
A
Outsourcing will create winners and losers, and the pain of dislo-
cation will be real for workers and their families. Taken together,
however, these conclusions suggest that o¤shore outsourcing is
likely to be bene…cial for the United States as a whole. This
presents a challenge of how to best assist people a¤ected by o¤-
shore outsourcing without retreating from international engage-
ment and thereby giving up the economic gains that trade in
services makes possible. As is the case with more familiar forms
of trade, in the long run, outsourcing is likely to be a good thing
for the U.S. economy.
Comme les autres pays développés, l’Union européenne dispose d’une pro-
portion élevée de travailleurs quali…és dans sa population active comparative-
ment au reste du monde. Ceci suggère que l’Europe devrait cibler les tra-
vailleurs non quali…és dans sa politique migratoire. La théorie économique
suggère en e¤et que les pays gagnent le plus en important les facteurs de
production qui sont relativement rares sur le sol national.
ennes plus une variable égale à un si les Etats appartiennent au même pays.
Il trouve que les échanges entre les Etats/provinces d’un même pays sont plus
de vingt fois supérieur aux échanges entre Etat/province de pays di¤érents
après avoir contrôlé pour la distance et la taille. Pour tant ces deux pays
sont trés proches en termes de géographie, de niveau de développement, de
système réglementaire et de culture. De même, à la …n des années 90, chaque
pays de l’UE commerçaient environ 15 fois plus à l’intérieur de ses frontières
qu’avec les autres pays de l’UE.
Dans l’ensemble, ces résultats sont di¢ cilement rationalisables dans le
cadre du modèle d’échange fondé sur les avantages comparatifs.
0.23 Conclusion
Nous avons vu que chaque pays se spécialise dans le secteur qui utilise in-
tensivement le facteur abondant. Ce résultat on le rappelle vaut dans un
cadre sans écart technologique. Des écarts technologiques ne changeraient
pas les résultats du modèle HOS. Les pays continueraient à exporter les bi-
ens intensifs en facteurs présents en abondance dans l’économie mais des
considérations d’avantage technologique s’y ajouteraient.
D’autre part, nous avons supposé l’absence de mobilité internationale des
facteurs. Le résultat remarquable du modèle HOS est que le commerce in-
ternational conduit à l’égalisation des prix des facteurs alors même que ces
facteurs sont immobiles d’un pays à l’autre. En réalité, les facteurs de pro-
duction sont loin d’être immobiles. Il existe une immigration certes réglemen-
tée mais réelle39 . Les capitaux circulent aujourd’hui relativement librement
d’une zone économique à l’autre. Cette mobilité des facteurs vient renforcer
l’e¤et égalisant de la mobilité des biens et services sur les prix des facteurs.
Va-t-on pour autant vers une uniformisation des salaires dans le monde
? Non en raison de di¤érences importantes de productivité des travailleurs
39
Pour prendre des exemples récents de quelques pays développés : en Italie, le nombre
o¢ ciel d’immigrés a doublé en cinq ans, dépassant le seuil des 3 millions …n 2005. En
Espagne, les étrangers sont passés de moins d’un million, en 2000, à 3,7 millions en 2005,
0.24 ANNEXE: LE PRIX DES FACTEURS DANS LE MODÈLE HOScxlv
pCB = bY
CV = (1 b)Y
pQB + QV = pCB + CV
QV CV
) p+ =p+
QB CB
QV CV 1 b
) = =p
QB CB b
QV LV k V LV p(1 )
= =
QB LB k B LB (1 )
d’où:
LV 1 b1
=
LB b 1
cxlvi LE MODÈLE HOS
LB kB + LV kV = kL = k(LB + LV )
nous obtenons:
LV kB k
=
LB k kV
soit:
kB k 1 b1
=
k kV b 1
Après réarrangement:
w (1 b)(1 ) + b(1 )
= k
r (1 b) + b
Nous obtenons le coût relatif des facteurs en fonction des dotations fac-
torielles de l’économie.
Economies d’échelle et
concurrence imparfaite
cxlvii
cxlviiiECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
f (l) < f ( l)
af ( l) = af (l)
mais l’ensemble du secteur à des rendements d’échelle croissants. Ce sera
le cas ici si le niveau de productivité exogène au niveau de la …rme dépend
0.25 LES RENDEMENTS CROISSANTS EXTERNES cxlix
a = a(Q)
Ces raisons ont été énoncées dès 1920 par Alfred Marshall, lequel s’intéressait
aux mécanisme d’agglomération des activités de production dans l’espace.
Dans tous les cas, la taille du marché in‡uence les performances de chaque
entreprise (productivité et/ou coûts de production).
Exemples: l’arrivée de l’entreprise coréennen Daewoo au Bangladesh pour
produire du textile dans les années 1970. Un secteur entier s’est développé
à partir de cet investissement. 115 des 130 travailleurs formés par Daewoo
fondent leur propre entreprise. Alors qu’en 1979 aucune entreprises expor-
tatrices de textile n’existent, en 1985, environ 700 entreprises exportent leur
production.
En France, en juillet 2005, la création de 67 pôles de compétitivité est
présentée comme un outil central de la politique industrielle (coordination
des e¤orts publics et privés autour d’une spécialisation technologique).
Quelles sont les implications de ces synergies locales sur la nature du
commerce ? Un modèle simple permet d’en relever un certain nombre.
clECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
w
p2 =
b
w
p2 =
b
avec w et w les salaires chez N et E.
Dans le secteur 1, les rendements d’échelle sont croissants mais externes
à la …rme. Au niveau de chaque entreprise, les conditions de production sont
donc données par Q1 = aL1 dans le pays N et Q1 = a L1 dans le pays E. En
concurence, les prix sont tels que :
w
p1 =
a
w
p1 =
a
Les rendements d’échelle externes sont représentés ici par la relation suiv-
ante valable au niveau du secteur dans son ensemble:
avec a0 (Q) > 0 quel que soit le pays. La productivité globale augmente avec
le niveau d’activité du secteur domestique. Notez que les technologies de pro-
duction sont les mêmes d’un pays à l’autre dans la mesure où la relation qui
40
Plus exactement, les deux pays ont accès au même ensemble technologique avant
échange. Une fois les échanges internationaux permis, un des deux pays va se spécialiser
dans une technologie plus e¢ cace. En ce sens, les technologies sont identiques ex ante
mais pas ex post.
0.25 LES RENDEMENTS CROISSANTS EXTERNES cli
Q1 > Q1 (autarcie)
Par conséquent, en autarcie, les salaires sont plus élevés dans le grand
pays (N) que dans le petit pays (E) car w = ap1 > w = a p1 .
w>w
p1 = p1
en raison de la mobilité des biens entre les pays. Si les salaires sont
inégaux, le pays N ne peut pas produire le bien 2 car:
p2 > p 2
w w
p1 = < p1 =
a a
0.25.3 Conclusion
Le résultat général est que les forces de marché tendent à localiser dans un
lieu unique l’activité à rendements croissants. C’est seulement quand le pays
qui accueille cette activité n’est pas assez grand pour satisfaire la totalité de
la demande mondiale que l’activité est dispersée géographiquement. Cette
concentration géographique répond à un critère d’e¢ cacité économique même
si on peut imaginer des situations dans lesquelles il aurait été plus e¢ cace
que l’activité se localise dans un pays di¤érent.
Les résultats du modèle o¤rent également une perspective intéressante
sur l’argument de Graham (1923). Ce dernier a¢ rme qu’en se spécialisant
dans un secteur à rendements croissants, les grand pays augmentent leur
productivité. Les autres pays se spécialisent dans les secteurs à rendements
constants, moins productifs. Leur productivité baisse et ces pays perdent
au commerce. C’est un argument important. Il suggère, contrairement aux
modèles traditionnels, que toutes les spécialisations ne se valent pas, ce qui
justi…e les politiques économiques qui favorise la spécialisation domestique
dans les “bons secteurs”.
Une analyse théorique plus complète permet néanmoins de nuancer cet
argument. Dans le second cas, l’égalisation des prix des facteurs suite à
l’ouverture permet de rationaliser la production. Il est en e¤et e¢ cace que la
production du bien béné…ciant de rendements d’échelle croissants se concen-
tre dans un seul des deux pays, en l’occurence le pays qui dispose initialement
de l’avantage de taille. Dans ce cas, les prix baissent dans les deux pays et le
bien-être s’améliore des deux côtés de la frontière. Dans le premier cas sans
égalisation des salaires, une partie des gains d’échelle vont être transférées
dans les salaires du grand pays, et donc ne pas pro…ter au reste du monde.
En accord avec l’analyse de Graham, les petits pays vont y perdre.
jXj Mj j
1
Xj + Mj
1
q(p) = Q b(p p) (18)
n
q est la production d’une entreprise qui o¤re une variété particulière, Q est
la production totale de la branche, n est le nombre d’entreprises appartenant
à la branche, p est le prix o¤ert par l’entreprise considéreée (ou le prix de la
variété) et p est le prix moyen pratiqué dans le secteur.
Si toutes les …rmes ont le même prix, la part de marché de chacune est
simplement Q=n. Si p > p, la demande adressée à la …rme est plus faible:
q < Q=n mais non nulle. Il existe donc une demande même pour les variétés
plus onéreuses.
Pour chaque producteur, le coût total est F + cq, le coût moyen F=q + c
et le pro…t:
= pq(p) (F + cq) = (pd (q) c)q F
avec pd (q) la fonction de demande inverse issue de (18):
p = p + b(1=n q=Q)
La condition de maximisation du pro…t implique:
0.26 LE COMMERCE INTRA-BRANCHE clvii
@pd
p+q c=0
@q
De (18), on tire @pd =@q = 1=bQ. La condition de pro…t maximum s’écrit
…nalement:
q = (p c)bQ
Si toutes les …rmes sont identiques, alors elles ont toutes le même niveau
de production q = Q=n et donc le prix s’établit au niveau suivant:
1
p=c+
bn
Notons que le prix optimal ne dépend pas du coût …xe. Une fois celui-ci
consenti, il n’y a qu’une seule manière de faire un pro…t maximum quelle
que soit la taille du coût …xe. Les …rmes font une marge sur coût variable
positive car le prix est supérieur au coût variable c. Cette marge leur permet
de …nancer le coût …xe F . Plus il y a d’entreprises sur le marché (plus n est
grand), plus la pression concurrentielle est forte, et plus la marge de chaque
entreprise est réduite.
1
F=q + c = p = c +
bn
Cette égalité dé…nit l’équilibre de long-terme qui peut être représenté
graphiquement comme l’intersection de la courbe de coût moyen et la condi-
tion d’optimalité:
clviiiECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
prix
profit nul
p = c+n(F/Q)
prix
équilibre
profit max
p = c+1/bn
n équilibre n
r
Q
n=
Fb
Plus le marché est grand (Q élevé), plus le nombre de …rmes est important
car une large demande permet de …nancer un plus grand nombre de coûts
…xes d’installation. Quel est le prix d’équilibre de long-terme sur un tel
marché ?
1 1
p=c+ =c+ q
bn bQ
F
Ainsi, plus le marché est de grande taille et plus le prix est bas. La baisse
des prix à la suite de l’augmentation de la taille du marché est permise par
l’augmentation des quantités vendues par chaque entreprise:
Q p
q= = QF b
n
ce qui leur permet d’amortir le coût …xe sur un plus grand nombre d’unités
vendues.
0.26 LE COMMERCE INTRA-BRANCHE clix
p, CM
c+n(F/Q)
c+n(F/2Q)
CM = F=q + c
clxECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
0.26.4 Conclusion
Du point de vue de la diversité de l’o¤re au niveau mondial, le nombre de
variété totale passe de 2n à n < 2n représentant une certaine uniformisa-
tion des modes de vie d’un pays à l’autre. Cette uniformisation peut poser
problème quand il s’agit de biens culturels comme l’alimentation ou la cul-
ture. L’exemple emblématique est celui du secteur du cinéma. L’industrie
cinématographique est aujourd’hui largement concentrée aux Etats-Unis à
Hollywood. Cette industrie pour être rentable nécessite des coûts …xes très
importants. Il est donc rationnel au niveau économique de concentrer locale-
ment cette activité a…n de répartir les coûts …xes sur un plus grand nombre
d’entrées. Ce mouvement conduit à une perte de diversité du cinéma au
niveau mondial. Au niveau national, le modèle prédit que les consomma-
teurs y gagnent que ce soit en terme de choix car n > n ou en terme de
prix. En revanche l’o¤re proprement domestique se réduit sous l’e¤et de la
mondialisation.
Dans ce nouveau marché intégré, les deux pays se spécialisent dans des
variétés di¤érentes du même bien générant un commerce intra-branche en
accord avec les données présentées plus haut. Les analyses empiriques mon-
trent que la part de commerce intra-branche augmente avec la taille des pays,
ce qui est également cohérent avec le modèle qui vient d’être développé.
Que se passe-t-il si plusieurs secteurs existent ? Prenons deux pays, deux
0.27 COMMERCE ET CONCURRENCE OLIGOPOLISTIQUEclxi
Ci = cQi ; i = 1; 2
La solution donne:
bQ2 c a
Q1 =
2b
Symétriquement pour l’entreprise 2 avec coût de transport:
ac+t
Q1 =
3b
a c 2t
Q2 =
3b
Graphiquement, l’équilibre se situe au croisement de deux fonctions linéaires:
Q1
firme 2
Q*1 firme 1
Q*2 Q2
Plus le coût de transport est élevé, plus la …rme nationale dispose d’une
part de marché élevée. Notons qu’au-delà d’un certain niveau de coût de
transport (t = (a c)=2), les importations sont nulles (Q2 = 0), ce que nous
excluons dans la suite.
Le prix d’équilibre sur le marché domestique est:
a + 2c + t
p=a bQ =
3
Logiquement, plus le coût de transport est élevé, plus le prix est lui-même
élevé.
clxivECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
2a 2c t
Q1 + Q2 =
3b
Le prix d’autarcie est:
pm
1 = a bQm
1
En autarcie, les quantités vendues sont donc plus faibles et le prix plus
élevé.
0.27.3 Conclusion
Malgré son désavantage en terme de coûts de transport, la …rme étrangère
peut vendre sur le marché national. De même la …rme nationale va vendre
sur le marché étranger. On a un commerce parfaitement intra-branche alors
même qu’un produit homogène est échangé. En concurrence parfaite, ce
commerce serait impossible puisque le prix descendrait jusqu’au niveau du
coût de production le plus bas évinçant les entreprises étrangères au pro…t des
entreprises domestiques. En oligopole, pour vendre à un prix compétitif sur
les marchés étrangers, les …rmes réduisent leurs marges, qu’elles compensent
par des marges plus élevées sur le marché domestique. Les …rmes ont donc
des marges unitaires di¤érentes selon les marchés. On parle de dumping
réciproque ou de pricing to market.
0.27 COMMERCE ET CONCURRENCE OLIGOPOLISTIQUEclxv
D’un point de vue social, ces ‡ux croisés de produits identiques sont né-
fastes puisqu’ils entraînent des coûts de transport qui pourraient être évitées
si chaque entreprise vendait plus sur son marché domestique et moins hors
des frontières.
Par rapport au cas autarcique, le commerce intensi…e la concurrence :
les quantités augmentent, et les prix baissent. Les consommateurs gagnent
au commerce en évitant un monopole. Un duopole même ine¢ cace reste
préférable à un monopole. Les pro…ts des …rmes sur chaque marché baissent.
Les pro…ts dégagés à l’exportation ne su¢ sent pas à compenser cette baisse.
Les entreprises perdent à l’échange.
Si l’entreprise domestique est moins productive que l’entreprise étrangère,
alors l’ouverture peut conduire à l’éviction de la …rme nationale. On a alors
un nouveau monopole sur le marché national ou une entreprise étrangère
remplace une entreprise nationale. Le monopoleur est toutefois plus e¢ -
cace, ce qui se traduit par un prix plus faible pour les consommateurs (sinon
l’entreprise domestique serait toujours en activité). Béné…que pour les con-
sommateurs, l’impact est négatif pour les salariés. Dans le cas de services
publics, le maintien d’une activité nationale non-rentable peut se justi…er
par certaines missions de service public comme le maintien de prix bas ou la
desserte de l’ensemble du territoire etc ...
Au niveau international, une ouverture commerciale nécessite une poli-
tique anti-concurrentielle couvrant le nouvel ensemble économique, à l’image
de l’action de la Commission européenne en Europe.
clxviECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
Exercices
1. Quels sont les gains à l’échange en présence de rendements croissants
et de concurrence imparfaite ? Le commerce est-il dans tous les cas favorable
?
1 P P
X=S
n 30000
où X est le nombre de voitures vendues par l’entreprise, P le prix demandé
par le producteur et P le prix moyen des autres entreprises. Les entreprises
sont supposées considérer les prix de chacune d’entre elles comme donnés.
On suppose également que le coût total de l’entreprise est C(X) = 750000 +
5000X.
1) Pourquoi parle-t-on de "concurrence monopolistique" ?
2) Montrer que les entreprises présentes sur ce marché réalisent des économies
d’échelle.
3) Exprimer la fonction de demande sous forme inverse (le prix en fonction
de la demande). Quelle est la condition de maximisation du pro…t?
4) Donner l’expression de quantité d’équilibre vendue par chaque entre-
prise en fonction de n sachant S (trivial). Déduisez en le prix d’équilibre
en fonction de n. Montrer que plus les …rmes sont nombreuses, plus le prix
0.27 COMMERCE ET CONCURRENCE OLIGOPOLISTIQUEclxvii
Q1 = 3K
Q2 = L
i
On note wK le salaire des travailleurs quali…és et wLi le salaire des tra-
vailleurs non-quali…és dans le pays i = N; E. Les préférences sont identiques
dans les deux pays. La fonction de demande relative dans chacun des pays
s’écrit :
D1N D1E
= =p
D2N D2E
Les dotations en travailleurs quali…és des pays N et E sont les suivantes:
et wLN .
3) Même question pour le pays E. Comparer pN et pE . Commenter.
4) (équilibre de libre-échange). Montrer que N est relativement mieux
doté en travailleurs quali…és que le pays E. Quel secteur est relativement
intensif en travail quali…é? En déduire le bien que le pays N exportera à
l’équilibre de libre-échange.
5) Où se situe le prix de libre-échange p lorsque les deux pays s’ouvrent
au commerce?
6) Quelles sont les quantités totales des biens 1 et 2 produites à l’équilibre
de plein-emploi? En déduire le prix d’équilibre de libre-échange p .
7) Calculez le rapport des salaires (wK =wL ) en libre-échange et comparez
i
le à celui en autarcie wK =wLi dans les deux pays. Quels sont les travailleurs
qui pro…tent de l’ouverture commerciale dans le pays N? Commenter.
7. Soit deux pays pouvant produire deux biens avec un seul facteur de
production. Les technologies sont indentiques d’un pays à l’autre. Le premier
bien (des voitures) est produit à rendement constant tandis que le second
(les médicaments) est à rendements croissants (la conception de nouveaux
clxxECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE
11. Soit deux pays partageant la même technologie et disposant d’un seul
0.27 COMMERCE ET CONCURRENCE OLIGOPOLISTIQUEclxxi
12. Soit un petit pays qui produit deux biens 1 et 2 à partir d’un facteur
de production L. xi est la quantité produite de bien i et Li est la quantité
de travail utilisée dans le secteur i = 1; 2. Les fonctions de production sont
les suivantes:
x1 = aL1
1
x 2 = L2
2
avec L1 + L2 = L. La fonction de demande relative est:
d1 p2
=
d2 p1
avec di la demande en bien i fonction des prix pi .
1) Une augmentation du paramètre a signi…e-t-il un progrès ou un recul
technique ?
2) Indiquez les propriétés de la fonction de demande relative.
3) Autarcie. Déterminez en fonction du paramètre a les prix relatifs des
deux biens à l’équilibre.
4) Autarcie suite. Ecrivez l’équilibre de plein-emploi du facteur en fonc-
tion du paramètre a et des niveaux de production x1 et x2 .
5) Autarcie suite. Déterminez en fonction du paramètre a les quantités
produites de chaque bien.
6) Autarcie suite et …n. Décrivez l’e¤et d’un progrès technique dans le
secteur 1 (hausse de a).
7) Supposons que l’économie s’ouvre au commerce. Le prix relatif mondial
du bien 2 s’établit à 1. Pour quelle valeur de a le pays a-t-il intérêt à s’ouvrir
au commerce international ?
8) Dans le cas où a = 0; 25, déterminez le sens de la spécialisation du
pays ainsi que le gain à l’échange en termes de supplément de consommation
par rapport au cas autarcique.
clxxiiECONOMIES D’ÉCHELLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE