Ross et Wilson
et physiologie
normales et pathologiques
12e édition
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Anatomie
Ross et Wilson
et physiologie
normales et pathologiques
12e édition
Julie Cosserat
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulière-
DANGER
ment dans le domaine universitaire, le développement massif du « photo-copillage ». Cette pratique qui s'est
généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de
livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer
correctement est aujourd'hui menacée.
LE Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de
PHOTOCOPILLAGE poursuites. Les demandes d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français
TUE LE LIVRE
d'exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
L'édition originale, Ross and Wilson – Anatomy and Physiology in Health and Illness (ISBN : 978-0-7020-5325-2),
a été publiée par Churchill Livingstone, une marque d'Elsevier Limited.
Édition originale : Ross and Wilson – Anatomy and Physiology in Health and Illness (12th edition)
Content strategist : Mairi McCubbin
Content Development Specialist : Sheila Black
Project Manager : Caroline Jones
Designer : Christian Bilbow
Illustration Manager : Jennifer Rose
© E. & S. Livingstone Ltd 1963, 1966, 1968
© Longman Group Limited 1973, 1981, 1987, 1990
© Pearson Professional Limited 1997
© 1998, 2001, 2002, 2006, 2010, 2014 Elsevier Limited. All rights reserved.
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de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
ISBN : 978-2-294-74585-0
Table des matières
Préface VII
Remerciements VIII
Préfixes, suffixes et racines fréquents IX
Légendes XI
Section 2 Communication 63
4 Sang 65
5 Système cardiovasculaire 85
6 Système lymphatique 141
7 Système nerveux 153
8 Les sens 205
9 Système endocrinien 229
Glossaire 501
Valeurs normales 509
Bibliographie 511
Index 513
V
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Préface
Le Ross et Wilson est un texte central pour les étudiants en normal du corps : la communication ; la prise d'éléments
anatomie et en physiologie depuis plus de 50 ans. Cette bruts et l'élimination des déchets ; la protection et la sur-
nouvelle édition s'adresse aux professionnels de santé, vie. Beaucoup d'éléments de cette édition ont été révi-
dont les infirmières, les étudiantes infirmières, les sés et réécrits. Nombre de figures ont été révisées, et à
étudiants des professions alliées à la médecine, les la demande des lecteurs, de nouvelles microscopies à
paramédicaux et les ambulanciers, beaucoup d'entre eux balayage électronique en couleur et photographies ont été
ayant trouvé les précédentes éditions inestimables. Elle incluses afin de fournir des vues détaillées et éclairantes
garde son approche directe dans la description des de nombreuses structures anatomiques.
systèmes corporels et de la façon dont ils fonctionnent. Les éléments introduits dans la précédente édition ont
L'anatomie et la physiologie normales sont suivies de été retenus et révisés, dont les objectifs pédagogiques,
nouvelles sections décrivant les changements structurels la liste des préfixes, suffixes et racines courants, et de
et fonctionnels courants liés au vieillissement ; puis la nombreux renvois de page internes au livre. Le glossaire
pathologie et la physiopathologie de quelques troubles et détaillé a été maintenu. De nouvelles sections mettant en
maladies importants sont abordés. évidence les conséquences du vieillissement normal sur
Le corps humain est décrit système par système. la structure et la fonction des systèmes corporels ont été
Cependant, le lecteur doit se souvenir que la physiologie ajoutées dans cette édition. Certaines valeurs biologiques
est un sujet intégré et que, bien que les systèmes soient ont été extraites du texte et présentées dans une annexe
envisagés dans des chapitres distincts, ceux-ci fonc- permettant de les retrouver facilement. Dans certains cas,
tionnent en coopération pour que la santé soit maintenue. des valeurs normales légèrement différentes sont données
Les trois premiers chapitres donnent une vue globale du dans d'autres textes, et utilisées par différents praticiens.
corps, et ils en décrivent les principaux constituants.
Les chapitres suivants sont organisés en trois sections, Anne Waugh
reflétant les domaines essentiels pour le fonctionnement Allison Grant
VII
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Remerciements
Remerciements des auteurs Nous remercions également les lecteurs de la 11e édition pour
leurs réactions et leurs commentaires constructifs, dont beaucoup
La 12e édition de cet ouvrage n'aurait pas été possible sans l'aide de
ont influencé le contenu de la nouvelle édition.
nombreuses personnes. En la préparant, nous avons continué à nous
Nous remercions aussi l'équipe d'Elsevier, en particulier Mairi
appuyer sur les fondations établies par Kathleen Wilson, et nous dési-
McCubbin, Sheila Black et Caroline Jones, pour leur aide constante.
rons la remercier pour son immense contribution au succès de ce livre.
Nous remercions également nos familles, Andy, Michael, Seona
Nous remercions encore une fois Graeme Chambers pour sa
et Struan, pour leur patience toujours présente, leur soutien et leur
patience dans la préparation des nouvelles figures et la révision des
acceptation de soirées et de week-ends perdus.
précédentes.
A A/P : antérieur/postérieur. Cela indique que la figure S S/I : supérieur/inférieur. Cela indique que la figure a été
G D a été dessinée vue du dessus ou du dessous en utilisant P A dessinée vue de devant, de côté ou de derrière en utilisant
P
une coupe transversale, et qu'elle montre les relations I une coupe sagittale ou frontale, et qu'elle montre les relations
des structures avec l'avant/l'arrière du corps. des structures avec le dessus/le dessous du corps.
G/D : gauche/droite. P/A : postérieur/antérieur.
Par exemple : figure 16.20 Par exemple : figure 7.42
S
P A
A I
G D Nerf
vague
P Artère
carotide
commune
Œsophage
Face antérieure Trachée
Plexus
Foramen Corps cardiaque
vertébral Crosse
aortique
Pédicule Bronche Tronc
droite pulmonaire
Processus
Arc transverse Artère Cœur
vertébral pulmonaire
droite
Lame Estomac
Diaphragme
Processus articulaire Processus
supérieur épineux
S P
S/I : supérieur/inférieur. L M
P/D : proximal/distal. Cela indique les relations
M L M/L : médial/latéral. Cela indique que la figure a été des structures avec leur point d'attache au corps.
D
I dessinée en utilisant une coupe sagittale, et qu'elle L/M : latéral/médial.
montre les relations des structures avec la ligne médiane Par exemple : figure 16.35
du corps.
Par exemple : figure 7.35 (vue postérieure)
S S Scaphoïde
Capitatum Lunatum
L M M L Trapèze Triquétrum
I Trapézoïde Pisiforme
I
Nerf Hamatum
1er méta-
Nerf radial axillaire
carpien
(circonflexe)
5e méta-
Nerf radial carpien
Nerf Phalange
derrière proximale
radial
l’humérus
Phalange
distale Phalanges
Nerf
Nerf proximales
médian
ulnaire
Nerf
Nerf ulnaire
Branche Phalanges
radial moyennes
du nerf
Nerf radial Phalanges
médian
distales
Nerf Nerf
ulnaire radial P
L M
D
XI
LÉGENDES
Pour vous aider à localiser les os du squelette, certaines figures sont fournies avec une icône d'orientation représentant la tête ou
le squelette, le(s) os envisagé(s) étant clairement coloré(s).
Par exemple : figures 16.17 et 16.39
Processus Processus
S Facette pour l’articulation
coronoïde condylaire
avec l’acétabulum du pelvis
L M
Surface articulaire Col
pour l’articulation I
temporomandibulaire Grand Tête
trochanter
Branche
Petit
Ligne
Corps trochanter
intertrochantérique
Angle
Processus alvéolaire A P
Ligne âpre
Surface
poplitée
Condyle
latéral Condyle
médial
XII
SECTION
Le corps
et ses constituants
Le corps humain est complexe, semblable à une machine Les cellules sont les plus petites unités indépendantes de
hautement technique et sophistiquée. Il fonctionne comme matière vivante et le corps en possède des millions. Elles
un tout, mais il est fait d'un certain nombre de systèmes sont trop petites pour être vues à l'œil nu, mais le micro
qui agissent en interdépendance. Chaque système est scope permet, en les agrandissant, d'en distinguer divers
impliqué dans une fonction spécifique essentielle au bien- types sur leur taille, leur forme et les colorants qu'elles
être de l'individu. La défaillance d'un système peut retentir absorbent lors de leur étude au laboratoire. Chaque type
sur tous les autres, et elle peut ainsi considérablement cellulaire est devenu spécialisé, et il possède ainsi une
réduire la capacité du corps de fonctionner normalement. fonction particulière contribuant aux besoins du corps. La
L'intégration du travail des systèmes assure la survie. Le figure 1.1 montre des cellules nerveuses à très fort grossis-
corps humain est par conséquent complexe tant dans sa sement. La fonction spécialisée des cellules nerveuses est
structure que dans ses fonctions, et ce livre utilise une de transmettre des signaux électriques (influx nerveux).
approche par systèmes pour expliquer les structures et les Ces influx sont intégrés et coordonnés, ce qui permet à des
processus fondamentaux impliqués. millions de cellules nerveuses du corps de fournir un sys-
L'anatomie est l'étude de la structure du corps et des tème de communication rapide et sophistiqué. Dans les
relations physiques entre ses différents constituants. La organismes complexes tels que le corps humain, des cel-
physiologie est l'étude du fonctionnement des systèmes du lules ayant une structure et des fonctions semblables sont
corps et de la façon dont leurs activités intrinsèques main- réunies, formant des tissus. La structure et les fonctions
tiennent en vie et en bonne santé l'individu. L'anatomie des cellules et des tissus sont explorées dans le chapitre 3.
pathologique est l'étude des anomalies et la physiopatholo- Les organes sont faits d'un certain nombre de tissus
gie la façon dont ces dernières affectent les fonctions du différents, et ils ont une fonction spécifique. La figure 1.2
corps, entraînant souvent une maladie. montre que l'estomac est tapissé par une couche de tissu
La plupart des systèmes corporels deviennent moins épithélial, et que sa paroi contient des couches de tissu
efficaces avec l'âge. Le déclin physiologique est une com- musculaire lisse. Ces deux tissus contribuent au fonction-
posante normale du vieillissement et il ne doit pas être nement de l'estomac, mais de manières différentes.
confondu avec une maladie ou une pathologie, même si Les systèmes sont constitués par des organes et des tis-
certaines pathologies deviennent effectivement plus cou- sus qui assument ensemble un ou plusieurs besoins vitaux
rantes dans la dernière partie de la vie. Le maintien d'un du corps. Par exemple, l'estomac est l'un des organes du
mode de vie sain peut non seulement ralentir les effets du système digestif, et il a sa propre fonction spécifique. Le
vieillissement, mais aussi protéger contre les maladies. corps humain a plusieurs systèmes, qui travaillent de
Les conséquences générales du vieillissement sont indi- façon interdépendante pour assumer des fonctions spéci-
quées dans ce chapitre, ses effets sur les fonctions corpo- fiques. Tous sont nécessaires à la santé. La structure et les
relles étant abordés plus en détail dans d'autres chapitres. fonctions des systèmes corporels sont étudiées dans les
La dernière section de ce chapitre fournit un cadre pour chapitres suivants.
étudier les maladies, et met en évidence les mécanismes
qui entraînent une maladie ainsi que quelques processus
pathologiques courants. C'est en se fondant sur l'anato-
mie et sur la physiologie normales qu'une approche par
systèmes est adoptée pour envisager les maladies cou-
rantes à la fin des chapitres qui suivent.
Atomes
Molécules
Niveau chimique
Niveau cellulaire
(une cellule de muscle lisse)
Glande salivaire
Bouche Pharynx
Niveau tissulaire
Œsophage (tissu musculaire lisse)
Estomac Séreuse
Foie Pancréas
Intestin grêle
Côlon
L’être humain
Rectum
Anus
Couches de tissu
Niveau du système musculaire lisse
(système digestif)
Tissu épithélial
Niveau de l’organe
(l’estomac)
Membrane
Liquide extracellulaire plasmique Liquide intracellulaire Encadré 1.1 Exemples de variables physiologiques
Température centrale
Eau et concentration des électrolytes
pH (acidité ou alcalinité) des liquides corporels
Taux de glucose sanguin
A Concentration de l'oxygène et du dioxyde de carbone
dans le sang et les tissus
B Pression artérielle
C Systèmes de contrôle
L'homéostasie est maintenue par des systèmes de contrôle
qui détectent les modifications dans l'environnement
interne, et qui y répondent. Un système de contrôle a trois
Figure 1.3 Rôle de la membrane cellulaire dans la régulation composants de base : un détecteur, un centre de contrôle
de la composition du liquide intracellulaire. A. Taille de la et un effecteur. Le centre de contrôle détermine les limites
particule. B. Pores et canaux spécifiques. C. Pompes et transporteurs. dans lesquelles le facteur variable doit être maintenu. Il
reçoit l'information venant du détecteur ou capteur, et il
constitue une barrière sélective vis-à-vis des substances l'intègre. Quand le signal entrant indique la nécessité d'un
entrant dans la cellule ou en sortant. Cette propriété, ajustement, le centre de contrôle répond en modifiant le
appelée perméabilité sélective, permet à la membrane cel- signal qu'il envoie à l'effecteur. C'est là un processus
lulaire (plasmique) (voir p. 34) de contrôler l'entrée et la dynamique, qui favorise le réajustement constant de
sortie de nombreuses substances, et ainsi de réguler la nombreuses variables physiologiques. Presque toutes
composition de son environnement interne. Plusieurs sont contrôlées par des mécanismes de rétroaction négative.
mécanismes sont ici impliqués. La taille des particules La rétroaction positive est bien moins courante, mais
est importante car de nombreuses petites particules, par d'importants exemples en sont le contrôle des contractions
exemple l'eau, passent librement à travers la membrane, utérines durant l'accouchement et la coagulation sanguine.
tandis que les plus grosses ne le peuvent pas et peuvent
donc être confinées soit dans le liquide interstitiel, soit Mécanismes de rétroaction négative (fig. 1.4)
dans le liquide intracellulaire (fig. 1.3A). Des pores ou « Rétroaction négative » signifie que tout mouvement
des canaux spécifiques dans la membrane plasmique d'un tel système de contrôle éloigné de son point de
autorisent le passage de certaines substances mais pas contrôle est rendu négatif (inversé). Si une variable
d'autres (fig. 1.3B). La membrane est aussi pourvue de augmente, la rétroaction négative la fait de nouveau
pompes ou de transporteurs spécialisés qui importent diminuer, et si elle baisse, la rétroaction négative la
ou exportent des substances spécifiques (fig. 1.3C). La ramène à son niveau normal. La réaction à un stimulus
perméabilité sélective fait en sorte que la composition inverse donc l'effet de ce stimulus, ce qui conserve le
chimique du liquide à l'intérieur des cellules soit diffé- système dans un état d'équilibre et maintient l'homéostasie.
rente de celle du liquide interstitiel dans lequel elles se Le contrôle de la température corporelle est semblable
trouvent. à celui du chauffage central domestique. Dans ce dernier,
le thermostat (détecteur de température) est sensible aux
modifications de la température de la pièce d'habitation
Homéostasie (facteur variable). Le thermostat est relié à l'unité de
La composition de l'environnement interne est contrôle de la chaudière (centre de contrôle). Le thermos-
étroitement contrôlée, et cet état à peu près constant est tat compare constamment l'information fournie par le
appelé homéostasie. Littéralement, ce terme signifie « ne détecteur à la température désirée préréglée et, si besoin,
changeant pas », mais en pratique il désigne une des ajustements sont faits pour modifier la température
6
Introduction au corps humain CHAPITRE 1
– Détecteur + – Détecteur +
(thermostat) (terminaisons nerveuses
sensitives sensibles
à la température)
Effecteur
(unité de contrôle Centre de contrôle
de la chaudière) (groupes de cellules dans
Ferme Ouvre l’hypothalamus du cerveau)
de la température de la pièce
de la température du corps
Figure 1.4 Exemple de mécanisme de rétroaction négative :
contrôle de la température d'une pièce d'habitation par une
chaudière domestique.
Perte de chaleur corporelle
Systèmes de transport
Sang (Ch. 4)
Par convention, les systèmes corporels sont décrits Le sang transporte des substances dans tout le corps
séparément lors de l'étude de l'anatomie et de la par l'intermédiaire d'un vaste réseau de vaisseaux
physiologie, mais en réalité ils fonctionnent en sanguins. Chez l'adulte, le corps contient 5 à 6 litres de
interdépendance. Cette section fournit une introduction sang. Il est fait de deux parties : un liquide visqueux
aux activités du corps en fonction des besoins vitaux appelé plasma, et des cellules sanguines en suspension
(tableau 1.1). Les chapitres ultérieurs s'inscrivent dans ce dans le plasma.
cadre, explorant la structure et les fonctions humaines Plasma. Il est constitué principalement d'eau, avec un
chez le sujet sain et le sujet malade en utilisant une grand nombre de substances dissoutes ou en suspension
approche par systèmes. dans celle-ci. Ces substances comprennent :
• des nutriments absorbés dans le tube digestif ;
Communication • de l'oxygène absorbé dans les poumons ;
Le transport et la communication sont envisagés dans • des substances chimiques synthétisées par les cellules
cette section. Les systèmes de transport permettent à du corps, par exemple des hormones ;
toutes les cellules d'avoir accès aux très nombreuses • des matériaux de dégradation produits par toutes les
substances requises pour les soutenir, ainsi que de fournir cellules, éliminés hors du corps par excrétion.
un moyen d'éliminer les déchets. Cela implique le sang,
le système cardiovasculaire et le système lymphatique. Cellules du sang. Elles se répartissent en trois groupes,
Tous les systèmes de communication comprennent le selon leurs fonctions (fig. 1.6).
8
Introduction au corps humain CHAPITRE 1
Cœur
Vaisseaux
sanguins
Prise d'oxygène par le corps sous cette forme gazeuse. L'azote nécessaire
L'oxygène est un gaz constituant environ 21 % de l'air au corps est obtenu en mangeant des aliments contenant
atmosphérique. Un apport continu est essentiel à la vie des protéines, viande et poisson principalement.
humaine car il est requis pour la plupart des activités
chimiques siégeant dans les cellules corporelles. L'oxygène Ingestion des nutriments (alimentation)
est nécessaire dans la série de réactions chimiques La nutrition est abordée dans le chapitre 11. Un régime
entraînant la libération d'énergie à partir des nutriments. équilibré est important pour la santé, et il fournit des
Le système respiratoire supérieur transporte l'air entre nutriments, substances absorbées dans le tube digestif,
le nez et les poumons durant la respiration (Ch. 10). L'air souvent après y avoir été digérées, et qui favorisent les
traverse un système de passages comprenant le pharynx fonctions corporelles, dont la formation, la croissance et la
(la gorge, qui est aussi une partie du tractus digestif), le réparation cellulaires. Les nutriments incluent l'eau, des
larynx (boîte de la voix), la trachée, deux bronches souches hydrates de carbone, des protéines, des graisses, des vitamines
(une par poumon) et un grand nombre de voies bron- et des sels minéraux. Ils assurent des fonctions vitales, dont :
chiques (fig. 1.12). Celles-ci se terminent dans les alvéoles
pulmonaires, millions de minuscules sacs à air dans • le maintien de l'équilibre hydrique à l'intérieur du
corps ;
chaque poumon. Ces alvéoles sont entourées par un réseau
de capillaires très fins, et elles sont le siège de l'échange • fourniture de carburant pour la production
la
d'énergie, due principalement aux hydrates de
vital de gaz entre les poumons et le sang (fig. 1.13).
carbone et aux graisses ;
L'azote, qui représente environ 80 % de l'air atmosphé-
rique, est inhalé et expiré mais il ne peut pas être utilisé • fourniture des composants de base pour la synthèse
la
de molécules volumineuses et complexes dont le
corps a besoin.
Pharynx Cavité nasale
Larynx
Cavité Digestion
Trachée buccale Le système digestif s'est développé parce que les aliments
Bronche sont chimiquement complexes, rarement sous une forme
Poumon utilisable directement par les cellules corporelles. Il a
pour rôle de séparer les constituants des aliments, de
digérer ceux-ci, afin que leurs constituants soient absorbés
dans le tube digestif pour gagner la circulation générale
et, de là, les cellules, où ils sont utilisés. Le système
digestif comporte le tube digestif, ou tractus alimentaire,
et des organes accessoires (fig. 1.14).
Glande salivaire
Bouche Pharynx
Œsophage
Foie Estomac
Figure 1.12 Le système respiratoire. Pancréas
Côlon
Intestin grêle
Artériole Rectum
Anus
Bronchiole
respiratoire
Veinule
Alvéoles
Conduit
alvéolaire
Capillaires
Urine
L'urine est formée par les reins, qui sont une partie du
système urinaire (Ch. 13). Les organes du système urinaire
sont indiqués dans la figure 1.15. L'urine est faite d'eau et
de produits de déchet provenant principalement du
catabolisme des protéines, par exemple l'urée. Sous
l'influence d'hormones du système endocrinien, les reins
contrôlent l'équilibre hydrique du corps. Ils jouent aussi
un rôle dans le maintien du pH sanguin dans des limites
normales. La vessie emmagasine l'urine jusqu'à son
excrétion pendant la miction.
Fèces
Les matériaux de déchet du système digestif sont excrétés
par les fèces, durant la défécation. Ils contiennent des
résidus alimentaires indigestibles, qui restent dans le tube
digestif car ils ne peuvent pas être absorbés, et une grande Figure 1.16 Microscopie à balayage électronique en couleur de
quantité de microbes. la peau.
13
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Introduction au vieillissement
Objectifs pédagogiques
Trompe
Canal déférent utérine
Ovaire
Prostate Après la naissance, il se produit de nombreux changements
Utérus au fur et à mesure que le corps se développe et atteint la
Pénis Vagin maturité. Le pic de la maturité de la fonction physiologique
Testicule est souvent relativement court, car les changements liés à
l'âge commencent à altérer les performances ; par exemple,
la fonction rénale commence à décliner vers l'âge de
30 ans. Aux deux extrêmes de la vie, de nombreux aspects
des fonctions corporelles sont moins efficaces ; par
exemple, la régulation de la température corporelle est
moins efficace chez les nourrissons et chez les personnes
âgées.
La maturité de la plupart des organes intervient au
moment de la puberté et l'efficacité maximale, au début de
l'âge adulte. La majeure partie des organes sont en mesure
Figure 1.18 Les systèmes reproducteurs : homme et femme. de réparer et de remplacer leurs tissus, à l'exception
15
SECTION 1 Le corps et ses constituants
notable du cerveau et du myocarde (muscle cardiaque). ment influencer la longévité ; par exemple, le manque
Au moment de la maturité, de nombreux organes ont une d'exercice, le tabagisme et la consommation excessive
réserve fonctionnelle (ou « capacité de réserve ») considé- d'alcool contribuent à raccourcir l'espérance de vie.
rable ; celle-ci décline ensuite progressivement. La notion Plusieurs changements courants associés au vieillis-
de réserve fonctionnelle signifie qu'une perte fonctionnelle sement qui se produisent dans des organes ou systèmes
considérable doit se produire avant que des changements particuliers sont aisément reconnaissables ; il s'agit
physiologiques deviennent manifestes. Les altérations des notamment des cheveux blancs et des rides. D'autres
fonctions corporelles chez la personne âgée requièrent une exemples sont illustrés dans la figure 1.20. Ces change-
évaluation minutieuse étant donné que le vieillissement ments et d'autres sont indiqués avec leurs conséquences
est généralement associé à une diminution de l'efficacité physiologiques et parfois cliniques à la fin de la section
des organes et/ou à une augmentation de la fragilité. Bien consacrée à la physiologie dans les chapitres appropriés.
qu'il constitue un facteur prédisposant à certaines patho- Le vieillissement est un facteur de risque de développer
logies, le processus du vieillissement ne s'accompagne pas certaines maladies, par exemple la plupart des cancers, la
de maladies ou de pathologies spécifiques. pathologie coronarienne et la démence.
Le processus du vieillissement est peu compris, même L'Organisation mondiale de la santé (OMS, 2012)
si l'on sait qu'il affecte les personnes de différentes prévoit que le nombre de personnes âgées de 60 ans et
manières. Il n'existe pas une cause unique connue, bien plus va passer de 605 millions à 2 milliards de personnes
que de nombreuses théories aient été proposées et qu'il dans le monde entre 2000 et 2050 (fig. 1.21). Le XXe siècle
y ait une très grande variation individuelle du taux de a vu la proportion de personnes âgées augmenter dans
vieillissement. La durée de vie d'un individu est influen- les pays riches. Durant les 40 prochaines années, il est
cée par de nombreux facteurs, certains d'entre eux étant prévu que cette tendance touche la plupart des régions
héréditaires (Ch. 17) et ne pouvant pas être contrôlés du monde, y compris les pays à faible et à moyen revenu.
par l'individu. D'autres facteurs ne sont pas facilement L'augmentation de l'espérance de vie va influencer les
influençables par les individus, comme la pauvreté, qui soins de santé, et le rôle de la prévention comme des
est associée à un mauvais état de santé. Cependant, les interventions précoces en matière de santé va devenir de
choix individuels de mode de vie peuvent aussi forte- plus en plus important.
16
Introduction au corps humain CHAPITRE 1
Conséquences courantes
17
SECTION 1 Le corps et ses constituants
18
Introduction au corps humain CHAPITRE 1
19
SECTION 1 Le corps et ses constituants
20
CHAPITRE
Introduction 2
à la chimie de la vie
Atomes, molécules et composés 22 Nucléotides 28
Acides, bases et pH 25 Enzymes 28
Molécules biologiques importantes 26 Mouvements de substances
Hydrates de carbone 26 dans les liquides corporels 29
Acides aminés et protéines 27 Liquides corporels 30
Lipides 27
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Noyau
Atomes, molécules et composés
Objectifs pédagogiques 2
8
18
32 Nombre
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable : maximal
d’électrons
■ de définir les termes suivants : nombre atomique, sur chaque
poids atomique, isotope, poids moléculaire, ion, couche
électrolyte, pH, acide et alcalin ;
Figure 2.1 Atome avec son noyau, et quatre couches
■ de décrire la structure d'un atome ; d'électrons.
Les atomes sont essentiellement des espaces vides, avec Électron Négligeable 1 négative
un minuscule noyau central contenant des protons et des
neutrons, entouré par des nuées de petits électrons en
orbite autour de lui (fig. 2.1). Les neutrons n'ont pas de
charge électrique, mais les protons ont une unité de Nombre atomique et poids atomique
charge électrique positive, tandis que les électrons ont Un élément est différent d'un autre par le nombre de
une unité de charge électrique négative. Comme les protons du noyau de l'atome (fig. 2.2). C'est ce qu'on
atomes contiennent un nombre égal de protons et appelle le nombre atomique, et chaque élément a son propre
d'électrons, ils n'ont pas de charge nette. et unique nombre atomique. Par exemple, l'hydrogène n'a
Ces particules subatomiques diffèrent aussi sur le plan qu'un seul proton par noyau, l'oxygène en a huit et le
de leur masse. Les électrons sont si petits que leur masse est sodium onze. Les nombres atomiques de l'hydrogène, de
négligeable, mais les neutrons et les protons ont une unité l'oxygène et du sodium sont par conséquent 1, 8 et 11,
de masse atomique. Le tableau 2.1 résume les caractéris- respectivement. Le poids atomique d'un élément est la
tiques physiques des électrons, des protons et des neutrons. somme de protons et de neutrons dans le noyau de l'atome.
22
Introduction à la chimie de la vie CHAPITRE 2
Les électrons sont représentés dans la figure 2.1 comme couche externe est soit le nombre maximal (fig. 2.1), soit
décrivant une orbite sur des anneaux concentriques une proportion stable de cette fraction, l'élément est dit
autour du noyau. Ceux-ci représentent les différents inerte ou chimiquement non réactif, et il ne se combinera
niveaux d'énergie des électrons de l'atome, et non leur pas facilement avec d'autres atomes. Ces éléments sont les
position physique. Le premier niveau d'énergie ne peut gaz inertes : hélium, néon, argon, krypton, xénon et radon.
porter que deux électrons, et il est rempli en premier. Le Les molécules sont la combinaison chimique de deux
deuxième niveau d'énergie ne peut porter que huit élec- atomes ou plus. Les atomes peuvent être ceux d'un seul
trons, et il est rempli ensuite. Le troisième niveau d'éner- et même élément ; par exemple, une molécule d'oxygène
gie et ceux qui suivent portent un nombre d'électrons atmosphérique (O2) contient deux atomes d'oxygène.
allant croissant avec le rang du niveau, chacun contenant La plupart des substances, cependant, sont des compo-
un plus grand nombre d'électrons que le précédent. sés et contiennent deux éléments distincts ou plus ; par
Quand la couche externe d'un électron ne comporte pas exemple, une molécule d'eau (H2O) contient deux atomes
un nombre stable d'électrons, l'atome est réactif et peut d'hydrogène et un atome d'oxygène.
donner, recevoir ou partager des électrons avec un atome Les composés contenant du carbone et de l'hydrogène
ou plus afin de parvenir à la stabilité. Le grand nombre sont dits organiques, et tous les autres sont dits inorganiques.
de combinaisons possibles de différents types d'atomes Les tissus vivants sont formés de composés organiques,
est responsable de la grande variété de substances retrou- mais le corps a également besoin de composés inorganiques.
vées dans le monde et qui est à l'origine de la biologie. Liaisons covalentes et ioniques. Le vaste ensemble de
Cela sera décrit plus en détail dans la section portant sur processus chimiques sur lesquels le fonctionnement du
les molécules et les composés. corps repose dépend entièrement de la façon selon
Isotopes. Ce sont des atomes d'un élément dans lesquels il laquelle les atomes s'assemblent, se lient et se séparent.
y a un nombre différent de neutrons dans le noyau. Cela ne Par exemple, la simple molécule d'eau est un fondement
modifie pas l'activité électrique de ces atomes, car les neu- crucial de toute vie sur Terre. Si l'eau était un composé
trons ne portent pas de charge électrique, mais cela modifie moins stable, et si les atomes se séparaient facilement les
leur poids atomique. Par exemple, il existe trois formes uns des autres, la biologie humaine n'aurait jamais pu
d'atome d'hydrogène. La forme la plus habituelle comporte évoluer. Par ailleurs, l'organisme est dépendant de la rup-
un proton dans le noyau et un électron sur sa couche. Une ture de diverses molécules (sucres, graisses, par exemple),
autre forme (deuterium) a un proton et un neutron dans le scission qui libère de l'énergie utilisée par les activités
noyau. Une troisième forme a un proton et deux neutrons cellulaires. Quand des atomes sont liés entre eux, ils for-
dans le noyau, et un électron sur sa couche (tritium). ment une liaison chimique, généralement d'un des deux
Chacune de ces formes est un isotope d'hydrogène (fig. 2.3). types suivants : covalent ou ionique.
Comme le poids atomique d'un élément correspond Les liaisons covalentes sont celles où des atomes ont en
en réalité à un poids atomique moyen calculé en utilisant commun des électrons. La plupart des molécules sont
tous ses atomes, le véritable poids atomique de l'hydro- maintenues ensemble par ce type de liaison ; cela forme
gène est de 1,008 mais, pour des raisons essentiellement un lien fort et stable entre les atomes qui les constituent.
pratiques, il peut être fixé à 1. Une molécule d'eau est construite en utilisant des liai-
Le chlore a un poids atomique de 35,5, car il contient sons covalentes. L'hydrogène a un électron sur sa couche
deux isotopes, l'un avec un poids atomique de 35 (avec externe, mais le nombre optimal d'électrons sur cette
18 neutrons dans le noyau) et l'autre de 37 (avec 20 neu- couche est de deux. L'oxygène a six électrons sur sa
trons dans le noyau). Ces deux isotopes n'ayant pas une fré- couche externe, mais le nombre optimal d'électrons pour
quence égale, le poids atomique moyen du chlore est de 35,5. cette couche est de huit. Par conséquent, un atome d'oxy-
gène et deux atomes d'hydrogène se combinent, chaque
Molécules et composés atome d'hydrogène partageant son électron avec l'atome
Comme cela a été mentionné précédemment, les atomes d'oxygène, ce qui donne à ce dernier huit électrons sur sa
de chaque élément ont un nombre spécifique d'électrons couche externe, qui le rendent stable. L'atome d'oxygène
autour du noyau. Quand le nombre d'électrons de la partage l'un de ses électrons avec chacun des atomes
d'hydrogène, si bien que chaque atome d'hydrogène a
deux électrons sur sa couche externe, faisant que les deux
atomes d'hydrogène sont stables également (fig. 2.4).
1 proton 1 proton Les liaisons ioniques sont plus faibles que les liaisons
1 proton
1 neutron 2 neutrons
covalentes ; elles sont formées par le transfert d'électrons
d'un atome à l'autre. Par exemple, quand le sodium (Na)
se combine avec le chlore (Cl) pour former du chlorure de
Forme Fréquence : 1 pour Fréquence : 1 pour
la plus fréquente 5 000 atomes 1 000 000 atomes
sodium (NaCl), le seul électron situé sur la couche externe
de l'atome de sodium est transféré sur la couche externe
Figure 2.3 Les isotopes d'hydrogène. de l'atome de chlore (fig. 2.5).
23
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Électrolytes
H H Un composé ionique (par exemple le chlorure de sodium)
dissout dans l'eau est appelé électrolyte parce qu'il conduit
l'électricité. Les électrolytes sont d'importants constituants
du corps car ils :
Figure 2.4 Molécule d'eau, avec ses liaisons covalentes entre
l'hydrogène (en jaune) et l'oxygène (en vert). • conduisent l'électricité, ce qui est essentiel pour la
fonction du muscle et celle du nerf ;
• exercent une pression osmotique gardant les liquides
corporels dans leur propre compartiment ;
Transfert • agissent sur l'équilibre acidobasique comme tampons,
d’électron afin de résister aux modifications du pH des liquides
11 protons 17 protons du corps.
12 neutrons 18 neutrons
De nombreux composés biologiques, tels les hydrates
de carbone, présents dans l'organisme ne sont pas
ioniques, et par conséquent ils n'ont pas de propriétés
électriques quand ils sont dissociés dans l'eau ; c'est par
Atome de sodium (Na) Atome de chlore (Cl) exemple le cas des hydrates de carbone. Outre le sodium
et le chlore, les électrolytes importants incluent le potas-
sium (K+), le calcium (Ca2+), le bicarbonate (HCO3−) et le
phosphate (PO34−).
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
ce qui entraîne une augmentation de l'élimination de CO2 rétique, qui stimule l'augmentation de l'excrétion rénale.
et une chute de [H+]. À l'inverse, si le pH sanguin devient Rarement, elle peut être consécutive à une augmentation
trop alcalin, le cerveau peut réduire le rythme respiratoire de l'effort respiratoire, comme dans une crise d'anxiété
pour augmenter le taux sanguin de CO2 et [H+], ramenant aiguë, un surcroît de CO2étant alors perdu du fait de l'hy-
le pH vers la normale (voir Ch. 10). perventilation (augmentation de l'air inspiré).
Les reins régulent le pH sanguin en ajustant l'excrétion
d'ions hydrogène et bicarbonate. Si le pH chute, l'excré-
tion d'ions hydrogène est augmentée et celle d'ions bicar- Molécules biologiques
bonate maintenue ; l'inverse se produit si le pH augmente. importantes
De plus, les reins génèrent des ions bicarbonates comme
sous-produits de la rupture amino-acide dans les tubes Objectifs pédagogiques
rénaux ; ce processus produit aussi des ions ammonium,
qui sont rapidement excrétés. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
Les autres systèmes tampons incluent les protéines capable :
corporelles, qui absorbent l'excès de H+, et le phosphate, ■ de décrire en termes simples la nature chimique
qui est particulièrement important pour contrôler le pH des sucres, des protéines, des lipides, des
intracellulaire. Ensemble, les systèmes tampons et excré- nucléotides et des enzymes ;
toires de l'organisme maintiennent l'équilibre acidobasique
■ de discuter l'importance biologique de chacun de
de telle sorte que le pH des liquides corporels reste dans ces importants groupes de molécules.
les étroites limites de la normale.
Acidose et alcalose
Les systèmes tampons décrits ci-dessus compensent en Hydrates de carbone
grande partie les fluctuations du pH, mais ces réserves
sont limitées et, dans les cas extrêmes, peuvent s'épuiser. Les hydrates de carbone (sucres et amidons) sont
Quand le pH est au-dessous de 7,35 et que tous les composés de carbone, d'oxygène et d'hydrogène. Les
tampons alcalins de la réserve ont été utilisés, il existe une atomes de carbone sont normalement disposés en anneau,
acidose. Quand la situation inverse se produit, avec un pH les atomes d'oxygène et d'hydrogène leur étant liés. La
au-dessus de 7,45, tandis que les bases accrues ont structure du glucose, du fructose et du saccharose est
tamponné toute la réserve acide, il existe une alcalose. indiquée dans la figure 2.7. Quand deux molécules de
L'acidose et l'alcalose sont toutes deux dangereuses sucre se combinent pour former une molécule de sucre
pour le corps, en particulier le système nerveux central plus grande, une molécule d'eau est expulsée, et la liaison
et le système cardiovasculaire. En pratique, les affections constituée est appelée liaison glycosidique.
à l'origine d'une acidose sont plus fréquentes que celles Le glucose, la molécule de combustion préférée des
qui provoquent une alcalose, étant donné que le corps cellules, est un monosaccharide (mono = unique ; saccha-
tend à produire plus d'acides que d'alcalins. Une acidose ride = sucre). Les monosaccharides peuvent se lier entre
peut survenir à la suite de problème respiratoire si les eux pour former des sucres plus grands, dont la taille va
poumons n'excrètent pas aussi efficacement le CO2 que de deux unités de sucre (disaccharide), comme le saccha-
normalement, ou bien si le corps produit trop d'acides rose ou le sucre de table (fig. 2.7), à de longues chaînes
(par exemple l'acidocétose diabétique, p. 252), ou encore faites de plusieurs milliers de monosaccharides, comme
en cas de pathologie rénale, si l'excrétion rénale de H+ l'amidon. Les hydrates de carbone complexes sont appe-
est diminuée. L'alcalose peut être provoquée par la perte lés polysaccharides.
de substances acides par des vomissements, des diar- Le glucose peut être dissocié soit en présence d'oxy-
rhées, des troubles endocriniens ou un traitement diu- gène (en aérobiose), soit en son absence (en anaérobiose),
CH2OH CH2OH
O O O O
H H HOCH2 H H H HOCH2 H
H H
+ + H2O
OH H H HO OH H H HO
HO OH HO CH2OH HO O CH2OH
H OH OH H H OH OH H
Glucose Fructose Saccharose Eau
Monosaccharides Disaccharide
mais le processus est beaucoup plus efficace quand de l'O2 Les protéines sont faites d'acides aminés réunis entre
est utilisé. Durant ce processus, de l'énergie, de l'eau et du eux, et elles constituent la principale famille de molécules
dioxyde de carbone sont libérés (p. 336–337). Afin d'assu- dont est construit le corps humain. La taille des chaînes
rer un apport constant de glucose pour le métabolisme protéiques peut varier de quelques acides aminés à plu-
cellulaire, les taux de glucose sanguin sont étroitement sieurs milliers. Elles peuvent être de simples brins de pro-
contrôlés. Les fonctions des sucres sont entre autres : téines uniques, par exemple des hormones simples, mais
• de fournir une source d'énergie rapidement le plus souvent elles sont tordues et pliées en complexes
disponible pour le métabolisme cellulaire de et intriquées dans des structures tridimensionnelles qui
combustion (p. 334) ; peuvent contenir plus d'une sorte de protéine ; ou bien
• fournir une forme de réserve d'énergie, telle que le
de elles peuvent être incorporées dans d'autres types de
glycogène (p. 331) ; molécules, par exemple l'hémoglobine (voir fig. 4.6). De
• former une partie intégrale de la structure de
de telles structures complexes sont stabilisées par des liai-
l'ADN et de l'ARN (p. 466, 469) ; sons internes entre les acides aminés constitutifs, et la
• d'agir comme récepteurs sur la surface cellulaire, fonction de la protéine va dépendre de la forme tridimen-
permettant à la cellule de reconnaître d'autres sionnelle dans laquelle elle a été pliée. Une des raisons
molécules et d'autres cellules. pour lesquelles les modifications du pH lèsent tant les
tissus vivants est que les ions hydrogène rompent ces
forces de stabilisation internes et changent la forme de la
Acides aminés et protéines protéine (ainsi dénaturée), la rendant incapable de fonc-
tionner. Beaucoup de substances biologiquement actives
Les acides aminés contiennent toujours du carbone, de importantes sont des protéines ; il s'agit par exemple :
l'hydrogène, de l'oxygène et de l'azote, et beaucoup ont
en outre du soufre. En biochimie humaine, 20 acides
• des molécules de transport, comme l'hémoglobine
(p. 70) ;
aminés sont utilisés comme principaux blocs de
construction des protéines, bien qu'il y en ait d'autres ; par
• d'enzymes (p. 28) ;
exemple, des acides aminés ne sont utilisés que pour
• de nombreuses hormones, par exemple l'insuline
(p. 241) ;
former certaines protéines, et d'autres ne sont vus que
dans des produits microbiens. Les acides aminés utilisés
• des anticorps (p. 406–407).
dans la synthèse protéique des humains ont en commun Les protéines peuvent également être utilisées comme
une structure de base comprenant un groupement amino source alternative d'énergie, habituellement en cas d'ali-
(NH2), un groupement carboxyle (COOH) et un atome mentation inadéquate. La principale source de protéine
d'hydrogène. Une chaîne latérale variable fait qu'un acide est le tissu musculaire ; la fonte musculaire est donc une
aminé est différent d'un autre. La structure de base et trois caractéristique de la privation alimentaire.
acides aminés fréquents sont montrés dans la figure 2.8.
Comme lors de la formation des liaisons glycosidiques, la
réunion de deux acides aminés expulse une molécule Lipides
d'eau, et la liaison qui en résulte est appelée liaison Les lipides correspondent à un groupe de substances
peptidique. diverses dont la propriété courante est l'incapacité de se
mélanger avec l'eau (c'est-à-dire qu'ils sont hydrophobes).
NH2 NH2
Ils sont principalement constitués d'atomes de carbone,
d'hydrogène et d'oxygène, et certains contiennent des
H C COOH H C COOH
éléments supplémentaires comme l'azote ou le phosphore.
Les groupes de lipides les plus importants comprennent :
R H
A B • les phospholipides, formant une partie intégrale de la
structure de la membrane cellulaire. Ils constituent
NH2 une double couche, qui fournit une barrière
imperméable séparant le contenu cellulaire de son
NH2
H C COOH environnement (p. 34) ;
• certaines vitamines (p. 296). Les vitamines
H C COOH
CH2 liposolubles sont les A, D, E et K ;
CH3
• les graisses (triglycérides), stockées dans le tissu
adipeux (p. 43) en tant que source d'énergie. La
C D
graisse isole aussi le corps et protège les organes
Figure 2.8 Structure d'acides aminés. A. Structure commune ;
internes. Une molécule de graisse contient trois acides
R = chaîne latérale variable. B. Glycine, l'acide aminé le plus gras liés à une même molécule de glycérol (fig. 2.9).
simple. C. Alanine. D. Phénylalanine. Quand de la graisse est rompue dans des conditions
27
SECTION 1 Le corps et ses constituants
O O O Ribose
P P P
(le sucre)
C O C O C O
Adénosine
Acides
Fatty acids
gras
Adénosine diphosphate (ADP)
Molécule de soluté
A B C
A Avant diffusion B Après diffusion
Figure 2.13 L'osmose. Le mouvement net d'eau quand un globule
Figure 2.12 Le processus de diffusion : une cuillérée de sucre rouge est en suspension dans des solutions de concentration
dans une tasse de café. (tonicité) variée. A. Solution isotonique. B. Solution hypotonique.
C. Solution hypertonique.
pression osmotique à travers la membrane a « expulsé » l'eau
de la solution de dilution vers la solution de concentration –
c'est-à-dire que l'eau s'est déplacée dans le sens de son L'eau corporelle totale des adultes de constitution moyenne
gradient de concentration. L'osmose se poursuit jusqu'à ce atteint environ 40 litres, soit 60 % du poids du corps. Cette
qu'un équilibre soit atteint, situation lors de laquelle les proportion est plus élevée chez les bébés, les personnes
solutions de chaque côté de la membrane sont à la même jeunes et les adultes dont le poids est inférieur à la
concentration ; elles sont dites alors isotoniques. L'importance moyenne. Elle est plus basse chez les personnes âgées et
du contrôle étroit des concentrations de solutés dans les chez les personnes obèses de tout âge. L'eau extracellulaire
liquides corporels peut être illustrée en observant ce que représente environ 22 % du poids corporel, et l'eau
subit une cellule (par exemple un globule rouge) lorsqu'elle intracellulaire environ 38 %. Elle est aussi plus basse chez
est exposée à des solutions qui diffèrent de ce qui est les femmes que chez les hommes, car les femmes ont
rencontré dans les conditions physiologiques normales. proportionnellement plus de tissu adipeux que de tissu
L'osmolarité plasmatique est maintenue dans des musculaire comparativement aux hommes, le tissu
limites très étroites car, si la concentration de l'eau plas- adipeux n'étant composé que de 10 % d'eau contre 75 %
matique s'élève, c'est-à-dire si le plasma devient plus dans le tissu musculaire.
dilué que le liquide intracellulaire à l'intérieur des glo- La plus grande partie de l'eau corporelle totale se
bules rouges, l'eau se déplace en suivant son gradient de trouve à l'intérieur des cellules (environ 70 %, ou 28 des
concentration, traversant la membrane des hématies et 40 litres). Les 30 % restants (12 litres) sont extracellulaires,
pénétrant à l'intérieur d'elles. Cela peut entraîner le gon- principalement dans le liquide interstitiel dans lequel
flement et la rupture des globules rouges (NdT : l'hémo- baignent les tissus, presque tout le reste étant retrouvé
lyse). Dans cette situation, le plasma est dit hypotonique. dans le plasma (fig. 2.14).
Inversement, si la concentration de l'eau plasmatique
baisse, faisant que le plasma devient plus concentré que Liquide extracellulaire
le liquide intracellulaire à l'intérieur des hématies (le Le sang, le plasma, la lymphe, le liquide cérébrospinal,
plasma est alors dit hypertonique), de l'eau se déplace pas- les liquides des espaces interstitiels sont les principaux
sivement, par osmose, des hématies vers le plasma, et les constituants du liquide extracellulaire (LEC). D'autres
hématies se rétrécissent (fig. 2.13). LEC sont présents en très petites quantités ; leur rôle
consiste principalement à maintenir la lubrification. Ils
comprennent le liquide articulaire (synovial), le liquide
Liquides corporels péricardique (autour du cœur) et le liquide pleural (autour
des poumons).
Objectifs pédagogiques Le liquide interstitiel, ou intercellulaire, baigne toutes
les cellules du corps à l'exception de celles des couches
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
superficielles de la peau. C'est le milieu par lequel sont
capable :
diffusées les substances allant du sang aux cellules, et
■ de définir les expressions liquides intra- et des cellules au sang. Chaque cellule corporelle en contact
extracellulaires ; avec le LEC dépend directement, pour son bien-être, de
■ en utilisant des exemples, d'expliquer pourquoi le la composition de ce liquide. Des modifications même
contrôle homéostasique de la composition de ces minimes peuvent entraîner des dommages permanents,
liquides est vital pour les fonctions corporelles. et par conséquent la composition du LEC est étroitement
contrôlée. Par exemple, un taux bas du potassium dans le
30
Introduction à la chimie de la vie CHAPITRE 2
70 % de liquide
intracellulaire (LIC)
7,5 %
de plasma et
d’autres
liquides
corporels
30 % de liquide
22,5 % extracellulaire (LEC)
de liquide
interstitiel
plasma est responsable de faiblesse musculaire et d'aryth- le LEC est presque dix fois celui du LIC. Cette différence de
mie cardiaque, en raison de l'excitabilité accrue des tissus concentration est due au fait que, bien que le sodium diffuse
musculaire et nerveux. L'élévation du potassium sanguin dans la cellule dans le sens de son gradient de concentration,
interfère aussi avec la fonction cardiaque, et elle peut il y a dans la membrane plasmique une pompe qui l'en fait
même entraîner l'arrêt des battements du cœur. Le taux sortir à nouveau. Ce gradient de concentration est essentiel
de potassium sanguin n'est qu'un des nombreux para- au fonctionnement des cellules excitables (principalement
mètres soumis à un ajustement constant, soigneux, par les celles du nerf et celles du muscle). Inversement, de
mécanismes homéostasiques corporels. nombreuses substances sont en quantité significativement
plus élevée à l'intérieur de la cellule qu'à l'extérieur de
Liquide intracellulaire celle-ci, comme c'est le cas de l'ATP, des protéines et du
La composition du liquide intracellulaire (LIC) est largement potassium. Cependant, l'eau passe librement dans les deux
contrôlée par la cellule elle-même, car des mécanismes directions à travers la membrane cellulaire, et les
sélectifs d'entrée et de sortie sont présents dans la membrane changements de concentration de l'eau du LEC ont donc
cellulaire. À certains égards, la composition du LIC est très des conséquences immédiates sur les niveaux d'eau
différente de celle du LEC. Ainsi, le taux du sodium dans intracellulaire (fig. 2.13).
31
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CHAPITRE
Les cellules, les tissus 3
et l'organisation du corps
La cellule : structure et fonctions 34 Néoplasmes, ou tumeurs 58
Membrane plasmique 34 Causes des néoplasmes 58
Organites 35 Croissance des tumeurs 59
Cycle cellulaire 37 Effets des tumeurs 60
Transport de substances à travers les membranes Causes de la mort lors de maladies malignes 60
cellulaires 38
Tissus 40
Tissu épithélial 40
Tissu conjonctif 42
Tissu musculaire 45
Tissu nerveux 47
Régénération tissulaire 47
Membranes 47
Glandes 48
Organisation du corps 48
Termes anatomiques 49
Squelette 49
Squelette axial 49
Squelette des membres 52
Cavités du corps 53
Cavité crânienne 53
Cavité thoracique 53
Cavité abdominale 53
Cavité pelvienne 54
Changements de la taille et du nombre
de cellules 55
Mort cellulaire 56
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Réticulum Centrosome
Les cellules sont les plus petites unités fonctionnelles du
endoplasmique
corps. Elles sont regroupées pour former des tissus, cha- lisse
cun ayant une fonction spécialisée, par exemple le sang,
Centrioles
le muscle, l'os. Différents tissus sont regroupés pour for-
mer des organes, par exemple le cœur, l'estomac, le cer-
Enveloppe
veau. Des organes sont regroupés pour former des Noyau nucléaire
systèmes, qui assument chacun une fonction particu-
lière maintenant l'homéostasie et contribuant à la santé Réticulum
Nucléole
endo-
de l'individu (voir fig. 1.2, p. 5). Par exemple, le système plasmique
digestif est responsable de l'ingestion des aliments, de rugueux Ribosomes
(avec
leur digestion et de leur absorption ; il comprend divers des ribosomes)
organes, dont l'estomac et les intestins (intestin grêle et
gros intestin). La structure et les fonctions des cellules Appareil
ainsi que les types de tissus sont abordés dans ce chapitre. de Golgi Mitochondries
La terminologie employée pour décrire les relations
anatomiques des parties du corps, le squelette et les cavi- Membrane
plasmique
tés de l'organisme est ensuite indiquée. Granules Cytoplasme
sécrétoires
La dernière section aborde les caractéristiques des
tumeurs bénignes et malignes, leurs causes, leur mode de Figure 3.1 La cellule simple.
croissance et leur extension.
Membrane plasmique
La cellule : structure et fonctions La membrane plasmique (fig. 3.2) est faite de deux couches
de phospholipides (graisses, voir p. 27), avec quelques
Objectifs pédagogiques protéines et sucres enchâssés dans ces couches. En plus
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être des phospholipides, le cholestérol, qui est un lipide, est
capable : aussi présent dans la membrane plasmique. Les molécules
phospholipidiques ont une tête, électriquement chargée et
■ de décrire la structure de la membrane plasmique ;
hydrophile (ce qui signifie « aimant l'eau »), et une queue,
■ d'expliquer les fonctions des principaux organites ; non chargée et hydrophobe (ce qui signifie « haïssant l'eau »,
fig. 3.2A). La bicouche phospholipidique est disposée
■ d'indiquer le processus de la mitose ;
comme un sandwich, avec les têtes hydrophiles alignées
■ de comparer et d'opposer les transports actif, passif sur les faces superficielles de la membrane et les queues
et en masse de substances à travers les membranes hydrophobes, formant une couche centrale repoussant
cellulaires.
l'eau. Ces différences influencent le transfert de substances
à travers la membrane.
Le corps humain se développe à partir d'une seule cellule
appelée zygote, qui résulte de la fusion de l'ovule (cellule Protéines membranaires
germinale femelle) et du spermatozoïde (cellule germinale Les protéines qui traversent toute l'épaisseur de la
mâle). La multiplication cellulaire suit et, tandis que le membrane constituent des canaux permettant le passage,
fœtus grandit, des cellules ayant des spécialisations par exemple, d'électrolytes et de substances solubles non
structurales et fonctionnelles différentes se développent, lipidiques. La figure 3.2B montre des molécules protéiques
ayant toutes la même constitution génétique que le à la surface de la membrane plasmique. Les protéines
zygote. Les cellules individuelles sont trop petites pour membranaires ont plusieurs fonctions :
être vues à l'œil nu. Cependant, elles peuvent être vues • certaines molécules protéiques membranaires fixent
quand de minces tranches de tissu sont colorées au par leur partie externe des molécules d'hydrates de
laboratoire et agrandies en utilisant un microscope. carbone ramifiés, donnant à la cellule son identité
Une cellule comporte une membrane plasmique, qui immunologique ;
renferme divers organites flottant dans un liquide aqueux • elles peuvent agir comme récepteurs (sites de
appelé cytosol (fig. 3.1). Les organites, littéralement reconnaissance spécifiques) d'hormones et d'autres
« petits organes », ont des fonctions particulières et hau- messagers chimiques ;
tement spécialisées, et sont souvent enfermés dans leur • certaines sont des enzymes (p. 28) ;
propre membrane au sein du cytosol. Ils comprennent : • les protéines transmembranaires forment des canaux
le noyau, les mitochondries, les ribosomes, le réticulum endo- qui sont remplis d'eau et qui permettent à de très
plasmique, l'appareil de Golgi, les lysosomes et le cytosque- petits ions hydrosolubles de traverser la membrane ;
lette. Le contenu cellulaire, à l'exception du noyau, est le • certaines sont impliquées dans les pompes qui
34 cytoplasme, c'est-à-dire le cytosol et les autres organites. transportent les substances à travers la membrane.
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
Tête-hydrophile
Queue-hydrophobe
A Molécule de cholestérol B
Figure 3.2 La membrane plasmique. A. Schéma montrant la structure. B. Microscopie à force atomique en couleur de la surface montrant
les protéines plasmatiques.
Organites
Noyau
Chaque cellule du corps a un noyau, à l'exception des
érythrocytes matures. Les fibres du muscle squelettique
et certaines autres cellules contiennent plusieurs noyaux.
Le noyau est l'organite le plus volumineux ; il est limité à
l'intérieur de l'enveloppe nucléaire par une membrane
semblable à la membrane plasmique, mais avec de
minuscules pores au travers desquels certaines substances
peuvent passer dans le cytoplasme, c'est-à-dire dans le
contenu cellulaire à l'exception du noyau.
Le noyau contient le matériel génétique de l'organisme
sous la forme d'acide désoxyribonucléique (ADN, p. 466),
qui dirige toutes les activités métaboliques. Dans une cel-
lule qui ne se divise pas, l'ADN est présent sous la forme
d'un fin réseau de fibres appelé chromatine ; mais quand
la cellule s'apprête à se diviser, la chromatine forme des
structures distinctes appelées chromosomes (voir fig. 17.1,
Figure 3.3 Mitochondrie et réticulum endoplasmique rugueux.
p. 467). Une substance proche, l'acide ribonucléique Microscopie à balayage électronique en fausse couleur montrant une
(ARN), est aussi retrouvée dans le noyau. Il existe diffé- mitochondrie (en orange) et du réticulum endoplasmique rugueux
rents types d'ARN, qui ne sont pas tous retrouvés dans le (en turquoise) parsemé de ribosomes (points).
noyau, mais qui sont en général impliqués dans la syn-
thèse protéique. Elles sont centrales dans la respiration aérobie, processus
À l'intérieur du noyau se trouve une structure gros- par lesquels l'énergie chimique est rendue possible dans
sièrement sphérique appelée nucléole, qui participe à la la cellule. Cette énergie est sous forme d'ATP ; celle-ci
synthèse (fabrication) et à l'assemblage des composants libère de l'énergie quand la cellule la scinde (voir
des ribosomes. fig. 2.10, p. 28). La synthèse de l'ATP est la plus efficace
aux stades terminaux de la respiration aérobie, processus
Mitochondries requérant de l'oxygène (p. 336). Les types de cellules les
Les mitochondries sont des structures, en forme de plus actifs possèdent le plus grand nombre de mito
saucisse, situées dans le cytoplasme, décrites parfois chondries, par exemple le foie, le muscle et le
spermatozoïde. 35
comme le « centre du pouvoir » de la cellule (fig. 3.3).
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Figure 3.4 Microscopie à balayage électronique en couleur Figure 3.5 Fibroblastes. Microscopie en fluorescence montrant trois
montrant l'appareil de Golgi (en vert). noyaux (en violet) et leurs cytosquelettes (en jaune et bleu).
36
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
aire
cellul
ion
divis
Cytokines
–
M
se ose
Mit
Télo
Ph
An
phas
ap
Mé
ha s
Pro
tap
e
ph
e
ha
as
se
e
Phase G2 Phase G1
Phase S
(réplication de l’ADN)
Int
er p
has G0
e–
c r ois
s a n c e c e ll l a ir e
u
Figure 3.6 Microscopie à balayage électronique en couleur de
microvillosités dans l'intestin grêle. Figure 3.7 Le cycle cellulaire.
leurs principaux composants sont les microtubules, qui Les cellules dotées d'un noyau ont 46 chromosomes et
permettent le mouvement. Elles comprennent : se divisent par mitose, un processus qui génère deux nou-
• des microvillosités. Ce sont de minuscules projections velles cellules filles, identiques génétiquement. La seule
qui contiennent des microfilaments. Elles recouvrent la exception à ce processus est la formation des gamètes
surface exposée de certains types de cellules, par exemple (cellules sexuées), c'est-à-dire les ovules et les spermato-
les cellules absorbantes qui bordent l'intestin grêle (fig. 3.6). zoïdes, qui intervient au cours de la méiose (voir p. 470).
En augmentant considérablement la surface totale, les La période entre deux divisions cellulaires est appelée
microvillosités rendent la structure de ces cellules idéale le cycle cellulaire, qui est composé de deux phases visibles
pour remplir leur fonction – l'absorption des nutriments à en microscopie classique : la mitose (phase M) et l'inter-
partir de l'intestin grêle est ainsi optimisée ; phase (fig. 3.7).
• des cils. Ce sont de microscopiques projections Interphase
semblables aux cheveux contenant des microtubules
Cette phase est la plus longue. Il existe trois différents
qui sont situées le long des bords libres de certaines
stades :
cellules (voir fig. 10.12, p. 265). Ils battent ensemble,
déplaçant des substances le long de la surface, par • la phase G1 (pour gap) : la cellule croît en taille et
exemple du mucus vers le tractus respiratoire ; en volume. C'est habituellement la phase la plus
longue et dont la durée est la plus variable. Parfois,
• des flagelles. Il s'agit de longues projections uniques
en forme de fouet, contenant des microtubules, qui les cellules ne poursuivent pas le cycle cellulaire,
forment les queues de spermatozoïdes (voir fig. 1.19, pour entrer dans une phase quiescente (G0) ; durant
p. 15), ce qui permet de les propulser dans l'appareil cette période, les cellules procèdent à leurs fonctions
reproducteur féminin. spécifiques, par exemple la sécrétion, l'absorption ;
• la synthèse de l'ADN (phase S) : les chromosomes se
répliquent, formant deux copies d'ADN identiques
Cycle cellulaire (voir p. 470). Par conséquent, après la phase S, la
De nombreuses cellules lésées, mortes et épuisées peuvent cellule dispose de 92 chromosomes, c'est-à-dire qu'il y
être remplacées grâce à la croissance et la division d'autres a assez d'ADN pour deux cellules, et elle est presque
cellules similaires. La fréquence à laquelle la division prête à se diviser par mitose ;
cellulaire se produit varie suivant les différents types de • la phase G2 : la croissance et la préparation à la
tissus (p. 47). Ce processus est normalement soigneusement division cellulaire se poursuivent.
régulé afin de favoriser le maintien et la réparation
efficaces des tissus corporels. À la fin de leur durée de vie Mitose (fig. 3.8 et 3.9)
naturelle, les cellules vieillies sont programmées pour La mitose est un processus continu, comprenant quatre
s'« autodétruire » ; leurs composants sont éliminés par phases distinctes, pouvant être observées en microscopie
phagocytose, un processus appelé apoptose (p. 56). classique.
37
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Membrane
nucléaire Centriole
Centromère
Anaphase
Fuseau mitotique
Chromatide
Métaphase
(chromosome
Prophase
répliqué)
Interphase
Cytokinèse
Métaphase
Figure 3.9 La mitose. Microscopie classique montrant des cellules à
différents stades de la reproduction, la chromatine/les chromatides
figurant en rose.
Chromatides
sœurs
Les centrioles migrent, un à chaque terminaison de la
cellule, et l'enveloppe nucléaire disparaît.
Métaphase. Les chromatides s'alignent au centre du
fuseau, attachés par leurs centromères.
Anaphase
Anaphase. Les centromères se séparent, et parmi cha-
cune des paires de chromatides sœurs (maintenant de
nouveau appelés chromosomes), une migre vers chaque
terminaison du fuseau, tandis que les microtubules for-
mant le fuseau mitotique se contractent.
La membrane
nucléaire se Télophase. Le fuseau mitotique disparaît, les chromo-
reforme somes se déroulent et l'enveloppe nucléaire se reforme.
Après la télophase se produit la cytokinèse : le cytosol,
les organites intracellulaires et la membrane plasmique se
Télophase
divisent, formant deux cellules filles identiques.
Transport de substances
Deux cellules
filles identiques
à travers les membranes cellulaires
La structure de la membrane plasmique lui fournit la
propriété de perméabilité sélective, ce qui signifie que toutes
les substances ne peuvent pas la traverser. Celles qui le
peuvent le font de différentes manières, en fonction de
Cytokinèse leur taille et de leurs caractéristiques (voir fig. 1.13, p. 12).
• des substances liposolubles telles que l'oxygène, le de transporteurs est limité, la quantité de substance
dioxyde de carbone, les acides gras et les stéroïdes susceptible d'être transportée à un moment donné est
traversent la membrane en se dissolvant dans la partie limitée. Elle est appelée transport maximal.
lipidique de la membrane ;
• petites substances hydrosolubles telles que le
de Osmose
sodium, le potassium et le calcium traversent la L'osmose est le mouvement passif de l'eau dans le sens
membrane en passant dans des canaux remplis d'eau. de son gradient de concentration au travers d'une
membrane semi-perméable jusqu'à ce que l'équilibre soit
atteint ; elle est expliquée p. 29.
Diffusion facilitée
Ce processus passif est utilisé par certaines substances
incapables de diffuser sans aide au travers d'une membrane Transport actif
semi-perméable, comme c'est le cas du glucose et des acides C'est le transport de substances contre le sens de leur gradient
aminés. Des molécules porteuses protéiques spécialisées de concentration, c'est-à-dire de la concentration la plus basse
situées dans la membrane ont des sites spécifiques attirant à la concentration la plus élevée. L'énergie chimique sous
et liant les substances à transférer, comme un mécanisme de forme d'ATP (p. 27) dirige des molécules porteuses protéiques
clé et de serrure. Le transporteur modifie alors sa forme, et spécialisées, qui transportent les substances à travers la
dépose la substance de l'autre côté de la membrane (fig. 3.10). membrane dans chaque direction (voir fig. 3.10). Les sites du
Les sites du transporteur sont spécifiques, et ils ne peuvent transporteur sont spécifiques, et ils ne peuvent être utilisés que
être utilisés que par une seule substance. Comme le nombre par une seule substance ; par conséquent, le rythme du transfert
d'une substance dépend du nombre de sites disponibles.
A B C D E F
Particule englobée Formation Adhésion Digestion Exocytose
par la membrane d’une vacuole de lysosomes de la particule
plasmique par des enzymes
lysosomales
Figure 3.11 Transport en bloc à travers les membranes plasmiques. A–E. Phagocytose. F. Exocytose. 39
SECTION 1 Le corps et ses constituants
ou phagocytose. Ces particules sont englobées par des Tissu épithélial (fig. 3.12)
expansions du cytoplasme (voir fig. 15.1, p. 400), qui les
entourent pour former une vacuole limitée par une Ce type de tissu recouvre le corps, et borde les cavités, les
membrane. La pinocytose permet à la cellule d'absorber organes creux ainsi que les conduits corporels. Il est
du liquide. Dans la phagocytose, des particules également présent dans les glandes. La structure d'un
volumineuses (par exemple des fragments cellulaires, épithélium est étroitement liée à ses fonctions, qui sont :
des matériels étrangers, des microbes) sont englobées • la protection des structures sous-jacentes contre, par
dans la cellule. Des lysosomes adhèrent alors à la exemple, la déshydratation, les agressions chimiques
membrane de la vacuole, libérant des enzymes qui ou mécaniques ;
digèrent son contenu. • sécrétion ;
la
L'extrusion de matériel de déchet par le processus • l'absorption.
inverse à travers la membrane plasmique est appelée exocy-
tose. Les granules de sécrétion formés par l'appareil de Golgi Les cellules sont très étroitement réunies et la subs-
quittent la cellule habituellement de cette façon, comme le tance intercellulaire, appelée matrice, est minimale. Les
fait tout résidu de la phagocytose ne pouvant être digéré. cellules reposent habituellement sur une membrane basale,
qui est un tissu conjonctif inerte, composé des cellules
épithéliales elles-mêmes.
Tissus Le tissu épithélial peut être :
• simple, fait d'une seule couche de cellules ;
Objectifs pédagogiques • stratifié, fait de plusieurs couches de cellules.
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable : Épithélium simple
■ de décrire la structure et les fonctions des tissus L'épithélium simple consiste en une seule couche de
épithélial, conjonctif et musculaire ; cellules identiques ; il en existe quatre variétés. Il est
habituellement présent sur les surfaces absorbantes ou
■ d'indiquer
la structure et les fonctions des
sécrétrices, où la couche cellulaire stimule ces processus,
membranes épithéliale et synoviale ;
et il est rarement présent sur les surfaces exposées à
■ de comparer et d'opposer la structure et les l'agression. Les variétés sont désignées en fonction de la
fonctions des glandes exocrines et celles des forme des cellules, qui diffère selon leurs fonctions. Plus
glandes endocrines. le tissu est actif, plus les cellules sont grandes.
Membrane basale
A B C
Relâché Étiré
A B C
Figure 3.15 Épithélium transitionnel. A. Relâché. B. Étiré. C. Microscopie classique de la paroi vésicale montrant de l'épithélium transitionnel
(en rose) au-dessus du muscle lisse et d'une couche de tissu conjonctif (en rouge).
sortes de cellules sont alignés à des niveaux différents, don- riel extracellulaire. La figure 3.16 montre des fibres de
nant aussi une impression fausse de stratification, d'où le collagène. De très fines fibres de collagène, appelées par-
qualificatif pseudostratifié. Un tel épithélium borde l'urètre fois fibres de réticuline, sont présentes dans des tissus très
masculin et le canal de la parotide. On décrit également un actifs, tels que le foie et le tissu réticulaire. Les fibroblastes
épithélium pseudostratifié cilié, qui tapisse la majeure partie sont particulièrement actifs dans la réparation tissulaire
de la trachée, les bronches souches, le conduit auditif externe (cicatrisation des plaies), où ils peuvent réunir les surfaces
et une partie de la cavité tympanique de l'oreille.) de section des plaies, ou former un tissu de granulation
après destruction tissulaire (voir p. 393). Les fibres de
Tissu conjonctif collagène formées pendant la cicatrisation rétrécissent en
vieillissant, interférant parfois alors avec les fonctions de
Le tissu conjonctif est le tissu corporel le plus abondant.
l'organe lésé et avec les structures adjacentes.
Les cellules qui le forment sont plus largement séparées
les unes des autres que ne le sont les cellules des tissus Cellules adipeuses. Ces cellules, appelées également adi-
épithéliaux, et la substance intercellulaire (matrice) est pocytes, sont présentes isolément ou en groupes dans de
présente en quantité considérablement plus importante. nombreux types de tissu conjonctif, et elles sont particu-
Généralement, des fibres sont présentes dans la matrice, lièrement abondantes dans le tissu adipeux (voir
qui peut être de consistance semi-solide comme de la fig. 3.19B). Leur taille et leur forme varient en fonction de
gelée, ou dense et rigide, selon le siège et la fonction du la quantité de graisse qu'elles contiennent.
tissu. Les fibres forment un réseau de soutien pour que Macrophages. Il s'agit de grosses cellules (NdT : appelées
les cellules puissent s'y attacher. La plupart des types de aussi histiocytes) de forme irrégulière, dont le cytoplasme
tissu conjonctif ont une bonne vascularisation sanguine. contient des granulations (NdT : il s'agit de lysosomes).
Les principales fonctions du tissu conjonctif sont : Certains macrophages sont fixes, c'est-à-dire attachés à
• la liaison et le support structural ; des fibres de tissu conjonctif, et d'autres sont mobiles. Ils
• la protection ; constituent une partie importante des mécanismes de
• le transport ; défense de l'organisme, car ils sont activement phagocy-
• l'isolation. taires, englobant et digérant des débris cellulaires, des
bactéries et d'autres corps étrangers. Leurs activités sont
Cellules du tissu conjonctif typiquement celles du système de défense constitué par
Le tissu conjonctif, à l'exception du sang (voir Ch. 4), est les monocytes–macrophages, par exemple celles des
présent dans tous les organes possédant un tissu spécialisé. monocytes dans le sang, des cellules de Kupffer des
Les différentes cellules qui le constituent sont les sinusoïdes hépatiques, des cellules sinusoïdales dans les
fibroblastes, les cellules adipeuses, les macrophages, les nœuds lymphatiques et dans la rate, et des cellules micro-
leucocytes et les mastocytes. gliales dans le cerveau (voir fig. 4.13, p. 75).
Fibroblastes. Les fibroblastes sont de grandes cellules Leucocytes. Des cellules blanches du sang (p. 72) sont
avec des prolongements irréguliers (fig. 3.5). Ils produisent normalement présentes en petites quantités dans le tissu
le collagène et des fibres élastiques, et une matrice de maté- conjonctif normal, mais elles y migrent en nombre signi-
42
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
Fibroblaste
Fibres de
collagène
Adipocytes
(cellules adipeuses)
Fibres élastiques
A B
Noyau
Adipocyte
(cellule adipeuse)
A B
Figure 3.19 Tissu adipeux. A. Schéma de la structure de base. B. Microscopie à balayage électronique en couleur de cellules adipeuses
entourées de brins de tissu conjonctif.
44
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
Os
Les cellules de l'os (ostéocytes) sont entourées d'une
B
matrice faite de fibres de collagène renforcées par des sels
Figure 3.21 Tissu conjonctif dense. A. Tissu fibreux. B. Tissu inorganiques, en particulier de calcium et de phosphate.
élastique. Cela confère aux os leur résistance et leur rigidité
caractéristiques. L'os a également une considérable capa
cité de croissance dans les deux premières décennies de
Sang la vie, et de régénération tout au long de la vie. Deux
Il s'agit d'un tissu conjonctif fluide, décrit en détail dans types d'os peuvent être identifiés à l'œil nu :
le chapitre 4.
• l'os compact, solide, d'aspect dense ;
• l'os spongieux, ayant un aspect spongieux ou en fins
Cartilage rayons de miel.
Le cartilage est un tissu plus ferme que les autres tissus
Ils sont décrits en détail dans le chapitre 16.
conjonctifs. Ses cellules (chondrocytes) sont peu nombreuses.
Elles sont enchâssées dans la matrice, renforcée par des
fibres de collagène et des fibres élastiques. On en distingue
Tissu musculaire
trois types : le cartilage hyalin, le fibrocartilage et le Le tissu musculaire a la capacité de se contracter et de se
fibrocartilage élastique. relâcher, permettant le mouvement à l'intérieur du corps
et du corps lui-même. La contraction musculaire nécessite
Cartilage hyalin (fig. 3.22A) une irrigation sanguine adéquate afin de fournir
Le cartilage hyalin est un tissu lisse blanc-bleuté. Les suffisamment d'oxygène, de calcium et de nutriments, et
chondrocytes sont disposés en petits groupes à l'intérieur de chasser les produits de déchet. Il existe trois types de
de lacunes (nids cellulaires) et dans la matrice, qui est cellules contractiles spécialisées, aussi appelées fibres : le
solide et lisse. Le cartilage hyalin fournit la flexibilité, le muscle squelettique, le muscle lisse et le muscle cardiaque.
soutien et les surfaces lisses pour les mouvements
articulaires. Il est présent : Tissu musculaire squelettique (fig. 3.23)
Ce type de tissu est décrit comme squelettique car il forme
• aux extrémités des os longs formant les articulations ; les muscles qui font bouger les os (du squelette) ; strié car
• dans les cartilages costaux, qui rattachent les côtes au les stries peuvent être vues à l'examen microscopique ; et
sternum ;
volontaire car il est sous contrôle de la conscience. Bien que
• dans le larynx, la trachée et les bronches. la plupart des muscles squelettiques mobilisent les os, le
diaphragme est composé de ce type de muscle pour
Fibrocartilage (fig. 3.22B) favoriser un certain degré de contrôle volontaire dans la
Le fibrocartilage consiste en masses denses de fibres de respiration. En réalité, de nombreux mouvements peuvent
collagène blanc dans une matrice semblable à celle du cartilage être précisément coordonnés, par exemple dans l'écriture,
hyalin, avec des cellules largement dispersées. Il s'agit d'un mais peuvent aussi être contrôlés inconsciemment. Par
tissu de soutien dur, légèrement flexible, présent : exemple, maintenir la station debout ne nécessite pas la
• sous forme de coussinets entre les corps vertébraux, réflexion normalement, à moins qu'une nouvelle capacité
appelés disques intervertébraux ; locomotrice soit en cours d'apprentissage, par exemple
45
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Chondrocytes Nid cellulaire Matrice solide Fibre de collagène Chondrocytes Fibres élastiques Chondrocytes
A B C
A Noyaux B
Figure 3.24 Muscle lisse. A. Schéma. B. Microscopie en fluorescence classique montrant de l'actine, une protéine musculaire contractile
(en vert), des noyaux (en bleu) et des capillaires (en rouge).
Membrane séreuse
Les membranes séreuses, ou séreuses, sécrètent un liquide
Tubulaire Alvéolaire (acineuse) Sacculaire
aqueux. Elles consistent en une double couche de tissu A
conjonctif aréolaire lâche, limitée par un épithélium
pavimenteux simple (NdT : appelé communément méso
thélium). La couche pariétale borde une cavité, et la couche
viscérale entoure des organes (viscères) à l'intérieur d'une
cavité. Les deux couches sont séparées par un liquide
séreux sécrété par l'épithélium. Elles constituent :
• la plèvre, bordant la cavité thoracique (NdT : plèvre
pariétale) et entourant les poumons (NdT : plèvre
viscérale) (p. 267) ;
• péricarde, bordant la cavité péricardique et entourant
le
Tubulaire ramifiée Alvéolaire (acineuse) ramifiée
le cœur (p. 91) ; B
• péritoine, bordant la cavité abdominale et entourant
le
les organes abdominaux (p. 308). Figure 3.26 Glandes exocrines. A. Glandes simples. B. Glandes
composées (ramifiées).
Le liquide séreux entre les couches pariétale et viscé-
rale permet à l'organe de glisser librement dans la cavité
sans être lésé par un frottement entre lui et les organes
adjacents. Par exemple, le cœur change de forme et de
taille à chaque battement, et des lésions par frottement
sont prévenues par la disposition du péricarde et du
liquide séreux qui s'y trouve.
Membrane synoviale
Cette membrane borde les cavités articulaires et les
tendons qui les entourent, qui pourraient être lésés par
leur frottement sur des os, par exemple sur ceux du
poignet. Il ne s'agit pas d'une membrane épithéliale, mais
plutôt de tissu conjonctif lâche et de fibres élastiques.
La membrane synoviale sécrète le liquide synovial, clair,
gluant, huileux, qui lubrifie et nourrit les articulations
(voir Ch. 16).
Figure 3.27 Glandes tubulaires simples dans le gros intestin.
Photographie avec réactif (grossissement × 50).
Glandes
Les glandes sont des groupes de cellules épithéliales Organisation du corps
produisant des sécrétions spécialisées. Les glandes qui
déchargent leur sécrétion sur la surface épithéliale des Objectifs pédagogiques
organes creux, soit directement soit par l'intermédiaire d'un
canal, sont appelées glandes exocrines. La taille, la forme et la Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
complexité des glandes exocrines sont très variables, comme capable :
le montre la figure 3.26. Leurs sécrétions incluent le mucus, ■ de définir les termes anatomiques courants ;
la salive, les sucs digestifs et le cérumen. La figure 3.27 ■ d'identifier
les principaux os du squelette axial et
montre les glandes tubulaires simples du gros intestin. du squelette des membres ;
D'autres glandes libèrent leurs sécrétions dans le sang
■ d'établir les limites des quatre cavités du corps ;
et dans la lymphe. Elles sont appelées glandes endocrines
■ d'énumérer le contenu des cavités corporelles.
(glandes sans canal), et elles sécrètent des hormones (voir
Ch. 9).
48
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
Cette partie du chapitre explique la terminologie pour visualiser ou décrire sa disposition interne suivant
anatomique utilisée pour s'assurer que les relations entre différentes perspectives. La position anatomique (voir
les structures corporelles sont décrites de façon constante. ci-dessus) est utilisée comme point de référence dans la
Une vue d'ensemble des os formant le squelette est fournie description des plans corporels.
et le contenu des cavités corporelles est détaillé.
Plan médian. Quand le corps, en position anatomique,
est divisé longitudinalement sur la ligne médiane en deux
Termes anatomiques moitiés, droite et gauche, il a été divisé dans le plan
médian, comme dans la figure 3.40 (voir plus loin). Une
Position anatomique coupe sagittale est toute coupe parallèle au plan médian.
C'est la position utilisée dans toutes les descriptions
anatomiques afin qu'elles soient précises et uniformes. Le Plan coronal. Une coupe coronale ou frontale divise le
corps est en position debout, la tête droite regardant corps longitudinalement en ses sections antérieure
devant, les bras sur les côtés avec la paume des mains en (à l'avant) et postérieure (à l'arrière), comme dans la
avant, les pieds joints. figure 7.19.
Termes directionnels. Ces termes, appariés, servent à Plan transverse. Une coupe transverse ou horizontale
décrire la localisation de parties du corps en relation les divise le corps ou une partie du corps en parties supé-
unes avec les autres ; ils sont énumérés dans le tableau 3.1. rieure et inférieure. Cela peut être fait à n'importe quel
niveau, par exemple à travers la cavité crânienne, le tho-
Termes régionaux. Ils sont employés pour décrire les rax, l'abdomen, un membre ou un organe, comme dans
parties du corps (fig. 3.28). la figure 7.28.
Distal
Carpien (poignet) (au plus loin du milieu)
Sacral
Fessier
Palmaire (paume) (entre les hanches)
(glutéal) (fesses)
Pubien
(région génitale) Périnéal (entre l’anus
Digital ou Poplité et les organes
phalangien (doigts) (arrière du genou) génitaux externes)
Fémoral (cuisse)
Patellaire
(devant du genou) Crural (jambe)
S
D G Calcanéen (talon)
Pédieux (pied)
I Plantaire (plante)
Tarsien (cheville)
Antérieur Hallux (gros orteil) Inférieur Postérieur
(de face) (en bas) (de dos)
Digital ou phalangien
(orteils)
Fonctions
Les diverses parties de la tête ont des fonctions différentes
et spécifiques (voir p. 425), qui sont, pour résumer :
• la protection des structures délicates, comprenant le
cerveau, les yeux et les oreilles internes ;
• maintien de la perméabilité des voies aériennes
le
rendant possible la respiration ;
• fait de manger. Les dents sont enchâssées dans
le
la mandibule et le maxillaire ; le mouvement de
A la mandibule, seul os de la tête mobile, permet la
Plan coronal (frontal) B Plan médian
mastication.
Colonne vertébrale
La colonne vertébrale est faite de 24 os mobilisables (les
vertèbres), plus le sacrum et le coccyx. Les corps
C Plan transverse
vertébraux sont séparés les uns des autres par les disques
intervertébraux, faits de fibrocartilage. On décrit cinq
parties à la colonne vertébrale, et les os de chaque partie
sont numérotés de haut en bas (fig. 3.32) :
• 7 vertèbres cervicales ;
• 12 thoraciques ;
Figure 3.29 Plans corporels. • 5 lombales (ou lombaires) ;
50
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
Crâne
• 1 sacrum (5 os fusionnés) ;
S
• 1 coccyx (4 os fusionnés).
D G
Clavicule La première vertèbre cervicale, appelée atlas, s'articule
I avec le crâne. Ensuite, chaque vertèbre forme une arti-
culation avec les vertèbres immédiatement sus- et sous-
jacentes. Les régions vertébrales cervicale et lombale sont
Scapula plus mobiles que la région thoracique (dorsale).
Sternum Le sacrum est fait de cinq vertèbres fusionnées en un
Côtes
seul os, qui s'articule avec la cinquième vertèbre lombale,
sus-jacente, et avec le coccyx, sous-jacent, ainsi qu'avec l'os
Humérus innominé (os coxal, ou os de la hanche) de chaque côté.
Le coccyx est fait des quatre vertèbres terminales
Radius fusionnées en un petit os triangulaire, qui s'articule avec
Ulna (cubitus) le sacrum, sus-jacent.
Pelvis
Os carpiens Fonctions
Os
La colonne vertébrale a plusieurs fonctions importantes.
métacarpiens • Elle protège la moelle spinale. Chaque vertèbre
Phalanges présente un orifice, le foramen vertébral et,
collectivement, les foramens forment un canal où se
Femur trouve la moelle spinale.
• Des vertèbres adjacentes forment des orifices (foramens
intervertébraux), qui protègent les nerfs spinaux alors
Patella (rotule)
qu'ils sortent de la moelle spinale (voir fig. 16.26, p. 430).
• Dans la région thoracique, les côtes s'articulent avec
Tibia les vertèbres, permettant le mouvement de la cage
Fibula (péroné) thoracique durant la respiration.
Os tarsiens
Os métatarsiens Cage thoracique
Phalanges La cage thoracique (fig. 3.33) est formée par :
• 12 vertèbres thoraciques ;
• 12 paires de côtes ;
Figure 3.30 Vue antérieure du squelette. Squelette axial
• 1 sternum.
(en doré) et squelette appendiculaire (en brun).
Suture coronale
Os pariétal S
Os frontal A P
I
Os sphénoïde Os temporal
Os nasal Suture temporo-pariétale
Os ethmoïde
Suture lambdoïde
Os lacrymal
Os zygomatique Os occipital
Maxillaire
Processus mastoïde
Mandibule
S
Clavicule D G
C7
Vertèbres
1 T1 I
cervicales
(7)
2 Manubrium
3 sternal
4
Côtes
5
Corps
6
du sternum
7 Appendice
xiphoïde
T12
Vertèbres thoraciques 8 du sternum
(12) L1
9
Cartilages
10 costaux
Disques
Vertèbres intervertébraux
lombales
(5)
Foramens
intervertébraux
Figure 3.33 Les structures formant la cage thoracique.
Figure 3.32 La colonne vertébrale. Vue latérale. Ceinture scapulaire et membres supérieurs. Chaque
ceinture scapulaire comprend une clavicule et une omo-
Fonctions
plate. Chaque membre supérieur comprend :
Les fonctions de la cage thoracique sont les suivantes.
• Elle protège les organes thoraciques, incluant le cœur, • 1 humérus ;
les poumons et les gros vaisseaux sanguins. • 1 radius ;
• Elle forme des articulations entre les membres • 1 ulna ou cubitus ;
supérieurs et le squelette axial. La partie supérieure • 8 os carpiens ;
du sternum, le manubrium, s'articule avec les • 5 os métacarpiens ;
clavicules, constituant la seule articulation entre les • 14 phalanges.
membres supérieurs et le squelette axial.
Anneau pelvien et membres inférieurs. Les os de l'an-
• Elle donne attache aux muscles de la respiration :
– les muscles intercostaux occupent les espaces entre les neau pelvien sont les deux os innominés et le sacrum.
côtes et, quand ils se contractent, les côtes se déplacent Chaque membre inférieur consiste en :
en haut et en dehors, augmentant la capacité de la • 1 fémur ;
cage thoracique, et l'inspiration se produit ; • 1 tibia ;
– le diaphragme est un muscle en forme de dôme qui • 1 fibula ou péroné ;
sépare les cavités thoracique et abdominale ; il • 1 patella ou rotule ;
s'attache aux os du thorax et, quand il se contracte, • 7 os tarsiens ;
il aide à l'inspiration. • 5 os métatarsiens ;
52
• Elle permet à la respiration de se produire. • 14 phalanges.
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
Os frontal
Os pariétal S
Os sphénoïde
A P
I
Os nasal Os temporal
Os ethmoïde
Maxillaire Os occipital
Processus mastoïde
de l’os temporal
Processus styloïde
Vomer Os palatin de l’os temporal
en avant – les muscles formant la paroi la description de la position des organes et des structures
abdominale antérieure ; qu'elle contient.
en arrière – les vertèbres lombales et les muscles
formant la paroi abdominale Contenu
postérieure ; La plus grande partie de la cavité abdominale est occupée
latéralement – les côtes inférieures et des parties des par les organes et les glandes impliqués dans le système
muscles de la paroi abdominale ; digestif (fig. 3.36 et 3.37). Ceux-ci sont :
en bas – la cavité pelvienne, avec laquelle elle • l'estomac, l'intestin grêle et la plus grande partie du
se continue. gros intestin (côlon) ;
Par convention, la cavité abdominale est divisée en • foie, la vésicule biliaire, les canaux biliaires et le
le
neuf régions, indiquées dans la figure 3.38. Cela facilite pancréas.
Bord de coupe
du diaphragme
Estomac
Foie
Rate
S Vésicule biliaire
D G Côlon transverse
Côlon ascendant
Intestin grêle
Cæcum
Appendice
Face inférieure
du diaphragme Œsophage
Veine cave
inférieure Rate
Aorte
Artère splénique
Surrénale droite
Rein droit
S
Pancréas
D G Rein gauche
I Duodénum
Uretère gauche
Colonne vertébrale
Côlon ascendant
Côlon descendant
Cæcum
Côlon sigmoïde
Appendice
Rectum
Figure 3.37 Organes occupant la partie postérieure de la cavité abdominale et les cavités pelviennes. Les lignes en pointillés
indiquent la position de l'estomac.
Diaphrag me
Hypocondre
Région
épigastrique
Hypocondre
gauche
Changements de la taille
droit
et du nombre de cellules
Région lombale Région La première partie de ce chapitre a détaillé les
Région
droite ombilicale
lombale gauche caractéristiques typiques des cellules et des tissus
Région normaux, mais ceux-ci peuvent être atteints par des
Fosse iliaque hypogastrique Fosse iliaque changements physiologiques et/ou pathologiques.
droite gauche Les cellules peuvent grossir, ce qui est appelé hyper-
trophie (fig. 3.41), en réaction à des demandes supplé-
mentaires, par exemple l'hypertrophie des cellules du
Figure 3.38 Régions de la cavité abdominale. muscle lisse en réaction à l'entraînement physique, qui
augmente le volume et le tonus du muscle exercé. Une
diminution de la taille des cellules ou de leur nombre est
appelée atrophie. Faute d'être utilisées, les fibres muscu-
Contenu laires s'atrophient (et la masse musculaire diminue aussi),
La cavité pelvienne contient les structures suivantes : par exemple celles d'un membre sur lequel un plâtre a
• le côlon sigmoïde, le rectum et l'anus ; été appliqué pour immobiliser une fracture. Une altéra-
• certaines anses de l'intestin grêle ; tion de l'apport en nutriments ou en oxygène peut aussi
• la vessie, la partie inférieure des uretères et l'urètre ; entraîner une atrophie.
• chez la femme, les organes du système de L'hyperplasie (fig. 3.41) se produit lorsque les cellules se
reproduction : l'utérus, les trompes utérines, les divisent plus rapidement qu'auparavant, ce qui augmente
ovaires et le vagin (fig. 3.39) ; le nombre de cellules (et la taille des tissus/organes), par
55
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Uretère droit
Paroi abdominale
antérieure
Trompe utérine Sacrum
Ovaire
Utérus
Péritoine
Col utérin
Vessie
Rectum
Os pubien Vagin
Urètre Canal anal
S
A P
Uretère droit
Paroi abdominale antérieure Sacrum
Canal déférent
Péritoine
Vessie
Vésicule séminale
Prostate
Rectum
Os pubien
Canal anal
Urètre
Pénis
S
A P
Scrotum
I
56
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
dernière partie de la vie, moins de cellules perdues par pathologique. La membrane plasmique se rompt, ce qui
apoptose sont remplacées, ce qui contribue à la réduction libère le contenu intracellulaire, déclenchant la réaction
générale de la masse tissulaire et de la taille des organes inflammatoire. L'inflammation constitue le premier
chez les personnes âgées. stade de la réparation tissulaire ; elle est nécessaire pour
nettoyer la région des débris cellulaires avant que la
Nécrose cicatrisation et la réparation tissulaire puissent
C'est la mort cellulaire due au manque d'oxygène progresser (Ch. 14).
(ischémie), à un traumatisme ou à un processus
57
SECTION 1 Le corps et ses constituants
Bénigne Maligne
Radiations ionisantes
L'exposition à des radiations ionisantes, dont les rayons X,
Croissance lente Croissance rapide les isotopes radioactifs, les radiations environnementales
Cellules bien différenciées Cellules mal différenciées et les rayons ultraviolets du soleil, peut entraîner des
(ressemblant au tissu (pouvant ne pas ressembler modifications malignes de certaines cellules, et en tuer
d'origine) au tissu d'origine)
d'autres. Les cellules sont atteintes durant la mitose, et
Habituellement encapsulée Non encapsulée celles présentant normalement une division fréquente
Ne diffuse pas (pas de S'étend (métastase) : continue sont les plus exposées. Ces tissus labiles
métastases) – par infiltration locale comprennent la peau, les muqueuses, la moelle osseuse,
– par voie lymphatique
– par voie sanguine le tissu réticulaire, les gamètes dans les ovaires et les
– par les cavités corporelles testicules. Par exemple, des épisodes répétés de coups de
Récidive rarement Récidive fréquemment
soleil (dus à l'exposition aux ultraviolets de la lumière du
soleil) prédisposent au développement d'un cancer cutané
(voir mélanome malin, p. 398).
58
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
la tumeur ; N identifie les nœuds lymphatiques régionaux et des tumeurs métastatiques se développent. La
atteints ; et M identifie les sites de métastases. Pour la phagocytose des cellules tumorales d'un embole est
plupart des tumeurs, une grande taille et une extension improbable, car celles-ci sont protégées par le caillot
importante indiquent un pronostic défavorable. sanguin. Des cellules tumorales isolées peuvent aussi se
loger dans des capillaires d'autres organes. La division
Extension locale cellulaire dans les tumeurs secondaires, ou métastases,
Les tumeurs bénignes, en croissant, peuvent déterminer entraîne la croissance de ces tumeurs. Le siège des
des lésions des structures voisines par compression, mais métastases par voie sanguine dépend du site de la tumeur
ne se diffusent pas à d'autres parties du corps. d'origine (tumeur primaire) et de l'anatomie du système
Les tumeurs bénignes ou malignes peuvent : circulatoire régional. Les sièges les plus fréquents de ces
métastases sont les os, les poumons, le cerveau et le foie.
• léser des nerfs, entraînant des douleurs, une perte du
contrôle nerveux d'autres tissus ou organes innervés
par les nerfs endommagés ; Effets des tumeurs
• comprimer des structures adjacentes, entraînant par
exemple une ischémie (apport insuffisant de sang), Effets de compression
une nécrose (mort du tissu), un blocage de canaux, le Des tumeurs tant bénignes que malignes peuvent comprimer
dysfonctionnement ou le déplacement d'un organe, et léser des structures adjacentes, en particulier si elles se
une douleur par compression nerveuse. développent dans un espace limité. Les effets dépendent du
siège de la tumeur ; ils sont plus marqués dans les régions ne
En outre, les tumeurs malignes envahissent les tissus laissant que peu d'espace à l'expansion tumorale, comme la
avoisinants et peuvent aussi éroder des vaisseaux san- cavité crânienne, la région osseuse sous le périoste, les sinus
guins et lymphatiques, entraînant ainsi la dissémination osseux et les voies respiratoires. La compression des structures
de cellules tumorales dans d'autres parties du corps. adjacentes peut déterminer une ischémie, une nécrose, le
blocage des conduits, un dysfonctionnement ou un
Extension aux cavités corporelles déplacement d'organe, une douleur par compression nerveuse
Cette extension se produit quand une tumeur pénètre la paroi (douleur qui peut être due aussi à un envahissement nerveux).
d'une cavité. La cavité péritonéale est celle le plus souvent
atteinte. Si, par exemple, une tumeur maligne dans un organe Effets hormonaux
abdominal envahit le péritoine viscéral, des cellules tumorales Des tumeurs de glandes endocrines peuvent sécréter des
peuvent métastaser à des replis péritonéaux, à tout organe hormones, produisant les effets d'une hypersécrétion glan-
abdominal ou pelvien. Là où la possibilité de mouvement des dulaire. L'importance de la dysplasie cellulaire est un fac-
fragments tumoraux dans une cavité est moindre, la tumeur teur important. Des tumeurs bénignes bien différenciées
tend à réunir des couches tissulaires ; par exemple, une tumeur risquent plus de sécréter des hormones que des tumeurs
pleurale réunit les feuillets pariétal et viscéral de la plèvre, malignes très dysplasiques. Des taux sanguins élevés
limitant l'expansion respiratoire du poumon. d'hormones sont présents si la sécrétion tumorale se pro-
duit en l'absence du stimulus normal de sécrétion de l'hor-
Extension lymphatique mone et du mécanisme de contrôle homéostasique de cette
Cette extension se produit quand une tumeur maligne sécrétion. Certaines tumeurs malignes produisent des hor-
envahit les vaisseaux lymphatiques avoisinants. Des mones non caractéristiques ; par exemple, certaines tumeurs
groupes de cellules tumorales se détachent, gagnent avec des poumons produisent de l'insuline. Des glandes endo-
le courant lymphatique des nœuds lymphatiques, où elles crines peuvent être détruites par des tumeurs envahissantes,
se logent et où elles peuvent croître en tumeurs secondaires entraînant un défaut de sécrétion hormonale.
(NdT : métastases ganglionnaires, adénopathies malignes).
De là, il peut se produire une nouvelle extension par le Cachexie
système lymphatique, ou vers la circulation sanguine, car Il s'agit d'une perte de poids sévère avec faiblesse pro-
la lymphe se draine finalement dans les veines subclavières. gressive, perte de l'appétit, décharnement et anémie ; elle
s'observe habituellement dans des cancers métastasiques
Extension sanguine avancés. Sa sévérité indique habituellement le stade de la
Cette extension se produit quand les parois d'un vaisseau maladie. Son mécanisme n'est pas clair.
sanguin sont érodées par une tumeur maligne. Un
thrombus (caillot sanguin) peut se former à ce niveau, et Causes de la mort lors de maladies
des emboles faits de fragments de la tumeur et du caillot
sanguin peuvent disséminer par le courant sanguin
malignes
(embolies). Ces emboles bloquent de petits vaisseaux Infection
sanguins, déterminant des infarctus (NdT : territoires Une infection aiguë est une cause fréquente de mort
vasculaires où cesse la circulation, dont les tissus sont quand elle survient à un stade avancé d'une affection
60 frappés de mort et éventuellement infarcis par du sang), maligne. La prédisposition à l'infection est accrue par
Les cellules, les tissus et l'organisation du corps CHAPITRE 3
61
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SECTION
Communication
Sang 65
Système cardiovasculaire 85
2
2
Système lymphatique 141
Système nerveux 153
Les sens 205
Système endocrinien 229
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CHAPITRE
4
Sang
Plasma 66 Troubles érythrocytaires 77
Contenu cellulaire du sang 67 Anémies 77
Érythrocytes (globules rouges Anémie par carence en fer 77
du sang, hématies) 68 Anémies liées au déficit
Leucocytes (globules blancs) 72 en vitamine B12/acide folique 78
Plaquettes (thrombocytes) 75 Anémie aplasique 79
Anémies hémolytiques 79
Anémies hémolytiques acquises 81
Polyglobulies 81
Troubles leucocytaires 81
Leucopénie 81
Hyperleucocytose 82
Leucémie 82
Maladies hémorragiques 83
Thrombopénie (thrombocytopénie) 83
Déficit en vitamine K 84
Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) 84
Affections congénitales 84
SECTION 2 Communication
Le sang est un tissu conjonctif liquide. Il circule continuel certains troubles sanguins. Les effets du vieillissement
lement dans le corps, favorisant une communication sur la fonction des globules blancs sont décrits au cha
constante entre des tissus distants l'un de l'autre. Il trans pitre 15.
porte :
• de l'oxygène ;
• des nutriments ; Plasma
• des hormones ;
• de la chaleur ; Objectifs pédagogiques
• des substances protectrices ;
• des facteurs de coagulation du sang. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez
être capable :
Le sang est composé d'un liquide transparent jaune
■ d'énumérer les constituants du plasma ;
paille, le plasma, dans lequel différents types de cellules
sont en suspension. Le plasma constitue normalement ■ de décrire leurs fonctions.
55 % du volume sanguin. Les 45 % restants forment la
fraction cellulaire du sang. Les globules rouges et le
plasma peuvent être séparés par centrifugation ou par
la gravité lorsqu'on laisse le sang au repos (fig. 4.1A). Les constituants du plasma sont l'eau (90 à 92 %) et des
Comme les cellules sont plus lourdes que le plasma, elles substances dissoutes et en suspension dont :
coulent au fond de tout échantillon. • des protéines ;
Le sang représente jusqu'à environ 7 % du poids cor • des sels inorganiques (sels minéraux) ;
porel (environ 5,6 litres chez un homme de 70 kg). Cette • des nutriments, provenant principalement d'aliments
proportion est moindre chez la femme et considérable digérés ;
ment plus grande chez l'enfant, baissant progressivement • des déchets organiques ;
jusqu'à ce que le niveau de l'adulte soit atteint. • des hormones ;
Dans les vaisseaux sanguins, le sang est toujours en • des gaz.
mouvement en raison de l'action de pompe du cœur.
Le flux continu maintient un environnement tout à fait Protéines plasmatiques
constant aux cellules corporelles. Le volume du sang et la Les protéines plasmatiques, qui constituent jusqu'à 7 %
concentration de beaucoup de ses composants sont main du plasma, sont normalement retenues dans le sang car
tenus dans d'étroites limites par des mécanismes homéo elles sont trop volumineuses pour s'échapper par les
stasiques. La chaleur produite par les organes actifs sur pores capillaires pour gagner les tissus. Elles sont
le plan métabolique, comme les muscles squelettiques au largement responsables de la pression osmotique du sang
travail et le foie, est distribuée dans le corps par la circu (p. 90), qui retient le liquide plasmatique dans la
lation sanguine, ce qui contribue à maintenir la tempéra circulation. Si le taux de protéines plasmatiques baisse en
ture centrale du corps. raison soit d'une chute de leur production, soit d'une
La première partie du chapitre décrit la physiologie perte par les vaisseaux sanguins, la pression osmotique
sanguine normale, et les sections suivantes portent sur baisse aussi, et du liquide passe dans les tissus (œdème)
ainsi que dans les cavités corporelles.
La viscosité (épaisseur) du plasma est due aux pro
téines plasmatiques, principalement à l'albumine et au
fibrinogène. À l'exception des immunoglobulines, les
protéines plasmatiques sont générées dans le foie.
Plasma 55 % Sérum Albumines. Ce sont les protéines plasmatiques les plus
abondantes (environ 60 % du total) et leur principale
fonction est de maintenir normale la pression osmotique
du plasma. L'albumine agit aussi comme molécule de
transport des acides gras libres, de certains médicaments
Cellules Caillot et des hormones stéroïdiennes.
45 %
Globulines. Leurs principales fonctions sont :
• celle d'anticorps (immunoglobulines), protéines
A B complexes produites par des lymphocytes, qui jouent
un rôle important dans l'immunité. Ils se lient à des
Figure 4.1 A. Les proportions de cellules du sang et de plasma, matériels étrangers (antigènes) tels que des micro-
séparés par sédimentation. B. Caillot de sang dans du sérum. organismes, et les neutralisent (voir aussi p. 406) ;
66
Sang CHAPITRE 4
• le transport de certaines hormones et de certains sels en combinaison avec l'hémoglobine, et la plus grande
minéraux, par exemple, la TBG (thyroxine binding partie du dioxyde de carbone en tant qu'ions bicarbonate
globulin : globuline liant la thyroxine) transporte la dissous dans le plasma. L'azote atmosphérique pénètre
thyroxine ou T4 (NdT : et aussi une autre hormone dans l'organisme par les mêmes voies que les autres gaz ;
thyroïdienne, la tri-iodothyronine ou T3), et la il est présent dans le plasma, mais n'a pas de fonction
transferrine transporte le fer minéral ; physiologique.
• l'inhibition de certaines enzymes protéolytiques,
par exemple l'α2-macroglobuline inhibe l'activité
de la trypsine. Contenu cellulaire du sang
Objectifs pédagogiques
Facteurs de coagulation. Ce sont des substances qui
permettent la coagulation du sang (p. 76). Le sérum est le Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
plasma duquel les facteurs de coagulation ont été enlevés capable :
(fig. 4.1B). Le facteur de coagulation le plus abondant est ■ d'expliquerla structure, la fonction et la formation
le fibrinogène. des hématies, y compris les systèmes utilisés en
médecine pour classer leurs différents types ;
Hormones (Ch. 9)
Ce sont des messagers chimiques synthétisés par les
glandes endocrines. Les hormones passent directement Neutrophile
des cellules endocrines au sang, qui les transporte à leurs Lymphocyte
cibles (tissus et organes) situés ailleurs dans le corps, où
elles influencent l'activité cellulaire.
Gaz Érythrocytes
L'oxygène, le dioxyde de carbone et l'azote sont
transportés dans le corps dissous dans le plasma. Plaquettes
L'oxygène et le dioxyde de carbone sont aussi transportés
en combinaison avec l'hémoglobine et les globules rouges Figure 4.2 Un frottis sanguin montrant des érythrocytes, un
(p. 68). La plus grande partie de l'oxygène est transportée monocyte, un neutrophile, un lymphocyte et une plaquette.
67
SECTION 2 Communication
Le processus de formation des cellules du sang est appelé cette période, elles perdent leur noyau et deviennent donc
hématopoïèse (fig. 4.3). incapables de se diviser (fig. 4.5).
Durant les premières années de la vie, la moelle rouge La vitamine B12 et l'acide folique sont tous deux néces
occupe la totalité de l'espace médullaire, mais dans les saires pour la synthèse des globules rouges du sang. Ils
20 années qui suivent, elle est progressivement remplacée sont absorbés dans les intestins, bien que la vitamine
par de la moelle jaune graisseuse, qui n'a pas de fonction B12 doive être liée à un facteur intrinsèque (p. 320), afin
hématopoïétique. Chez les adultes, l'hématopoïèse est que l'absorption puisse intervenir. Les deux vitamines
confinée aux os plats, aux os irréguliers et aux membres sont présentes dans les produits laitiers, la viande et les
(épiphyses des os longs), les sièges principaux étant le ster légumes verts. Le foie contient habituellement de bonnes
num, les côtes, le pelvis et le crâne. réserves de vitamine B12, qui seront utiles pendant plu
sieurs années, mais des signes d'insuffisance en acide
Érythrocytes (globules rouges du sang, folique apparaissent en quelques mois. Le cycle de vie
d'un érythrocyte est montré dans la figure 4.5.
hématies)
Les globules rouges du sang sont de loin le type de Hémoglobine
cellules sanguines le plus abondant ; 99 % de l'ensemble L'hémoglobine est une molécule volumineuse et complexe,
des cellules sanguines sont des érythrocytes (fig. 4.2). Ce contenant une protéine globulaire (globine) et une
sont des disques biconcaves non nucléés, d'environ 7 μm substance complexe contenant du fer appelée hème.
de diamètre (fig. 4.4). Leur principale fonction est le Chaque molécule d'hémoglobine contient quatre chaînes
transport gazeux, essentiellement l'oxygène, mais ils de globine et quatre unités d'hème, chacune comportant
transportent aussi du dioxyde de carbone. Leur forme un atome de fer (fig. 4.6). Comme chaque atome de fer
caractéristique est appropriée pour leur fonction ; la peut se combiner avec une molécule d'oxygène, cela
biconcavité augmente leur surface pour l'échange signifie qu'une seule molécule d'hémoglobine peut
gazeux, et la minceur de la partie centrale favorise transporter jusqu'à quatre molécules d'oxygène. Un
l'entrée et la sortie rapides des gaz. Les cellules sont globule rouge de sang moyen transporte environ
flexibles, de telle sorte qu'elles peuvent se glisser à 280 millions de molécules d'hémoglobine, ce qui donne à
travers les étroits capillaires, et elles ne contiennent chaque cellule la capacité théorique de transport d'oxygène
pas d'organites intracellulaires, ce qui laisse davantage dépassant le milliard de molécules d'oxygènes !
de place à l'hémoglobine, la volumineuse protéine Le fer est transporté dans le flux sanguin en étant lié à
pigmentée responsable du transport du gaz. sa protéine de transport, la transferrine, et stocké dans le
La mesure du nombre de globules rouges, celle de foie. La production érythrocytaire normale nécessite un
leur volume et de leur teneur en hémoglobine sont des apport en fer stable. L'absorption du fer dans l'appareil
évaluations routinières et utiles en pratique clinique digestif est très lente, même si le régime est riche en fer ;
(tableau 4.1). Les symboles entre parenthèses sont les cela implique qu'un déficit en fer peut facilement surve
abréviations habituellement utilisées dans les résultats du nir si les pertes dépassent l'apport.
laboratoire.
Transport de l'oxygène
Durée de vie et fonction des érythrocytes Lorsque les quatre sites de liaison de l'oxygène sur une
Comme ils sont non nucléés, les érythrocytes ne peuvent molécule d'hémoglobine sont pleins, celle-ci est dite
pas se diviser et ils doivent être continuellement remplacés saturée. L'hémoglobine se lie à l'oxygène de manière
par de nouvelles cellules produites dans la moelle osseuse réversible pour former l'oxyhémoglobine, suivant
rouge. Celle-ci est présente aux extrémités des os longs, l'équation suivante :
ainsi que dans les os plats et ceux irréguliers. Ils y passent
par plusieurs stades de développement avant d'entrer Hémoglobine + oxygène « oxyhémoglobine
dans le sang. Leur durée de vie dans la circulation est ( Hb ) (O2 ) ( HbO )
d'environ 120 jours. Il existe environ 30 billions (1014) de
globules rouges en moyenne dans le corps humain,
environ 25 % de l'ensemble des cellules, et 1 % d'entre Lorsque la teneur en oxygène du sang augmente, sa
eux – principalement des cellules vieillies – sont nettoyés couleur change également. Le sang riche en oxygène
et détruits chaque jour. (habituellement le sang artériel) est rouge vif du fait des
Le processus de développement des globules rouges taux élevés d'oxyhémoglobine qu'il contient ; le sang avec
depuis les cellules souches prend environ 7 jours ; il est de faibles taux d'oxygène (habituellement le sang vei
appelé érythropoïèse (fig. 4.3). Les cellules immatures sont neux) est de couleur bleu sombre car il n'est pas saturé.
relâchées dans le flux sanguin sous forme de réticulo L'association entre l'oxygène et l'hémoglobine est
cytes, puis deviennent matures au bout d'un jour ou deux lâche, si bien que l'oxyhémoglobine libère facilement son
dans la circulation et deviennent des érythrocytes. Durant oxygène, en particulier dans certaines conditions.
68
Sang CHAPITRE 4
Proérythroblaste
Plaquette
Érythrocyte thrombocyte Basophile Éosinophile Neutrophile Monocyte Lymphocyte T Lymphocyte B
Cellules
Granulocytes mononucléées
7 µm
B C D
Figure 4.4 Le globule rouge. A. Au microscope. B. Dessiné de face. C. Coupe schématique. D. Microscopie à balayage électronique en
couleur d'un groupe de globules rouges circulant le long d'une artériole.
69
SECTION 2 Communication
é
cycl
(1 pg = 10−12 gramme)
r re
u fe
Concentration corpusculaire 30–35 g/100 ml de globules
Un érythrocyte
ud
(globulaire) moyenne en rouges
vit 120
te n
hémoglobine (CCMH ou CGMH)
jours
on
– le poids de l'hémoglobine dans C
100 ml de globules rouges
Bilirubine,
Hémolyse dans sécrétée
la rate dans la bile
pH bas. Les tissus actifs sur le plan métabolique, par Figure 4.5 Cycle de vie d'un érythrocyte.
exemple les muscles d'effort, libèrent l'acide des produits
de déchet ; ainsi, le pH local chute. Dans certaines condi X1 X1
tions, l'oxyhémoglobine se rompt facilement, procurant
de l'oxygène supplémentaire pour les tissus. Chaînes
protéiques
Faibles taux d'oxygène (hypoxie). Là où les taux
d'oxygène sont faibles, l'oxyhémoglobine se rompt,
libérant de l'oxygène. Dans les tissus, qui consomment
constamment de l'oxygène, les taux d'oxygène sont tou
jours faibles. Cela pousse l'oxyhémoglobine à libérer de
l'oxygène à destination des cellules. En outre, plus le
taux d'oxygène tissulaire est faible, plus de l'oxygène est
libéré, ce qui signifie que lorsque la demande en oxygène
tissulaire augmente, c'est également le cas de l'apport en
oxygène pour combler celle-ci. Par ailleurs, si les taux Groupes
d'oxygène sont élevés, comme c'est le cas dans les pou contenant
mons, la formation d'oxyhémoglobine est favorisée. X2 X2 du fer (hèmes)
réaction contre leurs propres hématies se produirait ; du volume sanguin. Ils possèdent un noyau, et certains
toutefois, ils fabriquent des anticorps anti-B, qu'ils ont des granulations dans leur cytoplasme (tableau 4.2 et
possèdent dans leur sérum. De même, les individus du fig. 4.2. Il en existe deux principaux types :
groupe B fabriquent, et possèdent dans leur sérum, des • les granulocytes (ou leucocytes polynucléaires) :
anticorps naturels anti-A ; ceux du groupe AB n'en neutrophiles, éosinophiles et basophiles ;
fabriquent pas, et ceux du groupe O fabriquent (et • les cellules mononucléées : monocytes et lymphocytes.
possèdent dans leur sérum) à la fois des anticorps naturels
anti-A et des anticorps anti-B (fig. 4.8). L'augmentation du taux de globules blancs dans le flux
Les sujets du groupe sanguin AB, ne possédant pas sanguin indique habituellement un problème physiolo
plus d'anticorps naturels anti-A qu'anti-B, sont par gique, par exemple une infection, un traumatisme ou un
fois dits receveurs universels : la transfusion de sang soit processus malin.
du groupe A, soit du groupe B, à ces individus est sans
risque, car ceux-ci n'ont pas d'anticorps naturels pour réa Granulocytes (leucocytes polynucléaires)
gir avec les antigènes A et B. Inversement, les sujets du Durant leur formation, appelée granulopoïèse, ils suivent
groupe O n'ont pas d'antigènes A et B sur la membrane une ligne complète de développement allant du
de leurs hématies, et leur sang peut être transfusé sans myéloblaste au myélocyte, avant de se différencier en l'un
risque aux sujets des groupes A, B, AB et O ; les sujets O des trois types précités (fig. 4.3 et 4.9). Tous les
sont dits donneurs universels. Il convient de noter que les granulocytes ont un noyau polylobé. Ils sont appelés
termes receveurs universels et donneurs universels peuvent selon le colorant qu'ils prennent au laboratoire. Les
être trompeurs, car ils impliquent que le système ABO éosinophiles sont colorés par l'éosine, colorant acide
est le seul devant être pris en considération. En pratique, rouge ; les basophiles le sont par le bleu de méthylène,
bien que les systèmes ABO puissent être compatibles, alcalin ; et les neutrophiles sont pourpres parce qu'ils
d'autres systèmes d'antigènes sur les hématies des rece prennent les deux colorants.
veurs et des donneurs peuvent être incompatibles et
provoquer une réaction transfusionnelle (p. 81). C'est la Neutrophiles
raison pour laquelle, avant toute transfusion, il demeure Ces récepteurs éboueurs (scavengers), petits, rapides et
nécessaire d'effectuer une épreuve de compatibilité croi vifs, protègent le corps contre l'invasion bactérienne, et
sée pour s'assurer de l'absence de réaction entre le sang enlèvent les cellules mortes et les débris des tissus lésés.
du donneur et celui du receveur. L'hérédité des groupes Ils sont attirés en grand nombre, dans toute aire
sanguins ABO est décrite au chapitre 17 (p. 472). d'infection, par des substances chimiques, appelées
chémotaxines (ou chimiotaxines), qui sont libérées par des
Système Rhésus cellules lésées. Dans l'aire concernée, les neutrophiles
L'antigène important de la membrane des érythrocytes sont très mobiles et se glissent à travers la paroi des
est ici l'antigène Rhésus (Rh), ou facteur Rhésus (NdT : capillaires par diapédèse (mouvements amiboïdes ;
il existe en fait un système Rhésus comprenant divers fig. 4.10). Leur nombre augmente très rapidement dans
antigènes, dont le plus important est l'antigène Rh une région tissulaire lésée ou infectée. Une fois là, ils
proprement dit, appelé aussi D). Environ 85 % des englobent par phagocytose les bactéries et les tuent
personnes possèdent cet antigène ; elles sont dites Rhésus (fig. 4.11 et fig. 15.1). Leurs noyaux sont typiquement
positives (Rh+ ou D), et elles ne possèdent donc pas complexes, avec jusqu'à six lobes (fig. 4.2), et leurs
d'anticorps naturels anti-Rhésus. Les 15 % restant n'ont granules sont des lysosomes, qui contiennent des enzymes
pas d'antigène Rhésus (ces personnes sont Rhésus digérant le matériel englobé. Le plus susceptible de se
négatives, ou Rh−). Les individus Rh− sont capables de former dans l'aire atteinte est fait de cellules tissulaires
fabriquer des anticorps anti-Rhésus, mais ils ne le font mortes, de microbes vivants et morts, et de phagocytes
que dans certaines circonstances, par exemple lors de la tués par des microbes.
grossesse ou du fait d'une transfusion de sang
incompatible (NdT : il n'y a pas d'anticorps naturels Éosinophiles
anti-Rh). Bien que capables de phagocyter des matériels étrangers,
les éosinophiles le font moins activement que les
neutrophiles ; leur rôle spécialisé semble être l'élimination
Leucocytes (globules blancs) de parasites, tels que les vers, trop volumineux pour être
Ces cellules ont une importante fonction dans la défense phagocytés. Ils sont équipés de certains toxiques
et l'immunité. Elles détectent les matériaux étrangers ou chimiques stockés dans leurs granules, libérés quand
anormaux (antigéniques) et les détruisent, grâce à des l'éosinophile se lie à l'organisme infectant.
mécanismes de défense variés décrits ci-après et dans le Une accumulation localisée d'éosinophiles peut se
chapitre 15. Les leucocytes sont les plus volumineuses des produire aux sites d'inflammation allergique tels que les
cellules du sang, mais ils ne représentent que 1 % environ voies aériennes des asthmatiques, et la peau des sujets
72
Sang CHAPITRE 4
Groupe sanguin Présence d’antigène + anticorps Comme donneur, il est Comme receveur, il est
A A
A B et AB, car le type A a des
B B et O car tous deux ont
anticorps anti-B qui réagiront
B
des anticorps anti-A qui
B
avec les antigènes B
A
Antigène A A Possède des anti-B réagiront avec les antigènes A
A
A
B B
A A Incompatible avec :
B Incompatible avec :
A A A A et AB, car le type B a des
A et O, car tous deux ont
B
anticorps qui réagiront
Antigène B B des anticorps anti-B qui
avec les antigènes A
Possède des anti-A réagiront avec les antigènes B
O seulement
A
A
B A Les globules rouges O n’ont Incompatible avec :
O A pas d’antigènes, et par conséquence A, AB et B,
B B
B
Pourcentage
Nombre × 109/l du total
Granulocytes
Cellules Basophiles
mononucléées Les basophiles, qui sont étroitement associés aux
Monocytes 0,2 à 0,8 2 à 10 réactions allergiques, ont des granules cytoplasmiques
contenant de l'héparine (un anticoagulant), de l'histamine
Lymphocytes 1,5 à 3,5 20 à 50
(un agent inflammatoire) et d'autres substances
Total 5à9 100 favorisant l'inflammation. Un allergène (antigène
responsable d'allergie) d'un certain type est
habituellement responsable de la libération du contenu
des granules du basophile. Celui-ci se lie à des
récepteurs d'anticorps spécifiques situés sur la
atteints d'allergie cutanée. Là, ils favorisent l'inflamma membrane du basophile. Le mastocyte est une cellule
tion tissulaire en libérant leurs toxiques chimiques, mais très semblable au basophile, sauf qu'il est présent dans
ils peuvent aussi étouffer le processus allergique en libé les tissus et non pas dans le sang circulant. Les
rant d'autres produits chimiques tels que l'histaminase, mastocytes libèrent le contenu de leurs granules dans
une enzyme dégradant l'histamine (p. 402). les secondes qui suivent leur liaison à un allergène, ce
73
SECTION 2 Communication
Espace (tissu)
interstitiel Neutrophile
Capillaire
Capillaire sanguin
lymphatique Globules
rouges
Neutrophiles
avec pseudopode
Lymphocyte Monocyte
Plaquettes
Tableau 4.3 Facteurs de coagulation sanguine
I Fibrinogène
II Prothrombine
Prothrombine Thrombine
Voie Contrôle de la coagulation
commune La formation du caillot sanguin dépend beaucoup
finale Fibrinogène Réseau de
fibrine lâche de plusieurs processus s'autoperpétuant car, une fois qu'elle
est déclenchée, un mécanisme de rétroaction positive
Caillot de favorise leur continuation. Par exemple, la thrombine est un
fibrine stabilisé puissant stimulant de sa propre production. L'organisme
possède par conséquent plusieurs mécanismes pour
Figure 4.14 Étapes de la coagulation du sang.
contrôler et limiter la cascade de coagulation ; sinon, une
fois lancé, le processus de coagulation s'étendrait à
Après un certain temps, le caillot se rétracte, laissant l'ensemble du système circulatoire, au lieu de rester limité
exsuder le sérum, liquide clair qui est du plasma auquel à la zone localisée où il est nécessaire. Les principaux
les facteurs de coagulation ont été enlevés. La rétrac éléments du contrôle sont les suivants :
tion du caillot joint les bords du vaisseau lésé, rédui • le caractère parfaitement lisse du revêtement interne
sant la perte de sang et refermant le trou de la paroi du du vaisseau sanguin évite l'adhésion de plaquettes sur
vaisseau. des vaisseaux sanguins sains, non lésés ;
La figure 4.15 montre une microscopie à balayage • les facteurs de la coagulation ne demeurent actifs que
électronique d'un caillot sanguin. Les brins de fibrine (en peu de temps car ils sont inhibés par des anticoagulants
rose) ont piégé des globules rouges, des plaquettes et un naturels, comme l'héparine et l'antithrombine III, qui
globule blanc. interrompent la cascade de la coagulation.
76
Sang CHAPITRE 4
Objectifs pédagogiques
Terme Définition
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
Normochrome Cellules de couleur normale
capable :
Normocytaire Cellules de taille normale
■ de définir le terme d'anémie ;
Microcytaire Cellules plus petites que normalement
■ de comparer et d'opposer les causes et les effets du
déficit en fer, des anémies mégaloblastiques, Macrocytaire Cellules plus grosses que normalement
aplasiques, hypoplasiques et hémolytiques ; Hypochromie Cellules plus pâles que normalement
Anémies
L'anémie est l'incapacité du sang de transporter suffi
• d'essoufflement à l'effort ; quand les besoins en oxygène
samment d'oxygène pour couvrir les besoins corporels. augmentent, le rythme et le travail respiratoires
Habituellement, cela est dû à de faibles taux d'hémoglobine augmentent pour tenter de répondre à une demande
dans le sang, mais parfois à la production d'hémoglobine accrue.
défectueuse.
La classification des anémies est fondée sur la cause :
Anémie par carence en fer
• une production d'érythrocytes en nombre insuffisant
ou défectueux. Si le nombre de globules rouges C'est la forme d'anémie la plus fréquente dans de
produits est trop faible ou que ceux-ci sont défectueux nombreuses parties du monde. L'apport alimentaire en
d'une manière ou d'une autre, il peut s'ensuivre une fer provient principalement de l'absorption de viandes
anémie. Les causes importantes comprennent un rouges et de végétaux hautement colorés. Les besoins
déficit en fer, un déficit en vitamine B12/acide folique journaliers sont de 1 à 2 mg chez les hommes. Ceux des
et une altération de la moelle osseuse ; femmes sont de 3 mg, car les apports doivent compenser
• une perte sanguine ou une rupture érythrocytaire les pertes de sang par les règles, et faire face aux besoins
(hémolyse) excessive. Si des érythrocytes s'échappent de la croissance fœtale pendant la grossesse. Les enfants
de la circulation sanguine, soit par une perte de sang ont des besoins supérieurs à ceux des adultes pour couvrir
comme dans une hémorragie, soit par une hémolyse les besoins dus à la croissance.
accélérée, une anémie peut s'ensuivre. La quantité d'hémoglobine dans chaque hématie
est considérée comme inférieure à la normale quand la
L'anémie peut provoquer des modifications anormales TCMH (teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine)
de la taille ou de la couleur des globules rouges, pouvant est inférieure à 27 pg/cellule (tableau 4.1). L'anémie est
être détectées à l'examen microscopique. Les modifica sévère quand le taux d'hémoglobine est inférieur à 9 g/
tions caractéristiques sont énumérées dans le tableau 4.4. dl de sang.
L'anémie peut être associée à une numération érythrocy L'anémie par carence en fer peut être due à une carence
taire normale et à l'absence d'anomalies dans la structure d'apport, rarement à des besoins en fer élevés, ou à une
des érythrocytes (anémie normocytaire normochrome). malabsorption dans le tractus alimentaire.
Par exemple, après une hémorragie subite, les globules
rouges de la circulation sont normaux sur le plan de la Carence d'apport
forme et de la taille, mais leur nombre est réduit. Un déficit en fer est fréquent, même chez les individus
Les symptômes et les signes d'anémie sont liés à l'inca dont les besoins sont normaux, en raison de la relative
pacité du sang de fournir aux cellules corporelles assez inefficacité de l'absorption du fer. Il se développe
d'oxygène pour leurs besoins, et ils peuvent traduire des généralement lentement sur une longue période de
phénomènes d'adaptation. Il s'agit par exemple : temps, et les symptômes n'apparaissent qu'une fois
• de tachycardie ; le rythme cardiaque augmente pour l'anémie bien établie. Le risque de défaut augmente si
améliorer l'apport sanguin et accélérer la circulation ; l'apport alimentaire quotidien en fer est diminué d'une
• de palpitations (perception des battements du cœur) quelconque façon, comme dans les régimes végétariens
ou d'angine de poitrine (p. 128) ; celles-ci sont dues à mal planifiés, les régimes à faible apport calorique où
l'effort accru du muscle cardiaque surmené ; la quantité d'aliments ingérés est réduite. Les nourrissons
77
SECTION 2 Communication
nourris au lait peuvent aussi présenter une discrète moyenne de vie est abaissée à 40–50 jours. L'anémie est
anémie par carence en fer si le passage à un régime due à une baisse de la production des hématies et à leur
diversifié est retardé jusqu'après l'âge d'un an, car le hémolyse précoce.
foie ne dispose de réserves en fer que pour quelques
mois, et le lait est une source pauvre en fer. D'autres Anémie par carence en vitamine B12
groupes à risque comprennent les personnes âgées et
les personnes alcooliques, dont le régime alimentaire Anémie pernicieuse
est pauvre. L'anémie pernicieuse (NdT : ou anémie de Biermer) est la
plus fréquente des anémies par carence en vitamine B12.
Besoins élevés Elle est plus fréquente chez les femmes de plus de 50 ans.
Lors de la grossesse, les besoins en fer sont accrus en Il s'agit d'une maladie auto-immune, dans laquelle des
raison à la fois de la croissance fœtale et de la charge autoanticorps détruisent le facteur intrinsèque (FI) et les
supplémentaire en sang du système cardiovasculaire de cellules pariétales gastriques qui le produisent (p. 319).
la mère. Les besoins en fer augmentent également en cas
de perte chronique de sang, dont la cause peut être un Carence d'apport alimentaire en vitamine B12
ulcère peptique (ulcère de l'estomac) (p. 345), des La vitamine B12 est largement présente dans les produits
ménorragies (règles importantes), des hémorroïdes, ou alimentaires d'origine animale, dont les produits laitiers,
un carcinome du tractus gastro-intestinal (p. 347, 351). la viande et les œufs. Cette carence est donc rare, sauf
chez les végétaliens stricts, qui ne consomment aucun
Malabsorption produit d'origine animale. Les réserves hépatiques en
L'absorption du fer est habituellement augmentée après vitamine B12 sont telles que la carence peut n'apparaître
une hémorragie ; elle peut être diminuée lors d'atteintes qu'au bout de plusieurs années.
gastriques, duodénales ou jéjunales. Comme l'absorption
du fer dépend de l'environnement acide dans l'estomac, Autres causes de déficit en vitamine B12
une augmentation du pH gastrique peut la réduire ; cela Ces causes comprennent les suivantes.
peut être consécutif à l'absorption excessive d'anti-acides, • Gastrectomie (ablation de tout ou partie de l'estomac).
à la résection d'une partie de l'estomac, ou à une anémie Il reste peu de cellules sécrétant le FI après résection
pernicieuse (voir ci-après), où les cellules libérant de partielle de l'estomac.
l'acide (pariétales) de l'estomac sont détruites. La perte de • Gastrite chronique non auto-immune, maladie maligne de
surface d'absorption dans les intestins, par exemple par l'estomac, irradiation gastrique (radiations ionisantes).
intervention chirurgicale, peut aussi entraîner une Dans ces cas, la muqueuse gastrique, dont les cellules
carence. pariétales produisant le FI, est altérée.
• Malabsorption. Elle peut être due à la résection de
l'iléon distal, ou à son inflammation, par exemple lors
Anémies liées au déficit en vitamine B12/ de la maladie de Crohn.
acide folique
Un déficit en vitamine B12 et/ou en acide folique altère Complications des carences en vitamine B12
la maturation des érythrocytes (fig. 4.5), et des érythrocytes Ces anomalies peuvent précéder l'anémie. Comme la
anormalement grands (macrocytes) sont présents dans le vitamine B12 est nécessaire à la production de la myéline,
sang. Plusieurs divisions cellulaires se produisent une carence conduit à des lésions neurologiques parfois
pendant l'érythropoïèse normale (fig. 4.3) et, à chacune irréversibles, souvent dans la moelle spinale (p. 187). Les
d'elles, les cellules filles sont plus petites que la cellule anomalies des muqueuses, comme une glossite (inflam
parentale, car il y a trop peu de temps entre les divisions mation de la langue), sont aussi fréquentes ; celles-ci sont
pour qu'une croissance cellulaire significative puisse se réversibles.
produire. En cas de déficit en vitamine B12 ou en acide
folique, le rythme de la synthèse de l'ADN et de l'ARN
est ralenti, retardant la division cellulaire. Par conséquent,
Anémie par carence en acide folique
les cellules filles peuvent croître davantage que Le déficit en acide folique entraîne une anémie mégalo
normalement. Les cellules circulantes sont immatures, blastique identique à celle due à un déficit en vitamine
plus grosses que normalement (macrocytes, volume B12, mais il n'est pas associé à une dégénérescence nerveuse
globulaire moyen [VGM] > 100 fl), et certaines sont médullaire. Il peut être dû :
nucléées. Le contenu en hémoglobine de chaque cellule • à une carence d'apport alimentaire, par exemple
(CCMH) est normal ou augmenté (NdT : CCMH > 35 pg, chez des nourrissons recevant tardivement une
mais la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine alimentation diversifiée et pas uniquement lactée,
reste normale : TCMH entre 32 et 36 g pour 100 ml de chez des alcooliques, des anorexiques, des femmes
globules rouges). Les hématies sont fragiles, et leur durée enceintes ;
78
Sang CHAPITRE 4
Anémies hémolytiques
Ces anémies s'observent quand des globules rouges
circulants sont détruits, ou quand ils sont enlevés
prématurément du sang parce qu'ils sont anormaux ou
que la rate est hyperactive. La plupart des cas d'hémolyse
interviennent dans le foie ou la rate, et la durée de vie des
érythrocytes, normalement de 120 jours environ, peut être Drépanocyte
considérablement raccourcie. Si l'affection est relativement
modérée, le nombre de globules rouges peut demeurer
stable, puisque la production d'érythrocytes par la moelle Érythrocyte normal
osseuse rouge augmente pour compenser. Ainsi, il peut
exister une hémolyse continue sans anémie. Cependant,
si la moelle osseuse ne parvient pas à compenser, le
nombre de globules rouges va chuter, ce qui entraînera Figure 4.16 Microscopie à balayage montrant 3 érythrocytes
une anémie. normaux et un drépanocyte.
79
SECTION 2 Communication
est moindre que le temps nécessaire à la maturation intra- corps, d'où l'hémolyse (fig. 4.17). Dans les cas les plus
érythrocytaire du parasite du paludisme (NdT : en fait, sévères, le bébé meurt dans l'utérus maternel d'anémie
il semble aussi et peut-être surtout que la basse pression profonde (NdT : le tableau réalisé est celui de l'anasarque
d'oxygène observée dans les tissus profonds du drépano fœtoplacentaire, ou hydrops fœtalis). Dans les cas moins
cytaire en raison de l'anomalie de l'hémoglobine entrave sévères, le bébé naît avec une anémie de degré variable,
le développement du parasite, dont la dernière partie du corrigée par la transfusion de sang (NdT : il s'agit en règle
cycle érythrocytaire se fait précisément dans ces tissus). d'exsanguinotransfusion, remplacement de la presque
totalité du sang du nouveau-né par du sang invulnérable
Complications. La grossesse, l'infection et la déshydrata
aux anticorps maternels).
tion prédisposent au développement de crises drépano
La maladie est devenue beaucoup plus rare depuis
cytaires dues à une coagulation intravasculaire avec
qu'il a été montré que si la mère Rh− reçoit en injection
ischémie, traduites par des douleurs sévères des os longs,
des anticorps anti-Rh dans les 72 h qui suivent le premier
du thorax ou de l'abdomen. Une hémolyse excessive
accouchement d'un enfant Rh+, le système immunitaire
entraîne une augmentation des taux de bilirubine circu
de celle-ci ne fabriquera pas d'anticorps anti-Rh. Les gros
lante, ce qui provoque fréquemment la formation de
sesses ultérieures d'enfants Rh+ ne seront donc pas affec
calculs (cholélithiase) et d'inflammation de la vésicule
tées, à condition que l'injection soit renouvelée à chaque
biliaire (cholécystite) s'observe ainsi (p. 358).
Thalassémie
Cette affection héréditaire, courante dans les pays Père : Rh+ Mère : Rh–
méditerranéens, entraîne une production anormale (antigène présent) (pas d’antigène)
d'hémoglobine, ce qui réduit l'érythropoïèse et stimule
R R R
l'hémolyse. L'anémie qui en résulte peut se présenter
sous des formes variées, allant de légères et
R
R
asymptomatiques à profondes et menaçant le pronostic
vital. Dans le cadre de la thalassémie modérée à sévère,
les symptômes comprennent une expansion de la moelle
osseuse et une splénomégalie, car la production de
globules rouges augmente pour corriger l'anémie. Dans
les formes les plus graves de la maladie, des transfusions R
R
Bébé : Rh+
sanguines régulières sont nécessaires, ce qui peut (hérité du père)
R
provoquer une surcharge en fer. Lymphocyte
maternel
Maladie hémolytique du nouveau-né
anti-R
classique, ou D). an
ti-R
lors de l’accouchement,
stimulant la fabrication
R
h
Une mère Rh− n'a aucun antigène Rh sur ses globules R
R d’anticorps anti-Rh
rouges (NdT : elle est dite dd), mais elle est capable de par les lymphocytes
anti-Rh
i-Rh
ant
produire des anticorps anti-Rh (anti-D). Si elle conçoit maternels
un enfant né d'un père Rh+ (NdT : le père est soit homo
zygote DD, soit hétérozygote Dd) et que l'enfant hérite de
lui l'antigène Rh (D), cet enfant est également Rh+ (NdT :
il est Dd, c'est-à-dire hétérozygote pour D). Pendant la
grossesse, le placenta protège le bébé du système immu
h
i-R
ant
R
R
Leucémies aiguës
Ces types ont habituellement un début soudain, et elles Maladies hémorragiques
touchent des cellules blastiques peu différenciées et
immatures (voir fig. 4.3). Il s'agit d'affections agressives, Objectifs pédagogiques
atteignant leur apogée en quelques semaines ou mois.
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
L'invasion rapide de la moelle osseuse entraîne une
capable :
insuffisance médullaire rapide et une anémie, une
thrombopénie traduite par des hémorragies, une ■ d'indiquer les principales causes et les principaux
neutropénie favorisant les infections bactériennes. Les effets d'une thrombopénie ;
membranes muqueuses de la bouche et du tractus ■ d'indiquer le rôle de la vitamine K dans des
gastro-intestinal supérieur sont les plus fréquemment troubles de la coagulation ;
affectées.
■ d'expliquer
l'appellation coagulation intravasculaire
Une leucocytose est habituellement présente dans la disséminée et de donner ses principales causes ;
leucémie aiguë. La moelle osseuse est envahie de très
nombreuses cellules immatures et anormales. ■ de décrire les déficits présents dans l'hémophilie.
Leucémie lymphoïde chronique. Elle implique la proli Purpura thrombopénique auto-immun. Cette affection,
fération des lymphocytes B ; elle est généralement moins qui touche habituellement des enfants et des adultes
agressive que la leucémie myéloïde chronique. Elle se jeunes, peut être due à une infection virale, telle que la
rencontre essentiellement chez les personnes âgées ; la rougeole. Des anticorps antiplaquettaires sont formés,
progression de la maladie est en général lente, le taux recouvrant les plaquettes et entraînant leur destruction
de survie pouvant atteindre 25 ans. après qu'elles aient été phagocytées par des phagocytes
83
SECTION 2 Communication
mononucléés de la rate et plus accessoirement du foie. Le • une infection bactérienne, comme une septicémie,
purpura est une manifestation significative de la maladie, des endotoxines étant libérées par des bactéries Gram
caractérisé par la présence d'hémorragies dans la peau négatif ;
dont la taille va de celle d'une tête d'épingle (NdT : elles • traumatismes sévères ;
les
sont appelées pétéchies) à celle de grandes taches (NdT : • l'embolie amniotique, l'hématome rétroplacentaire,
appelées ecchymoses). La sévérité des manifestations de l'éclampsie, la rétention de fœtus mort ;
la maladie va du discret saignement cutané aux hémor • pancréatite aiguë, quand des enzymes digestives
la
ragies viscérales. Quand le taux de plaquettes est très sont libérées dans le sang ;
bas, on peut observer des ecchymoses étendues, des • des cancers avancés (NdT : et aussi des leucémies,
hématomes, des hémorragies gastro-intestinales ou intra surtout aiguës, dont en particulier la leucémie aiguë
crâniennes. promyélocytaire, où elle survient de façon presque
constante) ;
Déficit en vitamine K • des transfusions de grandes quantités de sang.
La vitamine K est nécessaire à la synthèse hépatique de
nombreux facteurs de coagulation (NdT : facteurs dits
vitamine K-dépendants), et son déficit prédispose par Affections congénitales
conséquent à des troubles de l'hémostase. Hémophilies
Les hémophilies sont un groupe de troubles de la
Maladie hémorragique du nouveau-né coagulation hérités, portés par des gènes présents sur le
Un saignement spontané du cordon ombilical et de la chromosome X (c'est-à-dire que la transmission est liée au
muqueuse intestinale se produit chez des nouveau-nés sexe, voir p. 472). Les gènes en cause codent pour les
dont la vitamine K obtenue de la mère durant la grossesse facteurs de coagulation anormaux (facteur VIII et facteur
a été utilisée, alors que les bactéries intestinales de Christmas) et, s'ils sont transmis à un garçon,
synthétisant la vitamine K ne sont pas encore apparues conduisent toujours à la manifestation de la maladie. Les
dans l'intestin du bébé. Il risque en particulier de survenir femmes ayant hérité d'une copie sont des porteuses, mais
si le nouveau-né est prématuré. si leur second chromosome X est porteur d'une copie du
gène normal, leur coagulation sanguine est normale. Il est
Déficit d'absorption chez l'adulte possible, mais inhabituel, qu'une femme hérite de deux
La vitamine K est soluble dans les graisses (NdT : elle est copies du gène anormal et soit hémophile.
dite liposoluble), et la présence de sels biliaires dans Les hémophiles présentent de sévères épisodes hémor
l'intestin est nécessaire pour qu'elle soit absorbée (NdT : ragiques prolongés et répétés, de siège quelconque, même
la vitamine K1, d'origine alimentaire, est absorbée dans le en l'absence de traumatisme. Des hémorragies récidi
grêle proximal ; la vitamine K2, synthétisée par les bactéries vantes intra-articulaires sont fréquentes, traduites par des
intestinales, est absorbée dans l'iléon terminal et le côlon). douleurs marquées et, à long terme, des altérations du
Un déficit peut apparaître en cas de maladie hépatique, cartilage articulaire. La maladie peut revêtir des formes
d'obstruction biliaire prolongée, et dans toute maladie où sévères, modérées – auquel cas le facteur défectueux a une
l'absorption intestinale des graisses est altérée, par activité partielle – ou extrêmes – il faut alors des jours voire
exemple la maladie cœliaque (p. 354). Le défaut d'apport des semaines pour parvenir à contrôler une hémorragie.
alimentaire est une cause rare car la synthèse bactérienne Les deux principales formes d'hémophilie ne diffèrent
intestinale suffit habituellement aux besoins. Cependant, que par le facteur de coagulation impliqué ; leur tableau
un déficit peut s'observer lors de traitements médica clinique est identique.
menteux stérilisant l'intestin.
• Hémophilie A. Elle est caractérisée par le déficit en
facteur VIII.
Coagulation intravasculaire disséminée • Hémophilie B. C'est la maladie hémorragique
(CIVD) génétiquement déterminée la moins fréquente. Le
déficit en facteur IX entraîne celui en thromboplastine.
Dans la CIVD, le système de coagulation est activé à
l'intérieur des vaisseaux sanguins, conduisant à la
formation de caillots sanguins qu'une fibrinolyse Maladie de von Willebrand
réactionnelle n'empêche pas (NdT : la fibrinolyse est la Dans cette maladie, le déficit en facteur de von Willebrand
lyse de la fibrine structurant le caillot ; elle se traduit par entraîne un déficit en facteur VIII (NdT : car le facteur de
la présence dans le sang de produits de dégradation de von Willebrand assure le transport du facteur VIII).
la fibrine). La CIVD consomme des facteurs de coagulation Comme sa transmission n'est pas liée au sexe (NdT : son
et des plaquettes, dont le taux baisse dans le sang, d'où gène est sur le chromosome 12), les hémorragies dues au
la tendance aux hémorragies. La CIVD est une complication déficit de la coagulation s'observent également dans les
fréquente de nombreuses autres pathologies, dont : deux sexes.
84
CHAPITRE
5
Système cardiovasculaire
Vaisseaux sanguins 86 Choc 124
Contrôle du diamètre des vaisseaux sanguins 88 Thrombose et embolie 125
Échange capillaire 89
Maladies des vaisseaux sanguins 126
Cœur 91 Athérome 127
Position 91 Artériosclérose 128
Structure 91 Anévrismes artériels 128
Flux du sang dans le cœur 93 Thrombose veineuse 129
Vascularisation du cœur (circulation coronaire) 95 Veines variqueuses 129
Système de conduction du cœur 96 Tumeurs des vaisseaux sanguins ou lymphatiques 131
Cycle cardiaque 97
Œdème 131
Débit cardiaque 99
Épanchement pleural et ascite 132
Pression artérielle 101
Maladies du cœur 132
Facteurs déterminant la pression artérielle 101
Défaillance (insuffisance) cardiaque 133
Contrôle de la pression artérielle 102
Affections des valves cardiaques 134
Pouls 104 Maladie ischémique du cœur 134
Circulation du sang 105 Cardiopathies rhumatismales 135
Circulation pulmonaire 105 Endocardites infectieuses 135
Circulation systémique ou générale 108 Arythmies cardiaques 136
Principaux vaisseaux sanguins 108 Anomalies congénitales 137
Circulation dans la tête et le cou 109 Troubles de la pression artérielle 138
Circulation dans le membre supérieur 113 Hypertension artérielle systémique 138
Circulation dans le thorax 114 Hypotension 140
Circulation dans l'abdomen 114
Résumé des principaux vaisseaux sanguins 119
Circulation fœtale 121
Caractéristiques de la circulation fœtale 121
Modifications à la naissance 123
Vieillissement et système cardiovasculaire 123
Vieillissement et cœur 123
Vieillissement et vaisseaux sanguins 123
SECTION 2 Communication
Pour sa description, le système cardiovasculaire (cardio- : d'ajustements physiologiques constants afin de maintenir
le cœur ; vasculaire : les vaisseaux sanguins) est divisé en un apport sanguin adéquat. Si l'apport en oxygène et en
deux parties principales : nutriments aux cellules corporelles devient inadéquat,
• le cœur, dont l'action de pompe assure la circulation des lésions tissulaires apparaissent, et la mort cellulaire
du sang constante ; peut survenir.
• vaisseaux sanguins, qui forment un long réseau à
les La fonction cardiovasculaire décline normalement
travers lequel le sang circule. avec l'âge, sujet abordé p. 123. Une pathologie du système
cardiovasculaire est susceptible d'avoir des conséquences
Le système lymphatique est en lien étroit, à la fois sur le importantes non seulement sur le cœur et les vaisseaux
plan structurel et fonctionnel, avec le système cardiovas- sanguins, mais aussi sur les autres systèmes corporels, ce
culaire ; il est abordé au chapitre 6. qui sera traité à partir de la p. 124.
Les deux systèmes communiquent entre eux, et ils sont
intimement associés.
Le cœur pompe le sang dans deux systèmes de vais- Vaisseaux sanguins
seaux sanguins anatomiquement séparés (fig. 5.1) :
• la circulation pulmonaire ; Objectifs pédagogiques
• la circulation systémique. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
Le côté droit du cœur envoie le sang vers les pou- capable :
mons (dans la circulation pulmonaire) où se produit un ■ de décrire les structures et les fonctions des artères,
échange gazeux, c'est-à-dire que le sang collecte de l'oxy- des veines et des capillaires ;
gène à partir des sacs alvéolaires et que le gaz carbonique
■ d'expliquer les relations entre les différents types
en excès diffuse dans les sacs alvéolaires pour l'expira-
de vaisseaux sanguins ;
tion. Le côté gauche du cœur envoie le sang dans la cir-
culation systémique, qui le distribue au reste du corps. ■ d'indiquerles principaux facteurs contrôlant le
Là, les déchets tissulaires passent dans le sang pour être diamètre des vaisseaux sanguins ;
excrétés, les cellules corporelles extraient du sang leurs ■ d'expliquer les mécanismes des échanges de
nutriments et l'oxygène contenus dans le sang. nutriments, de gaz et de déchets entre le sang et
Le système cardiovasculaire assure un flux continu les tissus.
de sang à toutes les cellules corporelles, et il fait l'objet
Poumons
La structure, la taille et la fonction des vaisseaux sanguins
sont diverses. Il en existe plusieurs types : artères,
artérioles, capillaires, veinules et veines (fig. 5.2).
Circulation
pulmonaire
Artères et artérioles
Côté
Côté droit gauche Ces vaisseaux sanguins transportent le sang parti du
du cœur du cœur cœur. Leur taille est très variable ; leur paroi comporte
trois couches (fig. 5.3) :
Cœur
Circulation systémique
Veines Artères
Veinules Artérioles
To
u s le
s ti s Capillaires
s u s d u c or p s
Figure 5.1 Les relations entre les circulations pulmonaire et Figure 5.2 Les relations entre le cœur et les différents types de
systémique. vaisseaux sanguins.
86
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Capillaires et sinusoïdes
Les plus petites artérioles se résolvent en un certain
nombre de très fins vaisseaux appelés capillaires. La paroi
capillaire est faite d'une unique couche de cellules
endothéliales reposant sur une membrane basale très fine
que peuvent traverser l'eau et d'autres petites molécules
(NdT : la membrane basale de cet endothélium, très
Figure 5.3 Microscopie classique d'une artère, d'une veine et
d'un nerf associé. mince, est soutenue par un réseau lâche de fibres de
réticuline ; les capillaires n'ont ni média ni adventice). Les
cellules du sang et les grosses molécules, telles que les
• la tunique adventitielle ou adventice, la plus superficielle, protéines plasmatiques, ne traversent pas normalement la
faite de tissu fibreux (NdT : fibroblastes orientés dans
paroi capillaire. Les capillaires forment un vaste réseau
le sens du vaisseau et fibres de collagène) ;
de minuscules vaisseaux réunissant les plus petites
• la média, couche moyenne faite de cellules musculaires artérioles aux plus petites veinules. Leur diamètre est à
lisses orientées de façon circulaire, et de tissu
peu près celui d'un érythrocyte (7 μm). Le lit capillaire est
élastique ;
le siège d'échange de substances entre le sang et le liquide
• l'intima, la plus interne, faite d'un épithélium tissulaire (liquide interstitiel) qui baigne les cellules
pavimenteux appelé endothélium.
corporelles. À l'exception de celles de la surface cutanée
La quantité de tissu musculaire et de tissu élastique des et de la cornée, toutes les cellules corporelles sont situées
artères dépend de la taille de celles-ci. Dans les grosses près d'un capillaire.
artères, dont l'aorte, appelées parfois artères élastiques L'entrée des lits capillaires est gardée par des anneaux
(NdT : ou artères de conduction), la média comporte de muscle lisse (sphincters précapillaires) qui dirigent le
relativement plus de tissu élastique que de tissu muscu- flux sanguin. L'hypoxie (faibles taux d'oxygène dans les
laire. Cette proportion se modifie progressivement des tissus) ou le taux élevé de déchets tissulaires, indiquant
plus grosses artères aux plus petites, les artérioles, où la des niveaux élevés d'activité, dilatent les sphincters et
média est faite presque entièrement de muscle lisse. De augmentent la pression sanguine à travers les lits affectés.
la sorte, leur diamètre peut être précisément contrôlé, ce Dans certains endroits, notamment le foie (p. 329) et
qui permet de réguler leur pression interne. La pression la moelle osseuse, les capillaires sont significativement
artérielle systémique est principalement déterminée par plus larges et fuient davantage que la normale. Ces
la résistance que ces minuscules artères observent face capillaires sont appelés sinusoïdes. Comme leur paroi est
à la pression sanguine ; c'est la raison pour laquelle elles incomplète et que leur lumière est bien plus grande que
sont appelées vaisseaux résistifs. la normale, la pression y est plus basse et le flux sanguin
Les artères ont des parois plus épaisses que les veines plus lent ; il peut ainsi venir directement au contact des
pour supporter la pression élevée du sang artériel. cellules à l'extérieur de la paroi sinusoïdale. Cela favorise
un échange de substances nettement plus rapide entre
Artères anastomotiques et artères terminales le sang et les tissus, ce qui est par exemple utile dans le
Les artères anastomotiques forment un lien entre les foie, qui régule la composition du sang venant du tractus
principales artères vascularisant un territoire, par exemple gastro-intestinal.
la paume des mains (p. 113) ou la plante des pieds,
le cerveau, les articulations ou, à un moindre degré, le Temps de remplissage capillaire
muscle cardiaque. Si une artère vascularisant un territoire Lorsqu'une zone de peau est fermement comprimée à
est occluse, les artères anastomotiques fournissent une l'aide d'un doigt, elle devient blanche car le sang des
circulation collatérale (NdT : permettant au sang d'irriguer capillaires sous le doigt a été chassé. Normalement, il faut
plus ou moins le territoire de l'artère bouchée). Cette moins de 2 secondes pour que les capillaires se remplissent
circulation collatérale a d'autant plus de chance d'amener de nouveau une fois le doigt enlevé et pour que la peau
un apport de sang adéquat au territoire de l'artère occluse redevienne rose. Bien que ce test puisse donner des
que l'occlusion se produit plus progressivement, laissant résultats non fiables, particulièrement chez les adultes, il
le temps aux artères anastomotiques de se dilater. peut être utile chez les enfants, un temps de remplissage
87
SECTION 2 Communication
capillaire prolongé indiquant une mauvaise perfusion ou ter et se détendre, ce qui permet d'éviter une brusque
une déshydratation. chute de la pression sanguine.
thique contracte généralement le muscle lisse du vaisseau dénommée autorégulation. Certains organes, dont le
sanguin et réduit par conséquent la lumière vasculaire système nerveux central, le foie et les reins, reçoivent
(vasoconstriction), ce qui augmente la pression à l'inté- proportionnellement davantage de flux sanguin.
rieur. Un certain degré d'activité sympathique au repos D'autres tissus, comme le muscle squelettique au repos,
maintient un tonus (NdT : tonus vasoconstricteur sym- en reçoivent bien moins, mais leur vascularisation
pathique) dans la paroi vasculaire et empêche une chute sanguine peut être multipliée par 20 durant l'effort
de la pression trop importante (fig. 5.5). La baisse de la intense. D'autres exemples sont constitués par le flux
stimulation entraîne le relâchement du muscle lisse, ce sanguin à travers le tractus gastro-intestinal qui s'accroît
qui amincit la paroi et augmente le diamètre de la lumière après un repas pour permettre une augmentation de
vasculaire (vasodilatation). Cela entraîne une augmenta- l'activité dans le tractus, et les ajustements du flux
tion du flux sanguin sous moindre pression. sanguin à travers la peau dans le cadre du contrôle de
L'ajustement constant du diamètre du vaisseau san- la température corporelle (p. 367). Le flux sanguin
guin favorise la régulation de la résistance périphérique augmente à travers chaque organe par la vasodilatation
et de la pression artérielle systémique. des vaisseaux qui le vascularisent, et il diminue par leur
Bien que la plupart des artérioles réagissent par une vasoconstriction. Les principaux mécanismes associés
vasoconstriction à la stimulation sympathique, la réaction au contrôle local du flux sanguin comprennent :
est bien moins marquée dans certains lits artériolaires, • la libération de produits de déchets du métabolisme,
par exemple dans le muscle squelettique et le cerveau. par exemple le CO2 et l'acide lactique. Un tissu en
C'est important pour que, en cas de stress, comme dans activité libère plus de déchets qu'un tissu au repos, et
la réaction du combat ou de la fuite (flight or fight response, des taux de déchets accrus augmentent le flux sanguin
p. 194), lorsque l'activité sympathique est très forte, ces dans la région ;
tissus essentiels reçoivent des taux plus élevés d'oxygène • la température tissulaire : une augmentation de
et de nutriments dont ils ont besoin. l'activité métabolique accroît la température tissulaire,
qui à son tour entraîne une vasodilatation ;
Régulation locale du flux sanguin • l'hypoxie, ou manque d'oxygène, stimule la
Étant donné que les besoins tissulaires en oxygène et en vasodilatation et une augmentation du flux sanguin
nutriments varient en fonction de leurs activités, il est dans le tissu affecté ;
important que le flux sanguin soit régulé localement
• libération de vasodilatateurs chimiques. Les tissus
la
pour qu'il comble les besoins tissulaires. La capacité inflammatoires et actifs métaboliquement libèrent de
d'un organe de contrôler son propre flux sanguin est nombreux vasodilatateurs, qui augmentent l'apport
sanguin dans la région. Un vasodilatateur important
Fibre est le monoxyde d'azote (NO), dont la durée de vie est
nerveuse très courte, mais qui joue un rôle essentiel dans la
sympathique
dilatation des grosses artères vascularisant un organe.
Impulsions
dans une fibre D'autres agents sont constitués par les substances
sympathique libérées dans la réponse inflammatoire, comme
Lumière l'histamine et la bradykinine (p. 390) ;
Paroi • l'activité des vasoconstricteurs. L'adrénaline,
vasculaire hormone du système sympathique, libérée depuis la
Situation médullosurrénale, est un puissant vasoconstricteur.
Vasodilatation Vasoconstriction
au repos Parmi les autres substances, on compte l'angiotensine
Stimulation du 2 (p. 368).
Modérée Diminuée Accrue
sympathique
Muscle Tonus
lisse modéré
Relâché Contracté Échange capillaire
Épaisseur de la Échange de gaz
Modérée Amincie Épaissie
paroi vasculaire La respiration interne (fig. 5.6) est un processus par lequel
Diamètre de
des gaz sont échangés entre le sang des capillaires et les
Modéré Accru Diminué
la lumière cellules corporelles locales.
L'oxygène est transporté des poumons aux tissus en
Résistance péri- combinaison chimique avec l'hémoglobine (p. 68), sous
phérique dans Modérée Diminuée Augmentée
les artérioles forme d'oxyhémoglobine. L'échange dans les tissus se situe
entre le sang à l'extrémité artérielle des capillaires et le
Figure 5.5 Les relations entre la stimulation du sympathique et liquide interstitiel, puis entre le liquide interstitiel et les
le diamètre du vaisseau sanguin. cellules. Le processus impliqué est celui de la diffusion de
89
SECTION 2 Communication
Diffusion Diffusion du
d’O2 depuis CO2 depuis
le sang les tissus Capillaire
lymphatique
l'espace interstitiel à l'extrémité artérielle du capillaire ne En haut – s e trouvent les gros vaisseaux sanguins
regagne pas le sang à l'extrémité veineuse du capillaire, (NdT : vaisseaux de la base), c'est-à-dire
et tous les produits de déchet du métabolisme ne gagnent l'aorte, la veine cave supérieure, l'artère
pas le sang du capillaire à son extrémité veineuse. Sur les pulmonaire et les veines pulmonaires.
quelque 24 litres de liquide qui s'échappent quotidienne- En arrière – se situent l'œsophage, la trachée, les
ment du sang à travers les parois capillaires, seuls environ bronches souches droite et gauche, l'aorte
21 litres regagnent le flux sanguin à l'extrémité veineuse descendante, la veine cave inférieure et
du lit capillaire. L'excès d'eau et de déchets est enlevé les vertèbres thoraciques.
des espaces interstitiels par les très fins capillaires lym- Latéralement – le cœur est en rapport avec les poumons ;
phatiques nés sous forme de tubes à extrémité aveugle, le poumon gauche recouvre le bord
avec une paroi semblable à celle des capillaires sanguins, gauche du cœur.
mais plus perméable (fig. 5.7). Du liquide interstitiel et En avant – siègent le sternum, les côtes et les muscles
des matériels de déchet passent dans les capillaires lym- intercostaux.
phatiques, et regagnent finalement le courant sanguin par
cette voie (Ch. 6).
Structure
Paroi cardiaque
Cœur La paroi cardiaque comporte trois couches tissulaires
(fig. 5.11A) : le péricarde, le myocarde et l'endocarde.
Objectifs pédagogiques
S
Le cœur est un organe musculaire creux grossièrement D G
conique. Il a environ 10 cm de long, et sa taille est à peu
I
près celle du poing de son possesseur. Il pèse environ
225 g chez la femme, plus chez l'homme (environ 310 g).
Position
Le cœur repose dans la cavité thoracique (fig. 5.9), dans Niveau du 5
diaphragme
le médiastin (espace entre les poumons). Il est oblique, un 8e vertèbre 6
peu plus à gauche qu'à droite ; il présente une base en thoracique
haut, une pointe (ou apex) en bas. L'apex est environ 9 cm
à gauche de la ligne médiane, au niveau du 5e espace
intercostal gauche, c'est-à-dire un peu au-dessus du
mamelon et légèrement plus près de la ligne médiane que
celui-ci. La base siège au niveau de la 2e côte.
Pointe (apex) du cœur
dans le 5e espace intercostal,
Organes en rapport avec le cœur (fig. 5.10) à 9 cm de la ligne médiane
En bas – l'apex repose sur le centre tendineux du
diaphragme. Figure 5.9 Position du cœur dans le thorax.
91
SECTION 2 Communication
Clavicule
Trachée
Veine brachiocéphalique
Veine gauche
brachiocéphalique droite
Aorte
Artère pulmonaire
Veine cave supérieure
Une veine pulmonaire
gauche
Poumon gauche
(rétracté)
S
D G Apex du cœur
I
Diaphragme
semblable, en double membrane délimitant un espace disposition en feuillet du myocarde permet aux atriums
clos, est aussi celle de la plèvre, membrane entourant les et aux ventricules de se contracter de façon coordonnée
poumons (voir fig. 10.15, p. 267). et efficace.
La membrane séreuse est faite de cellules épithéliales Le myocarde est aussi parcouru d'un réseau de fibres
plates. Elle sécrète un liquide séreux, appelé liquide péri- conductrices spécialisées en charge de la transmission
cardique, dans l'espace entre les péricardes pariétal et des signaux électriques du cœur. Le myocarde a sa plus
viscéral, qui permet le glissement des deux feuillets l'un grande épaisseur à l'apex, et celle-ci va en diminuant de
sur l'autre quand le cœur bat. L'espace entre les péri- l'apex à la base (fig. 5.12). Cela traduit la contribution de
cardes pariétal et viscéral n'est que potentiel. Chez le sujet chaque chambre au travail du cœur pour éjecter le sang
normal, ces deux feuillets péricardiques sont en étroite qu'il contient. Le ventricule gauche est le plus épais, et a
relation, séparés seulement par un mince film de liquide le plus de travail.
péricardique. Les cellules musculaires spécialisées des parois de
l'atrium sécrètent du peptide auriculaire natriurétique
Myocarde (atrial natriuretic peptide ou ANP).
Le myocarde est constitué par du tissu musculaire Tissu fibreux du cœur. Le myocarde est soutenu par un
spécialisé, qui n'est présent que dans le cœur (fig. 5.11 B réseau de petites fibres qui parcourent l'ensemble du
et C). Il est strié, comme le muscle squelettique, mais il muscle cardiaque. C'est ce que l'on appelle le squelette
n'est pas sous le contrôle de la volonté. Chaque fibre fibreux du cœur. De plus, les atriums sont séparés des
(cellule) myocardique a un noyau et une ou plusieurs ventricules par un anneau de tissu fibreux qui ne conduit
branches. La terminaison des cellules musculaires et de pas les impulsions électriques. Par conséquent, quand
leurs branches est en contact très étroit avec la terminaison une onde d'activité électrique s'est propagée au myocarde
et les branches des cellules adjacentes. Au microscope, ces des atriums, elle ne peut diffuser directement du myo-
jonctions, ou disques intercalaires (NdT : ou stries carde auriculaire au myocarde ventriculaire ; cette onde
scalariformes), sont des lignes plus épaisses et plus doit cheminer par le tissu de conduction allant des atriums
sombres que les stries. Cette disposition donne au muscle aux ventricules en passant à travers le tissu fibreux, pour
cardiaque un aspect de feuillet (NdT : il s'agit d'un diffuser ensuite au myocarde ventriculaire (p. 96).
syncytium) plutôt que celui d'un très grand nombre de
cellules individuelles. En raison de la continuité bout à Endocarde
bout des fibres, chacune d'elles ne nécessite pas une L'endocarde recouvre la face interne du myocarde et les
innervation propre. Quand un influx est déclenché, il se valves cardiaques. C'est une membrane fine et lisse
propage de cellule à cellule en passant par les branches permettant au flux sanguin de s'écouler facilement à travers
et les disques intercalaires, diffusant ainsi à l'ensemble du le cœur. Elle est faite de cellules épithéliales plates, en
muscle cardiaque dont il entraîne la contraction. La continuité avec l'endothélium des gros vaisseaux de la base.
92
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
A Péricarde fibreux
Flux du sang dans le cœur (fig. 5.14)
Les deux plus grosses veines du corps, les veines caves
inférieure et supérieure, vident leur sang dans l'atrium
droit. Ce sang passe ensuite par la valve atrioventriculaire
droite, gagne le ventricule droit, d'où il est envoyé dans
le tronc de l'artère pulmonaire (seule artère de l'organisme
à véhiculer du sang désoxygéné). L'orifice de l'artère
pulmonaire (NdT : ou orifice pulmonaire) présente la
valve pulmonaire, faite de trois valvules semi-lunaires (NdT :
Mitochondrie dites aussi valvules sigmoïdes). Cette valve empêche le
reflux de sang de l'artère pulmonaire dans le ventricule
droit quand le muscle ventriculaire se relâche. Après
avoir quitté le cœur, le tronc de l'artère pulmonaire se
divise en deux branches, les artères pulmonaires droite et
Disques intercalaires
gauche, qui transportent le sang veineux aux poumons, où
se produisent des échanges gazeux : le dioxyde de carbone
C est excrété, et de l'oxygène est absorbé.
De chaque poumon partent deux veines pulmonaires,
qui ramènent du sang oxygéné dans l'atrium gauche. Le
Figure 5.11 Tissus de la paroi du cœur. A. Couches de la paroi
sang passe alors à travers la valve atrioventriculaire
du cœur : endocarde, myocarde et péricarde. B. Tissu musculaire
cardiaque. C. Microscopie à balayage électronique du muscle gauche (valve mitrale) pour gagner le ventricule gauche ;
tissulaire cardiaque. de là, il est éjecté dans l'aorte, qui est la première artère
de la circulation générale. L'orifice de l'aorte présente la
valve aortique, formée par trois valvules semi-lunaires (ou
Intérieur du cœur sigmoïdes) (fig. 5.15).
Le cœur est divisé en deux parties, droite et gauche, par De cette séquence d'événements, on peut voir que le
le septum cardiaque (fig. 5.12), fait de myocarde recouvert sang passe du côté droit au côté gauche du cœur via la
93
SECTION 2 Communication
Artère pulmonaire
Veine cave supérieure
AD
Valve atrioventriculaire
Valve atrioventriculaire gauche (mitrale)
droite (valve tricuspide)
VG
Septum
VD
Valve atrioventriculaire
gauche (valve mitrale)
Atrium Atrium
Valve atrioventriculaire
gauche
Cordages
tendineux
Septum Muscle Cordages tendineux
Ventricule papillaire
Figure 5.13 Valve atrioventriculaire (mitrale) gauche. A. Valve ouverte. B. Valve fermée. C. Photographie des cordages tendineux.
circulation pulmonaire (fig. 5.16). Cependant, il convient vers les ventricules à travers les valves atrioventricu-
de noter que les deux atriums se contractent en même laires, alors que les ventricules, plus puissants, envoient
temps, et que cette contraction auriculaire est suivie par le sang aux poumons (ventricule droit) et à l'ensemble du
la contraction simultanée des deux ventricules. corps (ventricule gauche).
Le myocarde des atriums est plus mince que celui des Le tronc pulmonaire (ou tronc de l'artère pulmonaire)
ventricules (fig. 5.12). Cela est compatible avec l'impor- quitte le cœur à la partie haute du ventricule droit, tandis
tance du travail que chacun effectue. Les atriums, aidés que l'aorte quitte le cœur à la partie haute du ventricule
habituellement par la pesanteur, ne pompent le sang que gauche.
94
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Valve Valve
Veine atrioventriculaire atrioventriculaire
cave VG droite gauche
inférieure
VD Circulation systémique
Tou
s le s tis r el s
Orifices des artères coronaires s u s c or po
droite et gauche
Figure 5.16 Circulation du sang dans le cœur et circulations
systémique et pulmonaire.
Arc aortique
Veine cave
supérieure
Artère
pulmonaire
Artère coronaire
gauche
Vascularisation du cœur
(circulation coronaire) Veine cave S
inférieure
Apport artériel (fig. 5.17). Le cœur reçoit du sang par D G
les artères coronaires droite et gauche, qui naissent de Branche de l’artère coronaire droite I
l'aorte juste au-dessus de la valve aortique (fig. 5.15 et
5.17). Les artères coronaires reçoivent environ 5 % du
sang éjecté du cœur par l'aorte à chaque systole, alors Figure 5.17 Les artères coronaires.
que le cœur ne représente qu'une proportion bien plus
faible du poids du corps. Cet important apport de sang, Drainage veineux. La plus grande partie du sang vei-
dont une grande proportion destinée au ventricule neux myocardique est collectée dans un certain nombre
gauche, souligne l'importance du cœur dans les fonc- de veines cardiaques, qui se réunissent pour former
tions corporelles. Les artères coronaires pénètrent dans le sinus coronaire, s'ouvrant dans l'atrium droit. Le reste
la paroi du cœur, où elles se résolvent en un vaste réseau passe directement dans les chambres cardiaques par de
de capillaires. petits canaux veineux.
95
SECTION 2 Communication
Système de conduction du cœur (fig. 5.18) petite masse de tissu musculaire située dans le septum
interauriculaire (NdT : qui sépare les deux atriums), près
Le cœur possède la propriété d'autorythmicité, ce qui signifie des valves atrioventriculaires. Normalement, le nœud AV
qu'il génère ses propres impulsions électriques et battements, transmet simplement les signaux électriques des atriums
indépendamment du contrôle nerveux ou hormonal ; c'est- aux ventricules. Il faut 0,1 seconde pour que le signal
à-dire qu'il ne dépend pas de mécanismes extérieurs pour électrique passe à travers les ventricules. De la sorte, les
initier chaque battement cardiaque. Cependant, il est innervé atriums peuvent finir de se contracter avant que ce soit
par des fibres nerveuses appartenant à la fois au système au tour des ventricules.
sympathique et parasympathique, lesquelles augmentent et Le nœud AV a aussi une fonction de pacemaker secon-
diminuent, respectivement, le rythme cardiaque intrinsèque. daire et reprend ce rôle en cas de problème avec le nœud SA,
De plus, le cœur réagit à de nombreuses hormones ou avec la transmission d'impulsions à partir des atriums.
circulantes, dont l'adrénaline et la thyroxine. Toutefois, sa fréquence de décharge intrinsèque est plus
Le myocarde contient de petits groupes de cel- lente que celle du nœud SA (40 à 60 battements par minute).
lules musculaires spécialisées, qui initient et conduisent
les impulsions responsables des contractions coordon-
Faisceau atrioventriculaire
nées et synchronisées du muscle cardiaque (NdT : ces cel-
Le faisceau atrioventriculaire (faisceau AV ; faisceau
lules constituent le « tissu de conduction myocardique »
auriculoventriculaire, faisceau de His) est une masse de
ou « tissu nodal »).
fibres musculaires spécialisées provenant du nœud AV. Le
Nœud sino-atrial faisceau AV traverse l'anneau fibreux séparant les atriums
des ventricules puis, à la partie supérieure du septum
Le nœud sino-atrial (nœud SA ; NdT : ou nœud sinusal, interventriculaire, il se divise en branches droite et gauche.
nœud sino-auriculaire, nœud de Keith et Flack) est une Dans le myocarde ventriculaire, les branches se résolvent
petite masse de cellules spécialisées située dans la paroi de en fibres très fines, appelées fibres de Purkinje. Le faisceau
l'atrium droit, près de l'orifice de la veine cave supérieure. AV, ses branches de division et les fibres de Purkinje
Les cellules sino-atriales génèrent ces impulsions régu- transmettent la dépolarisation depuis le nœud AV jusqu'à
lières car elles sont électriquement instables. Cette insta- l'apex du myocarde, où l'onde de contraction ventriculaire
bilité les conduit à décharger (dépolariser) régulièrement, débute ; cette onde se propage vers le haut et latéralement,
habituellement entre 60 et 80 fois par minute. Cette dépo- éjectant le sang dans l'artère pulmonaire et dans l'aorte.
larisation est suivie d'une récupération (repolarisation)
mais, presque immédiatement, leur instabilité les conduit
Innervation du cœur
à décharger de nouveau, ce qui fixe le rythme cardiaque.
Comme le nœud SA décharge plus rapidement que tout Comme décrit ci-dessus, le cœur est influencé par des
autre partie du cœur, il fixe normalement le rythme du nerfs appartenant au système nerveux autonome (sympa
cœur et il est appelé le « pacemaker ») du cœur. La décharge thiques et parasympathiques) nés dans le centre cardiovas-
du nœud SA provoque la contraction atriale. culaire bulbaire.
Le nerf vague contient des fibres parasympathiques
allant aux nœuds SA et AV, ainsi qu'au myocarde auricu-
Nœud atrioventriculaire laire (NdT : l'innervation parasympathique du myocarde
Le nœud atrioventriculaire (nœud AV ; NdT : nœud ventriculaire et des artères coronaires est peu impor-
auriculoventriculaire, nœud d'Aschoff-Tawara) est une tante). La stimulation parasympathique (vagale) réduit
Veine cave
supérieure
Faisceau
Nœud
atrioventriculaire
sino-atrial
Branche gauche
du faisceau
atrioventriculaire
Nœud
atrioventriculaire
Veine cave
inférieure
Réseau des
fibres de Purkinje
Systole atriale
Légendes :
Direction du flux sanguin
L'ECG normal présente cinq ondes qui, par conven- (ou volume) systolique est la quantité éjectée par un ventricule
tion, ont été appelées P, Q, R, S et T (fig. 5.20). à chaque contraction ventriculaire. Le débit cardiaque est la
L'onde P apparaît quand l'influx né dans le nœud SA quantité de sang en litres éjectée en une minute (l/min) par
diffuse dans les atriums (dépolarisation atriale) (NdT : chaque ventricule et est calculé comme suit.
cette onde est suivie par la contraction des atriums).
Le complexe QRS correspond à la propagation très Débit cardiaque = Débit systolique
rapide de l'influx du nœud AV à travers le faisceau AV
× Fréquence cardiaque
et les fibres de Purkinje ainsi que de l'activité électrique
du muscle ventriculaire (dépolarisation ventriculaire). Il
convient de noter l'intervalle entre la fin de l'onde P et le
Chez l'adulte sain au repos, le débit systolique est
début du complexe QRS. Cela représente la conduction
d'environ 70 ml et, si la fréquence cardiaque est de 72 par
de l'influx à travers le nœud AV (p. 96), lequel est bien
minute, le débit cardiaque est de 5 l/min. Pour faire face
plus lent que la conduction partout ailleurs dans le cœur ;
à la demande lors d'un exercice, il peut s'élever jusqu'à
cela permet que la contraction atriale soit totalement ter-
25 l/min environ, et jusqu'à 35 l/min chez les athlètes.
minée avant que ne débute la contraction ventriculaire.
Cette augmentation pendant l'exercice est appelée réserve
L'onde T correspond à la relaxation du muscle ventri-
cardiaque.
culaire (repolarisation ventriculaire) (NdT : plus précisé-
Quand un apport accru de sang est nécessaire pour
ment, l'onde T survient juste avant la fin de la contraction
faire face aux besoins accrus en oxygène et en nutriments,
ventriculaire). La repolarisation atriale se produit durant
la fréquence cardiaque et/ou le débit systolique peuvent
la contraction ventriculaire, et elle n'est pas visible du fait
être augmentés (voir encadré 5.2).
du complexe QRS, plus grand.
Le tracé ainsi décrit est celui d'une onde partie du
nœud SA et il est appelé rythme sinusal. La fréquence Débit systolique
des battements d'un cœur normal en rythme sinusal est Le débit systolique est déterminé par le volume de sang
de 60 à 100 par minute. La tachycardie est définie par une dans les ventricules immédiatement avant qu'ils ne se
fréquence cardiaque supérieure à 100/min, la bradycardie contractent, donc en fin de diastole (volume ventriculaire
par une fréquence inférieure à 60/min. télédiastolique ou VVTD), appelé parfois précharge (NdT :
L'aspect des ondes, l'intervalle de temps entre les la précharge est la tension passive dans la paroi ventriculaire
cycles et entre les parties du cycle peuvent fournir des au moment de son élongation maximale, donc en fin de
informations concernant l'état du myocarde et du sys- diastole ; elle est habituellement assimilée au VVTD, et
tème de conduction cardiaque. caractérisée parfois par la pression intraventriculaire
télédiastolique). Le VVTD dépend de la quantité de sang
Débit cardiaque revenant au cœur par les veines caves supérieure et
L'éjection cardiaque, ou débit cardiaque, est l'expulsion de inférieure (retour veineux). La précharge accrue entraîne
sang hors de chaque ventricule toutes les minutes. Le débit une contraction myocardique plus forte (NdT : les fibres
myocardiques sont davantage étirées, ce qui, tant que
l'étirement ne dépasse pas une certaine importance,
augmente la force de contraction : mécanisme de Starling
0,1 s 0,3 s 0,4 s ou de Frank-Starling, par lequel le cœur peut remettre en
A B C
circulation tout le sang veineux qui lui arrive tant que tion des muscles squelettiques entourant les veines pro-
celui-ci ne dépasse pas une certaine limite). Du fait de cette fondes comprime celles-ci, poussant le sang vers le cœur
contraction plus forte, plus de sang est expulsé. Il en résulte (fig. 5.21). Aux membres inférieurs, cette action muscu-
une augmentation du débit systolique et du débit cardiaque. laire est appelée pompe du muscle squelettique.
De cette façon, le cœur, dans les limites physiologiques,
Pompe respiratoire. Pendant l'inspiration, l'expansion
évacue toujours tout le sang qu'il reçoit, lui permettant de
thoracique crée une pression négative dans le thorax,
s'ajuster au débit cardiaque pour combler les besoins
aidant à ramener le sang vers le cœur. En outre, quand le
corporels. Cette capacité d'augmenter le débit systolique
diaphragme descend pendant l'inspiration, la pression
par accroissement de la précharge est limitée : quand la
intra-abdominale accrue pousse le sang vers le cœur.
limite est atteinte, c'est-à-dire quand le retour veineux
dépasse le débit cardiaque (davantage de sang parvient
dans les atriums que ce que les ventricules peuvent
Fréquence cardiaque
évacuer), le débit cardiaque diminue et le cœur commence La fréquence cardiaque est le déterminant principal du
à défaillir (p. 134). D'autres facteurs augmentant la force et débit cardiaque. Si la fréquence cardiaque augmente, le
le taux de contraction myocardique incluent l'activité débit cardiaque augmente ; si elle diminue, le débit
accrue des nerfs sympathiques et des hormones circulantes, cardiaque diminue aussi. Les principaux facteurs déter
par exemple l'adrénaline, la noradrénaline et la thyroxine. minant la fréquence cardiaque sont indiqués ci-après.
Pression artérielle. Elle affecte le débit systolique en Système nerveux autonome. La fréquence intrinsèque
créant une résistance à l'écoulement du sang éjecté des à laquelle le cœur bat est un équilibre entre les activités
ventricules dans les grosses artères. Cette résistance sympathique et parasympathique ; il s'agit du facteur
(appelée parfois postcharge) est fonction de la distensibi- déterminant la fréquence cardiaque le plus important.
lité, ou élasticité, des grosses artères, et de la résistance Substances chimiques circulantes. Les hormones que
périphérique des artérioles (p. 101). L'augmentation de la sont l'adrénaline et la noradrénaline, sécrétées par la
postcharge accroît la surcharge des ventricules, car cela médullosurrénale, ont le même effet que la stimulation
augmente la pression contre laquelle ils doivent pomper. sympathique, c'est-à-dire qu'elles augmentent la fré-
Cela peut diminuer le débit systolique si la pression arté- quence cardiaque. D'autres hormones, dont la thyroxine,
rielle systémique devient significativement plus élevée augmentent la fréquence cardiaque. L'hypoxie et des taux
que la normale. élevés de dioxyde de carbone stimulent la fréquence car-
Volume sanguin circulant. Normalement, il est main- diaque. Les déséquilibres électrolytiques peuvent l'affec-
tenu constant par les reins. Si le volume sanguin diminue, ter
; par exemple, l'hypercalcémie affecte la fonction
par exemple en raison d'une hémorragie, cela peut pro- cardiaque et conduit à une bradycardie (fréquence car-
voquer une diminution du débit systolique, du débit car- diaque lente). Certains médicaments, comme les
diaque et du retour veineux. Cependant, les mécanismes β-bloquants (par exemple l'aténolol), utilisés dans l'hyper-
compensateurs corporels (p. 101) vont tendre à faire reve- tension, peuvent aussi entraîner une bradycardie.
nir ces valeurs à la normale, à moins que la perte sanguine
ne soit trop soudaine ou trop importante pour qu'il y ait Position. La fréquence cardiaque est habituellement plus
compensation (voir « Choc », p. 124). rapide lorsque la personne est debout que lorsqu'elle est
couchée.
Retour veineux
Le retour veineux est le déterminant majeur du débit Vers le cœur Vers le cœur
cardiaque et, normalement, le cœur éjecte tout le sang
qui lui fait retour. La force de contraction du ventricule
gauche éjectant du sang dans l'aorte n'est pas suffisante Valve
pour éjecter le sang dans la circulation artérielle et
veineuse et le faire revenir dans le cœur sous sa seule
influence. D'autres facteurs sont impliqués. Muscle Muscle
relâché contracté
Position du corps. La pesanteur aide le retour veineux
de la tête et du cou chez le sujet debout ou assis ; elle offre
une résistance au retour veineux des parties inférieures
du corps, moindre chez le sujet couché à plat que chez Veine
celui dans une autre position.
Valves ouvertes Valve proximale ouverte,
Contraction musculaire. Le retour en arrière du sang
valve distale fermée
veineux des membres, en particulier en position debout,
est prévenu par des valves veineuses (fig. 5.4). La contrac- Figure 5.21 La pompe du muscle squelettique.
100
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Exercice. Les muscles actifs ont besoin de davantage de La pression artérielle varie avec le moment de la jour-
sang que les muscles au repos, ce qui est procuré par une née, la position du corps, le sexe et l'âge de l'individu.
augmentation de la fréquence cardiaque et une vasodila- Au repos et pendant le sommeil, la pression artérielle
tation localisée. tend à baisser. Elle s'élève avec l'âge, et elle est habituel-
lement plus élevée chez la femme que chez l'homme.
États émotionnels. La fréquence cardiaque est augmen-
tée en cas d'excitation, de peur ou d'angoisse. D'autres Pressions artérielles systolique et diastolique. Quand
effets relayés par le système nerveux sympathique le ventricule gauche se contracte et pousse le sang dans
peuvent être présents (voir fig. 7.43, p. 186). l'aorte, la pression ainsi produite dans le système artériel
est appelée pression artérielle systolique. Chez l'adulte, elle
Sexe. La fréquence cardiaque est plus rapide chez la est d'environ 120 mmHg, ou 16 kPa.
femme que chez l'homme. Quand survient la diastole cardiaque complète et que le
Âge. La fréquence cardiaque est plus rapide chez les cœur est au repos après avoir éjecté du sang, la pression
bébés et les jeunes enfants que chez les enfants plus âgés dans les artères est appelée pression artérielle diastolique.
et les adultes. Chez l'adulte, elle est d'environ 80 mmHg, ou 11 kPa.
La différence entre les pressions artérielles systolique et
Température. La fréquence cardiaque augmente et dimi- diastolique est appelée pression artérielle différentielle.
nue suivant la température corporelle. La pression artérielle (PA) est mesurée avec un sphyg-
momanomètre, et elle est habituellement exprimée de la
Réflexe issu des barorécepteurs. Voir p. 102. façon suivante :
Un résumé des facteurs qui influencent le débit car-
diaque est donné dans l'encadré 5.2.
PA = 120 mmHg ou PA = 16 kPa
80 11
systolique et diastolique. Une augmentation du débit aux vaisseaux sanguins (tableau 5.1). Il contrôle la PA en
systolique élève plus la pression systolique que la pression ralentissant ou en accélérant le rythme cardiaque, en dila-
diastolique. tant ou en contractant les vaisseaux sanguins. L'activité
de ces fibres joue un rôle essentiel dans le contrôle de la
Résistance périphérique ou artériolaire pression artérielle (fig. 5.22).
Les artérioles sont les artères les plus petites ; leur média
est faite presque uniquement de muscle lisse, qui répond Barorécepteurs
à la stimulation nerveuse et chimique. La constriction et Dans la paroi des sinus aortique et carotidien sont
la dilatation des artérioles sont les principaux déterminants retrouvés des barorécepteurs, des terminaisons
de la résistance périphérique (p. 101). La vasoconstriction nerveuses sensibles à l'étirement (pression) (NdT :
entraîne l'élévation de la pression artérielle, la l'augmentation de la pression étire les barorécepteurs,
vasodilatation sa baisse. qui sont stimulés par l'étirement) (fig. 5.23) ; ils jouent
Quand, lors du vieillissement, le tissu élastique de la le principal rôle dans la régulation à court terme, d'un
média est remplacé par du tissu fibreux inélastique, la
pression artérielle s'élève.
Tableau 5.1 Effets du système nerveux autonome
Autorégulation sur le cœur et les vaisseaux sanguins
La pression artérielle systémique augmente et diminue
constamment, en fonction du niveau d'activité, de la Stimulation du Stimulation du
sympathique parasympathique
position du corps, etc. Toutefois, les organes du corps
sont capables d'ajuster le flux sanguin et la pression Cœur ↑ Fréquence ↓ Fréquence
artérielle dans leurs propres vaisseaux indépendamment ↑ Force de contraction ↓ Force de contraction
de la pression artérielle systémique. Cette propriété, Vaisseaux Se contractent La plupart des vaisseaux
l'autorégulation, protège les tissus contre les variations des sanguins davantage, mais les sanguins ont peu
artères irriguant le d'innervation
pressions systémiques. C'est particulièrement important muscle squelettique et parasympathique
dans les reins, qui peuvent être lésés par l'augmentation le cerveau se dilatent
de la pression dans leurs lits capillaires glomérulaires,
fragiles (p. 339), et dans le cerveau, qui est très sensible à
la quantité, même minime, de déchets cellulaires.
Le CCV envoie des fibres nerveuses autonomes (sym- Figure 5.22 Résumé des principaux mécanismes de contrôle de
pathiques et parasympathiques [voir Ch. 7]) au cœur et la pression artérielle.
102
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
moment à l'autre, de la pression artérielle. Une élévation sion artérielle. Le contrôle de la pression artérielle par les
de la pression artérielle dans ces régions artérielles barorécepteurs est également appelé réflexe issu des baro-
stimule les barorécepteurs, qui accroissent leurs influx récepteurs (fig. 5.23).
au CCV. Ce dernier répond en augmentant l'activité
nerveuse parasympathique allant au cœur, ce qui Chémorécepteurs (chimiorécepteurs)
ralentit le cœur. En même temps, la stimulation Ce sont des terminaisons nerveuses situées dans les
sympathique aux vaisseaux sanguins est inhibée, ce qui deux glomus carotidiens (siégeant chacun dans la
entraîne une vasodilatation. Le résultat net est une bifurcation d'une artère carotide commune) et dans
chute de la pression artérielle systémique. plusieurs glomus aortiques (contigus à l'aorte). Ils sont
Inversement, si la pression dans l'arc aortique et dans essentiellement impliqués dans le contrôle de la
les sinus carotidiens baisse, le rythme des décharges respiration (p. 277). Ils sont sensibles aux modifications
des barorécepteurs baisse aussi. Le CCV répond en du taux sanguin de dioxyde de carbone (NdT : dont
accroissant l'activité sympathique allant au cœur, ce qui l'élévation les stimule), d'oxygène (NdT : dont la baisse
accélère celui-ci. L'activité du sympathique vasculaire les stimule) et à celle de l'acidité du sang (NdT : la baisse
augmente également, entraînant une vasoconstriction. du pH les stimule) (NdT : la stimulation des
Ces deux phénomènes s'opposent à la chute de la pres- chémorécepteurs stimule des fibres nerveuses qui
103
SECTION 2 Communication
cheminent, avec les fibres issues des barorécepteurs, natriurétique (ANP ; voir p. 228), hormone sécrétée par le
dans les deux nerfs de Hering – très petits nerfs allant cœur lui-même, entraîne une perte de sodium et d'eau à
chacun à un nerf glossopharyngien – et les deux nerfs partir des reins et diminue la pression artérielle, s'opposant
vagues pour gagner le CCV) (fig. 5.24). L'augmentation aux activités de l'ADH et du SRAA.
du taux sanguin de CO2, la baisse du taux sanguin d'O2
et/ou la baisse du pH indiquent toutes une baisse de la
perfusion tissulaire. Quand les chémorécepteurs
Pression dans la circulation pulmonaire
détectent ces changements, ils envoient des signaux au La pression artérielle pulmonaire est bien plus basse que
CCV ; celui-ci augmente alors la stimulation sympathique dans la circulation systémique. En effet, bien que les
au cœur et aux vaisseaux sanguins, ce qui augmente la poumons reçoivent la même quantité de sang du
pression artérielle et améliore l'apport sanguin tissulaire. ventricule droit que le reste du corps en reçoit du
L'effort respiratoire étant aussi stimulé, les taux d'O2 ventricule gauche, les capillaires sont si nombreux dans
dans le sang augmentent également. les poumons que la pression est maintenue basse. Si la
Les influx des chémorécepteurs au CCV n'in- pression capillaire pulmonaire dépasse 25 mmHg, du
fluencent ce dernier qu'en cas d'atteinte sévère de la liquide s'échappe du flux sanguin vers les sacs alvéolaires
fonction respiratoire, ou que si la PA tombe au-dessous (œdème pulmonaire, p. 125), avec de très graves cons
de 80 mmHg. Des chémorécepteurs similaires sont équences. L'autorégulation de la circulation pulmonaire
retrouvés à la surface du cerveau dans la moelle allon- permet de s'assurer que le flux sanguin qui traverse le
gée (medulla oblongata) ; ils mesurent les taux de CO2, vaste réseau des capillaires soit dirigé vers des sacs
d'O2 et de pH du liquide cérébrospinal environnant. alvéolaires bien oxygénés (p. 276).
Des changements par rapport à la normale activent des
réponses similaires à celles des récepteurs aortiques et
carotidiens décrites ci-dessus. Pouls
Centres supérieurs dans le cerveau Objectifs pédagogiques
Les influx allant au CCV en provenance des centres
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
supérieurs sont déterminés par les émotions telles que la
capable :
peur, l'anxiété, la douleur et la colère, qui peuvent stimuler
des modifications de la pression artérielle. ■ de définir le terme de pouls ;
Dans le cerveau, l'hypothalamus contrôle la tempéra- ■ d'énumérer les principaux sites de la surface
ture corporelle et influence le CCV, qui répond en ajus- corporelle où le pouls est détecté ;
tant le diamètre des vaisseaux sanguins de la peau. Ce
■ dedécrire les principaux facteurs affectant le
mécanisme important régule la perte comme de la réten-
pouls.
tion de chaleur, afin que la température centrale corpo-
relle reste dans les limites de la normale (p. 391).
Artère carotide
• si les artères irriguant les tissus périphériques sont
rétrécies ou obstruées, faisant que le sang n'y passe
commune
pas à chaque battement cardiaque. Si une quantité
suffisante de sang atteint un membre et le vascularise,
celui-ci va rester rose et chaud au toucher, même si le
Artère
pouls ne peut pas être palpé ;
brachiale
• existe un trouble de la contraction cardiaque, par
s'il
exemple une fibrillation auriculaire (p. 136), et que
Artère radiale
le cœur est incapable de se contracter avec une force
suffisante pour faire circuler le sang dans les artères
périphériques.
Artère fémorale
Circulation du sang
Artère poplitée
(derrière Objectifs pédagogiques
le genou)
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
Artère tibiale
■ de décrire la circulation du sang dans les poumons,
postérieure
en dénommant les principaux vaisseaux impliqués ;
Artère dorsale
du pied ■ de donner la liste des artères irriguant toutes les
principales structures du corps ;
Figure 5.25 Les principaux points de prise du pouls.
■ de décrire le drainage veineux impliqué dans le
retour au cœur du sang ;
long des artères, et peut être perçue cliniquement en tout
■ de décrire la disposition des vaisseaux de la
point où une artère superficielle peut être légèrement
circulation portale.
mais fermement comprimée contre un os (fig. 5.25). Le
nombre de battements du pouls (NdT : c'est-à-dire de
soulèvements de la paroi artérielle perçus par le doigt qui
le palpe) par minute est normalement égal au nombre de Bien que la circulation du sang dans tout le corps soit
battements cardiaques ; il varie beaucoup d'une personne continue (fig. 5.16), il est commode de distinguer :
à l'autre, et à différents moments chez une même
personne. Il est souvent de 60 à 80 au repos. La prise du • la circulation pulmonaire ;
pouls informe sur : • la circulation systémique ou générale (fig. 5.26 et 5.27).
• la fréquence à laquelle le cœur bat ;
• la régularité des battements cardiaques, c'est-à-dire sur
l'intervalle de temps entre les battements, toujours le Circulation pulmonaire
même ou non ; Il s'agit de la circulation du sang du ventricule cardiaque
• force des battements, traduite par l'importance
la droit aux poumons, et du retour du sang dans l'atrium
de la pression qu'il faut exercer sur l'artère gauche. Dans les poumons, le dioxyde de carbone est
avec le doigt pour y arrêter le flux sanguin ; la excrété et l'oxygène est absorbé.
compressibilité de l'artère donne une certaine L'artère pulmonaire, ou tronc pulmonaire, qui transporte
indication sur la pression artérielle et sur l'état de la du sang désoxygéné, part de la partie supérieure du ventri-
paroi des artères ; cule cardiaque droit. Elle se dirige vers le haut et se divise
• tension de la paroi artérielle, perçue normalement
la en artères pulmonaires droite et gauche à la hauteur de la
comme souple et dépressible sous le doigt. 5e vertèbre thoracique.
L'artère pulmonaire gauche se dirige vers le hile pulmo-
Facteurs affectant le pouls naire gauche (p. 267), où elle se divise en deux branches,
Chez le sujet sain, la fréquence du pouls et celle des une pour chaque lobe du poumon.
battements du cœur sont identiques. Les facteurs L'artère pulmonaire droite se dirige ver le hile pulmo-
influençant la fréquence des battements cardiaques sont naire droit (p. 267), où elle se divise en deux branches. La
105
SECTION 2 Communication
Tronc brachiocéphalique
Arc aortique
S
Artère dorsale du pied
D G
106
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Grande veine
saphène gauche
Veine poplitée droite
S
D G
Veines superficielles
I Veines profondes
107
SECTION 2 Communication
branche la plus volumineuse irrigue les lobes moyen et des principales artères des membres. La figure 5.27 donne
inférieur du poumon droit, la moins volumineuse irrigue une vue globale des veines caves et des veines des
le lobe supérieur. membres.
À l'intérieur du poumon, chaque artère se ramifie en La circulation du sang dans les différentes parties
artères plus petites puis en artérioles, prolongées par des du corps sera décrite en suivant l'ordre dans lequel les
capillaires. Les échanges gazeux se font entre le sang des artères qui l'assument sont issues de l'aorte.
capillaires et l'air des alvéoles pulmonaires (p. 276). Dans
chaque poumon, les capillaires contenant du sang oxy- Principaux vaisseaux sanguins
géné fusionnent avec des veinules progressivement plus
L'aorte est la plus grosse artère du corps. Les deux plus
grosses, qui vont former finalement deux veines.
grosses veines, les veines caves supérieure et inférieure,
Deux veines pulmonaires quittent chaque poumon,
retournent le sang de toutes les parties du corps vers le cœur.
ramenant du sang oxygéné à l'atrium cardiaque gauche.
Pendant la systole auriculaire, ce sang passe dans le ven-
Aorte (fig. 5.28)
tricule gauche, qui l'éjecte dans l'aorte pendant la systole
ventriculaire, l'aorte étant la première artère de la circula- L'aorte débute à la partie supérieure du ventricule gauche
tion générale. et, après une courte portion verticale, s'incurve en arrière
et à gauche. Elle descend ensuite dans la cavité thoracique,
derrière le cœur et un peu à gauche des vertèbres
Circulation systémique thoraciques. Elle passe derrière le diaphragme à la hauteur
de la 12e vertèbre thoracique (NdT : l'aorte passe par le
ou générale hiatus aortique que l'on peut considérer comme
Le sang éjecté du ventricule gauche est transporté par les appartenant au diaphragme, si bien que l'aorte « traverse »
branches de l'aorte dans l'ensemble du corps, et revient à celui-ci), puis descend dans la cavité abdominale jusqu'à
l'atrium cardiaque droit par les veines caves supérieure et la hauteur de la 4e vertèbre lombale, où elle se divise en
inférieure. La figure 5.26 montre la situation de l'aorte et artères iliaques communes droite et gauche.
Aorte ascendante
Artères bronchiques
Artères intercostales
L'aorte donne de nombreuses branches collatérales sur la cavité abdominale en passant derrière le diaphragme
tout son trajet. Certaines de ses branches sont appariées, c'est- au niveau de la 12e vertèbre thoracique. Elle descend en
à-dire qu'il y a une branche droite et une branche gauche de avant de la colonne vertébrale jusqu'au niveau de la
même nom, par exemple les artères rénales droite et gauche 4e vertèbre lombale, endroit où elle se divise en artères
vascularisant les reins, alors que d'autres sont uniques ou iliaques communes droite et gauche.
non appariées, par exemple l'artère cœliaque. De nombreuses branches naissent de l'aorte abdomi-
L'aorte sera décrite en fonction de sa localisation : nale, certaines étant paires et pas d'autres ; elles vascula-
• l'aorte thoracique (voir ci-après) ; risent les structures et les organes abdominaux (p. 114).
• l'aorte abdominale (voir p. 109).
Veines caves (fig. 5.29)
Aorte thoracique (fig. 5.28) Les veines caves supérieure et inférieure sont les plus
Cette partie de l'aorte est située au-dessus du diaphragme ; grosses veines du corps. Elles vident le sang directement
on lui décrit trois parties (NdT : qui dessinent une crosse, dans l'atrium droit du cœur (fig. 5.14). La veine cave
d'où l'appellation crosse aortique) : supérieure draine toutes les structures corporelles situées
• l'aorte ascendante ; au-dessus du diaphragme, et la veine cave inférieure,
• l'aorte horizontale, encore appelée arc aortique en toutes celles situées en dessous.
raison de son incurvation ;
• l'aorte descendante thoracique (p. 109). Veine cave supérieure
Celle-ci mesure environ 7 cm et elle est formée par
Aorte ascendante. L'aorte ascendante est la petite por- la fusion des veines brachiocéphaliques gauche et droite.
tion de l'aorte issue du cœur. Elle fait environ 5 cm de
Veine cave inférieure
long, et elle est bien protégée derrière le sternum.
Celle-ci se forme au niveau de la 5e vertèbre lombale par
Les artères coronaires droite et gauche sont ses seules
la fusion des veines iliaques communes droite et gauche.
collatérales. Elles naissent de l'aorte juste au-dessus de la
Elle remonte dans l'abdomen en restant proche de la
valve aortique (fig. 5.15) et irriguent le myocarde.
colonne vertébrale et en étant située en parallèle et juste
Aorte horizontale (arc aortique). L'aorte horizontale fait à droite de l'aorte abdominale descendante. Elle traverse
suite à l'aorte ascendante. Elle débute derrière le manu- la partie tendineuse du diaphragme vers le thorax au
brium sternal, monte puis se dirige en arrière et à gauche, niveau de la 8e vertèbre thoracique. Alors que la veine
devant la trachée. Elle redescend ensuite à gauche de la cave inférieure monte à travers l'abdomen, les veines qui
trachée après être passée au-dessus de la bronche princi- drainent les organes pelviens et abdominaux se vident
pale gauche, et se continue par l'aorte descendante. dans celui-ci (p. 115).
Elle donne successivement trois collatérales, issues de
sa face supérieure : Circulation dans la tête et le cou
• le tronc brachiocéphalique ; Vascularisation artérielle
• l'artère carotide commune gauche ; Les artères appariées irriguant la tête et le cou sont les
• l'artère subclavière gauche. artères carotides communes et les artères vertébrales (fig. 5.30
Le tronc brachiocéphalique, long d'environ 4 à 5 cm, se et voir fig. 5.32).
dirige obliquement en haut, en arrière et à droite. Il se divise, Artères carotides. L'artère carotide commune droite est une
à la hauteur de l'articulation sternoclaviculaire droite, en branche de division du tronc brachiocéphalique. L'artère
artère carotide commune droite et artère subclavière droite. carotide commune gauche naît directement de l'arc aortique.
Elles montent chacune sur un côté du cou, et elles ont la
Aorte descendante dans le thorax. Cette partie est dans même distribution de chaque côté. Les artères carotides
le prolongement de l'arc aortique et débute au niveau de communes sont enveloppées par un fascia appelé gaine de
la 4e vertèbre thoracique. Elle chemine vers le bas à la face la carotide. À la hauteur du bord supérieur du cartilage
antérieure des corps des vertèbres thoraciques au niveau thyroïde, elles se divisent chacune en artères carotides
de la 12e vertèbre thoracique ; à cet endroit, elle passe interne et externe.
derrière le diaphragme pour devenir l'aorte abdominale. Le sinus carotidien est une légère dilatation, située à
L'aorte descendante dans le thorax se divise en de l'origine de l'artère carotide interne, juste au-dessus de
nombreuses branches paires qui vascularisent les parois la bifurcation de l'artère carotide commune. La paroi de
et les organes de la cavité thoracique (p. 114). chacun de deux sinus est fine, et elle contient de nom-
breuses terminaisons nerveuses du nerf de Hering, qui
Aorte abdominale (fig. 5.28) rejoint le nerf glossopharyngien homolatéral. Ces ter-
L'aorte abdominale est le prolongement de l'aorte minaisons nerveuses, ou barorécepteurs, sont sensibles à
thoracique. Le nom change lorsque l'aorte pénètre dans l'étirement, stimulées par l'augmentation de la pression
109
SECTION 2 Communication
Veines lombales
Artère
gien, les fibres pénètrent dans le bulbe où elles suivent
S
temporale le faisceau solitaire et aboutissent au noyau du fais-
superficielle A P ceau solitaire, après avoir donné des fibres collatérales
I allant au noyau dorsal du vague ; les influx qui suivent
ces fibres, d'une part inhibent le centre vasoconstric-
teur dans le noyau du faisceau solitaire, entraînant une
vasodilatation des artérioles et des veines de tout le
système circulatoire périphérique, donc une diminution
Artère
occipitale
de la résistance périphérique, et d'autre part stimulent
le vague, entraînant une baisse de la fréquence et de la
Artère Artère force des contractions cardiaques, donc du débit car-
maxillaire carotide diaque. Au total, la stimulation des barorécepteurs due
externe
à l'augmentation de pression dans les sinus carotidiens
Artère faciale Artère entraîne par voie réflexe une baisse de la pression arté-
Artère carotide rielle due à la diminution de la résistance périphérique
linguale interne
et à la baisse du débit cardiaque.)
Artère Artère Les glomus carotidiens sont deux petits groupes de
thyroïdienne carotide
supérieure commune
chémorécepteurs, situés dans la bifurcation de l'artère
carotide commune et proches d'elle (NdT : il existe
Figure 5.30 Principales artères du côté gauche de la tête et du plusieurs glomus aortiques, proches de l'aorte). Ils sont
cou. innervés par les nerfs glossopharyngiens et sont stimu-
lés par les changements de concentration du dioxyde
artérielle dans le sinus carotidien qu'elles innervent. Les de carbone et de l'oxygène. Les influx naissant de ces
influx nerveux résultant de la stimulation sont transmis stimulations initient des ajustements dans le réflexe de
au centre vasomoteur du bulbe (p. 170). (NdT : après la respiration par l'intermédiaire du centre respiratoire
avoir suivi le nerf de Hering puis le nerf glossopharyn- bulbaire (p. 170).
110
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Artère carotide externe (fig. 5.30). Cette artère vascula- artères vertébrales (fig. 5.32). Chaque artère vertébrale naît
rise les tissus superficiels de la tête et du cou par un de l'artère subclavière du même côté, monte en passant par
certain nombre de branches. les foramens des processus transverses des vertèbres cer-
• L'artère thyroïdienne supérieure vascularise la glande vicales, pénètre dans le crâne par le trou occipital (foramen
thyroïde et les muscles adjacents. magnum), et s'unit à son homologue pour former le tronc
• L'artère linguale vascularise la langue, la muqueuse basilaire. La disposition du cercle de Willis est telle que le
buccale, le plancher de la bouche, l'amygdale et l'épiglotte. cerveau continue à recevoir un apport sanguin adéquat
• L'artère faciale passe à la face superficielle de la même quand une des artères qui le constitue est lésée, et
mandibule juste devant l'angle du maxillaire inférieur, et pendant les mouvements extrêmes de la tête et du cou.
vascularise les muscles de l'expression faciale En avant, les deux artères cérébrales antérieures, nées
(p. 450) ainsi que des structures dans la bouche. Le pouls chacune d'une artère carotide interne, sont réunies par
facial peut être perçu là où l'artère croise la mandibule. l'artère communicante antérieure.
• L'artère occipitale vascularise la partie postérieure du scalp. En arrière, les deux artères vertébrales se réunissent pour
• L'artère temporale passe sur le processus zygomatique former l'artère basilaire. Après un court trajet, l'artère basi-
devant l'oreille, et vascularise les parties frontale, laire se divise en deux artères cérébrales postérieures, cha-
temporale et pariétale du scalp. Le pouls temporal cune d'elles étant réunie à la carotide interne du même
peut être perçu devant la partie supérieure de l'oreille. côté par l'artère communicante postérieure. Le cercle artériel
• L'artère maxillaire vascularise les muscles de la de Willis est par conséquent formé par :
mastication et une branche de cette artère, l'artère • 2 artères cérébrales antérieures ;
méningée moyenne, a un trajet profond pour irriguer • 2 artères carotides internes ;
des structures à l'intérieur du crâne. • 1 artère communicante antérieure ;
• 2 artères communicantes postérieures ;
Artère carotide interne. Elle est un contributeur majeur au • 2 artères cérébrales postérieures ;
cercle de Willis (fig. 5.31), qui irrigue la plus grande partie • 1 artère basilaire.
du cerveau. Elle donne aussi des branches vascularisant
À partir ce cercle, chaque artère cérébrale antérieure se
l'œil, le front et le nez. Elle monte vers la base du crâne, où
dirige en avant pour vasculariser la partie antérieure du
elle passe dans le foramen carotidien de l'os temporal.
cerveau, chaque artère cérébrale moyenne se dirige latéra-
Cercle artériel de Willis. La plus grande partie du cerveau lement pour irriguer le côté homolatéral du cerveau, et
est irriguée par du sang artériel venant du cercle artériel de chaque artère cérébrale postérieure irrigue la partie posté-
Willis (fig. 5.31). Quatre grosses artères participent à sa rieure de l'hémisphère cérébral homolatéral.
formation : les deux artères carotides internes et les deux Les branches de l'artère basilaire vascularisent des par-
ties du tronc cérébral et du cervelet.
A Artère
communicante
D G antérieure
S
P
P A
Artère Artère I
cérébrale cérébrale
antérieure moyenne
droite gauche
Artère Cercle
carotide de Willis
interne
droite
Artère
basilaire
Artère
communi-
cante Artère vertébrale droite
postérieure
droite
Artère
Artère vertébrale
cérébrale gauche
postérieure Artère subclavière
droite droite
Moelle spinale
S Sinus
transverse
A P gauche
I Veine jugulaire interne
gauche
Veine temporale
Veine temporale
moyenne gauche
superficielle Figure 5.34 Sinus veineux du cerveau vus du côté droit.
Veine gauche
supra-orbitaire
gauche A
Veine G D
maxillaire
gauche Veine P
occipitale Sinus
Veine faciale gauche sagittal
gauche
Veine faciale supérieur
commune
Veine linguale
gauche
gauche
Figure 5.33 Veines du côté gauche de la tête et du cou. Figure 5.35 Sinus veineux du cerveau vus par le dessus.
112
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
sternocléidomastoïdien. Derrière la clavicule, elle s'unit à cique interne, qui irrigue le sein et diverses structures dans
la veine subclavière, transportant du sang provenant du la cavité thoracique.
membre supérieur, pour former la veine brachiocéphalique. L'artère axillaire fait suite à l'artère subclavière ; elle
La veine brachiocéphalique est située sur le côté de la siège dans l'aisselle. Sa partie initiale est profonde, puis
racine du cou. Elle est formée par l'union de la veine jugu- elle devient plus superficielle, pour se poursuivre par
laire interne et de la veine subclavière. La veine brachio- l'artère brachiale.
céphalique gauche est plus longue que la droite ; elle se L'artère brachiale est la continuation de l'artère axillaire.
dirige obliquement derrière le manubrium sternal, où elle Elle descend sur le côté médial (interne) du bras, passe
s'unit à la veine brachiocéphalique droite pour former la devant l'articulation du coude et, à environ 1 cm plus bas,
veine cave supérieure (fig. 5.29). elle se divise en artères radiale et ulnaire.
La veine cave supérieure, qui draine tout le sang veineux L'artère radiale descend sur le côté radial, ou latéral
de la tête, du cou et des membres supérieurs, est longue (externe), de l'avant-bras, jusqu'au poignet. Juste au-
d'environ 7 cm. Elle descend le long du bord droit du dessus du poignet, elle est superficielle, et elle peut être
sternum, et se termine dans l'atrium droit du cœur. sentie devant le radius, où le pouls radial est palpable.
L'artère passe ensuite entre le premier et le deuxième os
Circulation dans le membre supérieur métacarpiens, puis pénètre dans la paume de la main.
L'artère ulnaire descend sur le côté ulnaire ou médial
Vascularisation artérielle
(interne) de l'avant-bras, croise le poignet et pénètre dans
Artères subclavières. L'artère subclavière droite naît du
la main.
tronc brachiocéphalique ; la gauche naît de l'arc aortique.
Il y a des anastomoses entre les artères radiale et
Toutes deux sont légèrement arquées ; chacune passe der-
ulnaire, appelées arcades palmaires profonde et superficielle,
rière la clavicule et au-dessus de la première côte avant de
d'où naissent les artères métacarpiennes palmaires et digitales
pénétrer dans l'aisselle, où elle se continue par l'artère axil-
palmaires vascularisant les structures de la main et des
laire (fig. 5.36).
doigts.
Avant de pénétrer dans l'aisselle, l'artère donne nais-
sance à deux collatérales, l'artère vertébrale, qui monte
Retour veineux
pour vasculariser le cerveau (fig. 5.32), et l'artère thora-
Le membre supérieur est drainé par des veines
superficielles et des veines profondes (fig. 5.37).
Artère vertébrale droite Artère carotide
commune droite
Artère subclavière
droite Clavicule droite
Artère sub- Veine
clavière gauche subclavière
Artère brachio-
droite
céphalique
Veine axillaire
droite
Artère thoracique
interne droite Veine Veine brachiale
céphalique droite
droite
Artère axillaire
Veine basilique droite
droite
Veine du coude
Artère brachiale droite
médiane
droite
Les veines profondes suivent les artères dont elles Circulation dans le thorax
portent le nom :
Vascularisation artérielle
• veines métacarpiennes palmaires ; Les branches de l'aorte thoracique (fig. 5.28) vascularisent
• arcade veineuse palmaire profonde ; les structures thoraciques, dont :
• veines radiale et ulnaire ;
• veine brachiale ; • les rameaux bronchiques de l'aorte thoracique, qui
vascularisent les tissus pulmonaires qui ne sont pas
• veine axillaire ;
directement impliqués dans les échanges gazeux ;
• veine subclavière.
• artères œsophagiennes, qui irriguent l'œsophage ;
les
Les veines superficielles débutent à la main ; ce sont les • les artères intercostales, qui suivent le bord inférieur de
suivantes : chaque côte et vascularisent les muscles intercostaux,
certains muscles du thorax, les côtes, la peau et le tissu
• veine céphalique ; conjonctif sous-jacent à la peau.
• veine basilique ;
• veine médiane ; Retour veineux
• veine médiane du coude (médiane cubitale). La plus grande partie du sang veineux des organes
La veine céphalique débute au dos de la main, où elle contenus dans la cage thoracique est drainée dans la
collecte le sang d'un complexe de veines superficielles, veine azygos et dans la veine hémiazygos (fig. 5.29). Les
dont beaucoup sont aisément visibles. Puis elle monte à veines bronchiques, œsophagiennes et intercostales sont cer-
la face dorsale de l'avant-bras, contourne la face latérale taines des principales veines qui les rejoignent. La veine
(externe) de celui-ci pour passer à sa face antérieure, où azygos rejoint la veine cave supérieure, la veine hémia-
elle monte. Devant le coude, elle émet une grosse veine, la zygos rejoint la veine brachiocéphalique gauche. Cer-
veine médiane du coude, qui se dirige obliquement en haut taines veines de l'extrémité distale de l'œsophage
et médialement (en dedans) pour rejoindre la veine basi- rejoignent la veine azygos, tandis que d'autres rejoignent
lique (NdT : cette disposition est présente dans 70 % des la veine gastrique gauche. Les anastomoses entre les
cas). Après avoir croisé l'articulation du coude, la veine veines rejoignant la veine azygos et les veines rejoignant
céphalique remonte à la face latérale du bras et, devant la veine gastrique gauche forment un plexus reliant les
l'articulation de l'épaule, elle se termine dans la veine circulations générale et portale (voir fig. 12.46, p. 344).
axillaire. Sur tout son trajet, elle reçoit du sang des tissus
superficiels de la partie latérale de la main, de l'avant-
bras et du bras. Circulation dans l'abdomen
La veine basilique débute au dos de la main, du côté Vascularisation artérielle
ulnaire (cubital) de celui-ci. Elle monte sur le côté Les branches de l'aorte abdominale (fig. 5.28) vascularisent
médial de l'avant-bras et du bras, et rejoint la veine les structures abdominales.
axillaire. Elle reçoit du sang du côté médial (interne)
de la main, de l'avant-bras et du bras. De nombreuses Branches paires. Celles-ci comprennent :
petites veines réunissent les veines céphalique et • les artères phréniques, qui irriguent le diaphragme ;
basilique. • les artères rénales, qui vascularisent les reins ;
La veine médiane (ou intermédiaire) est une petite veine • les artères surrénales, qui irriguent les glandes
qui n'est pas toujours présente. Elle débute à la face pal- surrénales ;
maire de la main, monte à la face antérieure de l'avant- • les artères gonadiques, qui irriguent les ovaires (chez la
bras, et se termine dans la veine basilique, ou dans la femme) et les testicules (chez l'homme). Ces artères
veine médiane du coude (NdT : la veine médiane peut sont beaucoup plus longues que les autres artères
aussi se diviser en deux branches devant le coude, la paires. Cela est dû au fait que les gonades débutent
veine médiane céphalique, qui rejoint la veine cépha- leur développement haut dans la cavité pelvienne.
lique, et la veine médiane basilique, qui rejoint la veine Avec le développement fœtal, ces organes descendent
basilique). dans le pelvis, et les artères deviennent plus longues
La veine brachiocéphalique est formée par la réunion des pour maintenir la vascularisation.
veines jugulaire interne et subclavière. Il y en a une de
chaque côté. Branches impaires. Celles-ci comprennent :
La veine cave supérieure est formée par la réunion • l'artère cœliaque (parfois appelée tronc cœliaque,
des deux veines brachiocéphaliques. Elle draine tout fig. 5.38), une artère épaisse et courte, qui mesure
le sang veineux de la tête, du cou et des membres environ 1,25 cm. Elle naît immédiatement au-dessous
supérieurs ; elle se termine dans l'atrium droit. Longue du diaphragme, et se divise en trois branches :
d'environ 7 cm, elle descend le long du bord droit du – l'artère gastrique gauche, pour l'estomac ;
sternum. – l'artère splénique, qui irrigue le pancréas et la rate ;
114
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Artère cystique
Artère gastrique
gauche
Artère hépatique droite
Estomac
Aorte
Rate
Artère gastroduodénale
Tête du pancréas
Artère gastroépiploïque
droite Pancréas
Artère gastroépiploïque
gauche
Artère gastrique Artère
droite splénique
Figure 5.38 L'artère cœliaque et ses branches, ainsi que les artères phréniques inférieures.
Artère
mésentérique Pancréas
supérieure
Aorte
Artère
mésentérique
inférieure
Côlon ascendant
(partie du gros intestin)
Côlon descendant
(partie du gros intestin)
Intestin grêle
(déplacé)
– l'artère hépatique, vascularisant le foie, la vésicule artères iliaques communes. Elle irrigue la moitié
biliaire et des parties de l'estomac, du duodénum distale du gros intestin et une partie du rectum.
et du pancréas.
• l'artère mésentérique supérieure (fig. 5.39), qui naît de Retour veineux
l'aorte entre l'artère cœliaque et les artères rénales. Elle Le sang est drainé des organes abdominaux directement
vascularise la totalité de l'intestin grêle et la moitié dans la veine cave inférieure via des veines nommées
proximale du gros intestin ; suivant les artères correspondantes (fig. 5.29). Les veines
• l'artère mésentérique inférieure (fig. 5.39), qui naît de hépatiques drainent le foie, les veines rénales drainent les
l'aorte à environ 4 cm de la division de celle-ci en reins, les veines surrénales drainent les glandes surrénales,
115
SECTION 2 Communication
les veines lombales drainent les structures abdominales Vers les sinusoïdes
S du foie
inférieures, et les veines gonadiques drainent les ovaires
(chez la femme) et les testicules (chez l'homme). D G
Cependant, la plupart du sang issu des organes digestifs I Veine porte
situés dans l'abdomen est drainé dans la veine porte
hépatique et passe à travers le foie avant de se vider dans Branche Branche
droite gauche
la veine cave inférieure (voir circulation portale ci-dessous).
Veines
Veine gastriques
Circulation portale cystique Veine
En règle générale, le sang veineux va des tissus au cœur par porte
la voie la plus directe, en passant par un seul lit capillaire.
Veine
Dans la circulation portale, le sang veineux issu du lit splénique
capillaire de la partie abdominale du système digestif, de la
rate et du pancréas circule d'abord vers le foie. Dans le foie,
il passe alors par un second lit capillaire, les sinusoïdes
hépatiques, avant de gagner la circulation générale via la
veine cave inférieure. De cette façon, le sang ayant une
concentration élevée en nutriments absorbés dans l'estomac
et l'intestin va d'abord au foie. Cela apporte une riche source
de nutriments au foie pour ses activités métaboliques
étendues et permet que la composition du sang qui quitte le Veine Veine
tractus alimentaire soit convenablement régulé. Cela permet mésentérique mésentérique
aussi que des matériaux indésirables et/ou potentiellement supérieure inférieure
toxiques comme les médicaments soient éliminés avant que Figure 5.41 La veine porte : origine et terminaison.
le sang ne retourne dans la circulation générale.
Veine porte. La veine porte est formée par l'union de plu-
sieurs veines (fig. 5.40 et 5.41), chacune de ces veines drainant
le sang du territoire irrigué par l'artère correspondante.
Vésicule biliaire
Foie
Estomac
Rate
Veine porte Veine splénique
Veine gastroépiploïque
droite
S
Partie de l’intestin grêle D G
S
S
M L Artère L M
poplitée
I
I
Artère
tibiale
postérieure Veine fémorale
Artère tibiale
antérieure
Artère fibulaire
S
L M
Grande veine S
I
saphène
M L
Artère I
poplitée
Artère Veine
tibiale poplitée
Vue postérieure
antérieure
P
M L
Petite veine
A saphène
Arcade Artère
plantaire dorsale Grande
du pied veine
saphène
Artères
digitales
Cœur P = paires
I = impaires
Tronc brachiocéphalique
119
SECTION 2 Communication
Veine hémiazygos
(organes thoraciques)
Veine azygos Veine cave
(organes thoraciques) supérieure
Cœur
Veine Veine
Foie
hépatique (I) porte (I )
Tractus digestif
120
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Circulation fœtale
Objectifs pédagogiques
A
Veinule
Caractéristiques de la circulation fœtale maternelle
Le fœtus en développement reçoit de l'oxygène et des Artérioles Endomètre
maternelles
nutriments et produit ses déchets par le biais de la circulation
maternelle. Dans cet objectif, les circulations maternelle
comme fœtale développent des adaptations spécifiques
particulières à la grossesse. Comme les poumons, le système Capillaires
fœtaux Placenta
gastro-intestinal et les reins ne commencent à fonctionner baignant dans
qu'après la naissance, il existe certaines modifications le sang
particulières dans la circulation fœtale visant à dévier le flux maternel
tiellement nocives, dont les bactéries et les médicaments ; luteum) (Ch. 18), qui continue ainsi à sécréter progesté-
toutefois, certains peuvent parvenir jusqu'au fœtus et rone et estrogène, lesquelles empêchent la menstruation
entraîner un développement anormal. Toute substance et préservent l'endomètre, maintenant la grossesse dans
provoquant un développement fœtal anormal est appe- les premières semaines (voir fig. 18.10, p. 485).
lée tératogène. Les tératogènes importants comprennent
l'alcool, certains médicaments dont des antibiotiques et Progestérone et estrogène. Avec le développement
des agents anticancéreux, les radiations ionisantes et cer- de la grossesse, le placenta assure la sécrétion de ces hor-
taines infections, dont la rubéole, le cytomégalovirus et la mones à partir du corps jaune, dont la dégénérescence
syphilis. intervient au bout de 12 semaines environ. À partir de ce
moment et jusqu'à l'accouchement, le placenta sécrète des
Préservation de la grossesse. Le placenta a une fonction taux de plus en plus élevés d'estrogène et de progesté-
endocrinienne essentielle, et il sécrète les hormones qui rone. Ces hormones sont essentielles pour la grossesse.
préservent la grossesse.
Adaptations fœtales (fig. 5.47A)
Gonadotrophine chorionique humaine ([hCG]). Conduit veineux (ductus venosus). C'est une prolonga-
Cette hormone est sécrétée au début de la grossesse, avec tion de la veine ombilicale qui retourne le sang directement
un pic aux alentours de la 8e ou 9e semaine ; la sécrétion à l'intérieur de la veine cave inférieure ; la plupart du sang
diminue ensuite. L'hCG stimule le corps jaune (corpus court-circuite ainsi le foie non fonctionnel du fœtus.
Ventricule Ventricule
droit Cœur gauche
Conduit veineux
Cœur
Veine porte
Foie
Veine ombilicale
Ombilic
Ombilic
Aorte abdominale
Artères ombilicales
Cordon
ombilical Artère iliaque commune
A Sang désoxygéné
123
SECTION 2 Communication
Modifications physiologiques
Le choc (défaillance de la circulation) survient quand les
besoins métaboliques des cellules ne sont pas satisfaits en durant le choc
raison d'un apport sanguin inadéquat. En effet, il y a une À court terme, ces modifications sont associées à des
baisse du volume sanguin circulant, de la pression artérielle tentatives physiologiques visant à restaurer une circulation
et du débit cardiaque. Cela entraîne une hypoxie tissulaire, sanguine adéquate – choc compensé (fig. 5.48). Si l'état de
un apport inadéquat en nutriments, et l'accumulation de choc persiste, les modifications à long terme peuvent être
déchets. Un certain nombre de chocs distincts sont décrits. irréversibles.
et une élévation de l'osmolarité du sang entraînent la Finalement, même si ces mécanismes compensateurs
sécrétion d'ADH (p. 235) et l'activation du système fonctionnent au maximum, le système cardiovasculaire
rénine–angiotensine–aldostérone (p. 239). Une libéra- peut devenir incapable de subvenir aux besoins du cer-
tion importante d'aldostérone réduit l'excrétion d'eau et veau. Lorsque le cerveau, comprenant les centres car-
de sodium, et favorise la vasoconstriction. Les veines se diovasculaire et respiratoire du tronc cérébral ne reçoit
contractent également, ce qui diminue l'accumulation plus ni oxygène ni nutriments il commence à s'affaiblir ;
veineuse et renforce le retour veineux. le contrôle central de l'organisme par les mécanismes
Si ces mécanismes compensateurs, associés à toute compensateurs est perdu. Il s'ensuit un arrêt de la circu-
intervention médicale possible, suffisent, l'irrigation lation. La dégénérescence de la fonction cardiovasculaire
du cœur et du cerveau peut être maintenue, et l'état du conduit finalement à une lésion progressive et irréver-
patient stabilisé. sible du tronc cérébral, qui aboutit à la mort.
+
Débit cardiaque
Pression artérielle
Apport sanguin au myocarde ; Un flux capillaire Une lésion des capillaires due à
O2 et déchets ; lent prédispose O2 et déchets
lésion du muscle cardiaque à des caillots tissulaires augmente la
intravasculaires perméabilité et la vasodilatation
Quand la lésion
du muscle cardiaque Retour veineux
devient irréversible
Arrêt total de la
circulation et mort
Thrombose c'est l'une des conséquences les plus graves d'une embolie
La thrombose est la formation d'un caillot sanguin veineuse. Une embolie pulmonaire massive bloque une
(thrombus) à l'intérieur d'un vaisseau sanguin, qui artère pulmonaire essentielle et entraîne habituellement
interrompt l'irrigation sanguine vers les tissus. Le risque un effondrement brutal et la mort.
de développement d'un thrombus à l'intérieur d'un
Infarctus et ischémie
vaisseau sanguin est accru par les éléments suivants.
Le terme infarctus sert à désigner la nécrose tissulaire due
Ralentissement du flux sanguin. Cela peut se produire à l'interruption de l'apport sanguin. Les conséquences de
en cas d'immobilité, par exemple lors d'une station assise cette interruption dépendent de la taille de l'artère bloquée
ou couchée prolongée, ou si un vaisseau sanguin est com- et de la fonction des tissus affectés. Le terme ischémie
primé par une structure adjacente comme une tumeur ou désigne une lésion tissulaire due à une diminution de
un caillot serré, ou bien si la pression artérielle est basse l'apport sanguin (fig. 5.50).
durant longtemps, comme dans le choc.
Lésion de l'intima d'un vaisseau sanguin. Celle-ci est Maladies des vaisseaux sanguins
généralement associée à une athérosclérose (p. 127).
Objectifs pédagogiques
Augmentation de la coagulabilité sanguine. La déshy-
dratation, la grossesse et l'accouchement, les troubles de Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
la coagulation, certaines pathologies malignes, la pré- capable :
sence d'une canule intraveineuse et les estrogènes (dont
■ de discuter les principales causes, les principaux
ceux présents dans les contraceptifs) augmentent tous le effets et les principales complications de la maladie
risque de formation de caillots. artérielle, dont l'athérome, l'artériosclérose et
l'anévrisme ;
Embolie
■ de discuter l'anomalie sous-jacente aux veines
Une embolie correspond au blocage d'un vaisseau sanguin
variqueuses ;
par une masse de matériel quelconque (un embole)
transportée par le sang. Il s'agit habituellement d'un ■ d'énumérer les facteurs prédisposants et les sièges
thrombus ou d'un fragment de thrombus, mais d'autres de veines variqueuses les plus fréquents ;
matériels emboliques sont énumérés dans l'encadré 5.3. ■ de décrire les principales tumeurs vasculaires.
Les emboles originaires d'une artère s'éloignent du cœur
jusqu'à ce qu'ils atteignent une artère trop étroite pour les
laisser passer, et ils s'y logent, bloquant partiellement ou tota-
lement l'apport sanguin aux tissus distaux. C'est une cause
fréquente d'accident vasculaire cérébral (p. 190), d'infarctus
du myocarde (p. 135) et de gangrène (fig. 5.50). Les emboles
originaires d'une veine (thrombose veineuse profonde,
p. 129) se dirigent vers le cœur et, de là, vers les poumons et
l'artère pulmonaire. Puis ils se logent dans la première branche
trop étroite pour les laisser passer (embolie pulmonaire).
Athérome Adventice
Média
Anatomie pathologique
Couche sous-intimale
Des plaques athéromateuses se développent dans l'intima
Intima
des artères de gros et moyen calibres. Les changements
initiaux prennent la forme d'une strie lipidique dans la A
Artère normale
paroi artérielle. Les plaques matures consistent en une
accumulation de cholestérol et d'autres lipides, d'une
hypertrophie du muscle lisse et de monocytes en excès
remplis de graisse (cellules spumeuses). La plaque est
recouverte d'un revêtement fibreux rugueux. En croissant
et en s'épaississant, les plaques s'étendent le long de la
paroi artérielle, formant des tuméfactions faisant saillie
B Strie lipidique
dans la lumière du vaisseau. Finalement, toute l'épaisseur
de la paroi et de longs segments du vaisseau peuvent être
atteints (fig. 5.51). Des plaques peuvent se rompre,
exposant au sang des matériels sous l'intima. Cela peut
entraîner une thrombose et un vasospasme, altérant le
flux sanguin.
Les artères le plus souvent atteintes sont celles du
cœur, du cerveau, des reins, de l'intestin grêle et des C Plaque mature
membres inférieurs. Cellules spumeuses
Accumulation de
cellules musculaires
lisses
Causes de l'athérome Cholestérol
L'origine des plaques athéromateuses est incertaine. Les et autres lipides
stries lipidiques présentes dans les parois artérielles des Thrombus
D Plaque rompue avec
nouveau-nés sont habituellement résorbées, mais leur formation d’un thrombus
Revêtement fibreux
résorption incomplète pourrait être à l'origine de plaques
athéromateuses ultérieures. Figure 5.51 Stades du développement d'une plaque
L'athérosclérose (présence de plaques) est considérée d'athérome.
comme étant une maladie de personnes âgées, car c'est
habituellement dans ce groupe d'âge que des signes cli-
niques apparaissent. Cependant, les plaques débutent
Encadré 5.4 Facteurs prédisposants de l'athérosclérose
dès l'enfance dans les pays développés, où l'incidence de
l'athérome est élevée. (Les facteurs modifiables sont indiqués en vert.)
La raison de son développement n'est pas encore • Hérédité– histoire familiale
clairement comprise, mais des facteurs prédisposants • Obésité
semblent exercer leurs effets sur une longue période. Cela • Sexe – les hommes sont plus exposés que les femmes
veut dire que le développement de l'athérome peut être jusqu'après la ménopause
retardé ou même arrêté par un changement de mode de • Régime alimentaire – riche en hydrates de carbone
raffinés et/ou en acides gras saturés et en cholestérol
vie (encadré 5.4).
• Vieillissement
• Tabagisme
• Diabète sucré
Effets de l'athérome • Stress émotionnel excessif
Des artères peuvent être partiellement ou complètement • Hypertension artérielle
obstruées par des plaques athéromateuses (fig. 5.50). Le • Sédentarité
blocage peut être compliqué par la formation d'un caillot. • Hyperlipidémie
Les effets dépendent du siège et du calibre de l'artère • Consommation excessive d'alcool
concernée, ainsi que de l'importance de la circulation
collatérale.
que leurs besoins minimaux soient satisfaits, mais pas
Sténose artérielle incomplète assez pour faire face à une activité métabolique accrue,
Les tissus en aval de la sténose deviennent ischémiques. par exemple quand l'activité musculaire s'accroît. Cela
Les cellules peuvent encore recevoir assez de sang pour entraîne une douleur ischémique, semblable à une crampe
127
SECTION 2 Communication
Aorte abdominale
Artères iliaques
Fusiforme
Valves incompétentes
Veine Veine
normale variqueuse
C Maladies du cœur
H2O
H2O Objectifs pédagogiques
P H2O
H2O Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
P P capable :
■ de décrire les conséquences de la défaillance d'un
P P côté du cœur, ou des deux côtés ;
■ d'expliquerles mécanismes compensateurs se
D produisant dans la défaillance cardiaque ;
■ d'expliquer les causes et les conséquences d'une
Figure 5.57 Dynamique du liquide capillaire. A. Normale.
B. Effet de la baisse des protéines plasmatiques. C. Effet d'un drainage atteinte de la fonction des valves cardiaques ;
lymphatique inadapté. D. Effet de l'augmentation de la perméabilité
■ de définir l'appellation « maladie cardiaque
capillaire. Les flèches marquent la direction du mouvement de l'eau.
ischémique » ;
■ de discuter les principales affections en cause dans
Augmentation de la perméabilité la maladie cardiaque ischémique ;
des petits vaisseaux
■ de décrire la maladie cardiaque rhumatismale et
Lors de l'inflammation (p. 401), des médiateurs
ses effets sur la fonction cardiaque ;
chimiques accroissent la perméabilité des petits
vaisseaux dans la région concernée. Des protéines ■ d'expliquer la physiopathologie des péricardites ;
plasmatiques quittent alors la circulation (fig. 5.57D), et
■ de décrire, en vous référant au tracé ECG standard,
du liquide traverse les parois hyperperméables pour les principales arythmies cardiaques ;
gagner le tissu concerné, d'où l'œdème. Ce type
■ de décrire les principales cardiopathies
d'œdème s'observe aussi dans des réactions allergiques
congénitales.
(p. 385), par exemple dans l'anaphylaxie, l'asthme ou le
rhume des foins.
132
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
Défaillance (insuffisance) cardiaque personne survit à la phase aiguë, les lésions myocardiques
peuvent entraîner une insuffisance cardiaque chronique.
Le cœur est dit défaillant quand le débit cardiaque est Les causes les plus fréquentes sont :
incapable de satisfaire en toutes circonstances aux besoins
corporels. Dans les cas légers, le débit cardiaque est • un infarctus du myocarde (p. 135) ;
suffisant au repos, et il ne devient insuffisant que quand • l'embolie pulmonaire, qui bloque le courant sanguin
à travers la circulation pulmonaire – la défaillance
les besoins tissulaires sont accrus, par exemple lors de
cardiaque se produit si le cœur ne peut pas pomper
l'exercice. L'insuffisance cardiaque peut être celle d'un
suffisamment pour contrer cette occlusion ;
côté du cœur mais, comme les deux côtés du cœur font
partie d'un même circuit, quand une moitié de la pompe • l'arythmie cardiaque sévère, quand l'action de pompe
du cœur est gravement compromise ou réellement
commence à défaillir, cela entraîne souvent une surcharge
stoppée ;
de l'autre moitié, et finalement sa défaillance. Les
principales manifestations cliniques dépendent du côté • rupture de la paroi d'une chambre cardiaque
la
ou celle d'une valve ; toutes deux augmentent
du cœur le plus atteint. L'insuffisance ventriculaire
considérablement l'effort cardiaque nécessaire au
gauche est plus fréquente que la droite en raison de la
maintien d'un débit approprié ;
surcharge du ventricule gauche.
• l'hypertension maligne sévère, qui augmente
considérablement la résistance au flux sanguin.
Mécanismes compensateurs
dans la défaillance cardiaque Défaillance cardiaque chronique
En cas de défaillance cardiaque est aiguë, l'organisme n'a Cette défaillance se développe progressivement et,
que peu de temps pour réaliser des modifications initialement, elle peut ne pas avoir de symptômes en raison
compensatrices ; mais si la défaillance cardiaque se de la mise en jeu de certains mécanismes compensateurs,
produit sur un certain temps, les modifications suivantes comme cela a été vu plus haut. Quand ces mécanismes
ont toute chance de se produire, visant à maintenir le deviennent eux-mêmes insuffisants en raison des progrès
débit cardiaque et la perfusion tissulaire à un niveau de l'atteinte myocardique, elle devient symptomatique. Ses
adéquat, en particulier dans les organes vitaux : causes comprennent les modifications dégénératives du
• les fibres musculaires cardiaques augmentent myocarde liées à l'âge, et de nombreuses pathologies
(hypertrophie) et leur nombre augmente, ce qui rend chroniques comme l'anémie, la maladie pulmonaire,
les parois des chambres cardiaques concernées plus l'hypertension artérielle ou les maladies myocardiques.
épaisses (NdT : il en résulte une augmentation de la
fonction contractile du myocarde) ; Défaillance cardiaque droite (congestive)
• chambres du cœur augmentent ;
les Le ventricule droit devient défaillant quand la pression
• la baisse du flux sanguin rénal (NdT : secondaire à la qui se développe dans sa cavité sous l'effet de la
baisse du débit cardiaque) active le système rénine– contraction du myocarde n'est pas suffisante pour
angiotensine–aldostérone (p. 369), ce qui entraîne propulser le sang dans le poumon.
la rétention d'eau et de sel, accroissant le volume Quand la compensation a atteint ses limites et que le
de sang circulant (volémie) (NdT : une rétention ventricule ne peut plus se vider complètement, l'atrium
hydrosodée modérée, entraînant une augmentation droit et les veines caves contiennent un excès de sang
modérée de la volémie, favorise le retour veineux au qu'elles ne peuvent évacuer (congestion), et cela se réper-
cœur, ce qui accroît le débit cardiaque si l'atteinte de cute de façon rétrograde dans tout le système veineux. Les
la fonction contractile du myocarde n'est pas trop organes affectés en premier sont le foie, la rate et les reins.
altérée). En outre, l'action constrictive directe de Un œdème (p. 131) des membres inférieurs et une ascite
l'angiotensine 2 augmente la résistance périphérique (excès de liquide dans la cavité péritonéale) apparaissent.
(NdT : ce qui fait remonter la pression artérielle et Ce problème peut être dû à l'augmentation de la résis-
favorise la perfusion tissulaire des organes vitaux ; tance vasculaire dans les poumons ou à la faiblesse du
tous ces processus ont leurs limites, car ils augmentent myocarde.
aussi le travail d'un cœur déjà insuffisant).
Résistance au flux de sang dans les poumons. Quand
cette résistance est accrue, le ventricule droit a plus de tra-
Défaillance (insuffisance) cardiaque aiguë vail à effectuer. Les deux causes les plus fréquentes sont :
Si la défaillance cardiaque survient brutalement, l'apport • une embolie pulmonaire ;
en sang oxygéné aux tissus est soudainement et • une insuffisance ventriculaire gauche, quand la
dramatiquement réduit, et une compensation significative circulation pulmonaire est congestionnée car le
est impossible. La personne peut alors mourir si les centres ventricule gauche ne purifie pas tout le sang qui le
cérébraux vitaux sont privés d'oxygène. Même si la traverse.
133
SECTION 2 Communication
Anomalies cardiaques
Les sites le plus souvent infectés sont déjà d'une certaine
façon anormaux. Les organismes pathogènes présents 1s
B
dans le sang ne peuvent pas adhérer à l'endothélium sain ;
mais une infection est davantage susceptible de survenir si Figure 5.58 ECG. A. Rythme sinusal normal. B. Arythmies menaçant
le bord endothélial du système cardiovasculaire est lésé. la vie.
Les valves cardiaques sont souvent impliquées, en
particulier si elles ont été altérées par une pathologie
Tachycardie sinusale. La fréquence des impulsions par-
rhumatismale ou une malformation congénitale. Une
ties du nœud sinusal dépasse 100/min chez le sujet au
infection peut aussi se développer autour d'une ano
repos. Elle s'observe lors de l'exercice et de l'anxiété ; mais
malie cardiaque, comme une communication
c'est aussi un indicateur de certains états pathologiques,
interventriculaire (p. 137) ou une persistance du canal
par exemple de la fièvre, de l'hyperthyroïdie, de certaines
artériel (p. 137). Les prothèses valvulaires (artificielles)
affections cardiaques.
peuvent aussi constituer un foyer infectieux.
Asystole
Arythmies cardiaques C'est l'absence de toute contraction cardiaque, en
particulier ventriculaire, le cœur restant immobile en
Les contractions cardiaques sont déclenchées par des diastole ; elle est la conséquence de l'absence de toute
impulsions intrinsèques dont l'origine est normalement le activité électrique dans le cœur. Le tracé de l'EEG est
nœud sino-auriculaire (SA) ou sinusal. Le rythme une ligne plate (fig. 5.58B). La fibrillation ventriculaire
cardiaque est déterminé par le trajet suivi par l'influx et l'asystole entraînent une absence soudaine et
dans le système de conduction. La fréquence cardiaque complète d'éjection cardiaque, c'est-à-dire un arrêt
est habituellement appréciée au pouls, mais pour cardiaque et la mort.
déterminer le rythme cardiaque, un électrocardiogramme
(ECG) est nécessaire (fig. 5.58A). Une arythmie cardiaque Fibrillation
est un désordre quelconque de la fréquence ou du rythme C'est la contraction des fibres musculaires cardiaques de
cardiaque ; c'est la conséquence d'une anomalie de façon désordonnée et non plus coordonnée (NdT : cela
l'origine ou du trajet des impulsions intrinsèques. Le cycle donne à la paroi cardiaque un aspect évoquant le
cardiaque normal (p. 97) est dû à des impulsions parties grouillement d'un paquet de vers). Il en résulte l'absence
du nœud SA, et son rythme est dit sinusal, avec une de contraction globale du cœur.
fréquence régulière de 60 à 100 battements par minute Dans la fibrillation auriculaire (FA), la contraction
chez le sujet au repos. des atriums est incoordonnée et anormalement fré-
Bradycardie sinusale. Les impulsions partent du nœud quente, inefficace (NdT : car les fibres des atriums ne
sinusal avec une fréquence inférieure à 60/min. Une bra- se contractent pas en même temps) ; la stimulation du
dycardie sinusale peut s'observer normalement durant le nœud AV est désordonnée (NdT : le nœud AV reçoit de
sommeil, et elle est fréquente chez les athlètes. Elle devient multiples impulsions provenant des atriums ; seules cer-
une anomalie quand elle apparaît après un infarctus du taines d'entre elles sont transmises aux ventricules par
myocarde ou à l'occasion d'une augmentation de la pres- le faisceau atrioventriculaire, impulsions transmises se
sion intracrânienne (p. 191). succédant de façon irrégulière). La FA est très courante,
136
Système cardiovasculaire CHAPITRE 5
particulièrement chez les personnes âgées. Elle peut être Anomalies congénitales
asymptomatique, car même si la fonction auriculaire est
altérée, la majeure partie du remplissage ventriculaire se Les anomalies congénitales du cœur et/ou des gros vais-
produit passivement et la contraction auriculaire la com- seaux peuvent être dues à des erreurs développementales
plète ; le débit cardiaque est donc maintenu. Cependant, intra-utérines, ou à l'incapacité du cœur et des vaisseaux
les symptômes fréquents comprennent des palpitations sanguins de s'adapter à la vie extra-utérine. Des anoma-
désagréables, un essoufflement et de la fatigue. Le pouls lies peuvent être asymptomatiques au début de la vie, et
est irrégulier et les ondes P ne peuvent pas être discernées n'être reconnues qu'à l'apparition de complications.
sur l'ECG. Souvent, la cause est inconnue, mais une FA
Persistance du canal artériel
peut être la conséquence de nombreuses formes de mala-
Chez le fœtus, le canal (ou conduit) artériel (p. 122), ponte
dies cardiaques, de la thyrotoxicose (p. 245), de l'alcoo-
les poumons non fonctionnels (fig. 5.59). À la naissance,
lisme et d'une maladie pulmonaire.
quand la circulation pulmonaire est établie, le canal artériel
La fibrillation ventriculaire est une urgence médicale ;
doit se fermer complètement. S'il reste perméable, du sang
elle est rapidement mortelle si elle n'est pas traitée, car
régurgite de l'aorte dans l'artère pulmonaire où la pression
l'activité électrique chaotique à l'intérieur des parois ven-
est plus basse, réduisant le volume de sang entrant dans la
triculaires ne permet pas une coordination efficace de
circulation systémique et augmentant le volume du sang
l'action de pompe (arrêt cardiaque).
dans la circulation pulmonaire. Cela entraîne une congestion
Le sang du cœur n'est pas envoyé dans l'artère pulmo-
pulmonaire, et finalement une défaillance cardiaque.
naire ni dans l'aorte. Le pouls n'est pas perçu, le patient
est inconscient et la respiration s'arrête. Le tracé de l'EEG
est irrégulier, chaotique, sans ondes reconnaissables Communication interauriculaire
(fig. 5.58). C'est ce que l'on appelle communément un « trou » dans
le cœur. Après la naissance, quand la circulation
pulmonaire est établie et que la pression dans l'atrium
Bloc cardiaque gauche dépasse celle de l'atrium droit, la valve atrioseptale
Un bloc cardiaque se produit quand la transmission de se ferme. Ultérieurement, la fermeture devient permanente
l'impulsion normale est bloquée ou altérée. Une forme du fait d'une fibrose (fig. 5.60).
fréquente est constituée par l'obstruction de la transmission Quand les membranes ne se recouvrent pas, l'orifice
de l'impulsion à travers le nœud AV ; moins fréquemment, reste ouvert après la naissance. Dans de nombreux cas,
le tissu de conduction dans les atriums ou les ventricules il est trop petit pour entraîner des symptômes au début
peut aussi être affecté. Lorsque le nœud AV est impliqué, de la vie, mais ceux-ci peuvent apparaître plus tard.
le délai s'accroît entre la contraction auriculaire et la Dans les cas sévères, du sang reflue de l'atrium gauche
contraction ventriculaire. La gravité dépend du degré de dans l'atrium droit. Cela augmente la pression dans le
la perte de stimulation du nœud AV. ventricule droit et dans l'artère pulmonaire, entraînant
En cas de bloc atrioventriculaire complet (absence com- l'hypertrophie du myocarde ventriculaire droit, et finale-
plète de transmission des impulsions électriques des
atriums aux ventricules), la contraction ventriculaire est
Artère-carotide
complètement indépendante des impulsions nées dans commune gauche
le nœud SA. Les impulsions générées par le nœud AV
Tronc
entraînent des contractions ventriculaires de fréquence brachio- Artère
diminuée, régulière, au rythme d'environ 30–40/min. céphalique subclavière
Dans cette situation, le cœur est incapable de répondre gauche
Coarctation de l'aorte
Le siège le plus fréquent de la coarctation (rétrécissement
de l'aorte) est entre l'origine de l'artère subclavière gauche Hypertension artérielle systémique
et celle du canal artériel. Il en résulte une hypertension
artérielle dans la partie supérieure du corps (vascularisée Le terme « hypertension » est utilisé pour désigner
par des artères nées de l'aorte en amont du rétrécissement), une pression artérielle systémique dont la baisse
car la force de contraction du cœur est accrue pour représenterait, davantage encore que tous les autres
expulser le sang au travers de la partie rétrécie de l'aorte. facteurs de risque cardiovasculaires, un bénéfice pour le
Il peut y avoir une hypotension systémique. patient. Des mesures de la pression artérielle systolique
et diastolique inférieures à 130/85 mmHg respectivement
Tétralogie de Fallot sont considérées comme normales. Les mesures
Il s'agit d'une association caractéristique de quatre indiquant une hypertension sont données dans le
anomalies, entraînant une cyanose, un retard de tableau 5.2. La pression artérielle tend à augmenter
croissance, une intolérance à l'exercice chez les bébés et
les jeunes enfants. Elle associe :
• une sténose pulmonaire congénitale (NdT : sténose Tableau 5.2 Hypertension : mesures de pression artérielle
indicatives (d'après les recommandations de la British
de l'infundibulum pulmonaire le plus souvent,
Hypertension Society/NICE, 2011)
c'est-à-dire de la structure en forme d'entonnoir
appartenant au ventricule droit et précédant
Mesure systolique Mesure diastolique
immédiatement la valve pulmonaire, et/ou sténose Grade (mmHg) (mmHg)
de la valve pulmonaire présente dans deux tiers
des cas ; le tronc de l'artère pulmonaire est en 1. Légère 140–59 90–99
140
CHAPITRE
6
Système lymphatique
Fonctions du système lymphatique 142 Pathologie des vaisseaux lymphatiques 149
Lymphe et vaisseaux lymphatiques 143 Extension de maladies 149
Lymphe 143 Obstruction lymphatique 149
Capillaires lymphatiques 143 Maladies des nœuds lymphatiques 149
Gros vaisseaux lymphatiques 143 Lymphadénite 150
Organes et tissus lymphatiques 144 Lymphomes 150
Nœuds lymphatiques 144 Affections de la rate 150
Rate 146 Splénomégalie 150
Thymus 147 Maladies du thymus 151
Tissu lymphoïde associé aux muqueuses (MALT) 147
SECTION 2 Communication
Les cellules corporelles baignent dans le liquide interstitiel • le tissu lymphoïde diffus, par exemple les amygdales ;
(tissulaire), qui fuit de façon constante du flux sanguin à • la moelle osseuse.
travers les parois perméables des capillaires sanguins. La
composition de celui-ci est donc très similaire à celle du Les premières sections de ce chapitre passent en revue
plasma sanguin. Une partie du liquide tissulaire retourne les structures et les fonctions des organes énumérés ci-
dans les capillaires sanguins à l'extrémité veineuse de dessus. La dernière section aborde les conséquences des
ceux-ci ; le reste diffuse à travers la paroi plus perméable troubles du système immunitaire. Les principaux effets
des capillaires lymphatiques, et devient la lymphe. du vieillissement sur le système lymphatique en lien avec
La lymphe circule dans des vaisseaux de calibre crois- le déclin de l'immunité sont décrits au chapitre 15 (p. 409).
sant et dans un nombre variable de nœuds lymphatiques,
avant de retourner dans le sang. Le système lymphatique
Fonctions du système lymphatique
(fig. 6.1) comporte :
Drainage tissulaire
• la lymphe ;
Chaque jour, environ 21 litres de liquide plasmatique,
• les vaisseaux lymphatiques ;
transportant des substances dissoutes et certaines protéines
• les nœuds lymphatiques ;
plasmatiques, s'échappent des capillaires à leur extrémité
• les organes lymphatiques, par exemple la rate et le
thymus ; artérielle et passent dans les tissus. Le plus grande partie
Tonsille palatine
Conduit Nœuds submandibulaires
lymphatique droit
Nœuds cervicaux
Veine
Veine jugulaire interne gauche
subclavière droite
Thymus Veine subclavière gauche
Canal thoracique
Nœuds axillaires
Conduit thoracique
Rate
Citerne du chyle
Follicules lymphatiques
Nœuds intestinaux agrégés (plaques de Peyer)
Gros intestin
Intestin grêle
Nœuds inguinaux
S
D G
Vaisseau lymphatique
A B
Figure 6.1 Le système lymphatique. A. Principales composantes du système lymphatique. B. Drainage lymphatique régional.
142
Système lymphatique CHAPITRE 6
ment de tissus réticulaire et lymphoïde, contenant de La lymphe des membres inférieurs se draine par des
nombreux lymphocytes et macrophages. Les cellules réti- nœuds lymphatiques profonds et superficiels, dont des
culaires produisent un réseau de fibres qui procurent une groupes nodulaires derrière le genou et à l'aine (nœuds
structure interne au sein du nœud lymphatique. Le tissu inguinaux).
lymphatique contient des cellules immunitaires et de
défense, dont des lymphocytes et des macrophages.
Quatre ou cinq vaisseaux lymphatiques afférents peuvent Fonctions
pénétrer dans un nœud, alors qu'un seul vaisseau effé- Filtrage et phagocytose
rent transporte la lymphe hors du nœud. Chaque nœud La lymphe est filtrée par les tissus réticulaire et
présente une partie concave appelée hile, où pénètre une lymphatique lors de son passage dans les nœuds
artère et d'où sortent une veine et le vaisseau lymphatique lymphatiques. Elle y amène, sous forme de particules, des
efférent. bactéries, des phagocytes morts ou vivants contenant
Les nœuds lymphatiques, en grand nombre dans des des microbes qu'ils ont ingérés, des cellules issues de
lieux stratégiques du corps, sont disposés en groupes tumeurs malignes, des cellules tissulaires vieillies
profonds et superficiels. et altérées, et des particules inhalées. Le matériel organique
La lymphe de la tête et du cou traverse les nœuds cervi- est détruit dans le nœud lymphatique par des macrophages
caux profonds et superficiels (fig. 6.5). et des anticorps. Certaines particules inorganiques inhalées
La lymphe du membre supérieur traverse les nœuds ne peuvent pas être détruites par phagocytose. Elles restent
situés dans la région du coude, puis passe par les nœuds dans les macrophages, n'entraînant aucun dommage ou
axillaires profonds et superficiels. tuant la cellule. Le matériel non retenu dans un nœud
La lymphe des organes et des tissus de la cavité tho- lymphatique passe par des nœuds successifs et, au moment
racique se draine par des groupes de nœuds du médias- où la lymphe se déverse dans le courant sanguin, elle ne
tin, et de nœuds proches des grosses voies aériennes, de contient plus habituellement de matériel étranger ni de
l'œsophage et de la paroi thoracique. La plus grande par- débris cellulaires. Dans certains cas où la phagocytose des
tie de la lymphe du sein traverse les nœuds axillaires. bactéries est incomplète, ceux-ci peuvent déclencher une
La lymphe des cavités pelvienne et abdominale traverse inflammation avec tuméfaction nodulaire (adénopathie).
de nombreux nœuds lymphatiques avant de pénétrer dans
la citerne du chyle. Les nœuds abdominaux et pelviens Prolifération des lymphocytes
sont principalement situés le long des vaisseaux vasculari- Des lymphocytes activés T et B se multiplient dans les
sant les organes et près des grosses artères, c'est-à-dire de nœuds lymphatiques. Les anticorps produits par des
l'aorte ainsi que des artères iliaques externe et interne. lymphocytes B sensibilisés passent dans la lymphe et le
sang qui drainent le nœud.
La figure 6.6 montre une microscopie à balayage élec-
tronique de tissu de nœud lymphatique, avec des cellules
réticulaires, des globules blancs et des macrophages.
S
A P
Macrophages
I
Cellules
réticulaires
Nœuds
occipitaux
Lymphocytes
Nœuds
submandibulaires
Nœuds
cervicaux profonds
Nœuds
cervicaux superficiels
Figure 6.6 Microscopie à balayage électronique de tissu de
Nœuds lymphatiques
nœud lymphatique. La population cellulaire comprend des cellules
réticulaires (en brun), des macrophages (en rose) et des lymphocytes
Figure 6.5 Certains nœuds lymphatiques de la face et du cou. (en jaune).
145
SECTION 2 Communication
Capsule
Travées
Pulpe
Empreinte
splénique
gastrique
Empreinte rénale
Artère
et veine spléniques
Position de la queue S
du pancréas
M L
Empreinte colique I
Trachée
tractus génito-urinaire, qui sont tous des systèmes exposés elles détruisent par conséquent les antigènes avalés ou
à l'environnement externe. inhalés (voir aussi p. 260).
Les principaux groupes de MALT sont les amygdales
Follicules lymphatiques agrégés (plaques de Peyer).
et les follicules lymphatiques agrégés (plaques de Peyer).
Ces grandes collections de tissu lymphoïde sont présentes
Tonsilles (amygdales). Elles sont localisées dans la dans l'intestin grêle ; elles interceptent les antigènes
bouche (NdT : amygdale palatine) et dans la gorge, et déglutis (voir fig. 12.25).
148
Système lymphatique CHAPITRE 6
Lymphadénopathie Tuméfaction des nœuds lymphatiques ■ de décrire les conséquences des deux principales
formes de lymphomes ;
Splénomégalie Tuméfaction de la rate
■ d'expliquer pourquoi une maladie secondaire des
Lymphœdème Œdème de tissus dont le drainage lymphatique
a été obstrué d'une façon ou d'une autre nœuds lymphatiques est fréquente chez les
patients cancéreux.
149
SECTION 2 Communication
Lymphomes
Il s'agit de tumeurs malignes du tissu lymphoïde, séparées
Splénomégalie
en lymphomes hodgkiniens et lymphomes non Il s'agit d'une augmentation de taille de la rate,
hodgkiniens. habituellement secondaire à une autre affection, par
exemple à une infection, à un trouble circulatoire, à une
Maladie de Hodgkin maladie du sang, à une néoplasie maligne.
Lors de cette maladie, on observe une hypertrophie
progressive, indolore, de nœuds lymphatiques sur Infections
l'ensemble du corps, à l'intérieur desquels le tissu La rate peut être infectée par des microbes transportés par
lymphoïde prolifère. Les adénopathies cervicales sont le sang, ou par l'extension locale d'une infection. La pulpe
souvent les premières à être notées. Cette affection rouge devient congestionnée de sang, et des phagocytes
maligne est de cause inconnue. Son pronostic est et des plasmocytes s'accumulent. Les infections aiguës
extrêmement variable, mais les modalités de son extension sont rares.
150
Système lymphatique CHAPITRE 6
Infections chroniques. Certaines infections chroniques à une raison quelconque, mais en particulier du fait d'une
microbes non pyogènes provoquent une splénomégalie, hypertension portale, une hémolyse excessive et préma-
habituellement moins sévère qu'en cas d'infection aiguë. turée, la phagocytose de globules blancs et de plaquettes
Les infections primaires les plus fréquemment rencon- normaux, entraînent une anémie, une leucopénie et
trées sont celles : une thrombopénie (NdT : ces cytopénies sont dites par
• de la tuberculose (p. 287) ; « hypersplénisme »).
• de la fièvre typhoïde (p. 348) ;
Tumeurs
• du paludisme ;
Les tumeurs primaires de la rate, bénignes ou malignes,
• de la mononucléose infectieuse (voir ci-dessus).
sont rares, mais des fragments tumoraux venus d'ailleurs
et amenés par le sang peuvent provoquer des métastases.
Troubles circulatoires
La splénomégalie due à l'infiltration de cellules malignes
Une splénomégalie par congestion sanguine s'observe
s'observe en particulier dans les leucémies chroniques, la
quand la traversée du foie par le flux sanguin est entravée,
maladie de Hodgkin et les lymphomes non hodgkiniens.
par exemple par la fibrose d'une cirrhose hépatique, la
congestion sus-hépatique d'une défaillance cardiaque
droite. (NdT : en cas de cirrhose, la circulation intra Maladies du thymus
hépatique du sang amené par la veine porte est entravée
par la fibrose hépatique ; en cas de défaillance du Objectif pédagogique
ventricule droit, il se produit de façon rétrograde une
congestion et une hypertension sanguines dans l'atrium Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
droit, la veine cave inférieure, les veines sus-hépatiques capable :
et les veines hépatiques, d'où l'obstacle à la circulation ■ d'identifier les principales affections thymiques.
intrahépatique du sang amené par la veine porte. Dans
les deux cas, il en résulte une hypertension avec stase
dans la veine porte, se répercutant dans la veine splénique
et, finalement, dans la rate, qui se gorge de sang : L'augmentation de taille de la glande s'observe lors de
splénomégalie congestive.) certaines maladies auto-immunes, telles que la myasthénie,
la maladie de Basedow et la maladie d'Addison.
Maladie du sang Les tumeurs thymiques sont rares. La compression
Des hémopathies peuvent entraîner une splénomégalie. par un gros thymus d'organes voisins, tels que la trachée,
La rate grossit afin de faire face à la charge de travail l'œsophage, des veines du cou, peut les léser ou interférer
supplémentaire liée à la captation de cellules du sang avec leur fonction.
endommagées, vieillies, anormales, lors par exemple des Dans la myasthénie (p. 462), la plupart des patients
anémies hémolytiques ou macrocytaires, des polyglobulies ont soit une hyperplasie thymique (le plus souvent)
et de la leucémie myéloïde chronique (Ch. 4). soit un thymome (le moins souvent), bien que le rôle
La splénomégalie peut elle-même provoquer des alté- de la fonction thymique dans cette affection ne soit pas
rations hématologiques. Quand la rate est grosse pour compris.
151
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CHAPITRE
7
Système nerveux
Cellules et tissus du système nerveux 155 Affections cérébrales 191
Neurones 155 Hypertension intracrânienne 191
Nerfs 158 Traumatismes crâniens 192
Névroglie 160 Hypoxie cérébrale 193
Réponse du tissu nerveux aux agressions 161 Accident vasculaire cérébral 194
Système nerveux central 162 Démence 195
Les méninges et le liquide cérébrospinal Maladie de Parkinson 195
(LCS) 162 Effets des poisons sur le système nerveux central 196
Méninges 162 Infections du système nerveux central 196
Ventricules du cerveau et liquide cérébrospinal 163 Infections bactériennes 196
Cerveau 164 Infections virales 197
Vascularisation et drainage veineux du cerveau 166 Maladies démyélinisantes 198
Hémisphères cérébraux 166 Sclérose en plaques 198
Diencéphale 169 Encéphalomyélite aiguë disséminée 199
Tronc cérébral 170
Maladies de la moelle spinale 199
Cervelet 171
Neurones moteurs 199
Moelle spinale 172
Affections mixtes, sensitives et motrices 200
Substance grise 173
Substance blanche 174 Maladies des nerfs périphériques 201
Neuropathies périphériques 201
Système nerveux périphérique 177
Syndrome de Guillain-Barré 201
Nerfs spinaux 177
Paralysie de Bell 202
Nerfs thoraciques 181
Nerfs crâniens 182 Anomalies du développement du système
nerveux 202
Système nerveux autonome 185
Spina bifida 202
Effets du vieillissement sur le système nerveux 190
Hydrocéphalie 202
Tumeurs du système nerveux 202
SECTION 2 Communication
Le système nerveux détecte des modifications à l'intérieur • le système nerveux somatique, qui contrôle les
et à l'extérieur du corps, et y répond. Avec le système mouvements volontaires des muscles squelettiques ;
endocrinien, il coordonne et contrôle les fonctions • système nerveux autonome, qui contrôle des
le
corporelles vitales, et il contribue à maintenir l'homéostasie. processus involontaires comme les battements
Dans cet objectif, le système nerveux fournit une réponse cardiaques, le péristaltisme (p. 309) et l'activité
immédiate, alors que l'activité endocrinienne (Ch. 9) est glandulaire. Le système nerveux autonome comprend
habituellement lente et plus prolongée. deux parties : sympathique et parasympathique.
Le système nerveux comprend le cerveau, la moelle
spinale (anciennement : épinière) et les nerfs périphé- En résumé, le SNC reçoit des informations sensi-
riques (voir fig. 1.10, p. 10). La structure et l'organisation tives concernant ses environnements interne et externe
des tissus qui forment ces composants permettent une depuis les nerfs afférents. Le SNC intègre et traite
communication rapide entre toutes les parties du corps. ces données, et réagit, si nécessaire, en envoyant des
Pour leur description, les parties du système nerveux influx nerveux à travers les nerfs moteurs aux organes
sont réparties en : effecteurs : muscles et glandes. Par exemple, des réac-
tions aux changements dans l'environnement interne
• système nerveux central (SNC), qui comprend le consistent à réguler les fonctions corporelles involon-
cerveau et la moelle spinale ;
taires essentielles comme la respiration et la pression
• système nerveux périphérique (SNP), qui comprend tous artérielle ; des réactions aux changements dans l'envi-
les nerfs hors du cerveau et de la moelle spinale.
ronnement externes sont de maintenir la posture et
Le SNP comprend les paires de nerfs crâniens et de nerfs d'autres activités involontaires.
sacraux. Certains sont sensitifs (afférents) et transmettent Les premières sections de ce chapitre passent en
des influx vers le SNC, d'autres sont moteurs (efférents) revue la structure et les fonctions des composantes du
et transmettent des influx depuis le SNC, et certains sont système nerveux, dont les conséquences du vieillis-
mixtes. Il est utile de distinguer deux parties dans le SNP : sement, la dernière section décrivant les effets que le
• l'une sensitive ; dysfonctionnement des structures normales a sur la
• l'autre motrice (fig. 7.1). fonction corporelle.
La partie motrice est également composée de deux par-
ties :
Dendrites
Cellules et tissus du système
nerveux Cellule
corporelle
Noyau
Objectifs pédagogiques
■ d'établir
les fonctions des nerfs sensitifs et des Neurilemme
nerfs moteurs ;
Noyau de la
■ de décrire les événements qui surviennent après la
cellule de
libération d'un neurotransmetteur au niveau d'une Schwann
synapse ;
■ de décrire brièvement les fonctions des quatre Noyaux de Ranvier
types de cellules névrogliales ;
■ d'indiquer la réponse du tissu nerveux aux Gaine de myéline
agressions.
Boutons
Il existe deux types de tissu nerveux, les neurones et la terminaux
névroglie. Les neurones (cellules nerveuses) sont les unités
du système nerveux qui génèrent et transmettent les influx Neurone Neurone non
myélinisé myélinisé
nerveux. Les neurones sont entourés par un type de tissu
cellulaire conjonctif appelé névroglie. Il existe un très grand Figure 7.2 Structure des neurones. La flèche indique la direction
nombre des deux types cellulaires cellules : 1 billion (1012) de la conduction de l'influx.
de cellules gliales et dix fois moins (1011) de neurones.
La transmission des signaux nerveux est à la fois élec-
Neurones (fig. 7.2) trique et chimique. Le potentiel d'action qui se dirige vers
le bas dans l'axone du nerf est un signal électrique ; mais
Chaque neurone (fig. 7.2) comporte un corps cellulaire comme les nerfs n'entrent pas directement en contact, le
(NdT : ou soma) et ses prolongements, l'axone et les signal entre une cellule nerveuse et la cellule suivante de
nombreux dendrites. Les neurones sont souvent appelés la chaîne est presque toujours chimique (p. 158).
cellules nerveuses. Les nerfs sont des faisceaux d'axones
réunis. Les neurones ne se divisent pas et, pour survivre, Corps cellulaires
ils ont besoin d'un apport continu d'oxygène et de glucose.
Contrairement à beaucoup d'autres cellules, les neurones La taille et la forme des neurones sont extrêmement
peuvent produire de l'énergie (sous forme d'adénosine variables, mais ceux-ci sont tous trop petits pour être vus
triphosphate [ATP]) à partir du glucose seulement. à l'œil nu. Les corps cellulaires forment la substance grise
Les neurones génèrent et transmettent des influx du système nerveux ; ils sont présents à la périphérie du
électriques appelés potentiels d'action. La force initiale cerveau et au centre de la moelle spinale. Des groupements
de l'influx est maintenue sur toute la longueur du neu- de corps cellulaires sont appelés noyaux dans le système
rone. Certains neurones déclenchent des influx nerveux nerveux central, et ganglions dans le système nerveux
alors que d'autres jouent le rôle de station de relais où les périphérique. Les noyaux gris centraux (ganglions de la
impulsions sont transmises, et parfois redirigées. base) des hémisphères cérébraux (p. 166) représentent
Les influx nerveux peuvent être déclenchés en réponse une importante exception.
à des stimulus provenant :
• de l'extérieur du corps, par exemple des stimulus Axones et dendrites
tactiles, des ondes lumineuses ; L'axone et les dendrites sont des extensions du corps
• de l'intérieur du corps ; par exemple, une modification cellulaire ; ils forment la substance blanche du système
de la concentration du dioxyde de carbone du sang nerveux. Les axones sont présents dans la profondeur du
modifie la respiration, une pensée peut entraîner un cerveau, et ils sont groupés en tractus ou faisceaux dans la
mouvement volontaire. périphérie de la moelle spinale. À l'extérieur du cerveau
155
SECTION 2 Communication
et de la moelle spinale, ils sont appelés nerfs (quand ils Neurones non myélinisés. Les fibres postganglion-
sont groupés), ou fibres nerveuses. naires et certaines petites fibres du système nerveux
central sont non myélinisées (amyéliniques). Un certain
Axones nombre d'axones de ce type sont enchâssés dans une
Chaque cellule nerveuse n'a qu'un seul axone, qui débute cellule de Schwann (fig. 7.3B). Les cellules de Schwann
à une zone conique du corps cellulaire, le cône d'implantation adjacentes sont alors étroitement associées, et il n'y a pas
de l'axone. Il transporte l'influx nerveux né dans le corps d'axolemme exposé. La vitesse de transmission de l'influx
cellulaire. Il est habituellement plus long que les dendrites, nerveux est significativement plus faible dans les fibres
atteignant parfois 100 cm. non myélinisées que dans celles myélinisées.
Structure d'un axone. La membrane d'un axone, appe-
Dendrites
lée axolemme, entoure l'extension axonale du corps
Les dendrites sont les nombreux petits prolongements
cellulaire.
qui reçoivent des influx nerveux et les transportent vers
Neurones myélinisés. Les axones de gros calibre d'autres corps cellulaires. Ils ont la même structure que
et ceux des nerfs périphériques sont entourés par une les axones, mais ils sont habituellement plus courts et
gaine de myéline (fig. 7.3A et C). Celle-ci est faite d'une ramifiés. Dans les neurones moteurs, ils forment une
série de cellules de Schwann disposées les unes après les
autres sur toute la longueur de l'axone. Chaque cellule
entoure plusieurs fois complètement l'axone, si bien que
celui-ci est entouré par plusieurs couches concentriques
de membrane plasmique de la cellule de Schwann. Entre
les couches de membrane plasmique se trouve une petite
quantité de substance lipidique appelée myéline. La
couche la plus superficielle de la membrane plasmique de
la cellule de Schwann est appelée neurilemme. Il existe de
minuscules aires d'axolemme exposé entre les cellules de
Schwann (aires non recouvertes par ces cellules), appe-
lées nœuds de Ranvier (nœuds de la neurofibre) (fig. 7.2), qui
contribuent à la transmission rapide des impulsions ner-
veuses dans les neurones myélinisés. La figure 7.4 montre
Figure 7.4 Nœud de Ranvier. Microscopie à balayage électronique
une coupe de fibre nerveuse au niveau d'un nœud de en couleur d'une fibre nerveuse myélinisée en coupe longitudinale.
Ranvier, où une zone non myélinisée est clairement Le tissu nerveux est montré en bleu, la myéline en rouge.
visible.
Cytoplasme
de la cellule Nœud de Ranvier
de Schwann
Noyau de la
cellule de Gaine de myéline
Schwann
Neurilemme
Noyau de la
Axone
cellule de Schwann
A B C Axolemme Axone
Figure 7.3 Disposition de la myéline. A. Neurone myélinisé. B. Neurone non myélinisé. C. Longueur d'un axone myélinisé.
156
Système nerveux CHAPITRE 7
partie des synapses (voir fig. 7.7) et, dans les neurones La vitesse de la conduction nerveuse dépend du dia-
sensitifs, ils forment les récepteurs sensitifs qui répondent mètre du neurone : plus il est grand, plus la conduction
aux stimulus. est rapide. De plus, les fibres myélinisées conduisent
l'influx nerveux plus vite que celles non myélinisées, car
Influx nerveux (potentiel d'action) la conduction saltatoire est plus rapide que la conduction
Un influx (ou impulsion nerveuse) est initié par la continue, ou propagation simple (fig. 7.6). Les fibres condui-
stimulation de terminaisons nerveuses sensitives, ou par sant le plus vite l'influx, par exemple aux muscles sque-
la transmission d'un influx provenant d'un autre nerf. La lettiques, le font à la vitesse de 130 mètres par seconde,
transmission de l'influx, ou potentiel d'action, est due au alors que la vitesse de conduction la plus lente est de
mouvement d'ions à travers la membrane de la cellule 0,5 mètre par seconde.
nerveuse. Au repos, la membrane de la cellule nerveuse
est polarisée en raison de différences dans les concentrations
des ions de part et d'autre de la membrane. Cela veut dire
que la charge électrique de chaque côté de la membrane
est différente, différence appelée potentiel de membrane de Axone Nœud de Ranvier Cellule
repos. Au repos, la charge à la face externe de la membrane de Schwann
est positive, et à la face interne, négative. Les principaux –– ++ ++ ++ ++
ions impliqués sont : ++ – – – – – – – –
–– ++ ++ ++ ++
• le sodium (Na+), principal cation extracellulaire ;
• le potassium (K+), principal cation intracellulaire. ++ – – ++ ++ ++
–– ++ – – – – – –
Au repos, ces ions ont en permanence tendance à dif- ++ – – ++ ++ ++
fuser selon leur gradient de concentration, c'est-à-dire à
sortir de la cellule pour le K+ et à y entrer pour le Na+. ++ ++ – – ++ ++
Quand le nerf est stimulé, la perméabilité de la membrane –– – – ++ – – – –
cellulaire du nerf à ces ions se modifie. Initialement, le Na+ ++ ++ – – ++ ++
du liquide extracellulaire passe dans le neurone, et cette
dépolarisation crée un influx nerveux ou potentiel d'action. La Direction de la transmission de l’influx nerveux
dépolarisation se propage très rapidement de proche en
proche, permettant la conduction d'un influx nerveux sur Figure 7.5 Conduction saltatoire d'un influx dans une fibre
nerveuse myélinisée.
toute la longueur d'un neurone en quelques millisecondes
seulement. À partir du point de stimulation, l'influx ne va
que dans une seule direction, c'est-à-dire qu'il s'éloigne
de ce point en se dirigeant vers la région au potentiel de
+ + – – +++++++++++
repos. Le sens unique de la transmission de l'influx ner-
veux est dû au fait qu'après dépolarisation il faut un cer- – – + + – – – – – – – – – – –
Axone
tain temps pour que la repolarisation se produise. – – + + – – – – – – – – – – –
Presque immédiatement après l'entrée de Na+, du K+
+ + – – +++++++++++
sort du neurone, et le mouvement de ces ions K+ rétablit
le potentiel de membrane à ce qu'il était au repos. Cette
période de repolarisation est appelée période réfractaire,
car durant celle-ci la restimulation est inefficace. L'action
+ + + + + – – ++++++++
de la pompe sodium–potassium expulse des ions Na+ hors – – – – – + + – – – – – – – –
de la cellule en échange d'ions K+ (voir p. 39). Les taux de – – – – – + + – – – – – – – –
Na+ et de K+ reviennent alors à l'état de repos initial, ce
qui repolarise le neurone. + + + + + – – ++++++++
Dans les neurones myélinisés, les propriétés isolantes
de la gaine de myéline empêchent le mouvement des
ions. Par conséquent, les modifications électriques ne + + + + + + + + – – +++++
peuvent se produire que dans les interstices de la gaine – – – – – – – – + + – – – – –
de myéline, c'est-à-dire dans les nœuds de Ranvier (voir
fig. 7.2). Quand une impulsion se produit à un nœud, la
– – – – – – – – + + – – – – –
dépolarisation passe le long de la gaine de myéline au + + + + + + + + – – +++++
nœud suivant, si bien que le flux du courant semble sau- Figure 7.6 Simple propagation d'un influx dans une fibre
ter d'un nœud au suivant. C'est appelé conduction salta- nerveuse non myélinisée. Les flèches indiquent la direction de la
toire (fig. 7.5). transmission de l'influx.
157
SECTION 2 Communication
La synapse et les neurotransmetteurs telle qu'une fibre musculaire, il est inactivé par des enzymes,
Il y a toujours plus d'un neurone impliqué dans la ou repris dans le bouton synaptique. Certains produits
transmission d'un influx nerveux de son origine à sa peuvent imiter, neutraliser (antagoniser) ou prolonger
destination, qu'il soit sensitif ou moteur. Il n'y a pas de l'effet des neurotransmetteurs. Les neurotransmetteurs ont
contact physique entre deux neurones. L'endroit où habituellement un effet excitateur au niveau du récepteur
l'influx passe du neurone présynaptique au neurone post- postsynaptique, mais ils sont parfois inhibiteurs.
synaptique est appelé synapse (fig. 7.7). À son extrémité, Il existe plus de 50 neurotransmetteurs dans le cerveau
l'axone du neurone présynaptique se divise en branches et la moelle spinale, dont la noradrénaline, l'adrénaline, la
minuscules se terminant chacune par un petit renflement dopamine, l'histamine, la sérotonine, l'acide gamma aminobu-
appelé bouton synaptique, ou bouton terminal. Ces boutons tyrique (GABA) et l'acétylcholine. D'autres substances, telles
sont proches des dendrites et du corps cellulaire du que les enképhalines, les endorphines et la substance P,
neurone postsynaptique, dont ils sont séparés par la fente ont des rôles spécialisés, par exemple la transmission des
synaptique. À l'extrémité des boutons synaptiques se signaux de la douleur. La figure 7.8 indique les principaux
trouvent des vésicules synaptiques sphériques contenant neurotransmetteurs du système nerveux périphérique.
une substance chimique, le neurotransmetteur, qui Les nerfs somatiques transportent les influx nerveux
est libérée dans la fente synaptique. Le neurotransmetteur directement aux synapses qu'ils forment avec des fibres
est synthétisé par la cellule nerveuse, transporté musculaires squelettiques, synapses appelées jonctions
activement le long de l'axone, et emmagasiné dans les neuromusculaires (p. 448) qui stimulent leur contraction.
vésicules synaptiques. Il est libéré dans la fente synaptique Dans le système nerveux autonome, tant sympathique
par exocytose en réponse au potentiel d'action arrivant au que parasympathique (voir p. 185), les influx efférents
bouton synaptique, et il diffuse dans cette fente. Il atteint suivent deux fibres (préganglionnaire et postganglion-
alors des sites récepteurs spécifiques de la membrane du naire) et traversent deux synapses pour atteindre le tissu
neurone postsynaptique, sur lesquels il agit. Cette action effecteur, c'est-à-dire le muscle cardiaque, le muscle lisse
est brève car, dès qu'il a stimulé la cellule postsynaptique, et les glandes.
Nerfs
Un nerf est constitué de nombreux neurones réunis en
faisceaux (les faisceaux de fibres nerveuses du système
Axone
nerveux central sont appelés tractus). Par exemple, les
gros nerfs comme les nerfs sciatiques (p. 180, 181)
Boutons
synaptiques contiennent des dizaines de milliers d'axones. Chaque
faisceau dispose de plusieurs revêtements de tissu
Dendrites
conjonctif protecteur (fig. 7.9).
Noyau
• L'endonèvre est un fin tissu entourant chaque fibre
Corps individuelle, qui est en continuité avec les septums
cellulaire
provenant de la périnèvre.
Axone
• Le périnèvre est un tissu conjonctif entourant chaque
faisceau de fibres.
Neurone
présynaptique Neurone post-synaptique • L'épinèvre est le tissu fibreux qui entoure et enclot un
certain nombre de faisceaux de fibres nerveuses. La
plupart des nerfs de gros calibre sont recouverts par
de l'épinèvre.
Neurone
présynaptique
Vésicules
synaptiques Nerfs sensitifs, ou afférents
contenant le
Les nerfs sensitifs transmettent de l'information du corps
neurotransmetteur
à la moelle spinale (fig. 7.1). Les influx peuvent alors
Membrane gagner le cerveau, ou des neurones connecteurs (NdT :
postsynaptique interneurones) situés dans la moelle spinale, faisant partie
Fente synaptique d'arcs réflexes (voir p. 176).
Somatique
Moteur Muscle squelettique
Acétylcholine
Végétatif
Sympathique Muscle lisse
(adrénergique) Cœur
Glandes
Acétylcholine Noradrénaline
Sympathique Glandes sudorales
(cholinergique) Vaisseaux sanguins
dans les muscles
squelettiques et la peau
Acétylcholine Acétylcholine
Sympathique Médullosurrénale Adrénaline
(splanchnique) et noradrénaline
sécrétées
dans le sang
Acétylcholine
Acétylcholine Acétylcholine
Nerf
Sensibilité somatique, cutanée ou commune. Elle a
pour origine la peau. Il s'agit des sensibilités à la douleur,
Épinèvre
au toucher, à la chaleur et au froid (NdT : sensibilités
Vaisseaux
sanguins
algésique, tactile et thermique, respectivement). Les ter-
minaisons sensitives dans la peau sont de fins filaments
ramifiés, sans gaine de myéline (voir fig. 14.4, p. 388.
Quand elles sont stimulées, un influx nerveux est généré,
et transmis par les nerfs sensitifs au cerveau, où la sensa-
tion est perçue.
Sensibilité proprioceptive. Elle a pour origine les muscles
et les articulations. Les influx envoyés au cerveau per-
mettent la perception de la position du corps et de ses
composantes dans l'espace, ce qui contribue au maintien
Périnèvre de l'équilibre et de la posture (voir Ch. 16).
Sens. Il s'agit de la vue, de l'ouïe, de l'équilibre, de l'odo-
rat et du goût (voir Ch. 8.)
Endonèvre
Nerfs afférents du système nerveux autonome. Ils
Axone
naissent dans les organes internes, les glandes et les tissus,
par exemple au niveau des barorécepteurs impliqués dans
le contrôle de la pression artérielle (Ch. 5), des chémoré-
cepteurs impliqués dans le contrôle de la respiration
Figure 7.9 Coupe transversale d'un nerf périphérique (Ch. 10) ; ils interviennent dans la régulation réflexe de
montrant les couvertures protectrices. l'activité involontaire et dans la douleur viscérale.
159
SECTION 2 Communication
Cellules épendymaires
Ces cellules forment la bordure épithéliale des ventricules
cérébraux et du canal central de la moelle spinale. Celles
qui forment les plexus choroïdes des ventricules sécrètent
du liquide cérébrospinal.
Endothélium
capillaire
Axone L’axone se désintègre dans la
partie distale à la section
B
Régénération du tube
Figure 7.12 Barrière sang–cerveau. A. Coupe longitudinale.
B. Coupe transversale.
Microglie
Ces cellules, les plus petites et les moins nombreuses des
L’axone repousse et restaure l’innervation
cellules gliales, peuvent être dérivées de monocytes ayant
migré du sang dans le système nerveux avant la naissance.
Elles sont présentes principalement au voisinage des
vaisseaux sanguins. Elles grossissent et deviennent
phagocytaires, éliminant les microbes et les tissus lésés,
dans les régions d'inflammation et de destruction
cellulaire.
Moelle spinale
Système nerveux central
Canal central de la
Le système nerveux central comporte le cerveau et la moelle spinale
moelle spinale (voir fig. 7.1). Ces deux structures
essentielles sont bien protégées des lésions ; le cerveau est Fin de la moelle spinale
Filum
enfermé dans le crâne et la moelle spinale est protégée terminal 1re vertèbre lombale
par les vertèbres qui forment la colonne vertébrale. Les
revêtements membraneux que sont les méninges S
fournissent une protection supplémentaire. La structure Sacrum
D G
et les fonctions des méninges, du cerveau et de la moelle
spinale sont abordées dans cette section. Coccyx I
162
• la pie-mère. fig. 5.34 et 5.35, p. 112).
Système nerveux CHAPITRE 7
La dure-mère spinale forme une gaine lâche autour de se prolonge au-delà de la terminaison de la moelle spinale
la moelle spinale ; elle va du foramen magnum jusqu'à par le filum terminal, qui traverse l'arachnoïde et qui, avec
la hauteur de la deuxième vertèbre sacrale. Ensuite, elle la dure-mère, va fusionner avec le périoste du coccyx.
englobe le filum terminal, et fusionne avec le périoste du
coccyx. Il s'agit d'une extension de la couche interne de
la dure-mère cérébrale ; elle est séparée du périoste des Ventricules du cerveau et liquide
vertèbres et des ligaments du canal neural par l'espace épi- cérébrospinal
dural (voir fig. 7.26), qui contient des vaisseaux sanguins et
Le cerveau contient quatre cavités de forme irrégulière,
du tissu conjonctif aréolaire. Elle est attachée au foramen
les ventricules, qui renferment du liquide cérébrospinal
magnum et, par de nombreuses bandelettes fibreuses, au
(LCS) (fig. 7.15). Ce sont :
ligament longitudinal postérieur, sur lequel elle se fixe
par intervalles sur toute la longueur de celui-ci. Les filets • les ventricules latéraux droit et gauche ;
nerveux entrant dans la moelle spinale ou en sortant tra- • le troisième ventricule ;
versent l'espace épidural. Ces attaches stabilisent la moelle • le quatrième ventricule.
spinale dans le canal neural. Des colorants utilisés dans un
but diagnostique, des anesthésiques locaux ou des analgé-
Ventricules latéraux
siques peuvent être injectés dans l'espace épidural.
Ces cavités siègent dans les hémisphères cérébraux, sur
chaque côté du plan médian, juste au-dessous du corps
Arachnoïde calleux. Ils sont séparés l'un de l'autre par une mince
Cette fine couche de tissu fibreux siège entre la dure-mère membrane, le septum lucidum (ou septum pellucidum) ;
et la pie-mère. Elle est séparée de la dure-mère par l'espace ils sont bordés par un épithélium cilié. Ils communiquent
subdural, qui contient une petite quantité de liquide séreux, chacun avec le troisième ventricule par un foramen
et de la pie-mère par l'espace subarachnoïdien, qui contient le interventriculaire (NdT : trou de Monro).
liquide cérébrospinal. L'arachnoïde passe au-dessus des
circonvolutions cérébrales et accompagne la dure-mère Troisième ventricule
dans la formation de la faux du cerveau, de la tente du Le troisième ventricule est une cavité située au-dessous
cervelet et de la faux du cervelet. Elle descend pour des ventricules latéraux, entre les thalamus. Il communique
envelopper la moelle spinale, et elle se termine en fusionnant avec le quatrième ventricule par un canal, l'aqueduc
avec la dure-mère au niveau de la 2e vertèbre sacrale. cérébral (ou aqueduc du cerveau moyen).
Hémisphère
cérébral
Troisième ventricule
Aqueduc cérébral
Pont
Cervelet
Quatrième ventricule
S Moelle spinale
Bulbe
A P Canal central
de la moelle
I spinale
Figure 7.15 La position des ventricules cérébraux (en bleu) en surimpression sur la surface du cerveau. Vue du côté gauche.
163
SECTION 2 Communication
(NdT : le trou de Magendie, médian, et les deux trous de son mouvement est aidé par la pulsation des vaisseaux
Luschka, latéraux). Le liquide cérébrospinal pénètre dans sanguins, la respiration, les changements de posture.
l'espace subarachnoïdien par ces orifices et par l'extrémité Le LCS est sécrété de façon continue au taux d'envi-
distale ouverte du canal central de la moelle spinale. ron 0,5 ml par minute, c'est-à-dire de 720 ml par jour.
La quantité reste tout à fait constante, environ 150 ml,
Liquide cérébrospinal l'absorption se faisant au rythme de la sécrétion. La pres-
sion du LCS peut être mesurée en utilisant un tube verti-
Le liquide cérébrospinal (LCS ; ou liquide céphalorachidien) cal rattaché à une aiguille de ponction lombaire, insérée
est sécrété dans chaque ventricule cérébral par les plexus dans l'espace subarachnoïdien au-dessus ou au-dessous
choroïdes. Il s'agit d'une efflorescence de vaisseaux sanguins de la 4e vertèbre lombale (qui est en dessous de la ter-
entourés par une mince couche de cellules épithéliales minaison de la moelle spinale). La pression reste tout à
(NdT : ils siègent dans la corne temporale de chaque fait constante, à environ 10 cm H2O quand l'individu est
ventricule latéral, dans le toit du quatrième ventricule et couché sur le côté, et à environ 30 cm H2O quand il est en
dans la partie postérieure du troisième ventricule). Le LCS position assise. Si le cerveau est augmenté de volume, par
retourne au sang par de minuscules diverticules de exemple par une hémorragie ou une tumeur, il se produit
l'arachnoïde, appelés villosités arachnoïdiennes (ou une certaine compensation par réduction de la quantité
granulations de Pacchioni, fig. 7.16), qui se projettent dans de LCS. Quand le volume du tissu cérébral est diminué
les sinus veineux. Le mouvement du LCS de l'espace par une dégénérescence ou par une atrophie, le volume
subarachnoïdien aux sinus veineux dépend de la différence du LCS s'accroît. Le LCS est un liquide clair, légèrement
de pression entre les deux côtés des parois des villosités alcalin, de densité 1,005, contenant :
arachnoïdiennes, qui fonctionnent comme des valves
unidirectionnelles. Quand la pression du LCS est • de l'eau ;
supérieure à la pression veineuse, du LCS est projeté dans • des sels minéraux ;
le sang ; quand la pression veineuse est supérieure à celle • du glucose ;
du LCS, les villosités arachnoïdiennes se collabent, • des protéines plasmatiques – de petites quantités
empêchant le passage de constituants du sang dans le d'albumine et de globulines ;
LCS. Il pourrait y avoir aussi une certaine réabsorption du • quelques leucocytes ;
LCS par les cellules des parois des ventricules. • de la créatinine en petites quantités ;
Le LCS du 4e ventricule traverse les orifices de son toit et • de l'urée en petites quantités.
gagne l'espace subarachnoïdien, par lequel il entoure com-
plètement le cerveau et la moelle spinale (fig. 7.16). Il n'y Fonctions du liquide cérébrospinal
a pas de système intrinsèque de circulation du LCS, mais Le LCS baigne et protège le cerveau ainsi que la moelle
spinale en maintenant une pression uniforme autour de
Sinus sagittal Villosité ces structures vitales. Il fonctionne comme un coussin ou
supérieur arachnoïdienne
un absorbeur de chocs entre le cerveau et le crâne. Il garde
Ventricule
Ventricule latéral humides le cerveau et la moelle spinale, et il pourrait y
latéral avoir des échanges de nutriments et de produits de
Espace
déchets entre le LCS et le liquide interstitiel du cerveau.
sub- Le LCS serait impliqué dans la régulation de la respiration,
arachnoïdien car il baigne la surface du bulbe où sont situés les
chémorécepteurs centraux respiratoires (Ch. 10).
Cerveau
Troisième
ventricule
Objectifs pédagogiques
S
A P
A
Hémisphère cérébral
Thalamus
Hypothalamus
Mésencéphale Cervelet
S
Tronc Pont
A P cérébral Moelle spinale (non
Bulbe
B montrée sur la
I
photographie)
Noyaux gris centraux (ganglions de la base) Figure 7.20 L'hémisphère cérébral gauche (dominant) et ses
Les noyaux gris centraux sont des groupes de corps principales aires fonctionnelles. Vue du côté gauche.
cellulaires qui siègent en profondeur dans le cerveau et
forment le faisceau extrapyramidal. Ils agissent comme
des relais, ayant des connexions avec de nombreuses • associatif ; ce type d'aire est concerné par l'intégration
parties du cerveau, dont les aires motrices du cortex et le processus de fonctions mentales complexes,
cérébral et du thalamus. Leurs fonctions comprennent comme l'intelligence, la mémoire, le raisonnement, le
l'initiation et le contrôle précis des mouvements complexes, jugement et les émotions.
ainsi que les activités coordonnées acquises, telles que la En général, les zones du cortex situées à l'avant du sil-
posture et la marche. Si le contrôle est inadéquat ou absent, lon central sont associées aux fonctions motrices, et celles
les mouvements sont saccadés, maladroits et incoordonnés. situées à l'arrière sont associées aux fonctions sensitives.
S S
M L L M
I I
Han onc
Cou
Tête
che
Épaule
Hanche
Bras
Épaule
Tronc
Coude
Coude bras
Poignet
e
Avan
Gen Chevil Or teils
Tr mb
Poig
Mai
Ja d
n
ou
Mai
t-
Pie
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Pe nula
igt
tit d ire
An iu
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tit ulair s tei
Mé dex
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P nn diu
In
Po
A Mé dex rne
s
Lèvre inférieure
Man Dents, gencives et mandibule
dibu
le
La Langue
Déglu ngue
tion
tition al
r ynx
liva
Pha min
bdo
ati a
Sa
on
a -
Mastic Intr
A B
Figure 7.22 A. L'homunculus moteur, montrant comment le corps est représenté sur l'aire motrice de l'hémisphère cérébral.
B. L'homunculus sensitif, montrant comment le corps est représenté sur l'aire sensitive de l'hémisphère cérébral.
168
Système nerveux CHAPITRE 7
tion sensitive étendue par les trois branches du nerf triju- Par exemple, lorsqu'on lace ses chaussures ou lorsqu'on
meau (5e nerf crânien). écrit, de nombreux muscles se contractent, mais les mou-
vements doivent être coordonnés et mis en œuvre dans
Aire auditive (de l'audition). Elle siège immédiate-
un ordre particulier. Un tel type de mouvement, une fois
ment au-dessous du sillon latéral, dans le lobe temporal.
établi, est décrit par le terme dextérité manuelle.
Les cellules nerveuses reçoivent et interprètent les influx
venus de l'oreille interne, transmis par la partie cochléaire Aire préfrontale. Elle s'étend en avant, depuis l'aire
(auditive) du nerf vestibulocochléaire (8e nerf crânien). prémotrice jusqu'au reste du lobe frontal, qu'elle inclut.
Cette aire volumineuse est davantage développée chez
Aire olfactive (de l'odorat). Elle siège profondément
les humains que chez les animaux. Les fonctions intellec-
dans le lobe temporal ; les influx venus du nez, trans-
tuelles qui y sont contrôlées incluent la perception et la
mis par le nerf olfactif (1er nerf crânien), y sont reçus et
compréhension du passage du temps, la capacité d'antici-
interprétés.
per les conséquences des événements, et le contrôle nor-
Aire du goût. Elle siège juste au-dessus du sillon latéral, mal des émotions.
dans les couches profondes de l'aire somatosensitive. Les
Aire sensitive du langage (de Wernicke). Elle est
influx issus des récepteurs sensitifs situés dans les bour-
située dans le lobe temporal, adjacente à l'aire pariéto-
geons du goût de la langue sont perçus en tant que goût.
occipito-temporale. C'est là que la parole est perçue, et
Aire visuelle. Elle siège derrière le sillon pariéto- que la compréhension ainsi que l'intelligence se trouvent.
occipital, et inclut la plus grande partie du lobe occipital. Comprendre le langage est central pour les fonctions
Les influx qui suivent le nerf optique (2e nerf crânien), mentales supérieures car celles-ci sont fondées sur le lan-
partis de l'œil, atteignent cette aire, qui les interprète en gage. Cette aire est dominante dans l'hémisphère gauche
impressions visuelles. chez les droitiers et vice versa.
Aire pariéto-occipito-temporale. Elle est située der-
Aires d'association du cerveau
rière l'aire somatosensitive et inclut la plus grande partie
Ces aires sont connectées entre elles et à d'autres aires du
du lobe pariétal. On pense que ses fonctions seraient la
cortex cérébral par des fibres d'association ; certaines sont
conscience spatiale, l'interprétation du langage écrit et la
décrites ci-après. Elles reçoivent, coordonnent et
capacité de nommer des objets (fig. 7.23). Il a été suggéré
interprètent les influx des cortex moteur et sensoriel,
qu'il est possible de reconnaître des objets par le seul tou-
favorisant les capacités cognitives supérieures. Même si
cher, car le savoir issu de l'expérience (mémoire) est situé
la figure 7.23 détaille certaines des aires impliquées, leurs
dans cette aire.
fonctions sont bien plus complexes.
Aire prémotrice. Elle siège dans le lobe frontal, juste
devant l'aire motrice. Ici, les neurones coordonnent les
Diencéphale (voir fig. 7.17)
mouvements initiés par l'aire précentrale motrice, assu- Le diencéphale relie les hémisphères cérébraux et le
rant que les mouvements acquis puissent être répétés. mésencéphale. Il consiste en plusieurs structures situées
Moteur
Conscience
Planification
Somato- spatiale du
des mouvements
sensitif corps et
complexes et
de l’environnement
de la pensée Production
de la parole
A Langage
Visualisation
Compréhension
Audition des mots
Intelligence
Comportement, B
émotions,
motivation Nommer
les objets Vision
S
A P
Figure 7.23 Aires du cortex cérébral impliquées dans les fonctions mentales supérieures. A. Centre moteur du langage (de Broca).
B. Aire sensitive du langage (de Wernicke). C. Aire pariéto-occipitale.
169
SECTION 2 Communication
autour du troisième ventricule, les principales étant le Pont
thalamus et l'hypothalamus, décrits ici. Le corps pinéal
Le pont (NdT : pont de Varole, protubérance) est situé
(glande pinéale) (p. 242) et le chiasma optique (p. 213)
devant le cervelet, au-dessous du mésencéphale et
siègent à cet endroit.
au-dessus du bulbe. Il est fait principalement de fibres
nerveuses (matière blanche) formant un pont entre les
Thalamus deux hémisphères du cervelet, et de fibres de passage
Le thalamus est constitué de deux masses de matière grise allant des niveaux supérieurs du cerveau à la moelle
et blanche. Il est situé dans l'hémisphère cérébral juste spinale. Il existe dans le pont des noyaux fonctionnant
au-dessous du corps calleux, de part et d'autre du comme des stations relais ; certains sont des noyaux
troisième ventricule (voir fig. 7.19). Les récepteurs sensitifs de nerfs crâniens. D'autres forment les centres
de la peau et des viscères envoient des informations sur pneumotaxique et apneustique qui opèrent en conjonction
le toucher, la douleur et la température, et l'influx issu des avec le centre respiratoire du bulbe pour contrôler la
organes des sens se dirige vers le thalamus. Il s'y produit respiration (Ch. 10).
une reconnaissance, même si la forme de celle-ci n'est pas La structure anatomique du pont diffère de celle des
élaborée, la perception fine impliquant aussi d'autres hémisphères en ce que les corps cellulaires (constituant
parties du cerveau. Le thalamus serait impliqué dans le la substance grise) siègent profondément, et que les fibres
processus de certaines émotions et de certains réflexes nerveuses sont en surface.
complexes. Il relaie et redistribue les influx issus de la
plupart des parties du cerveau au cortex cérébral. Bulbe
Le bulbe (moelle allongée) est la région la plus intérieure
Hypothalamus du tronc cérébral (voir fig. 7.24). Il fait suite au pont,
L'hypothalamus est une petite mais importante structure au-dessus, et se continue par la moelle spinale, au-dessous
qui pèse environ 7 g et est composé de nombreux noyaux. (voir fig. 7.24). Long d'environ 2,5 cm, il siège dans le
Il est situé au-dessous et en avant du thalamus, immédiatement crâne juste au-dessus du foramen magnum. Ses faces
au-dessus de la glande pituitaire (NdT : hypophyse). antérieure et postérieure sont marquées par une fissure
L'hypothalamus est relié au lobe postérieur de la glande médiane. Sa partie superficielle est faite de substance
pituitaire par des fibres nerveuses, et au lobe antérieur par blanche, située entre les hémisphères cérébraux et la
un système complexe de vaisseaux sanguins. Par ces moelle spinale, et de la substance grise, qui est centrale.
connexions, l'hypothalamus contrôle la libération des Certaines cellules constituent des stations relais pour les
hormones des deux lobes de la glande pituitaire (voir p. 231). nerfs sensitifs allant de la moelle spinale aux hémisphères
L'hypothalamus est également impliqué dans le cérébraux.
contrôle : Les centres vitaux, qui sont des groupements de corps
cellulaires (noyaux) impliqués dans l'activité réflexe du
• du système nerveux autonome (p. 185) ;
système nerveux autonome, sont dans les structures pro-
• de l'appétit et de la satiété ;
fondes. Il s'agit :
• de la soif et de l'équilibre de l'eau ;
• de la température corporelle (p. 390) ;
• des réactions émotionnelles, par exemple du plaisir,
de la peur, de la fureur ;
• du comportement sexuel, dont l'accouplement et Cortex cérébral Corps calleux Thalamus Troisième ventricule
l'élevage des enfants ;
• des cycles de sommeil et d'éveil. S
A P
Mésencéphale
Le mésencéphale est la partie du cerveau située autour de
l'aqueduc cérébral (voir fig. 7.15), entre les hémisphères
cérébraux au-dessus et le pont au-dessous. Il est fait de Quatrième ventricule
groupements de noyaux et de fibres (faisceaux, tractus) Pont
connectant les hémisphères cérébraux aux parties du Bulbe Cervelet
cerveau situées plus bas, ainsi qu'à la moelle spinale. Les
noyaux fonctionnent comme des stations relais pour les
fibres nerveuses ascendantes et descendantes et jouent un
rôle important dans les réflexes auditifs et visuels. Figure 7.24 Le cervelet et les structures associées.
170
Système nerveux CHAPITRE 7
Moelle spinale S
A P Dure-mère
Objectifs pédagogiques
I
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable : Os occipital
Bulbe
■ de décrire les structures macroscopiques
de la moelle spinale ; Moelle spinale
Espace épidural
■ de faire état des fonctions des faisceaux sensitifs
Espace
(afférents) et moteurs (efférents) de la moelle
subarachnoïdien
spinale ;
■ d'expliquer les événements d'un arc réflexe simple. T1
Espace
subarachnoïdien
La moelle spinale est la partie allongée, presque
Espace
cylindrique, du système nerveux central, suspendue dans épidural
le canal vertébral, entourée par les méninges et le liquide T7
T7
cérébrospinal (fig. 7.25). Les méninges sont décrites
p. 162. La moelle spinale se poursuit en haut par le bulbe, Dure-mère
et elle s'étend du bord supérieur de l'atlas (1re vertèbre
cervicale) au bord inférieur de la 1re vertèbre lombale T12
(fig. 7.26). Longue d'environ 45 cm chez l'adulte mâle, elle Racines T12
a approximativement l'épaisseur d'un doigt. Un nerveuses L1
échantillon de liquide cérébrospinal peut être prélevé en Extrémité de la
moelle spinale
utilisant une procédure appelée ponction lombaire (p. 164). L2
À l'exception des nerfs crâniens, la moelle spinale
Filum terminal
est le tissu nerveux reliant le cerveau au reste du corps
interne
(fig. 7.27). Les fibres nerveuses transportant les influx
provenant du cerveau et allant à divers organes et tissus
S1 Extrémité inférieure
descendent dans la moelle spinale. Au niveau approprié, du tube de dure-mère
elles quittent la moelle et gagnent les structures qu'elles S3 S3
Filum terminal
innervent. De même, des fibres nerveuses sensitives pro- Filum terminal
venant d'organes et de tissus pénètrent dans la moelle, et externe Coccyx
la remontent pour contracter des synapses avec d'autres
Figure 7.26 Coupes du canal vertébral montrant l'espace
épidural.
Substance grise
La substance grise de la moelle vue sur une coupe
1 transversale dessine un H, avec deux cornes dorsales
2 (postérieures), deux cornes ventrales (antérieures) et deux
3
4 cornes latérales (NdT : si l'on considère l'ensemble de la
Nerfs cervicaux
5 Moelle spinale moelle, les cornes forment des colonnes dorsales, ventrales,
6 latérales). La partie de la substance grise siégeant
7
8 transversalement est la substance grise commissurale
1 (commissure grise ou commissure grise transverse) percée en
2 son centre par le canal central (NdT : ou canal de l'épendyme)
3 qui fait suite au quatrième ventricule, et qui contient du
4 liquide cérébrospinal. Les corps cellulaires sont ceux :
5
• des neurones sensitifs, qui reçoivent des influx venant
6 de la périphérie du corps (NdT : les corps cellulaires
sont situés dans le ganglion spinal) ;
7
Nerfs thoraciques • des neurones moteurs inférieurs, qui transmettent des
influx allant aux muscles squelettiques (NdT : les
8
corps cellulaires sont dans les colonnes antérieures de
9 la moelle) ;
10 • des neurones connecteurs, ou interneurones, reliant des
11 neurones sensitifs et moteurs au même niveau ou à des
niveaux différents, constitutifs des arcs réflexes spinaux.
12
Terminaison À chaque point où l'influx nerveux est transmis d'un
1 de la moelle neurone à un autre, il y a une synapse (p. 158).
spinale
2
Nerfs lombaux
Colonnes postérieures de substance grise
3 Ces colonnes sont faites de corps cellulaires stimulés par
Queue de cheval des influx sensitifs venant de la périphérie du corps. Les
4 fibres nerveuses de ces cellules contribuent à la substance
5 blanche médullaire, et elles transmettent les influx
1 nerveux en direction du cerveau.
Nerfs sacraux 2
et coccygiens 3
4
5 Colonnes antérieures de substance grise
Co Filum terminal
Ces colonnes sont constituées par les corps cellulaires des
Figure 7.27 La moelle spinale et les nerfs spinaux. neurones moteurs inférieurs stimulés par les axones des
Colonne
blanche
latérale
Figure 7.28 Coupe transversale de la moelle spinale montrant les racines nerveuses d'un côté.
173
SECTION 2 Communication
Noyaux
Substance blanche de la base
Les influx nerveux efférents sont transmis du cerveau celui-ci traverse le foramen intervertébral. Près de sa ter-
à d'autres parties du corps par l'intermédiaire de fais- minaison dans le muscle squelettique, l'axone se divise en
ceaux de fibres nerveuses (tractus nerveux) situés dans la de nombreuses fines branches, chacune étant en étroite
moelle spinale. Les voies motrices du cerveau aux muscles association avec une aire sensitive au niveau de la mem-
sont de deux sortes (voir fig. 7.21). Il s'agit : brane de la fibre musculaire, connue sous le nom de plaque
• soit de la voie pyramidale (corticospinale) ; motrice (voir fig. 16.56 et 16.57, p. 448 et 449). L'ensemble
• soit de la voie extrapyramidale (p. 167) (NdT : en formé par un neurone et les fibres musculaires qu'il
fait, on désigne par voies extrapyramidales tous les innerve constitue une unité motrice. Le neurotransmetteur
systèmes descendants issus du tronc cérébral qui qui transmet l'influx nerveux du nerf à la fibre musculaire
influencent l'activité de la musculature squelettique). à travers la jonction neuromusculaire (synapse), stimulant
la contraction de cette fibre, est l'acétylcholine. Les fibres
musculaires d'une unité motrice se contractent en bloc, et
Neurone moteur supérieur (NdT : neurone pyramidal).
la force de contraction du muscle dépend du nombre
Il a son corps cellulaire (cellule pyramidale, dont la cellule
d'unités motrices mises en jeu à ce moment-là.
pyramidale appelée cellule de Betz) dans l'aire précentrale
Le neurone moteur inférieur est la voie finale commune
motrice de l'hémisphère cérébral. Les axones, qui consti-
pour la transmission d'influx nerveux aux muscles squelet-
tuent le faisceau pyramidal, passent par la capsule interne,
tiques. Les corps cellulaires de ces neurones sont influen-
traversent le mésencéphale, le pont et le bulbe. Dans la
cés par un certain nombre de neurones moteurs supérieurs
moelle spinale, les axones constituent le faisceau corticos-
nés dans diverses parties du cerveau, et par certains
pinal (NdT : des fibres abandonnent le faisceau pyramidal
neurones qui commencent et se terminent dans la moelle
dans son parcours pour aller aux noyaux des nerfs crâniens
spinale. Certains de ces neurones stimulent les corps cellu-
moteurs, situés dans le tronc cérébral ; ces fibres corticonu-
laires des neurones moteurs inférieurs, alors que d'autres
cléaires sont réunies en un faisceau, dit faisceau géniculé
ont un effet inhibiteur. Le résultat de ces influences est une
car il occupe le genou de la capsule interne), faisceau de
contraction musculaire coordonnée, harmonieuse, volon-
substance blanche dont les fibres s'articulent avec les corps
taire ou involontaire.
cellulaires des neurones moteurs inférieurs, corps situés de
chaque côté dans la colonne grise antérieure. Les axones
de ces neurones corticospinaux décussent à la partie infé-
Contraction musculaire involontaire
rieure du bulbe en formant les pyramides bulbaires.
Neurones moteurs supérieurs. Ils ont leur corps cellu-
Neurone moteur inférieur (NdT : neurone périphé- laire dans le cerveau, à un niveau inférieur à celui des
rique). Il a son corps cellulaire dans la colonne grise anté- hémisphères cérébraux, c'est-à-dire dans le mésencéphale,
rieure (NdT : donc, dans la corne antérieure) de la moelle le tronc cérébral, le cervelet ou la moelle spinale. Ils
spinale. Son axone sort de la moelle spinale par la racine influencent l'activité musculaire qui maintient la posture
antérieure, rejoint des fibres sensitives allant à la moelle et l'équilibre, coordonne le mouvement des muscles sque-
pour former le nerf spinal, qui est donc un nerf mixte ; lettiques et contrôle le tonus musculaire.
175
SECTION 2 Communication
Le tableau 7.2 indique leur région d'origine, les fais- L'arc réflexe le plus simple ne comprend que trois neurones :
ceaux que ces neurones forment avant d'atteindre le un neurone sensitif, un neurone connecteur, un neurone
corps cellulaire du neurone moteur inférieur dans la moteur (fig. 7.30). Une action réflexe est une réponse motrice
moelle spinale. involontaire et immédiate à un stimulus sensitif. De nom-
breux neurones connecteurs et neurones moteurs peuvent
Réflexes spinaux. Ils comprennent trois parties :
être stimulés par des influx afférents provenant d'une petite
• sensitive, ou afférente ; aire cutanée ; par exemple, les influx douloureux initiés par
• intermédiaire, ou connectrice ; le contact du doigt avec une surface très chaude sont trans-
• motrice, ou efférente, effectrice. mis à la moelle spinale par des fibres sensitives dans les nerfs
Mésencéphale et pont F. rubropinal ; décusse dans le Colonne latérale Contrôle des mouvements fins
tronc cérébral
Formation réticulaire F. réticulospinal ; ne décusse pas* Colonne latérale Coordination de la contraction des muscles
Mésencéphale et pont F. tectospinal ; décusse dans le Colonne antérieure Maintien de la posture et de l'équilibre
mésencéphale
* NdT : On distingue le faisceau réticulospinal ventrolatéral, issu du pont, et le faisceau réticulospinal latéral, issu du bulbe.
Il faut ajouter à ce tableau le faisceau tegmentospinal, né du mésencéphale.
P Ganglion de la racine
postérieure (dorsale)
D G
A
Neurone
Moelle spinale
sensitif
Matière grise
Interneurone
(non impliqué
dans le réflexe
d’étirement)
Neurone Récepteur de l’étirement
moteur
Réaction
mixtes. Celles-ci stimulent de nombreux neurones connec- Cette partie du système nerveux comprend :
teurs et de nombreux neurones moteurs inférieurs dans • 31 paires de nerfs spinaux qui naissent de la moelle
la moelle spinale, entraînant la contraction de nombreux spinale ;
muscles squelettiques de la main, du bras et de l'épaule, et • paires de nerfs crâniens qui naissent du cerveau ;
12
l'enlèvement du doigt. L'action réflexe se produit très rapi- • le système nerveux autonome.
dement ; la réponse motrice pourrait en fait intervenir en
même temps que la perception de la douleur par le cerveau. La plupart des nerfs du système nerveux périphérique
Les réflexes de ce type sont invariablement protecteurs, mais sont faits de fibres sensitives transmettant des influx affé-
ils peuvent être parfois inhibés. Par exemple, quand un plat rents provenant de récepteurs sensitifs et dont le cerveau est
précieux très chaud doit être soulevé, tout effort doit être fait la destination, et de fibres nerveuses motrices transmettant
pour surmonter la douleur et éviter de le laisser tomber. des influx efférents nés dans le cerveau et allant aux organes
effecteurs en passant par la moelle spinale, c'est-à-dire aux
Réflexes d'étirement. Deux neurones seulement sont impli-
muscles squelettiques, aux muscles lisses et aux glandes.
qués. Le corps cellulaire du neurone moteur inférieur est
stimulé par le neurone sensitif. Il n'y a pas de neurone connec-
teur impliqué (fig. 7.30). Le réflexe rotulien en est un exemple, Nerfs spinaux
mais ce type de réflexe peut être mis en évidence en tout point Trente-et-une paires de nerfs spinaux quittent le canal
où un tendon étiré croise une articulation. En percutant le vertébral en passant chacun par un foramen intervertébral
tendon juste au-dessous du genou alors que celui-ci est fléchi, formé par deux vertèbres adjacentes. Ces nerfs sont
les terminaisons nerveuses sensitives dans le tendon et dans désignés et regroupés en fonction des vertèbres auxquelles
les muscles de la cuisse sont étirées. Cela déclenche un influx ils sont associés (voir fig. 7.27) ; il y a de chaque côté :
nerveux qui atteint, dans la moelle spinale, le corps cellulaire
du neurone moteur inférieur situé dans la colonne antérieure • 8 nerfs cervicaux ;
de substance grise du même côté. Il en résulte une contraction • 12 nerfs thoraciques ;
soudaine du muscle quadriceps fémoral, et le pied se projette • 5 nerfs lombaux ;
en avant. Cela est utilisé pour tester l'intégrité de l'arc réflexe. • 5 nerfs sacraux ;
Ce type de réflexe a aussi une fonction protectrice ; il empêche • 1 nerf coccygien.
un mouvement articulaire excessif, qui pourrait endommager Bien qu'il n'y ait que sept vertèbres cervicales, il y a
des tendons, des ligaments et des muscles. huit paires de nerfs cervicaux car la première paire quitte
Réflexes autonomiques. Ils incluent le léger réflexe le canal vertébral en passant entre l'os occipital et l'atlas,
pupillaire, immédiatement au moment où la pupille se et la 8e paire de nerfs cervicaux le quitte au-dessous de
contracte, en réponse à une lumière vive, ce qui permet la dernière vertèbre cervicale. Les nerfs qui suivent
d'éviter une lésion rétinienne. reçoivent le nom et le numéro de la vertèbre immédiate-
ment au-dessus d'elle.
Les nerfs lombaux, sacraux et coccygiens quittent
Système nerveux périphérique la moelle spinale près de la terminaison de celle-ci, au
niveau de la 1re vertèbre lombale, et descendent dans
Objectifs pédagogiques l'espace subarachnoïdien du canal vertébral, formant un
faisceau de nerfs ressemblant à la queue d'un cheval, d'où
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être leur appellation : nerfs de la queue de cheval (voir fig. 7.27).
capable : Ces nerfs quittent le canal vertébral à un niveau lombal,
■ de souligner la fonction d'un plexus nerveux ; sacral ou coccygien qui dépend de leur destination.
L M Sup érieur C6
.
Plexus cervical (fig. 7.33) I Ant
t.
Ce plexus est formé par le rameau antérieur des quatre
s
Po
l Ant.
éra Moyen
C7
premiers nerfs cervicaux. Il siège en profondeur du cou Lat
.
en face des 1re, 2e, 3e et 4e vertèbres cervicales, sous la Post
protection du muscle sternocléidomastoïdien. Pos
t . Post. C8
Les branches superficielles innervent les structures des Inférieur
né laire
uta Axil l Ant. T1
faces postérieure et latérale de la tête, et la peau de la face ul o-c dia
antérieure du cou jusqu'au niveau du sternum. sc Ra ial
Mu Mé
d
Les branches profondes innervent les muscles du cou, 1er nerf
par exemple le sternocléidomastoïdien et le trapèze. n intercostal
dia
Le nerf phrénique naît des nerfs C3, C4 et C5 ; il descend Mé
Nerfs
dans la cavité thoracique devant le hile du poumon, et
cutanés
innerve le muscle diaphragme, initiant l'inspiration. Une médiaux
ire
na
pathologie ou un traumatisme de la moelle spinale à ce
Ul
niveau, en l'absence de ventilation assistée, entraînera la
mort par asphyxie étant donné que la respiration sponta-
née est impossible. Figure 7.34 Plexus brachial. Vue antérieure. Ant. : antérieur. Post. :
postérieur.
Plexus brachial
Les rameaux antérieurs des quatre derniers nerfs • axillaire (circonflexe) : C5, C6 ;
cervicaux et une grande partie du premier nerf • radial : C5, C6, C7, C8, T1 ;
thoracique forment le plexus brachial. La figure 7.34 • musculocutané : C5, C6, C7 ;
montre sa constitution et les nerfs qui en émergent. Le • médian : C5, C6, C7, C8, T1 ;
plexus est situé en profondeur du cou et de l'épaule, • ulnaire : C7, C8, T1 ;
au-dessus et en arrière des vaisseaux subclaviers, et • cutané médial : C8, T1.
dans l'aisselle.
Le nerf axillaire (circonflexe) contourne l'humérus au
Les branches du plexus brachial innervent la peau et
niveau du col chirurgical de cet os. Puis il se divise en
les muscles du membre supérieur homolatéral, et certains
petites branches innervant le muscle deltoïde, l'articula-
des muscles du thorax du même côté. Cinq gros nerfs et
tion de l'épaule et la peau qui la recouvre.
un certain nombre de nerfs plus petits émergent de ce
Le nerf radial est la plus grosse branche du plexus
plexus ; chacun comporte des fibres provenant de plus
brachial. Il innerve le muscle triceps derrière l'humé-
d'une seule racine nerveuse, et contient des fibres sensi-
rus, passe devant l'articulation du coude puis s'enroule
tives, motrices et autonomiques. Ce sont les nerfs :
autour du dos de l'avant-bras pour innerver les muscles
extenseurs du poignet et des doigts. Il continue vers le
dos de la main et la face postérieure du pouce, les deux
Nerf C1 premiers doigts et la moitié latérale du 3e doigt.
grand
auriculaire, C2 Le nerf musculocutané descend à la partie latérale de
pour le côté l'avant-bras. Il innerve les muscles du bras (assurant la
Racines
de la tête
nerveuses flexion de l'avant-bras sur le bras) et la peau de la partie
C3
antéro-externe de l'avant-bras.
Nerf cutané
transverse, Le nerf médian descend sur la ligne médiane du bras,
C4
pour le cou étroitement associé à l'artère brachiale. Il passe devant
S l'articulation du coude, puis innerve les muscles de la
Nerf L M face antérieure de l'avant-bras. Il se poursuit dans la
du muscle main, où il innerve de petits muscles, et la peau de la face
trapèze I
antérieure (palmaire) du pouce, des 2e et 3e doigts et de
Nerf la moitié latérale (externe) du 4e doigt. Il ne donne pas de
Nerfs phrénique, collatérales au-dessus du coude.
supra- pour le diaphragme
claviculaires
Le nerf ulnaire descend au bras en dedans de l'artère
brachiale. Il passe derrière l'épicondyle médial (interne)
Figure 7.33 Plexus cervical. Vue antérieure. de l'humérus pour innerver les muscles de la partie
179
SECTION 2 Communication
L1 S
Plexus lombosacral L M
Nerf ilio-hypogastrique I
L1 L2
Plexus lombal
L4
Nerf ilio-inguinal
L3
Nerf génitofémoral
Nerf fémoral
L5
Nerf obturateur
Tronc lombosacral
S1
Nerf glutéal supérieur
Plexus sacral
Nerf glutéal inférieur
S2
Nerf
Nerf fibulaire commun
sciatique
Nerf tibial S3
S5
Nerf honteux Plexus coccygien
Co
Nerf vers les muscles élévateur de l’anus,
coccygien et sphincter anal externe
Le nerf sciatique est le plus gros nerf du corps. Il a envi- La branche périnéale du nerf honteux (S2, S3, S4)
ron 2 cm de largeur à son origine. Il passe par le grand innerve le sphincter externe de l'anus, le sphincter externe
foramen (échancrure) sciatique à la fesse, puis descend de l'urètre, et la peau adjacente. Les figures 7.38 et 7.39
dans la partie postérieure de la cuisse, innervant les montrent les principaux nerfs du membre inférieur, les
muscles ischiojambiers. À la hauteur du milieu du fémur, dermatomes des principaux nerfs ainsi que leur origine.
il se divise en nerfs tibial et fibulaire commun.
Le nerf tibial traverse la fosse poplitée, atteint la par- Plexus coccygien (fig. 7.37)
tie postérieure de la jambe, où il innerve des muscles et Le plexus coccygien est un très petit plexus formé par une
la peau. Il passe au-dessous de la malléole médiale pour partie des quatrième et cinquième nerfs sacraux et par le
innerver les muscles et la peau de la plante du pied et nerf coccygien. Les nerfs issus de ce plexus vont à la peau
des orteils. Une de ses principales branches, le nerf sural, de l'aire du coccyx et de l'aire anale.
innerve les tissus du talon, la face latérale de la cheville et
une partie du dos du pied. Nerfs thoraciques
Le nerf fibulaire commun descend obliquement dans la
partie latérale de la fosse poplitée, contourne le col de la Les nerfs thoraciques ne forment pas de plexus. Il y en a
fibula et se divise à la partie antérieure de la jambe en nerf 12 paires ; les 11 premières sont des nerfs intercostaux. Ils
fibulaire profond (nerf tibial antérieur) et nerf fibulaire super- passent entre les côtes, innervent les côtes, les muscles
ficiel (nerf musculocutané). Ces nerfs innervent la peau et intercostaux et la peau qui les recouvre. La 12e paire est
les muscles de la partie antérieure de la jambe, ainsi que celle des nerfs subcostaux. Les nerfs thoraciques, du 7e au
le dos du pied et des orteils. 12e, innervent aussi les muscles et la peau des parois
abdominales postérieure et antérieure.
181
SECTION 2 Communication
Nerf obturateur
Nerfs cutanés médial L2, 3, 4
et intermédiaire
L2, 3
Nerf cutané médial
de la cuisse
L2, 3
S S
L M Vue antérieure Vue postérieure M L
I I
Figure 7.39 Distribution et origines des nerfs cutanés du membre inférieur. Les couleurs permettent de distinguer les dermatomes.
Cerveau D G
P
Bulbe olfactif
I Nerf olfactif dans le tractus
olfactif
II Nerf optique
Tractus
optique III Nerf oculomoteur
IV Nerf trochléaire
V Nerf trijumeau
VI Nerf abducens
Bulbe VII Nerf facial
VIII Nerf auditif
Moelle spinale IX Nerf glossopharyngien
X Nerf vague
Cervelet XI Nerf accessoire
XII Nerf hypoglosse
buccale, ainsi que les dents) transmettant des stimulus, par des bourgeons du goût situés dans les deux tiers antérieurs
exemple douloureux, thermiques et tactiles. Les fibres de la langue (voir fig. 7.20) (NdT : ces fibres, issues des
motrices stimulent les muscles de la mastication. cellules du ganglion géniculé, gagnent le tronc cérébral
Comme son nom l'indique, il existe trois principales où elles s'articulent avec un 2e neurone, allant au thalamus ;
branches du nerf trijumeau : ophtalmique, maxillaire, il en part un 3e neurone allant à l'aire du goût située dans
mandibulaire. Les dermatomes innervés par les fibres le cortex cérébral).
sensitives du côté droit sont montrés dans la figure 7.41.
Le nerf ophtalmique est uniquement sensitif ; il innerve VIII. Nerf vestibulocochléaire (sensoriel)
la glande lacrymale (NdT : par des fibres parasympa- Ce nerf est fait de deux parties : le nerf vestibulaire et le
thiques), la conjonctive oculaire, le front, la paupière nerf cochléaire.
supérieure, la partie antérieure du cuir chevelu et la Le nerf vestibulaire naît des canaux semi-circulaires
muqueuse du nez. situés dans l'oreille interne et véhicule des influx au
Le nerf maxillaire est uniquement sensitif ; il innerve cervelet. Il est associé au maintien de la posture et de
homolatéralement la joue, la gencive supérieure, les dents l'équilibre.
supérieures et la paupière inférieure. Le nerf cochléaire naît dans le ganglion spiral (de Corti)
Le nerf mandibulaire est sensitif et moteur. C'est le plus dans l'oreille interne et véhicule des influx aux aires audi-
gros des trois nerfs issus du trijumeau. Il innerve homo- tives du cortex cérébral, où les sons sont perçus.
latéralement les dents et la gencive inférieures, le conduit
auditif externe et le tympan, la lèvre inférieure et le men- IX. Nerf glossopharyngien (mixte)
ton ainsi que la peau de la région de la branche montante Ses fibres naissent de noyaux cellulaires situés dans le
de la mandibule, les deux tiers antérieurs de la langue. bulbe. Les fibres motrices stimulent les muscles de la
Les fibres motrices innervent les muscles homolatéraux langue et du pharynx, et les cellules sécrétrices de la
de la mastication. glande parotide (salivaire) homolatérale.
Les fibres sensitives véhiculent la sensibilité soma-
VI. Nerf abducens (moteur) tique du tiers postérieur de la langue, de l'amygdale et du
Ce nerf a son noyau d'origine dans le pont, sous le pharynx, ainsi que la sensibilité gustative du tiers posté-
plancher du quatrième ventricule. Il innerve le muscle rieur de la langue ; ces sensibilités sont ensuite véhiculés
droit latéral de l'œil homolatéral, entraînant une abduction, jusqu'aux aires correspondantes du cortex cérébral. Ce
comme son nom l'indique. nerf joue un rôle important dans la déglutition et dans
le réflexe nauséeux. Certaines fibres conduisent les influx
VII. Nerf facial (mixte) à partir du sinus carotidien, qui joue un rôle important
Ce nerf, à la fois sensitif et moteur, a son noyau d'origine dans le contrôle de la pression artérielle.
(pour les fibres motrices) à la partie inférieure du pont.
Les fibres motrices vont aux muscles homolatéraux de la
X. Nerf vague (mixte) (fig. 7.42)
mimique. Les fibres sensorielles vectent les influx venant
Ce nerf a la distribution la plus étendue parmi les nerfs
crâniens, et son nom, qui signifie « vagabond », est
approprié. Il descend dans le cou, le thorax et l'abdomen.
Il constitue une partie importante du système nerveux
parasympathique (voir fig. 7.44).
Ses fibres motrices naissent de noyaux dans le bulbe
et innervent les muscles lisses et les glandes sécrétrices
du pharynx, du larynx, de la trachée, des bronches, du
cœur, du glomus carotidien, de l'œsophage, de l'estomac,
de l'intestin, du pancréas exocrine, de la vésicule biliaire,
des canaux biliaires, de la rate, du rein, de l'uretère et des
vaisseaux sanguins des cavités thoracique et abdominale.
Ses fibres transportent des influx issus des mem-
branes bordant ces mêmes organes, influx qui gagnent le
cerveau.
Figure 7.43 Le sympathique : principales structures innervées et effets de la stimulation. En traits rouges, fibres préganglionnaires ; en
pointillés, fibres postganglionnaires. Il y a une chaîne ganglionnaire droite, et une autre gauche.
L'acétylcholine est le neurotransmetteur aux ganglions corps vertébraux. Les ganglions sont rattachés entre eux
sympathiques. par des fibres nerveuses. Les neurones préganglionnaires
qui émergent de la moelle spinale peuvent faire synapse
Neurone postganglionnaire. Il a son corps cellulaire
avec le corps cellulaire du neurone postganglionnaire au
dans un ganglion, et il se termine dans l'organe ou le tissu
même niveau, ou ils peuvent traverser (en montant ou en
qu'il innerve. La noradrénaline est habituellement le neu-
descendant) un ou plusieurs ganglions avant de faire
rotransmetteur aux organes effecteurs sympathiques. Il
synapse. Par exemple le nerf qui dilate la pupille (NdT :
existe une importante exception : il n'y a pas d'innerva-
nerf innervant le muscle dilatateur de la pupille) quitte la
tion parasympathique aux glandes de la sudation, à la
moelle à hauteur de la première vertèbre thoracique, et
peau et aux vaisseaux sanguins des muscles squelettiques.
remonte la chaîne jusqu'au ganglion cervical supérieur
Ces structures sont seulement innervées par des neurones
avant d'y faire synapse avec le corps cellulaire du neu-
postganglionnaires sympathiques, qui sont connus sous
rone postsynaptique. Les neurones postganglionnaires
le nom de nerfs sympathiques cholinergiques et qui,
gagnent ensuite le muscle dilatateur de la pupille.
généralement, ont l'acétylcholine comme neurotransmet-
La disposition des ganglions favorise l'excitation très
teur (voir fig. 7.8).
rapide des nerfs à de multiples niveaux, procurant une
réponse sympathique rapide et étendue.
Ganglion sympathique
Chaînes latérales de ganglions sympathiques. Ces Ganglions prévertébraux. Au nombre de trois, ils sont
chaînes de ganglions vont de la partie haute du cou au situés dans la cavité abdominale, près de l'origine de
sacrum, chaque chaîne siégeant de part et d'autre des l'artère de même nom :
186
Système nerveux CHAPITRE 7
Figure 7.44 Le parasympathique : principales structures innervées et effets de la stimulation. En traits bleus, fibres préganglionnaires ;
en pointillés, fibres postganglionnaires. Là où il n'y a pas de pointillés, le neurone postganglionnaire est dans la paroi de la structure.
187
SECTION 2 Communication
Aire sensitive
de l’hémisphère Tableau 7.3 Douleur projetée
cérébral
Tissu d'origine de la
douleur Siège de la douleur projetée
Foie
Épaule droite
Voies biliaires
Rein
Lombe et aine
Uretère
Fibre afférente
de la douleur X
venue de l’épaule
Comme les neurones ne sont pas remplacés après la
Fibre autonomique Y naissance, il se produit une diminution naturelle de leur
afférente nombre avec l'âge. Cependant, il en existe une réserve
venue d’un muscle considérable, ce qui signifie que les fonctions cognitives
cardiaque ischémique
ne sont pas nécessairement altérées. Le cerveau des
Figure 7.45 Douleur projetée. Le tissu cardiaque ischémique personnes âgées a une taille généralement diminuée et
génère des influx dans le nerf Y qui stimule le nerf X, et la douleur il pèse moins lourd ; les gyrus deviennent plus étroits et
est perçue dans l'épaule. les sillons plus larges. Chez les personnes âgées, des
plaques, qui correspondent à l'accumulation de matériel
aiguë est clairement localisée dans la fosse iliaque droite, protéique, sont souvent retrouvées autour des neurones
c'est-à-dire à l'appendice. du SNC et des enchevêtrements neurofibrillaires peuvent
se développer à l'intérieur, leur importance étant
Douleur projetée (fig. 7.45) inconnue.
Dans certains cas de maladie viscérale, une douleur peut Une diminution du flux sanguin peut intervenir sur le
être perçue dans des tissus superficiels distants de son site long terme dans les artères qui vascularisent le cerveau
d'origine, c'est-à-dire comme douleur projetée. Cela (athérome et artériosclérose, Ch. 4), leurs parois pouvant
se produit quand des fibres sensitives venant de l'organe plus facilement se rompre. Si cela se produit, les lésions
affecté entrent dans le même segment de la moelle spinale causées aux tissus cérébraux proches entraînent le déve-
que des nerfs somatiques, c'est-à-dire venant de tissus loppement des signes et symptômes d'un accident vascu-
superficiels. On pense que le nerf sensitif de l'organe lésé laire cérébral (p. 190).
stimule le nerf qui lui est étroitement associé dans la Le contrôle moteur des mouvements précis diminue,
moelle spinale, et qu'il transmet ses influx à l'aire sensitive ce qui implique que les personnes âgées mettent plus
du cortex cérébral où la douleur est perçue comme de temps que les sujets jeunes à accomplir les actions
provenant de l'aire innervée par le nerf somatique. Des motrices et qu'elles sont davantage susceptibles de chu-
exemples de douleur projetée sont donnés dans le ter. La vitesse de conduction nerveuse se ralentit, ce qui
tableau 7.3. peut contribuer à un contrôle moins efficace de la vaso-
dilatation, de la vasoconstriction et du réflexe barorécep-
teur, par exemple (voir Ch. 5).
Effets du vieillissement La mémoire du passé récent devient typiquement
sur le système nerveux plus difficile d'accès, mais les souvenirs anciens, dont les
capacités de résolution de problème, demeurent intacts,
Objectif pédagogique la personne pouvant généralement y accéder. Pour des
raisons inconnues, certaines personnes âgées sont bien
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
plus invalidées que d'autres par des modifications pro-
capable :
gressives du SNC, par exemple par une démence (p. 190).
■ de décrire les effets du vieillissement sur le système Les effets du vieillissement sur les sens sont presque
nerveux. toujours retrouvés ; ils sont abordés au chapitre 8. La ther-
morégulation est traitée au chapitre 14.
190
Système nerveux CHAPITRE 7
Figure 7.46 Effets des différents types de lésion expansive intracrânienne. A. Hématome sous-dural. B. Hémorragie
sous-arachnoïdienne. C. Tumeur ou hémorragie intracérébrale.
191
SECTION 2 Communication
du même côté (NdT : hernie du gyrus cingulaire, ou interstitiels. Dans le cerveau, il s'agit d'un œdème cérébral,
circonvolution du cingulum, ou circonvolution du lequel entraîne une élévation de la pression intracrânienne.
corps calleux) ; Il est associé à :
• une hernie cérébrale entre le pont et le bord libre • un traumatisme crânien ;
de la tente du cervelet du même côté (NdT : hernie • une hémorragie intracrânienne ;
transtentorielle soit du lobe antérieur du cervelet, soit • une infection, des abcès cérébraux ;
de l'uncus de l'hippocampe) ; • une hypoxie ;
• la compression de l'espace subarachnoïdien et • une ischémie, des infarctus locaux ;
l'aplatissement des circonvolutions cérébrales ; • une tumeur ;
• la déformation des ventricules et de leurs conduits ; • une inflammation du cerveau ou de ses méninges ;
• la hernie du cervelet par le foramen magnum (NdT : • une hypoglycémie (p. 252).
hernie des amygdales cérébelleuses) ;
• la protrusion (engagement) du bulbe au travers du
foramen magnum. Hydrocéphalie
Dans cette affection, le volume du LCS est anormalement
Obstruction à la circulation du LCS élevé, avec habituellement augmentation de la PIC. Une
Les ventricules ou leurs conduits peuvent être déplacés, obstruction à la circulation du LCS en est la principale
ou un conduit peut être obstrué. Les effets dépendent de cause. L'hydrocéphalie est dite communicante quand le LCS
la position de la lésion ; par exemple, la compression de passe librement du système ventriculaire à l'espace
l'aqueduc du mésencéphale entraîne une dilatation du subarachnoïdien, et non communicante sinon, c'est-à-dire
troisième ventricule et des ventricules latéraux, et un qu'une obstruction dans le système ventriculaire, les
nouvel accroissement de la PIC. orifices ou les conduits est présente (voir fig. 7.15).
Une augmentation du volume crânien survient chez
Lésions vasculaires l'enfant dont l'ossification du crâne n'est pas complète
Des vaisseaux sanguins peuvent être étirés ou comprimés, mais, malgré cela, les ventricules se dilatent, ce qui étire
ce qui entraîne : et amincit le cerveau. Si l'hydrocéphalie se produit quand
• une hémorragie quand un vaisseau sanguin étiré se l'ossification est complète, elle entraîne une HIC marquée
rompt ; et la destruction de tissu nerveux.
• une ischémie et un infarctus quand un vaisseau est
comprimé suffisamment ;
• un œdème papillaire (œdème du disque optique, ou Traumatismes crâniens
papille) par compression de la veine située dans la Une lésion cérébrale peut être sérieuse même s'il n'y a
gaine du nerf optique, là où il passe dans l'espace aucun signe extérieur de traumatisme. Au siège du
subarachnoïdien. traumatisme, il peut y avoir :
Lésions nerveuses • une plaie du cuir chevelu, avec une hémorragie entre
Les centres vitaux dans le bulbe peuvent être lésés quand le scalp et les os du crâne ;
l'élévation de la PIC entraîne l'engagement du bulbe dans • des lésions des méninges et/ou du cerveau sous-
le trou occipital. Des nerfs crâniens étirés peuvent être jacents, avec hémorragie locale intracrânienne ;
lésés, en particulier le nerf oculomoteur (III) et le nerf • une fracture du crâne avec enfoncement (NdT :
abducens (VI), ce qui entraîne des troubles des embarrure), entraînant des lésions locales des
mouvements de l'œil et de l'accommodation. La dilatation méninges et du tissu cérébral sous-jacents ;
des pupilles et la perte du réflexe pupillaire (la pupille ne • une fracture de l'os temporal créant une
peut pas se contracter en réaction à la lumière) sont dues communication entre l'oreille moyenne et les
à la compression par le nerf oculomoteur. méninges ;
• une fracture impliquant les sinus aériques des
Modifications osseuses os sphénoïde, ethmoïde ou frontal, créant une
Une élévation prolongée de la PIC entraîne des altérations communication entre la cavité nasale et les méninges.
osseuses, par exemple :
• une érosion, en particulier du sphénoïde ; Lésions par accélération-décélération
• un étirement et un amincissement osseux chez les Comme le cerveau flotte relativement librement dans un
enfants si l'HIC apparaît avant l'ossification complète.
« coussin » de LCS, une accélération ou une décélération
soudaines ont un effet d'inertie sur le cerveau. Par
Œdème cérébral exemple, quand un véhicule s'arrête soudainement, les
Un œdème (p. 131) se produit quand il existe un excès de passagers sont projetés vers l'avant ; la tête bouge ensuite
liquide dans les tissus cérébraux et/ou dans les espaces vers l'avant ou vers l'arrière tout en étant reliée au reste
192
Système nerveux CHAPITRE 7
du corps, ce qui entraîne des lésions du cerveau au siège Hématome sous-dural chronique. Il peut survenir des
de l'impact, si celui-ci bouge dans le crâne. Dans les semaines ou des mois après un traumatisme mineur, et il
lésions par contrecoup, la lésion cérébrale est plus sévère n'y a parfois aucun antécédent de traumatisme. Il se pro-
du côté opposé au site de l'impact. D'autres lésions duit le plus souvent chez des personnes présentant une
incluent : certaine atrophie cérébrale, par exemple chez des per-
• des lésions des cellules nerveuses, habituellement sonnes âgées ou alcooliques. Les manifestations d'HIC
des lobes frontal et pariétal, dues au mouvement du peuvent être retardées quand le volume cérébral est dimi-
cerveau sur la surface rugueuse des os de la base du nué. L'hématome augmente progressivement de taille en
crâne ; raison de petites hémorragies répétées ; il entraîne une
• des lésions des fibres nerveuses par étirement, en légère inflammation chronique et l'accumulation d'un
particulier lors des mouvements de rotation brutale exsudat inflammatoire. Avec le temps, il devient isolé par
de la tête ; une paroi de tissu fibreux.
• des hémorragies dues à la rupture de vaisseaux Hémorragie intracérébrale ou œdème cérébral. Ils
sanguins de l'espace subarachnoïdien du côté opposé
surviennent après contusion, lacération ou cisaillement
à l'impact, ou de petites hémorragies diffuses après
cérébraux, dus à l'accélération ou à la décélération, en
mouvement brusque de rotation.
particulier lors des mouvements de rotation.
L'œdème cérébral (p. 192) est une complication fréquente
des contusions cérébrales, entraînant une élévation de la
Complications des traumatismes crâniens PIC et une hypoxie aggravant les lésions cérébrales.
Si l'individu survit aux effets immédiats du traumatisme,
des complications peuvent se développer dans les heures Méningite
ou les jours qui suivent. Elles sont parfois la seule (Voir p. 196.)
indication d'une lésion sérieuse due à un traumatisme
apparemment banal. Elles peuvent augmenter la PIC, les Épilepsie post-traumatique
lésions cérébrales, ou fournir une porte d'entrée à L'épilepsie post-traumatique se traduit par des crises
l'infection. convulsives. Elle peut apparaître dans la première
semaine ou les premiers mois qui suivent le traumatisme.
Hémorragies intracrâniennes traumatiques Une apparition précoce s'observe surtout après des
Des hémorragies peuvent survenir, entraînant des lésions traumatismes sévères, encore que le traumatisme ait pu
cérébrales secondaires siégeant au site du traumatisme ou paraître banal chez l'enfant. Après fracture avec
du côté opposé du cerveau, ou des lésions cérébrales enfoncement ou volumineux hématome, l'épilepsie tend
diffuses. Si le saignement persiste, un hématome expansif à apparaître plus tard.
accroît la PIC, comprimant le cerveau.
États végétatifs
Hémorragie extradurale. Elle peut succéder à un trau-
Ces états sont la conséquence de lésions corticales
matisme direct ayant ou non entraîné une fracture.
graves. La personne paraît éveillée et a des cycles veille–
L'individu peut guérir rapidement, et les manifestations
sommeil ; cependant, il n'existe pas de signes de
d'une élévation de la PIC n'apparaissent souvent que
conscience ni de réactions à l'environnement externe.
plusieurs heures plus tard, quand l'hématome aug-
Comme le tronc cérébral demeure intact, les centres
mente et que la couche externe de la dure-mère est cli-
vitaux continuent de fonctionner ; par exemple, la
vée de l'os. L'hématome croît rapidement quand des
respiration et la pression artérielle sont maintenues. Un
vaisseaux sanguins artériels sont lésés (NdT : il s'agit le
tel état est considéré comme permanent s'il n'y a pas de
plus souvent d'une branche de l'artère méningée
récupération 12 mois après un traumatisme ou plus de
moyenne). Une fracture est rare chez l'enfant car les os du
6 mois après tout autre cause.
crâne sont encore relativement mous et les sutures crâ-
niennes ne sont pas encore fermées. L'hématome reste
habituellement localisé. Hypoxie cérébrale
Hémorragie sous-durale aiguë. Elle est due au saigne- L'hypoxie peut être due :
ment de petites veines de la dure-mère, ou de veines plus
• à des altérations de l'autorégulation de l'apport de
grosses entre les couches de la dure-mère avant qu'elles sang au cerveau ;
ne déterminent les sinus veineux. Le sang peut s'étendre
• à des affections des vaisseaux sanguins cérébraux.
dans l'espace subdural d'un hémisphère cérébral, ou des
deux (fig. 7.46A). Il peut y avoir en même temps une Quand la pression artérielle moyenne tombe vers
hémorragie sous-arachnoïdienne (fig. 7.46B), en particu- 60 mmHg, les mécanismes d'autorégulation du flux san-
lier en cas de contusions et de lacérations cérébrales guin cérébral par ajustement du calibre des artérioles
étendues. deviennent insuffisants. La baisse rapide de l'apport de
193
SECTION 2 Communication
sang au cerveau entraîne une hypoxie et une carence en faiblesse dans un membre, une perte de la parole et/ou
glucose. Si une hypoxie sévère dure plus de quelques de la vision suivies d'une récupération complète. Un AIT
minutes, des lésions cérébrales irréversibles apparaissent. peut précéder un AVC (dans 30 % des cas environ dans
Les neurones sont touchés en premier, puis les cellules de les 5 ans) ou, moins souvent, un infarctus du myocarde
la névroglie, et plus tard encore les méninges ainsi que les (voir Ch. 5). La définition arbitraire d'un AIT durant plus
vaisseaux sanguins sont atteints. Les circonstances dans de 24 heures n'est plus utilisée.
lesquelles l'autorégulation se révèle défaillante sont : Environ 80 % des patients survivent au moins un mois
• l'arrêt cardiorespiratoire ; après la survenue d'un AVC aigu. Une amélioration pro-
• l'hypotension sévère soudaine ; gressive des mouvements des membres intervient dans
• l'intoxication par le monoxyde de carbone ; environ 50 % des cas, avec parfois une amélioration de la
• l'hypercapnie (excès de dioxyde de carbone parole également. La récidive est fréquente.
dans le sang) ;
• surdosage médicamenteux, par exemple par des
le Infarctus cérébral
narcotiques, des hypnotiques, des analgésiques. Un infarctus cérébral se produit lorsque le flux sanguin
vers le cerveau est soudainement interrompu, ce qui
Les atteintes des vaisseaux cérébraux pouvant entraî- entraîne une hypoxie cérébrale. La principale cause est un
ner une hypoxie comprennent : athérome de l'artère carotide ou de l'arc aortique,
• l'occlusion d'une artère cérébrale, par exemple par compliqué d'une thrombose (p. 125), bien que le blocage
une lésion intracrânienne rapidement expansive, un d'une artère vascularisant le cerveau puisse aussi être dû
athérome, une thrombose ou une embolie (Ch. 5) ; à un embole venant du cœur, par exemple dans
• sténose artérielle lors d'une artérite due, par
la l'endocardite infectieuse (p. 135).
exemple, à la périartérite noueuse, la syphilis, le
diabète sucré, ou aux modifications dégénératives Hémorragie intracrânienne spontanée
chez les personnes âgées. L'hémorragie peut être sous-arachnoïdienne ou intracéré-
brale (fig. 7.47). Elle est souvent due à un anévrisme ou à
Si l'individu survit à l'épisode initial d'ischémie, un l'hypertension artérielle. Dans les deux sièges, le sang
infarctus, une nécrose et une perte de fonction de la épanché peut entraîner un spasme artériel responsable
région cérébrale atteinte surviennent. d'ischémie cérébrale, d'infarctus cérébral, de fibrose
(gliose) et de lésions cérébrales par hypoxie. Une hémor-
Accident vasculaire cérébral ragie sévère peut être instantanément mortelle, tandis que
de petites hémorragies répétées ont un effet cumulatif en
La maladie cérébrovasculaire est la cause sous-jacente de
étendant les lésions cérébrales.
la plupart des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et
des accidents ischémiques transitoires. Les facteurs
prédisposants sont :
Cerveau
• l'hypertension artérielle ; CSF
Microanévrisme
• l'athérome ;
• le diabète sucré ; Hémorragie à partir
• le tabagisme. d’un microanévrisme
Artère perforante
L'AVC est une cause très fréquente de décès et d'inca-
pacité chez les personnes âgées. Son incidence est plus Espace subarachnoïdien
élevée dans les populations asiatique et africaine, et elle Crâne
augmente régulièrement avec l'âge. Les effets appa- A
raissent en quelques minutes et comprennent la paralysie
d'un membre ou d'un hémicorps (hémiparésie), souvent
CSF Cerveau
accompagnée de troubles du langage et du champ visuel.
La nature et l'étendue de l'atteinte cérébrale dépendent
de la localisation du vaisseau sanguin atteint. Par défini-
tion, les signes et les symptômes d'un AVC durent plus Pie-mère
de 24 heures. La grande majorité d'entre eux sont dus à Matière subarachnoïdienne
un infarctus cérébral (environ 85 % des cas), une hémor- Anévrisme Espace subarachnoïdien
ragie cérébrale étant à l'origine des cas restants. Dure-mère
Comparativement à un AVC, un accident ischémique B
Crâne
transitoire (AIT) correspond à une brève période de déficit
cérébral réversible. Typiquement, il se produit sur une Figure 7.47 Types d'hémorragies responsables d'attaque
période courte (quelques minutes à quelques heures) une cérébrale. A. Intracérébrale. B. Sous-arachnoïdienne.
194
Système nerveux CHAPITRE 7
Elle survient habituellement entre l'âge de 45 et 60 ans Le cerveau et la moelle spinale sont relativement bien
et atteint davantage les hommes que les femmes. Sa cause protégés de l'infection microbienne par la barrière
est habituellement inconnue, mais certains cas sont liés sang–cerveau.
à des traumatismes crâniens répétés, comme chez les Les infections du SNC sont généralement bactériennes
boxeurs « roués de coups » ; à des tumeurs comprimant ou virales, mais peuvent également être protozoaires ou
le mésencéphale ; à des médicaments, par exemple les fongiques. L'infection peut être méningée (méningite) ou
phénothiazines ; à l'intoxication par des métaux lourds. Il cérébrale (encéphalite, abcès) ; elle peut passer d'un site à
existe une invalidité physique progressive, mais les fonc- l'autre.
tions intellectuelles restent longtemps normales (fig. 7.48).
Infections bactériennes
Effets des poisons sur le système La pénétration des bactéries dans le SNC peut être :
nerveux central • directe –à travers une fracture du crâne ou une
De nombreuses substances chimiques, dont les fracture osseuse, à partir par exemple des infections
médicaments, les toxines présentes dans l'environnement de l'oreille interne ou des sinus paranasaux, d'une
et les déchets métaboliques peuvent léser le tissu nerveux. mastoïdite ;
Cela peut aller de troubles neurologiques brefs et • véhiculée par le sang –à partir d'une infection
réversibles, par exemple une réduction des fonctions provenant d'un autre endroit du corps, par exemple
cognitives et motrices après la consommation d'alcool, à une septicémie, une endocardite bactérienne (p. 135) ;
des troubles permanents, par exemple une intoxication • iatrogène – introduite lors d'une procédure invasive,
aux métaux lourds (comme le plomb) ou une comme une ponction lombaire.
encéphalopathie hépatique (p. 357).
Méningite bactérienne
Le terme « méningite » renvoie habituellement à une
Posture courbée
inflammation de l'espace subarachnoïdien. Elle est le plus
fréquemment transmise par contact avec une personne
Manque
infectée. La méningite bactérienne est habituellement
d’expression
faciale précédée par une infection respiratoire bénigne, durant
laquelle des bactéries en faible nombre passent dans le
sang. Elles sont transportées aux méninges. Les microbes
courants sont :
Rigidité et
tremblement
• Haemophilus influenzae, chez les enfants entre 2 et 5 ans ;
de la tête • Neisseria meningitidis, chez les personnes entre 5 et
et des membres 30 ans – type le plus courant ;
• Streptococcus pneumoniae chez les personnes de plus de
30 ans.
issus du siège de la blessure fournissant également une Les cas plus graves sont la plupart du temps associés à la
voie d'entrée aux microbes. Le LCS et le sang peuvent rage ou au virus herpès simplex. De nombreux sites
fuir par : différents peuvent être atteints et, comme les neurones ne
• la peau, dans une fracture ouverte du crâne ; peuvent pas être remplacés, la perte fonctionnelle traduit
• l'oreille moyenne, dans les fractures de l'os temporal l'étendue des lésions. Dans les cas d'infections sévères, les
(otorrhée de LCS) ; neurones et la névroglie peuvent être atteints, avec ensuite
• nez, dans les fractures des os sphénoïde, ethmoïde
le nécrose et gliose. Si la personne survit à la phase aiguë
ou frontal lorsque les sinus aériens sont impliqués initiale, des séquelles sont fréquentes, comme des troubles
(rhinorrhée de LCS). du comportement et la démence. Si des centres vitaux du
bulbe sont atteints, l'affection peut entraîner la mort.
Elle peut aussi provenir d'infections dans les régions
avoisinantes, par exemple l'oreille. Si un abcès extra- ou Névrite à virus varicelle-zona (zona)
sous-dural se forme, l'infection peut s'étendre davantage Le virus varicelle-zona est responsable de la varicelle, qui
si celui-ci se rompt. touche essentiellement des enfants, et du zona, qui touche
Le début est habituellement soudain avec une céphalée essentiellement des adultes. Des enfants réceptifs peuvent
sévère, une raideur du cou, une photophobie (intolérance être contaminés par un patient atteint de zona, mais le
à une lumière vive) et de la fièvre. Un purpura (pétéchies zona n'est pas dû à la contamination par un sujet atteint
et parfois ecchymoses) peut être présent. Le LCS appa- de la varicelle. Le zona est dû en effet à la reviviscence
raît trouble en raison de la présence de nombreux bac- du virus, pouvant être resté dormant dans les ganglions
téries et neutrophiles. La morbidité et la mortalité sont des nerfs spinaux depuis une varicelle (NdT : varicelle
importantes. ayant été symptomatique ou asymptomatique), redevenu
actif des années plus tard. La réactivation peut être
apparemment spontanée, ou être due à une maladie
Infections virales intercurrente ou à la dépression du système immunitaire,
par exemple par des médicaments, l'âge avancé, le sida.
La pénétration des virus dans le SNC se fait le plus
Le ganglion de la racine postérieure devient alors le
souvent par le sang, qui les transporte du lieu d'une
siège d'une inflammation aiguë. De là, des virus suivent le
infection virale à un autre endroit dans le corps ; moins
nerf sensitif correspondant pour atteindre le tissu superfi-
fréquemment, la pénétration se fait par le système
ciel qu'il innerve, par exemple la peau, la cornée. L'affection
nerveux. Dans cette dernière situation, les virus neutropes,
est en règle unilatérale ; son siège le plus fréquent est :
c'est-à-dire ayant une affinité particulière pour le tissu
nerveux, empruntent le nerf périphérique d'un endroit à • le territoire d'un nerf ou parfois de plusieurs nerfs
un autre, par exemple le virus poliomyélitique. Ils intercostaux ;
pénètrent dans l'organisme par : • le territoire de la branche ophtalmique du nerf
trijumeau (fig. 7.41), et si des vésicules se forment sur
• les voies digestives, comme les virus poliomyélitiques ; la cornée, celle-ci peut présenter des ulcérations dont
• les voies respiratoires, comme le virus varicelle-zona ; la guérison peut laisser une cicatrice gênant la vision ;
• une abrasion cutanée, comme le virus de la rage. la névralgie du trijumeau est une séquelle possible
Les effets des infections virales dépendent du siège et de ce zona.
de l'importance des lésions tissulaires. Les virus peuvent
Ces tissus deviennent inflammatoires et des vésicules,
léser les cellules :
contenant du liquide séreux et des virus, se développent.
• en se multipliant à l'intérieur d'elles ; Cela s'accompagne d'une douleur, et d'une hypersensi-
• en stimulant une réaction immunitaire, ce qui bilité au toucher (hyperesthésie). La guérison est habituel-
explique pourquoi les risques de certaines infections lement lente, au prix parfois d'une certaine anesthésie,
n'apparaissent pas avant qu'un titre élevé d'anticorps selon la sévérité de la maladie.
soit atteint, 1 à 2 semaines après le début de l'infection.
Poliomyélite
Méningite virale Cette maladie est due habituellement à des poliovirus et,
Il s'agit de la forme de méningite la plus courante. Celle-ci parfois, à d'autres entérovirus. L'infection se transmet par
est habituellement relativement légère et suivie d'une des aliments contaminés par des matières fécales, et la
guérison complète. multiplication initiale du virus se produit dans l'intestin.
Les virus sont ensuite transportés par le sang au système
Encéphalite virale nerveux, où ils envahissent les cellules de la corne
L'encéphalite virale est rare et elle est habituellement antérieure de la moelle spinale et celles des méninges.
associée à une infection virale récente. La plupart des cas L'infection se traduit le plus souvent par une maladie
sont peu sévères et la guérison est généralement complète. fébrile légère, sans signes cliniques d'atteinte nerveuse ; la
197
SECTION 2 Communication
guérison est complète (NdT : le tableau peut être aussi celui étiologie est inconnue. Elle succède parfois à une infection
d'une méningite aiguë aseptique). Des lésions du corps virale. Elle se traduit par un malaise général, une sensation
cellulaire des neurones moteurs inférieurs (périphériques) de fatigue sévère, une mauvaise concentration et des
(p. 175) entraînent des paralysies irrégulièrement réparties, myalgies. La guérison spontanée est habituelle, mais la
régressives au prix habituellement de séquelles définitives ; maladie peut constituer une invalidité chronique.
la mort est possible à la phase aiguë par paralysie
respiratoire si les muscles intercostaux sont atteints. Les
programmes de vaccinations ont pratiquement éradiqué la Maladies démyélinisantes
maladie dans les pays développés.
Objectif pédagogique
• la faiblesse, et parfois la paralysie, de muscles vaisseaux sanguins et ainsi entraîner une ischémie. Ces
squelettiques ; affections comprennent :
• perte de la coordination des mouvements ;
la • des fractures et/ou des luxations vertébrales ;
• des paresthésies, par exemple des sensations de • des tumeurs des méninges ou de vertèbres ;
brûlure, de picotement ; • des prolapsus du disque intervertébral (NdT : hernie
• une incontinence urinaire ; discale).
• des troubles visuels, en particulier une baisse de la
vision (NdT : par névrite optique), une vision trouble Les effets du traumatisme ou de la maladie dépendent
ou double (NdT : par paralysie d'un nerf moteur de de la gravité des lésions, du type et de la position des
l'œil). neurones impliqués.
Objectif pédagogique
Tableau 7.4 Résumé des effets des lésions des neurones
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être moteurs
capable :
Neurone moteur supérieur Neurone moteur inférieur
■ d'expliquer comment les altérations de la moelle
spinale entraînent un fonctionnement corporel Faiblesse musculaire, paralysie Faiblesse musculaire, paralysie
anormal. spastique flasque
• la compression de l'artère spinale antérieure, • des toxiques, par exemple l'alcool, le plomb, le
entraînant une ischémie et possiblement une nécrose mercure, les teintures d'aniline ; et à des médicaments,
de la moelle spinale ; par exemple la phénytoïne, l'isoniazide.
• spasme musculaire local dû à la pression sur la
un
racine motrice. Les nerfs longs sont habituellement atteints en pre-
mier, par exemple ceux innervant les pieds et les jambes.
L'évolution dépend de la cause et de l'étendue des
Syringomyélie lésions.
Cette dilatation (syrinx) du canal central de la moelle spi-
nale survient le plus souvent dans la région cervicale, et
elle est souvent associée à une anomalie congénitale de Mononeuropathies
l'extrémité distale du quatrième ventricule (NdT : la lésion Habituellement, un seul nerf est atteint, le plus souvent
associée la plus fréquente est la malformation d'Arnold- par ischémie due à une compression. La dysfonction que
Chiari). L'affection se traduit par un syndrome lésionnel cela entraîne dépend du siège et du degré de la lésion.
« suspendu » dont la topographie correspond à celle de la Les exemples comprennent :
cavité, avec perte de la sensibilité à la température et à la • la compression d'un nerf crânien au niveau d'un
douleur (anesthésie thermoalgésique, attribuée classique- orifice de la base du crâne en raison d'une distorsion
ment à la compression ou à la destruction des fibres sen- cérébrale liée à une HIC ;
sitives traversant la ligne médiane dans la commissure • la compression d'un nerf lors de son passage dans un
grise de la moelle) et atteinte motrice périphérique (amyo- canal rétréci par des tissus pour des raisons diverses ;
trophie, parésie et aréflexie, par destruction ou compres- par exemple compression d'un nerf médian dans le
sion des cellules nerveuses de la corne antérieure de la canal carpien (voir p. 462) ;
moelle). Il s'y associe, en général tardivement, une paraly- • la compression du nerf radial par le rebord d'une
sie spastique discrète des membres inférieurs traduisant chaise ou du lit, du nerf fibulaire commun sur le col
la compression des faisceaux pyramidaux. La mort sur- du péroné par le maintien prolongé de la position
vient après une longue évolution. jambes croisées ;
• la compression du nerf axillaire (circonflexe) par une
béquille mal adaptée ;
Maladies des nerfs périphériques • le piégeage d'un nerf entre les extrémités d'un os
fracturé ;
Objectifs pédagogiques
• l'ischémie due à une thrombose de vaisseaux sanguins
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez nourriciers d'un nerf.
être capable :
La dysfonction résultante dépend du siège et de l'éten-
■ de comparer et d'opposer les causes et les effets due de la lésion.
des mononeuropathies et des polyneuropathies ; (NdT : il existe des mononeuropathies multiples, par
■ de décrire le syndrome de Guillain-Barré atteinte successive de nerfs.)
et la paralysie de Bell.
Syndrome de Guillain-Barré
Neuropathies périphériques Aussi connu sous le nom de polyneuropathie inflammatoire
aiguë idiopathique, ce syndrome se traduit par l'apparition
Il s'agit d'un groupe de maladies non inflammatoires des soudaine, aiguë et rapidement progressive de faiblesses
nerfs périphériques. Elles sont classées en : musculaires ou de paralysies ascendantes bilatérales. Il
• polyneuropathies : plusieurs nerfs sont affectés ; débute aux membres inférieurs et s'étend aux membres
• mononeuropathies : un seul nerf est habituellement supérieurs, au tronc et aux nerfs crâniens. Il survient
affecté. habituellement 1 à 3 semaines après une infection des
voies respiratoires supérieures. Il existe une inflammation
Polyneuropathies étendue accompagnée d'une certaine démyélinisation,
La lésion de nombreux nerfs et de leur gaine de myéline touchant des racines et des nerfs spinaux ainsi que des
survient en association avec d'autres troubles, par exemple : nerfs périphériques (polyradiculonévrite), des nerfs
• des carences vitaminiques, par exemple vitamines B1, crâniens et des ganglions spinaux. Les paralysies peuvent
B2, B6, B12 ; atteindre les quatre membres et les muscles respiratoires.
• des maladies métaboliques ou chroniques par Les patients qui survivent à la phase aiguë guérissent
exemple diabète sucré, urémie (dans l'insuffisance habituellement complètement en quelques semaines ou
rénale), insuffisance hépatique, tumeur maligne ; mois.
201
SECTION 2 Communication
Myéloméningocèle
Anomalies du développement Les méninges et la moelle spinale sont d'apparence
du système nerveux anormale. La peau peut être absente ou se rompre. Dans
l'un et l'autre cas, il y a une fuite de LCS et un risque
Objectifs pédagogiques important d'infection méningée. L'anomalie neurologique
sévère se traduit par une paraplégie, et par une perte du
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être contrôle sphinctérien avec perte des urines et des fèces.
capable :
Un retard mental peut aussi s'observer.
■ de décrire des anomalies développementales
du système nerveux ;
Hydrocéphalie
■ de mettre en relation leurs effets et les fonctions
nerveuses anormales.
(Voir p. 192.)
Peau
Processus épineux
P Méninges
D G LCS
A Moelle spinale
Corps vertébral
qués car ils ne se multiplient pas. Les tumeurs des tissus • de troubles neurologiques, fonction du siège et de la
nerveux métastasent rarement. De ce fait, une tumeur taille de la tumeur ;
intracrânienne risque plus de grossir que d'être à l'ori- • des conséquences de l'HIC (p. 191) ;
gine de métastases. Cela étant, les tumeurs sont dites • de la nécrose de la tumeur, entraînant hémorragies et
bénignes quand leur croissance est lente, malignes œdème.
quand elle est rapide. Les signes précoces sont typique-
ment des céphalées, des vomissements, des troubles de Tumeurs spécifiques
la vision et un œdème papillaire (gonflement du disque Chez les adultes et les enfants, classiquement, les tumeurs
optique vu à l'ophtalmoscope). Des signes d'HIC appa- cérébrales proviennent de différentes cellules ; il peut
raissent quand les limites de la compensation sont s'agir de tumeurs bénignes à hautement malignes. Les
atteintes. tumeurs les plus fréquentes chez les adultes sont les
Dans l'espace confiné qu'est le crâne, une hémorragie glioblastomes et les méningiomes, habituellement bénins, et
dans la tumeur accentue l'HIC due à la tumeur. issus des granulations arachnoïdiennes. Les astrocytomes
et les médulloblastomes représentent l'essentiel des tumeurs
Tumeurs à croissance lente cérébrales chez les enfants.
Les mécanismes compensateurs de l'élévation de la
pression intracrânienne ont le temps de se mettre en Métastases cérébrales
place, et de ce fait la tumeur peut devenir volumineuse Les tumeurs métastasant au cerveau sont le plus souvent
avant que ses effets soient évidents. La compensation celles du sein, du poumon et du côlon. Leur pronostic est
consiste en la réduction du volume du LCS et du sang mauvais ; les effets dépendent du siège et de la vitesse de
circulant dans le cerveau. croissance des métastases. On distingue deux formes : les
petites métastases multiples, principalement dans les
Tumeurs à croissance rapide hémisphères cérébraux ; et les envahissements diffus de
Les mécanismes compensateurs de l'élévation rapide de l'arachnoïde.
l'HIC n'ont pas le temps de se mettre en place, et les effets
de la tumeur deviennent rapidement apparents (fig. 7.46C).
Il s'agit :
203
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CHAPITRE
8
Les sens
Audition et oreille 206 Troubles de l'oreille 223
Structure 206 Perte d'audition 223
Physiologie de l'audition 209 Infections de l'oreille 224
Équilibre et oreille 210 Labyrinthite 224
Physiologie de l'équilibre 210 Mal des transports 224
Les sens que sont l'ouïe, la vue, l'odorat et le goût ont Structure
tous des récepteurs sensoriels spécialisés qui collectent
des informations et les transmettent à des régions L'oreille est divisée en trois parties distinctes (fig. 8.1) :
spécifiques du cerveau. Les influx nerveux issus des l'oreille externe ; l'oreille moyenne (caisse du tympan) et
récepteurs sensoriels situés dans les oreilles, les yeux, le l'oreille interne.
nez et la bouche sont intégrés et coordonnés dans le L'oreille externe collecte les ondes sonores et les dirige
cerveau, ce qui permet la perception de cette information. vers l'oreille moyenne. Celle-ci les transfère vers l'oreille
Jusqu'à 80 % de nos perceptions proviennent de stimulus interne, où elles sont converties en influx nerveux et
sensitifs extérieurs. transmises à l'aire auditive du cortex cérébral.
Les premières sections de ce chapitre abordent les
sens ; les suivantes décrivent les effets du vieillissement et Oreille externe
les problèmes qui surviennent quand des troubles inter- L'oreille externe comprend le pavillon de l'oreille et le
viennent dans les structures impliquées dans l'audition et conduit auditif externe (ou méat acoustique externe).
la vision.
Pavillon de l'oreille (auricule)
C'est la partie visible de l'oreille qui se projette sur le côté
Audition et oreille de la tête. Le pavillon de l'oreille est fait d'un cartilage
Objectifs pédagogiques
fibroélastique recouvert de peau. Il présente des sillons
profonds, et il est bordé par la saillie la plus marquée, l'hélix.
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être Le lobule (lobe de l'oreille) est la partie molle pliable, à
capable : l'extrémité inférieure du pavillon de l'oreille, faite de tissu
■ de décrire la structure des oreilles externe, fibreux et adipeux richement vascularisé.
moyenne et interne ;
Méat acoustique externe (conduit auditif externe)
■ d'expliquer la physiologie de l'audition. Il s'agit d'un tube légèrement en S, d'environ 2,5 cm de
long, allant de l'auricule à la membrane tympanique. Son
tiers latéral (externe) est enchâssé dans du cartilage et le
L'oreille est l'organe de l'audition ; elle est aussi impliquée reste est situé dans l'os temporal. Il est bordé par de la
dans l'équilibre. Elle est innervée par le 8e nerf crânien, peau contenant des poils, en continuité avec la peau de
plus précisément par la partie cochléaire du nerf l'auricule. Le tiers latéral contient de nombreuses glandes
vestibulocochléaire, stimulée par les vibrations dues aux cérumineuses, et leurs follicules, avec des glandes sébacées
ondes sonores. associées. Les glandes cérumineuses sont des glandes
À l'exception du pavillon de l'oreille, les structures qui sudoripares (ou sudorifères) modifiées sécrétant le
forment l'oreille sont encloses dans la portion pétreuse de cérumen (cire), matériel visqueux contenant des substances
l'os temporal. protectrices dont l'enzyme lysozyme, bactéricide, et des
Nerf vestibulocochléaire
Auricule Cochlée
Canal pharyngo-tympanique
(auditif)
Vers le nasopharynx
Hélix Lobule Conduit Membrane
acoustique tympanique
S
externe
L M
Oreille externe Oreille moyenne Oreille interne
I
immunoglobulines. Le cérumen, les poils et la courbure La fenêtre du vestibule est fermée par une partie d'un
du conduit auditif externe empêchent le matériel étranger, petit os appelé stapès, et la fenêtre de la cochlée par un fin
par exemple de la poussière, des insectes et des microbes, feuillet de tissu fibreux.
d'atteindre la membrane du tympan. Les mouvements de L'air arrive dans la cavité par le canal (conduit) pharyngo-
l'articulation temporomandibulaire pendant la mastication tympanique (trompe auditive), qui relie le nasopharynx et
et la phonation massent le conduit cartilagineux, l'oreille moyenne. Long d'environ 4 cm, il est bordé par
mobilisant la cire vers l'extérieur. un épithélium cilié (NdT : épithélium pseudostratifié
La membrane du tympan (fig. 8.2) sépare complète- cilié). La présence d'air à la pression atmosphérique des
ment le conduit auditif externe de l'oreille moyenne. De deux côtés de la membrane tympanique est maintenue
forme ovalaire, un peu plus large en haut, elle est formée par le conduit pharyngo-tympanique ; elle permet à la
par trois types de tissus : la couche externe est faite de membrane de vibrer quand une onde sonore vient la
peau sans poils, la couche moyenne de tissu fibreux, et la frapper. Le conduit pharyngo-tympanique est normale-
couche interne d'une muqueuse en continuité avec celle ment fermé mais, quand la pression de part et d'autre de
de l'oreille moyenne. la membrane tympanique devient inégale, par exemple à
haute altitude, elle est ouverte par la déglutition ou par le
Oreille moyenne (caisse du tympan) bâillement, et de l'air pénètre dans les oreilles, rendant à
nouveau égales les pressions.
C'est une cavité de forme irrégulière remplie d'air, située
dans la partie pétreuse de l'os temporal (fig. 8.1 et 8.3). La Chaîne des osselets (fig. 8.3)
cavité, son contenu et les sacs d'air qui s'y ouvrent sont Les os auditifs sont trois très petits os qui ne mesurent
bordés par un épithélium simple pavimenteux, ou que quelques millimètres s'étendant à travers l'oreille
cuboïdal. moyenne, de la membrane tympanique à la fenêtre du
La paroi latérale (externe) de l'oreille moyenne est for- vestibule (fig. 8.1). Ils forment une série d'articulations,
mée par la membrane du tympan. étant mobilisables l'un sur l'autre et sur la paroi médiale
Le toit et le plancher sont formés par l'os temporal. de la caisse, au niveau de la fenêtre ovale. Les osselets
La paroi postérieure est formée par l'os temporal, avec sont maintenus en place par des ligaments et sont appelés
des orifices conduisant à l'antre mastoïdien, par lequel l'air en fonction de leur forme.
passe dans les cellules aériques contenues dans le proces-
sus mastoïde. Malleus. C'est l'os latéral (externe), en forme de mar-
La paroi médiale (interne) est une mince épaisseur d'os teau. Son manche est en contact avec la membrane tym-
temporal, dans laquelle se situent deux orifices : panique, et sa tête forme une articulation avec l'incus.
• la fenêtre du vestibule ;
• la fenêtre de la cochlée (voir fig. 8.6).
Malleus Incus
(marteau) (enclume)
Tête
Incus Corps
Branche
courte
Branche
longue
Manche
du malleus Fenêtre
du
vestibule
S
L M
Membrane Manche Stapès
tympanique (étrier) I
Figure 8.2 Membrane tympanique. Microscopie à balayage
électronique en couleur montrant le malleus et l'incus. Figure 8.3 Chaîne des osselets auditifs.
207
SECTION 2 Communication
Incus. C'est l'os moyen, en forme d'enclume. Son corps Canaux semi-circulaires
s'articule avec le malleus, son long prolongement (ou Il s'agit de trois conduits disposés de façon telle que
branche longue) s'articule avec le stapès ; il est stabilisé chacun est dans l'un des plans de l'espace. Ils sont en
par son prolongement court (ou branche courte) fixé à la continuité avec le vestibule et sont aussi importants pour
paroi postérieure de la caisse du tympan. l'équilibre (p. 210).
Stapès. C'est l'os médial (interne), en forme d'étrier.
Cochlée
Sa tête s'articule avec l'incus, et sa platine s'insère dans la
La cochlée ressemble à la coquille d'un escargot. Elle présente
fenêtre du vestibule.
une base large en continuité avec le vestibule, un apex étroit,
et elle s'enroule autour d'une colonne osseuse centrale.
Oreille interne (fig. 8.4) Une section transversale de la cochlée (fig. 8.5) pré-
L'oreille interne, ou labyrinthe de l'oreille, contient les sente trois compartiments :
organes de l'audition et de l'équilibre. On lui décrit • la rampe vestibulaire ;
généralement deux parties, le labyrinthe osseux et le labyrinthe • la rampe médiane, ou conduit cochléaire ;
membraneux et elle est divisée en trois régions principales : • la rampe tympanique.
• le vestibule, qui contient l'utricule et le saccule ; Dans une section transversale, la cochlée osseuse pré-
• les trois canaux semi-circulaires ; sente deux compartiments contenant de la périlymphe :
• la cochlée. la rampe vestibulaire, qui naît à la fenêtre du vestibule,
et la rampe tympanique, qui se termine à la fenêtre de
Labyrinthe osseux. Il est délimité par le périoste. Dans
la cochlée. Les deux compartiments sont en continuité,
le labyrinthe osseux, le labyrinthe membraneux est sus-
et la figure 8.6 montre les relations entre ces structures.
pendu dans un liquide aqueux appelé périlymphe.
Le conduit cochléaire est une partie du labyrinthe mem-
Labyrinthe membraneux. Il est rempli d'endolymphe. braneux ; sa forme est triangulaire. Sur la membrane basi-
laire, située à la base du triangle (sur la paroi inférieure
Vestibule du conduit cochléaire), se trouvent des cellules de soutien
C'est l'expansion la plus proche de l'oreille moyenne. Les et des cellules ciliées cochléaires contenant des récepteurs
fenêtres du vestibule et de la cochlée sont situées dans sa auditifs. Ces cellules forment l'organe spiral ou organe
paroi latérale (externe). Le vestibule contient deux sacs de Corti, organe sensoriel qui répond aux vibrations en
membraneux, l'utricule et le saccule, qui sont importants initiant des influx nerveux perçus comme des sons dans
pour l'équilibre (p. 210). le cerveau. Les récepteurs auditifs sont les dendrites des
Ampoule du canal
semi-circulaire antérieur
Nerf
Canal semi-circulaire vestibulaire
membraneux antérieur
Nerf cochléaire
Os temporal
Canal semi-circulaire
membraneux latéral
Cochlée
Canal semi-circulaire
membraneux postérieur
Labyrinthe osseux
(contenant la périlymphe)
S
Labyrinthe membraneux Utricule Saccule Conduit cochléaire L M
(contenant l’endolymphe)
Vestibule I
Chaîne
des
osselets
Membrane tympanique
(périlymphe) des la membrane
Fenêtre de la cochlée
Fenêtre du vestibule
basilaire
osselets et l’organe
Membrane spiral
Organe spiral
basilaire
Membrane
tectoriale Cellule
ciliée B
Figure 8.5 Coupe transversale de la cochlée, montrant l'organe Figure 8.6 Transmission des ondes sonores. A. L'oreille, avec la
spiral (de Corti). cochlée non enroulée. B. Résumé de la transmission.
fibres nerveuses efférentes (sensitives), qui s'associent des ondes liquidiennes dans la périlymphe de la rampe
pour former la partie cochléaire (auditive) du nerf vesti- vestibulaire. Une partie de ces ondes est transmise le long
bulocochléaire (8e nerf crânien) ; celui-ci passe par un ori- de la rampe vestibulaire et de la rampe tympanique, mais
fice de l'os temporal (NdT : méat acoustique interne, où la plus grande partie est transmise dans le conduit
passent également le nerf facial et l'artère labyrinthique) ; cochléaire. Il en résulte une onde correspondante dans
les fibres cochléaires atteignent les noyaux cochléaires du l'endolymphe, entraînant la vibration de la membrane
tronc cérébral, où elles s'articulent avec des fibres qui tra- basilaire et la stimulation des récepteurs des cellules ciliées
versent la ligne médiane et qui s'articulent elles-mêmes de l'organe spiral. Les influx nerveux ainsi générés gagnent
dans le tubercule quadrijumeau inférieur avec des fibres le cerveau par la partie cochléaire (auditive) du nerf
allant au corps géniculé médial (interne), d'où partent vestibulocochléaire (8e nerf crânien). L'onde liquidienne est
les radiations auditives allant au cortex auditif du lobe finalement consommée dans l'oreille moyenne par la
temporal (voir fig. 7.20, p. 167) ; certaines fibres nées des vibration de la membrane de la fenêtre de la cochlée. Le nerf
noyaux cochléaires restent homolatérales, et par consé- vestibulocochléaire transmet des influx aux noyaux auditifs
quent chaque cortex auditif reçoit des influx venant des dans la médulla, où ils font synapse, avant d'être conduits
deux organes de Corti (NdT : donc des deux oreilles). à l'aire auditive dans le lobe temporal des hémisphères
cérébraux (voir fig. 7.20, p. 167). Comme certaines fibres se
croisent dans la médulla et que d'autres restent du même
Physiologie de l'audition
côté, les aires auditives droite et gauche des hémisphères
Chaque son produit des ondes sonores ou vibrations dans cérébraux reçoivent des influx des deux oreilles.
l'air, qui voyagent à la vitesse d'environ 332 mètres par Les ondes sonores ont des caractéristiques de hauteur
seconde. Le pavillon de l'oreille, en raison de sa forme, et d'intensité (fig. 8.7). La hauteur est déterminée par la
concentre les ondes et les dirige dans le méat auditif externe, fréquence des ondes sonores, mesurée en Hertz (Hz). Les
amenant ainsi la membrane tympanique à vibrer. Les sons de différentes fréquences stimulent la membrane
vibrations de la membrane tympanique sont transmises et basilaire (fig. 8.6A) à différents endroits sur sa longueur,
amplifiées dans l'oreille moyenne par la mobilisation des ce qui permet la discrimination de la hauteur.
osselets (fig. 8.6). À l'extrémité médiale de la chaîne, la L'intensité dépend de la magnitude des ondes sonores,
platine du stapès ainsi mobilisée présente des mouvements mesurée en décibels (dB). Plus l'amplitude de l'onde créée
de va-et-vient dans la fenêtre du vestibule, qui entraînent dans l'endolymphe est grande, plus la stimulation des
209
SECTION 2 Communication
(dB)
ampoules. Dans les cellules ciliées, il y a des récepteurs sur
les terminaisons de filets nerveux, qui se groupent pour
Cycles par seconde (Hz) Cycles par seconde (Hz)
former la partie vestibulaire du nerf vestibulocochléaire.
Fréquence : Fréquence :
A élevée (son aigu) basse (son grave) Physiologie de l'équilibre
Les canaux semi-circulaires et le vestibule (utricule et
saccule) sont concernés par l'équilibration. La disposition
des trois canaux semi-circulaires (un dans chaque plan)
Amplitude (dB)
Artère rétinienne
Veine rétinienne
Corps ciliaire
Disque optique
Ligament suspenseur
Nerf optique
S
Iris
P A
Cristallin
Macula I
Cornée
Chambre antérieure
Choroïde Chambre postérieure
Sclère
Sinus veineux scléral
(canal de Schlemm)
Rétine
Corps vitré
Macula
Fovea
centralis
Rétine
Choroïde
Figure 8.11 Rétine. A. Coupe agrandie. B. Cellules nerveuses sensibles à la lumière : bâtonnets et cônes. C. Microscopie à balayage
électronique en couleur de bâtonnets (en vert) et de cônes (en bleu).
Figure 8.12 La rétine vue à travers la pupille avec un Nerf optique (2e paire de nerfs crâniens)
ophtalmoscope. (fig. 8.13)
Les fibres du nerf optique naissent dans la rétine. Elles
L'artère et la veine centrales de la rétine sont encloses convergent toutes pour former le nerf optique, à environ
dans le nerf optique, qui pénètre dans l'œil au niveau du 0,5 cm du bord nasal de la macula au niveau du disque
disque optique (fig. 8.8). optique. Le nerf traverse la choroïde et la sclère pour se
diriger en arrière et en dedans, dans la cavité orbitaire. Il
Intérieur de l'œil en sort par le foramen optique de l'os sphénoïde, et se
dirige en arrière et en dedans pour former avec son
Le segment antérieur de l'œil, c'est-à-dire l'espace entre la
homologue de l'autre œil le chiasma optique.
cornée et le cristallin, est incomplètement divisé en
chambres antérieure et postérieure par l'iris (fig. 8.8). Les
deux chambres contiennent un liquide aqueux clair Chiasma optique
sécrété dans la chambre postérieure par les glandes Le chiasma optique est situé devant et immédiatement
ciliaires. Il circule devant le cristallin, allant dans la au-dessus de la glande pituitaire (hypophyse), située dans
chambre antérieure en passant par la pupille ; il retourne la fosse pituitaire de l'os sphénoïde (voir fig. 9.2, p. 231).
à la circulation veineuse par le sinus veineux scléral (canal Dans le chiasma optique, les fibres nerveuses du nerf optique
de Schlemm), dans l'angle entre l'iris et la cornée (fig. 8.8). qui proviennent du côté nasal de chaque rétine croisent la
Comme la production et le drainage de l'humeur aqueuse ligne médiane, pour passer du côté opposé. Les fibres issues
sont égaux, la pression intraoculaire reste tout à fait du côté temporal ne croisent pas la ligne médiane, mais
constante, entre 1,3 et 2,6 kPa (10 à 20 mmHg). Le glaucome continuent du même côté en se dirigeant en arrière et
(p. 225) est caractérisé par l'élévation de cette pression. latéralement. Ce croisement fournit à chaque hémisphère
L'humeur aqueuse fournit les nutriments aux structures cérébral des influx sensoriels venant de chaque œil.
213
SECTION 2 Communication
Spectre électromagnétique
Tractus Le spectre électromagnétique est large, mais seulement
optique une petite partie est visible par l'œil humain (fig. 8.15).
Corps
géniculé
latéral
eau
Faisc ière
m
de lu e Rouge
h
Radiations b c
l a n
optiques Orange
Jaune
Vert
Bleu
Indigo
A
Aire visuelle D G Violet
dans le lobe occipital
du cerveau P
Figure 8.14 Réfraction. La lumière blanche dispersée en couleurs
du spectre visible quand elle passe à travers un prisme.
Figure 8.13 Les nerfs optiques et leur trajet.
Le spectre de la
lumière visible
Rayons Rayons
Ondes radio Micro-ondes Rayons X Rayons gamma
infrarouges ultraviolets
Au-delà de son extrémité longue, il y a des ondes Focalisation d'une image sur la rétine
infrarouges (chaleur), des micro-ondes et des ondes radio. Les rayons lumineux réfléchis par un objet sont inclinés
Au-delà de son extrémité courte se situent les ultraviolets (réfractés) par le cristallin lorsqu'ils pénètrent dans l'œil
(UV), les rayons X et les rayons gamma. La lumière UV de la façon indiquée à la figure 8.16 ; mais l'image sur la
n'est pas visible normalement car elle est absorbée par un rétine est en réalité à l'envers (fig. 8.17). Le cerveau s'y
pigment jaune dans le cristallin. Après ablation du adapte précocement au cours de la vie, et les objets sont
cristallin (pour cataracte), celui-ci est généralement ainsi perçus dans « le bon sens ».
remplacé par un cristallin artificiel afin d'éviter que Une réfraction anormale dans l'œil est corrigée en uti-
l'exposition au long cours aux UV ne lèse la rétine. lisant des lentilles biconvexes ou biconcaves, montrées
Une couleur spécifique n'est perçue que si une lon- p. 227.
gueur d'onde est réfléchie par l'objet et que toutes les
autres sont absorbées ; par exemple, un objet apparaît Cristallin
rouge lorsqu'il ne reflète que la lumière rouge. Les objets Le cristallin est une structure biconvexe élastique,
apparaissent blancs quand toutes les longueurs d'ondes transparente, suspendue derrière l'iris par le corps ciliaire
sont réfléchies, noirs quand elles sont toutes absorbées. auquel il est uni par le ligament suspenseur (fig. 8.10).
Afin d'obtenir une vision nette, la lumière réfléchie par C'est la seule structure de l'œil capable de modifier son
les objets dans le champ visuel est focalisée sur la rétine pouvoir de réfraction. Les rayons lumineux pénétrant
de chaque œil. Les processus impliqués dans la production dans l'œil doivent être réfractés pour se focaliser sur la
d'une image nette sont la réfraction des rayons lumineux, la rétine. La lumière venue d'objets distants a besoin d'être
modification de la taille des pupilles, et l'accommodation (ajus- moins réfractée et, quand l'objet se rapproche, la réfraction
tement du cristallin pour la vision de près ; voir p. 216).
Bien que ces processus puissent être considérés comme
séparés, la vision efficace dépend de leur coordination.
Muscle ciliaire
Humeur aqueuse
Cornée
Nerf optique
Cristallin
S
P A Ligament suspenseur
I Corps vitré
Figure 8.17 Coupe de l'œil montrant la focalisation des rayons lumineux sur la rétine. 215
SECTION 2 Communication
nécessaire augmente. Pour focaliser sur la rétine les laires contracte la pupille, celle des fibres radiaires la dilate.
rayons lumineux provenant d'objets proches, le pouvoir La taille de la pupille est contrôlée par le système nerveux
de réfraction du cristallin doit augmenter, par autonome. La stimulation sympathique dilate la pupille ; la
l'accommodation. Pour y parvenir, le muscle ciliaire (un stimulation parasympathique entraîne sa constriction.
sphincter) se contracte, ce qui déplace le corps ciliaire en
dedans vers le cristallin. Cela diminue la traction exercée Accommodation
sur les ligaments suspenseurs, et le cristallin peut ainsi
bomber, ce qui accroît sa convexité et focalise sur la rétine Vision de près
les rayons lumineux (voir fig. 8.18B). Afin de se fixer sur des objets proches, c'est-à-dire à moins
Pour focaliser sur la rétine les rayons lumineux prove- d'environ 6 mètres, l'accommodation est nécessaire, et
nant d'objets distants, le muscle ciliaire se relâche, ce qui l'œil doit faire les ajustements suivants :
accroît sa traction sur les ligaments suspenseurs. Le cristal- • constriction des pupilles ;
lin devient moins épais et cela focalise les rayons lumineux • convergence ;
provenant d'objets distants sur la rétine (voir fig. 8.18A). • modification du pouvoir de réfraction des cristallins.
B Accommodation de l’œil
pour la vision de près Iris
Figure 8.18 Accommodation : action du muscle ciliaire sur la forme du cristallin. A. Vision de loin. B. Vision de près.
216
Les sens CHAPITRE 8
afférent les voies optiques, comme centre le cortex visuel Les cônes sont sensibles à la lumière et aux couleurs.
occipital, et comme versant efférent des fibres corticofuges Une lumière vive est requise pour les activer et procurer
allant aux tubercules quadrijumeaux antérieurs, puis la une vision des couleurs nette. Les longueurs d'onde dif-
région prétectale, et finalement les noyaux oculomoteurs férentes de la lumière visible stimulent les pigments sen-
[III]). Quand le sujet mobilise volontairement ses yeux sibles à la lumière des cônes, entraînant la perception de
pour trouver un objet, il y a un mouvement de fixation couleurs différentes.
volontaire sur l'objet, puis une convergence involontaire
Cécité des couleurs. C'est une affection courante qui
sur l'objet une fois qu'il a été trouvé. Plus l'objet est proche,
atteint davantage les hommes que les femmes. Bien que
plus la convergence est importante ; par exemple, un indi-
les personnes atteintes voient les couleurs, elles ne
vidu fixant un objet près de son nez semble « croiser les
peuvent pas toujours les différencier, les pigments sen-
yeux ». Si la convergence n'est pas complète, les yeux sont
sibles à la lumière (au rouge, vert, bleu) des cônes étant
fixés sur des objets différents ou sur des points différents
anormaux. Il existe différentes formes, mais la plus répan-
d'un même objet. Deux images sont alors perçues par le
due est la cécité des couleurs rouge-vert (NdT : dalto-
cerveau, ce qui peut conduire à une vision double ou
nisme), transmise par un gène récessif lié au sexe (voir
diplopie. Si la convergence ne se fait pas, le cerveau tend à
fig. 17.11, p. 473). Les verts, oranges, rouges et bruns pâles
ignorer des influx provenant de l'œil qui ne converge pas
paraissent tous de la même couleur et ne peuvent être
(voir « Strabisme », p. 226).
distingués que par leur intensité.
Modification du pouvoir de réfraction du cristallin. Les
Adaptation à l'obscurité. Quand elle est exposée à la
modifications de l'épaisseur du cristallin visent à focaliser
lumière vive, la rhodopsine des bâtonnets sensibles est
la lumière sur la rétine afin de permettre une vision nette
complètement dégradée. Cela n'a pas de conséquence sur
de l'objet. L'importance de cette modification, ou accom-
la vision si la lumière est bonne, suffisante pour activer
modation, dépend de la distance entre l'objet regardé et
les cônes. Cependant, si l'individu se déplace dans l'obs-
les yeux ; le cristallin est le plus épais pour la vision de
curité, là où l'intensité de la lumière est insuffisante pour
près, le plus mince pour la vision de loin, c'est-à-dire à
stimuler les cônes, une altération temporaire de la vue en
plus de 6 mètres (fig. 8.18). La vision d'objets proches
résulte pendant que la rhodopsine régénère dans les
fatigue les yeux plus rapidement que celle d'objets éloi-
bâtonnets : adaptation à l'obscurité. Quand la rhodopsine
gnés en raison de l'utilisation continue du muscle ciliaire.
a régénéré, la vue redevient normale.
Avec le vieillissement, le cristallin perd son élasticité et se
Il est plus facile de voir une étoile pâle dans le ciel noc-
durcit, une affection appelée presbytie (p. 222).
turne si la tête est légèrement tournée, car la lumière de
Vision à distance faible intensité est alors focalisée sur une aire de la rétine
Les objets à plus de 6 mètres des yeux ont une image sur où la concentration en bâtonnets est la plus grande. Si le
la rétine sans ajustement des cristallins ni convergence regard est porté directement sur l'étoile pâle, l'intensité
des yeux. de la lumière qu'elle envoie n'est pas suffisante pour sti-
muler les cônes, moins sensibles, situés dans l'aire de la
Fonctions de la rétine macula. Dans la lumière faible du soir, les couleurs ne
La rétine est la partie sensible à la lumière de l'œil. Les peuvent pas être distinguées car l'intensité lumineuse est
cellules nerveuses sensibles à la lumière sont les bâtonnets insuffisante pour stimuler les pigments des cônes sen-
et les cônes ; leur distribution dans la rétine est montrée sibles à la couleur.
dans la figure 8.11A. Les rayons lumineux entraînent des La dégradation et la régénération des pigments visuels
modifications chimiques des pigments sensibles à la des cônes sont semblables à celles des bâtonnets.
lumière dans ces cellules, et ils génèrent des influx
conduits aux lobes occipitaux des hémisphères cérébraux Vision binoculaire
en suivant les voies optiques (NdT : nerfs optiques, La vision binoculaire ou stéréoscopique favorise la vue
chiasma, tractus optiques, radiations optiques) (fig. 8.13). tridimensionnelle, bien que chaque œil voie une scène d'un
Les bâtonnets sont bien plus sensibles à la lumière que angle légèrement différent (fig. 8.19). Il y a un recouvrement
les cônes (voir fig. 8.11), et ils sont donc sollicités en cas de au milieu, mais l'œil gauche voit plus sur la gauche que ce
lumière faible. La stimulation des bâtonnets entraîne une que peut voir l'autre œil, et inversement. Les images des
vision monochrome (en noir et blanc). Les bâtonnets sont deux yeux sont fusionnées dans les hémisphères cérébraux,
nettement plus nombreux que les cônes dans la rétine, le si bien qu'une seule image est perçue.
rapport étant de 16 pour 1. Ils sont aussi plus nombreux La vision binoculaire fournit une bien meilleure éva-
vers la périphérie de la rétine. Le pourpre visuel (la rhodop- luation d'un objet par rapport à un autre, par exemple
sine) est un pigment sensible à la lumière présent seule- de leur distance, de leur profondeur, de leur hauteur et
ment dans les bâtonnets. Il est blanchi (dégradé) par la de leur largeur. Les personnes ayant une vision monocu-
lumière vive, et il est rapidement régénéré, si un apport laire peuvent trouver difficile, par exemple, d'évaluer la
adéquat de vitamine A est disponible. vitesse et la distance d'un véhicule qui se rapproche.
217
SECTION 2 Communication
Œ
lem
il d
seu
roi
t se
he
ulem
auc
Œil g
ent
A P
Tractus optique
Figure 8.19 Parties du champ visuel monoculaire et binoculaire. Nom Action Innervation crânienne
muscles qui bougent les globes oculaires. Les globes Droit Déplace le globe oculaire Nerf oculomoteur
oculaires sont mobilisés par six muscles extrinsèques, supérieur vers le haut (3e nerf crânien)
attachés par une extrémité au globe oculaire et par l'autre Droit Déplace le globe oculaire Nerf oculomoteur
à la paroi de l'orbite. Il y a quatre muscles droits et deux inférieur vers le bas (3e nerf crânien)
muscles obliques (fig. 8.20). Oblique Déplace le globe oculaire Nerf trochléaire
Le mouvement des yeux pour regarder dans une direc- supérieur en bas et en dehors (4e nerf crânien)
tion particulière est sous le contrôle de la volonté, mais la Oblique Déplace le globe oculaire Nerf oculomoteur
coordination du mouvement, nécessaire à la convergence inférieur en haut et en dehors (3e nerf crânien)
et à l'accommodation pour la vision de près ou de loin,
est sous contrôle autonomique (involontaire). Les mouve-
ments des yeux sous l'action de ces muscles sont indiqués
dans le tableau 8.1. • les sourcils ;
• les paupières et les cils ;
Innervation des muscles oculaires • l'appareil lacrymal.
Le tableau 8.1 indique les nerfs qui innervent les muscles
extrinsèques. Le nerf oculomoteur innerve les muscles
intrinsèques de l'iris et du corps ciliaire homolatéraux. Sourcils
Les bords supraorbitaires de l'os frontal dessinent deux
crêtes arquées. De nombreux poils (les sourcils) se
Annexes de l'œil
projettent obliquement depuis la surface de la peau
L'œil est un organe délicat, protégé par plusieurs recouvrant ces crêtes. Ils protègent l'œil de la sueur, de la
structures (fig. 8.21) : poussière et d'autres corps étrangers.
218
Les sens CHAPITRE 8
Nerf optique
Maxillaire • Un réflexe de fermeture des paupières se produit
quand la conjonctive ou les cils sont touchés, quand
Figure 8.21 Coupe de l'œil et de ses structures annexes. un objet vient près de l'œil, ou quand une lumière
vive éclaire l'œil ; c'est appelé réflexe conjonctival
ou cornéen (NdT : l'appellation réflexe cornéen est
Paupières réservée au réflexe déclenché par l'attouchement
Les paupières sont deux replis tissulaires mobilisables de la conjonctive bulbaire ; la fermeture des yeux
au-dessus et au-dessous de la face antérieure de chaque déclenchée par l'approche rapide d'un objet amené
œil. Leur bord libre présente des poils courts et près de l'œil est appelé réflexe de clignement à la
incurvés, les cils. Les couches de tissu formant les menace).
paupières sont : • Un clignement toutes les 3 à 7 secondes fait diffuser
les larmes et les sécrétions huileuses sur la cornée,
• une fine couverture de peau ; empêchant son dessèchement.
• une mince couche de tissu conjonctif sous-cutané Quand le muscle orbiculaire de l'œil se contracte, les
(aréolaire lâche) ;
yeux se ferment. Quand le releveur de la paupière supé-
• deux muscles, l'orbiculaire des paupières et le releveur de rieure se contracte, la paupière supérieure se relève (voir
la paupière supérieure ;
fig. 16.58, p. 451).
• un feuillet muni de tissu conjonctif dense, le tarse,
plus important dans la paupière supérieure (tarse
supérieur) que dans la paupière inférieure (tarse Appareil lacrymal (fig. 8.22)
inférieur), qui soutient les autres structures ;
L'appareil lacrymal consiste, pour chaque œil, en des
• une bordure membraneuse, la conjonctive (NdT : structures qui sécrètent les larmes et les drainent depuis
conjonctive palpébrale).
l'avant du globe oculaire, soit :
• 1 glande lacrymale et ses conduits ;
• 2 canaux lacrymaux ;
Conjonctive
• 1 sac lacrymal ;
C'est une fine membrane transparente bordant les
• 1 canal lacrymonasal.
paupières (NdT : conjonctive palpébrale) et la face
antérieure du globe oculaire (NdT : conjonctive bulbaire) Les glandes lacrymales sont des glandes exocrines
(fig. 8.21). La conjonctive palpébrale consiste en un situées chacune dans un récessus de l'os frontal, à la face
épithélium cylindrique très vascularisé. La conjonctive latérale de l'œil, juste derrière le rebord supra-orbitaire.
bulbaire est un épithélium stratifié avasculaire, c'est-à- Chaque glande a approximativement la taille et la forme
dire un épithélium sans vaisseaux sanguins. Quand les d'une amande ; elle est faite de cellules épithéliales, sécré-
paupières sont closes, la conjonctive forme un sac fermé. toires. Les glandes sécrètent les larmes, faites d'eau, de sels
Elle protège la délicate cornée et la face antérieure de minéraux, d'anticorps (immunoglobulines, voir Ch. 15) et
l'œil. Quand des gouttes oculaires sont instillées, elles de lysozyme, enzyme bactéricide.
sont mises dans le sac conjonctival inférieur (NdT : espace Les larmes quittent la glande lacrymale par plusieurs
virtuel situé entre la paupière inférieure et le globe petits conduits qui s'ouvrent dans le sac conjonctival, et
oculaire). Les angles médial (interne) et latéral (externe) elles forment un film sur la face antérieure de l'œil et
de l'œil, là où les paupières supérieure et inférieure se sous les paupières ; elles sont drainées par deux petits
réunissent, sont appelés respectivement canthus médial et orifices appelés points lacrymaux, situés à l'extrémité
canthus latéral. médiale du bord libre des paupières (un point lacrymal
219
SECTION 2 Communication
Terminaisons
Sinus Bulbe Tractus flement concentre les molécules volatiles vers le toit du
frontal olfactif olfactif
nerveuses nez. Cela accroît le nombre de récepteurs olfactifs stimu-
et nerfs
lés, et par conséquent la perception de l'odeur. L'odorat et
olfactifs
le goût sont en lien étroit ; l'odorat peut influencer l'appé-
tit. Si les odeurs sont plaisantes, l'appétit peut être amé-
lioré, et si elles sont déplaisantes, l'appétit être altéré. La
vue d'un mets appétissant accroît la salivation et stimule
le système digestif (voir Ch. 12). Le sens de l'odorat et le
sens du goût sont étroitement reliés et l'odorat peut créer
des souvenirs puissants de longue durée, en particulier
ceux des odeurs particulières, par exemple ceux d'odeurs
d'hôpital, d'aliments favoris ou peu prisés.
L'inflammation de la muqueuse nasale empêche les
substances odorantes d'atteindre l'aire olfactive du nez,
entraînant la perte de l'olfaction (anosmie). Le rhume com-
mun en est la cause la plus fréquente.
S
Cornet inférieur Adaptation. Quand un individu a été exposé de façon conti-
A P
Cornet moyen nue à une odeur, la perception de cette odeur diminue et
A Cornet supérieur I disparaît en quelques minutes lors d'une nouvelle exposi-
tion. Cette perte de perception ne concerne que cette odeur.
Microvillosités du goût
Cellules gustatives
Bourgeons
du goût
Fibres nerveuses
Figure 8.24 Structure des bourgeons du goût. A. Coupe d'une papille. B. Un bourgeon du goût très agrandi. C. Microscopie à balayage
électronique en couleur d'un bourgeon du goût (au centre) sur la langue.
221
SECTION 2 Communication
est habituellement unilatérale au début, mais les deux Il s'agit d'une masse faite de cellules épithéliales desqua-
oreilles peuvent être atteintes ultérieurement. Sa cause est mées (NdT : infiltrées par du cholestérol, d'où le nom) et
inconnue. La maladie de Ménière se traduit par des épi- de matériel purulent. Le développement du cholestéa-
sodes récidivants de vertige rotatoire violent avec nausées tome peut conduire à :
et vomissements, durant de quelques minutes à plusieurs • la destruction de la chaîne des osselets, et de ce fait à
heures. Les périodes de rémission durent de quelques une perte d'audition ;
jours à plusieurs mois, voire années. Entre les crises, le • l'érosion du toit de l'oreille moyenne, et à une
malade peut présenter en permanence des acouphènes méningite ;
(bourdonnement, tintement) dans l'oreille atteinte (NdT : • l'extension de l'infection à l'oreille interne, pouvant
ces acouphènes s'accentuent souvent avant ou pendant la entraîner une labyrinthite.
crise vertigineuse). Une surdité de perception est présente
pendant les crises, et une atteinte permanente de l'audi-
tion peut se développer progressivement sur des années, Labyrinthite
au fur et à mesure de la destruction de l'organe spiral (de
Corti). Cette complication d'une infection de l'oreille moyenne
peut être due au développement d'une fistule depuis un
Presbyacousie. (Voir p. 222). cholestéatome (NdT : érosion d'une partie du labyrinthe
osseux par le cholestéatome, le plus souvent au niveau du
Infections de l'oreille canal semi-circulaire externe). Elle s'accompagne de
vertiges, de nausées, de vomissements et de nystagmus.
Otite externe
Dans certains cas, l'organe spiral est détruit, entraînant
L'infection par Staphylococcus aureus est la cause habituelle
une surdité nerveuse totale soudaine de l'oreille concernée.
de l'inflammation localisée (furoncle) du conduit auditif.
Quand elle est plus diffuse, l'inflammation peut être due
à l'exposition prolongée à des moisissures, à des bactéries Mal des transports
ou à des champignons, ou à une réaction allergique, par Cela se produit lorsque le cerveau reçoit des informations
exemple à un savon, à une laque pour cheveux ou à une sensorielles conflictuelles. L'information visuelle reçue de
teinture capillaire. l'œil ne correspond pas à celle issue des canaux semi-
circulaires de l'oreille interne concernant la position du
Otite moyenne aiguë corps en relation avec l'environnement. Cela provoque
C'est l'inflammation de la caisse du tympan, due chez certaines personnes des nausées et des vomissements.
habituellement à la diffusion de microbes d'une infection Ce trouble est habituellement associé au voyage, par
respiratoire haute par l'intermédiaire de la trompe auditive. exemple en voiture, en train ou en avion.
Elle est très fréquente chez l'enfant, accompagnée d'otalgie
du côté atteint pouvant être sévère ; l'infection primaire
concerne parfois l'oreille externe, diffusant par une perforation
Troubles de l'œil
de la membrane tympanique.
Objectif pédagogique
L'infection bactérienne entraîne la formation de pus,
qui s'accumule et fait bomber vers l'extérieur la mem- Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
brane tympanique. Celle-ci se perfore parfois spontané- capable :
ment, et du pus s'écoule de l'oreille moyenne (otorrhée
■ dedécrire les modifications anatomiques des
purulente). L'infection peut s'étendre, entraînant une maladies de l'œil et leurs effets.
mastoïdite, ou une labyrinthite (voir ci-dessous). Comme la
partie pétreuse de l'os temporal est mince, l'infection peut
traverser l'os et entraîner une méningite (p. 196), un ou
plusieurs abcès du cerveau.
Pathologies inflammatoires
Otite moyenne chronique Orgelet – Chalazion
Cette affection comporte une perforation permanente de L'orgelet est l'infection bactérienne aiguë et douloureuse
la membrane tympanique, succédant à une otite moyenne des glandes sébacées annexées à un follicule ciliaire du
aiguë (en particulier si elle est récidivante, persistante ou bord palpébral (orgelet externe, ou furoncle de la
non traitée), ou due à un traumatisme mécanique, ou à paupière) ou rarement des glandes tarsales (NdT : orgelet
un effet de souffle (explosion). Pendant le processus de interne). L'organisme le plus souvent en cause est
guérison, un épithélium stratifié provenant de l'oreille Staphylococcus aureus. Le chalazion est une tuméfaction
externe (NdT : passant par la perforation) se développe granulomateuse d'une glande tarsale succédant au
parfois dans l'oreille moyenne, formant un cholestéatome. blocage de son canal, le plus souvent par inflammation.
224
Les sens CHAPITRE 8
Rétinite pigmentaire
Il s'agit d'un syndrome héréditaire caractérisé par une
dégénérescence de la rétine touchant principalement les
bâtonnets, avec pigmentation. La baisse progressive de la
vision périphérique, particulièrement en lumière faible,
devient habituellement apparente au début de l'enfance,
Emmétropie
entraînant une vision tunnellaire (NdT : vision centrale) A (vision normale)
et finalement une cécité.
Tumeurs
Mélanome choroïdien malin
C'est la plus fréquente des tumeurs malignes de l'œil chez
les adultes ; elle survient le plus souvent entre 40 et 70 ans.
La vision n'est pas atteinte sauf si la tumeur entraîne un
décollement de la rétine ou un glaucome secondaire,
habituellement à un stade avancé. La tumeur s'étend
localement dans la choroïde ; les métastases, par voie B Myopie C Hypermétropie
Lentille Lentille
Rétinoblastome
divergente convergente
C'est la tumeur maligne la plus fréquente chez les enfants.
Un petit nombre de cas sont familiaux. La tumeur est
habituellement évidente avant l'âge de 4 ans ; elle est
habituellement unilatérale. Elle se traduit par un strabisme
et par une augmentation de taille du globe oculaire. Avec
la croissance tumorale, une altération de la vision se
développe, et il est noté un reflet blanc dans la pupille. Myopie corrigée avec une Hypermétropie corrigée avec une
La tumeur s'étend localement au corps vitré ; elle peut D lentille divergente, concave E lentille convergente, convexe
croître le long du nerf optique et envahir le cerveau.
Figure 8.27 Troubles de la réfraction fréquents et lentilles
correctrices. A. Œil normal. B. Myopie. C. Hypermétropie.
Troubles de la réfraction D. Correction de la myopie. E. Correction de la presbytie.
Objectif pédagogique
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être En cas d'hypermétropie, les rayons lumineux venant
capable de : d'un objet proche convergent en arrière de la rétine car
le globe oculaire est trop court (fig. 8.27C). Les objets dis-
■ décrire les lentilles correctrices utilisées pour
corriger les troubles de réfraction.
tants sont focalisés normalement, mais la vision de près
est floue. Une lentille biconvexe corrigera cette anomalie
(fig. 8.27E).
L'astigmatisme correspond à une courbure anormale
Dans l'œil emmétrope, normal, la lumière venant des objets
d'une partie de la cornée ou du cristallin. Cela entrave le
proches ou distants est focalisée sur la rétine (fig. 8.27).
trajet de la lumière à travers l'œil et empêche la focali-
En cas de myopie, le globe oculaire est trop long, et les
sation de la lumière sur la rétine, provoquant une vision
objets distants sont focalisés devant la rétine (fig. 8.27B).
floue. La correction requiert des lentilles cylindriques.
Les objets proches sont focalisés normalement, mais la
Une hypermétropie, une myopie et une presbytie peuvent
vision de loin est floue. La correction est obtenue en utili-
coexister.
sant une lentille biconcave (fig. 8.27D).
227
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CHAPITRE
9
Système endocrinien
Glande pituitaire et hypothalamus 231 Affections de la glande pituitaire 244
Antéhypophyse 231 Hypersécrétion des hormones antéhypophysaires 244
Posthypophyse 234 Hyposécrétion d'hormones antéhypophysaires 245
Glande thyroïde 236 Affections de la posthypophyse 245
Le système endocrinien est fait de glandes largement dis- décrite au chapitre 5. En plus des principales glandes
tantes les unes des autres, sans connexions physiques endocrines montrées dans la figure 9.1, beaucoup d'autres
(fig. 9.1). Les glandes endocrines sont des groupes de organes et tissus sécrètent aussi des hormones en tant que
cellules sécrétrices, entourées par un réseau étendu fonction secondaire. Par exemple, le tissu adipeux sécrète
de capillaires facilitant la diffusion des hormones (messa- de la leptine (p. 303), impliquée dans la régulation de l'ap-
gers chimiques) des cellules sécrétrices au sang circulant. pétit ; le cœur sécrète du peptide auriculaire natriurétique
Elles sont aussi appelées glandes sans canaux car les hor- (ANP, p. 104), qui agit sur les reins. D'autres hormones ne
mones sont sécrétées directement dans le sang, par lequel circulent pas vers des organes, mais agissent localement,
elles diffusent. Puis les hormones sont transportées par le par exemple les prostaglandines.
sang à un autre organe (organe ou tissu cible), probable- Les glandes endocrines sont traitées dans les premières
ment tout à fait éloigné, dont elle influence la croissance sections de ce chapitre. Certaines hormones locales sont
cellulaire et le métabolisme. brièvement passées en revue à la page 242. Les change-
L'homéostasie du milieu intérieur est maintenue en ments des fonctions endocriniennes accompagnant le
partie par le système nerveux autonome, et en partie par vieillissement sont détaillés. Les problèmes qui se pro-
le système endocrinien. Le système nerveux autonome est duisent en cas d'anomalies sont habituellement dus à
impliqué dans des échanges rapides, alors que le contrôle l'hyper- ou à l'hypoactivité des glandes endocrines ; ils
endocrinien est principalement impliqué dans des ajuste- sont expliqués dans les dernières sections de ce chapitre.
ments plus lents et plus précis.
Bien que l'hypothalamus soit classé comme une partie Vue d'ensemble de l'action hormonale
du cerveau plutôt que comme une glande endocrine, il Quand une hormone atteint sa cellule cible, elle se lie à
contrôle la glande pituitaire (hypophyse) et il a un effet un récepteur spécifique, où elle agit comme un commutateur
indirect sur beaucoup d'autres glandes. déclencheur des réactions chimiques ou métaboliques à
Les ovaires et les testicules sécrètent après la puberté l'intérieur de la cellule. Les récepteurs des hormones
les hormones du système de reproduction. Leurs fonc- hydrosolubles sont situés sur la membrane cellulaire,
tions sont décrites dans le chapitre 18. Le placenta, qui ceux des hormones liposolubles sont situés à l'intérieur
permet de nourrir le fœtus en développement durant de la cellule. Des exemples en sont donnés dans
la grossesse, a également une fonction endocrinienne, l'encadré 9.1.
Glandes
parathyroïdes
(derrière la Thymus
thyroïde)
Cœur
Estomac
Glande surrénale
Tissu adipeux
Îlots pancréatiques
(de Langerhans)
Reins
Ovaires chez
la femme
Testicules
chez l’homme
Hypothalamus
Le taux d'une hormone dans le sang est variable, et
autorégulé à l'intérieur des limites de la normale. Une
hormone est libérée en réponse à un stimulus spécifique,
et habituellement son action inverse ou négative le stimu- Glande pituitaire
lus par un mécanisme de rétroaction négative (voir p. 6) (ou dans la fosse
de « rétrocontrôle » négatif). Cela peut être contrôlé soit hypophysaire
indirectement par libération d'hormone par l'hypothala-
Pont
mus et l'antéhypophyse, ce qui est par exemple le cas des
hormones stéroïdiennes et des hormones thyroïdiennes,
soit directement par le taux sanguin du stimulus, ce qui
est par exemple le cas de l'insuline et du glucagon, et
déterminé par les taux de glucose plasmatique. Sinus Os
Un mécanisme de rétroaction positive a pour effet d'am- sphénoïdal sphénoïde
plifier la libération de l'hormone jusqu'à ce qu'un proces-
Figure 9.2 Coupe médiane montrant la position de la glande
sus particulier soit terminé et que le stimulus soit arrêté, pituitaire et structures associées.
ce qui est par exemple le cas de la libération d'ocytocine
pendant le travail (p. 7), lors de l'accouchement.
pharynx, et la posthypophyse (neurohypophyse) est un
prolongement du tissu nerveux cérébral. Un réseau de
fibres nerveuses est présent entre l'hypothalamus et la
Glande pituitaire posthypophyse.
et hypothalamus
Vascularisation
Objectifs pédagogiques
Sang artériel. Il est amené par des branches de l'artère
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être carotide interne. Le lobe antérieur est vascularisé indirec-
capable : tement par du sang ayant déjà traversé un lit capillaire
dans l'hypothalamus, mais le lobe postérieur est vascula-
■ de décrire la structure de l'hypothalamus et de la
risé directement.
glande pituitaire ;
■ d'expliquer l'influence de l'hypothalamus sur les
Sang veineux. Contenant les hormones issues des deux
lobes de la glande pituitaire ; lobes, le sang veineux quitte la glande par des veines
courtes, qui gagnent des sinus veineux entre les couches
■ d'indiquer les actions des hormones sécrétées par les de la dure-mère.
lobes antérieur et postérieur de la glande pituitaire.
Noyau Noyau
paraventriculaire supra-optique
Neurones
S
présynaptiques
A P
Troisième
ventricule
Hypothalamus
Vésicules
contenant
les hormones
hypothalamiques :
Tige pituitaire
ADH et ocytocine
Faisceau Système
hypothalamo- porte pituitaire
hypophysaire
Lobe
postérieur Lobe antérieur
Capillaires
dans le lobe
postérieur
Lobe Post-hypophyse Pituicyte
intermédiaire
A B Terminaison axonale
Figure 9.3 Glande pituitaire. A. Les lobes de la glande pituitaire et leurs relations avec l'hypothalamus. B. Synthèse et stockage de l'hormone
antidiurétique (ADH) et de l'ocytocine.
l'hypothalamus (fig. 9.3A). Ce réseau de vaisseaux sanguins quand le taux de l'hormone dans le sang irriguant l'hypo-
forme une partie du système porte pituitaire, qui transporte thalamus est bas, l'hormone de libération appropriée est
du sang de l'hypothalamus à l'antéhypophyse, où il entre produite, qui stimule la libération par l'antéhypophyse
dans des sinusoïdes à paroi fine, qui sont en contact étroit d'une hormone trophique. Celle-ci stimule à son tour la
avec les cellules sécrétrices. En même temps qu'il fournit glande cible, qui produit et sécrète son hormone. Il en
de l'oxygène et des nutriments, ce sang transporte des résulte une élévation du taux sanguin de cette hormone,
hormones de libération et des hormones inhibitrices sécrétées qui inhibe la sécrétion du facteur de libération par l'hypo-
par l'hypothalamus. Ces hormones influencent thalamus (fig. 9.4).
spécifiquement la sécrétion et la libération d'autres
hormones synthétisées dans l'antéhypophyse (tableau 9.1). Hormone de croissance (GH)
Certaines des hormones sécrétées par le lobe antérieur C'est l'hormone la plus abondante de celles sécrétées par
stimulent ou inhibent la sécrétion d'autres glandes endo- l'antéhypophyse. Elle stimule la croissance et la division
crines (glandes cibles), alors que d'autres hormones ont de la plupart des cellules corporelles, mais en particulier
un effet direct sur des tissus cibles. Le tableau 9.1 résume celles des os et celles des muscles squelettiques. La
les principales relations entre les hormones de l'hypotha- croissance corporelle en réponse à la sécrétion de GH est
lamus, de l'antéhypophyse, et des glandes ou des tissus évidente durant l'enfance et l'adolescence ; ensuite, la
cibles. sécrétion de GH maintient la masse des os et des muscles
La sécrétion d'une hormone antéhypophysaire succède squelettiques. Elle contrôle aussi certains métabolismes
à la stimulation de la glande par une hormone de libération dans de nombreux organes, par exemple le foie, l'intestin
spécifique produite par l'hypothalamus et transportée à et le pancréas ; elle stimule la synthèse protéique, en
l'adénohypophyse par le système des vaisseaux portes particulier la croissance et la réparation tissulaires ;
(voir ci-dessus). L'ensemble du système est contrôlé par favorise le catabolisme des graisses ; et augmente le taux
un mécanisme de rétroaction négative (Ch. 1). Cela étant, sanguin du glucose (voir Ch. 12).
232
Système endocrinien CHAPITRE 9
– Hypothalamus +
Tableau 9.1 Hormones de l'hypothalamus,
(détecteur)
de l'antéhypophyse, et leurs tissus cibles
Ovaires et testicules
taux sanguin d'ACTH s'élève (fig. 9.4). L'hypoglycémie, Chez la femme. LH et FSH sont impliquées dans la
l'exercice et d'autres facteurs de stress tels que les émo- sécrétion des estrogènes et de la progestérone durant le cycle
tions et la fièvre stimulent la sécrétion. menstruel (voir fig. 18.9 et 18.10, p. 484 et 485). Quand le
taux sanguin d'estrogènes ou de progestérone s'élève, la
Prolactine sécrétion de LH ou de FSH est inhibée.
Cette hormone est sécrétée durant la grossesse pour
Chez l'homme. La LH, également appelée ICSH (intersi-
préparer les seins à la lactation (production de lait) après
tial cell stimulating hormone : hormone stimulant la cellule
l'accouchement. La sécrétion de prolactine est stimulée
interstitielle), stimule la sécrétion de testostérone par les
par la PRH (prolactin releasing hormone : hormone libérant
cellules interstitielles (voir Ch. 18).
la prolactine) sécrétée par l'hypothalamus, et elle est
Le tableau 9.2 résume les sécrétions hormonales de
inhibée par la PIH (prolactin inhibiting hormone : hormone
l'antéhypophyse.
inhibant la sécrétion de prolactine, ou dopamine) ainsi que
par l'élévation du taux sanguin de prolactine. Immé
diatement après la naissance, la succion du sein stimule Posthypophyse
la sécrétion de prolactine, et la lactation. Le taux sanguin La posthypophyse est formée de tissu nerveux, constituée
élevé qui en résulte est un facteur de réduction de de cellules nerveuses entourées de cellules de soutien
l'incidence de la conception durant la lactation. appelées pituicytes. Ces neurones ont leur corps cellulaire
La prolactine, de même que les estrogènes, les cor- dans les noyaux supraoptiques et paraventriculaires de
ticoïdes, l'insuline et la thyroxine, est impliquée dans l'hypothalamus, et leur axone est constitutif du faisceau
l'initiation et le maintien de la lactation. La sécrétion de hypothalamo-hypophysaire (fig. 9.3A). Les hormones pos-
prolactine est en relation avec le sommeil, s'élevant pen- thypophysaires sont synthétisées dans le corps cellulaire
dant toute période de sommeil, nocturne ou diurne. des cellules nerveuses ; elles sont transportées le long des
axones, et stockées dans des vésicules situées dans les
Gonadotrophines
terminaisons axonales de la posthypophyse (fig. 9.3B).
Juste avant la puberté, deux gonadotrophines (hormones
Les influx nerveux provenant de l'hypothalamus
sexuelles) sont sécrétées en quantités progressivement
déclenchent l'exocytose des vésicules, ce qui libère les
accrues par l'antéhypophyse en réponse à la LHRH (lutei-
hormones dans la circulation sanguine.
nising hormone releasing hormone : hormone libérant l'hor-
La structure de la posthypophyse et ses relations avec
mone lutéinisante), appelée aussi GnRH (gonadotrophin
l'hypothalamus sont expliquées p. 231. L'ocytocine et
releasing hormone : hormone libérant la gonadotrophine).
l'hormone antidiurétique (ADH, ou vasopressine) sont des
Les taux de sécrétion accrue de ces hormones au moment
hormones libérées par les terminaisons axonales dans la
de la puberté permettent la maturité du fonctionnement
posthypophyse (fig. 9.3B). Ces hormones agissent directe-
des organes de la reproduction dans les deux sexes. Les
ment sur des tissus non endocriniens.
hormones concernées sont :
• la FSH (follicle stimulating hormone : hormone stimulant Ocytocine
le follicule) ; L'ocytocine stimule deux cibles tissulaires pendant et
• la LH (luteinising hormone : hormone lutéinisante). après l'accouchement (naissance) : le muscle lisse utérin,
et les cellules musculaires du sein en lactation.
Dans les deux sexes. La FSH stimule la production des Pendant l'accouchement, des quantités croissantes
gamètes (ovules ou spermatozoïdes) par les gonades. d'ocytocine sont libérées par la posthypophyse dans le
Hormone Fonction
Hormone de croissance (GH) Contrôle le métabolisme, favorise la croissance tissulaire, en particulier des os et des muscles
Hormone stimulant la thyroïde (TSH) Stimule la croissance et l'activité de la glande thyroïde, et la sécrétion de T3 et de T4
Hormone adrénocorticotrophique (ACTH) Stimule la sécrétion des glucocorticoïdes par le cortex surrénal
Hormone stimulant le follicule (FSH) Stimule la production du sperme dans les testicules ; stimule la sécrétion des estrogènes par
les ovaires, la maturation des follicules ovariens, l'ovulation
Hormone lutéinisante (LH) Stimule la sécrétion de la testostérone par les testicules ; stimule la sécrétion de
progestérone par le corps jaune
234
Système endocrinien CHAPITRE 9
courant sanguin en réponse à la stimulation croissante, Les taux d'ocytocine augmentent durant les rapports
par la tête du bébé qui les dilate progressivement, des sexuels chez l'homme et la femme. Cela accroît la contrac-
récepteurs sensibles à l'étirement situés dans le col utérin. tion du muscle lisse, qui est associée à la sécrétion glan-
Des impulsions sont générées et voyagent vers le centre dulaire et à l'éjaculation chez l'homme. Chez la femme,
de contrôle dans l'hypothalamus, stimulant la posthy- la contraction du muscle lisse dans le vagin et l'utérus
pophyse à libérer plus d'ocytocine. Celle-ci stimule à favorise le déplacement du sperme vers les trompes uté-
son tour des contractions utérines plus puissantes, et un rines. L'odeur de l'ocytocine pourrait être impliquée dans
étirement du col utérin plus grand à mesure que la tête la reconnaissance sociale et l'attachement (entre une mère
du bébé est poussée vers l'avant. C'est là un exemple de et un nouveau-né).
mécanisme de rétroaction positive, qui s'arrête peu après
l'expulsion du bébé, la distension du col utérin étant Hormone antidiurétique (ADH, vasopressine)
grandement réduite (fig. 9.5). L'hormone antidiurétique a pour principal effet de réduire
Le processus d'éjection du lait maternel implique éga- la diurèse (la diurèse est l'élimination d'urine). L'ADH
lement un mécanisme de rétroaction positive. La succion agit sur les tubes contournés distaux et les tubes collecteurs
du sein génère des impulsions sensitives transmises du des néphrons des reins (Ch. 13). Cela augmente leur
sein à l'hypothalamus. Ces impulsions déclenchent la perméabilité à l'eau et davantage de filtrat glomérulaire
libération d'ocytocine par la posthypophyse. Lorsqu'elle est réabsorbé. La sécrétion d'ADH est déterminée par la
atteint le sein allaitant, l'ocytocine stimule la contraction pression osmotique du sang circulant au niveau des
des conduits lactifères et des cellules myoépithéliales osmorécepteurs de l'hypothalamus.
autour des cellules glandulaires, éjectant du lait. La suc- Quand la pression osmotique s'élève, comme cela
cion inhibe aussi la libération de l'hormone inhibant la s'observe par exemple en cas de déshydratation, la sécré-
sécrétion de prolactine (PIH), prolongeant ainsi la sécrétion tion d'ADH augmente. Davantage d'eau est par consé-
de prolactine et la lactation. quent résorbée, et la quantité d'urine émise diminue.
Cela signifie que l'organisme retient davantage d'eau, et
Lors du travail, les contractions utérines l'élévation de la pression osmotique est alors annulée.
poussent la tête du bébé dans le col utérin Inversement, quand la pression osmotique du sang est
+ basse, par exemple après ingestion d'une grande quantité
de liquide, la sécrétion d'ADH diminue, moins d'eau est
Récepteurs d’étirement + résorbée par le rein et plus d'urine est émise (fig. 9.6).
dans le col utérin
(détecteur)
À haute concentration, par exemple après une perte de
sang élevée, l'ADH détermine la contraction du muscle
lisse, en particulier la vasoconstriction des petites artères.
Impulsions nerveuses
Augmentation de la
pression artérielle osmotique
Hypothalamus
et post-hypohyse Plus grande +
(centre de contrôle) stimulation – Osmorécepteurs dans
l’hypothalamus
Libération d’ocytocine
+
Stimulation de la
posthypophyse
Muscle lisse utérin
(effecteur)
Augmentation de
Inhibition
la sécrétion d’ADH
Des contractions plus fortes poussent
la tête du bébé plus avant dans le col utérin Augmentation de la réabsorption
de l’eau par les reins
Figure 9.5 Régulation de la sécrétion d'ocytocine par un Figure 9.6 Régulation par rétroaction négative de la sécrétion
mécanisme de rétroaction positive. de l'hormone antidiurétique (ADH).
235
SECTION 2 Communication
Il en résulte une élévation de la pression artérielle systé- La vascularisation artérielle de la glande est le fait des
mique (effet presseur de l'ADH) ; l'autre nom de l'ADH, artères thyroïdiennes supérieure et inférieure, de chaque
celui de vasopressine, traduit bien cet effet. côté. L'artère thyroïdienne supérieure est une collatérale
de l'artère carotide externe, et l'artère thyroïdienne infé-
rieure est une collatérale de l'artère subclavière.
Glande thyroïde (fig. 9.7) Le retour veineux se fait par les veines thyroïdiennes,
qui se drainent dans les veines jugulaires internes.
Objectifs pédagogiques Le nerf laryngé récurrent passe de chaque côté près
du lobe thyroïdien et, surtout à droite, il est proche de
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
l'artère thyroïdienne inférieure (voir fig. 9.10).
La glande est faite de follicules globalement sphériques
■ de décrire la position de la glande thyroïde et des composés d'épithélium cubique (voir fig. 9.9). Ceux-ci
structures voisines d'elle ; sécrètent et stockent la colloïde, matériel protéique gluant.
■ de décrire la structure microscopique de la glande Entre les follicules, d'autres cellules isolées ou en petits
thyroïde ; groupements sont présentes : les cellules parafolliculaires,
■ d'indiquer les actions des hormones thyroïdiennes ;
appelées aussi cellules C, qui sécrètent une hormone, la
calcitonine.
■ d'expliquer comment les taux sanguins des
hormones thyroïdiennes T3 et T4 sont régulés.
Thyroxine et triiodothyronine
L'iode est essentiel pour la formation des hormones
thyroïdiennes, la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3),
La glande thyroïde est située dans le cou, devant le numérotées ainsi car ces molécules contiennent quatre et
larynx et la trachée, à hauteur des 5e, 6e et 7e vertèbres trois atomes de l'élément iode respectivement. Les
cervicales et de la 1re vertèbre thoracique. Il s'agit d'une principales sources de l'iode sont les fruits de mer, les
glande hautement vascularisée, pesant environ 25 g, légumes ayant poussé sur un sol riche en iode, et le sel
entourée d'une capsule fibreuse. Elle a la forme d'un de table iodé. La glande thyroïde prélève sélectivement
papillon, avec deux lobes, un de chaque côté du cartilage l'iode du sang, processus appelé piégeage de l'iode.
thyroïde et des anneaux cartilagineux supérieurs de la Les hormones thyroïdiennes sont synthétisées sous la
trachée. Ces lobes sont réunis par un isthme étroit, forme d'un volumineux précurseur appelé thyroglobuline,
siégeant devant la trachée. qui est le principal constituant de la colloïde. La libération
Les lobes, grossièrement en forme de cône, ont environ de T3 et de T4 dans le sang est stimulée par la TSH (thy-
5 cm de long et 3 cm de large. roid stimulating hormone : hormone stimulant la thyroïde)
sécrétée par l'antéhypophyse.
La sécrétion de la TSH est stimulée par la TRH (thy-
S
Artère rotrophin releasing hormone : hormone libérant la TSH)
carotide D G sécrétée par l'hypothalamus, et la sécrétion de la TRH est
externe droite
I stimulée par l'exercice, le stress, la malnutrition, le taux
Artère
thyroïdienne Cartilage plasmatique bas du glucose et le sommeil. Le taux de
supérieure thyroïde sécrétion de la TSH dépend du taux plasmatique de T3
droite et de T4, car ce sont ces hormones qui contrôlent la sensi-
Veines allant bilité de l'antéhypophyse à la TRH. Par le mécanisme de
à la veine Lobe
rétroaction négative, un taux élevé de T3 et de T4 abaisse
jugulaire interne gauche
de la glande la sécrétion de la TSH ; un taux bas l'élève (fig. 9.8). Le
droite
thyroïde déficit d'apport en iode augmente grandement la sécré-
Artère
thyroïdienne Isthme tion de TSH, ce qui entraîne une prolifération des cel-
inférieure droite de la lules thyroïdiennes et un grossissement de la glande
glande
thyroïde (goitre, voir fig. 9.16). La sécrétion de T3 et de T4 débute
Veines
thyroïdiennes vers le troisième mois de la vie fœtale, et elle augmente
Trachée
inférieures à la puberté, ainsi que chez les femmes en âge de pro-
Artère créer, en particulier durant la grossesse. Par ailleurs, elle
Artère
subclavière carotide reste tout à fait constante tout au long de la vie. Parmi les
droite commune deux hormones thyroïdiennes, la T4 est bien plus abon-
gauche dante. Cependant, elle est moins puissante que la T3,
(coupée)
celle-ci étant plus importante sur le plan physiologique.
Figure 9.7 Siège de la glande thyroïde et structures voisines. La majeure partie de la T4 est convertie en T3 à l'intérieur
Vue antérieure. de cellules cibles.
236
Système endocrinien CHAPITRE 9
Les hormones thyroïdiennes pénètrent dans les T3 et T4 interviennent dans la plupart des cellules cor-
noyaux cellulaires et contrôlent l'expression de gènes, porelles :
c'est-à-dire qu'elles augmentent ou diminuent la synthèse • en accroissant le métabolisme de base et la production
de protéines. Elles stimulent les effets d'autres hormones, de chaleur ;
par exemple de l'adrénaline et de la noradrénaline. • en contrôlant le métabolisme des hydrates de carbone,
des protéines et des graisses.
Exercice, stress, malnutrition,
taux bas de glucose sanguin, sommeil T3 et T4 sont nécessaires à la croissance et au développe-
+ ment normaux, en particulier du squelette et du système
– + nerveux. La plupart des autres organes et systèmes sont
Hypothalamus également influencés par les hormones thyroïdiennes.
Les effets physiologiques de T3 et de T4 sur le cœur, les
muscles squelettiques, la peau, les systèmes digestif et de
Hormone de libération de la TSH reproduction sont les plus nets quand la glande thyroïde
(TRH) est hyper- ou hypo-active. Ces effets peuvent être pro-
fonds durant l'enfance (tableau 9.3).
– Lobe antérieur
de la glande pituitaire
Calcitonine
Cette hormone est sécrétée par les cellules parafolliculaires,
ou cellules C, de la thyroïde (fig. 9.9). Elle abaisse le taux
Hormone stimulant de calcium (Ca2+) sanguin quand celui-ci est élevé en
la thyroïde (TSH) agissant sur :
• les cellules osseuses, favorisant le stockage de
calcium ;
Inhibition Glande thyroïde Stimulation
• les tubules rénaux, inhibant la réabsorption du
calcium.
Thyroxine (T4)
Triiodothyronine (T3)
Cellules
parafolliculaires
Élévation du taux sanguin de T3 et de T4 Follicules remplis
de colloïde
Vaisseaux
sanguins
Utilisation des hormones
par la plupart des cellules corporelles Épithélium cuboïdal
(cellules folliculaires)
Tissu conjonctif
Abaissement du taux sanguin interlobulaire
de T3 et de T4
237
SECTION 2 Communication
Ses effets sont opposés à ceux de l'hormone parathy- La principale fonction de la PTH est d'accroître le taux
roïdienne (PTH, parathormone), hormone sécrétée par les du calcium sanguin quand il est bas. Cela est obtenu en
glandes parathyroïdes. La libération de la calcitonine est augmentant la quantité de calcium absorbée dans l'intes-
stimulée par l'augmentation du taux de calcium sanguin. tin grêle et celle réabsorbée dans le tubule rénal. Si cela
Cette hormone est importante pendant l'enfance, est insuffisant, la PTH stimule les ostéoclastes (cellules
quand les os présentent d'importantes modifications de détruisant l'os), et de ce fait la libération dans le sang de
taille et de forme. calcium par l'os.
La parathormone et la calcitonine thyroïdienne
agissent de façon complémentaire pour maintenir le taux
Glandes parathyroïdes du calcium sanguin dans les limites de la normale. Cela
est nécessaire à :
Objectifs pédagogiques
• la contraction musculaire ;
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être • la transmission de l'influx nerveux ;
capable : • la coagulation sanguine ;
■ de décrire la position et l'aspect macroscopique des
• l'action normale de nombreuses enzymes.
parathyroïdes ;
■ d'indiquer les fonctions de l'hormone
parathyroïdienne et de la calcitonine ; Glandes surrénales
■ d'expliquer comment les taux sanguins de
Objectifs pédagogiques
l'hormone parathyroïdienne et de la calcitonine
sont contrôlés. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
■ de décrire la structure des glandes surrénales ;
Il y a quatre petites glandes parathyroïdes, chacune ■ d'indiquer
les actions de chacun des trois groupes
pesant environ 50 mg. Deux d'entre elles sont enchâssées d'hormones surrénaliennes ;
dans la face postérieure de chaque lobe de la glande
■ d'expliquer comment le taux sanguin des
thyroïde (fig. 9.10). Elles sont entourées chacune par une
glucocorticoïdes est contrôlé ;
fine capsule de tissu conjonctif qui contient des cellules
sphériques, disposées en colonnes entre lesquelles se ■ de décrire les effets de l'adrénaline et de la
trouvent des sinusoïdes contenant du sang. noradrénaline ;
■ d'indiquer comment les surrénales répondent au
Fonction stress.
Les glandes parathyroïdes sécrètent l'hormone parathyroï-
dienne (PTH, parathormone). La sécrétion est régulée par
le taux du calcium sanguin. Quand celui-ci chute, la sécré-
tion de PTH s'accroît, et inversement. Les deux glandes surrénales sont situées au pôle supérieur
de chaque rein, incluses dans le fascia rénal (fig. 9.1). Elles
ont environ 4 cm de long et 3 cm d'épaisseur.
Pharynx Lobe droit
Les glandes reçoivent du sang artériel par des collaté-
S de la glande rales de l'aorte abdominale et des artères rénales.
thyroïde Le retour veineux se fait par les veines surrénales. La
G D
glande droite se draine dans la veine cave inférieure, la
2 glandes
I gauche dans la veine rénale gauche.
parathyroïdes
Veine supérieures Chaque glande comporte deux parties, dont la struc-
thyroïdienne ture et les fonctions sont différentes. Le cortex est la partie
moyenne gauche 2 glandes extérieure, la médullaire la partie intérieure. Le cortex sur-
Artère parathyroïdes
rénal est indispensable à la vie, la médullaire ne l'est pas.
thyroïdienne inférieures
inférieure gauche
Nerfs laryngés
Œsophage Corticosurrénale
récurrents La corticosurrénale produit trois groupes d'hormones sté-
droit et gauche
roïdiennes à partir du cholestérol. Elles sont appelées col-
Figure 9.10 Position des glandes parathyroïdes et structures lectivement adrénocorticoïdes (corticostéroïdes, corticoïdes).
voisines vues par derrière. Ce sont :
238
Système endocrinien CHAPITRE 9
Réponse au stress
protéine plasmatique produite par le foie, en angiotensine 1. Quand l'organisme est soumis à un stress, l'homéostasie
L'enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA), formée est perturbée. Pour la restaurer et, dans certains cas, pour
en petite quantité dans les poumons, le tubule rénal maintenir la vie, des réponses immédiates et éventuelle
proximal et d'autres tissus, convertit l'angiotensine 1 en ment à plus long terme sont nécessaires. L'exercice, le
angiotensine 2, qui stimule la sécrétion d'aldostérone. jeûne, la peur, les modifications de la température,
L'angiotensine 2 entraîne une vasoconstriction, et élève l'infection et les situations émotionnelles sont responsables
ainsi la pression artérielle, ce qui clôt la boucle de rétroac- de stress.
tion négative (fig. 9.12). La réponse immédiate est dite parfois préparatrice au
combat ou à la fuite (p. 188). Elle est médiée par le sys-
Hormones sexuelles tème nerveux sympathique, et ses principaux éléments
Les hormones sexuelles sécrétées par la corticosurrénale sont indiqués dans la figure 9.13.
sont principalement des androgènes (hormones sexuelles À plus long terme, l'ACTH sécrétée par l'antéhypophyse
mâles), mais les quantités produites sont insignifiantes stimule la libération de glucocorticoïdes et de minéralo-
comparées à celles sécrétées par les testicules en fin de corticoïdes par le cortex surrénal, ce qui provoque une
puberté et à l'âge adulte (voir Ch. 18). réponse au stress plus durable (fig. 9.13).
240
Système endocrinien CHAPITRE 9
STRESS
(menaçant l’homéostasie)
Hypothalamus
Libération de CRH
Centres Anté-
sympathiques hypophyse
Sécrétion d’ACTH
Figure 9.13 Réponses à des stress menaçant l'homéostasie. ACTH = hormone adrénocorticotrophique. CRH = hormone libérant la
corticotrophine.
qu'ils favorisent le stockage des nutriments. Quand les Le corps pinéal (NdT : glande pinéale, ou épiphyse) est un
nutriments, en particulier le glucose, dépassent les besoins petit corps rattaché au toit du troisième ventricule, avec
immédiats, l'insuline déclenche leur mise en réserve : lequel il est connecté par une courte tige contenant des nerfs
• en agissant sur les membranes cellulaires et en stimulant dont beaucoup se terminent dans l'hypothalamus. Le corps
la prise de glucose par les cellules du muscle et du tissu pinéal a environ 10 mm de long ; sa couleur est brun rouge ;
conjonctif, glucose dont elle accroît l'utilisation ; il est entouré par une capsule. La glande tend à s'atrophier
• augmentant la conversion du glucose en glycogène
en après la puberté, et peut se calcifier en fin de vie.
(glycogenèse), en particulier dans le foie et les muscles
squelettiques ; Mélatonine
C'est la principale hormone sécrétée par le corps pinéal.
• accélérant la prise d'acides aminés par les cellules,
en
et la synthèse de protéines ; Sa sécrétion est contrôlée par la lumière du jour et la
pénombre ; son niveau fluctue sur chaque période de
• favorisant la synthèse d'acides gras et le stockage
en
de graisses dans le tissu adipeux (lipogenèse) ; 24 heures, étant le plus élevé la nuit et le plus bas vers
midi. Sa sécrétion est aussi influencée par le nombre
• diminuant la glycogénolyse (dégradation du
en
glycogène en glucose) ; d'heures de jour, c'est-à-dire par les variations saisonnières.
Bien que ses fonctions ne soient pas entièrement connues,
• entravant le catabolisme des protéines et des
en
graisses, et la néoglucogenèse (formation de sucre à on considère que la mélatonine intervient :
partir par exemple de protéines). • dans la coordination des rythmes circadien et diurne
de nombreux tissus, possiblement en agissant sur
La sécrétion d'insuline est stimulée par l'élévation l'hypothalamus
des taux sanguins de glucose (glycémie), par exemple • dans l'inhibition de la croissance et du développement
après un repas et, à un moindre degré, par la stimula- des organes sexuels avant la puberté, possiblement
tion parasympathique, et par l'élévation d'acides aminés en prévenant la synthèse ou la libération des
et des taux d'acides gras, ainsi que par des hormones gonadotrophines.
gastro-intestinales, par exemple la gastrine, la sécrétine
et la cholécystokinine. Sa sécrétion est abaissée par la
stimulation du sympathique, le glucagon, l'adrénaline, le Organes ayant des fonctions
cortisol et la somatostatine (GHRIH) qui est sécrétée par
l'hypothalamus et des cellules des îlots pancréatiques.
endocriniennes secondaires
Objectif pédagogique
Glucagon
Le glucagon élève la glycémie en stimulant : Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
• la conversion du glycogène en glucose dans le foie et capable :
les muscles squelettiques (glycogénolyse) ; ■ d'indiquer les fonctions de quelques autres hormones.
• la néoglucogenèse.
La sécrétion du glucagon est stimulée par une glycé-
mie basse et par l'exercice, et diminuée par la somatosta- En plus des glandes ayant une fonction endocrinienne
tine et l'insuline. principale décrites ci-dessus, beaucoup d'autres organes et
tissus sécrètent des hormones en tant que fonction secondaire
Somatostatine (GHRIH) (voir fig. 9.1). Des exemples de tels organes et des hormones
Cette hormone, produite également par l'hypothalamus, qu'ils sécrètent sont indiqués dans le tableau 9.4.
inhibe la sécrétion à la fois de l'insuline et du glucagon,
en plus d'inhiber la sécrétion de GH à partir de Hormones locales
l'antéhypohyse (p. 231).
Objectif pédagogique
Corps pinéal (glande pinéale) Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
Objectifs pédagogiques ■ d'indiquer les actions des hormones locales.
Rein Érythropoïétine Moelle osseuse rouge Stimulation de la production de globules rouges (Ch. 4)
Tractus gastro-intestinal
Muqueuse gastrique Gastrine Glandes gastriques Stimule la sécrétion de suc gastrique (Ch. 12)
Muqueuse intestinale Sécrétine Estomac et pancréas Stimule la sécrétion de suc gastrique, ralentit la vidange de
l'estomac (Ch. 12)
Muqueuse intestinale Cholécystokinine (CCK) Vessie et pancréas Stimule la libération de bile et de suc pancréatique (Ch. 12)
Tissu adipeux Leptine Hypothalamus et Fournit la sensation d'être rempli (« satiété ») après avoir
autres tissus mangé (Ch. 11) ; nécessaire pour la synthèse de la GnRH et
de la gonadotrophine (Ch. 18)
Cœur (atriums) Peptide natriurétique Tubules rénaux Diminue la réabsorption de sodium et d'eau dans les tubules
auriculaire (ANP) rénaux (Ch. 13)
Les troubles endocriniens sont souvent dus à des tumeurs peuvent atteindre une taille de 2,1 à 2,4 mètres, alors que
ou à des maladies auto-immunes, dont les effets sont les proportions corporelles restent normales (fig. 9.14).
habituellement :
Acromégalie. L'acromégalie signifie « grosses extrémi-
• une hypersécrétion (surproduction) hormonale ; tés » et elle survient chez les adultes quand l'excès de GH
• une hyposécrétion (sous-production) hormonale. est présent alors que l'ossification est terminée. Les os
deviennent anormalement épais en raison de l'ossification
Les effets des nombreuses pathologies décrites dans
périostée, et les tissus mous sont hypertrophiés. Les
cette section peuvent donc facilement être reliés à une
modifications se traduisent principalement par des traits
anomalie sous-jacente.
du visage grossiers (en particulier une grosseur excessive
de la mâchoire inférieure), une grosse langue, des mains
Affections de la glande pituitaire et des pieds excessivement grands (fig. 9.15).
(absence de menstruation) et une stérilité chez la femme, fant, elle se traduit par une petite taille, un défaut de
par une impuissance chez l'homme. développement sexuel, une obésité avec distribution de
la graisse de type féminin, et un retard du développement
mental. Chez l'adulte, l'obésité et la stérilité en sont les
Hyposécrétion d'hormones principales manifestations. Le syndrome peut être dû à
antéhypophysaires une tumeur de l'antéhypophyse et/ou de l'hypothala-
mus, mais dans la plupart des cas la cause reste inconnue.
Le nombre d'hormones impliquées et l'importance de leur
déficit sont variables. Le panhypopituitarisme est le défaut
de sécrétion de toutes les hormones de l'antéhypophyse. Affections de la posthypophyse
Les causes d'hyposécrétion incluent :
Diabète insipide
• des tumeurs de l'hypothalamus ou de l'hypophyse Cette affection relativement rare est due habituellement à
• des traumatismes, ayant habituellement entraîné un déficit en ADH secondaire à une lésion de
une fracture de la base du crâne, et des interventions
l'hypothalamus due, par exemple, à un traumatisme, à
neurochirurgicales
une tumeur, ou à une encéphalite (NdT : il s'agit du
• la compression par une tumeur voisine de la glande diabète insipide central). Le diabète insipide néphrogénique,
pituitaire, par exemple par un gliome, un méningiome
plus rare, est dû à la résistance du tubule rénal à l'ADH.
• une infection, par exemple une méningite, une La réabsorption de l'eau par le tubule rénal est déficiente,
encéphalite, la syphilis
ce qui entraîne une excrétion en quantité excessive d'une
• une nécrose ischémique urine diluée, dépassant souvent 10 litres par jour et
• l'irradiation par des radiations ionisantes, l'utilisation entraînant une déshydratation avec soif extrême
de médicaments cytotoxiques.
(polydipsie). L'équilibre hydrique est perturbé, sauf si
l'ingestion liquidienne est suffisamment accrue pour
Nécrose ischémique compenser les pertes.
La maladie de Simmonds (NdT : encore appelée cachexie
hypophysaire) est un hypofonctionnement de l'antéhypo-
physe, touchant rarement aussi la posthypophyse. La Affections de la glande thyroïde
distribution de la vascularisation artérielle fait que la
glande n'est qu'inhabituellement sensible à une chute de Objectif pédagogique
la pression artérielle systémique. Un choc hypotensif Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
sévère peut entraîner une nécrose ischémique de la capable :
glande. Les effets incluent une stimulation déficiente des
■ de comparer et d'opposer les effets de
glandes cibles, et par conséquent un hypofonctionnement
l'hyperthyroïdie et de l'hypothyroïdie, en les
de la totalité ou d'une partie des glandes thyroïde, corti-
rapportant aux actions de T3 et de T4.
cosurrénale, gonadiques. Le résultat dépend de l'étendue
de la nécrose pituitaire et du déficit hormonal. Dans les
cas sévères, le déficit en glucocorticoïdes peut menacer la
vie ou être mortel. Quand cette affection se produit lors Ces affections sont de trois sortes :
d'une hémorragie maternelle sévère pendant ou après
l'accouchement, elle est appelée syndrome de Sheehan ; elle
• sécrétion anormale des hormones thyroïdiennes (T3 et
T4) entraînant hyperthyroïdie ou hypothyroïdie ;
entraîne également un défaut de lactation, précédant ses
autres effets.
• goitre, ou augmentation de la taille de la glande ;
• tumeur.
Nanisme hypophysaire (syndrome de Lorain-Lévi) Les anomalies décrites dans cette partie sont celles
Ce syndrome est dû à un déficit sévère en GH, avec ayant un effet général, non sur une glande cible spéci-
possiblement un déficit associé en d'autres hormones, fique. La sécrétion anormale d'hormones stimulantes est
pendant l'enfance. Le malade est de petite taille mais bien envisagée aux troubles de leur glande cible.
proportionné, et son développement mental n'est pas
atteint. La puberté est retardée, et des épisodes
d'hypoglycémie peuvent s'observer. L'affection pourrait
Hyperthyroïdie
être due à une anomalie génétique ou à une tumeur. Ce syndrome, appelé également thyrotoxicose, apparaît
quand les tissus sont exposés à des quantités excessives
Syndrome de Fröhlich de T3 et de T4. Les principaux effets sont dus à l'accélération
Dans le syndrome de Fröhlich (ou de Babinski-Fröhlich), du métabolisme (voir tableau 9.3).
dû à un panhypopituitarisme, les principales manifesta- Chez les adultes âgés, l'insuffisance cardiaque consti-
tions sont celles du déficit en GH, FSH et LH. Chez l'en- tue une autre conséquence courante, le cœur vieillissant
245
SECTION 2 Communication
devant davantage travailler pour fournir plus de sang et diminuer au bout de 2 à 3 ans. Dans les cas sévères, les
de nutriments aux corps cellulaires hyperactifs. Les prin- paupières se rétractent et peuvent ne pas complètement
cipales causes sont : recouvrir les globes oculaires durant le clignement et le
• la maladie de Basedow ; sommeil, ce qui entraîne le dessèchement de la conjonctive
• le goitre nodulaire toxique ; (NdT : et de la cornée) et favorise l'infection. Elle ne s'ob-
• l'adénome toxique (tumeur bénigne, p. 247). serve pas dans les autres formes d'hyperthyroïdie.
Hyperparathyroïdie
Cette affection est caractérisée par un taux sanguin de
calcium élevé (hypercalcémie) et elle est habituellement
due à une tumeur parathyroïdienne bénigne (NdT : Figure 9.18 Positions caractéristiques lors des spasmes
adénome) qui sécrète des taux élevés de parathormone tétaniques.
247
SECTION 2 Communication
de « main d'accoucheur » (NdT : pouce en adduction, • une adiposité typiquement faciale (visage « en pleine
articulations entre les phalanges et les métacarpiens en lune »), du cou et de l'abdomen ;
flexion, doigts en extension), tandis que le poignet est en • hypercatabolisme protéique, entraînant
un
flexion, l'avant-bras en flexion et pronation, coude au l'amincissement de la peau (NdT : traduite par des
corps (fig. 9.18), ainsi que des modifications des pieds vergetures typiquement pourpres, des ecchymoses
(NdT : pied en extension, orteils crispés en flexion, plante faciles) et une atrophie musculaire, touchant en
du pied creusée en hyperflexion). Chez l'enfant, il peut particulier les membres ;
aussi être noté un spasme laryngé, des convulsions. • une diminution de la synthèse protéique ;
• une inhibition de la sécrétion de l'hormone de
Hypocalcémie croissance, empêchant la croissance normale chez
Outre l'hypoparathyroïdie, l'hypocalcémie peut être l'enfant ;
associée à : • une ostéoporose (p. 458), et une cyphose si les corps
• l'insuffisance rénale chronique, quand l'élimination vertébraux sont concernés ;
urinaire du calcium est anormalement élevée ; • des fractures pathologiques en raison de la
• carence en vitamine D, en apport alimentaire de
la déperdition de calcium osseux ;
calcium ; • une néoglucogenèse excessive entraînant une
• l'alcalose métabolique ou respiratoire ; hyperglycémie et une glycosurie qui peuvent
• la pancréatite aiguë. précipiter un diabète sucré (p. 250) ;
• une atrophie du tissu lymphoïde et une dépression de
la réponse immunitaire ;
Affections de la corticosurrénale • une susceptibilité aux infections, due à la réduction
de la réponse fébrile, à la diminution des réponses
immunitaire et inflammatoire ;
Objectifs pédagogiques
• une altération de la production de collagène, entraînant
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être une fragilité capillaire, une cataracte et des vergetures ;
capable : • une insomnie, une hyperexcitabilité, une euphorie,
une dépression ou une psychose ;
■ de relier les manifestations du syndrome de Cushing
aux actions physiologiques des adrénocorticoïdes ; • une hypertension artérielle due à la rétention de sel et
d'eau ;
■ de relier les manifestations de la maladie d'Addison • des troubles des règles ;
aux actions physiologiques des adrénocorticoïdes.
• la formation de calculs rénaux ;
• des ulcères gastroduodénaux.
Hyposécrétion de glucocorticoïdes
Hypersécrétion de glucocorticoïdes
(syndrome de Cushing) La sécrétion insuffisante de cortisol entraîne une
néoglucogenèse diminuée, un taux sanguin de glucose
Le cortisol est la principale hormone glucocorticoïde bas, une faiblesse musculaire et une pâleur. Elle peut être
sécrétée par le cortex surrénalien. Les causes d'hyper primaire, c'est-à-dire due à une maladie du cortex
sécrétion incluent : surrénal, ou secondaire à un déficit en ACTH sécrétée par
• des tumeurs surrénales sécrétantes ; l'antéhypophyse. Le déficit primaire comporte aussi une
• l'hypersécrétion d'hormone adrénocorticotrophique hyposécrétion d'aldostérone (voir plus loin), alors que
(ACTH) par l'antéhypophyse (NdT : maladie de dans le déficit secondaire la sécrétion de l'aldostérone
Cushing) ; n'est pas atteinte habituellement, car la sécrétion
• la sécrétion anormale d'ACTH par une tumeur d'aldostérone est contrôlée par le système rénine–
non hypophysaire, par exemple par un carcinome angiotensine–aldostérone (p. 239).
bronchique, ou une tumeur pancréatique (NdT :
syndrome paranéoplasique). Hypersécrétion de minéralocorticoïdes
L'utilisation thérapeutique prolongée d'ACTH ou de glu- L'excès d'aldostérone affecte la fonction rénale, ce qui a
cocorticoïde est une autre cause de syndrome de Cushing, des conséquences ailleurs :
les taux sanguins élevés provenant des médicaments. Tous • la réabsorption excessive de chlorure de sodium et
les éléments illustrés dans la figure 9.19 peuvent constituer d'eau, d'où l'accroissement du volume sanguin et
des effets indésirables de ces traitements. l'hypertension artérielle ;
L'hypersécrétion de cortisol accentue ses effets physio- • l'excrétion excessive de potassium, entraînant une
logiques (fig. 9.19). Ceux-ci comprennent : hypokaliémie, responsable d'arythmies cardiaques, de
syncope, d'alcalose, de faiblesse musculaire.
248
Système endocrinien CHAPITRE 9
Psychose
Amincissement
des cheveux
Cataracte
Faciès Acné
lunaire
Hypertension
Ulcère gastroduodénal
Lithiase rénale
Ostéoporose
Faiblesse
et atrophie musculaires
Tendance
aux infections
• l'hypoglycémie ; Neuroblastome
• la confusion ; Cette tumeur maligne rare touche des nourrissons et des
• des troubles menstruels et la perte de la pilosité enfants. Les tumeurs qui apparaissent tôt dans la vie
corporelle chez la femme ; tendent à être hautement malignes, mais une régression
• des anomalies électrolytiques, dont l'hyponatrémie, tumorale spontanée est possible.
l'hypochlorémie et l'hyperkaliémie ;
• la déshydratation chronique, le volume sanguin Affections des îlots pancréatiques
circulant bas et l'hypotension.
primaire est classé en type 1 ou 2. Dans le diabète sucré Sa survenue est progressive, souvent sur plusieurs
secondaire, le trouble est dû à d'autres pathologies. Le années, et il demeure souvent non détecté jusqu'à ce que
diabète gestationnel se développe durant la grossesse. des signes soient repérés lors d'un examen de routine ou
L'incidence du type 1 et surtout du type 2 augmente jusqu'à la survenue d'une complication. La sécrétion d'in-
rapidement dans le monde entier. Le tableau 9.5 indique suline peut être au-dessous ou au-dessus de la normale.
quelques caractéristiques des diabètes de types 1 et 2. Un déficit de glucose dans les cellules corporelles survient
malgré une hyperglycémie et un taux élevé d'insuline.
Diabète sucré de type 1 Cela pourrait être dû à l'insulinorésistance, c'est-à-dire des
modifications des membranes cellulaires, avec blocage
Auparavant appelé diabète sucré insulinodépendant, ce des mouvements du glucose vers l'intérieur des cellules,
diabète touche principalement des enfants et des adultes mouvements liés à l'insuline. Le traitement repose sur la
jeunes. Son début est habituellement soudain et peut mise en place d'un régime et/ou des médicaments, bien
menacer le pronostic vital. Il existe un déficit important que des injections d'insuline soient parfois requises.
ou une absence de sécrétion d'insuline du fait de la
destruction des cellules β des îlots pancréatiques. Un
traitement par injection d'insuline est nécessaire. Il existe Physiopathologie du diabète sucré
habituellement un mécanisme auto-immun détruisant les Taux élevé du glucose sanguin
cellules β des îlots. Une prédisposition génétique et des Après ingestion d'hydrates de carbone, la glycémie reste
facteurs environnementaux, dont les infections virales, élevée parce que :
sont aussi en cause.
• les cellules sont incapables de prendre et d'utiliser
le glucose du flux sanguin, malgré des taux
Diabète sucré de type 2 plasmatiques élevés ;
Auparavant appelé diabète sucré non insulinodépendant, • la conversion du glucose en glycogène dans le foie et
c'est la forme de diabète la plus fréquente, responsable les muscles est diminuée ;
d'environ 90 % des cas. Les causes sont multifactorielles • une néoglucogenèse à partir de protéines est présente,
et les facteurs prédisposants incluent : en réponse au déficit intracellulaire en glucose.
• l'obésité ;
• la sédentarité ; Glycosurie et polyurie
• le vieillissement : l'affection touche surtout la La concentration du glucose dans le filtrat glomérulaire
population d'âge moyen et âgée ; est la même que dans le sang et, bien que le diabète élève
• les facteurs génétiques. le seuil rénal du glucose (NdT : c'est-à-dire le taux de
glucose sanguin à partir duquel apparaît une glycosurie),
il n'est pas entièrement réabsorbé par le tubule rénal. Le
Tableau 9.5 Caractéristiques des diabètes sucrés de glucose restant dans le filtrat augmente la pression
types 1 et 2 osmotique de celui-ci, la réabsorption tubulaire de l'eau
est diminuée et le volume d'urine est augmenté (polyurie).
Diabète de type 1 Diabète de type 2 Cela entraîne un déséquilibre électrolytique et l'excrétion
d'une urine de densité élevée. La polyurie entraîne la
Âge de survenue Habituellement Âge adulte et chez
durant l'enfance les personnes déshydratation, une soif importante (polydipsie) et
âgées l'élévation de l'apport hydrique.
Poids lors de la Normal ou faible Obèse
survenue Perte de poids
Survenue des En quelques En quelques mois/
Les cellules sont principalement privées de glucose car,
symptômes semaines années en l'absence d'insuline, elles sont incapables de l'extraire
Cause(s) Auto-immune Obésité, manque
du flux sanguin, ce qui entraîne une altération du
principale(s) d'exercice métabolisme énergétique, car les cellules doivent utiliser
d'autres voies pour produire l'énergie dont elles ont
Besoins en insuline 100 % des cas Jusqu'à 20 % des cas
besoin. Il s'ensuit une perte de poids due :
Cétonurie Oui Non
• à la néoglucogenèse à partir d'acides aminés et
Complications au Non Jusqu'à 25 % de protéines corporelles, entraînant une atrophie
moment du
diagnostic tissulaire, des lésions tissulaires et une nouvelle
augmentation du glucose sanguin ;
Antécédents Rares Fréquents
familiaux • catabolisme accru des graisses, libérant une partie
un
de leur énergie et produisant en excès des acides
cétoniques.
251
SECTION 2 Communication
C'est très fréquent dans le diabète de type 1 et cela se alimentaire et/ou pour les dépenses d'énergie.
produit parfois dans le diabète de type 2. L'hypoglycémie est d'installation soudaine et peut être
due :
Cétose et acidocétose • à un surdosage accidentel en insuline ;
Cela affecte presque toujours les personnes atteintes du
• au retard de l'alimentation après l'administration
diabète de type 1. d'insuline ;
En l'absence d'insuline pour promouvoir le métabolisme
• la prise d'alcool l'estomac vide ;
à
normal du glucose intracellulaire, des sources alternatives
• à un effort intense.
d'énergie doivent être utilisées, ce qui entraîne une aug-
mentation de la dégradation de graisse (voir fig. 12.43, Comme les neurones dépendent, pour leurs besoins en
p. 339). Cela provoque une production excessive de corps énergie, plus du glucose que les autres cellules, la privation
cétoniques faiblement acides, pouvant être utilisés pour de glucose perturbe la fonction neurale, conduisant au coma
le métabolisme par le foie. Les systèmes de tampon nor- et, s'il est prolongé, à des lésions cérébrales irréversibles.
maux maintiennent l'équilibre du pH tant que les taux de Les symptômes et signes fréquents d'hypoglycémie
corps cétoniques ne sont pas trop excessifs. La cétose se incluent la somnolence, la confusion mentale, des dif-
développe alors que les corps cétoniques s'accumulent. ficultés d'élocution, des sueurs, un tremblement, une
L'excrétion des cétones intervient via l'urine (cétonurie) et/ anxiété et un pouls rapide. En l'absence de traitement,
ou les poumons, l'haleine ayant alors une odeur caractéris- cela peut rapidement progresser vers un coma. Le traite-
tique d'acétone (ou de pomme verte). ment permet généralement une récupération rapide. La
L'acidocétose se développe en raison de l'augmenta- plupart des personnes peuvent facilement reconnaître les
tion des besoins en insuline ou de l'accroissement de la symptômes de l'hypoglycémie et entreprendre les actions
résistance à l'insuline du fait d'un stress surajouté, tel que qui conviennent.
la grossesse, une infection, un infarctus du myocarde,
ou un accident cérébrovasculaire. Elle peut se produire
en raison d'injections insuffisantes d'insuline durant une Complications à long terme du diabète
période de besoins accrus. Une acidocétose sévère dan- sucré
gereuse peut se développer sans perte de connaissance. Les complications augmentent avec la sévérité et la durée
Lorsque l'acidose s'aggrave et noie les systèmes tampon de l'hyperglycémie. Elles représentent des causes impor-
compensateurs, le contrôle de l'équilibre acidobasique est tantes de morbidité (mauvaise santé) et de mortalité chez
perdu ; le taux de pH sanguin chute et l'acidocétose sur- les patients atteints de diabète de types 1 et 2.
vient. En l'absence de traitement, les conséquences sont :
• une augmentation de l'acidose (↓ pH sanguin) en Troubles cardiovasculaires
raison de l'accumulation des cétoacides ; Le diabète sucré représente un important facteur de
• une augmentation de l'hyperglycémie ; risque cardiovasculaire. Des anomalies des vaisseaux
• une hyperventilation, les poumons excrétant des ions sanguins (angiopathies) surviennent même quand la
hydrogène comme du CO2 en excès ; maladie est bien contrôlée.
• une acidification de l'urine – résultante de l'action Macroangiopathie diabétique. Les lésions les plus fré-
tampon des reins ;
quentes sont l'athérome et la calcification de la média des
• une polyurie comme le seuil rénal est dépassé ;
artères musculaires de gros calibre. Dans le diabète de
• une déshydratation et une hypovolémie (↓ pression
type 1, ces modifications peuvent survenir à un âge rela-
artérielle et du pouls) provoquées par la polyurie ;
tivement jeune. Les conséquences les plus fréquentes sont
• des troubles de l'équilibre électrolytique sérieuses et souvent mortelles :
accompagnant une perte liquidienne, une
hyponatrémie (↓ sodium plasmatique) et une • une cardiopathie ischémique, c'est-à-dire une angine
hypokaliémie (↓ potassium plasmatique) ; de poitrine et un infarctus du myocarde (p. 135) ;
• une confusion, le coma et la mort. • accident vasculaire cérébral (p. 194) ;
un
• une maladie vasculaire périphérique.
Complications aiguës du diabète sucré Microangiopathie diabétique. Cette pathologie affecte
Acidocétose diabétique les petits vaisseaux sanguins. La membrane basale épithé-
Les effets et les conséquences de l'acidocétose diabétique liale des artérioles, des capillaires et parfois des veinules
sont décrits ci-dessus. est épaissie. Ces modifications peuvent entraîner :
• une maladie vasculaire périphérique évoluant vers la
Coma hypoglycémique gangrène et le « pied diabétique » ;
Le coma hypoglycémique s'observe quand l'insuline est • une rétinopathie diabétique et une altération de la
administrée à une dose trop importante pour l'apport vision (voir p. 226) ;
252
Système endocrinien CHAPITRE 9
Infection
Le diabète prédispose à l'infection, en particulier par des
bactéries et des champignons, possiblement en raison
d'une dépression de la phagocytose liée au défaut de
glucose intracellulaire. L'infection peut entraîner :
• des furoncles et des anthrax ;
• une candidose vaginale (muguet, p. 342) ;
• une pyélonéphrite (p. 377) ;
• un pied diabétique. Figure 9.20 Pied diabétique. Gros ulcère du talon.
Insuffisance rénale
L'insuffisance rénale est due à la néphropathie diabétique
(p. 377). Elle participe à la surmortalité au cours de cette maladie des gros et petits vaisseaux sanguins altère la
maladie. vascularisation vers les membres et autour d'eux. En cas
de neuropathie périphérique, la sensation est réduite.
Altération visuelle et cécité Une petite blessure au pied peut passer inaperçue, en
La rétinopathie diabétique (p. 226) est la cause de cécité particulier en cas de vision altérée. Dans le cadre du
la plus fréquente chez les adultes âgés de 30 à 65 ans dans diabète, la cicatrisation est plus lente et les blessures
les pays développés. Le diabète augmente aussi le risque s'aggravent facilement, par exemple avec le frottement
de développement précoce de cataracte (p. 222) et d'autres des chaussures, et s'infectent souvent. Un ulcère peut se
troubles visuels. former (fig. 9.20) et le processus de cicatrisation est très
long, voire n'intervient pas. Dans les cas graves, la
Pied diabétique région lésée s'ulcère et grossit ; elle peut devenir
De nombreux facteurs accompagnant le diabète gangreneuse, parfois à un point tel qu'il est nécessaire
contribuent au développement du pied diabétique. La d'amputer.
253
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SECTION
Prise d'éléments
bruts et élimination
des déchets
Système respiratoire
Introduction à la nutrition
257
291
3
3
Système digestif 305
Système urinaire 361
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CHAPITRE
10
Système respiratoire
Nez et cavité nasale 258 Affections des voies respiratoires supérieures 279
Situation et structure 258 Maladies infectieuses et/ou inflammatoires 279
Fonction respiratoire du nez 259 Affections pulmonaires obstructives 280
Sens de l'odorat 260 Bronchite 280
Pharynx 260 Emphysème 281
Situation 260 Asthme 282
Structure 261 Bronchectasies 283
Fonctions 261 Mucoviscidose 283
Larynx 261 Affections pulmonaires restrictives 283
Situation 262 Pneumoconiose 284
Structure 262 Toxines pulmonaires 285
Fonctions 263 Infections pulmonaires 285
Trachée 264 Pneumonie 285
Situation 264 Abcès du poumon 286
Structure 265 Tuberculose 286
Fonctions 265 Tumeurs du poumon 287
Poumons 266 Carcinome bronchique 287
Situation et structures voisines 266 Mésothéliome pleural 288
Plèvre et cavité pleurale 267 Collapsus pulmonaire 288
Intérieur des poumons 268
Bronches et bronchioles 268
Structure 268
Fonctions 269
Bronchioles respiratoires et alvéoles
pulmonaires 269
Structure 269
Fonctions 270
Respiration 271
Respiration 271
Échanges gazeux 274
Contrôle de la respiration 277
Vieillissement et système respiratoire 278
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Ce chapitre décrit la structure et les fonctions du système • les muscles respiratoires, qui sont les muscles
respiratoire. intercostaux et le diaphragme.
Les cellules corporelles ont besoin d'énergie pour
toutes leurs activités chimiques. La plus grande partie de Les organes du système respiratoire et leurs structures
cette énergie provient de réactions chimiques ne se pro- associées sont illustrés dans la figure 10.1.
duisant qu'en présence d'oxygène (O2). Le principal pro-
duit de déchet de ces réactions est le dioxyde de carbone
(CO2). Le système respiratoire fournit la voie suivie par
Nez et cavité nasale
l'oxygène atmosphérique pour pénétrer dans le corps, et
la voie d'excrétion du dioxyde de carbone. Objectifs pédagogiques
L'état de l'air atmosphérique pénétrant dans l'orga- Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
nisme varie considérablement en fonction de l'environne- capable :
ment extérieur ; par exemple, il peut être sec ou humide,
■ de localiser les cavités nasales ;
chaud ou froid, et transporter des quantités variables de
polluants, de particules de poussière ou de saletés. Au fur ■ d'établir le lien entre la structure des cavités
et à mesure de son déplacement dans les conduits aériens nasales et leur fonction dans la respiration ;
l'amenant aux poumons, l'air respiré est réchauffé ou ■ d'indiquer la physiologie de l'olfaction.
refroidi pour atteindre la température corporelle, saturé
en vapeur d'eau, et « nettoyé » des particules de pous-
sière, qui adhèrent au mucus revêtant les membranes épi-
théliales. Le sang fournit le système de transport d'O2 et Situation et structure
de CO2 des poumons aux cellules corporelles. L'échange
de gaz entre le sang et les poumons est appelé respiration La cavité nasale est la première des voies respiratoires ; il
externe, celui entre le sang et les cellules est appelé respi- s'agit d'une grande cavité irrégulière divisée en deux
ration interne. Les organes du système respiratoire sont : cavités égales par un septum (cloison). La partie postérieure,
osseuse, du septum est formée par la lame perpendiculaire
• le nez ; de l'ethmoïde et le vomer. En avant, la cloison est faite
• le pharynx ; d'un cartilage hyalin (NdT : le cartilage septal) (fig. 10.2).
• le larynx ; Le toit est formé par la lame criblée de l'os ethmoïde,
• la trachée ; l'os sphénoïde (avec le sinus sphénoïdal) en arrière, l'os
• les bronches ; frontal (avec le sinus frontal) et les os nasaux en avant.
• les bronchioles ; Le plancher est constitué par le toit de la cavité buc-
• les deux poumons, et la plèvre qui recouvre chacun cale, fait du palais dur en avant (comportant lui-même
d'eux ;
en avant le processus palatin de l'os maxillaire, en arrière
S
Pharynx
Nez D G
Épiglotte
I
Os hyoïde
Cartilage thyroïde Larynx
Cartilage cricoïde
Cavité Côtes
cardiaque
Sens de l'odorat
Structures limitant le pharynx
Le nez est l'organe de l'odorat (olfaction). Des récepteurs
En haut – la face inférieure de la base du crâne.
spécialisés localisés dans le toit de la cavité nasale, au
En bas – le pharynx se continue par l'œsophage.
niveau de la lame criblée de l'ethmoïde et du cornet nasal
En avant – la paroi du pharynx est incomplète, car des
supérieur, détectent l'odeur (fig. 10.4 et 8.23A). Ces
orifices le font communiquer avec le nez,
récepteurs sont stimulés par des substances chimiques
la bouche et le larynx.
libérées par des matériels odoriférants. Les signaux
En arrière – du tissu aréolaire du muscle non soumis à
nerveux qui en résultent sont transportés par les nerfs
la volonté, et le corps des six premières
olfactifs, et ils atteignent le cerveau, où la sensation d'odeur
vertèbres cervicales.
est perçue (p. 220).
Afin de le décrire, le pharynx est divisé en trois parties :
le nasopharynx, l'oropharynx et le laryngopharynx.
Pharynx
Nasopharynx
Objectifs pédagogiques
La partie supérieure du pharynx (NdT : encore appelée
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être rhinopharynx, cavum) est située derrière le nez, au-dessus
capable : du niveau du palais mou (NdT : voile du palais). Chaque
paroi latérale présente l'orifice de la trompe auditive
■ de localiser le pharynx ;
(p. 207), conduisant à l'oreille moyenne (NdT : caisse du
■ d'indiquer la relation entre la structure du pharynx tympan) homolatérale. La paroi postérieure présente les
et ses fonctions. tonsilles (amygdales) pharyngiennes (adénoïdes), faites de
tissu lymphoïde. Elles sont surtout importantes chez
S Épithélium olfactif
A P
I
Tonsille pharyngienne
Cavité nasale
Nasopharynx
Air
Palais mou et uvule
Langue
Oropharynx
Os hyoïde Laryngopharynx
Épiglotte
Larynx Œsophage
Cartilage thyroïde
Cartilage cricoïde
l'enfant jusqu'à l'âge d'environ 7 ans, puis elles s'atrophient Vascularisation et innervation
progressivement.
Le sang est amené au pharynx par plusieurs branches de
Oropharynx l'artère faciale. Le retour veineux se fait dans les veines
La partie orale du pharynx siège derrière la bouche, et va faciales et jugulaires internes.
de la hauteur du palais mou jusqu'au niveau de la partie L'innervation vient du plexus pharyngien et comprend
supérieure du corps de la troisième vertèbre cervicale. des filets sympathiques et parasympathiques. Les filets
Chaque partie latérale du pharynx se continue avec le parasympathiques viennent des nerfs vagues et glossopha-
palais mou et forme deux replis (NdT : appelés autrefois ryngiens. Les filets sympathiques viennent du ganglion
piliers de l'amygdale). Entre chaque paire de replis se cervical supérieur (p. 186) de chaque côté.
trouve une collection de tissu lymphoïde appelé tonsille
palatine (NdT : ou amygdale). Fonctions
Durant la déglutition, le palais mou et l'uvule (NdT : ou
luette) sont poussés vers l'avant, ce qui ferme la cavité nasale Voie de passage de l'air et des aliments
et évite que de la nourriture ou des liquides pénètrent. Le pharynx est impliqué à la fois dans le système
respiratoire et dans le système digestif : l'air passe par les
Laryngopharynx parties nasale et orale, et les aliments par les parties orale
La partie laryngée du pharynx va de l'oropharynx en haut et pharyngée.
à l'œsophage en bas, le larynx siégeant en avant.
Réchauffement et humidification
Structure L'air continue à être réchauffé et humidifié quand il passe
vers les poumons, de la même façon que lors de son
Les parois du pharynx contiennent plusieurs types de passage par le nez.
tissus.
Audition
Muqueuse
La trompe auditive, allant du nasopharynx à l'oreille
Elle varie légèrement suivant la région. Dans le
moyenne, permet à l'air de pénétrer dans l'oreille
nasopharynx, elle est en continuité avec celle du nez, et
moyenne. Ainsi, l'air dans l'oreille moyenne est à la même
elle est faite d'un épithélium cylindrique cilié dans
pression que dans l'oreille externe, ce qui protège la
l'oropharynx et le laryngopharynx, c'est un épithélium
membrane tympanique (p. 206) de tout changement de
pavimenteux stratifié résistant, en continuité avec la
pression atmosphérique.
muqueuse de la bouche et de l'œsophage. La muqueuse
protège les tissus sous-jacents de l'action abrasive des
aliments qui passent à travers durant la déglutition. Protection
Le tissu lymphatique des tonsilles pharyngées et palatines
Sous-muqueuse produit des anticorps en réponse à des antigènes avalés
La couche de tissu sous l'épithélium (sous-muqueuse) est ou inhalés (Ch. 15). Les tonsilles sont surtout volumineuses
riche en tissu lymphoïde associé aux muqueuses (mucosa- chez les enfants, et elles tendent à être atrophiques chez
associated lymphoid tissue [MALT], p. 147), impliqué dans les adultes.
la protection contre l'infection. Les tonsilles sont des
masses de MALT qui font saillie à travers l'épithélium. Phonation
Une certaine quantité de tissu glandulaire est aussi Le pharynx intervient dans la phonation en agissant
retrouvée à cet endroit. comme chambre de résonance pour les sons venus du
larynx, il contribue (avec les sinus paranasaux) à donner
Muscle lisse à la voix ses caractéristiques individuelles.
Les muscles pharyngiens permettent de maintenir le
pharynx constamment ouvert afin qu'il n'y ait pas
d'interférence avec la respiration. Parfois au cours du
sommeil, et particulièrement en cas de prise de sédatifs Larynx
ou d'alcool, le tonus de ces muscles est diminué, et
l'ouverture à travers le pharynx peut devenir Objectifs pédagogiques
partiellement ou complètement obstruée. Cela contribue
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
au ronflement et aux réveils périodiques, ce qui perturbe capable :
le sommeil.
Les muscles constricteurs ferment le pharynx durant ■ de décrire la structure et les fonctions du larynx ;
la déglutition, poussant la nourriture et les liquides dans ■ d'indiquer la physiologie de la phonation.
l'œsophage.
261
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Structure Épiglotte S
Cartilages D G
Le larynx est composé de plusieurs cartilages de forme
I
irrégulière attachés l'un à l'autre par des ligaments et des Os hyoïde
membranes. Les principaux cartilages sont :
• 1 cartilage thyroïde
• 1 cartilage cricoïde cartilage hyalin Membrane thyro-hyoïdienne
• 2 cartilages aryténoïdes
• 1 épiglotte fibrocartilage élastique Incisure thyroïdienne
supérieure
Il y a plusieurs ligaments rattachant les cartilages les Cartilage thyroïde
uns aux autres et à l'os hyoïde (fig. 10.5, 10.6 et 10.8).
Cône élastique du larynx
Cartilage thyroïde (fig. 10.5 et 10.6). C'est le plus saillant
des cartilages du larynx. Fait de cartilage hyalin, il est Ligament cricothyroïdien
situé en avant du cou. Sa paroi antérieure se projette dans Cartilage cricoïde
(partie antérieure étroite)
S Trachée
Os hyoïde D G
Figure 10.6 Larynx – vu par devant.
Épiglotte I
Membrane
thyro-hyoïdienne S Aire
d’articulation
Cartilage thyroïde P A avec le cartilage
aryténoïde
Cartilages aryténoïdes I
Ligament
cricoaryténoïdien Partie postérieure
large
Cartilage cricoïde Partie
(partie postérieure large) antérieure Aire d’articulation
étroite avec le cartilage
thyroïde
Trachée
Vue latérale
Fente de la glotte
Cartilage thyroïde
Cordes vocales
A Pli vestibulaire
D G
P
Trachée avec les
anneaux cartilagineux
Cartilages aryténoïdes visibles Cartilages aryténoïdes
Figure 10.9 Positions extrêmes des cordes vocales. A. En abduction (ouvertes). B. En adduction (fermées).
Trachée
Objectifs pédagogiques
Situation
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être La trachée fait suite au larynx et descend jusqu'à la
capable : hauteur de la 6e vertèbre thoracique environ, où la
■ de décrire la situation de la trachée ; carina se divise en deux bronches principales (ou
bronches souches), droite et gauche, pour le poumon
■ d'indiquer la structure de la trachée ;
correspondant. Longue d'environ 10 à 11 cm, elle siège
■ d'expliquer le rôle de la trachée dans la respiration. principalement dans le plan médian, devant l'œsophage
(fig. 10.10).
264
Système respiratoire CHAPITRE 10
Structures en rapport avec la trachée Lumière du conduit aérien Couche de mucus avec
En haut – le larynx. des particules piégées
En bas – les bronches principales droite et gauche. Cil
En avant – à sa partie haute : l'isthme de la glande Épithélium
Cellule cylindrique cilié
thyroïde. caliciforme
– à sa partie basse : l'arc aortique et le Membrane basale
sternum. Noyaux
En arrière – l'œsophage sépare la trachée de la Sous-muqueuse
colonne vertébrale.
Latéralement – les poumons et les lobes de la glande
Glande muqueuse
thyroïde. A dans la sous-muqueuse
Structure
La paroi de la trachée est composée de trois couches de
tissu, et est maintenue ouverte par 16 à 20 anneaux
incomplets (en forme de C) de cartilage hyalin situés l'un
au-dessus de l'autre. Les cartilages sont incomplets en
arrière, à l'endroit où la trachée est contre l'œsophage
(fig. 10.11). Les cartilages sont enchâssés dans un feuillet
de muscle lisse et de tissu conjonctif, qui forme aussi la
paroi postérieure de la trachée, là où les anneaux sont
incomplets.
Les trois couches de tissus « revêtent » les cartilages de
la trachée.
• La couche externe contient du tissu fibreux et
élastique, et entoure les cartilages. B
• couche moyenne est celle des cartilages, avec des
La
bandes de muscle lisse entourant en hélice la trachée. Figure 10.12 Cellules bordant la trachée. A. Muqueuse ciliée.
Elle comporte aussi du tissu aréolaire contenant des B. Microscopie à balayage électronique en couleur de cils
bronchiques.
vaisseaux sanguins, des vaisseaux lymphatiques, et
des nerfs du système nerveux autonome. Les bords
libres des cartilages incomplets sont reliés par le
muscle trachéal, qui favorise l'ajustement du diamètre Vascularisation sanguine, innervation,
de la trachée. drainage lymphatique
• couche interne est un épithélium cylindrique cilié,
La L'apport de sang artériel se fait essentiellement par les
contenant des cellules caliciformes sécrétant du mucus artères thyroïdienne inférieure et bronchiques de chaque
(fig. 10.12). côté, et le retour veineux est assuré par les veines thy-
roïdiennes inférieures allant aux veines brachiocépha-
Muscle liques.
trachéal L'innervation parasympathique se fait par des nerfs
Lumière
laryngés récurrents et d'autres branches du vague de
Anneaux chaque côté. Les fibres sympathiques viennent de ganglions
cartilagineux
en forme
sympathiques de chaque côté. La stimulation parasympa-
de « C » thique contracte la trachée, et la sympathique la dilate.
La lymphe des voies respiratoires hautes est drainée à
Œsophage travers des nœuds lymphatiques situés autour de la tra-
chée et dans la carina, partie inférieure de la trachée qui
Trachée se divise en deux bronches principales.
Fonctions
Soutien et liberté. Les cartilages trachéaux maintiennent
la trachée constamment ouverte (libre), mais les bandes
Figure 10.11 Rapports entre la trachée et l'œsophage. de tissu mou situées entre les cartilages favorisent la
265
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Réchauffement, humidification et filtrage de l'air. Ils Apex. Il est arrondi et fait saillie dans la racine du cou,
se poursuivent comme dans le nez, encore que, normale- à environ 25 mm au-dessus du tiers moyen de la clavi-
ment, l'air soit saturé en vapeur d'eau à la température cule. Les structures voisines sont la première côte, les
corporelle quand il atteint la trachée. vaisseaux sanguins et les nerfs de la racine du cou.
D G Clavicule
I Trachée
Aorte
Artère pulmonaire
Veine cave supérieure
Une veine pulmonaire
gauche
Poumon gauche
(récliné)
Cœur
Diaphragme
I I
(D) Veines pulmonaires (G)
Lobe
moyen
Lobe
inférieur
Lobe
inférieur
(D) Base (G)
Figure 10.14 Lobes des poumons et vaisseaux/voies aériennes de chaque lobe – vues médiales.
267
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Cavité pleurale
Il s'agit d'un espace seulement potentiel et qui ne contient
pas d'air ; donc, la pression y est négative par rapport à OG
la pression atmosphérique. Chez le sujet sain, les deux
OD
feuillets de la plèvre sont séparés par un mince film de
liquide séreux qui permet aux deux feuillets de glisser
l'un sur l'autre, empêchant qu'ils ne frottent pendant la VG
respiration. Le liquide pleural est sécrété par les cellules VD
épithéliales de la membrane. La disposition en double
membrane de la plèvre est similaire au péricarde séreux S
du cœur (p. 91). D G
Les deux feuillets de la plèvre, ainsi que le liquide pleu- Lobe moyen
ral entre eux, se comportent comme deux verres séparés I Lobe inférieur
Lobe inférieur
par un mince film d'eau. Ils glissent facilement l'un sur
l'autre, mais ils ne peuvent être séparés que difficilement Figure 10.16 Le flux de sang entre le cœur et les poumons.
en raison de la tension superficielle entre les feuillets et pulmonaires qui véhiculent du sang oxygéné de chaque
le liquide pleural. C'est essentiel pour que le poumon poumon vers l'atrium gauche du cœur. Les innombrables
demeure gonflé au contact de l'intérieur de la paroi thora- capillaires et vaisseaux sanguins des poumons sont
cique. Les voies aériennes et les alvéoles pulmonaires sont environnés par du tissu conjonctif.
enchâssés dans du tissu élastique, qui attire constamment La vascularisation des voies respiratoires, le drainage
les tissus pulmonaires vers le hile ; mais comme le liquide lymphatique et l'innervation sont décrits ci-après.
pleural maintient ensemble les deux plèvres, le poumon
demeure dilaté. Si un feuillet pleural est perforé, de l'air
est aspiré vers l'espace pleural, et une partie du poumon
Bronches et bronchioles
sous-jacent ou l'ensemble du poumon se collabe.
Les deux bronches principales résultent de la division de
la trachée, à peu près à la hauteur de la 5e vertèbre
Intérieur des poumons thoracique (fig. 10.17).
Les poumons sont composés de bronches et de conduits Bronche principale droite. Elle est plus grosse, plus
aériens plus petits, d'alvéoles, de tissu conjonctif, de courte et plus verticale que la gauche, et elle risque donc
vaisseaux sanguins, de vaisseaux lymphatiques et de davantage d'être obstruée par un corps étranger inhalé.
nerfs, tous enchâssés dans une matrice de tissu conjonctif Elle est longue d'environ 2,5 cm. Après être entrée dans
élastique. Chaque lobe est constitué d'un grand nombre le poumon droit au niveau du hile, elle se divise en trois
de lobules. branches, une pour chacun des lobes pulmonaires droits.
Chacune d'elles présente ensuite des divisions succes-
Vascularisation pulmonaire (fig. 10.16) sives en branches de calibre de plus en plus petit.
L'artère pulmonaire se divise en deux branches, droite et Bronche principale gauche. Elle est longue d'environ
gauche, qui transportent chacune du sang désoxygéné à 5 cm, et elle est moins grosse que la droite. Après être
un poumon. À l'intérieur de chaque poumon, chaque entrée dans le poumon gauche au niveau du hile, elle se
branche de l'artère pulmonaire donne par divisions divise en deux branches, une pour chacun des lobes pul-
successives de nombreuses branches, qui aboutissent monaires gauches. Chacune de ces branches se divise
finalement à un réseau capillaire dense autour des alvéoles dans le poumon en des branches qui, par divisions suc-
(voir fig. 10.18). La paroi des alvéoles et celle des capillaires cessives, sont de calibre de plus en plus petit.
consistent chacune en des cellules épithéliales aplaties.
Les échanges de gaz entre les alvéoles et le sang des
capillaires se font à travers ces deux très fines membranes
Structure
(ensemble, elles sont appelées la membrane respiratoire). Les parois des bronches comportent les trois mêmes
Les capillaires pulmonaires fusionnent en un réseau de couches de tissu que la trachée. Elles sont bordées par un
veinules pulmonaires, qui forme lui-même deux veines épithélium cylindrique cilié. Des divisions successives
268
Système respiratoire CHAPITRE 10
conduisent à des bronchioles (fig. 10.17), des bronchioles Épithélium. L'épithélium cilié est progressivement rem-
terminales, des bronchioles respiratoires, et des conduits placé par de l'épithélium non cilié, et les cellules calici-
(canaux) alvéolaires aboutissant aux alvéoles. Les passages formes disparaissent.
plus larges sont appelés voies aériennes de conduction, car
leur fonction est d'apporter de l'air dans les poumons ; Vascularisation, innervation, drainage
leurs parois sont trop épaisses pour permettre l'échange
gazeux.
lymphatique
La vascularisation artérielle des parois bronchiques et
Modifications structurelles dans les passages des conduits aériens plus petits se fait par des branches
bronchiques des artères bronchiques droites et gauches, et le retour
Alors que les bronches se divisent et deviennent veineux est assuré principalement par les veines
progressivement plus petites, leur structure change pour bronchiques. Celles-ci se drainent à droite dans la veine
s'adapter à leur fonction. azygos, à gauche dans la veine intercostale supérieure
(voir fig. 5.29, p. 110).
Cartilage. Étant donné que du cartilage rigide entraverait
Le nerf vague (parasympathique) stimule la contrac-
l'expansion du tissu pulmonaire et l'échange gazeux, il
tion des muscles lisses de l'arbre bronchique, entraînant
n'est présent, pour fournir un soutien, que dans les
une bronchoconstriction, alors que la stimulation sympa-
conduits aériens les plus volumineux. Les bronches
thique entraîne une bronchodilatation (voir ci-dessous).
contiennent des anneaux cartilagineux, telle la trachée,
La lymphe des parois des conduits aériens est drainée
mais comme les conduits se divisent, ces anneaux
dans un réseau de vaisseaux lymphatiques. Elle passe
deviennent des lames bien plus petites, et au niveau bron-
par les nœuds lymphatiques situés autour de la trachée
chiolaire, aucun cartilage n'est présent dans les parois des
et de l'artère bronchique, gagne le conduit thoracique à
conduits.
gauche, le conduit lymphatique droit de l'autre côté.
Muscle lisse. Le cartilage disparaît des conduits aériens
et il est remplacé par du muscle lisse. Ainsi, le diamètre Fonctions
des conduits aériens peut augmenter ou diminuer suivant
l'influence du système nerveux autonome, ce qui régule Contrôle de l'entrée de l'air. Le diamètre des conduits
le flux aérien dans chaque poumon. aériens peut être modifié par la contraction ou le relâche-
ment des muscles lisses de leur paroi, régulant ainsi la
vitesse et le flux aérien vers et dans les poumons. Ces
modifications sont contrôlées par le système nerveux
Trachée
autonome : la stimulation parasympathique est constric-
S
Anneaux trice, celle sympathique est dilatatrice (p. 189).
de cartilage D G Les fonctions suivantes se poursuivent comme dans
Bronche I les voies aériennes supérieures :
principale
• réchauffement et humidification de l'air ;
• soutien et liberté de la voie aérienne ;
Bronche • enlèvement des particules ;
lobaire
Voie
• réflexe de toux.
de passage
Bronche de l’air
segmentaire
Bronchioles respiratoires et alvéoles
Cartilage
bronchique
pulmonaires
Structure
Bronchioles
Dans chaque lobe, le tissu pulmonaire se divise en fins
Bronchioles feuillets de tissu conjonctif à l'intérieur des lobules. Chaque
respiratoires lobule reçoit de l'air par une bronchiole terminale, qui se
Siège des
Lobule
échanges divise en bronchioles, en canaux alvéolaires et en un
gazeux grand nombre d'alvéoles (sacs alvéolaires). Il existe
environ 150 millions d'alvéoles dans le poumon adulte.
C'est dans ces structures que se produit le processus
Canal alvéolaire d'échange gazeux. Les voies aériennes se divisant
Alvéoles progressivement et devenant de plus en plus petites,
Figure 10.17 Voies aériennes inférieures. leurs parois deviennent de plus en plus fines, jusqu'à ce
269
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Bronchiole
Artériole (issue de l’artère respiratoire
pulmonaire)
Fibres
élastiques
Muscle
lisse
Veinule
(vers l’artère
pulmonaire)
Canal
alvéolaire
Capillaires
A Alvéoles
Tissu conjonctif
Cellule septale avec fibres élastiques
Bronchiole Espaces Parois
aériens alvéolaires
alvéolaires
(alvéoles)
I Côtes
Sternum
Muscle
Respiration (ventilation pulmonaire). C'est le mouve- intercostal
ment d'air à l'intérieur et hors des poumons. interne
Muscles
sternocléidomastoïdiens
Muscles
scalènes
Muscles
intercostaux
Muscles
internes
intercostaux
externes
Diaphragme
Muscles
abdominaux
A
Inspiration Expiration
Inspiration Expiration
Les muscles
intercostaux Les muscles
externes se contractent intercostaux externes
se relâchent
Le thorax se distend Le thorax revient
Poumon sur lui-même
Sternum Poumon
Côte
Diaphragme
Le diaphragme Le diaphragme
se contracte se relâche
B C
Figure 10.22 Modifications de la taille du thorax pendant la respiration. A. Muscles impliqués dans la respiration (les muscles accessoires
sont en gras). B, C. Modifications du volume thoracique.
Variables physiologiques affectant sance en surfactant est présente. Noter que la compliance
la respiration et l'élasticité sont des forces opposées.
Élasticité. L'élasticité est la capacité qu'a le poumon de Résistance au flux aérien. Quand elle est augmentée, par
revenir à sa forme normale après chaque cycle respira- exemple en cas de bronchoconstriction, un effort respira-
toire. La perte de l'élasticité (par exemple dans l'emphy- toire accru est nécessaire pour remplir d'air les poumons.
sème, p. 281) du tissu conjonctif pulmonaire entraîne une
expiration forcée et un effort d'inspiration accru.
Compliance. C'est l'extensibilité des poumons, c'est-à-
Volumes et capacités pulmonaires
dire de l'effort requis pour remplir d'air les alvéoles. Le (fig. 10.23)
poumon sain est très compliant, et se remplit avec très Dans la respiration normale tranquille, il y a environ 15
peu d'effort. Quand la compliance est basse, l'effort néces- cycles respiratoires complets par minute. Les poumons et
saire pour remplir d'air les poumons est plus grand que les conduits aériens ne sont jamais vides d'air et, comme
normalement, comme cela s'observe quand une insuffi- les échanges de gaz ne se produisent qu'à travers les
273
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
environ aux deux tiers de la hauteur du Mont Everest la concentration la plus élevée à celle la plus basse, jusqu'à
(8850 mètres), elle est d'environ la moitié. Dans l'eau, la ce qu'un équilibre soit établi (p. 29). L'azote atmosphérique
pression augmente d'environ 1 atmosphère par 100 mètres n'est pas utilisé par l'organisme, si bien que sa pression
au-dessous du niveau de l'eau. partielle reste inchangée, la même dans l'air inspiré et
L'air est un mélange de gaz : azote, oxygène, dioxyde de dans l'air expiré, dans l'air alvéolaire et dans le sang.
carbone, vapeur d'eau et gaz inertes en petites quantités. Ces principes régissent la diffusion des gaz dans les
Le pourcentage de chacun dans l'air inspiré et l'air expiré alvéoles et à l'extérieur de ceux-ci à travers la membrane
est indiqué dans le tableau 10.1. Chaque gaz du mélange respiratoire (respiration externe) et à travers les membranes
exerce une partie de la pression totale proportionnelle capillaires dans les tissus (respiration interne).
à sa concentration, appelée pression partielle de ce gaz
(tableau 10.2). C'est désigné par exemple par PO2, PCO2. Respiration externe (fig. 10.24A)
Air alvéolaire Il s'agit d'un échange de gaz par diffusion entre les
La composition de l'air alvéolaire est tout à fait constante, alvéoles pulmonaires et le sang dans les capillaires
et elle est différente de celle de l'air atmosphérique. Il est alvéolaires à travers la membrane respiratoire. Chaque
saturé en vapeur d'eau, et il contient plus de dioxyde de paroi alvéolaire est épaisse d'une cellule, et elle est
carbone et moins d'oxygène. La saturation en vapeur entourée par un réseau de très fins capillaires (dont les
d'eau fournit 6,3 kPa (47 mmHg), réduisant ainsi la parois ont aussi une cellule d'épaisseur). La surface totale
pression partielle de tous les autres gaz présents. Les de la membrane respiratoire pour les échanges gazeux
échanges gazeux entre les alvéoles et le courant sanguin pulmonaires est presque l'équivalent de la surface d'un
(respiration externe) est un processus continu car les terrain de tennis. Le sang désoxygéné arrivant aux
alvéoles ne sont jamais vides, et il est donc indépendant poumons dans l'artère pulmonaire vient de tous les tissus
du cycle respiratoire. À chaque inspiration, une partie actifs du corps ; il contient un taux élevé de CO2 et un taux
seulement des gaz alvéolaires est échangée. bas d'O2. Le dioxyde de carbone diffuse, le long d'un
gradient de concentration descendant, du sang désoxygéné
à l'air dans les alvéoles, jusqu'à ce qu'un équilibre avec
Diffusion des gaz l'air alvéolaire soit atteint. Par le même processus,
Des échanges de gaz se produisent quand il existe une l'oxygène diffuse des alvéoles dans le sang. Le flux de
différence de pression partielle à travers des membranes sang dans les capillaires, relativement lent, accroît le
semi-perméables. Les gaz se déplacent par diffusion, de temps disponible pour que la diffusion se produise.
Quand du sang quitte les capillaires alvéolaires, les
concentrations d'oxygène et de dioxyde de carbone sont
Tableau 10.1 Composition de l'air inspiré et expiré en équilibre avec celles de l'air alvéolaire.
275
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Mouvement du CO2
Mouvement de l’O2
Membrane
respiratoire
Paroi Veines
alvéolaire pulmonaires
Artères
Paroi PO2 13,3 kPa pulmonaires
capillaire AG
PCO2 5,3 kPa Cœur
AD
VG
PO2 5,3 kPa PO2 13,3 kPa VD
PCO2 5,8 kPa PCO2 5,3 kPa
De l’artère Vers la
veine pulmonaire Veines
pulmonaire AD – Atrium droit Artères
systémiques
VD – Ventricule droit systémiques
Dir e c
ti o n d u fl u x s a n g u i n AG – Atrium gauche
A VG – Ventricule gauche
Cellules Paroi
tissulaires capillaire
RESPIRATION INTERNE
PO2 13,3 kPa PO2 5,3 kPa Figure 10.25 Respiration externe et respiration interne. Résumé.
PCO2 5,3 kPa PCO2 5,8 kPa
Oxygène
Extrémité Extrémité
artérielle veineuse
L'oxygène est transporté dans le sang :
Direction du flux sanguin
du capillaire du capillaire • en combinaison chimique avec l'hémoglobine (voir
B fig. 4.6, p. 70), sous forme d'oxyhémoglobine (98,5 %) ;
• en solution dans l'eau plasmatique (1,5 %).
Figure 10.24 Respiration. A. Respiration externe. B. Respiration
interne. L'oxyhémoglobine est instable et, dans certaines condi-
tions, elle se dissocie facilement en libérant de l'oxygène.
Les facteurs qui accroissent la dissociation comprennent de
son CO2 et saturé en O2 pendant son passage dans les faibles taux d'O2, un pH bas et l'augmentation de la tempé-
poumons, et il a par conséquent une PO2 plus élevée et rature corporelle (voir Ch. 4). La production de dioxyde de
une PCO2 plus basse que dans les tissus. Cela crée des carbone et de chaleur est accrue dans les tissus actifs, ce qui
gradients de concentration entre les capillaires sanguins conduit à une libération accrue d'oxygène à ce niveau. De
et les tissus, et de ce fait des échanges gazeux se cette façon, l'oxygène est disponible dans les tissus qui en ont
produisent. L'O2 du courant sanguin diffuse à travers la le plus besoin. Alors que l'oxyhémoglobine est d'un rouge
paroi des capillaires dans les tissus. Le CO2 diffuse des brillant, le sang désoxygéné est de couleur bleu pourpre.
cellules dans le liquide extracellulaire, et de là dans le
Dioxyde de carbone
courant sanguin qu'il gagne vers l'extrémité veineuse du
Le dioxyde de carbone est l'un des produits de déchet du
capillaire.
métabolisme. Il est excrété par les poumons il est
La figure 10.25 synthétise les processus de respiration
transporté de trois façons :
interne et externe.
• en majeure partie sous forme d'ion bicarbonate
(HCO3−) dans le plasma (70 %) ;
Transport des gaz dans le courant
• en partie dans les érythrocytes, en combinaison faible
sanguin avec l'hémoglobine, sous forme de carboxyhémoglobine
L'oxygène et le dioxyde de carbone sont transportés dans (23 %) ;
le sang de différentes manières. • en partie en solution dans le plasma (7 %).
276
Système respiratoire CHAPITRE 10
Cortex cérébral
Extrémités
coupées des côtes
Nerfs intercostaux Muscles intercostaux
vers les
Nerf phrénique
muscles intercostaux
vers le diaphragme
Diaphragme
S
D G
Chémorécepteurs centraux. Ils sont situés sur la surface La température corporelle influence la respiration.
du bulbe, baignés par le liquide cérébrospinal. Quand la L'accélération de la respiration lors de la fièvre est due
PCO2 artérielle s'élève (hypercapnie), même légèrement, à l'augmentation du métabolisme, alors qu'en cas d'hy-
les chémorécepteurs centraux répondent en stimulant le pothermie, la respiration comme le métabolisme sont
centre respiratoire, accroissant la ventilation pulmonaire ralentis. Des modifications temporaires de la respiration
et abaissant ainsi la PCO2 artérielle. La sensibilité des surviennent lors de la déglutition, de l'éternuement et de
chémorécepteurs centraux à l'élévation de la PCO2 arté- la toux.
rielle est le plus important facteur dans le maintien du Le réflexe de Hering-Breuer empêche la surdistension
contrôle des gaz du sang chez le sujet sain. Une petite pulmonaire par de l'air. Les récepteurs sensibles à l'étire
baisse de la PO2 (hypoxémie) a le même effet, encore que ment du poumon, liés au centre respiratoire par le nerf
moins prononcé, mais une réduction substantielle a un vague, inhibent la respiration quand le volume pulmo-
effet dépresseur. naire approche le maximum.
Chémorécepteurs périphériques. Ils sont situés dans
l'arc aortique et dans les glomus carotidiens (fig. 10.26). Vieillissement et système
Ils réagissent aux changements des taux de CO2 et d'O2
dans le sang, mais ils sont bien plus sensibles au CO2 qu'à respiratoire
l'O2. Une augmentation même légère des taux de CO2
active ces récepteurs, en déclenchant des influx nerveux Objectif pédagogique
vers le centre respiratoire via les nerfs glossopharyngiens et
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
vagues. Cela stimule une augmentation immédiate de la capable :
fréquence et de l'amplitude des mouvements respira-
toires. Une élévation de l'acidité du sang (baisse du pH, ■ de décrire les principales conséquences du
élévation de [H+]) stimule aussi les chémorécepteurs péri- vieillissement sur la structure et la fonction
respiratoires.
phériques, entraînant une ventilation accrue, une excré-
tion de CO2 augmentée et une élévation du pH sanguin.
Les chémorécepteurs participent également à la régula-
tion de la pression artérielle (p. 102). Les performances respiratoires déclinent à partir de l'âge de
25 ans. La perte de tissu élastique dans les poumons augmente
Exercice et respiration la probabilité que les petites voies aériennes se collabent
L'exercice physique augmente à la fois la vitesse et la durant l'expiration et diminue le volume pulmonaire
profondeur de la respiration afin de répondre aux besoins fonctionnel. Des degrés variables d'emphysème (p. 281) sont
en oxygène accrus des muscles soumis à l'effort. Ces der- normaux chez les personnes âgées, habituellement sans
niers produisent de plus grandes quantités de CO2, ce qui symptômes. En général, le cartilage devient moins flexible
stimule les chémorécepteurs centraux et périphériques. avec l'âge et il existe un risque accru de modifications
L'effort respiratoire plus important persiste même après arthritiques des articulations. La cage thoracique devient
l'arrêt de l'effort, afin de fournir suffisamment d'oxygène donc plus rigide et, parallèlement à la réduction de la fonction
pour combler la « dette en oxygène ». Il s'agit surtout de musculaire en lien avec l'âge, cela réduit la ventilation minute.
l'oxygène nécessaire pour éliminer les déchets, dont Le risque d'infections respiratoires augmente en raison
l'acide lactique. du déclin immunitaire et de la perte de production de
mucus dans les voies aériennes liés à l'âge. Les réflexes
Autres facteurs influençant la respiration respiratoires qui augmentent les efforts respiratoires en
La respiration peut être modifiée par les centres supérieurs réaction à l'augmentation du taux de CO2 et à la baisse
du cerveau sous l'influence : du taux d'O2 dans le sang deviennent moins efficaces ;
• de la parole, du chant ; les personnes âgées peuvent donc moins bien réagir aux
• de manifestations émotionnelles, par exemple pleurs, changements défavorables des gaz du sang.
rires ; L'altération de la respiration chez les personnes âgées
• de médicaments, par exemple sédatifs, et de l'alcool ; est grandement accrue chez les fumeurs.
• du sommeil.
278
Système respiratoire CHAPITRE 10
Les affections pulmonaires obstructives sont caractérisées Fibrose des voies aériennes. Les modifications inflam-
par le blocage du flux aérien dans les voies aériennes. matoires conduisent à une fibrose et à une rigidification
L'obstruction peut être aiguë ou chronique. des parois des conduits aériens, réduisant encore le flux
aérien.
une défaillance cardiaque droite. Lorsque l'insuffisance dans le poumon, d'une enzyme antiprotéolytique, l'α1-
respiratoire se développe, la PO2 du sang artériel baisse antitrypsine. Ces affections entraînent une destruction
(hypoxémie) et la PCO2 du sang artériel s'élève (hyper- progressive du tissu élastique de soutien dans les
capnie). Quand l'affection devient encore plus sévère, le poumons, ceux-ci se dilatant progressivement (thorax en
centre respiratoire bulbaire répond à l'hypoxémie plutôt tonneau). De plus, il existe une distension irréversible des
qu'à l'hypercapnie. Aux stades avancés, les modifications bronchioles respiratoires, des conduits alvéolaires et des
inflammatoires commencent à affecter les bronchioles alvéoles, ce qui réduit la surface disponible pour les
et les alvéoles elles-mêmes, et un emphysème se déve- échanges gazeux.
loppe (voir ci-dessous). Le terme de bronchopneumopathie À l'examen microscopique, le tissu pulmonaire est rem-
chronique obstructive est parfois utilisé pour décrire cette pli de grosses cavités irrégulières créées par la destruc-
situation. tion des parois alvéolaires (fig. 10.29, et comparer avec
fig. 10.19). Il existe deux principaux types d'emphysème
Emphysème (fig. 10.28, 10.29) pulmonaire, et les deux sont présents habituellement.
Emphysème interstitiel
L'emphysème interstitiel est la présence d'air dans les
tissus interstitiels thoraciques ; l'air peut venir :
• de l'extérieur, du fait d'un traumatisme avec par
exemple fracture de côtes, ou d'une plaie par arme
blanche ;
• de l'intérieur, en cas de rupture alvéolaire dans la
cavité pleurale, par exemple lors d'une crise d'asthme,
Figure 10.29 Microscopie à balayage électronique en couleur d'une bronchiolite, d'un accès de toux au cours de la
de tissu pulmonaire avec emphysème. coqueluche.
281
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
L'air dans les tissus se déplace habituellement vers les flux aérien et entraîne une insuffisance respiratoire aiguë
tissus mous du cou, où il est progressivement résorbé avec hypoxie, et possiblement la mort.
sans entraîner de dommages. Une grande quantité d'air Les facteurs non spécifiques susceptibles de déclen-
dans le médiastin peut cependant limiter les battements cher une crise d'asthme comprennent les suivants :
du cœur. • exposition à l'air froid ;
Il est important d'établir la distinction entre l'emphy- • consommation de cigarettes ;
sème interstitiel et le pneumothorax (p. 289), où l'air est • pollution de l'air ;
piégé entre les feuillets de la plèvre. • infection des voies respiratoires supérieures ;
• stress émotionnel ;
• exercice vigoureux.
Asthme (fig. 10.30)
Il existe deux catégories cliniques d'asthme qui, géné-
L'asthme est une maladie inflammatoire des voies ralement, se traduisent par des symptômes identiques
aériennes courante, associée à des épisodes d'hyperréac- et qui sont traitées de la même façon. Les différences
tivité, réversible, du muscle lisse du conduit aérien. La importantes concernent l'âge typique de début et le rôle
muqueuse et les couches musculaires des bronches de l'allergie. L'asthme, quelle que soit son étiologie, peut
deviennent épaissies et les glandes muqueuses agrandies, habituellement être bien contrôlé par l'inhalation d'anti-
rétrécissant le flux aérien dans les voies respiratoires infé- inflammatoires et des produits bronchodilatateurs, per-
rieures. Les parois gonflent et s'épaississent, avec un mettant aux sujets de vivre normalement.
exsudat inflammatoire et un afflux de cellules inflamma-
toires, particulièrement d'éosinophiles. Pendant une crise
d'asthme, le spasme de la musculature bronchique (bron-
Asthme atopique (débutant dans l'enfance,
chospasme) rétrécit la voie aérienne, et il se produit une asthme extrinsèque)
sécrétion excessive d'un mucus épais, gluant, qui rétrécit Ce type touche des enfants et des adultes jeunes ayant
encore plus la voie aérienne. Seule l'expiration partielle une hypersensibilité atopique (de type I) (p. 410) à des
est réalisée, si bien que les poumons deviennent disten- protéines étrangères, par exemple à celles du pollen, de
dus par de l'air et qu'il y a une dyspnée sévère avec des la poussière de maison contenant des acariens, des plumes
sifflements respiratoires (wheezing). La durée des crises va d'oreiller, des squames animales, des champignons. Des
habituellement de quelques minutes à quelques heures. antécédents d'eczéma infantile ou d'allergie alimentaire
Dans les crises sévères aiguës, les bronches peuvent être sont fréquents, et des membres de la famille proche ont
obstruées par des bouchons de mucus, ce qui bloque le souvent eux-mêmes une allergie.
Membrane basale
Muscle lisse Épithélium cilié
Vaisseaux sanguins
Lumière
Bouchon de mucus
Cellule caliciforme
Vaisseau sanguin dilaté
Membrane basale
épaissie Exsudat inflammatoire Éosinophiles Épithélium lésé
maladie restrictive chronique est souvent associée à une La silicose semble prédisposer au développement
fibrose progressive due à l'inflammation pulmonaire d'une tuberculose, qui rapidement évolue vers une bron-
répétée et continue. chopneumonie et possiblement une tuberculose miliaire.
La destruction progressive du parenchyme pulmonaire
Pneumoconiose entraîne une réduction progressive de la fonction pulmo-
naire, une hypertension artérielle pulmonaire, conduisant
Ce groupe de maladies pulmonaires est dû à l'exposition à la défaillance cardiaque droite.
prolongée à des poussières inhalées, laquelle déclenche
une inflammation généralisée et une fibrose progressive
des tissus pulmonaires. L'inhalation de polluants dans le
Asbestose
contexte professionnel constituait une cause importante L'asbestose, due à l'inhalation de fibres d'amiante, se
de maladie pulmonaire avant l'introduction de la développe après 10 à 20 ans d'exposition, parfois après
législation qui a limité l'exposition des travailleurs à seulement 2 ans. Les mineurs d'amiante et les personnes
ceux-ci. Pour qu'une maladie survienne, les particules fabriquant ou utilisant des matériels contenant de l'amiante
doivent être si petites qu'elles sont transportées dans l'air courent un risque. Il existe différentes formes d'amiante,
inspiré au niveau des bronchioles respiratoires et des mais l'amiante bleue est associée à la maladie la plus grave.
alvéoles, où elles ne peuvent être nettoyées que par En dépit de leur grande taille, les particules pénètrent
phagocytose. Les particules plus grosses sont piégées par jusqu'au niveau des bronchioles respiratoires et des
le mucus plus haut dans les voies respiratoires, et alvéoles. Des macrophages s'accumulent dans les alvéoles,
expulsées par l'action ciliaire et la toux. Le risque et les fibres courtes sont ingérées par eux. Les grosses
augmente avec la durée et la concentration de l'exposition, fibres forment des corps d'asbeste, consistant en des fibres
ainsi que chez les fumeurs. entourées de macrophages, de matériel protéique et de
dépôts de fer. Leur présence dans l'expectoration indique
l'exposition à l'amiante, mais pas nécessairement que le
Pneumoconiose du mineur patient est atteint par la maladie, l'asbestose. Les macro-
L'inhalation de poussières de charbon sur une longue phages ayant englobé des fibres sortent des alvéoles,
période entraîne des degrés variables d'altération s'accumulent autour des bronchioles respiratoires et
respiratoire. Beaucoup de mineurs ne développent pas de des vaisseaux sanguins, stimulant la formation de tissu
maladie ou seulement à un degré léger, mais d'autres sont fibreux. Le parenchyme pulmonaire est progressive-
atteints d'une fibrose massive progressive qui entraîne ment détruit, et une dyspnée, une hypoxie chronique,
finalement la mort. Les poussières inhalées s'accumulent une hypertension artérielle pulmonaire conduisant à la
dans les poumons et sont phagocytées par les macrophages, défaillance cardiaque droite se développent. Le lien entre
qui s'amassent autour des voies aériennes et provoquent l'amiante inhalée et la fibrose pulmonaire n'est pas clair.
des degrés variables de fibrose. Si la fibrose demeure Il se pourrait que l'amiante stimule des macrophages,
cantonnée à ces petits amas de macrophages et qu'il n'existe qui sécrètent alors des enzymes déclenchant la fibrose,
pas de réduction importante de la fonction pulmonaire, ou qu'elle stimule une réaction immunitaire responsable
l'affection est appelée pneumoconiose du mineur simple ; de la fibrose. L'amiante est impliquée dans le développe-
celle-ci ne progressera probablement plus une fois que ment de mésothéliomes (p. 288).
l'exposition aux poussières aura cessé. Pour des raisons qui
restent peu claires, les changements fibreux des poumons Alvéolite allergique extrinsèque
progressent bien plus chez certaines personnes, avec la
formation de gros nodules fibreux denses, la destruction et Ce groupe d'affections est dû à l'inhalation de poussières
la cavitation du tissu pulmonaire ainsi qu'une altération organiques, dont celles indiquées dans le tableau 10.3. Les
respiratoire potentiellement mortelle. contaminants agissent comme des antigènes, entraînant
une réaction d'hypersensibilité de type III dans les parois Droit Gauche
des alvéoles.
Initialement, l'allergie entraîne une bronchiolite, une
dyspnée, de la toux, l'accumulation de cellules inflam-
matoires et la formation de granulome (collections de
macrophages). Si l'exposition est brève, la réponse inflam-
matoire peut s'arrêter, mais en cas d'expositions répétées,
une fibrose pulmonaire se développe.
Toxines pulmonaires
Une maladie pulmonaire peut être déclenchée par
diverses toxines et divers médicaments, dont les suivants. A
macrophages et des lymphocytes, sont recrutées pour la susceptibles d'être atteints. L'infection provoque un
défense, séparant les lésions infectées en foyers de Ghon gonflement et une nécrose centrale du nœud. Elle est
(NdT : « chancre d'inoculation »). Les centres des foyers habituellement indolore.
de Ghon sont remplis de matériel nécrosé semblable à du
fromage, qui peut contenir un nombre important de Tuberculose articulaire et osseuse
bactéries actives ayant survécu à l'intérieur des Les articulations intervertébrales, de la hanche et du
macrophages. Si l'infection se répand aux nœuds genou sont les plus fréquemment atteintes ; chez les
lymphatiques régionaux, les foyers de Ghon et ces nœuds enfants, c'est généralement la conséquence de la
infectés sont appelés complexe primaire. À ce stade, la tuberculose primaire. L'infection du disque intervertébral
maladie aura probablement entraîné de la fièvre et des ou de la membrane synoviale d'une articulation synoviale
signes cliniques. Chez la grande majorité des personnes, est suivie de la destruction massive du cartilage et de l'os
elle ne progresse pas davantage, bien que des complexes adjacent ; celle-ci peut progresser en ostéomyélite
primaires calcifiés soient clairement identifiables sur une tuberculeuse.
radiographie. L'exposition à la bactérie entraîne la
sensibilisation, ce qui conduit à une importante réaction Autres tissus atteints
immune médiée par les cellules T (p. 405) si l'infection est Le péricarde, la peau et le tractus gastro-intestinal peuvent
réactivée. tous être atteints. Une personne sur cinq ayant une
maladie non pulmonaire développe une infection du
Tuberculose secondaire SNC, laquelle nécessite un traitement en urgence. Si
La tuberculose secondaire est habituellement due à la celle-ci n'est pas mortelle, elle provoque des lésions
réactivation de la maladie à partir de bactéries latentes neurologiques permanentes chez les survivants.
survivant à la phase primaire. Elle peut survenir des
décennies après l'exposition initiale en réaction à des
facteurs comme le stress, le vieillissement, une immu- Tumeurs du poumon
nodépression ou la malnutrition. L'infection peut alors
bien plus progresser que cela n'était le cas au stade Objectif pédagogique
primaire, avec une destruction et une cavitation impor-
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
tantes des tissus pulmonaires. Les symptômes com- capable :
prennent de la fièvre, de la toux, un malaise, une
■ de décrire la pathologie des tumeurs pulmonaires
hémoptysie, une perte de poids et des sueurs noc-
courantes.
turnes. Près de la moitié des patients atteints de tuber-
culose secondaire développent une tuberculose non
pulmonaire.
tissus et par transport de fragments tumoraux dans les Les conséquences cliniques du collapsus (atélectasie) de la
vaisseaux sanguins ou les vaisseaux lymphatiques. Si des totalité ou d'une partie du poumon dépendent de
vaisseaux tumoraux sanguins ou lymphatiques sont l'étendue du poumon concernée. Des parties pulmonaires
érodés, des fragments peuvent diffuser alors que la tout à fait importantes peuvent être atteintes sans
tumeur est tout à fait petite. Une tumeur métastatique symptômes évidents. Il existe quatre principales causes
peut donc donner des symptômes avant que la tumeur de collapsus pulmonaire :
primaire pulmonaire ait été détectée. • l'obstruction d'une voie aérienne (collapsus par
Extension locale. Elle peut se faire dans le poumon ou résorption d'air) ;
aux structures médiastinales, par exemple aux vaisseaux • altération de la fonction du surfactant ;
sanguins, aux nerfs, à l'œsophage. • compression pulmonaire ;
• hypoventilation alvéolaire.
Extension lymphatique. Des fragments tumoraux dif-
fusent par des vaisseaux lymphatiques à des nœuds lym- Obstruction d'une voie aérienne (collapsus
phatiques successifs, dans lesquels ils peuvent provoquer
par résorption d'air, fig. 10.32A)
des tumeurs métastatiques. Des fragments peuvent entrer
dans la lymphe drainant une tumeur, ou passer dans un La quantité de poumon atteinte dépend du calibre de la
plus gros vaisseau dont la paroi a été érodée par une voie aérienne obstruée. En aval de l'obstruction, de l'air est
tumeur en croissance. piégé dans les alvéoles pulmonaires qui dépendent du
conduit obstrué ; cet air est résorbé, et le poumon se collabe
Extension par voie sanguine. Les cellules tumorales dans le territoire de l'obstruction. Les sécrétions qui se
pénètrent dans le sang habituellement quand un vaisseau sont collectées en aval de l'obstruction peuvent s'infecter,
sanguin est érodé par l'extension de la tumeur. Les métas- conduisant à la formation d'abcès. À court terme,
tases siègent le plus souvent dans le foie, le cerveau, les l'obstruction est habituellement suivie par la réaération du
glandes surrénales, les os et les reins.
Mésothéliome pleural
La majorité des cas de cette tumeur pleurale maligne sont Alvéole collabée
en aval de l’obstruction
dus à l'exposition antérieure à la poussière d'amiante chez
par exemple des travailleurs de l'amiante, des personnes Obstruction dans la
vivant près des mines d'amiante ou d'usines en utilisant. bronche
Le tabagisme augmente le risque de développer un
mésothéliome chez les personnes exposées à l'amiante. Le
mésothéliome se développe après une durée d'exposition Plèvre pariétale
à l'amiante extrêmement variable, allant de 3 mois à Plèvre viscérale
60 ans ; il est habituellement dû à des fibres d'amiante
bleue (crocidolite). La tumeur atteint les deux feuillets de Cavité pleurale
la plèvre et, en croissant, elle oblitère la cavité pleurale,
comprimant le poumon. Des métastases par voie
lymphatique et/ou sanguine sont fréquentes, au niveau A
des nœuds lymphatiques hilaires et mésentériques, de Air dans l’espace
Plèvre viscérale
pleural
l'autre poumon, du foie, de la thyroïde et des glandes
Plèvre pariétale
surrénales, des os, des muscles squelettiques et du
cerveau. Le pronostic est habituellement très mauvais.
Objectifs pédagogiques
Poumon comprimé dans
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être un espace réduit
capable :
Sang, exsudat inflammatoire
■ d'énumérer les principales causes de collapsus dans l’espace pleural
pulmonaire ; B
poumon, sans effets nocifs durables. Une obstruction la pénétration d'air dans la cavité pleurale du fait de la
prolongée entraîne une fibrose progressive du territoire rupture de la plèvre viscérale lors d'une maladie pulmo-
collabé en permanence. Une obstruction soudaine peut naire, par exemple lors de l'emphysème, de l'asthme, de
être due à l'inhalation d'un corps étranger (habituellement la tuberculose, du cancer bronchique.
dans la bronche principale droite, qui est plus large et dont
Pneumothorax traumatique. Il est dû à un traumatisme
l'angle est plus prononcé que la gauche), à un bouchon de
pénétrant qui perce la plèvre, par exemple à une fracture
mucus formé lors d'une crise d'asthme ou au cours d'une
de côtes, à une plaie par arme blanche, à une intervention
bronchite chronique. Une obstruction progressive peut
de chirurgie thoracique.
être due à une tumeur endobronchique, ou à la compression
d'une bronche, par exemple par des nœuds lymphatiques Pneumothorax suffocant (fig. 10.33). Il apparaît quand
médiastinaux hypertrophiés, un anévrisme aortique. un clapet ou une valve unidirectionnelle est présent entre
le poumon et la cavité pleurale. L'air qui pénètre dans la
cavité pleurale pendant l'inspiration ne peut pas en sortir
Fonction du surfactant altérée
pendant l'expiration, et s'accumule de façon continue. La
Les prématurés, nés avant la 34e semaine de gestation, pression intrapleurale s'élève de façon importante
sont incapables de mettre leurs poumons en expansion (« pneumothorax sous tension »), le médiastin est dévié
par leurs propres efforts respiratoires, car leurs poumons vers le côté opposé, et l'autre poumon est comprimé ; il
sont trop immatures pour produire du surfactant (p. 270). en résulte une détresse respiratoire sévère, mortelle en
Ces bébés ont besoin d'être ventilés mécaniquement l'absence de traitement d'urgence.
jusqu'à ce que leurs poumons produisent du surfactant.
Cette affection est appelée maladie respiratoire du nouveau-né Hémothorax
(NdT : ou maladie des membranes hyalines). Il s'agit de la présence de sang dans la cavité pleurale. Il
Lors du syndrome de détresse respiratoire de l'adulte peut être dû :
(SDRA), la dilution du surfactant par le liquide collecté
dans les alvéoles (œdème pulmonaire) entraîne une atélec- • à un traumatisme thoracique pénétrant impliquant
des vaisseaux sanguins ;
tasie. Ces patients sont presque toujours déjà sévèrement
malades, et le collapsus de parties substantielles des pou- • à la rupture d'un anévrisme aortique ;
mons contribue à un taux de mortalité d'environ un tiers. • à l'érosion d'un vaisseau sanguin par une tumeur
maligne.
289
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Pneumothorax suffocant
Déplacement médiastinal
Plèvre pariétale
Plèvre viscérale
B Exhalaison. L’air piégé dans
l’espace pleural ne peut pas
retourner vers les alvéoles
Lambeau de tissu fermant affectés car la brèche est
la brèche fermée par le lambeau de tissu
agissant comme une valve
unidirectionnelle
Compression du cœur et du
poumon non atteint
290
CHAPITRE
11
Introduction à la nutrition
Régime alimentaire équilibré 292 Troubles de la nutrition 302
Nutriments 294 Malnutrition protéino-énergétique 302
Hydrates de carbone 294 Malabsorption 302
Protéines (aliments azotés) 295 Obésité 302
Graisses 296 Affections ayant des implications sur le régime
Vitamines 296 alimentaire 303
Minéraux, éléments traces et eau 299
Eau 300
Polysaccharides non amidonnés 300
Fonctions des fibres alimentaires 300
Nutrition et vieillissement 300
Les troubles nutritionnels chez les personnes
âgées 301
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Avant d'étudier le système digestif, il est nécessaire de Un régime alimentaire équilibré contient des proportions
connaître les besoins nutritionnels de l'organisme, c'est-à- adéquates de tous les nutriments nécessaires à la santé ; il
dire les constituants alimentaires et leurs fonctions. La est normalement réalisé en mangeant divers aliments, à
nourriture apporte des nutriments, certains allant servir à l'exception du lait maternel. En effet, aucun aliment ne
fournir de l'énergie, d'autres étant nécessaires pour le contient à lui seul les proportions correctes de tous les
maintien de la santé, par exemple pour la croissance et le nutriments essentiels. Si un nutriment quelconque est
métabolisme cellulaire. Ces substances sont les suivantes : mangé excessivement, ou s'il est en quantité insuffisante,
• hydrates de carbone ; la santé peut en pâtir. Par exemple, un régime alimentaire
• protéines ; hautement calorique peut conduire à l'obésité, un régime
• graisses ; alimentaire déficient en fer à l'anémie.
• vitamines ; Un régime alimentaire équilibré est important pour
• sels minéraux, éléments traces (oligoéléments) et eau. maintenir un poids corporel sain ; il peut être évalué en
calculant l'indice de masse corporelle (IMC) (encadré 11.1).
De nombreux aliments contiennent une combinaison L'alimentation saine, c'est-à-dire le fait de manger de
de nutriments ; par exemple, les pommes de terre et le manière équilibrée, nécessite certaines connaissances,
pain contiennent principalement des hydrates de car- de même qu'une programmation. Un point important
bone, mais tous deux contiennent aussi des protéines est la quantité d'énergie requise. Elle doit répondre aux
et certaines vitamines. Les fibres, ou plus exactement les besoins individuels. Les besoins énergétiques quotidiens
polysaccharides non amidonnés, sont un matériel non diges- dépendent de plusieurs facteurs dont le métabolisme
tible. Bien qu'ils ne soient ni des nutriments, ni une source de base (p. 335), l'âge, le sexe et le niveau d'activité. Les
d'énergie, et bien qu'ils ne soient pas essentiels pour le hydrates de carbone alimentaires, les graisses et les pro-
métabolisme cellulaire, les polysaccharides non amidon- téines constituent les principales sources d'énergie, et la
nés sont importants pour le régime alimentaire car ils ont graisse est la forme la plus concentrée. L'énergie alimen-
de nombreux effets bénéfiques sur le corps. taire est exprimée en joules ou kilojoules (kJ), bien que les
Le régime alimentaire est la sélection d'aliments ingé- anciens termes de calories et de kilocalories (kcal ou cal)
rés par un individu. Un régime alimentaire équilibré est soient encore utilisés.
nécessaire à la santé. Il fournit les quantités appropriées Cette section est fondée sur les recommandations de
de tous les nutriments, en proportions adéquates, néces- la British Nutrition Foundation (2013). Les recomman-
saires aux besoins des cellules corporelles. Un nutriment dations concernant l'apport alimentaire quotidien font
essentiel est une substance ne pouvant être produite un tri au sein des groupes d'aliments, entre des aliments
par l'organisme, et qui doit donc faire partie du régime d'origine semblable et de même valeur nutritive. Il s'agit
alimentaire. de veiller à ce que, à partir de l'âge de 2 ans, une certaine
Les premières sections de ce chapitre détaillent le proportion d'aliments de chaque groupe soient mangés
régime alimentaire équilibré et ses composantes. La nutri- chaque jour (fig. 11.1). Si ce plan est suivi, le régime ali-
tion et ses conséquences sur les personnes âgées sont mentaire qui en résulte a toute chance d'être bien équili-
aussi abordées. bré. Les cinq groupes alimentaires sont les suivants :
De nombreux problèmes de santé sont dus à un
• pain, riz, pommes de terre et pâtes ;
mauvais régime alimentaire. Dans les pays développés,
• fruits et légumes ;
l'obésité est de plus en plus fréquente, tandis que dans
• lait et produits laitiers ;
d'autres pays la malnutrition est répandue. La dernière
• viande, poisson, œufs, haricots ;
section du chapitre traite de certaines conséquences de la
• aliments et boissons riches en graisses et/ou sucres.
malnutrition.
292
Introduction à la nutrition CHAPITRE 11
L’assiette équilibrée
Utilisez l’assiette équilibrée pour vous aider à trouver le bon équilibre.
Elle vous montre quelle quantité de ce que vous mangez doit provenir
de chaque groupe alimentaire.
Figure 11.1 L'assiette équilibrée. Les principaux groupes alimentaires et leurs proportions recommandées dans un régime équilibré. Reproduit
avec l'autorisation de Food Standards Agency (Royaume-Uni).
Les deux premiers groupes ci-dessus devraient former fruits purs. Ces aliments fournissent des hydrates de
les deux tiers du régime alimentaire, les autres groupes carbone, des fibres, de la vitamine C, de l'acide folique et
en formant le reste, avec seulement des quantités limitées des fibres. Il est recommandé d'en manger chaque jour au
d'aliments et de liquides riches en graisses et/ou sucres. moins cinq portions.
Pain, riz, pommes de terre et pâtes Une portion = une pomme, une orange
La British Nutrition Foundation recommande que ce ou une banane de taille moyenne ; trois
groupe constitue un tiers du régime alimentaire et que
cuillérées à soupe de légumes cuits, un bol de salade
chaque repas soit centré sur l'un des aliments de ce
groupe. Les pommes de terre, l'igname, les bananes mixte ; 150 ml de jus de fruits ou de smoothie.
plantains et les patates douces sont classés comme
« hydrates de carbone amidonnés » ; ils sont donc envisagés
dans ce groupe plutôt que dans celui des fruits et légumes.
Lait et laitages
Les autres aliments de ce groupe comprennent les céréales
Les aliments de ce groupe fournissent des protéines et
du petit déjeuner, le riz et les nouilles. Ces aliments
des minéraux, dont le calcium et le zinc ; certains sont
contiennent des hydrates de carbone et des fibres, qui
aussi une source de vitamines A, B2 et B12. Ils
libèrent de façon soutenue de l'énergie, ainsi que des
comprennent le lait, le fromage, le fromage frais et les
fibres. Certains contiennent aussi du fer et des vitamines
yaourts, et contiennent souvent de très grandes
du groupe B, dont l'acide folique (p. 298).
quantités de graisse. L'apport devrait donc se limiter
à trois portions par jour.
Fruits et légumes
Les aliments de ce groupe comprennent des produits Une portion = 200 ml de lait, 150 g de yaourt,
frais, congelés ou en conserve, les jus composés à 100 %
ou 30 g de fromage
de fruits ou de légumes, et les smoothies composés de
293
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Viandes, poissons, œufs, haricots relativement plus rapides. Des affections gastro-
En plus des aliments montrés à la figure 11.1, ce groupe intestinales comportent une intolérance à certains aliments
comprend les produits à base de viande, comme le bacon, limitant le choix diététique personnel, comme c'est le cas
les saucisses, les hamburgers, le salami et le pâté. Des de la maladie cœliaque (p. 354).
quantités modérées sont recommandées car nombre de La digestion, l'absorption et l'utilisation des nutri-
ces aliments contiennent beaucoup de graisses. Il est ments sont présentées dans le chapitre 12. La structure
indiqué de manger deux fois par semaine du poisson, y des hydrates de carbone, des protéines et des graisses est
compris une portion de poisson gras, par exemple du décrite dans le chapitre 2.
saumon, du maquereau, de la truite, des sardines ou du
thon frais. Ces aliments fournissent des protéines, du fer,
des vitamines B et D et parfois des minéraux. Des Nutriments
alternatives végétariennes comprennent le tofu, les noix,
les haricots et les légumes secs, comme les lentilles. Les Objectifs pédagogiques
haricots et les légumes secs constituent aussi une bonne
source de fibres. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
Aliments et boissons riches en graisses ■ de décrire les fonctions des hydrates de carbone,
et/ou sucres des protéines et des graisses ;
Ces aliments sont illustrés à la figure 11.1. Ils comprennent ■ de décrire les sources et les fonctions des vitamines
aussi les huiles, le beurre, la margarine (dont les pâtes à hydro- et liposolubles ;
tartiner allégées), la mayonnaise, les fritures, y compris les
■ d'énumérer les sources et les fonctions des
chips, les sucreries, le chocolat, la crème fraîche, les glaces,
minéraux, des éléments trace et de l'eau.
les gâteaux, la confiture, les boissons sucrées et non
alcoolisées, mais pas les boissons diététiques. Les graisses
sont classées comme saturées et insaturées, et la différence
entre celles-ci est expliquée à la page 296. Ces aliments
riches en énergie ont peu d'intérêt nutritionnel, et ils Hydrates de carbone
doivent être utilisés avec parcimonie, si ce n'est pas du tout. Les hydrates de carbone, principalement les sucres et les
amidons, sont présents dans une grande variété
Recommandations supplémentaires d'aliments, par exemple le sucre, la confiture, les céréales,
La British Nutrition Foundation fait d'autres recomman- le pain, les biscuits, les pâtes, les aliments minute, les
dations spécifiques concernant l'apport en sel (p. 299) et en fruits et légumes. Chimiquement, ils sont faits de
liquide (1,5 à 2 litres par jour). Cela comprend l'eau, le thé, le carbone, d'hydrogène et d'oxygène, l'hydrogène et
café, les citronnades ou orangeades et les jus de fruit. L'apport l'oxygène étant en mêmes proportions que dans l'eau.
en alcool ne devrait pas dépasser 3 à 4 unités par jour chez Les hydrates de carbone sont classés en fonction de la
les hommes et 2 à 3 unités par jour chez les femmes. complexité des substances chimiques dont ils sont
formés.
Bilan azoté
Fonctions des protéines
Les acides aminés en excès sont dégradés. Le groupe amine Les acides aminés sont utilisés pour :
(~NH2) est converti en déchets azotés et excrété par les • la croissance et l'entretien des cellules et des tissus du
reins. Le reste de la molécule est converti soit en glucose corps ;
295
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
• la synthèse d'enzymes, de protéines plasmatiques, • les lipoprotéines de faible densité (low-density lipoprotein
d'anticorps (immunoglobulines) et de certaines [LDL]) : elles transportent le cholestérol depuis le
hormones ; foie vers les cellules. Des taux excessifs de LDL
• fourniture d'énergie. Normalement fonction
la dans le sang sont dangereux pour la santé, car les
secondaire, elle devient importante si l'alimentation LDL peuvent se former dans les parois artérielles,
n'apporte pas assez d'hydrates de carbone et si les et entraîner une athérosclérose. Le LDL est parfois
réserves de graisses sont épuisées. appelé « mauvais cholestérol » ;
• lipoprotéines de haute densité (high-density lipoprotein
les
Quand une protéine est ingérée en quantité dépas- [HDL]) : elles transportent le cholestérol des cellules
sant les besoins, sa partie azotée est détachée, c'est-à-dire vers le foie, où elles sont soit dégradées, soit excrétées.
qu'elle est désaminée, puis excrétée par les reins. Le reste On les appelle parfois « bon cholestérol », et des taux
de la protéine est converti en lipides, stockés dans les élevés de HDL ont un effet cardioprotecteur.
dépôts de graisses, c'est-à-dire dans les cellules adipeuses
(adipocytes) du tissu adipeux (p. 42). Des taux élevés de cholestérol dans le sang sont asso-
ciés à un risque accru d'athérosclérose (p. 127), d'hyper-
Graisses tension artérielle (p. 138) et de diabète sucré (p. 250).
Les graisses sont faites de carbone, d'hydrogène et
d'oxygène mais, à la différence des hydrates de carbone, Fonctions des graisses
l'hydrogène et l'oxygène ne sont pas dans les mêmes
Ces fonctions comprennent :
proportions que dans l'eau. Il existe plusieurs groupes de
graisses et de lipides importants dans la nutrition. • la fourniture d'une source d'énergie chimique et de
chaleur ;
Graisses (triglycérides) • le soutien de certains organes, par exemple des reins,
Communément appelées « graisses », les molécules de des yeux ;
triglycérides consistent en trois molécules d'acides gras • le transport et le stockage des vitamines liposolubles :
liées à une molécule de glycérol (voir fig. 2.9, p. 28). En A, D, E, K ;
fonction du type des acides gras et de leurs quantités • la constitution des gaines de myéline (p. 156) et du
relatives, les graisses sont classées comme saturées ou sébum (p. 389) ;
insaturées. En général, les graisses saturées sont solides à • la formation des hormones stéroïdiennes à partir du
température ambiante et sont issues de sources animales, cholestérol ;
tandis que les graisses insaturées sont des huiles, • le stockage de l'énergie sous forme de graisse du tissu
habituellement dérivées de légumes ou de plantes. Un adipeux sous-cutané et dans le mésentère, quand
apport élevé en graisses saturées peut prédisposer à une l'apport alimentaire dépasse les besoins ;
maladie coronarienne (Ch. 5). • l'isolation thermique, la graisse sous-cutanée
Les acides linoléique, linolénique et arachidonique réduisant la perte de chaleur par la peau ;
sont des acides gras essentiels, ne pouvant pas être syn- • le sentiment de satiété, la durée de vidange de
thétisés par l'organisme en quantités suffisantes. Ils sont l'estomac étant allongée après avoir mangé des
nécessaires pour la synthèse des prostaglandines, des aliments riches en graisse, ce qui retarde le retour de
phospholipides et des leucotriènes. Ces acides gras sont la sensation de faim.
retrouvés dans les poissons gras.
Lorsque le corps stocke trop de graisse, il est important
de ne pas trop manger car cela va conduire au surpoids
Cholestérol
ou à l'obésité (p. 302).
À la différence d'autres lipides dont les molécules sont
composées de chaînes d'atomes, cette molécule contient
quatre anneaux, qui lui donnent sa structure stéroïdienne
caractéristique. Elle peut être synthétisée par le corps
Vitamines
(environ 20 %), le reste provenant des graisses saturées • Les vitamines sont des composés chimiques
du régime alimentaire, car elle constitue un composant nécessaires en très petites quantités, jouant un rôle
des produits laitiers entiers, des viandes grasses et du essentiel dans le métabolisme. Comme la plupart
jaune d'œuf. Le cholestérol est nécessaire à la synthèse des d'entre elles ne peuvent pas être produites par le
hormones stéroïdiennes, par exemple les glucocorticoïdes corps, elles représentent une partie essentielle du
et les minéralocorticoïdes (Ch. 9), et il est un composant régime alimentaire ; une carence peut entraîner une
important des membranes cellulaires. maladie carentielle. Elles sont retrouvées dans des
Le cholestérol est transporté dans le sang combiné avec aliments très divers, et divisées en deux groupes : les
des protéines, formant des lipoprotéines. Deux exemples vitamines liposolubles : A, D, E et K ;
296
en sont : • les vitamines hydrosolubles : complexes B et C.
Introduction à la nutrition CHAPITRE 11
Les apports journaliers nécessaires pour les adultes La vitamine D augmente l'absorption intestinale du
sont indiqués page 508. calcium et du phosphate et stimule leur rétention par les
reins. Elle favorise par conséquent la calcification des os
Vitamines liposolubles et des dents.
Sa carence est responsable du rachitisme chez l'enfant,
La bile est nécessaire pour l'absorption de ces vitamines de l'ostéomalacie chez l'adulte (p. 458), par altération de
dans l'intestin grêle. La présence d'huiles minérales dans l'absorption intestinale et de l'utilisation osseuse du cal-
l'intestin et la malabsorption altèrent leur absorption. cium et du phosphate. Son stockage dans les graisses et
le muscle est tel que le déficit peut ne devenir apparent
Vitamine A (rétinol)
qu'après plusieurs années de carence.
Cette vitamine est présente dans des aliments tels que la
crème, le jaune d'œuf, le foie, l'huile de poisson, le lait, le Vitamine E
fromage et le beurre. Elle est absente des graisses et des Aussi appelée tocophérol, cette vitamine est présente dans
huiles végétales, mais elle est ajoutée à la margarine les noix, le jaune d'œuf, le germe de blé, les céréales
pendant sa fabrication. Elle peut être synthétisée dans entières, le lait et le beurre.
l'organisme à partir de certains carotènes, dont les La vitamine E est un antioxydant, qui par conséquent
principales sources alimentaires sont les légumes verts, protège les constituants corporels tels que les lipides
les fruits de couleur orange (par exemple mangues, membranaires de la destruction par des réactions oxy-
abricots) et les carottes. datives dues à ses radicaux libres. Récemment, il a été
Les rôles principaux de la vitamine A dans l'organisme montré que la vitamine E fournit une protection contre la
sont : maladie coronarienne.
• la génération de la rhodopsine (pourpre visuel), Le déficit de cette vitamine est rare en raison de sa pré-
pigment rétinien sensible à la lumière (Ch. 8) ; sence dans de nombreux aliments ; il ne s'observe habi-
• croissance et la différenciation cellulaires ; cela est
la tuellement que chez des nouveau-nés prématurés, et lors
particulièrement important pour les cellules à croissance des affections comportant un déficit de l'absorption intes-
rapide, telles que les cellules épithéliales recouvrant les tinale des graisses, par exemple la mucoviscidose.
surfaces corporelles tant internes qu'externes ;
• développement de l'immunité et la défense contre
le Vitamine K
l'infection ; Les sources de vitamine K sont le foie, certaines huiles
• développement de la croissance, par exemple
le végétales et les légumes verts à feuilles. Elle est synthétisée
osseuse. dans le côlon par des bactéries intestinales, et des quantités
significatives sont absorbées à ce niveau. Une petite
Le premier signe de carence en vitamine A est la cécité
quantité est stockée dans le foie.
nocturne (NdT : héméralopie ; ou plus précisément hes-
La vitamine K est nécessaire à la synthèse hépatique de
péranopie, affaiblissement considérable de la vision
la prothrombine, des facteurs VII, IX et X, qui sont tous
quand la lumière diminue) due à la formation d'un pig-
essentiels pour la coagulation du sang (p. 75). Leur déficit
ment rétinien anormal. La carence se traduit aussi par
entrave par conséquent la coagulation normale du sang.
la xérophtalmie, qui est la sécheresse de la conjonctive
Ce déficit peut s'observer chez l'adulte en cas d'obstacle
bulbaire s'étendant à la cornée, s'accompagnant d'atro-
à l'écoulement de la bile, d'atteinte hépatique sévère,
phie conjonctivale et de plaques blanches d'épithélium
de malabsorption lors d'affections telles que la maladie
conjonctival épaissi (NdT : taches de Bitot), entraînant
cœliaque. Les prématurés peuvent recevoir de la vitamine
la perte de la vision par épaississement de la cornée, qui
K pour éviter la maladie hémorragique du nouveau-né
peut s'ulcérer et se perforer (NdT : kératomalacie). C'est
(p. 84). En effet, leur intestin est stérile, et il faut plusieurs
une cause fréquente de cécité dans les pays en voie de
semaines pour qu'il soit colonisé par des bactéries pro-
développement. L'atrophie et la kératinisation d'autres
duisant de la vitamine K, ce qui favorise une coagulation
tissus épithéliaux entraînent une incidence croissante
sanguine normale.
d'infections de l'oreille, des appareils respiratoire, génito-
urinaire, digestif. L'immunité est compromise et le déve-
loppement osseux peut être anormal et retardé. Vitamines hydrosolubles
Vitamine D Les vitamines hydrosolubles sont éliminées par les urines ;
La vitamine D est présente principalement dans les les réserves en sont donc habituellement limitées.
graisses animales, amenées par les œufs, le beurre, le
fromage, les huiles de foie de poisson. Les humains Complexe vitaminique B
peuvent synthétiser cette vitamine par l'action des rayons Il s'agit d'un groupe de vitamines hydrosolubles qui
ultraviolets du soleil sur une forme de cholestérol dans la favorisent l'activité d'enzymes impliquées dans le
peau (7-déhydrocholestérol). catabolisme des nutriments, pour libérer de l'énergie.
297
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Vitamine B1 (thiamine). Cette vitamine est présente dans carbone dans les cellules. Elle inhibe la production du
les noix, la levure, le jaune d'œuf, le foie, les légumes, la cholestérol, et contribue au catabolisme des graisses. Sa
viande et le germe des céréales. Elle est rapidement carence est rare et s'observe principalement dans les
détruite par la chaleur. La thiamine est essentielle pour la régions où le maïs est le principal constituant de l'alimen-
libération aérobie complète d'énergie par les hydrates de tation, car la niacine du maïs est une forme inutilisable.
carbone. Si elle est absente ou déficitaire, les acides pyru- La pellagre se développe au bout de 6 à 8 semaines de
vique et lactique s'accumulent, ce qui peut entraîner déficit sévère. Elle se caractérise par les anomalies sui-
l'accumulation de liquide tissulaire (œdème) et la défail- vantes :
lance cardiaque. La thiamine est également importante • dermatite – rougeur de la peau exposée à la lumière ;
pour le fonctionnement du système nerveux en raison de • délire et démence.
la dépendance de ce dernier vis-à-vis du glucose comme
source d'énergie.
Vitamine B6 (pyridoxine). Cette vitamine stable est pré-
Sa carence entraîne le béribéri, observé essentiellement
sente dans le jaune d'œuf, les pois, les haricots, le soja, la
dans les régions où le riz poli est le principal constituant
levure, la volaille, les poissons à chair blanche et les caca-
de l'alimentation. Le béribéri comporte les troubles sui-
huètes. Le déficit alimentaire est très rare. La vitamine B6
vants :
intervient dans le métabolisme des acides aminés, dont la
• amyotrophie sévère ; synthèse des acides aminés non essentiels, et d'impor-
• arrêt de la croissance chez les enfants ; tantes molécules telles que l'hème et les acides nucléiques.
• polynévrite, traduisant la dégénérescence des
fibres motrices et sensitives (NdT : polynévrite Vitamine B12 (cyanocobalamine). C'est un groupe de
sensitivomotrice), et atteinte de certains nerfs composés contenant du cobalt. Il est présent dans presque
autonomiques ; tous les aliments d'origine animale, et est détruit par la
• sensibilité aux infections. chaleur.
La vitamine B12 joue un rôle essentiel dans la synthèse
En l'absence de traitement, la mort survient par défail- de l'ADN, et son déficit entraîne une anémie mégalo-
lance cardiaque ou infection microbienne sévère (NdT : blastique (p. 78), corrigée par l'apport de vitamine B12.
l'atteinte cardiaque s'observe aussi isolément, sans poly- Cependant, cette vitamine est également requise pour
névrite, réalisant une myocardite ; une atteinte cérébrale la formation et le maintien de la myéline, substance lipi-
peut s'observer aussi). dique entourant et protégeant certains nerfs. Son déficit
La principale cause de carence en thiamine dans les entraîne donc des dommages irréversibles tels qu'une
pays développés est l'alcoolisme, lors duquel l'apport neuropathie périphérique et/ou une dégénérescence de
alimentaire est habituellement pauvre. Cela affecte le la moelle, et cela atteint habituellement les personnes
système nerveux central et entraîne des troubles neuro- âgées. La présence de facteur intrinsèque sécrété par l'es-
logiques, habituellement irréversibles, comprennent une tomac est nécessaire à l'absorption intestinale de la vita-
perte de la mémoire, une ataxie et des troubles visuels mine B12, et la carence en vitamine B12 est habituellement
(NdT : encéphalopathie de Gayet-Wernicke). liée au déficit en facteur intrinsèque.
les hydrates de carbone du métabolisme. Aucune maladie Le calcium est également impliqué dans la coagulation du
carentielle n'est connue. Il est détruit par une forte chaleur sang et la fonction nerveuse et musculaire. Une carence
et par le gel. en calcium provoque le rachitisme chez les enfants et
l'ostéomalacie chez les adultes (p. 458).
Biotine. Elle est présente dans une grande quantité d'ali-
ments, dont la levure, le jaune d'œuf, le foie, le rein et les
tomates ; elle est synthétisée par des bactéries dans l'intes- Phosphate
tin. Elle intervient dans le métabolisme des hydrates de Les sources de phosphate comprennent le lait et les
carbone, des lipides et de certains acides aminés. Sa produits laitiers, la viande rouge, le poisson, la volaille,
carence est très rare. le pain et le riz. Si l'apport alimentaire en calcium est
suffisant, la carence en phosphate est improbable.
Vitamine C (acide ascorbique) Il est associé au calcium et à la vitamine D dans le dur-
Cette vitamine est présente dans les fruits frais, en cissement des os et des dents ; 85 % du phosphate corpo-
particulier les graines de cassis, les oranges, les rel sont présents dans ces sites. Les phosphates sont des
pamplemousses et les citrons, ainsi que dans le parties essentielles des acides nucléiques (ADN et ARN,
cynorrhodon et les légumes verts. La vitamine est très voir Ch. 17), des membranes cellulaires et des molécules
soluble dans l'eau ; elle est facilement détruite par la d'énergie stockées dans les cellules, telles que l'adénosine
chaleur, le vieillissement, le coupage, le salage et le triphosphate (ATP, fig. 2.10, p. 28).
séchage. Ces processus pourraient prédisposer au
développement du scorbut. Une carence devient apparente Sodium
en 4 à 6 mois. Le sodium est présent dans la plupart des aliments, en
La vitamine C intervient dans le métabolisme pro- particulier dans les produits alimentaires transformés. Il
téique, en particulier dans le dépôt de fibres collagènes est aussi fréquemment ajouté sous forme de sel de cuisine
dans le tissu conjonctif. La vitamine C, comme la vita- et de sel de table. L'apport quotidien de chlorure de
mine E, est un antioxydant, protégeant des molécules sodium dépasse généralement les recommandations, et
corporelles des réactions oxydantes nuisibles dues aux l'excès est normalement éliminé par l'urine. L'excès de
radicaux libres. Quand le scorbut altère la production sodium est associé à l'hypertension artérielle (p. 138), qui
de collagène, cela entraîne une fragilité des vaisseaux est un facteur de risque de maladie cardiaque ischémique
sanguins, un retard à la cicatrisation des plaies et une (p. 134) et d'accident vasculaire cérébral (p. 194). L'apport
mauvaise réparation osseuse. Les gencives deviennent quotidien en sel (chlorure de sodium) chez les adultes ne
tuméfiées, et les dents se déchaussent. Les effets systé- devrait pas dépasser 6 g. En pratique, le contenu en
miques comprennent une fatigue, une faiblesse ainsi que sodium des aliments est habituellement indiqué sur les
des douleurs articulaires et musculaires. étiquettes ; pour le convertir en sel, le contenu en sodium
doit être multiplié par 2,5.
C'est le cation extracellulaire le plus abondant ; il est
Minéraux, éléments traces et eau essentiel à la contraction musculaire et à la transmission
de l'influx nerveux.
Minéraux et éléments traces
Les minéraux sont des substances anorganiques requises
en petites quantités pour le fonctionnement cellulaire Potassium
normal. Certains minéraux comme le calcium, le Cette substance est largement répartie dans tous les
phosphate, le sodium et le potassium sont nécessaires en aliments, en particulier dans les fruits et les légumes. La
plus grande quantité que les autres. Ceux requis en très prise quotidienne dépasse habituellement les besoins en
petites quantités sont appelés éléments traces ou minéraux potassium.
traces, par exemple le fer, l'iode, le zinc, le cuivre, le C'est le cation intracellulaire le plus abondant, et il est
cobalt, le sélénium et le fluorure. Les principaux minéraux intervient dans la contraction musculaire ainsi que la
et éléments traces sont indiqués ci-après. transmission de l'influx nerveux.
Calcium Fer
Le calcium est présent dans le lait, le fromage, les œufs, Le fer est un corps soluble présent dans le foie, la viande
les légumes verts et certains poissons, par exemple les rouge, les légumes secs, les noix, les œufs, les fruits secs,
sardines. Un apport adéquat doit être obtenu par un le pain complet et les légumes verts à feuilles. Chez les
régime alimentaire normal, bien équilibré ; les besoins adultes normaux, le corps perd environ 1 mg de fer
sont plus élevés chez la femme enceinte et les enfants. chaque jour. Le régime alimentaire normal en amène
C'est le plus abondant des minéraux, et 99 % du calcium chaque jour davantage, c'est-à-dire 9 à 15 mg, mais
(environ 1 kg chez les adultes) sont présents dans les os seulement 5 à 15 % de la quantité ingérée sont absorbés.
et les dents, dont il est un composant structural essentiel. Le fer est nécessaire à la formation de l'hémoglobine des
299
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
risque d'ostéoporose (p. 458) peut être grandement réduit l'activité physique et du métabolisme de base plutôt qu'à
par des apports adéquats en calcium, phosphate et l'augmentation des apports alimentaires. Le surpoids est
vitamine D. défini comme un IMC supérieur à 25, et l'obésité comme
Les sens de l'odorat et du goût déclinent avec l'âge (Ch. 8), un IMC supérieur à 30 (voir encadré 11.1). Après l'âge de
ce qui peut diminuer l'appétit et le plaisir de manger. 65 ans, une perte de poids intervient généralement, en
Le métabolisme de base (p. 335) diminue progressive- lien avec des apports alimentaires moindres ; il se produit
ment à partir de l'âge de 40 à 50 ans. C'est principalement aussi une diminution de la masse musculaire et une
dû à la réduction de la masse musculaire et à l'augmen- augmentation du risque de malnutrition. Le surpoids ou
tation correspondante de graisse corporelle. Le méta- l'obésité à tout âge entraîne de nombreux risques pour la
bolisme de base est plus élevé chez les personnes ayant santé (voir p. 302), par exemple le diabète de type 2
une masse musculaire plus développée, car le muscle est (p. 251). Chez les personnes âgées, l'obésité est associée à
plus actif sur le plan métabolique que le tissu adipeux un déclin du métabolisme de base, ainsi qu'à une
(graisse). L'activité physique diminue généralement avec diminution de la sécrétion d'hormones et de la réaction à
l'âge, ce qui réduit davantage encore le métabolisme de celles-ci, ce qui s'accompagne souvent d'un mode de vie
base chez les personnes âgées. plus sédentaire.
Les recommandations diététiques pour les personnes
âgées sont les mêmes que pour les autres adultes, bien
Carence en vitamines
que les besoins énergétiques diminuent progressivement
Certaines carences vitaminiques deviennent plus
avec la chute du métabolisme de base, en particulier en
fréquentes chez les personnes âgées. Le déficit en
cas d'activité physique limitée. Comme pour les autres
vitamine D (p. 297) est lié à la vie en institution
groupes d'âge, il est important que les personnes âgées
d'hébergement, à l'origine asiatique ou africaine, ou à la
aient un régime alimentaire équilibré, avec des fibres et
vie recluse. Les personnes qui ont tendance à couvrir leur
des vitamines en quantité suffisante.
peau sont aussi vulnérables en raison de l'exposition
limitée à la lumière du soleil. La British Nutrition
Les troubles nutritionnels Foundation (2009) recommande de maintenir les apports
chez les personnes âgées en vitamine D en mangeant régulièrement des poissons
gras et des céréales fortifiées, et que les personnes de plus
La malnutrition et l'obésité sont toutes deux prévalentes de 65 ans prennent des suppléments vitaminiques (10 μg
chez les personnes âgées, de même que les troubles par jour). La carence en vitamine B12, peut-être due à la
détaillés ci-dessous. La malnutrition est davantage diminution de l'absorption du facteur intrinsèque, est
présente chez les personnes vivant en institution, tandis aussi plus courante chez les personnes âgées et peut
que le surpoids et l'obésité tendent à prédominer chez entraîner une anémie pernicieuse (p. 78).
celles vivant à domicile.
Malnutrition Constipation
Un poids inférieur à la normale (indice de masse corporelle La constipation devient plus courante en raison de la
[IMC] < 18,5) prédispose à des problèmes de santé, par diminution avec l'âge du tonus musculaire et de l'activité
exemple le développement d'escarres de décubitus, qui péristaltique du côlon. C'est exacerbé par des apports
guérissent plus lentement chez les personnes âgées. moindres en liquides et/ou en fibres, une diminution de
L'anorexie et la perte de poids deviennent de plus en plus l'activité physique et de la mobilité. La prédisposition à
courantes chez les personnes âgées ainsi que la la constipation est plus importante en cas de difficultés
malnutrition protéino-énergétique (p. 302). La malnutrition pour mener à bien des activités en lien avec la nutrition,
dans les établissements d'hébergement est traitée ci-après. par exemple des problèmes de mobilité qui empêchent
de faire les courses, une altération des fonctions
Obésité cognitives, ou la perte de la dextérité manuelle nécessaire
Il est fréquent que la masse corporelle augmente entre 40 à la préparation et à l'absorption des aliments et des
et 65 ans. C'est généralement attribué à la diminution de boissons.
301
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
304
CHAPITRE
12
Système digestif
Organes du système digestif 307 Troubles congénitaux 342
Tube digestif 307 Caries 343
Organes annexes 307 Maladies du pharynx 343
Structure de base du tube digestif 307 Maladies des glandes salivaires 343
Adventice ou séreuse 307 Oreillons 343
Couche musculaire 309 Tumeurs des glandes salivaires 343
Sous-muqueuse 309
Maladies de l'œsophage 343
Muqueuse 309
Varices œsophagiennes 344
Innervation 309
Affections inflammatoires et infectieuses 344
Bouche 311 Achalasie 344
Langue 311 Tumeurs de l'œsophage 344
Dents 312 Anomalies congénitales 345
Glandes salivaires 313 Affections de l'estomac 345
Structure des glandes salivaires 314 Gastrite 345
Sécrétion de la salive 314 Ulcère gastroduodénal 345
Fonctions de la salive 315 Tumeurs de l'estomac 347
Pharynx 315 Sténose du pylore congénitale 347
Œsophage 315 Maladies de l'intestin 347
Structure de l'œsophage 316 Appendicite 347
Estomac 317 Infections gastro-intestinales 348
Structure de l'estomac 317 Maladie inflammatoire de l'intestin 350
Suc gastrique et fonctions de l'estomac 319 Maladie diverticulaire 351
Tumeurs de l'intestin grêle et du côlon 351
Intestin grêle 321
Hernies 352
Fonctions de l'intestin grêle 323
Volvulus 353
Digestion chimique dans l'intestin grêle 323
Invagination intestinale aiguë 353
Absorption des nutriments 325
Occlusion intestinale 353
Gros intestin, rectum et canal anal 326 Malabsorption 354
Fonctions du gros intestin, du rectum et du canal anal 327
Maladies du pancréas 354
Pancréas 328 Pancréatite 354
Foie 329 Mucoviscidose 355
Tumeurs du pancréas 355
Voies biliaires 332
Canaux biliaires 332 Maladies du foie 355
Vésicule biliaire 333 Hépatite aiguë 355
Hépatite chronique 357
Résumé de la digestion et de l'absorption des nutriments 333
Cirrhose du foie 357
Métabolisme 334 Insuffisance hépatique 357
Métabolisme des hydrates de carbone 336 Tumeurs du foie 358
Métabolisme des protéines 338
Maladies de la vésicule biliaire et des canaux biliaires 358
Métabolisme des graisses 338
Lithiase biliaire (cholélithiase) 358
Effets du vieillissement sur le système digestif 340 Cholécystite 358
Maladies de la bouche 342 Cholangite 359
Affections inflammatoires et infectieuses 342 Tumeurs des voies biliaires 359
Tumeurs de la bouche 342 Ictère (jaunisse) 359
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
L'appellation système digestif désigne le tube digestif, ses Ingestion. C'est le processus de prise d'aliments dans le
organes annexes et divers processus digestifs se produisant tractus alimentaire.
pour préparer l'absorption des aliments ingérés. Le canal (ou
conduit) alimentaire débute par la bouche, traverse le thorax, Propulsion. Elle mélange et mobilise le contenu du tube
l'abdomen et le pelvis, et se termine à l'anus (fig. 12.1). Il a digestif le long de celui-ci.
une structure générale, modifiée à différents niveaux pour
Digestion. Elle comporte :
permettre les processus survenant à chacun d'eux (fig. 12.2).
Les processus digestifs décomposent progressivement les • la rupture mécanique des aliments, par exemple par la
aliments ingérés jusqu'à ce que leurs produits puissent être mastication ;
absorbés. Par exemple, la viande, même cuite, est • la digestion chimique des aliments en petites molécules
chimiquement trop complexe pour être absorbée dans le par des enzymes présentes dans les sécrétions
tube digestif. La digestion libère ses constituants : acides produites par les glandes et par les organes annexes
aminés, sels minéraux, graisses et vitamines. Les enzymes du système digestif.
digestives (p. 28) responsables de ces changements sont
sécrétées par des glandes spécialisées dont certaines siègent Absorption. C'est le processus par lequel les substances
dans la paroi, et d'autres en dehors de celui-ci, mais qui ont alimentaires digérées traversent la paroi de certains
des canaux les conduisant au tube digestif. organes du tube digestif pour passer dans des capillaires
Après absorption, les nutriments fournissent les maté- sanguins et des vaisseaux lymphatiques les amenant à
riaux bruts pour la production de nouvelles cellules, circuler dans l'organisme.
d'hormones et d'enzymes. L'énergie nécessaire à ces pro-
cessus et à d'autres ainsi qu'à l'élimination des déchets est Élimination. Les substances alimentaires ayant été ingé-
générée par les produits de la digestion. rées mais qui ne peuvent pas être digérées et absorbées
Les activités du système digestif peuvent être regrou- sont excrétées du tube digestif sous forme de fèces (selles)
pées sous cinq principales rubriques. par le processus de défécation.
S Palais dur
Palais mou
D G Langue
Oropharynx
I Larynx
Œsophage
Diaphragme
Foie
et vésicule biliaire Estomac
(relevés) Pancréas
(derrière l’estomac)
Duodénum Côlon transverse (coupé)
Intestin grêle
Côlon ascendant
Côlon descendant
Appendice
Côlon sigmoïde
Rectum
Anus
Objectifs pédagogiques
La destinée des nutriments absorbés et la façon dont Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
ils sont utilisés par le corps ainsi que les effets du vieil- capable :
lissement sur le système digestif sont décrits dans ce cha-
■ de décrire la disposition du péritoine ;
pitre. La dernière section aborde les troubles du système
digestif. ■ d'expliquerla fonction des muscles lisses des parois
du tube digestif ;
sont recouverts par une membrane séreuse appelée La disposition du péritoine est telle que les organes
péritoine. sont invaginés (repliés sur eux-mêmes et formant une
poche) dans le sac fermé, si bien qu'ils ne sont que partiel-
Péritoine lement recouverts par le péritoine viscéral ; ils sont bien
attachés à l'intérieur de la cavité abdominale. De ce fait :
C'est la plus grande séreuse de l'organisme (fig. 12.3A). Il
s'agit d'un sac fermé contenant une petite quantité de • les organes pelviens ne sont recouverts qu'à leur face
liquide séreux, situé dans la cavité abdominale. Il est supérieure ;
richement vascularisé par des vaisseaux sanguins et des • l'estomac et l'intestin, profondément invaginés
vaisseaux lymphatiques, et il contient de nombreux d'arrière en avant, sont presque entièrement
nœuds lymphatiques. Il fournit une barrière physique à entourés par le péritoine et ils ont un repli double
l'extension de l'infection, et il peut isoler un foyer (le mésentère) les rattachant à la paroi abdominale
infectieux tel qu'une appendicite, empêchant l'atteinte postérieure. Le dédoublement péritonéal enfermant
d'autres structures abdominales. Il a deux feuillets : l'estomac va au-delà de la grande courbure de
l'estomac, et il pend devant les organes abdominaux
• le péritoine pariétal, qui tapisse la paroi de la cavité comme un tablier (fig. 12.3B). Il s'agit du grand
abdominale ; omentum (anciennement : grand épiploon), qui stocke
• péritoine viscéral, qui recouvre les organes (viscères)
le des graisses, et qui fournit à la fois une isolation et
contenus dans les cavités abdominale et pelvienne. une réserve d'énergie à long terme ;
Le péritoine pariétal borde la paroi abdominale • pancréas, la rate, le rein et les glandes surrénales
le
antérieure. sont invaginés d'arrière en avant, mais seule leur
Les deux feuillets du péritoine sont en contact, et le face antérieure est recouverte, et ils sont de ce fait
frottement entre eux est évité par la présence de liquide rétropéritonéaux (situés à l'arrière du péritoine) ;
séreux sécrété par les cellules péritonéales ; de ce fait, la • foie est invaginé de haut en bas, et il est presque
le
cavité péritonéale n'est qu'une cavité potentielle. Une complètement recouvert de péritoine, qui le rattache
disposition semblable s'observe au niveau de la plèvre à la face inférieure du diaphragme ;
(p. 267), membrane entourant chaque poumon. Chez • principaux vaisseaux sanguins et nerfs passent
les
l'homme, la cavité est entièrement close ; chez la femme, près de la paroi abdominale postérieure, et ils
les trompes utérines s'ouvrent dans la cavité, et les ovaires envoient aux organes des collatérales situées entre
sont les seules structures à l'intérieur d'elle (Ch. 18). deux replis péritonéaux.
Foie S
Aorte D G
Diaphragme
Petit omentum I
Foramen omental
Pancréas Foie
Estomac Duodénum
Estomac
Sac inférieur Mésentère
Côlon
transverse
Grand
Grand
Intestin grêle omentum
omentum
Côlon
Utérus sigmoïde
Vessie
Rectum
S
A P
A B
Figure 12.3 A. La cavité péritonéale (en jaune), les organes abdominaux du système digestif, et les organes pelviens. B. Le grand
omentum.
308
Système digestif CHAPITRE 12
Mucus
Cellule
caliciforme
A B
Figure 12.5 Épithélium cylindrique avec des cellules caliciformes. A. Schéma. B. Microscopie à balayage électronique en couleur d'une
coupe de cellule caliciforme (en rose et en bleu) de l'intestin grêle.
Ganglion
Nerfs Submandibulaire
crâniens Glande submandibulaire
Ganglion otique
T1
Ganglion
cœliaque
Estomac
Ganglion
mésentérique Pancréas
L1 supérieur
Glande surrénale
Ganglion
mésentérique
Intestin grêle
S1 inférieur
2 Gros intestin
3
4
Rectum et canal anal
Figure 12.6 Innervation du système digestif par le système nerveux autonome. Parasympathique en bleu, sympathique en rouge.
310
Système digestif CHAPITRE 12
se fait de chaque côté par la veine linguale, qui rejoint la Les terminaisons nerveuses du goût sont présentes
veine jugulaire interne homolatérale. dans les papilles, et largement distribuées dans l'épi-
thélium de la langue, du palais mou, du pharynx et de
Innervation l'épiglotte.
Les nerfs impliqués sont, de chaque côté :
• le nerf hypoglosse (nerf crânien XII), qui innerve le tissu Dents
musculaire strié (soumis à la volonté) ;
Les dents sont enchâssées dans les alvéoles des rebords
• branche linguale du nerf mandibulaire, issue du nerf
la
crânien V, qui est le nerf de la sensibilité somatique alvéolaires de la mandibule et du maxillaire (fig. 12.9).
(ordinaire), c'est-à-dire vectant la douleur, la Chaque personne naît avec deux jeux, ou dentition, les
température et le toucher ; dents temporaires ou déciduales (ou dents de lait), et les
dents permanentes (fig. 12.10). Les dents des deux jeux sont
• des branches des nerfs facial et glossopharyngien (nerfs
crâniens VII et IX), qui véhiculent le goût. présentes à la naissance, sous forme immature, dans la
mandibule et le maxillaire.
Il y a 20 dents temporaires, 10 par mâchoire. Elles
Fonctions de la langue commencent à sortir (« éruption dentaire ») vers l'âge
La langue joue un rôle important dans : de 6 mois, et elles sont toutes présentes après l'âge de
24 mois (tableau 12.1).
• la mastication ; Les dents permanentes commencent à remplacer
• la déglutition ; les dents temporaires dans la 6e année de vie, et cette
• la phonation (p. 261) ; dentition (NdT : la denture) qui comporte 32 dents est
• le goût (p. 222). habituellement complète vers l'âge de 21 ans.
S
D G
I Articulation
temporo-
Face inférieure mandibulaire
de la langue
Maxillaire
Frein Incisives
de la langue
Mandibule
Canal Canines S
de la glande
salivaire Molaires A P
Prémolaires I
Lèvre inférieure
Incisives
A A
D G D G Canine
Incisives
P P
Prémolaires
Canine
Molaires
Molaires
Figure 12.10 Le toit de la bouche. A. Les dents déciduales – vue par en dessous. B. Les dents permanentes – vue par en dessous.
312
Système digestif CHAPITRE 12
Dents déciduales
Supérieures 2 – 1 2 2 1 – 2
Inférieures 2 – 1 2 2 1 – 2
Dents permanentes
Supérieures 3 2 1 2 2 1 2 3
Inférieures 3 2 1 2 2 1 2 3
Émail
Dentine
Couronne Cavité
de la pulpe
Col
Gencive
Bien que les dents aient des formes distinctes, leur Figure 12.12 Coupe d'une dent.
structure est identique, comportant :
• la couronne, partie faisant saillie hors de la gencive ;
• la racine, enchâssée dans l'os ; Innervation
• le col, région légèrement rétrécie à l'union de la L'innervation des dents supérieures se fait par des
couronne et de la racine. branches du nerf maxillaire de chaque côté, celle des dents
La cavité pulpaire, au centre de la dent, contient des vais- inférieures par des branches du nerf mandibulaire de
seaux sanguins, des vaisseaux lymphatiques et des nerfs ; chaque côté. Ces deux nerfs sont des branches de division
elle est entourée par une substance dure semblable à de du nerf trijumeau (nerf crânien V) (voir fig. 7.41, p. 184).
l'ivoire appelée dentine. L'émail est une mince couche de subs-
tance très dure à l'extérieur de la dentine de la couronne. La Glandes salivaires (Fig. 12.13)
fig. 12.13
racine de la dent est par ailleurs recouverte d'une substance
semblable à de l'os appelée cément, qui fixe la dent dans son
Objectifs pédagogiques
alvéole. Les vaisseaux sanguins et les nerfs passent dans la
dent par un petit orifice situé à l'apex de chaque racine. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
Vascularisation
■ de décrire la structure et la fonction des principales
La plus grande partie de l'apport de sang aux dents se fait glandes salivaires ;
par des branches de l'artère maxillaire de chaque côté. Le
drainage veineux est assuré par des veines se déversant ■ d'expliquer le rôle de la salive dans la digestion.
dans les veines jugulaires internes.
313
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
S
P A
Muscles de la joue
Langue
Glande sublinguale
Ductules
Glande submandibulaire
Acinus
Muscle
sternocléidomastoïdien Cellules sécrétrices
A B
Figure 12.13 Glandes salivaires. A. Position des glandes salivaires. B. Partie de la glande agrandie.
Les glandes salivaires libèrent leur sécrétion des canaux ductules, qui se rejoignent pour former des canaux plus
qui vont à la bouche. Il y en a trois paires principales : les gros allant à la bouche.
glandes parotides, les glandes submaxillaires et les
glandes sublinguales. Il existe aussi de nombreuses petites Vascularisation
glandes salivaires tout autour de la bouche. Le sang artériel est amené par des branches diverses de
l'artère carotide externe de chaque côté ; le drainage
Glandes parotides veineux se fait dans les veines jugulaires externes.
Ces glandes sont situées de chaque côté du visage, juste
au-dessous du méat acoustique externe (voir fig. 8.1,
Composition de la salive
p. 206). Chaque glande a un conduit parotidien (ancienne
La salive est la combinaison des sécrétions des glandes
ment : canal de Sténon) s'ouvrant dans la bouche au
salivaires et de petites glandes à mucus de la bordure de
niveau de la deuxième molaire supérieure.
la muqueuse orale. Environ 1,5 litre de salive est produit
chaque jour ; elle est faite :
Glandes submandibulaires
Ces glandes siègent, de chaque côté de la face, au-dessous • d'eau ;
de l'angle de la mandibule. Chaque canal submandibulaire • de sels minéraux ;
(anciennement : canal de Wharton) s'ouvre dans le • d'amylase salivaire, une enzyme digestive ;
plancher de la bouche sur le côté du frein de la langue. • de mucus ;
• de substance antimicrobiennes ; d'immunoglobulines
et de l'enzyme lysozyme.
Glandes sublinguales
Ces glandes siègent sous la membrane muqueuse du
plancher de la bouche, chacune devant la glande
submandibulaire homolatérale. Elles ont de nombreux
Sécrétion de la salive
petits canaux excréteurs s'ouvrant dans le plancher de la La sécrétion de la salive est contrôlée par le système
bouche. nerveux autonome. La stimulation parasympathique
entraîne la sécrétion profuse de salive aqueuse avec
relativement peu d'enzymes et d'autres substances
Structure des glandes salivaires organiques. La stimulation sympathique entraîne la
Les glandes sont entourées par une capsule fibreuse. Elles sécrétion d'une petite quantité de salive riche en matériel
sont constituées chacune par un certain nombre de lobules inorganique, en particulier celle des glandes subman
faits de petits acinus bordés de cellules sécrétrices dibulaires. La sécrétion réflexe se produit quand des
(fig. 12.13B). Les sécrétions sont déversées dans des aliments sont dans la bouche, et le réflexe peut devenir
314
Système digestif CHAPITRE 12
facilement conditionné, si bien que la vue, l'odeur ou même communs aux systèmes respiratoire et digestif. Les
la pensée d'aliments peuvent stimuler la sécrétion de aliments passent de la cavité orale dans le pharynx, puis
salive. dans l'œsophage sous-jacent avec lequel il est en
continuité. Les parois du pharynx sont faites de trois
Fonctions de la salive couches tissulaires.
La membrane bordante (la muqueuse) est un épithé-
Digestion chimique des polysaccharides lium pavimenteux stratifié, en continuité avec celle de
La salive contient de l'amylase, enzyme qui commence la la bouche d'un côté, et celle de l'œsophage de l'autre. Le
scission de sucres complexes, y compris d'amidons, tissu épithélial stratifié fournit une muqueuse bien adap-
aboutissant à un disaccharide, le maltose. Le pH optimal tée à l'usure de l'ingestion d'aliments.
pour l'action de l'amylase salivaire est de 6,8 (légèrement La couche moyenne est faite de tissu conjonctif, deve-
acide). Le pH salivaire va de 5,8 à 7,4 selon l'importance nant plus fine à son extrémité inférieure, contenant des
du flux ; plus la sécrétion est importante, plus le pH est vaisseaux sanguins et lymphatiques et des nerfs.
élevé. L'action de l'enzyme se poursuit pendant la La couche externe est faite des muscles constricteurs,
déglutition, et elle s'arrête dans l'estomac où le suc non soumis à la volonté, impliqués dans la déglutition.
gastrique, dont le pH est très fortement acide (1,5 à 1,8), Quand des aliments atteignent le pharynx, la déglutition
dégrade l'amylase. n'est plus sous le contrôle de la volonté.
Objectif pédagogique
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être L'œsophage est long d'environ 25 cm, et son diamètre est
capable : d'environ 2 cm ; il est situé dans le plan médian du thorax,
devant la colonne vertébrale, derrière la trachée et le cœur.
■ de décrire la structure du pharynx.
Il est en continuité avec le pharynx sus-jacent, et il rejoint
l'estomac juste au-dessous du diaphragme. Il passe entre
des fibres musculaires du diaphragme (NdT : délimitant
Le pharynx est divisé, afin de le décrire, en trois parties : le hiatus œsophagien) en arrière du centre tendineux de
le nasopharynx, l'oropharynx et le laryngopharynx (voir ce muscle, à la hauteur de la 10e vertèbre thoracique.
p. 261). Le nasopharynx est important dans la respiration. Immédiatement après avoir traversé le diaphragme, il
L'oropharynx et le laryngopharynx sont des passages s'incurve avant de rejoindre l'estomac. L'angle aigu qu'il
315
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Vascularisation
Aorte Artérielle. La région thoracique est vascularisée principa-
lement par les artères œsophagiennes, branches de l'aorte
thoracique. La région abdominale est irriguée par les
Bronche
droite artères phréniques antérieures et par l'artère gastrique
Bronche gauche, branche de l'artère cœliaque.
gauche
Drainage veineux. Le drainage veineux de la région tho-
racique se fait dans les veines azygos et hémiazygos. La
Veine
cave partie abdominale se draine dans la veine gastrique
inférieure Diaphragme gauche. Il existe un plexus veineux à l'extrémité distale
de l'œsophage, qui réunit les drainages veineux vers le
T8
haut et vers le bas, c'est-à-dire les circulations générale et
portale.
T10
Fonctions de la bouche, du pharynx
et de l'œsophage
Sphincter
Formation d'un bolus
inférieur Quand des aliments sont mis en bouche, ils sont mâchés
T12 de l’œsophage (mastiqués) par les dents, mobilisés dans la bouche par la
langue et les muscles des joues (fig. 12.15). Ils sont
mélangés à de la salive et transformés en une masse molle
Aorte ou bol alimentaire prête à être déglutie. Le temps pendant
Figure 12.14 L'œsophage et certaines structures voisines. lequel les aliments restent dans la bouche dépend dans
une grande mesure de la consistance de ces derniers
Certains aliments doivent être mâchés plus longtemps
forme avec l'estomac est considéré comme l'un des facteurs que d'autres avant que l'individu sente que la masse est
empêchant la régurgitation du contenu gastrique dans prête pour la déglutition.
l'œsophage. Les extrémités supérieure et inférieure de
l'œsophage sont fermées par des sphincters. Le sphincter
cricopharyngien, ou sphincter supérieur de l'œsophage,
empêche l'entrée de l'air dans l'œsophage pendant
l'inspiration, ainsi que l'aspiration du contenu œsophagien.
Le sphincter inférieur de l'œsophage, empêche le reflux du
contenu gastrique acide dans l'œsophage. Il n'y a pas à ce Temporal
niveau (NdT : appelé cardia) d'épaississement du muscle
circulaire, et ce sphincter est seulement physiologique,
c'est-à-dire que cette région agit comme un sphincter sans
la présence des caractéristiques anatomiques d'un
sphincter. Quand la pression intra-abdominale s'élève,
par exemple pendant l'inspiration ou la défécation, le
tonus du muscle au niveau du sphincter inférieur
Orbiculaire
augmente. Il s'y ajoute un effet de striction par les fibres Masséter
de la bouche
musculaires du diaphragme contracté lors de l'inspiration.
S
Buccinateur P A
Structure de l'œsophage
I
Il y a quatre couches tissulaires, comme le montre la
figure 12.2. L'œsophage étant presque entièrement dans Figure 12.15 Muscles de la mastication.
316
Système digestif CHAPITRE 12
Bolus d’aliments
sur la langue
• l'attache de l'estomac au diaphragme par le péritoine ;
• l'angle aigu formé par la position de l'œsophage à
Cavité l'endroit où il pénètre dans le fundus de l'estomac,
nasale c'est-à-dire d'un angle cardio-œsophagien (NdT :
Naso- incisure cardiale) aigu (voir fig. 12.18) ;
pharynx
• l'augmentation du tonus du sphincter inférieur de
Palais mou l'œsophage quand la pression intra-abdominale
augmente, et l'effet de striction des fibres musculaires
Oro- diaphragmatiques à ce niveau.
Langue pharynx
Les parois de l'œsophage sont lubrifiées par du mucus,
Laryngo-
pharynx
qui facilite le passage du bolus pendant la contraction
péristaltique de la paroi musculaire.
S
Épiglotte fermant
P A Estomac
l’orifice du larynx I
Œsophage
Objectifs pédagogiques
Figure 12.16 Coupe de la face et du cou montrant la situation Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
de structures pendant la déglutition. capable :
■ de décrire la localisation de l'estomac, avec
référence aux structures avoisinantes ;
Déglutition (fig. 12.16) ■ d'expliquer la signification des couches de la paroi
La déglutition se fait en trois étapes après la fin de la gastrique ;
mastication et la formation du bolus. Elle est initiée
■ de discuter les fonctions digestives de l'estomac.
volontairement, mais terminée par une action réflexe
(involontaire).
1. Phase orale. La bouche est fermée, et la contraction
volontaire des muscles de la langue et des joues pousse L'estomac est la portion dilatée, en forme de J, du tractus
le bolus vers l'arrière, dans le pharynx. alimentaire ; il est situé dans les régions épigastrique,
2. Phase pharyngienne. Les muscles du pharynx sont ombilicale et hypocondriale gauche de la cavité
stimulés par voie réflexe, réflexe initié dans les parois abdominale.
de l'oropharynx et coordonné par le centre de la
déglutition dans le bulbe. La contraction involontaire Organes en rapport avec l'estomac (fig. 12.17)
de ces muscles propulse le bolus vers le bas, dans
En avant – le lobe gauche du foie et la paroi
l'œsophage. Toutes les autres voies que pourrait
abdominale antérieure.
prendre le bolus sont fermées. Le palais mou s'est en
En arrière – l'aorte abdominale, le pancréas, la rate, le
effet élevé et il a fermé le nasopharynx ; la langue et
rein et la surrénale gauches.
les replis pharyngiens bloquent le retour en arrière
En haut – le diaphragme, l'œsophage et le lobe
dans la bouche ; le larynx s'est déplacé en haut et en
gauche du foie.
avant, si bien que son orifice est fermé par l'épiglotte,
En bas – le côlon transverse et l'intestin grêle.
empêchant l'entrée dans la voie aérienne (trachée).
À gauche – le diaphragme et la rate.
3. Phase œsophagienne. La présence du bolus dans le
À droite – le foie et le duodénum.
pharynx stimule la formation d'une onde péristaltique,
qui propulse le bolus jusqu'à l'estomac, en passant par
l'œsophage.
Les ondes péristaltiques le long de l'œsophage ne se
Structure de l'estomac (fig. 12.18)
produisent qu'après la déglutition (voir fig. 12.4). Par ail- L'estomac est en continuité avec l'œsophage au niveau du
leurs, les parois sont relâchées. En avant de l'onde péris- sphincter inférieur de l'œsophage, et avec le duodénum
taltique, le sphincter inférieur de l'œsophage gardant au niveau du sphincter pylorique. Il a deux courbures. La
l'entrée de l'estomac se relâche afin de permettre au bolus petite courbure est courte, siège sur la face postérieure de
descendant d'entrer dans l'estomac. Habituellement, la l'estomac, et elle est la continuation vers le bas de la paroi
constriction de ce sphincter empêche le reflux gastrique postérieure de l'œsophage. Juste avant le sphincter
acide dans l'œsophage. D'autres facteurs de prévention pylorique, elle s'incurve vers la droite et le haut pour
de ce reflux sont : réaliser la forme de J. Là où l'œsophage rejoint l'estomac,
317
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
S
D G Aorte abdominale Œsophage
I Diaphragme
Foie (bord de la coupe)
délimité en pointillé
Estomac
Rate
Rein droit
Côlon transverse
Tête du pancréas (coupé)
Rein gauche
Côlon descendant
Côlon ascendant
Fundus
S
Œsophage D G
Œsophage
I
Sphincter
inférieur de
l’œsophage Fibres
Corps
obliques
Sphincter (internes)
Plis
u r bu r e
pylorique
Fibres
circulaires
e co
(moyennes)
tit
Pe
re
r bu
Fibres
cou
longitudinales
de
(externes)
Gr
an
S Fibres circulaires
Duodénum Figure 12.19 Les fibres musculaires de la paroi de l'estomac.
D G
Les coupes ont été enlevées pour montrer les trois couches.
Pylore I
Couche musculaire (fig. 12.19). Elle est faite de trois
Figure 12.18 Coupe longitudinale de l'estomac.
couches de fibres musculaires lisses :
la région antérieure forme un angle aigu vers le haut puis • une couche externe de fibres longitudinales ;
s'incurve vers le bas, formant la grande courbure, qui se • une couche moyenne de fibres circulaires ;
dirige ensuite vers la droite et un peu vers le haut pour • une couche interne de fibres obliques.
atteindre le sphincter pylorique.
L'estomac est différent des autres parties du tractus ali-
L'estomac est divisé en trois régions : le fundus, le
mentaire, car il a trois couches au lieu de deux.
corps et le pylore. À l'extrémité distale du pylore se situe
Cette disposition permet le mouvement de brassage
le sphincter pylorique, gardant l'orifice entre l'estomac et
caractéristique de l'activité gastrique, ainsi que le mou-
le duodénum. Quand l'estomac est inactif, le sphincter
vement péristaltique. Le muscle circulaire est le plus fort
pylorique est relâché et ouvert ; quand l'estomac contient
entre le pylore et le sphincter pylorique.
des aliments, le sphincter est fermé (NdT : sauf pendant
l'évacuation des aliments vers le duodénum). Muqueuse. Quand l'estomac est vide, la membrane
muqueuse qui le borde présente des plis longitudinaux,
Parois de l'estomac qui disparaissent quand l'estomac est plein, sa surface
Les quatre couches tissulaires qui constituent la structure prenant alors un aspect lisse, velouté. De nombreuses
de base du tube digestif (voir fig. 12.2) sont présentes glandes gastriques sont situées sous la surface, dans la
dans l'estomac, avec cependant quelques modifications. membrane muqueuse, et s'ouvrent en elle (fig. 12.20).
318
Système digestif CHAPITRE 12
Elles sont faites de cellules spécialisées sécrétant le suc Suc gastrique et fonctions de l'estomac
gastrique dans l'estomac.
La taille de l'estomac varie avec le volume des aliments
Vascularisation. La vascularisation artérielle de l'estomac qu'il contient, qui peut être de 1,5 litre ou plus chez
est assurée par l'artère gastrique gauche, une branche de l'adulte. Quand un repas est pris, les aliments s'accumulent
l'artère cœliaque, l'artère gastrique droite et les artères dans l'estomac en couches, la dernière partie du repas
gastro-épiploïques. Le drainage veineux se fait par des restant dans le fundus pendant quelque temps. Le
veines du même nom dans la veine porte. Les figures 5.38 mélange des aliments et du suc gastrique se produit
et 5.40 (p. 115 et 116) montrent ces vaisseaux. progressivement, et un certain temps s'écoule avant que
les aliments soient assez acidifiés pour arrêter l'action de
l'amylase salivaire.
Le muscle gastrique génère un mouvement de bras-
sage qui rompt le bolus et le mélange au suc gastrique,
et en ondes péristaltiques qui propulsent le contenu
gastrique vers le pylore. Le sphincter pylorique se ferme
quand l'estomac est actif. Une contraction péristaltique
forte du pylore expulse de force de petites giclées du
chyme, c'est-à-dire le contenu gastrique, devenu suffisam-
ment liquide, dans le duodénum, à travers le sphincter
pylorique. La stimulation parasympathique accroît la
motilité de l'estomac et la sécrétion de sucs gastriques ; la
stimulation sympathique a l'effet inverse.
Suc gastrique
Environ 2 litres de suc gastrique sont sécrétés chaque jour
par des glandes particulières situées dans la muqueuse
(fig. 12.21). Il est fait :
• d'eau ;
Figure 12.20 Microscopie à balayage électronique en couleur • de sels minéraux ;
de la muqueuse qui borde l'estomac montrant l'entrée d'une • de mucus, sécrété par les cellules muqueuses du col
glande gastrique. situées dans les glandes et à la surface gastrique ;
Crypte gastrique
Épithélium
de surface
Cellules
muqueuses du col
Cellules principales
Cellules
entéroendocrines
A B
Figure 12.21 Structure de la muqueuse gastrique montrant les glandes gastriques. A. Schéma. B. Coupe avec coloration de la région
pylorique de l'estomac (grossissement × 150).
319
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Vue
Odeur des
Goût aliments
Toucher
1
Phase
NERFS VAGUES céphalique
Aliments stimulent
dans l’estomac, les sécrétions
stimulent la sécrétion de suc gastrique
d’hormone
Courant GASTRINE
2 Sécrétine
sanguin et cholécystokinine
Phase GASTRINE
gastrique dans le sang dans le sang réduisent la motilité 3
stimule la sécrétion gastrique et la sécrétion Phase
de suc gastrique de suc gastrique intestinale
Sécrétine
et cholécystokinine
Les aliments dans le duodénum
stimulent la sécrétion d’hormones
duodénum devient plus intimement mélangé avec la • la production et la sécrétion de facteur intrinsèque
bile et le suc pancréatique. Cette phase de la sécrétion nécessaire à l'absorption de la vitamine B12 dans l'iléon
gastrique est plus marquée quand le repas a une terminal ;
teneur élevée en graisses. • régulation du passage du contenu gastrique dans le
la
La vitesse avec laquelle l'estomac se vide dépend duodénum. Quand le chyme est suffisamment acidifié
en grande partie du type d'aliment ingéré. Un repas et liquéfié, le pylore force, en se contractant, de petits
d'hydrates de carbone quitte l'estomac en 2 à 3 heures ; jets de contenu gastrique à gagner le duodénum en
un repas protéique reste plus longtemps, et un repas de traversant le sphincter pylorique. Normalement,
graisses encore plus. le sphincter est fermé, ce qui empêche le reflux du
chyme dans l'estomac ;
• sécrétion de l'hormone gastrine (voir ci-dessus).
la
Fonctions de l'estomac
Ces fonctions comprennent :
Intestin grêle (Fig. 12.23 et 12.24)
• le stockage temporaire, donnant aux enzymes
digestives, les pepsines, le temps d'agir ;
Objectifs pédagogiques
• la digestion chimique par les pepsines, qui dégradent
les protéines en polypeptides ; Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
• la rupture mécanique des aliments par l'activité des capable :
trois couches de muscle lisse permettant à l'estomac
■ de décrire la localisation de l'intestin grêle, avec
de brasser les aliments, et la liquéfaction du contenu référence aux structures l'entourant ;
gastrique en chyme grâce au suc gastrique. La motilité
et la sécrétion gastriques sont augmentées par la ■ d'esquisser une villosité, en nommant les parties
stimulation nerveuse parasympathique ; qui la composent ;
Veine Glande
cave Artère surrénale
hépatique gauche S
inférieure
Glande surrénale droite
D G
Veine porte
Rate
I
Conduit biliaire
commun (cholédoque) Artère splénique
Rein droit
Corps du pancréas
Tête du pancréas
Artère et veine Rein gauche
mésentériques supérieures
Duodénum Artère mésentérique
inférieure
Côlon ascendant Côlon descendant
S Muqueuse
D G La surface de la muqueuse de l'intestin grêle est
grandement accrue par la présence de replis circulaires
I
permanents, les villosités et les microvillosités.
Les plis circulaires permanents, contrairement aux plis
Pancréas Côlon longitudinaux de l'estomac, ne disparaissent pas quand
transverse l'intestin grêle est distendu (fig. 12.25). Ils favorisent le
Côlon Jéjunum brassage du chyme quand il passe à leur niveau.
ascendant et iléon Les villosités sont de petites projections en forme de
Partie
doigt de la muqueuse à l'intérieur de la lumière intes-
Côlon
terminale descendant
tinale, d'environ 0,5 à 1 mm de long (fig. 12.26). Leurs
de l’iléon parois sont faites de cellules épithéliales cylindriques,
ou entérocytes, avec de minuscules microvillosités (1 μm
Cæcum
de long) sur leur bord libre. Des cellules caliciformes (voir
aussi fig. 12.5) sécrétant le mucus sont dispersées entre
les entérocytes. Ces cellules épithéliales englobent un
réseau de capillaires sanguins et lymphatiques. Les capil-
laires lymphatiques (chylifères) sont dits lactéaux car les
Figure 12.24 Le jéjunum et l'iléon, et les structures voisines.
graisses absorbées donnent à la lymphe un aspect laiteux.
niveau de la valve iléocæcale. Il siège dans la cavité L'absorption et certains stades terminaux de la digestion
abdominale, entouré par le gros intestin. Dans l'intestin se produisent dans les entérocytes, avant que les pro-
grêle, la digestion des aliments se termine et l'absorption duits absorbés passent dans les capillaires sanguins et
de la plus grande partie des nutriments a lieu. lymphatiques.
L'intestin grêle comprend trois parties en continuité. Les glandes intestinales (anciennement : glandes de
Duodénum. Le duodénum, d'environ 25 cm de long, Lieberkühn) sont des glandes tubulaires à tube unique
s'enroule autour de la tête du pancréas. Les sécrétions situées entre les villosités. Les cellules épithéliales des
de la vésicule biliaire et du pancréas se mêlent dans une glandes migrent vers le haut pour former les parois des
structure commune, l'ampoule hépatopancréatique villosités, remplaçant celles du sommet des villosités
(ampoule de Vater), et pénètrent dans le duodénum au ayant desquamé, gommées par le passage du contenu
niveau de la papille duodénale. Celle-ci est réglée par un intestinal. L'épithélium est entièrement remplacé tous les
anneau de muscle lisse, le sphincter hépatopancréatique 3 à 5 jours. Pendant leur migration, les cellules épithé-
(d'Oddi) (voir fig. 12.38). liales synthétisent des enzymes digestives qui se logent
dans les microvillosités et, avec le suc intestinal, elles
Jéjunum. Il constitue la partie moyenne de l'intestin grêle, achèvent la digestion chimique des hydrates de carbone,
long d'environ 2 mètres. des protéines et des graisses.
Iléon. L'iléon, ou partie terminale d'environ 3 mètres de De nombreux nœuds lymphatiques sont présents dans la
long, se termine à la valve iléocæcale (anciennement : sous-muqueuse à intervalles irréguliers, tout au long de
valvule de Bauhin), qui contrôle le flux de matériel allant
de l'iléon au cæcum, première partie du côlon, et qui
empêche la régurgitation du contenu cæcal dans l'iléon.
Péritoine
Le mésentère, une double couche de péritoine, rattache le Follicules
jéjunum et l'iléon à la paroi abdominale postérieure (voir lymphathiques
fig. 12.3A). Cette attache est tout à fait courte par rapport agrégés (plaque
de Peyer)
à la longueur de l'intestin grêle, qui affecte par conséquent
une forme en éventail. Les gros vaisseaux sanguins et les
nerfs siègent contre la paroi abdominale postérieure, et
les branches allant à l'intestin grêle passent entre les deux Figure 12.25 Coupe d'une petite partie de l'intestin grêle
feuillets du mésentère. (ouverte), montrant les plis circulaires permanents.
322
Système digestif CHAPITRE 12
Vascularisation
L'artère mésentérique supérieure vascularise la totalité de
l'intestin grêle ; le drainage veineux se fait par la veine
mésentérique supérieure, qui s'unit à d'autres veines (NdT :
à la veine splénique, qui reçoit la veine mésentérique
Entérocyte inférieure) pour former la veine (tronc) porte (voir
fig. 5.40 et 5.41, p. 116). La veine porte contient une forte
concentration de nutriments absorbés, et ce sang passe à
travers le foie avant d'entrer dans les veines hépatiques
Chylifère (lactéal) et, finalement, dans la veine cave inférieure (voir
fig. 12.36).
Cellule caliciforme
Réseau capillaire
Suc intestinal
Glande intestinale Environ 1500 ml de suc intestinal sont sécrétés chaque
jour par les glandes de l'intestin grêle. Il est légèrement
alcalin et composé d'eau, de mucus et de sels minéraux.
B
Digestion chimique dans l'intestin grêle
Figure 12.26 Villosités. A. Schéma très agrandi d'une villosité
Quand le chyme acide passe dans l'intestin grêle, il y est
entière de l'intestin grêle. B. Microscopie à balayage électronique en
couleur montrant de nombreuses villosités. mélangé au suc pancréatique, à la bile et au suc intestinal, et
il est en contact avec les entérocytes des villosités. La
digestion de tous les nutriments se termine :
l'intestin grêle. Les plus petits sont appelés follicules lym- • les hydrates de carbone sont scindés en
phatiques solitaires ; environ 20 à 30 nœuds plus gros, situés monosaccharides ;
vers l'extrémité distale de l'iléon, sont appelés follicules • protéines sont divisées en acides aminés ;
les
lymphatiques agrégés (plaques de Peyer ; fig. 12.25). Ce tissu • les graisses sont scindées en acides gras et glycérol.
lymphoïde, auquel s'associent des cellules particulières
(NdT : cellules M, situées dans la muqueuse au-dessus
des plaques de Peyer étendues dans la sous-muqueuse ; Suc pancréatique
elles prélèvent des antigènes dans la lumière intestinale Le suc pancréatique est sécrété par le pancréas exocrine
et les transportent à des macrophages, qui présentent ces (p. 328) et il pénètre dans le duodénum par la papille
antigènes aux lymphocytes des plaques de Peyer afin de duodénale. Il est composé :
323
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
• d'eau ; • mucus ;
• de sels minéraux ; • sels biliaires ;
• d'enzymes : • pigments biliaires, bilirubine principalement ;
– amylase ; • cholestérol.
– lipase ;
– des nucléases qui digèrent l'ADN et l'ARN.
Fonctions
• de précurseurs inactifs d'enzymes :
– trypsinogène ; Les fonctions de la bile sont expliquées plus en détail
– chymotrypsinogène. p. 332. En résumé, celles-ci sont les suivantes :
• émulsification des graisses dans l'intestin grêle – sels
Le suc pancréatique est alcalin (pH 8) car il contient des biliaires ;
quantités notables d'ions bicarbonate, qui sont alcalins en • le fait de rendre le cholestérol et les acides gras
solution. Quand le contenu gastrique acide pénètre dans solubles, ce qui permet leur absorption avec les
le duodénum, il y est mélangé au suc pancréatique et à vitamines liposolubles – sels biliaires ;
la bile, et son pH s'élève entre 6 et 8. C'est le pH auquel • excrétion de bilirubine (un produit de déchet issu du
les enzymes pancréatiques, l'amylase et la lipase, sont les catabolisme de l'hémoglobine), la majeure partie étant
plus efficaces. convertie en stercobiline.
• La stercobiline colore et désodorise les selles.
Fonctions
Digestion des protéines. Le trypsinogène et le chymotryp-
Libération de bile par la vésicule biliaire
sinogène sont des précurseurs inactifs d'enzymes, activés
Après un repas, les hormones sécrétine et CCK sont sécré-
par l'entérokinase, une enzyme des microvillosités qui les
tées par le duodénum pendant la phase intestinale de la
convertit en enzymes protéolytiques actives, la trypsine et la
sécrétion du suc gastrique (p. 320). Elle stimule la contrac-
chymotrypsine. Ces enzymes convertissent les polypeptides
tion de la vésicule biliaire et le relâchement du sphincter
en tripeptides, dipeptides et acides aminés. Il est important
hépatopancréatique, permettant à la bile et au suc pancréa-
qu'elles soient produites sous forme de précurseurs inactifs,
tique d'entrer ensemble, à travers les papilles duodénales,
et qu'elles ne soient activées qu'en arrivant dans le duodé-
dans le duodénum. La sécrétion est plus marquée si le
num, car sinon elles digéreraient le pancréas.
chyme entrant dans le duodénum contient une forte pro-
Digestion des hydrates de carbone. L'amylase pancréa- portion de graisses.
tique convertit tous les polysaccharides digestibles (ami-
dons) ayant échappé à la transformation en disaccharides Sécrétions intestinales
par l'amylase salivaire. Les principaux constituants des sécrétions intestinales
Digestion des graisses. La lipase convertit les graisses en sont l'eau, le mucus et les sels minéraux.
acides gras et glycérol. Les sels biliaires aident l'action de La plupart des enzymes digestives dans l'intestin grêle
la lipase en émulsionnant les graisses, c'est-à-dire en sont contenues dans les entérocytes de l'épithélium des
réduisant la taille des globules de graisse, augmentant parois villositaires. La digestion des hydrates de carbone,
ainsi la surface exposée à l'action de la lipase. des protéines et des graisses se termine par le contact
direct entre ces nutriments et les microvillosités, et à l'in-
Contrôle de la sécrétion térieur des entérocytes.
La sécrétion du suc pancréatique est stimulée par la
sécrétine et la CCK produites par des cellules endocrines Digestion chimique par les entérocytes
situées dans les parois du duodénum. La présence dans Le suc intestinal alcalin (pH 7,8 à 8) contribue à élever le
le duodénum d'un matériel acide venant de l'estomac pH du contenu intestinal à 6,5–7,5. Les enzymes qui
stimule la production de ces hormones (voir fig. 12.22). achèvent la digestion chimique des aliments à la surface
des entérocytes sont :
Bile • les peptidases ;
La bile, sécrétée par le foie, ne peut pas entrer dans le • la lipase ;
duodénum quand le sphincter hépatopancréatique est • la saccharase, la maltase et la lactase.
fermé ; de ce fait, elle gagne la vésicule biliaire en passant Les peptidases comme la trypsine dégradent les poly-
par le canal (ou conduit) hépatique puis le canal (ou conduit) peptides en de plus petits peptides et en acides aminés.
cystique, et elle y est emmagasinée (voir fig. 12.38). Les peptidases sont sécrétés sous une forme inactive par
La bile a un pH d'environ 8 ; entre 500 et 1000 ml de le pancréas (pour éviter qu'ils le digèrent) et sont activés
bile sont sécrétés chaque jour. Elle consiste en : par l'entérokinase dans le duodénum.
• eau ; Le stade final de la dégradation de tous les peptides en
• sels minéraux ; acides aminés a lieu à la surface des entérocytes.
324
Système digestif CHAPITRE 12
Bile
(500 ml) Suc pancréatique
(1500 ml)
Suc gastrique
Salive (2000 ml) Suc intestinal Côlon
(1500 ml) (1500 ml)
Eau Selles
(1200 ml) (100 ml)
Figure 12.28 Volume moyen des liquides ingérés, sécrétés, absorbés et éliminés quotidiennement dans/par le tractus
gastro-intestinal.
325
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
S
Gros intestin, rectum et canal anal Côlon
Bandelette D G
ascendant
du côlon
I
Objectifs pédagogiques
Iléon terminal
Valve
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
iléocœcale
capable :
■ d'identifier les différentes parties du gros intestin ;
■ de décrire la structure et les fonctions du gros
intestin, du rectum et du canal anal.
Mouvement de masse
Le gros intestin ne présente pas le péristaltisme des autres Pancréas (Fig. 12.32)
parties du tractus digestif. Une onde péristaltique
puissante ne se produit qu'à intervalles espacés (au Objectif pédagogique
nombre d'environ deux par heure) et chemine le long du
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
côlon transverse, poussant son contenu dans les côlons capable :
descendant et sigmoïde. Cela est appelé « mouvement de
■ de différencier les structures et les fonctions du
masse », souvent déclenché par l'entrée d'aliments dans
pancréas exocrine et du pancréas endocrine.
l'estomac. Cette association du stimulus et de sa réponse
est appelée réflexe gastrocolique.
s'ouvrant dans le duodénum au niveau de l'ampoule hépa- Le foie est la glande la plus volumineuse de l'organisme,
topancréatique. L'ouverture de l'ampoule dans le duodé- pesant entre 1 et 2,3 kg. Il est situé dans la partie
num est contrôlée par le sphincter hépatopancréatique supérieure de la cavité abdominale, occupant la plus
(d'Oddi) au niveau de la papille duodénale. grande partie de l'hypocondre droit, une partie de la
Le pancréas exocrine produit le suc pancréatique, qui région épigastrique, et s'étendant dans l'hypocondre
contient des enzymes, certaines sous forme de précurseurs gauche. Ses faces antérieure et supérieure sont lisses et
inactifs, digérant des hydrates de carbone, des protéines et incurvées afin de s'adapter à la face inférieure du
des graisses (p. 323). Comme dans le tractus alimentaire, la diaphragme (fig. 12.33) ; sa face inféropostérieure est
stimulation parasympathique augmente la sécrétion de sucs irrégulière (fig. 12.34).
pancréatiques, et la stimulation sympathique la diminue.
Foie
Lobe gauche
Objectifs pédagogiques
Lobe droit
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
Ligament
■ de décrire la localisation du foie dans la cavité
falciforme
abdominale ;
■ de décrire la structure du lobule hépatique ; Vésicule
■ d'indiquer les fonctions du foie. biliaire
Ligament falciforme
Empreinte colique
Conduit biliaire
Empreinte duodénale
Artère hépatique
Conduit biliaire
Vascularisation (voir fig. 5.38 et 5.40)
L'artère hépatique et la veine porte amènent du sang au Branche de l’artère hépatique
foie (voir fig. 12.36). Les veines hépatiques, en nombre B
variable, quittent la face postérieure du foie et s'abouchent
Figure 12.35 Lobule hépatique. A. Une coupe transversale
aussitôt dans la veine cave inférieure, juste au-dessous
agrandie d'un lobule hépatique. B. Direction du flux sanguin et de la
du diaphragme. bile dans le lobule hépatique.
Structure
Les lobes du foie sont faits de minuscules lobules au sang artériel et au sang veineux portal (avec une
fonctionnels, à peine visibles à l'œil nu (fig. 12.35A). Ces concentration élevée de nutriments) de se mélanger et de
lobules, de forme hexagonale à la coupe, sont formés de venir en contact étroit avec les cellules hépatiques. Des
cellules cubiques, les hépatocytes, disposées par paires macrophages hépatiques (cellules de Kupffer) se trouvent
dans des colonnes (NdT : lames hépatiques) irradiant parmi les cellules bordant les sinusoïdes, macrophages
d'une veine centrale. Entre deux paires de colonnes de dont la fonction est d'ingérer et de détruire les cellules
cellules se situent des sinusoïdes (vaisseaux sanguins à vieillies et les particules étrangères présentes dans le sang
parois incomplètes, voir Ch. 5) contenant un mélange de traversant le foie.
sang provenant de très fines branches de la veine porte et Le sang des sinusoïdes se draine dans la veine cen-
330 de l'artère hépatique (fig. 12.35B). Cette disposition permet trale du lobule ou veine centrolobulaire. Les veines
Système digestif CHAPITRE 12
centrolobulaires se réunissent pour former de plus glycogène en glucose, maintenant la glycémie dans les
grosses veines, qui de proche en proche aboutissent aux étroites limites de la normale (voir fig. 12.39).
veines hépatiques ; celles-ci quittent le foie pour atteindre
la veine cave inférieure juste au-dessous du diaphragme. Métabolisme des graisses
La figure 12.36 montre le système du flux sanguin par Les graisses de réserve peuvent être converties en une
le foie. L'une des fonctions du foie est de sécréter la bile. forme utilisable par les tissus pour fournir de l'énergie
Dans la figure 12.35B, il est montré des canalicules biliaires (voir fig. 12.44).
entre des colonnes de cellules hépatiques. Cela veut dire
que chaque colonne d'hépatocytes a un sinusoïde d'un Métabolisme des protéines
côté et un canalicule biliaire de l'autre. Des canalicules se Désamination d'acides aminés. Ce processus :
réunissent pour former un canal biliaire plus gros et, de • enlève la partie azotée des acides aminés non
réunion en réunion, les canaux hépatiques droit et gauche nécessaires à la formation de protéines nouvelles ;
drainant la bile se trouvent formés. de l'urée est formée à partir de cette partie azotée,
Du tissu lymphoïde et un réseau de vaisseaux lympha- et excrétée dans l'urine ;
tiques sont présents dans chaque lobule. • scinde les acides nucléiques (matériel génétique, par
exemple ADN, voir p. 466) des cellules corporelles
Fonctions du foie usées pour former de l'acide urique, qui est excrété
dans l'urine.
Le foie est un organe extrêmement actif qui a de
nombreuses fonctions importantes décrites ci-après.
Transamination. Elle enlève la partie azotée d'acides ami-
Métabolisme des hydrates de carbone nés et la transfère à d'autres molécules d'hydrate de car-
Le foie a un rôle important dans le maintien du taux de bone pour synthétiser de nouveaux acides aminés non
glucose sanguin. Après un repas, quand le taux augmente, essentiels (voir fig. 12.42).
le glucose est converti en glycogène, qui est stocké, sous Synthèse des protéines plasmatiques. Celles-ci sont
l'influence de l'hormone insuline. Plus tard, lorsque le formées à partir des acides aminés et comprennent
taux de glucose chute, l'hormone glucagon convertit le les albumines, les globulines et les facteurs de coagula-
tion (p. 66).
Stockage
Les substances mises en réserve dans le foie comprennent :
• le glycogène (voir p. 336) ; FOIE Bilirubine
• les vitamines liposolubles A, D, E, K ; (conjuguée)
• du fer, du cuivre ; Cycle Courant
• certaines vitamines hydrosolubles, par exemple la entérohépatique sanguin
vitamine B12. (veine porte)
Conduit
biliaire
INTESTINS REINS
Composition de la bile
Entre 500 et 1000 ml de bile sont sécrétés chaque jour par
le foie. La bile est faite :
Excrétée dans les Excrétée dans l’urine
• d'eau ; selles en stercobiline en urobiline
• de sels minéraux ;
• de mucus ; Figure 12.37 Destinée de la bilirubine depuis la destruction
• de pigments biliaires, bilirubine surtout ; des érythrocytes vieillis.
• des sels biliaires ; l'acide glucuronique ; cette forme devient suffisamment
• de cholestérol. soluble dans l'eau pour être excrétée dans la bile. Des
bactéries intestinales transforment la bilirubine en sterco-
Fonctions de la bile biline, qui est excrétée dans les selles. La stercobiline
Digestion des graisses. Les acides biliaires cholique et colore et désodorise les fèces. Une petite quantité est réab-
chénodésoxycholique sont synthétisés par les hépatocytes à sorbée, et excrétée dans l'urine sous forme d'urobilinogène
partir du cholestérol, puis sécrétés dans la bile sous (fig. 12.37). L'ictère est une coloration jaune des tissus,
forme de sels de sodium ou de potassium. Ces sels émul- apparente dans la peau et la conjonctive, due à un excès
sifient les graisses dans l'intestin grêle, aidant à leur de bilirubine dans le sang (p. 358).
digestion. Les acides gras sont insolubles dans l'eau, ce
qui rend très difficile leur absorption à travers la paroi
intestinale. Les sels biliaires rendent le cholestérol et les Voies biliaires
acides gras plus hydrosolubles, ce qui facilite leur
absorption ainsi que celle des vitamines liposolubles Objectifs pédagogiques
(vitamines A, D, E et K).
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
Dans l'iléon terminal, la plus grande partie des sels
capable :
biliaires est réabsorbée et retourne au foie par la veine
porte. Cette circulation entérohépatique, ou recyclage ■ de décrire le trajet suivi par la bile du foie vers
des sels biliaires, permet à de grandes quantités de sels la vésicule biliaire, puis vers le duodénum ;
biliaires d'entrer dans l'intestin grêle chaque jour à partir ■ d'indiquer la structure et les fonctions
d'un pool relativement petit d'acides biliaires (fig. 12.37). de la vésicule.
Canal hépatique droit Bile venant du foie Elle a un fond (fundus), ou extrémité distale, dilatée, un
Canal hépatique corps, ou partie principale, et un col, qui se prolonge par
gauche
S Canal cystique
le canal cystique.
D G Canal hépatique
Structure
I
La paroi de la vésicule biliaire a les mêmes couches
Conduit biliaire
commun tissulaires que celles de la structure de base du tube
Vésicule Canal pancréatique digestif, avec certaines modifications cependant.
biliaire principal
Péritoine. Il ne recouvre que sa surface inférieure car la
surface supérieure de la vésicule biliaire est en contact
direct avec le foie, et elle est maintenue en place par le
Duodénum péritoine viscéral qui recouvre le foie.
Tête
Ampoule du pancréas Couche musculaire. Il existe une couche supplémentaire
hépato- de fibres musculaires obliques.
pancréatique
Membrane muqueuse. Elle présente de petits replis
Papille quand la vésicule est vide, qui disparaissent quand elle
duodénale est distendue par de la bile.
Sphincter
hépato-pancréatique
Vascularisation
Figure 12.38 Direction du flux de bile du foie au duodénum. L'artère cystique, branche de l'artère hépatique, vascularise
la vésicule biliaire. Le sang est drainé par la veine cystique,
Les canaux hépatique et cystique forment ainsi le canal qui rejoint la veine porte.
biliaire commun (NdT : ou canal cholédoque), qui passe
derrière la tête du pancréas pour être rejoint par le canal
pancréatique principal, s'abouchant de façon variable dans Fonctions de la vésicule biliaire
l'ampoule hépatopancréatique (NdT : soit abouchement Ces fonctions sont les suivantes :
séparé des deux canaux ; soit abouchement par un canal • réservoir pour la bile ;
commun formé par leur réunion, conduit pouvant être • concentration de la bile jusqu'à 10 à 15 fois celle de la
court ou relativement long). Cette ampoule dans la paroi bile sortant du foie, par absorption d'eau au niveau de
duodénale fait saillie dans la lumière du duodénum, la paroi de la vésicule ;
lumière dans laquelle elle s'ouvre par un petit orifice au • libération de bile mise en réserve.
niveau de la papille duodénale ; elle est entourée par des
fibres circulaires lisses (encerclant donc les deux canaux ou Quand la paroi musculaire de la vésicule se contracte,
le canal unique qu'ils forment), formant le sphincter de la bile passe des conduits biliaires jusqu'au duodé-
hépatopancréatique (d'Oddi). Le canal biliaire commun est num. La contraction est stimulée parla cholécystokinine
long d'environ 7,5 cm (NdT : longueur en fait très variable, (CCK), hormone sécrétée par le duodénum, et la présence
fonction du siège haut ou bas de la réunion des canaux du chyme gras et acide dans le duodénum.
cystique et hépatique), et son calibre est d'environ 6 mm. Le relâchement du sphincter hépatopancréatique
(d'Oddi) est dû à la CCK, et il constitue une réponse
réflexe à la contraction de la vésicule biliaire.
Structure
La paroi des canaux biliaires a les mêmes couches
tissulaires que celles de la structure de base du tube Résumé de la digestion
digestif (voir fig. 12.2). Dans le canal cystique, la membrane
et de l'absorption des nutriments
muqueuse bordante présente des plis circulaires
irréguliers, jouant le rôle de valve spirale. La bile traverse
Objectifs pédagogiques
le canal cystique dans deux sens, une fois vers la vésicule
biliaire puis à nouveau, quand elle est expulsée, de la Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez
vésicule biliaire vers le canal biliaire commun (canal être capable :
cholédoque) et de là dans le duodénum. ■ d'énumérer les principales enzymes digestives, le
site de leur action, leurs substrats et leurs produits ;
Vésicule biliaire ■ de décrire les sites d'absorption des principaux
La vésicule biliaire est un sac en forme de poire attaché à groupes de nutriments.
la face inféropostérieure du foie par du tissu conjonctif.
333
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Intestin grêle
Hydrates de Amylase salivaire : L'acide chlorhydrique Amylase pancréatique : Dans les capillaires –
carbone amidons cuits en dénature et arrête amidons cuits en sanguins des
disaccharides l'action de disaccharides villosités
l'amylase salivaire
Saccharase, maltase, lactase
(dans les entérocytes) :
disaccharides en
monosaccharides (glucose
surtout)
Chymotrypsine et trypsine :
polypeptides
en di- et tripeptides
Graisses – – Bile (du foie) : les sels biliaires Dans les chylifères –
émulsifient les graisses des villosités
334
Système digestif CHAPITRE 12
Le métabolisme est l'ensemble des réactions chimiques La valeur nutritionnelle des hydrates de carbone, des
se produisant dans le corps, utilisant des nutriments protéines et des graisses amenés par l'alimentation peut être
pour : exprimée en kilojoules par gramme, ou en kcal par gramme.
• fournir de l'énergie par oxydation chimique de ces 1 gramme d'hydrate de carbone procure
nutriments ; 17 kilojoules ( 4 kcal )
• synthétiser ou remplacer des substances corporelles. 1 gramme de protéine procure 17 kilojoules ( 4 kcal )
Deux types de processus sont impliqués. 1 gramme de graisse procure 38 kilojoules ( 9 kcal )
Glucose : utilisé
Tableau 12.3 Facteurs affectant le niveau métabolique par le foie ou stocké
sous forme de glycogène
suffisant le taux de glycogène tissulaire est converti en rée pendant un exercice prolongé, faisable. Quand l'exer-
graisses, mises en réserve dans des dépôts adipeux. cice devient très intense, les besoins énergétiques des
muscles exigent un apport en oxygène dépassant les pos-
Toutes les cellules de l'organisme ont besoin d'énergie sibilités, et le catabolisme se fait alors en anaérobiose. De
pour réaliser leurs processus métaboliques, dont la multi- tels niveaux d'activité ne peuvent être maintenus que
plication cellulaire de remplacement des cellules usées, la pendant de courtes périodes, en raison de l'accumulation
contraction musculaire, et les sécrétions produites par les de déchets (acide lactique principalement) et de l'effica-
glandes. L'oxydation des hydrates de carbone et des graisses cité réduite du processus de production d'énergie.
fournit plus d'énergie que celle nécessaire à l'organisme. Le premier stade du catabolisme du glucose est la gly-
Quand les réserves en glycogène sont basses et que plus de colyse ; il s'agit d'un processus anaérobie siégeant dans le
glucose est nécessaire, l'organisme peut synthétiser du glu- cytoplasme de la cellule. Par un certain nombre d'étapes
cose à partir de sources autres que des hydrates de carbone, intermédiaires, une molécule de glucose est alors conver-
par exemple à partir d'acides aminés, du glycérol. Cela est tie en deux molécules d'acide pyruvique avec production
appelé néoglucogenèse (formation de sucre nouveau). nette de deux molécules d'ATP. Le reste de la considérable
réserve d'énergie enfermée dans la molécule de glucose
Hydrates de carbone et libération d'énergie d'origine n'est libéré que s'il y a assez d'oxygène pour per-
(fig. 12.40) mettre aux molécules d'acide pyruvique d'entrer dans le
cycle de l'acide citrique (fig. 12.40). Celui-ci a lieu dans les
Du glucose est catabolisé dans l'organisme en libérant de
mitochondries de la cellule, et il dépend de l'oxygène. Pour
l'énergie, du dioxyde de carbone et de l'eau métabolique.
deux molécules d'acide pyruvique entrant dans le cycle de
Le catabolisme du glucose se produit dans une série
l'acide citrique, deux nouvelles molécules d'ATP sont for-
d'étapes avec, à chacune d'elles, peu d'énergie libérée. Le
mées. Cela est encore loin du maximum de 38 molécules
nombre total de molécules d'ATP pouvant être générées
d'ATP pouvant être formées. Les 34 molécules d'ATP res-
par le catabolisme complet d'une molécule de glucose est
tantes viennent du troisième processus producteur d'éner-
de 38 mais, pour que cela soit obtenu, le processus doit
gie, la phosphorylation oxydative, processus dépendant des
se produire en présence d'oxygène (en aérobiose). En
atomes d'hydrogène libérés pendant les stades initiaux du
l'absence d'oxygène (anaérobiose), ce nombre est
catabolisme du glucose. La phosphorylation oxydative,
beaucoup plus faible et le processus est par conséquent
comme le cycle de l'acide citrique, ne se produit qu'en pré-
significativement moins efficace.
sence d'oxygène, et elle a lieu dans les mitochondries.
Respiration aérobie (catabolisme). Le catabolisme aéro-
bie du glucose ne se produit que si l'apport d'oxygène est Catabolisme anaérobie. Quand le taux d'oxygène dans
adéquat ; c'est le processus par lequel de l'énergie est libé- la cellule est bas, la molécule de glucose subit encore la
glycolyse, et elle se scinde en deux molécules d'acide
pyruvique, car la glycolyse est un processus anaérobie.
Glucose
Cependant, l'acide pyruvique n'entre pas dans le cycle de
l'acide citrique ou ne subit pas la phosphorylation oxyda-
tive ; en revanche, en anaérobiose, il est converti en acide
Glucose lactique. La production d'acide lactique détermine des
douleurs et des crampes au niveau des muscles hyperac-
ATP Glycolyse (anaérobie)
tifs. Quand le niveau d'oxygène est restauré, l'acide lac-
tique est reconverti en acide pyruvique, qui peut alors
Acide pyruvique x 2
Acétyl coenzyme A
entrer dans le cycle d'acide citrique.
ATP
Acide lactique Acide oxalo-acétique
Destin des produits terminaux du métabolisme
Cycle de l’acide des hydrates de carbone
CYTOPLASME citrique Acide lactique. Une partie de l'acide lactique produit par
CO2
(de Krebs)
le catabolisme anaérobie du glucose peut être oxydée
H2O
dans les cellules en dioxyde de carbone et en eau, mais
MITOCHONDRIE Phosphorylation
oxydative elle doit être d'abord transformée en acide pyruvique. Si
(voies aérobies)
l'oxydation complète ne se produit pas, de l'acide lactique
ATP ATP
gagne le foie par le sang circulant, où il est converti en
glucose, et il peut alors suivre n'importe quelle des voies
ouvertes au glucose (fig. 12.39).
Partie azotée
Désamination Acides gras et libération d'énergie
Partie azotée (A)
séparée
Quand les tissus corporels manquent de glucose, comme
Partie non dans le jeûne prolongé, les régimes basses calories ou
azotée (B) l'exercice vigoureux, l'organisme utilise d'autres sources
d'énergie, principalement les graisses stockées. Les acides
A B
gras peuvent être convertis en acétyl coenzyme A, et entrer
dans la voie de production d'énergie sous cette forme. Une
des conséquences de cela est l'accumulation de corps
B – Utilisés pour : cétoniques, produits dans le foie à partir de l'acétyl coenzyme
– fournir de l’énergie
A quand son niveau est trop élevé pour entrer en totalité
– la transamination (nouveaux
acides aminés non essentiels) dans le cycle de l'acide citrique (voir fig. 12.44). Les corps
A – Excrétés par les reins sous forme d’urée cétoniques passent alors dans le sang, et ils peuvent être
utilisés par d'autres tissus corporels, dont le cerveau (qui est
Urée habituellement dépendant du glucose pour son énergie)
comme source de combustible. Cependant, à de fortes
Figure 12.42 La destinée des acides aminés dans le corps. concentrations, les corps cétoniques sont toxiques, en
particulier pour le cerveau. Les corps cétoniques comprennent
GRAISSE
de l'acétone et des acides organiques faibles. Les taux sont
normalement bas, car ils sont utilisés dès qu'ils sont produits.
ALIMENTATION SANG DESTINÉE Quand la production excède les besoins, lors des situations
évoquées ci-dessus, les taux augmentent, entraînant une
Acides gras
acidocétose. L'acidocétose est associée à l'acidose, qui peut
et glycérol Foie :
Acides gras et entraîner le coma voire la mort si elle est sévère. L'excrétion
glycérol triglycérides des corps cétoniques en excès se fait via :
Tissu adipeux :
• l'urine (cétonurie) ;
Stocke les triglycérides • les poumons, donnant à l'haleine une odeur sucrée
en excès, libère des acides caractéristique (pomme verte) ;
gras et du glycérol en cas
de besoin Dans l'acidocétose, une compensation est nécessaire
Cellules tissulaires : pour maintenir l'équilibre acidobasique. C'est ce à quoi
Utilisent les acides gras servent les systèmes tampons qui excrètent le surcroît
et le glycérol comme
source d’énergie
d'acide (ions hydrogène) par les poumons, à travers
sous forme d’ATP, l'hyperventilation, ou par les reins. En situation nor-
et comme source male, l'acidocétose s'autolimite, et la production de corps
de chaleur cétoniques s'arrête à la fin du jeûne ou de l'exercice.
Figure 12.43 Sources, distribution et utilisation des graisses L'acidocétose est associée à un diabète sucré de type 1
dans l'organisme. non contrôlé (voir p. 251).
339
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
ATP
340
Système digestif CHAPITRE 12
Anorexie Perte d'appétit qui empêche ou réduit beaucoup l'alimentation. Si elle est sévère et continue, elle s'accompagne
de perte de poids
Constipation Passage de selles moins fréquent que la normale et/ou passage difficile. La fréquence normale varie beaucoup
d'un individu à l'autre, allant de 3 fois par jour à 3 fois par semaine
Diarrhée Passage inhabituellement fréquent de selles molles ou liquides. Normalement, la plupart des liquides sont
réabsorbés dans le tractus gastro-intestinal (voir fig. 12.28). Une diarrhée survient quand la réabsorption d'eau
par les intestins est réduite et/ou quand la motilité est diminuée
Douleur abdominale Cela est dû à l'étirement du muscle lisse ou aux capsules des organes. La localisation est décrite en se référant aux
régions de l'abdomen (voir fig. 3.38)
Hématémèse Vomissement de sang, soit frais, soit en partie digéré (décrit comme en « grains de café »)
Méléna Sang dans les fèces. De très petites quantités seulement sont retrouvées par recherche de sang occulte dans les
selles
Nausée Sensation de malaise, qui précède habituellement des vomissements. Elle peut s'accompagner d'hypersalivation
et de tachycardie
Vomissement Un réflexe (involontaire) au cours duquel se produit une éjection forcée du contenu de l'estomac par la bouche.
Les vomissements suivent la stimulation, par exemple, du pharynx, de l'œsophage, de l'estomac ou du centre du
vomissement dans le bulbe, par exemple par des médicaments. Ils sont coordonnés par le bulbe. La glotte se
ferme, le diaphragme se contracte, le sphincter œsophagien supérieur se relâche ; des mouvements importants
de péristaltisme inverse dans l'estomac expulse ensuite son contenu vers le haut. S'ils sont sévères, les
conséquences comprennent des troubles de l'équilibre liquidien, électrolytique et acidobasique (alcalose
métabolique, du H+ est perdu en excès)
341
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Cette section passe en revue les troubles du système sur les dents. Elle provoque un saignement des gencives
digestif. Le tableau 12.4 énumère certains signes et et détruit progressivement les tissus qui soutiennent les
symptômes courants de troubles gastro-intestinaux. dents, lesquels finissent par se détacher et peuvent tomber.
Narine
Oreillons
Lèvre C'est une affection inflammatoire aiguë des glandes
supérieure salivaires, en particulier des parotides. Elle est due au
Toit de virus ourlien, appartenant au même groupe que les
la bouche
virus para-influenza (NdT : groupe des virus para-
Deux moitiés
du palais myxoviridae). Le virus est transmis par des goutte-
A correctement lettes salivaires infectées. Il se multiplie ailleurs dans
fusionnées
le corps avant d'atteindre les glandes salivaires. Le
virus est le plus infectieux 1 à 2 jours avant et 5 jours
après l'apparition des symptômes. Le virus peut tou-
Fente labiale cher aussi :
impliquant
le nez • le cerveau, donnant une méningite (voir Ch. 7) ou une
méningo-encéphalite ;
• testicule, entraînant après la puberté une orchite
le
B (inflammation testiculaire) avec parfois une atrophie
glandulaire et une stérilité.
Caries
Carcinomes
Une carie débute par une décoloration et se poursuit avec
Ces tumeurs malignes touchent le plus souvent les
la formation de cavités (caries). Cela se produit lorsque
parotides. Certaines formes ont tendance à infiltrer
des bactéries présentes en plaques sur les dents agissent
des nerfs de tissus avoisinants, entraînant des douleurs
sur les sucres, formant de l'acide, ce qui finit par détruire
sévères. L'extension se fait aux nœuds lymphatiques
les parties dures des dents. Cette affection peut être évitée
cervicaux.
grâce à une bonne hygiène buccale.
Maladies de l'œsophage
Maladies du pharynx
Voir « Tonsillite » et « Diphtérie » (p. 279 et 280). Objectifs pédagogiques
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être ■ de discuter les principales affections inflammatoires
capable : de l'œsophage ;
■ de décrire les tumeurs des glandes salivaires les ■ dedéfinir l'atrésie de l'œsophage et la fistule
plus fréquentes. œsotrachéale.
343
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
L'incidence de l'épithéliome spinocellulaire varie beau- initiale à l'infection à Helicobacter pylori (voir ci-dessous)
coup dans le monde. Il est associé à la consommation et un stress physiologique important, par exemple les
d'alcool au long cours et au tabagisme. D'autres facteurs brûlures étendues et la défaillance polyviscérale.
prédisposants seraient l'obésité, la consommation trop Il existe différents degrés de gravité. Les cas modérés
peu importante de fruits et légumes et la mastication de peuvent être asymptomatiques ou présenter des nau-
noix de bétel ou de tabac à chiquer. sées et des vomissements, associés à des modifications
L'adénocarcinome se développe à partir d'un œsophage inflammatoires de la muqueuse gastrique. Des érosions
de Barrett (voir ci-dessus). peuvent aussi se produire ; elles sont caractérisées par
une perte tissulaire affectant les couches superficielles de
Anomalies congénitales la muqueuse gastrique. Dans les cas plus graves, il existe
des érosions multiples pouvant être suivies d'une hémor-
Les anomalies congénitales de l'œsophage les plus ragie menaçant le pronostic vital. Celle-ci est accompa-
fréquentes sont : gnée d'une hématémèse (vomissement de sang frais ou noir
• l'atrésie congénitale de l'œsophage, dans laquelle la « marc de café », la digestion du sang ayant eu le temps de
lumière de l'œsophage est interrompue dans son se produire) et/ou d'un méléna (selles noires contenant du
trajet thoracique (NdT : dans plus de 90 % des cas, sang), particulièrement chez les personnes âgées.
le segment œsophagien supérieur a une extrémité Le pronostic dépend de l'importance des lésions. Dans
inférieure borgne, le segment œsophagien inférieur de nombreux cas, la guérison est sans problème avec
communique à son extrémité supérieure avec la suppression de la cause. En cas de lésions tissulaires éten-
trachée par un court trajet fistuleux) ; dues, la guérison par fibrose peut réduire l'élasticité et le
• la fistule trachéo-œsophagienne congénitale sans atrésie, péristaltisme de l'estomac.
traduite par le passage dans la trachée du lait ou du
contenu gastrique régurgité. Gastrite chronique
La gastrite chronique est une forme moins sévère, mais
Une seule anomalie ou les deux peuvent être présentes. de longue durée. Elle est habituellement associée à
Les causes de ces anomalies sont inconnues. Helicobacter pylori, mais est parfois due à une maladie
auto-immune ou à une blessure chimique. Elle s'observe
surtout chez des personnes déjà âgées.
Affections de l'estomac Gastrite à Helicobacter. Helicobacter pylori est une bactérie
qui survit dans la muqueuse gastrique et qui est fréquem-
Objectifs pédagogiques
ment associé à diverses affections gastriques, en particu-
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez lier à la gastrite chronique et à la maladie ulcéreuse.
être capable : Gastrite auto-immune. Il s'agit d'une maladie progres-
■ de comparer les principales caractéristiques sive. Les lésions inflammatoires destructrices débutant à
des gastrites aiguës et chroniques ; la surface de la membrane muqueuse peuvent s'étendre
■ de discuter la physiopathologie de la maladie
pour toucher toute l'épaisseur de la muqueuse, dont les
ulcéreuse ; glandes gastriques. Quand ce stade est atteint, la sécrétion
des enzymes digestives, de l'acide chlorhydrique et du
■ de décrire les principales tumeurs de l'estomac, facteur intrinsèque est réduite de façon marquée. Les anti-
et leurs conséquences ;
gènes sont les cellules pariétales gastriques et le facteur
■ de définir l'appellation sténose du pylore intrinsèque qu'elles sécrètent. Quand ces cellules sont
congénitale détruites du fait de cette affection auto-immune, l'inflam-
mation disparaît. Les causes initiales du processus auto-
immun sont inconnues, mais il existe une prédisposition
familiale à ce processus, et une association à des troubles
Gastrite thyroïdiens. Les conséquences secondaires comprennent :
L'inflammation de l'estomac peut être aiguë ou chronique. • une anémie pernicieuse par absence de facteur
intrinsèque (NdT : anémie de Biermer) (p. 78) ;
Gastrite aiguë • un risque accru de cancer de l'estomac.
Cette affection est habituellement une réaction à des
substances irritantes ou à l'alcool. Les médicaments les
plus souvent en cause sont les anti-inflammatoires non
Ulcère gastroduodénal
stéroïdiens, y compris l'aspirine, même à de faibles doses ; Les ulcérations affectent toute l'épaisseur de la muqueuse
mais bien d'autres médicaments peuvent aussi être gastrique (fig. 12.47). L'ulcère gastroduodénal est dû à la
impliqués. D'autres causes comprennent la réponse perte de l'équilibre normal entre l'action corrosive du suc
345
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Remplacement des cellules épithéliales. Le remplace- Anémie. Une hémorragie faible persistante émanant
ment des cellules gastriques et intestinales suit normale- d'un ulcère peut conduire au développement d'une ané-
ment un cycle rapide. Celui-ci peut être réduit par : mie par carence en fer (p. 77).
346
Système digestif CHAPITRE 12
Intestin grêle
Abcès Maladies de l'intestin
appendiculaire
Formation d'abcès. Les abcès les plus fréquents sont : Bile infectée Urine infectée Selles infectées
• l'abcès sous-phrénique, entre le foie et le diaphragme,
à partir duquel l'infection peut s'étendre vers le Figure 12.49 Les voies d'excrétion des microbes dans la fièvre
haut, à la plèvre, au péricarde, et aux structures du typhoïde et paratyphoïde.
médiastin ;
Fièvres typhoïde et paratyphoïde (entérique)
• l'abcès pelvien, à partir duquel l'infection peut Les fièvres typhoïde et paratyphoïde sont dues à Salmonella
s'étendre aux structures adjacentes (fig. 12.48).
typhi et S. paratyphi A ou B, respectivement. Toutes deux
sont courantes dans certains pays tropicaux et toutes
Adhérences. Quand la guérison se produit, du tissu cica- deux sont transmises par voie orofécale, à partir d'aliments,
triciel fibreux (adhérences) se forme, et sa rétraction ulté- d'eau ou d'objets contaminés par des individus atteints
rieure peut entraîner : par la maladie ou porteurs (voir ci-dessous).
• la striction ou l'obstruction de l'intestin L'incubation dure 10 à 14 jours, période durant laquelle
• la limitation des mouvements d'une anse intestinale, les microbes envahissent le tissu lymphoïde de l'intestin
qui peut tourner sur elle-même à partir de grêle, en particulier les plaques de Peyer. Les microbes
l'adhérence, entraînant un type d'occlusion intestinale passent ensuite dans les vaisseaux sanguins et atteignent
appelé volvulus (p. 353). le foie, la rate et la vésicule biliaire. Une période septi-
cémique (maladie fébrile) suit, accompagnée de malaise,
de céphalées, de vertiges et de douleurs des membres.
La rate s'hypertrophie (splénomégalie) et, classiquement,
Infections gastro-intestinales (fig. 12.49)
des taches rouges apparaissent sur la peau, en particulier
L'incidence des maladies évoquées ci-après est très sur le thorax et le dos.
variable, mais celles-ci représentent une importante En l'absence de traitement, 2 semaines après le début,
cause de morbidité et de mortalité dans le monde. Des une maladie d'intensité sévère, souvent mortelle, est fré-
mesures de santé publique, telles que l'accès à une eau quente. Les complications dues à la propagation micro-
potable pure et sûre, la mise en place d'égouts efficaces bienne durant la phase bactériémique comprennent une
et de bonnes pratiques d'hygiène alimentaire, réduisent pneumonie, une méningite et une cholécystite typhique,
grandement le risque de propagation de ces maladies, lors de laquelle les microbes se multiplient dans la vési-
beaucoup d'entre elles étant très contagieuses. Comme cule biliaire et sont sécrétés dans la bile, réinfectant
la transmission est souvent orofécale, un lavage des l'intestin (fig. 12.49). Les toxines bactériennes peuvent
mains méticuleux après avoir déféqué, serré des mains provoquer des troubles cardiaques (myocardite, Ch. 5) et
et touché tout objet potentiellement contaminé est rénaux (néphrite, Ch. 13). Dans l'intestin, des ulcérations
essentiel, en particulier dans les établissements de santé. peuvent éroder la paroi d'un vaisseau sanguin, entraînant
La contamination de l'eau potable provoque des une hémorragie, ou perforer la paroi intestinale, entraî-
maladies diarrhéiques, qui représentent la principale nant une péritonite aiguë.
cause de mortalité infantile dans les pays en voie de Quelques individus (jusqu'à 5 %) peuvent deve-
développement. nir porteurs en cas d'infection de la vésicule biliaire
348
Système digestif CHAPITRE 12
a symptomatique mais chronique. Une libération continue quantités. La viande peut être contaminée à toutes les
de microbes dans la bile pendant des mois ou des années étapes de son circuit, depuis l'abattage jusqu'à la
après la guérison conduit à l'infection des fèces ; bien consommation. Les épidémies d'intoxication alimentaire
moins souvent, le système urinaire est aussi atteint, les s'observent lors des cuissons à grande échelle, par exemple
microbes étant libérés dans l'urine. Les porteurs peuvent dans des institutions. Le lent refroidissement après la
transmettre l'infection à d'autres personnes par le contact cuisson et/ou le lent réchauffement favorisent la
avec leurs fèces ou leur urine contaminés. multiplication microbienne. Lorsqu'elles atteignent les
intestins, les bactéries libèrent une toxine qui provoque
diarrhée et douleur abdominale. La maladie guérit en
Autres infections à salmonelles
général spontanément.
Salmonella typhimurium et S. enteritidis sont les salmonelles
de ce groupe le plus souvent en cause. En général, les
effets sont confinés au tractus gastro-intestinal, Diarrhée associée aux antibiotiques
contrairement aux infections citées ci-dessus. En plus des Le microbe Clostridium difficile est déjà présent dans le
humains, elles ont pour hôtes des animaux domestiques gros intestin, mais après une antibiothérapie, beaucoup
et des oiseaux. Les microbes peuvent être présents dans d'autres bactéries commensales de l'intestin meurent.
la viande, la volaille, les œufs et le lait, entraînant une Cela permet à C. difficile de prendre le dessus et de se
infection si la cuisson ne permet pas la stérilisation multiplier ; il produit des toxines qui lèsent la muqueuse
complète des aliments. Des souris et des rats portent aussi du gros intestin et entraînent une diarrhée aiguë. Une
les micro-organismes, et ils peuvent contaminer des inflammation importante du gros intestin (colite), souvent
aliments avant ou après leur cuisson. mortelle chez les personnes âgées et affaiblies, peut
La période d'incubation est de 12 à 72 heures. L'entérite constituer une complication.
est habituellement de courte durée, et accompagnée d'une
douleur abdominale aiguë et de diarrhée, entraînant une Intoxication alimentaire à Campylobacter
déshydratation et un déséquilibre électrolytique. Il y a Ces bacilles à Gram négatif sont une cause fréquente de
parfois des vomissements. Chez les enfants et les per- gastro-entérite avec fièvre, douleurs abdominales aiguës
sonnes âgées débilitées, l'infection peut être sévère, voire et parfois hémorragies intestinales. La maladie touche
fatale. principalement des adultes jeunes et des enfants avant
l'âge de 5 ans. Les bactéries sont présentes dans l'intestin
Intoxication alimentaire à Escherichia coli (E. coli) des oiseaux et des animaux ; elles sont transmises par de
Les sources habituelles de ces micro-organismes sont la la volaille ou de la viande insuffisamment cuites. Ils
viande insuffisamment cuite, et le lait non pasteurisé ; la peuvent être transmis aussi par de l'eau, du lait. Les
cuisson adéquate et la pasteurisation tuent E. coli. La animaux de compagnie, tels que les chats et les chiens,
sévérité de la maladie dépend du type d'E. coli responsable ; peuvent être à l'origine de l'infection. Il existe une
certains types sont plus virulents que d'autres et des association avec le syndrome de Guillain-Barré (Ch. 7).
épidémies d'intoxication alimentaire à E. coli peuvent
comporter des cas mortels, en particulier chez des jeunes Choléra
enfants et des personnes âgées. Le choléra est dû à Vibrio cholerae, transmis par de l'eau,
des fèces, des vomissures, des aliments, les mains et des
Intoxication alimentaire staphylococcique objets usuels contaminés. Les humains en sont les seuls
Après avoir mangé des aliments contaminés, Staphylococcus hôtes connus. Chez certaines personnes infectées, appelées
aureus produit des toxines qui entraînent une gastro- porteurs infracliniques, aucun symptôme ne se manifeste,
entérite aiguë (plutôt que ce ne soit la bactérie en elle- mais celles-ci peuvent transmettre l'affection, l'infection
même qui déclenche l'affection). Bien que la cuisson tue demeurant latente. La bactérie produit une très puissante
la bactérie, les toxines peuvent résister aux hautes toxine, qui stimule la sécrétion des glandes intestinales,
températures. produisant de grandes quantités d'eau, de bicarbonate et
Il y a habituellement une inflammation intestinale de chlorure. Il en résulte une diarrhée persistante avec
aiguë de courte durée, avec vomissements violents 2 à déshydratation sévère et déséquilibre électrolytique,
4 heures après l'ingestion, pouvant entraîner une déshy- pouvant conduire à la mort par choc hypovolémique.
dratation et des troubles électrolytiques. La diarrhée peut
ne pas être importante. La guérison complète dans les Dysenterie
24 heures est habituelle. Dysenterie bacillaire. Cette infection du gros intestin est
due à des bactéries du groupe Shigella. Sa sévérité dépend
Intoxication alimentaire à Clostridium perfringens du micro-organisme en cause. Il s'agit habituellement,
Ces bactéries, bien que normalement présentes dans dans les pays développés, d'une infection relativement
l'intestin des humains et des animaux, entraînent une légère due à Shigella sonnei. Shigella dysenteriae est à l'ori-
intoxication alimentaire quand ils sont ingérés en grandes gine du type d'infection le plus grave, celui-ci survenant
349
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
surtout dans les pays en développement. Les enfants et ment en hiver ; il est à l'origine d'une entérite brève et
les adultes âgés débilités sont particulièrement exposés. spontanément résolutive, avec les vomissements pour
Les humains sont les seuls hôtes ; les micro-organismes principal symptôme. La maladie, surtout fréquente en
sont transmis par contamination fécale des aliments, de hiver, se répand rapidement au sein des familles, des
l'eau, des boissons, les mains et des objets usuels. structures accueillant des enfants et des établissements de
La muqueuse intestinale devient inflammatoire, ulcé- santé. La transmission intervient par voie fécale-orale
rée et œdémateuse, avec hypersécrétion de mucus. Dans mais aussi par voie aérienne.
les infections sévères, la diarrhée aiguë contenant du sang
et du mucus abondant entraîne une déshydratation, un Maladie inflammatoire de l'intestin
déséquilibre électrolytique et une anémie. La guérison
amène le retour à une muqueuse normale. Les maladies inflammatoires de l'intestin incluent la mala-
die de Crohn et la rectocolite hémorragique. Le tableau 12.5
Amibiase (dysenterie amibienne). La maladie est due au établit la comparaison de leurs principales caractéristiques,
protozoaire Entamoeba histolytica. Les humains sont les mais il n'est pas toujours possible de distinguer ces affec-
seuls hôtes connus ; l'infection se transmet par des aliments, tions dans la pratique. Leur étiologie est inconnue, mais
de l'eau, les mains et des objets usuels, ayant été contami- toutes deux seraient déclenchées par des facteurs environ-
nés par des selles infectées. Bien que de nombreuses per- nementaux et immunitaires chez des individus prédisposés
sonnes infectées ne développent pas de symptômes, elles génétiquement. Les deux maladies ont classiquement une
peuvent devenir des porteurs asymptomatiques. évolution avec récidives et rémissions.
Les amibes se développent, se divisent, et envahissent les
cellules de la muqueuse, entraînant une inflammation du Maladie de Crohn
côlon (colite). En l'absence de traitement, l'affection devient Cette affection inflammatoire chronique du tractus
fréquemment chronique, avec une diarrhée légère intermit- alimentaire touche habituellement des adultes jeunes.
tente et une douleur abdominale. Cela peut progresser vers L'iléon terminal et le rectum sont les plus souvent atteints,
des ulcérations du côlon, accompagnées d'une diarrhée mais la maladie peut concerner n'importe quelle partie du
persistante et débilitante, contenant du mucus et du sang. tractus. Il existe des aires inflammatoires bien limitées
Les complications, rares, comprennent une hémorragie avec œdème et épaississement de la paroi intestinale
sévère à partir des ulcères et des abcès hépatiques. entraînant une obstruction partielle de la lumière
intestinale, appelées parfois lésions par sauts. Des périodes
Gastro-entérite virale de rémission s'observent, de durée variable. Les principaux
Des virus comme le Rotavirus et le Norovirus sont connus symptômes sont la diarrhée, une douleur abdominale et
pour provoquer des vomissements et/ou des diarrhées. une perte de poids. Les complications comprennent :
Rotavirus. Il est la principale cause de diarrhée chez les • des infections secondaires, survenant quand les aires
jeunes enfants. Il est facilement propagé dans les établis- inflammatoires s'ulcèrent ;
sements de santé. • des adhérences fibreuses et une obstruction intestinale
Norovirus. Aussi appelé « grippe intestinale », le Norovirus qui en est la conséquence, dues au processus de
est responsable d'épidémies qui surviennent fréquem- guérison ;
Incidence Habituellement entre les âges de 20 et 40 ans Habituellement entre les âges de 20 et de 40 ans (moyenne
(moyenne 26 ans) ; les deux sexes sont atteints 34 ans) ; la maladie touche plus souvent des femmes que
également ; les fumeurs courent un plus grand des hommes ; le tabagisme n'est pas un facteur de risque
risque
Principales N'importe où dans le tractus digestif, de la bouche Atteinte constante du rectum, avec extension variable dans
localisations des à l'anus ; souvent l'iléon terminal le côlon
lésions
Tissus atteints Toute l'épaisseur de la paroi, enflammée et épaissie ; Seule la muqueuse est atteinte
ulcérations et fistules sont fréquentes
Nature des lésions Lésions « par sauts », c'est-à-dire avec des atteintes Lésions d'un seul tenant ; la muqueuse est rouge,
séparées par des aires de tissu normal ; ulcérations inflammatoire
et fistules sont fréquentes
Pronostic Dans les cas sévères, la chirurgie peut être efficace, L'exérèse chirurgicale de tout le côlon amène la guérison ;
mais les rechutes sont très fréquentes ; risque de risque de cancer significativement augmenté
cancer légèrement augmenté
350
Système digestif CHAPITRE 12
Rectocolite hémorragique
La rectocolite hémorragique est une maladie inflammatoire Diverticule
chronique de la muqueuse du côlon et du rectum, qui peut
s'ulcérer et s'infecter. Elle touche habituellement des
adultes jeunes, et elle débute dans le rectum. De là, elle
peut s'étendre en proximal et toucher une proportion Muqueuse Sous-muqueuse
variable du côlon, parfois sa totalité. Le principal
Figure 12.50 Maladie diverticulaire. Coupe transversale du côlon
symptôme est une diarrhée sanglante. Il y a des périodes montrant un diverticule.
de rémission durant des semaines, des mois ou des années.
Les individus peuvent développer d'autres maladies
systémiques affectant, par exemple, les articulations
Tumeurs bénignes
(spondylarthrite ankylosante, p. 460), la peau et le foie. Un
Les néoplasmes bénins peuvent former une masse à base
cancer se développe parfois, après une longue évolution.
large, ou un polype, c'est-à-dire développer un pédicule.
Le mégacôlon toxique est une complication aiguë, où le
Parfois, les tumeurs pédiculées tournent sur elles-mêmes,
côlon perd son tonus musculaire et se dilate. Il existe un
entraînant une ischémie responsable de nécrose et parfois
risque élevé de déséquilibre électrolytique, de perfora-
de gangrène. Des modifications malignes peuvent surve
tion et de choc hypovolémique, pouvant être mortel en
nir sous forme d'adénomes, principalement retrouvés
l'absence de traitement.
dans le gros intestin. L'incidence est élevée dans les pays
développés.
Maladie diverticulaire
Les diverticules sont de petites poches de muqueuse Cancer colorectal
colique qui font saillie dans la cavité péritonéale à travers C'est le siège le plus fréquent des cancers du tractus
les fibres musculaires lisses du côlon, entre les bandelettes alimentaire dans les pays occidentaux. Au Royaume-Uni,
coliques (fig. 12.50). Leur paroi consiste en une membrane c'est la deuxième cause de mortalité par cancer après le
muqueuse recouverte par le péritoine viscéral. Ils se cancer du poumon. Le régime alimentaire est considéré
produisent aux points les plus faibles de la paroi comme le facteur causal le plus important du cancer
intestinale, c'est-à-dire là où les vaisseaux sanguins colorectal. La maladie est pratiquement inconnue dans les
pénètrent, le plus souvent dans le côlon sigmoïde. pays où le régime alimentaire est riche en fibres et pauvre
Les causes de la diverticulose (présence de diverticules) en graisses, alors que la maladie est fréquente dans les
ne sont pas connues, mais elle est associée à un régime pays occidentaux où des quantités importantes de viande
alimentaire pauvre en fibres. Dans les pays occidentaux, rouge, de graisse animale saturée et des fibres en quantité
la diverticulose est tout à fait fréquente après l'âge de insuffisante sont ingérées. Le déplacement lent du contenu
50 ans, mais elle est souvent asymptomatique. intestinal pourrait entraîner la conversion de substances,
Une diverticulite est la conséquence d'une diverticu- inconnues, en agents cancérogènes. Des facteurs géné
lose et se produit quand des selles s'incarcèrent dans tiques sont aussi impliqués. Les maladies prédisposant à
des diverticules, dont la paroi devient inflammatoire et ce cancer sont la rectocolite hémorragique, et certaines
œdémateuse lorsque la surinfection du diverticule se pro- tumeurs bénignes (habituellement adénomes).
duit. Cela réduit l'apport sanguin, entraînant une douleur Les tumeurs sont des adénocarcinomes, environ la moi-
abdominale ischémique. Le diverticule se rompt parfois, tié naissant dans le rectum, un tiers dans le côlon sigmoïde,
entraînant une péritonite (p. 348). et le reste ailleurs dans le côlon. La tumeur peut être :
• une masse molle polypoïde, se projetant dans la
lumière du côlon ou du rectum, avec tendance à
Tumeurs de l'intestin grêle et du côlon s'ulcérer, s'infecter et saigner ;
Les tumeurs bénignes ou malignes de l'intestin grêle sont • une masse fibreuse dure encerclant le côlon,
rares, en particulier par rapport à celles de l'estomac, du entraînant une réduction de la lumière du côlon et, 351
gros intestin et du rectum. finalement, une obstruction.
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
L'extension locale des tumeurs malignes intestinales est • une réduction manuelle, en appliquant une pression
précoce, mais elle peut ne pas être évidente jusqu'à la sur- douce sur la tuméfaction abdominale ;
venue d'une ulcération et d'une hémorragie sévères, ou • étranglement herniaire (fig. 12.51B), quand la
d'une occlusion. L'extension peut se faire vers la cavité réduction est impossible et que le drainage veineux
péritonéale et les structures adjacentes, à travers la paroi de l'anse intestinale herniée est altéré, entraînant
intestinale. congestion, ischémie et gangrène. Il y a en outre une
Les métastases par voie lymphatique se font aux nœuds occlusion intestinale (p. 353).
lymphatiques mésentériques, au péritoine, à d'autres
organes abdominaux ou pelviens. La compression par
des nœuds hypertrophiés peut entraîner une occlusion Siège des hernies (fig. 12.51A)
intestinale, ou des lésions d'autres structures. Hernie inguinale. Le point faible est le canal inguinal, qui
Les métastases par voie sanguine se font principalement contient le cordon spermatique chez l'homme, le ligament
au foie, au cerveau et aux os. rond chez la femme. La hernie s'observe le plus souvent
chez l'homme.
Hernies Hernie fémorale. Le point faible est le canal fémoral
Une hernie est une protrusion d'un organe ou d'une faisant communiquer le pelvis et la cuisse, où passent
partie d'un organe à travers un point faible ou un orifice l'artère fémorale, la veine fémorale et des vaisseaux
dans les structures adjacentes. En ce qui concerne celles lymphatiques.
qui affectent le système digestif, une partie de l'intestin Hernie ombilicale. Le point faible est l'ombilic, où les
fait saillie à travers un point faible de la musculature de vaisseaux sanguins ombilicaux venus du placenta
la paroi abdominale antérieure, ou à travers un orifice atteignent le fœtus avant la naissance.
préexistant (fig. 12.51A). Elle est due à des augmentations
intermittentes répétées de la pression intra-abdominale, Hernie au niveau d'une incision. Elle est due à l'étire-
le plus souvent chez des hommes qui professionnellement ment répété du tissu fibreux (cicatriciel) formé après cica-
portent des poids lourds. Les possibilités d'évolution trisation d'une plaie chirurgicale.
comprennent : Hernie hiatale. C'est la protrusion d'une partie du fundus
• une réduction spontanée, l'anse intestinale réintégrant de l'estomac à travers l'orifice œsophagien du diaphragme
sa place normale quand la pression intra-abdominale (fig. 12.51C). Elle est souvent asymptomatique, l'irritation
redevient normale ; de l'œsophage ne se produisant qu'en cas de reflux de suc
Diaphragme
Sphincter
inférieur
de l’œsophage
Sphincter
inférieur
Ombilicale de l’œsophage
(intestin)
Par roulement
Par une cicatrice
d’incision
(n’importe quel siège)
Péritoine
Inguinale
Diaphragme
(intestin) Estomac
Anse intestinale poussée
Fémorale à travers un point faible
(intestin) de la paroi abdominale
A B C
Par glissement
Figure 12.51 Hernies. A. Sites fréquents des hernies. B. Formation d'une hernie étranglée. C. Hernies hiatales.
352
Système digestif CHAPITRE 12
L'hépatite chronique est définie comme toute forme L'insuffisance hépatique a des répercussions sévères
d'hépatite qui persiste plus de 6 mois. Elle peut être due sur d'autres fonctions du corps.
à des virus, à l'alcool ou à des médicaments, mais la cause
reste parfois inconnue. Encéphalopathie hépatique
Une inflammation légère, persistante, peut succéder à Cette affection est caractérisée par une apathie, une
une hépatite aiguë virale. Il y a habituellement peu ou pas désorientation, une confusion et une rigidité musculaire
de fibrose. évoluant vers le coma. Les cellules atteintes sont les
Il peut exister une inflammation progressive conti- astrocytes dans le cerveau. Plusieurs facteurs peuvent
nue avec nécrose cellulaire et formation de tissu être impliqués dans sa survenue :
fibreux, qui peut conduire à la cirrhose. Il existe alors
une distorsion des vaisseaux sanguins intrahépatiques, • des métabolites bactériens azotés absorbés dans
le côlon, normalement détoxifiés dans le foie, qui
et une hypoxie entraînant de nouvelles lésions. Cette
atteignent le cerveau par voie sanguine ;
affection est liée habituellement aux virus hépatiques B
et C, à certaines formes d'auto-immunité, et à des réac- • d'autres métabolites, normalement présents seulement
à l'état de traces, par exemple l'ammoniac, qui
tions imprévisibles (idiosyncrasiques) à des produits
peuvent s'élever à des concentrations toxiques et
toxiques.
modifier la perméabilité des vaisseaux sanguins
cérébraux ainsi que l'efficacité de la barrière
sang–cerveau ;
Cirrhose du foie • l'hypoxie et le déséquilibre électrolytique.
C'est la conséquence d'une lésion de longue durée due à
une grande variété d'agents. Les causes les plus fréquentes Troubles de la coagulation sanguine
sont : Le foie ne peut plus synthétiser des quantités suffisantes
• la consommation excessive d'alcool ; de facteurs de la coagulation du sang, c'est-à-dire la
• les infections à virus hépatiques B ou C ; prothrombine, le fibrinogène, et les facteurs II, V, VII, IX
• l'obstruction récurrente des voies biliaires ou à une et X. Un purpura et des hémorragies viscérales peuvent
inflammation chronique. se produire.
• incapacité des hépatocytes de conjuguer et d'excréter • modifications dans la composition de la bile affectant
la bilirubine ; la solubilité de ses constituants ;
• obstruction au déplacement de la bile dans les • taux élevé de cholestérol dans le sang ;
conduits biliaires intrahépatiques en raison de la • diabète sucré ;
présence de tissu fibreux ayant perturbé l'architecture • sexe féminin ;
des lobules du foie. • obésité ;
• grossesses multiples de femmes jeunes, en particulier
quand elles sont accompagnées d'obésité.
Tumeurs du foie
Les tumeurs bénignes du foie sont très rares. Cholécystite
La cholécystite est habituellement associée à la présence
de lithiase biliaire.
Tumeurs malignes
Le cancer du foie est souvent associé à une cirrhose (NdT : Cholécystite aiguë
qui le précède dans le temps), mais les liens entre les deux Il s'agit d'une inflammation aiguë de la vésicule biliaire,
affections ne sont pas clairs. La cirrhose et le cancer généralement associée à des calculs. Elle se produit quand
pourraient être dus à des mêmes agents, ou l'action un calcul se bloque dans le conduit cystique (fig. 12.53),
carcinogène d'un agent pourrait être déclenchée par la habituellement après un repas gras. Les fortes contractions
cirrhose. Le cancer se développe parfois après une hépatite péristaltiques du muscle lisse de la paroi du conduit
B et C. Les métastases siègent le plus souvent dans les cystique, survenant dans une tentative pour mobiliser le
nœuds lymphatiques abdominaux, le péritoine et les calcul, entraînent une colique hépatique, une douleur
poumons. intense dans l'épigastre ou l'hypochondre droit. Cela ne
Les cancers secondaires (métastases) du foie sont provoque pas d'ictère, car la bile venant du foie passe
plus fréquents que les tumeurs hépatiques primaires. alors directement dans le duodénum. La bile ne peut pas
L'extension se produit habituellement à partir de tumeurs sortir de la vésicule biliaire et il s'ensuit une réaction
primaires de siège gastro-intestinal, pulmonaire ou mam- inflammatoire. Cela peut se compliquer d'une infection
maire. Les métastases tendent à grossir rapidement, et bactérienne et d'une distension de la vésicule biliaire,
elles sont souvent la cause de la mort. avec le risque d'une perforation et d'une péritonite.
358
Système digestif CHAPITRE 12
Conduit hépatique
Ictère (jaunisse)
Impactée dans le
conduit cystique,
Ce n'est pas en soi-même une maladie, mais le jaunissement
entraîne une cholécystite de la peau et des muqueuses traduit une anomalie du
aiguë (pas un ictère) métabolisme et/ou de l'excrétion de la bilirubine. La
Lithiases biliaires
bilirubine, provenant de la dégradation de l'hémoglobine,
dans la vésicule
Impactée dans le est normalement conjuguée dans le foie et excrétée dans
biliaire
conduit biliaire commun,
(asymptomatique) la bile (fig. 12.37). La conjugaison rend la bilirubine
entraîne un ictère
soluble dans l'eau et stimule grandement son extraction
du sang ; c'est une étape essentielle de son excrétion
Conduit (NdT : la bilirubine est conjuguée essentiellement à l'acide
pancréatique glucuronique : glucuroconjugaison de la bilirubine).
Duodénum La bilirubine non conjuguée, qui est liposoluble, a un
Tête du effet toxique sur les cellules cérébrales. Cependant, elle
pancréas
ne franchit pas la barrière sang–cerveau, sauf si son taux
Sphincter
hépato- plasmatique dépasse 340 μmol/l ; quand elle le fait, elle
pancréatique produit des lésions neurologiques responsables de crises
d'épilepsie et de retard mental. Le taux sérique de la bili-
rubine doit être entre 40 et 50 μmol/l pour qu'apparaisse
la coloration jaune de la peau et des conjonctives (taux
Figure 12.53 Les effets de lithiases biliaires de sièges différents.
normal : 3 à 13 μmol/l). Un ictère s'accompagne souvent
d'un prurit (démangeaison), dû aux effets irritants des
Cholécystite chronique
sels biliaires sur la peau.
Le début est habituellement insidieux ; il succède parfois
Un ictère apparaît quand il existe une anomalie du taux
à des poussées de cholécystite aiguë. Une lithiase
de bilirubine. Ses différents types sont envisagés ci-après.
vésiculaire est habituellement présente, génératrice
parfois de colique hépatique. Une surinfection avec
suppuration peut se développer. En l'absence de Types d'ictère
traitement, une ulcération des tissus entre la vésicule
biliaire et le duodénum ou le côlon peut se produire, avec Quel que soit le stade auquel le traitement de la bilirubine
formation d'une fistule et, ultérieurement, d'adhérences est atteint, le résultat est finalement l'élévation du taux
fibreuses. Cette affection est associée au cancer de la sanguin de la bilirubine.
vésicule biliaire.
Ictère préhépatique
Cet ictère est dû à une hémolyse excessive (hyperhémolyse)
Cholangite des globules rouges (voir fig. 12.37) ce qui entraîne un
C'est une inflammation des conduits biliaires due à une excès de production de bilirubine. Comme la bilirubine
infection bactérienne qui s'accompagne classiquement de en excès n'est pas conjuguée, elle ne peut pas être excrétée
douleurs abdominales, de fièvre et d'un ictère (le flux de dans l'urine, dont la couleur reste donc normale.
bile dans le duodénum étant bloqué). L'infection L'ictère physiologique du nouveau-né est fréquent, en
secondaire peut s'étendre vers la partie supérieure de particulier chez les prématurés, chez qui l'hémolyse nor-
l'arbre biliaire, dans le foie (cholangite ascendante), ce qui malement élevée s'associe à un raccourcissement du sys-
provoque des abcès hépatiques. tème enzymatique de conjugaison de la bilirubine dans
les hépatocytes, le foie étant encore immature.
La bilirubine en excès s'accumule dans le foie. Comme • la fibrose des conduits biliaires après cholangite,
c'est principalement sous sa forme conjuguée, elle est ou une lésion due au passage de calculs.
hydrosoluble et excrétée dans l'urine, celle-ci étant alors
foncée. Dans ce cas aussi, la bilirubine est conjuguée, et elle est
donc excrétée dans l'urine. Les effets de l'augmentation
Ictère posthépatique du taux de bilirubine sérique incluent :
L'obstruction au flux de bile dans les conduits biliaires • un prurit (démangeaisons) ;
peut être due à : • des selles pâles en raison du défaut de stercobiline
• des calculs biliaires dans le conduit biliaire commun (p. 332) ;
(fig. 12.53) ; • des urines foncées du fait de l'excès de bilirubine
• une tumeur de la tête du pancréas ; conjuguée éliminée par les reins.
360
CHAPITRE
13
Système urinaire
Reins 362 Maladies des reins 375
Organes voisins des reins 363 Glomérulonéphrite 375
Structure macroscopique du rein 363 Syndrome néphrotique 376
Structure microscopique du rein 363 Néphropathie diabétique 377
Fonctions du rein 365 Hypertension et reins 377
Uretères 370 Pyélonéphrite aiguë 377
Structure 370 Néphropathie par reflux 377
Fonction 370 Insuffisance rénale 378
Calculs rénaux 379
Vessie 370
Anomalies congénitales des reins 380
Organes voisins de la vessie 371
Tumeurs du rein 380
Structure 371
Maladies du pelvis rénal, des uretères,
Urètre 371
de la vessie et de l'urètre 380
Miction 373 Obstruction au flux urinaire 381
Les effets du vieillissement Infections urinaires 381
sur le système urinaire 374 Tumeurs de la vessie 382
Incontinence urinaire 382
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Le système urinaire est l'un des systèmes excréteurs de Les premières sections de ce chapitre portent sur les
l'organisme. Il comporte les structures suivantes : structures et les fonctions des organes du système uri-
naire et sur les effets du vieillissement sur la fonction
• 2 reins, qui sécrètent l'urine ;
rénale. Dans la dernière section sont envisagées les consé-
• 2 uretères, qui transportent l'urine des reins à la vessie ;
quences sur le plan corporel du fonctionnement anormal
• 1 vessie, qui collecte et stocke l'urine ;
de diverses parties du système urinaire.
• 1 urètre, par lequel l'urine passe de la vessie vers
l'extérieur.
Rein
Duodénum Rate
Rein
droit gauche
Foie
Pancréas Pancréas
Duodénum
D G
Aorte
Uretère Jéjunum
Angle
droit Uretère colique
gauche Angle
droit colique
Intestin gauche
Vessie grêle Uretère
S S
Artère Veine Aorte Veine
D G D G
rénale cave rénale
I inférieure I
Figure 13.1 Les parties du système urinaire (sauf l'urètre) et Figure 13.2 Vue antérieure des reins, montrant les aires de
certaines structures voisines. contact avec des structures voisines.
362
Système urinaire CHAPITRE 13
Organes voisins des reins (fig. 13.1 et 13.2) L'urine formée dans le rein passe par une papille rénale
située au sommet d'une pyramide, dans un calice mineur
Siégeant de part et d'autre de la colonne vertébrale, les reins (fig. 13.3). Plusieurs calices mineurs fusionnent en un
contractent des rapports avec des structures différentes. calice majeur, et deux ou trois calices majeurs se com-
binent pour former le pelvis rénal, une structure en forme
Rein droit d'entonnoir qui se rétrécit lorsqu'elle sort du rein en tant
En haut – la glande surrénale droite. qu'uretère. Les parois des calices et du pelvis rénal sont
En avant – le lobe droit du foie, le duodénum et bordées par un épithélium transitionnel et contiennent du
l'angle colique droit (hépatique). muscle lisse. Le péristaltisme, la contraction intrinsèque
En arrière – le diaphragme et des muscles de la paroi du muscle lisse, propulse l'urine à travers les calices, le
postérieure de l'abdomen. pelvis rénal et l'uretère, pour gagner la vessie.
Rein gauche
En haut – la glande surrénale gauche. Structure microscopique du rein
En avant – la rate, l'estomac, le pancréas, le jéjunum et Le rein contient environ 1 à 2 millions d'unités
l'angle colique gauche (splénique). fonctionnelles, les néphrons, et un bien plus petit nombre
En arrière – le diaphragme et des muscles de la paroi de tubules (tubes) collecteurs. Les tubules collecteurs
postérieure de l'abdomen. transportent l'urine dans les pyramides jusqu'aux calices,
donnant aux pyramides leur aspect strié (fig. 13.3). Les
tubules collecteurs sont soutenus par du tissu conjonctif,
Structure macroscopique du rein contenant des vaisseaux sanguins, des nerfs et des
Trois aires tissulaires peuvent être distinguées sur une vaisseaux lymphatiques.
coupe longitudinale du rein vue à l'œil nu (fig. 13.3) :
• une capsule fibreuse, externe, entourant le rein ; Néphron (fig. 13.4)
• le cortex, couche tissulaire rouge-brun Le néphron est un tube fermé à une extrémité, qui s'unit à
immédiatement au-dessous de la capsule et un tubule collecteur à l'autre extrémité. L'extrémité fermée,
extérieure aux pyramides ; ou aveugle, est indentée afin de former la capsule glomérulaire
• médullaire, couche la plus interne, présentant des
la (capsule de Bowman) en forme de coupe, qui entoure
stries pâles coniques, les pyramides rénales. presque complètement un minuscule réseau de capillaires
artériels, le glomérule. Celui-ci ressemble à une touffe de
Le hile est le bord médial concave du rein par où cheveux bouclés et il est représenté à la figure 13.5. Le reste
passent le sang et les vaisseaux lymphatiques rénaux, du néphron, faisant suite à la capsule glomérulaire, long
l'uretère et des nerfs. d'environ 3 cm, comprend trois parties :
• le tubule (tube) contourné proximal ;
• l'anse médullaire (anse de Henlé) ;
• le tubule contourné distal conduisant au tubule collecteur.
Médullaire
Cortex
(pyramides) Des tubules collecteurs se réunissent pour former un
conduit de plus gros calibre (NdT : le canal collecteur) qui
se vide dans un calice mineur.
Calices Les reins reçoivent environ 20 % du débit cardiaque.
mineurs Après être entrée dans le rein au niveau du hile, l'artère
Papille
Artère rénale se divise en artères plus petites, donnant des arté-
de la
médullaire rénale rioles. Dans le cortex, une artériole – l'artériole afférente –
Veine pénètre dans la capsule glomérulaire, où elle se divise en
Calice
majeur rénale une masse de minuscules capillaires formant le glomérule.
Les cellules mésangiales du tissu conjonctif phagocytaire se
situent entre ces anses capillaires ; elles appartiennent au
Pelvis
rénal
système de défense des monocytes–macrophages (p. 74).
(bassinet) Le vaisseau sanguin quittant le glomérule est l'artériole
Capsule
Uretère efférente. L'artériole afférente a un diamètre plus grand
S
que l'artériole efférente, ce qui augmente la pression à
L M l'intérieur du glomérule et assure la filtration à travers les
I parois capillaires glomérulaires (fig. 13.6). L'artériole effé-
rente se divise en un second réseau capillaire péritubulaire
Figure 13.3 Coupe longitudinale du rein droit. (c'est-à-dire entourant les tubules), qui s'enroule autour du 363
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Tubule Tubule
Artériole Artériole contourné contourné
efférente afférente proximal distal
Branche
de l’artère
rénale
Branche
de la veine
rénale
Glomérule Cortex rénal
Capsule
glomérulaire
Capillaires
péritubulaires
Médullaire rénale
drainé de ce lit capillaire finit par quitter le rein par la veine Filtration (fig. 13.9)
rénale, qui se vide dans la veine cave inférieure. La filtration se produit à travers la paroi semi-perméable
La paroi du glomérule et de la capsule glomérulaire est des capillaires glomérulaires et de la capsule glomérulaire
faite d'une unique couche de cellules épithéliales aplaties. (fig. 13.10). De l'eau et d'autres petites molécules les
La paroi glomérulaire est plus perméable que celle des traversent facilement, bien qu'une certaine réabsorption
autres capillaires. Le reste du néphron et le tubule collec- se produise ultérieurement. Des cellules du sang, des
teur sont constitués par une couche unique d'épithélium protéines plasmatiques et d'autres grosses molécules sont
pavimenteux simple (fig. 13.8). trop grandes pour filtrer et restent donc dans les capillaires
L'innervation des vaisseaux sanguins du rein est sym-
pathique et parasympathique. La présence des deux par-
ties du système nerveux autonome permet le contrôle du
calibre des vaisseaux sanguins et du flux sanguin rénal
indépendamment d'une autorégulation (p. 366).
Fonctions du rein
Formation de l'urine
Les reins forment l'urine, qui atteint la vessie, où elle est
emmagasinée avant d'être évacuée. La composition de
l'urine reflète l'échange de substances entre le néphron et
le sang dans les capillaires rénaux. Des déchets du
métabolisme des protéines sont excrétés, l'équilibre
hydrique et électrolytique est maintenu, et le pH
(l'équilibre acidobasique) du sang est conservé par
l'excrétion d'ions hydrogène. Trois processus sont
impliqués dans la formation de l'urine :
• la filtration simple ;
• la réabsorption sélective ;
• la sécrétion.
Figure 13.8 Épithélium pavimenteux simple
des tubules collecteurs. Microscopie à force atomique en couleur.
Artère rénale
Artériole afférente
Glomérule
Pression
hydrostatique
glomérulaire
(sang)
(7,3 kPa)
Artériole efférente
Pression
osmotique
du sang
(4 kPa)
Capsule Pression
Réseau capillaire irriguant glomérulaire hydrostatique
le néphron (capillaires capsulaire
péritubulaires) (2 kPa)
Pression nette
Veine rénale de filtration vers l’extérieur
(1,3 kPa)
Figure 13.7 La série de vaisseaux sanguins dans le rein. Figure 13.9 Filtration dans le glomérule. 365
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Artériole Artériole
afférente efférente Encadré 13.1 Constituants du filtrat glomérulaire
et des capillaires glomérulaires
Pression osmotique
du sang augmentée
Sang dans le capillaire
+
– Osmorécepteurs dans
l’hypothalamus
Filtrat
dans le tubule
Réabsorption
sélective Stimule la glande
Sécrétion
du tubule pituitaire postérieure
du sang
vers le sang vers le tubule
Sécrétion
Inhibition
d’ADH accrue
1. Filtration
(sang néphron)
Inhibition Tubules rénaux Inhibition Capsule
glomérulaire 2. Réabsorption
1 (filtrat sang)
Capillaires
volume du sang 3 du néphron
L'équilibre entre les apports liquidiens et les pertes est Équilibre du sodium et du potassium
contrôlé par les reins. L'excrétion minimale d'urine, c'est- Le sodium est le cation (ion positivement chargé) le plus
à-dire le plus petit volume d'urine nécessaire à l'excrétion abondant dans les liquides extracellulaires, et le potassium
des déchets du corps, est d'environ 500 ml par jour. La est le cation intracellulaire le plus abondant.
quantité produite au-delà est contrôlée principalement Le sodium est un constituant de presque tous les ali-
par l'hormone antidiurétique (ADH) libérée dans le sang ments, et il est souvent ajouté lors de leur cuisson. Aussi,
par la posthypophyse. il est amené en quantités supérieures aux besoins corpo-
Des cellules nerveuses sensibles de l'hypothalamus rels. Il est excrété principalement dans l'urine et dans la
(osmorécepteurs) détectent les modifications de la pression sueur.
osmotique du sang. Des impulsions nerveuses parties La quantité de sodium excrétée par la sueur est
des osmorécepteurs stimulent la sécrétion d'ADH dans souvent insignifiante, à moins que la sudation ne soit
le lobe postérieur de la glande pituitaire. Quand la pres- importante. Cela peut s'observer en cas de fièvre, de
sion osmotique s'élève, le sang devenant plus concentré, température ambiante élevée, d'exercice physique sou-
la sécrétion d'ADH augmente, entraînant une augmenta- tenu. Normalement, le mécanisme rénine–angiotensine–
tion de la réabsorption d'eau par les cellules du tubule aldostérone maintient la concentration du sodium et
contourné distal et par celles du tubule collecteur ; la celle du potassium dans les limites physiologiques.
pression osmotique du sang diminue alors, ainsi que la Quand il se produit une sudation excessive durable,
sécrétion d'ADH. Ce mécanisme de rétroaction négative par exemple en climat chaud ou lors du travail dans un
maintient la pression osmotique (et par conséquent la environnement chaud, une acclimatation se développe
concentration du sodium et de l'eau) dans les limites de la en 7 à 10 jours, et la sécrétion d'électrolytes perdue par
normale (voir fig. 13.12). la sueur diminue.
Ce mécanisme de rétroaction négative peut être Le sodium et le potassium sont à des concentrations
dépassé, même s'il peut exister une quantité excessive élevées dans les sucs digestifs, le sodium dans le suc
d'une substance dissoute dans le sang. Par exemple, gastrique et le potassium dans les sucs pancréatique et
quand, lors du diabète sucré, le taux de glucose du intestinal. Normalement, ces ions sont réabsorbés dans
sang dépasse la capacité de transport des tubules le côlon mais, en cas de diarrhée aiguë prolongée, de
rénaux, le glucose en excès reste dans le filtrat, atti- grandes quantités peuvent être excrétées, entraînant un
rant l'eau avec lui. De grands volumes d'urine sont déséquilibre électrolytique.
excrétés (polyurie), ce qui peut entraîner une dés-
Système rénine–angiotensine–aldostérone (voir
hydratation malgré une production accrue d'ADH.
fig. 13.13). Le sodium est un constituant normal de
Cependant, une soif aiguë et l'ingestion accrue d'eau
l'urine, et son excrétion est contrôlée par l'aldostérone,
compensent généralement la polyurie, du moins à un
hormone sécrétée par le cortex surrénal. Des cellules
certain degré.
de l'artériole afférente du néphron libèrent une
Lorsque le volume sanguin est augmenté, les récep-
enzyme, la rénine, en réaction à la stimulation par le
teurs de l'étirement dans les atriums du cœur sont sti-
sympathique, l'hypovolémie (faible volume de sang)
mulés et les cellules musculaires cardiaques libèrent le
ou la baisse de la pression artérielle. La rénine conver-
peptide auriculaire natriurétique (ANP). Cela réduit
tit une protéine plasmatique produite par le foie,
la réabsorption du sodium et de l'eau par les tubules
l'angiotensinogène, en angiotensine 1. L'enzyme de
contournés proximaux et les tubules collecteurs, ce qui
conversion de l'angiotensine (ECA), formée en petite
signifie que davantage d'eau et de sodium sont excré-
quantité dans les poumons, le tubule contourné
tés. Cela diminue le volume sanguin et réduit l'étire-
proximal et d'autres tissus, convertit l'angiotensine
ment auriculaire, et par le mécanisme de rétroaction
1 en angiotensine 2, puissant vasoconstricteur élevant
négative, la sécrétion d'ANP s'arrête (voir fig. 13.14).
la pression artérielle. La rénine et l'élévation du
L'augmentation des taux d'ANP inhibe aussi la sécrétion
potassium sanguin stimulent aussi la sécrétion d'al-
d'ADH et d'aldostérone, accentuant encore la perte de
dostérone par les glandes surrénales. De l'eau est
sodium et d'eau.
réabsorbée avec du sodium, et tous deux accroissent
le volume sanguin, ce qui réduit la sécrétion de rénine
Équilibre électrolytique par un mécanisme de rétroaction négative. Quand la
réabsorption du sodium augmente, l'excrétion du
Des modifications de la concentration des électrolytes
potassium s'accroît, réduisant indirectement le potas-
dans les liquides corporels peuvent être dues :
sium intracellulaire. Une diurèse profonde peut
• au contenu en eau du corps, ou entraîner une hypokaliémie (faible taux de potassium
• au niveau des électrolytes. dans le sang).
Plusieurs mécanismes maintiennent l'équilibre de l'eau ANP. Cette hormone est aussi impliquée dans la régula-
et des électrolytes. tion des taux de sodium (voir fig. 13.14).
369
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
Équilibre du pH
Afin de maintenir normal le pH (l'équilibre acidobasique)
Reins
du sang, le tubule contourné proximal sécrète des ions
hydrogène dans le filtrat où ils se combinent avec des
tampons (p. 25) :
• bicarbonate, pour former de l'acide carbonique
(H++ HCO3− → H2CO3)
• ammoniac, pour former des ions ammonium
Uretères
(H++ NH3 → NH4+)
• hydrogène phosphate, formant le dihydrogène
phosphate
(H++ HPO32− → H2PO3−)
Les parois des uretères possèdent trois couches tissulaires, qui ■ de décrire la structure de la vessie.
sont montrées en coupe transversale dans la figure 13.18 :
370
Système urinaire CHAPITRE 13
Urètre
Objectif pédagogique
Uretère droit
Paroi
abdominale antérieure
Trompe utérine Sacrum
Ovaire
Utérus
Péritoine
Col utérin Organes voisins de la vessie
Vessie chez la femme
Rectum
Os pubien Vagin En avant — la symphyse pubienne
Urètre Canal anal En arrière — l’utérus et la partie
supérieure du vagin
S
En haut — l’intestin grêle
A P En bas — l’urètre et les muscles
formant le plancher
I
pelvien
A
Uretère droit
Paroi abdominale Sacrum
antérieure
Conduit déférent
Péritoine
Vessie
Vésicule séminale
Prostate
Rectum
Os pubien
Canal anal Organes voisins de la vessie
chez l’homme
Urètre
En avant — la symphyse pubienne
En arrière — le rectum
S Pénis et les vésicules
A P séminales
En haut — l’intestin grêle
I Scrotum En bas — l’urètre et la prostate
B
Figure 13.19 Les organes pelviens voisins de la vessie et de l'urètre. A. Chez la femme. B. Chez l'homme.
Uretères
Trigone
S Ostium
de l’urètre au col
D G de la vessie
I
l'urètre situé juste devant le vagin. Cet orifice est contrôlé Chez le nourrisson, l'accumulation d'urine dans la vessie
par le sphincter urétral externe, qui est lui-même sous le active les récepteurs de l'étirement de la paroi vésicale, ce
contrôle de la volonté. qui génère des influx sensitifs (afférents) ; ceux-ci sont
La paroi de l'urètre féminin a deux couches princi- transmis à la moelle spinale où une action réflexe médullaire
pales : une couche musculaire, externe, et une muqueuse, (voir p. 176) est initiée. Cela stimule la contraction
interne, qui est en continuité avec celle de la vessie. involontaire du muscle détrusor et le relâchement du
La couche musculaire est composée de deux parties, sphincter urétral interne (fig. 13.21). L'urine est alors
une couche interne de muscle lisse, sous le contrôle du expulsée de la vessie – c'est la miction.
système nerveux autonome, et une couche externe de Quand le contrôle de la vessie est établi, le réflexe
muscle strié (volontaire) qui l'entoure. Le muscle strié de miction est toujours déclenché par des impulsions
forme le sphincter urétral externe, et il est sous l contrôle sensitives allant au cerveau, et le besoin d'uriner est
de la volonté. La muqueuse est soutenue par du tissu ressenti lorsque la vessie se remplit (environ 300 à
conjonctif fibroélastique lâche qui contient des vaisseaux 400 ml chez les adultes). Grâce à un effort conscient qui
sanguins et des nerfs. En proximal, il consiste en épithé- résulte d'un apprentissage, la contraction du sphinc-
lium transitionnel, et en distal il est composé d'épithé- ter urétral externe et des muscles du plancher pelvien
lium stratifié. peut inhiber la miction jusqu'au moment opportun
(fig. 13.22).
Miction
S
Objectif pédagogique A P
Impulsion
Terminaisons Moelle Terminaisons nerveuse Moelle
nerveuses sensibles spinale nerveuses sensibles vers le cortex spinale
à l’étirement à l’étirement cérébral
Inhibition
volontaire
du réflexe
Vessie pleine
Vessie pleine
Sphincter
urétral
Urètre
interne
Figure 13.21 Contrôle réflexe de la miction quand un effort Figure 13.22 Contrôle de la miction après établissement du
conscient ne peut pas contrecarrer l'action réflexe. contrôle de la vessie.
373
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
La miction peut être aidée en augmentant la pression Les reins ont une réserve fonctionnelle substantielle ; la
dans la cavité pelvienne par abaissement du diaphragme perte d'un rein ne provoque pas de problèmes chez un
et contraction des muscles abdominaux (manœuvre de individu par ailleurs en bonne santé. Le nombre de
Valsalva). La surdistension de la vessie est très doulou- néphrons décline avec l'âge, le taux de filtration glomérulaire
reuse, et quand cela survient, il se produit une tendance chute et la fonction des tubules rénaux devient moins
au relâchement involontaire du sphincter externe et une efficace. Les reins concentrent moins bien l'urine.
petite quantité d'urine s'échappe, à condition qu'il n'y ait Ces changements signifient que les personnes âgées
pas d'obstacle mécanique. L'incontinence est la perte invo- deviennent plus sensibles aux altérations de l'équilibre
lontaire d'urine une fois que le contrôle de la vessie a été liquidien, et que les problèmes liés à la surcharge liqui-
établi. dienne ou à la déshydratation deviennent plus courants.
L'élimination des médicaments devient aussi moins
efficace avec le déclin de la fonction rénale, ce qui peut
Les effets du vieillissement conduire à l'accumulation et la toxicité.
sur le système urinaire La capacité d'inhiber la contraction du muscle détrusor
décline, ce qui peut entraîner un besoin urgent d'uriner
Objectif pédagogique et accroître ce besoin. La nocturie devient plus courante
avec l'âge. L'incontinence (p. 382) est plus répandue chez
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
les personnes âgées, touchant 15 % des femmes et 10 %
capable :
des hommes de plus de 65 ans, pourcentages qui doublent
■ de décrire les effets du vieillissement sur le système vers l'âge de 85 ans. L'hypertrophie de la prostate est cou-
urinaire. rante chez les hommes âgés et entraîne une rétention uri-
naire ainsi que des problèmes de miction (Ch. 18).
374
Système urinaire CHAPITRE 13
Objectifs pédagogiques
Signe/symptôme Définition et description
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
Oligurie Débit urinaire inférieur à 400 ml par jour
capable :
Hématurie Présence de sang dans l'urine. Les glomérules
■ d'indiquerles principaux effets des qui fuient laissent s'échapper des globules
glomérulonéphrites ; rouges des capillaires glomérulaires, et
comme ils sont trop gros, ils ne peuvent pas
■ de décrire les effets du diabète sucré et de être réabsorbés par le filtrat. Un
l'hypertension artérielle sur la fonction rénale ; saignement dans le tractus urinaire
provoque aussi une hématurie
■ de discuter les sources et les conséquences des
Protéinurie Présence de protéines dans l'urine. C'est
infections urinaires ;
anormal et survient quand des glomérules
■ d'expliquer les causes et les implications des qui fuient permettent à des protéines
plasmatiques de passer dans le filtrat,
insuffisances rénales aiguë et chronique ; celles-ci étant trop grosses pour être
■ de décrire la pathogenèse de la lithiase urinaire ; réabsorbées
GN proliférative Habituellement consécutive à une Néphrite aiguë Hématurie Bon chez les enfants ; moins bon chez les
diffuse infection transitoire, en particulier Protéinurie adultes : jusqu'à 40 % développent
à streptocoque β-hémolytique, mais une hypertension artérielle ou une
aussi à d'autres microbes insuffisance rénale chronique
GN Étiologie seulement parfois Syndrome néphrotique Variable, mais la plupart des cas évoluent
extramembraneuse identifiée, telle une infection ; par Hématurie vers l'insuffisance rénale chronique
exemple syphilis, paludisme, quand la sclérose glomérulaire
Protéinurie
hépatite B ; certains médicaments, progresse
par exemple pénicillamine, or,
héroïne ; tumeurs
GN à lésions minimes Inconnue Syndrome néphrotique Bon chez les enfants ; rechutes
Hématurie fréquentes chez les adultes
Protéinurie
Néphrite aiguë. Elle se caractérise par la présence : Cela réduit le flux sanguin rénal, d'où la stimulation du
• d'oligurie (< 400 ml d'urine par jour chez l'adulte) ; système rénine–angiotensine–aldostérone (voir fig. 13.13),
• d'hypertension artérielle ; entraînant un accroissement de la réabsorption d'eau et de
• d'hématurie ; sodium dans les tubules rénaux. L'eau réabsorbée accroît
• d'urémie (p. 379). la baisse de la pression osmotique, augmentant l'œdème.
Le facteur clé de ces troubles est la perte d'albumine à
La douleur lombaire, des céphalées et l'altération géné- travers la membrane glomérulaire et, tant qu'elle persiste,
rale sont également fréquentes. le cercle vicieux précité se perpétue (fig. 13.23). Le taux
des produits de déchet azotés, c'est-à-dire d'acide urique,
Syndrome néphrotique. (Voir ci-après.)
d'urée et de créatinine, reste habituellement normal. Une
Insuffisance rénale chronique. Elle apparaît quand les hyperlipidémie et, en particulier, une hypercholestérolé-
néphrons sont progressivement et irréversiblement lésés, mie apparaissent aussi, selon un mécanisme mal précisé.
après perte de la réserve rénale. (Voir aussi p. 378.)
Lésion glomérulaire
Syndrome néphrotique
Ce n'est pas en lui-même une maladie, mais c'est une
manifestation importante de plusieurs maladies rénales.
Ses principales caractéristiques sont : Protéines plasmatiques
et graisses dans le filtrat
• une protéinurie marquée ;
• une hypoalbuminémie ;
• des œdèmes généralisés ;
• une hyperlipidémie. Baisse de la pression
osmotique du plasma
Quand des glomérules sont lésés, la perméabilité de
leur membrane glomérulaire est augmentée, et des pro-
téines plasmatiques la traversent pour passer dans le fil- Réabsorption
Œdème
trat. L'albumine est la principale protéine perdue, car c'est d’eau et de sel
la plus abondante et surtout la plus petite des protéines
plasmatiques. Quand la quantité perdue chaque jour par
l'urine excède le taux de production par le foie, une chute
Baisse du flux
appréciable du taux total des protéines plasmatiques appa- Sécrétion de rénine
sanguin rénal
raît. La pression osmotique plasmatique basse qui en est
la conséquence entraîne la survenue d'un œdème diffus et
Figure 13.23 Stades de développement du syndrome
d'un volume plasmatique diminué (voir fig. 5.57, p. 132). néphrotique.
376
Système urinaire CHAPITRE 13
Le syndrome néphrotique s'observe lors d'un certain aggravation de l'hypertension et un degré variable
nombre de maladies. Chez l'enfant, il est dû principale- d'altération rénale chez la plupart des personnes. Parfois,
ment à des lésions glomérulaires minimes. Chez l'adulte, des effets plus graves interviennent : l'accroissement de
il peut compliquer : la perméabilité du glomérule permet le passage de
• la plupart des formes de glomérulonéphrite ; protéines plasmatiques et de globules rouges dans le
• la néphropathie diabétique (voir ci-après) ; filtrat, d'où une protéinurie et une hématurie, qui peuvent
• le lupus érythémateux aigu disséminé (p. 462) ; évoluer en insuffisance rénale.
• des infections, par exemple le paludisme, la syphilis,
l'hépatite B ; Pyélonéphrite aiguë
• des traitements médicamenteux, par exemple par la
pénicillamine, les sels d'or, le captopril, la phénytoïne. Il s'agit d'une infection bactérienne aiguë du pelvis rénal
et des calices des reins, s'étendant au parenchyme rénal
où se forment de petits abcès. Les bactéries atteignent
Néphropathie diabétique habituellement le rein en remontant le tractus urinaire
L'insuffisance rénale est une cause de décès possible chez depuis le périnée, mais elles sont parfois véhiculées par
les adultes souffrant de diabète sucré (p. 250) ; elle inter le sang. Cette affection se traduit par de la fièvre, une
vient surtout en cas d'hypertension artérielle sévère ou altération générale, des douleurs lombaires.
d'hyperglycémie de longue durée. Le diabète entraîne des
Infection ascendante. L'extension ascendante de l'infec-
lésions des gros et petits vaisseaux sanguins dans l'ensemble
tion depuis la vessie (voir « Cystite », p. 381) est la cause
du corps, bien que les effets varient considérablement
de pyélonéphrite la plus fréquente. Le reflux d'urine
suivant les individus. Les effets qui touchent le rein sont
infectée dans les uretères, quand la vessie se contracte lors
résumés dans l'appellation néphropathie diabétique ou rein
de la miction, prédispose à la diffusion ascendante de
diabétique, et incluent :
l'infection aux cavités pyélocalicielles et au parenchyme
• des lésions progressives des glomérules, une rénal. Normalement, les positions relatives des uretères
protéinurie et un syndrome néphrotique ; et de la vessie (fig. 13.16) empêchent que les bactéries
• une infection ascendante conduisant à une accèdent aux reins.
pyélonéphrite aiguë ;
Infection hématogène. Les reins sont sensibles aux
• un athérome (Ch. 5) des artères rénales et de
leurs branches, conduisant à l'ischémie rénale et infections hématogènes en raison de leur important flux
à l'hypertension ; sanguin (20 % du débit cardiaque). Les bactéries peuvent
atteindre le rein directement par septicémie ou depuis un
• une insuffisance rénale chronique (p. 378).
foyer situé ailleurs dans le corps, par exemple de l'appa-
reil respiratoire, d'une plaie infectée ou d'un abcès.
Hypertension et reins
L'hypertension artérielle peut être la cause ou le résultat Physiopathologie
d'une pathologie rénale. L'hypertension artérielle tant Quand l'infection bactérienne atteint le tissu rénal, elle y
essentielle que secondaire (p. 139) touche les reins, entraînant entraîne une suppuration et la destruction de néphrons.
une artériosclérose et une artériolosclérose rénales, géné Le pronostic dépend de la quantité de tissu rénal sain
ratrices d'ischémie rénale. Le flux sanguin diminué stimule restant après disparition de l'infection. Le tissu nécrotique
le système rénine–angiotensine–aldostérone (voir fig. 13.13), est finalement remplacé par du tissu fibreux, mais les
ce qui aggrave encore l'hypertension artérielle. néphrons sains peuvent présenter une certaine hyper
L'hypertension artérielle est courante chez les per- trophie. Les évolutions possibles sont la guérison ; la
sonnes âgées (p. 123). Elle peut entraîner des lésions récidive, en particulier si une anomalie structurale des
glomérulaires progressives, pouvant aboutir à une insuf- voies urinaires est présente ; et la néphropathie par reflux.
fisance rénale une fois la réserve rénale perdue, ou à une La nécrose papillaire est une complication rare, observée
hypertension maligne. habituellement en l'absence de traitement de l'infection.
Hypertension secondaire
Une hypertension secondaire peut être due à des maladies Néphropathie par reflux
rénales chroniques (décrites dans ce chapitre). Elle peut Auparavant connue sous le nom de pyélonéphrite
provoquer une ischémie rénale chronique, qui aggrave chronique, cette pathologie est presque toujours associée
l'hypertension et l'insuffisance rénale. à un reflux vésico-urétéral, favorisant la propagation
ascendante d'une infection vers les reins. Une anomalie
Hypertension maligne congénitale de l'angle d'insertion de l'uretère dans la
Des lésions des artérioles touchent les glomérules, avec vessie prédispose souvent au reflux d'urine, mais le
destruction consécutive des néphrons. Cela conduit à une reflux est parfois dû à un obstacle à l'écoulement de
377
SECTION 3 Prise d'éléments bruts et élimination des déchets
l'urine vésicale, apparu plus tard dans la vie. Les lésions de la diurèse. La filtration glomérulaire diminue, et la
progressives des papilles rénales et des tubules réabsorption sélective et la sécrétion tubulaire sélective
collecteurs conduisent à l'insuffisance rénale chronique, baissent, entraînant :
et une hypertension artérielle concomitante est fréquente. • une insuffisance cardiaque due à une surcharge
liquidienne ;
Insuffisance rénale • des œdèmes diffus et pulmonaire ;
• l'accumulation d'urée et d'autres produits de déchet
Insuffisance rénale aiguë (IRA) du métabolisme ;
Les causes de l'IRA sont classées en : • un déséquilibre électrolytique, qui peut être aggravé
par la rétention du potassium (hyperkaliémie) libéré
• causes prérénales : l'IRA est alors la conséquence de la des cellules lésées n'importe où dans le corps ;
réduction brutale du flux sanguin rénal, en particulier
suite à un état de choc sévère et prolongé ;
• une acidose due à l'atteinte de l'excrétion urinaire
d'ions hydrogène.
• causes rénales : l'IRA se produit du fait d'une lésion du
rein lui-même, par exemple nécrose tubulaire aiguë, Une diurèse importante (phase diurétique) apparaît
glomérulonéphrite aiguë ; pendant le processus de guérison, quand les cellules
• causes postrénales : l'IRA intervient à cause d'une épithéliales tubulaires ont régénéré mais sont encore
obstruction au flux urinaire, lors par exemple d'une incapables d'assumer une réabsorption et une sécrétion
pathologie de la prostate, d'une tumeur de la vessie, sélectives. Cette diurèse peut entraîner une déshydra-
de l'utérus ou du col utérin, de volumineux calculs tation aiguë, aggravant l'hyperazotémie (taux sanguin
dans les cavités rénales. d'urée élevé), l'acidose et le déséquilibre électrolytique.
Si le patient survit à la phase initiale aiguë, la fonction
Il existe une soudaine et sévère réduction du taux de
rénale est restaurée de façon importante en quelques
filtration glomérulaire et de la fonction rénale, souvent
semaines (phase de récupération).
réversible en quelques jours ou semaines en cas de traite-
ment. Une oligurie ou une anurie est présente, accompa-
gnée d'une acidose métabolique due à la rétention de H+ ; Insuffisance rénale chronique
d'un déséquilibre électrolytique ; de l'accumulation de L'insuffisance rénale chronique (IRC) apparaît quand le
produits de déchets, principalement azotés. L'IRA com- taux de filtration glomérulaire a chuté à environ 20 % de
plique diverses affections, non nécessairement rénales. la normale. Le début est généralement lent et asymp
tomatique, la progression se faisant sur plusieurs années.
Nécrose tubulaire aiguë (NTA) Les principales causes sont le diabète sucré, la
C'est la cause d'IRA la plus fréquente. Les cellules de glomérulonéphrite et l'hypertension artérielle.
l'épithélium tubulaire sont sévèrement lésées par ischémie Les effets sur le taux de filtration glomérulaire (TFG),
ou, moins souvent, par des substances néphrotoxiques la réabsorption sélective et la sécrétion tubulaire sont
(encadré 13.2). importants. Le TFG et le volume du filtrat sont très abais-
L'oligurie, l'oligurie sévère (chez l'adulte, moins de sés, et la réabsorption d'eau est aussi sérieusement altérée.
100 ml d'urine par jour) ou l'anurie (voir tableau 13.1) Cela entraîne une production d'urine qui peut atteindre
peuvent durer quelques semaines, suivies de la reprise 10 litres par jour (tableau 13.3). La réduction de la filtra-
tion glomérulaire conduit à une accumulation de subs-
tances de déchet dans le sang, notamment d'urée et de
créatinine. Lorsque l'insuffisance rénale devient patente,
Encadré 13.2 Quelques causes de nécrose le taux d'urée sanguine est élevé ; c'est ce qu'on appelle
tubulaire aiguë
Ischémie – choc sévère, déshydratation, hémorragie,
traumatisme, brûlures étendues, infarctus du Tableau 13.3 Polyurie dans l'insuffisance rénale chronique
myocarde, intervention chirurgicale prolongée et
compliquée, en particulier chez les personnes âgées
Rein normal Insuffisance rénale
Médicaments – antibiotiques aminosides, anti- terminale
inflammatoires non stéroïdiens, inhibiteurs de l'ECA,
composés de lithium, surdosage de paracétamol TFG 125 ml/min ou 180 l/ 10 ml/min ou 14 l/jour
jour
Hémoglobinémie – accumulation d'hémoglobine, par
exemple lors d'une transfusion de sang incompatible, Réabsorption de >99 % Environ 30 %
ou du paludisme l'eau
Myoglobinémie – la myoglobine issue des muscles lésés Émission d'urine <1 ml/min ou 1,5 l/ Environ 7 ml/min ou
augmente les taux sanguins, par exemple après un jour 10 l/jour
syndrome d'écrasement (crush syndrome)
378
Système urinaire CHAPITRE 13
l'urémie. Les signes et symptômes pouvant accompagner rénales. D'autres gagnent la vessie et ils sont excrétés, ou
cette infection comprennent nausées, vomissements, ils augmentent de taille, pouvant obstruer l'urètre
hémorragie gastro-intestinale, anémie et prurit (déman- (fig. 13.24). Des calculs peuvent se former dans la vessie.
geaison). D'autres sont expliqués ci-après. Cette pathologie s'observe habituellement dans les pays
en voie de développement, souvent chez des enfants. Les
Polyurie. De grands volumes d'urine diluée (avec une
facteurs prédisposant à la lithiase urinaire sont les suivants.
faible gravité spécifique) sont émis, en raison du défaut
de réabsorption de l'eau. La nycturie (ou nocturie) est un • Déshydratation. Celle-ci entraîne une réabsorption
symptôme fréquent. tubulaire d'eau accrue, mais elle ne modifie pas
la réabsorption des solutés, dont la concentration
Acidose. Du fait de la défaillance du système de tampon augmente dans l'urine des tubules collecteurs,
rénal, qui contrôle normalement le pH des liquides cor- facilitant leur précipitation.
porels, des ions hydrogène s'accumulent.
• pH de l'urine. Quand le filtrat normalement acide
Déséquilibre électrolytique. C'est aussi la conséquence devient alcalin, certaines substances, par exemple les
de l'atteinte de la réabsorption et de la sécrétion phosphates, peuvent précipiter. Cela s'observe quand
tubulaires. les systèmes tampons sont déficients,
et lors de certaines infections.
Anémie. Le déficit de l'érythropoïétine (p. 71) survient
• Infection. Du matériel nécrotique et du pus fournissent
quand l'insuffisance chronique s'étend sur quelques mois, des foyers sur lesquels des solutés du filtrat peuvent
entraînant une anémie habituellement aggravée par l'hé- se déposer ; les produits de l'infection peuvent aussi
modialyse qui lèse les globules rouges. En l'absence de altérer le pH de l'urine. L'infection entraîne parfois
traitement, l'anémie se traduit par une fatigue, et peut aussi l'alcalinisation de l'urine (voir ci-dessus).
conduire à une dyspnée et une défaillance cardiaque
• Affections métaboliques. Il s'agit de l'hyperparathyroïdie
(p. 134). La fatigue et les difficultés respiratoires sont parfois (p. 247) et de la goutte (p. 461) (NdT : il y en a bien
les symptômes initiaux de l'insuffisance rénale chronique. d'autres, moins fréquentes).
Hypertension artérielle. Elle est souvent une consé-
quence, si ce n'est la cause, de l'insuffisance rénale.
Grossesse
382
SECTION
Protection
et survie
Peau 385
Résistance et immunité 399
4
4
Appareil musculosquelettique 413
Introduction à la génétique 465
Les systèmes de reproduction 477
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CHAPITRE
14
Peau
Peau 386 Affections cutanées 396
Structure de la peau 386 Infections 396
Fonctions de la peau 389 Affections inflammatoires
Cicatrisation des plaies 392 non infectieuses 396
Effets du vieillissement sur la peau 395 Ulcères de décubitus 397
Brûlures 397
Tumeurs malignes 398
SECTION 4 Protection et survie
Peau
Objectifs pédagogiques
Stratum corneum
Épiderme
Couche germinative
• La mélanine, pigment foncé dérivant d'un acide Des fibroblastes (voir fig. 3.5, p. 36), des macrophages
aminé, la tyrosine, et sécrété par des mélanocytes (voir fig. 3.17, p. 43) et des mastocytes sont les principales
dans la couche germinative profonde, est absorbée cellules présentes dans le derme. Du tissu aréolaire et une
par les cellules épithéliales avoisinantes. Sa quantité quantité variable de tissu adipeux (gras) se situent sous la
est génétiquement déterminée, et elle varie avec couche la plus profonde du derme. Le derme comporte :
la partie du corps chez les membres d'une même • des vaisseaux sanguins et lymphatiques ;
ethnie et entre les groupes ethniques. Le nombre • des terminaisons nerveuses sensitives ;
de mélanocytes est tout à fait constant ; ainsi, les • des glandes sudoripares et leurs canaux ;
différences de couleur dépendent de la quantité de • des poils et le muscle arrecteur de chacun d'eux, ainsi
mélanine sécrétée. Elle protège la peau des effets que des glandes sébacées.
nocifs des rayons ultraviolets de la lumière solaire.
L'exposition à la lumière solaire déclenche la synthèse Vaisseaux sanguins et lymphatiques. Des artérioles for-
de mélanine. ment un fin réseau, avec des branches capillaires vascu-
• saturation de l'hémoglobine (p. 70) et la quantité de
La larisant les glandes sudoripares, les glandes sébacées, les
sang circulant dans le derme donnent la couleur rose de follicules pileux et le derme. Les lymphatiques forment
la peau chez les Blancs. Quand la saturation en oxygène un réseau dans tout le derme.
est très faible, la peau peut apparaître bleue (cyanose).
Terminaisons nerveuses sensitives. Des récepteurs sen-
• L'excès de pigments biliaires sanguins et les carotènes
sitifs (terminaisons nerveuses spécialisées) sensibles au
dans la graisse sous-cutanée donnent à la peau une
toucher, à la température, à la pression et à la douleur, sont
couleur jaunâtre.
largement distribués dans le derme. Les stimulus entrants
activent les différents types de récepteurs (fig. 14.2 et
Derme (fig. 14.2) encadré 14.1) ; par exemple, le corpuscule lamelleux (de
Le derme est résistant et élastique. Il dérive du tissu
conjonctif, et la matrice contient des fibres de collagène (voir
Encadré 14.1 Récepteurs sensitifs dans la peau
fig. 3.16, p. 43) entremêlées avec des fibres élastiques. Des
fibres élastiques se rompent quand la peau est étirée, Récepteur sensitif Stimulus
rupture déterminant des vergetures permanentes ou Corpuscule tactile non capsulé
marques d'étirement, pouvant s'observer lors de la (de Meissner) Pression légère
grossesse et de l'obésité. Les fibres de collagène lient l'eau, Corpuscule lamelleux (de Pacini) Pression marquée
et elles donnent à la peau sa force élastique ; mais, comme Terminaison nerveuse libre Douleur
cette capacité décline avec l'âge, des rides se développent.
387
SECTION 4 Protection et survie
Pacini) est sensible à la pression marquée (fig. 14.3). La cutané (NdT : il s'agit de glandes sudoripares eccrines,
peau est un organe sensitif important, par lequel l'indi- glandes dont le canal excréteur débouche directement à la
vidu est informé sur son environnement. Des impulsions surface de la peau par une minuscule ouverture, ou pore
nerveuses générées dans les récepteurs sensitifs du derme sudoripare). Il existe deux types de glandes sudoripares.
sont transmises à la moelle spinale par des nerfs sensitifs Les glandes sudoripares eccrines sont le type le plus courant.
(fig. 14.4). De là, les impulsions sont transmises à l'aire Elles s'ouvrent à la surface cutanée à travers de minuscules
sensitive du cerveau, où les sensations sont perçues (voir pores ; la sueur produite à cet endroit est un liquide séreux
fig. 7.23B, p. 169). transparent, important pour la régulation de la température
corporelle. Les glandes apocrines s'ouvrent dans un follicule
Glandes sudoripares pileux et deviennent actives à la puberté. Elles pourraient
Les glandes sudoripares (ou sudorifères) sont largement jouer un rôle dans l'excitation sexuelle. On retrouve par
distribuées dans toute la peau, surtout nombreuses aux exemple ces glandes dans la région de l'aisselle. La
paumes des mains et aux plantes des pieds, aux aisselles et décomposition bactérienne de leurs sécrétions donne une
aux aines. Elles sont faites de cellules épithéliales. Le corps odeur déplaisante. Un exemple spécialisé de ce type de
des glandes est enroulé sur lui-même, dans le tissu sous- glande est la glande cérumineuse de l'oreille externe, qui
sécrète le cérumen (Ch. 8).
La plus importante fonction de la sueur est la régu-
lation de la température corporelle (p. 390). Une suda-
tion excessive peut entraîner une déshydratation et une
déplétion sérieuse en chlorure de sodium corporel, sauf
si l'apport en eau et en sel est accru de façon appropriée.
Après 7 à 10 jours d'exposition à une température envi-
ronnementale élevée, la quantité de sel perdue diminue
notablement, mais la perte d'eau reste élevée.
Poils
Les poils se développent à partir de cellules épidermiques
recouvrant de profondes invaginations de l'épiderme
dans le derme ou le tissu sous-cutané, appelées follicules
pileux. Un amas de cellules à la base du follicule est appelé
la papille pileuse ou le bulbe pileux. Le poil est formé par la
multiplication de cellules du bulbe et, pendant qu'elles
sont poussées vers l'extérieur, s'éloignant de leur source
de nutrition, ces cellules meurent et deviennent
kératinisées. La partie du poil au-dessus de la peau est la
tige, le reste est la racine du poil (fig. 14.2). La figure 14.5
Figure 14.3 Corpuscule lamelleux (de Pacini).
Épiderme Derme
Nerf sensitif
(transmet les
influx sensitifs
à la moelle
spinale et
au cerveau)
Terminaisons
nerveuses
sensitives
montre la croissance d'un poil à travers la peau ainsi que Bord libre
la desquamation qui rend la surface cutanée rugueuse.
Celle-ci peut abriter des micro-organismes, bien que
nombre d'entre eux soient éliminés par le frottement
constant des couches supérieures. Plaque
La couleur du poil est génétiquement déterminée, et unguéale
dépend de la quantité de mélanine présente. Le remplace-
Cuticule Lunule
ment de la mélanine par de minuscules bulles d'air rend
blanc le poil.
Muscle arrecteur du poil (fig. 14.2). Il est fait de petits
faisceaux de fibres musculaires lisses attachés au follicule
pileux. Sa contraction dresse le poil et élève la peau autour
du poil, déterminant la chair de poule. Les muscles arrec-
teurs sont stimulés par des fibres nerveuses sympathiques Cuticule Ongle Lit de l’ongle
en réponse à la peur et au froid. Les poils dressés captent
de l'air, et ils agissent comme une couche isolante. Il s'agit
là d'un mécanisme de réchauffement efficace, en particu- Bord libre
lier quand il s'accompagne de frissonnement, c'est-à-dire
Phalange
de contraction involontaire de muscles squelettiques. distale
Glandes sébacées (fig. 14.2). Elles sont faites de cellules
épithéliales sécrétrices dérivées du même tissu que les
follicules pileux. Elles sécrètent une substance huileuse
antimicrobienne, le sébum, dans le follicule pileux ; elles Racine Coussinet
sont donc présentes dans toutes les parties du corps sauf de l’ongle fibro-adipeux
la paume des mains et la plante des pieds. Elles sont les
plus nombreuses dans le cuir chevelu, le visage, les ais- Figure 14.6 L'ongle et la peau voisine.
selles et les aines. Dans les régions de transition d'un type
d'épithélium de surface à un autre type, telles que les Les ongles des doigts poussent plus vite que ceux des
lèvres, les paupières, les mamelons, les petites lèvres, le orteils, et leur croissance est plus rapide quand la tempé-
prépuce, il y a des glandes sébacées indépendantes de rature ambiante est élevée.
follicules pileux, sécrétant du sébum directement à la sur-
face de la région.
Le sébum conserve au poil sa souplesse et sa flexibilité,
Fonctions de la peau
et lui donne un aspect luisant. Il rend la peau, dans une Protection
certaine mesure, imperméable à l'eau, et il agit comme un
La peau constitue une couche relativement imperméable
agent bactéricide et antifongique, empêchant l'infection.
à l'eau, principalement issue de son épithélium kératinisé,
Il prévient aussi le dessèchement et le craquellement de
qui protège les structures plus profondes et plus délicates.
la peau, en particulier de celle exposée à la chaleur et au
En tant qu'important mécanisme de défense non
soleil. L'activité de ces glandes s'accroît à la puberté ; elle
spécifique, elle agit en barrière contre :
est moindre aux âges extrêmes, rendant la peau des nour-
rissons et des personnes âgées exposée aux conséquences • l'invasion par des micro-organismes ;
d'une humidité excessive (macération). • les produits chimiques ;
• les agents physiques, par exemple les traumatismes
légers, les rayons ultraviolets ;
Ongles (fig. 14.6) • la déshydratation.
Les ongles des humains équivalent aux griffes, aux cornes
et aux sabots des animaux. Ils dérivent des mêmes cellules L'épiderme contient des cellules spécialisées dans l'im-
que l'épiderme et les poils ; ils sont faits d'une plaque de munité appelées cellules dendritiques (de Langerhans),
kératine dure, cornée. Ils protègent l'extrémité des doigts qui constituent un type de macrophage. Elles phago-
et des orteils. cytent les antigènes qui y pénètrent, et gagnent le tissu
La racine de l'ongle est enchâssée dans la peau et recou- lymphoïde où elles présentent l'antigène à des lym-
verte par la cuticule, qui forme l'aire pâle hémisphérique phocytes T, déclenchant ainsi une réponse immunitaire
appelée lunule. (Ch. 15).
La plaque unguéale est la partie de l'ongle exposée, Les nombreuses terminaisons sensitives dans le derme
ayant poussé à partir de la zone germinative de l'épi- permettent la perception, la discrimination et la locali-
derme appelée lit de l'ongle. sation des stimulus internes et externes. Cela favorise
389
SECTION 4 Protection et survie
la réaction aux changements dans l'environnement, par vêtements et entre la peau et les vêtements. Pour cette rai-
exemple par action réflexe (retrait) à des stimulus déplai- son, plusieurs couches de vêtements légers fournissent un
sants ou douloureux, protégeant ainsi la peau contre une isolement contre des températures ambiantes basses meil-
nouvelle agression. leur qu'un seul vêtement épais.
La mélanine est un pigment qui protège contre les
Mécanismes de la perte de chaleur (fig. 14.7). Dans la
rayons ultraviolets du soleil, nocifs.
radiation, le principal mécanisme, les parties découvertes
du corps irradient de la chaleur hors du corps. Dans l'éva-
Régulation de la température corporelle poration, le corps est refroidi quand la chaleur convertit
La température corporelle reste constante, autour de l'eau de la sueur en vapeur d'eau. Dans la conduction, les
36,8 °C, dans des températures environnementales vêtements et les autres objets en contact direct avec la
largement variables, ce qui assure le maintien de l'ampleur peau absorbent de la chaleur. Dans la convection, l'air pas-
optimale d'activité enzymatique nécessaire au métabo sant sur les parties découvertes du corps est réchauffé et
lisme. Chez les sujets en bonne santé, les variations de la s'élève, remplacé par de l'air froid, et des courants de
température corporelle sont habituellement limitées à convection s'établissent. La convection refroidit aussi le
0,5–0,75 °C, encore que celle-ci soit légèrement plus élevée corps lorsque des vêtements sont portés, sauf si ce sont
le soir, pendant l'exercice physique et chez la femme juste des coupe-vent.
après l'ovulation. Pour que la température reste constante,
un système de rétroaction négative maintient l'équilibre Contrôle de la température corporelle
entre la production de chaleur dans le corps et la perte de Le centre régulateur de la température, dans l'hypothalamus,
chaleur dans l'environnement. est sensible à la température du sang circulant qui l'irrigue.
Ce centre réagit à la diminution de la température en
Production de chaleur envoyant des influx nerveux aux :
Quand le niveau métabolique s'élève, la température • artérioles du derme, qui réalisent une constriction du
corporelle augmente, et quand il baisse, la température flux sanguin cutané ;
corporelle diminue. Une partie de l'énergie libérée dans • muscles squelettiques, qui stimulent le frissonnement.
les cellules pendant l'activité métabolique l'est sous forme
de chaleur, et les organes les plus actifs produisent le plus La chaleur étant conservée, la température corporelle
de chaleur. Les principaux organes impliqués sont les s'élève et, quand elle revient à la normale, le mécanisme
suivants. de rétroaction négative est de nouveau interrompu (voir
fig. 1.5, p. 7).
• Les muscles squelettiques. La contraction des muscles À l'inverse, quand la température corporelle s'élève, la
squelettiques produit une grande quantité de chaleur,
perte de chaleur est accrue par la dilatation des artérioles
et plus l'exercice est vigoureux, plus la quantité de
du derme, ce qui augmente le flux sanguin cutané, et par
chaleur produite est grande. Le frissonnement implique
la stimulation des glandes sudoripares, entraînant un
aussi la contraction musculaire lisse, qui augmente
gonflement, et ce jusqu'au retour à la normale, quand le
la production de la chaleur quand la température
mécanisme de rétroaction négative est interrompu.
corporelle risque de tomber au-dessous de la normale.
• Le foie est métaboliquement très actif, et de la chaleur
Activité des glandes sudoripares. Quand la température
est produite comme produit annexe. Le niveau corporelle s'élève de 0,25 à 0,50 °C, les glandes sudori-
métabolique et la production de chaleur augmentent pares sécrètent de la sueur sur la surface cutanée.
après un repas. L'évaporation de la sueur refroidit le corps, mais elle est
• Les organes digestifs. Ils produisent de la chaleur
plus lente en milieu humide.
pendant leur péristaltisme et pendant les réactions La perte de chaleur corporelle due à l'évaporation de
chimiques impliquées dans la digestion. l'eau par la peau et l'air expiré se produit même quand
la température ambiante est basse. Cette évaporation est
appelée perte insensible d'eau (d'environ 500 ml par jour),
Perte de chaleur
et elle s'accompagne d'une perte insensible de chaleur.
La plus grande partie de la chaleur perdue par l'organisme
l'est par la peau. De petites quantités sont perdues dans Régulation du flux sanguin par la peau. La quantité de
l'air expiré, l'urine et les selles. Seule la chaleur perdue chaleur perdue par la peau dépend en grande partie du
par la peau peut être contrôlée ; la perte de chaleur ne flux sanguin dans les capillaires dermiques. Quand la
peut pas être contrôlée par les autres voies. température corporelle s'élève, les artérioles se dilatent,
La chaleur perdue par la peau dépend de la différence et plus de sang circule dans le réseau capillaire cutané. La
entre la température corporelle et la température de l'envi- peau est chaude et rose. En plus de l'augmentation de la
ronnement, de l'importance de la surface corporelle expo- quantité de sueur produite, la température cutanée
sée, et du type des vêtements portés. L'air isole contre la s'élève, et davantage de chaleur est perdue par radiation,
perte de chaleur quand il est capté dans des couches de conduction et convection.
390
Peau CHAPITRE 14
Radiation
Évaporation
Convection
Conduction
Fibroblaste
Phagocyte
393
SECTION 4 Protection et survie
Maturation. Elle survient par fibrose (voir ci-après), pen- lisé. S. pyogenes produit des toxines qui déclenchent la
dant laquelle du tissu cicatriciel remplace le tissu de gra- destruction tissulaire, ce qui provoque une extension de
nulation, habituellement sur plusieurs mois, jusqu'à ce l'infection. La cicatrisation, après la formation de pus, se
que l'épaisseur complète de la peau soit restaurée. Le fait en seconde intention (voir ci-dessus).
tissu fibreux est luisant il ne contient pas de glandes sudo- Les abcès superficiels tendent à se rompre et du pus
ripares, de follicules pileux ni de glandes sébacées. s'écoule à travers la peau. La cicatrisation est habituelle-
ment totale, à moins que les lésions tissulaires ne soient
Fibrose (formation de cicatrice) étendues.
Du tissu fibreux est formé pendant la guérison en seconde Les abcès profonds peuvent évoluer de façon variée.
intention, par exemple après une inflammation chronique, Il peut se produire :
une ischémie persistante, une suppuration ou un
• une rupture précoce, avec écoulement de la totalité du
traumatisme important. Le processus débute par la pus en surface, suivi d'une cicatrisation ;
formation de tissu de granulation puis, avec le temps, le
• une rupture et un écoulement limités du pus en
matériel inflammatoire est retiré, ne laissant que des surface, suivis du développement d'un abcès
fibres de collagène sécrétées par des fibroblastes. Le tissu chronique, avec un canal infecté ouvert (sinus,
fibreux peut avoir des effets nocifs de longue durée. fig. 14.10) ;
Adhérences. Il s'agit de tissu fibreux, les structures adja- • une rupture et un écoulement de pus dans un organe
centes pouvant se coller, et les mouvements devenir limi- ou une cavité adjacents, formant un canal infecté
tés, par exemple ceux entre les feuillets de la plèvre, ouvert à ses deux extrémités (fistule, fig. 14.11) ;
empêchant l'insufflation des poumons, ou ceux entre des • l'élimination du pus par des phagocytes, suivie d'une
anses intestinales, interférant avec leur péristaltisme. cicatrisation ;
• l'enfermement du pus par du tissu fibreux pouvant l'épiderme s'amincit. Le derme s'amincit aussi et il existe
se calcifier, hébergeant des organismes vivants moins de fibres élastiques et collagènes, ce qui provoque
susceptibles de constituer une source d'infection des rides et un affaissement de la peau. Ces changements
future, par exemple la tuberculose ; peuvent être accélérés par l'exposition chronique à la
• formation d'adhérences (voir ci-dessus) entre des
la lumière intense du soleil, celle-ci étant aussi associée au
membranes adjacentes, par exemple la plèvre, le développement d'un mélanome malin.
péritoine ; L'activité des glandes sudoripares et la régulation de
• la rétraction du tissu fibreux lors de l'évolution,
la température deviennent moins efficaces. Les personnes
pouvant réduire la lumière d'un conduit ou âgées sont donc plus vulnérables en cas de températures
l'obstruer, par exemple l'œsophage, l'intestin, un extrêmes, avec davantage de risque de coup de chaleur
vaisseau sanguin. et d'hypothermie. La sécrétion de sébum est diminuée,
ce qui rend la peau sèche et l'expose continuellement à
l'humidité (macération).
La production de vitamine D diminue, ce qui prédis-
Effets du vieillissement sur la peau pose les personnes âgées à une carence et à la réduction
de la solidité des os, en particulier lorsque l'exposition à
Objectif pédagogique
la lumière du soleil est limitée.
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être Les mélanocytes deviennent moins actifs, et les per-
capable : sonnes âgées sont donc plus sensibles à la lumière du
soleil et davantage sujettes à des coups de soleil. Dans les
■ de décrire les effets du vieillissement sur la
cheveux, lorsque la mélanine est remplacée par des bulles
structure et la fonction de la peau.
aériennes, le grisonnement se produit. Il y a moins de fol-
licules pileux actifs et les poils s'amincissent donc, bien
que cela ne soit pas le cas dans certaines régions, notam-
À partir de l'âge de 30 ans, il se produit des modifications ment les sourcils, les poils du nez et des oreilles chez les
progressives de la structure et du fonctionnement de la hommes, et les poils du visage et au-dessus de la lèvre
peau, lesquelles deviennent bien plus importantes avec chez les femmes.
l'âge. Comme la couche germinative devient moins active,
395
SECTION 4 Protection et survie
41⁄2 %
41⁄2 %
18 %
1%
9% 9% 9% 9%
Mélanome malin
Il s'agit d'une prolifération maligne de mélanocytes,
naissant habituellement dans un nævus pigmentaire
ayant des limites irrégulières et qui grossit (fig. 14.14) ; il
peut s'ulcérer et saigner. Il touche le plus souvent des
adultes jeunes ou d'âge moyen. Les facteurs prédisposants
sont la peau claire, et les épisodes récidivants d'exposition
au soleil, dont des épisodes répétés de brûlures solaires
Face antérieure Face postérieure
dans l'enfance. Le site de cette lésion a un fort lien avec
Figure 14.13 La règle des neuf pour estimer l'étendue des le sexe, le membre inférieur étant le plus souvent atteint
brûlures. chez la femme, alors que le torse est un siège fréquent
chez l'homme. Les métastases sont habituellement
Raideurs. Elles peuvent se développer ultérieurement, précoces et sont associées à un mauvais pronostic.
quand la cicatrice de tissu fibreux se rétracte, déformant L'extension initiale concerne habituellement les nœuds
les articulations, par exemple des mains, et altérant leur lymphatiques. Les métastases par voie sanguine siègent
mobilité. le plus souvent dans le foie, le cerveau, les poumons,
l'intestin et la moelle osseuse.
Tumeurs malignes
Carcinome basocellulaire Sarcome de Kaposi
C'est le type de cancer cutané le moins malin, et le plus Cette tumeur maligne, souvent liée au sida, naît dans les
fréquent. Il est lié à une exposition à la lumière solaire de parois des vaisseaux lymphatiques. Il s'agit d'abord d'une
longue durée, et il risque donc de toucher surtout des petite plaque ou d'un petit nodule, se développant
régions exposées au soleil, habituellement la tête et le cou. habituellement au membre inférieur, mais la bouche,
Il apparaît sous la forme d'un nodule luisant, qui s'ulcère l'œsophage, l'estomac et les intestins peuvent aussi être
ultérieurement. Il est localement invasif, mais il métastase touchés. En l'absence de traitement, les lésions cutanées
rarement. grossissent et se multiplient.
398
CHAPITRE
15
Résistance et immunité
Mécanismes de défense non spécifiques 400 Fonction immunitaire anormale 410
Défense au niveau des surfaces corporelles 400 Hypersensibilité (allergie) 410
Phagocytose 400 Maladies auto-immunes 410
Substances antimicrobiennes naturelles 401 Immunodéficience 411
Réponse inflammatoire 401
Surveillance immunologique 404
Immunité 404
Lymphocytes 404
Immunité à médiation cellulaire 405
Immunité médiée par des anticorps (humorale) 406
Immunité acquise 407
Résumé de la réponse immunitaire
à une infection bactérienne 408
Vieillissement et immunité 409
SECTION 4 Protection et survie
Depuis les mois passés dans l'utérus maternel jusqu'à la Défense au niveau des surfaces corporelles
fin de sa vie, tout individu est attaqué en permanence par
une énorme quantité d'envahisseurs potentiellement Une peau et des muqueuses intactes et en bonne santé
nocifs. Ces envahisseurs sont multiples, comprenant constituent une barrière physique qui protège efficacement
bactéries, virus, cellules cancéreuses, parasites, et cellules les surfaces corporelles exposées. Peu de pathogènes
étrangères, par exemple celles d'un transplant. Par peuvent se fixer sur une peau saine. Le sébum et la sueur
conséquent, l'organisme a développé une vaste série de sécrétés sur la peau contiennent des substances
mesures de protection, pouvant être divisées en deux antibactériennes et antifongiques.
catégories. Les membranes épithéliales bordant les cavités cor-
porelles et les voies exposées à l'environnement externe
Mécanismes de défense non spécifiques. Ils protègent (par exemple les appareils respiratoire, génito-urinaire
contre n'importe lequel de l'énorme quantité des dangers et digestif) sont plus délicates, mais elles sont aussi bien
possibles. défendues. L'épithélium produit des sécrétions antibacté-
Mécanismes de défense spécifiques. Ils sont regroupés riennes, souvent acides, qui contiennent des anticorps et
sous l'appellation immunité. La résistance est dirigée des enzymes, ainsi que du mucus gluant pour piéger les
contre seulement un envahisseur particulier. En outre, microbes.
une mémoire immunologique se développe, conférant une Les poils de nez agissent comme filtre grossier, et
immunité de longue durée contre des infections spéci- l'action de balayage des cils des voies respiratoires (voir
fiques. Un antigène est tout ce qui stimule une réponse fig. 10.12, p. 265) mobilise le mucus et les matériels étran-
immunitaire. gers inhalés, qu'il a piégés, vers la gorge. Puis le mucus
Les dernières sections de ce chapitre décrivent les est expectoré, ou dégluti.
effets du vieillissement sur le système immunitaire Le flux unidirectionnel de l'urine depuis la vessie mini-
et certains troubles du fonctionnement du système mise le risque d'ascension d'une infection de l'urètre vers
lymphatique. la vessie. Chez la femme, l'acidité des sécrétions vaginales
prévient la prolifération microbienne.
Causes d'inflammation
Substances antimicrobiennes naturelles Tout type de lésion tissulaire stimule la réponse
inflammatoire, même en l'absence d'infection. Il existe de
Acide chlorhydrique. L'acide chlorhydrique est présent nombreuses causes, dont les extrêmes de température, les
à forte concentration dans le suc gastrique, et il tue la traumatismes, les substances chimiques corrosives,
majorité des microbes ingérés. y compris les extrêmes de pH, l'abrasion et l'infection par
Lysozyme. Cette enzyme antibactérienne est présente des pathogènes.
dans les granulocytes, les larmes et d'autres sécrétions
corporelles. Elle n'est pas présente dans la sueur, l'urine
Mastocyte
ou le liquide cérébrospinal. Elle détruit les parois des
cellules bactériennes mais n'a pas d'action sur les virus ni Capillaire
d'autres pathogènes.
Anticorps. Ces protéines protectrices sont retrouvées
dans les membranes de revêtement et dans les liquides
corporels ; elles inactivent les bactéries (p. 406).
Terminaison
Salive. Sécrétée dans la bouche, la salive enlève les débris nerveuse
libre
alimentaires pouvant autrement servir de milieu de Monocyte (sens
culture pour les microbes. Elle contient des anticorps, du de la
lysozyme et des tampons pour neutraliser les acides bac- douleur)
tériens qui favorisent les caries.
Interférons. Ce sont des substances chimiques produites
par des lymphocytes T, des macrophages et par des cel-
lules ayant été envahies par des virus. Ils empêchent la
réplication virale dans les cellules infectées, et le passage
de virus dans les cellules saines. Bactéries
Histamine Mastocytes (dans la plupart La liaison de l'anticorps aux Vasodilatation, prurit, ↑ de la perméabilité
des tissus), basophiles (sang) ; mastocytes et aux basophiles vasculaire, dégranulation, contraction
stockée dans les granules du muscle lisse (par exemple :
cytoplasmiques bronchoconstriction)
Prostaglandines (PG) Presque toutes les cellules ; non Nombreux stimulus différents, Diverses, parfois opposées, par exemple :
stockées mais produites à par exemple : médicaments, fièvre, douleur, vasodilatation ou
partir de membranes cellulaires toxines, autres médiateurs vasoconstriction, ↑ de la perméabilité
en cas de besoin de l'inflammation, hormones, vasculaire
traumatismes
Héparine Foie, mastocytes, basophiles Libération liée à la dégranulation Anticoagulant (empêche la coagulation
(stockée dans les granules des cellules du sang), maintient l'apport de sang
cytoplasmiques) (nutriments, O2) aux tissus lésés, enlève
microbes et produits de déchet
402
Résistance et immunité CHAPITRE 15
Parfois, un œdème tissulaire peut être grave. Par hypothalamique à un niveau plus haut, entraînant une
exemple, une tuméfaction autour des voies respiratoires pyrexie et d'autres symptômes susceptibles d'accompa-
peut empêcher de respirer, et un œdème important est gner l'inflammation, comme la fatigue et la perte de l'ap-
souvent douloureux. Par ailleurs, un œdème autour d'une pétit. La pyrexie élève le niveau métabolique des cellules
articulation douloureuse et inflammatoire y crée un bour- du territoire inflammatoire et, par conséquent, le besoin
relet et limite le mouvement, ce qui favorise la guérison. en oxygène et en nutriments augmente.
L'inflammation chronique peut constituer un mode la réponse immunitaire aux expositions suivantes au même
d'évolution d'une inflammation aiguë (voir plus haut), ou antigène est généralement plus rapide et plus puissante.
intervenir à la suite de l'exposition chronique à un irri-
Tolérance. Les cellules du système immunitaire sont
tant. La fibrose (formation d'une cicatrice) est abordée au
agressives et potentiellement extrêmement destructrices.
chapitre 14.
Le contrôle de leur activité est essentiel à la protection des
tissus corporels sains. Alors que les cellules immunitaires
Surveillance immunologique circulent dans le corps, elles vérifient les marqueurs pro-
Une population de lymphocytes, appelée cellules tueuses téiques sur les membranes cellulaires. Les cellules corpo-
naturelles (natural killer [NK] cells), parcourt sans cesse le relles saines exposent les marqueurs du « moi » attendues
corps à la recherche de cellules anormales. Les cellules et sont ignorées par les cellules immunitaires circulantes.
ayant été infectées par un virus, ou les cellules ayant muté Cependant, les cellules qui n'appartiennent pas au « moi »,
qui pourraient devenir malignes, présentent souvent des comme les cellules cancéreuses, les cellules étrangères
marqueurs inhabituels sur leurs cellules membranaires, (transplantées) ou les pathogènes possèdent différents
lesquels sont reconnus par les cellules NK. Immédiatement types de marqueurs, qui activent immédiatement la cel-
après avoir détecté une cellule anormale, la cellule NK la lule immunitaire et entraînent habituellement la destruc-
tue. Bien que les cellules NK soient des lymphocytes, elles tion des cellules étrangères.
sont nettement moins sélectives à l'égard de leur cible que
les deux autres types de cellules abordés dans ce chapitre Lymphocytes
(cellules T et B).
Les lymphocytes représentent 20 à 30 % des globules
blancs circulants, mais la plupart d'entre eux sont
Immunité retrouvés dans le système lymphatique et dans d'autres
tissus plutôt que dans le flux sanguin. Ils comprennent
Objectifs pédagogiques
des cellules natural killer (p. 408) impliquées dans la
surveillance immunologique, des cellules T (la majorité)
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être et des cellules B. Les cellules T et B sont chargées de
capable : l'immunité (défense spécifique) et sont produites dans la
■ de discuter le rôle des divers types de lymphocytes moelle osseuse et certains tissus lymphatiques, bien que
dans l'immunité à médiation cellulaire ; les cellules T migrent vers le thymus pour une maturation
finale. Pour chacun des millions d'antigènes pouvant être
■ de décrire le processus de l'immunité humorale
rencontrés au cours de la vie, il existe un lymphocyte T
(par l'intermédiaire des anticorps) ;
et B correspondant, programmé pour y répondre. Il existe
■ de distinguer entre immunités acquises artificielle par conséquent un très grand nombre de cellules T et B
et naturelle, en donnant des exemples de chacune différentes dans le corps, chacune n'étant capable de
d'elles ; répondre qu'à un seul antigène (spécificité antigénique).
■ de distinguer l'immunité active de celle passive,
en donnant des exemples de chacune d'elles. Lymphocytes T
La thymosine, hormone produite par le thymus, est
responsable de l'initiation de la maturation, qui conduit
à la formation de lymphocytes fonctionnels entièrement
La première ligne de défense du corps est constituée par spécialisés (différenciés), matures. Il importe de savoir
ses défenses non spécifiques, dont les phagocytes tels les qu'un lymphocyte T mature est programmé pour
macrophages. S'ils sont dépassés, l'activation du puissant reconnaître seulement un type d'antigène et que, durant
système immunitaire s'ensuit. L'immunité possède trois son parcours ultérieur dans l'organisme, il ne réagit avec
attributs clés non retrouvés dans les défenses non aucun autre antigène, aussi dangereux soit-il. Ainsi, un
spécifiques : la spécificité, la mémoire et la tolérance. lymphocyte T produit pour reconnaître le virus de la
varicelle ne réagira pas avec le virus de la rougeole, une
Spécificité. À la différence de mécanismes comme la
cellule cancéreuse ou une bactérie de la tuberculose.
réponse inflammatoire et l'action phagocytaire des macro-
Les lymphocytes T sont responsables de l'immunité à
phages, qui sont déclenchées par des menaces très
médiation cellulaire, vue plus loin.
diverses, une réponse immunitaire est dirigée unique-
ment contre un antigène.
Lymphocytes B
Mémoire. Encore une fois, à la différence des mécanismes Les lymphocytes B présentent leur maturation dans la
de défense généraux, une réponse immunitaire contre un moelle osseuse. Ils produisent des anticorps (immuno
antigène particulier va habituellement engendrer une globulines), protéines destinées à se lier aux antigènes
mémoire immunologique de cet antigène. Cela implique que responsables de leur production et à les détruire. Comme
404
Résistance et immunité CHAPITRE 15
les lymphocytes T, chaque lymphocyte B n'a qu'un seul Fragment d’antigène sur la
antigène comme cible ; l'anticorps libéré ne réagit qu'avec Antigène membrane d’un macrophage
un seul type d'antigène, et non pas avec d'autres types
d'antigènes. Les lymphocytes B sont responsables de
l'immunité par l'intermédiaire des anticorps (immunité
humorale), vue plus loin.
Macrophage Lymphocyte T
Immunité à médiation cellulaire (digère et présente l’antigène)
Les lymphocytes T activés dans le thymus sont libérés
dans la circulation générale. Quand ils rencontrent leur
antigène pour la première fois, ils deviennent sensibilisés
à celui-ci. Si l'antigène vient de l'extérieur du corps, il doit
être présenté au lymphocyte T en étant placé sur la surface
d'une cellule présentant l'antigène. Il y a différents types
de cellules présentant l'antigène, dont les macrophages.
Les macrophages font partie des défenses non spécifiques,
car ils englobent et digèrent des antigènes sans
discrimination, mais ils constituent un « lien » cellulaire
essentiel entre les défenses non spécifiques initiales et le
Prolifération de lymphocytes T
système immunitaire. Après avoir digéré l'antigène, ils et différenciation en 4 principaux types
transportent le fragment le plus antigénique de celui-ci
sur leur propre membrane cellulaire, le plaçant sur la
surface de celle-ci (fig. 15.3). Ils présentent cet antigène au
lymphocyte T programmé pour cibler cet antigène
Lymphocytes T
particulier, ce qui entraîne l'activation de la cellule T. suppresseurs
Si l'antigène est une cellule anormale, une cellule cancé-
Mettent fin à la
reuse par exemple, il y a donc sur la membrane cellulaire
réponse immunitaire
du macrophage un matériel étranger à l'organisme (maté- une fois que la
riel du « non-soi ») qui stimulera le lymphocyte T. Quelle menace a été traitée
que soit la façon dont l'antigène est présenté au lympho-
cyte T, il stimule la division et la prolifération (expansion Lymphocytes T
auxiliaires
clonale) de ce lymphocyte T (fig. 15.3). Quatre principaux
Libèrent des
types de lymphocytes T spécialisés sont produits, chacun
cytokines aidant
d'eux encore dirigé contre l'antigène d'origine, mais s'y des lymphocytes T
prenant d'une façon différente de celle des autres. cytotoxiques et
des lymphocytes B
Cellules T cytotoxiques Lymphocytes T
Ces cellules inactivent directement toute cellule portant à mémoire
l'antigène pour lequel elles sont programmées. Chacune De longue durée
d'elles s'attache à la cellule cible et libère de puissantes de vie et alimen-
toxines, qui sont très efficaces parce que les deux cellules tent l’immunité
sont proches l'une de l'autre. Les lymphocytes T contre l’antigène
cytotoxiques ont pour rôle principal de détruire les Lymphocytes T
cytotoxiques
cellules corporelles anormales, par exemple les cellules
infectées et les cellules cancéreuses. Se lient à l’antigène
et le détruisent
Cellules T auxiliaires
Ces cellules sont essentielles non seulement pour Figure 15.3 Expansion clonale des lymphocytes T.
l'immunité à médiation cellulaire, mais aussi pour
l'immunité humorale. Leur rôle central dans l'immunité auxiliaires sont les lymphocytes T les plus abondants ; ils
devient apparent dans les situations où elles sont détruites, ont pour principales fonctions :
comme lors de l'infection à virus de l'immunodéficience • la production de produits chimiques particuliers
humaine (VIH). Quand le nombre de lymphocytes T appelés cytokines, par exemple des interleukines et des
auxiliaires chute de façon significative, la totalité du interférons, qui assistent et stimulent les lymphocytes
système immunitaire est compromise. Les lymphocytes T T et les macrophages ;
405
SECTION 4 Protection et survie
Cellules T à mémoire
Prolifération de lymphocytes B
Ces cellules à durée de vie longue survivent après que la et différenciation en 2 principaux types
menace a été neutralisée, et fournissent une immunité à Anticorps
médiation cellulaire en répondant rapidement lors d'une
rencontre avec l'antigène autre que la première.
Antigène
1 2 3 4 5 6
Mois Semaines
Immunisation Immunisation
primaire secondaire
Immunité active acquise naturellement cytes, dont en particulier celle des lymphocytes B, est
L'organisme peut être stimulé à produire ses propres réduite, les réponses primaire et secondaire peuvent
anticorps dans les circonstances suivantes. être inadéquates.
• En ayant la maladie. Pendant l'évolution de la maladie,
les lymphocytes B se développent en plasmocytes, qui Immunité passive acquise naturellement
produisent des anticorps en quantité suffisante pour Ce type d'immunité est acquis par le passage d'anticorps
surmonter l'infection. Après guérison, les cellules B à maternels allant au fœtus à travers le placenta, et allant
mémoire produites confèrent l'immunité contre une au nouveau-né dans le lait maternel. La variété d'anticorps
infection future par le même antigène. fournis dépend de l'immunité active de la mère. Les
• En ayant une infection infraclinique. L'infection lymphocytes du fœtus ou du nouveau-né ne sont pas
microbienne n'est parfois pas assez sévère pour stimulés, et l'immunité est de courte durée.
entraîner une maladie clinique, mais elle stimule
suffisamment de cellules B à mémoire pour Immunité passive acquise artificiellement
établir l'immunité, par exemple dans le cadre de Dans cette variété, des anticorps prêts à l'emploi,
l'hépatite A (p. 356). Dans d'autres cas, l'infection provenant du sérum d'humains ou d'animaux, sont
infraclinique peut être trop modérée pour stimuler injectés au receveur. La source des anticorps peut être
une réponse appropriée et pour que l'immunité se constituée d'humains ayant guéri d'une infection donnée,
développe. ou d'animaux – habituellement des chevaux – activement
immunisés artificiellement. Des immunoglobulines
spécifiques (antisérum) peuvent être administrés à titre
Immunité active artificiellement acquise prophylactique, pour empêcher le développement de la
Ce type d'immunité se développe en réponse à
maladie chez des personnes ayant été exposées à
l'administration de pathogènes morts ou vivants mais
l'infection, par exemple la rage, ou à titre thérapeutique,
artificiellement affaiblis (vaccins), ou de toxines
après que la maladie s'est développée.
désactivées (anatoxines). Les vaccins microbiens ou les
anatoxines gardent leurs propriétés antigéniques,
stimulant le développement de l'immunité, mais ils ne Résumé de la réponse immunitaire
peuvent pas entraîner de maladie. De nombreuses
maladies microbiennes peuvent être prévenues par
à une infection bactérienne
immunisation artificielle. Des exemples sont donnés La figure 15.8 montre les principaux événements qui
dans l'encadré 15.1. forment la réponse intégrée du corps à une infection.
L'immunisation active contre certaines maladies Initialement, les cellules de défense non spécifiques
infectieuses confère l'immunité à vie, par exemple (neutrophiles, cellules natural killer et macrophages)
contre la diphtérie, la coqueluche, ou les oreillons. s'accumulent au site de l'infection, et elles tentent de limiter
Dans d'autres infections, l'immunité ne dure qu'un l'expansion bactérienne. Si la menace est importante et que
certain nombre d'années ou que quelques semaines de nombreux macrophages sont impliqués, des lymphocytes
seulement, et la revaccination est nécessaire. La perte T sont activés ; ceux-ci produisent des populations de
apparente de l'immunité peut être due à l'infection par cellules cytotoxiques et de cellules T helper qui, à leur tour,
une souche différente du même pathogène, qui a des activent des lymphocytes B. Tandis que les lymphocytes B
propriétés antigéniques différentes mais qui déter- prolifèrent et se différencient en cellules plasmatiques, les
mine la même maladie clinique ; ce peut être le cas niveaux d'anticorps augmentent progressivement.
par exemple des rhinovirus, du virus influenza (virus
grippal). Chez les personnes âgées ou quand l'état Neutrophiles Cellules T cytotoxiques
Nombre de cellules immunitaires actives
nutritionnel est déficient, la production des lympho- Cellules natural killer Plasmocytes
Macrophages
Encadré 15.1 Maladies pouvant être évitées Niveaux d’anticorps
par la vaccination
Charbon (anthrax) Rougeole
Choléra Rubéole
Coqueluche Tétanos
Diphtérie Tuberculose
Hépatite B Typhoïde
0 1 2 3
Oreillons Variole
Poliomyélite Figure 15.8 Résumé de la réaction de défense à une infection
bactérienne.
408
Résistance et immunité CHAPITRE 15
409
SECTION 4 Protection et survie
Type Caractéristiques
I
Anaphylactique
Début immédiat Les exemples en sont le rhume des foins, l’eczéma, l’anaphylaxie et l’allergie alimentaire,
par ex. : aux cacahuètes
Macrophage
II
Cytotoxique
+ La cellule exprimant
l’antigène étranger
est maintenant Neutrophile
Cellule exprimant Anticorps Liaison une cible pour
l’antigène étranger à l’antigène les phagocytes
Début immédiat Les exemples en sont l’auto-immunité (par ex. : l’arthrite rhumatoïde), les maladies
hémolytiques auto-immunes et les réactions de la transfusion sanguine
III Anticorps
Par Dépôts
l’intermédiaire de complexes
de complexes Formation immuns en excès
immuns de complexes dans par ex. : les reins,
Antigène immuns les articulations
et la peau
Début en 4–8 heures Les exemples en sont la plupart des cas de glomérulonéphrite
et l’allergie à la pénicilline
Antigène
modifié
Réponse
IV
excessive
Retardée
des lymphocytes T
Macrophage Lymphocyte T
Début en 24−48 heures Les exemples en sont le rejet de greffe et la dermatite de contact,
par ex. : l’allergie au nickel
et les attaque. Les affections auto-immunes qui en chez les humains (infections opportunistes). L'immuno-
résultent, exemples d'hypersensibilité de type II, sont déficience peut être primaire (présente habituellement
relativement fréquentes (tableau 15.3). dès la petite enfance, et d'origine génétique) ou secon-
daire, c'est-à-dire acquise plus tard comme consé-
quence d'une autre maladie, par exemple d'un déficit
Immunodéficience protéique, d'une infection aiguë, d'une insuffisance
Quand le système immunitaire est altéré, il existe une rénale chronique, d'une maladie de la moelle osseuse,
tendance aux infections récidivantes, souvent par des d'une splénectomie ou d'un syndrome d'immunodéfi-
microbes qui normalement ne sont pas pathogènes cience acquise (sida).
411
SECTION 4 Protection et survie
Glomérulonéphrite (p. 376) Membrane glomérulaire Les stades de l'infection au VIH. Quelques semaines
après la contamination, une maladie aiguë d'allure grip-
Diabète de type 1 (p. 251) Cellules bêta du pancréas
pale, sans particularités, peut apparaître, suivie d'une
période asymptomatique de 2 ans ou plus.
L'infection chronique à VIH peut se traduire par des
adénopathies généralisées persistantes (AGP). Certaines
personnes peuvent développer un complexe lié au sida,
Syndrome d'immunodéficience acquise (sida) et elles présentent une fièvre chronique peu élevée,
Cette affection est due au virus de l'immunodéficience de la diarrhée, une perte de poids, une anémie et une
humaine (VIH), rétrovirus à ARN produisant dans les leucopénie.
cellules de la personne infectée (cellules hôtes) une Le sida est le stade le plus avancé de l'infection au VIH.
enzyme, la transcriptase inverse. Cette enzyme transforme Il est associé à un faible taux de CD4 ainsi qu'à la présence
l'ARN viral en ADN, et ce nouvel ADN, appelé provirus, d'une ou de plusieurs infections, tumeurs ou présenta-
est incorporé dans l'ADN de la cellule hôte. Celle-ci tions caractéristiques :
produit alors de nouvelles copies du virus, qui infectent • une pneumonie, due le plus souvent à Pneumocystis
d'autres cellules hôtes. Quand les cellules hôtes se jirovecii (anciennement carinii), mais beaucoup
divisent, le provirus est intégré dans l'ADN de chacune d'autres microbes peuvent être impliqués ;
des cellules filles, diffusant la maladie dans l'ensemble du • nausées persistantes, diarrhée et perte de poids, dues
corps. à des infections digestives récidivantes relevant d'une
Le VIH présente une affinité pour les cellules possédant grande variété de microbes ;
dans leur membrane un récepteur protéique appelé CD4, • méningite, encéphalite et abcès du cerveau pouvant
dont les lymphocytes, les monocytes, les macrophages, être récurrents, dus soit à des microbes opportunistes,
certains lymphocytes B et possiblement des cellules du soit au VIH lui-même ;
tractus gastro-intestinal ainsi que les cellules névrogliales • possible atteinte neurologique, traduite par une perte
du cerveau. Les lymphocytes T CD4 helper (fig. 15.3) sont de mémoire, une perte de concentration, une apathie,
les cellules principalement concernées. Le VIH s'établit une démence, une faiblesse musculaire des membres,
dans les populations de CD4 du corps et les détruit pro- une ataxie et une incontinence (p. 382) ;
gressivement, tandis que, parallèlement, il est protégé des • apparition possible d'affections cutanées, souvent
autres mécanismes de défense corporels. Étant donné que étendues ; par exemple un eczéma, un psoriasis, une
les cellules CD4 sont essentielles pour le système immu- cellulite, un impétigo, des verrues, un zona ou des
nitaire, l'immunité à médiation cellulaire et l'immunité ulcérations (voir Ch. 14) ;
humorale sont progressivement altérées, d'où le dévelop- • adénopathies généralisées (p. 145) ;
pement d'infections opportunistes diffuses, souvent à des • le développement de tumeurs malignes n'est pas
microbes de pouvoir pathogène relativement faible. rare, en raison de la défaillance progressive de la
Le VIH a été isolé du sperme, des sécrétions du col surveillance immunologique, le virus détruisant la
de l'utérus, de lymphocytes, du plasma, du liquide céré- population de cellules T. Les cancers typiques incluent :
brospinal, des larmes, de la salive, de l'urine et du lait − des lymphomes (p. 150) ;
maternel. Le sperme, les sécrétions utérines, le sang et les − le sarcome de Kaposi, consistant en tumeurs sous-
produits du sang sont particulièrement infectés. cutanées et dans les organes internes (p. 398).
412
CHAPITRE
16
Appareil musculosquelettique
Os 414 Muscle squelettique 446
Fonctions des os 414 Organisation du muscle squelettique 447
Types d'os 414 Action du muscle squelettique 449
Structure de l'os 414 Principaux muscles squelettiques 450
Structure microscopique de l'os 415 Muscles de la face et du cou 450
Développement du tissu osseux 416 Muscles du tronc 451
Marques osseuses 418 Muscles du plancher pelvien 453
Guérison des os 418 Muscles de l'épaule et du membre supérieur 454
Squelette axial 420 Muscles de la hanche et du membre inférieur 455
Tête 420 Vieillissement et système musculosquelettique 457
Colonne vertébrale 425 Maladies de l'os 458
Cage thoracique 430 Ostéoporose 458
Squelette des membres 432 Maladie de Paget 458
Ceinture scapulaire et membres supérieurs 432 Rachitisme et ostéomalacie 458
Ceinture pelvienne et membres inférieurs 434 Ostéomyélite 459
Articulations 438 Anomalies du développement de l'os 459
Articulations fibreuses 438 Tumeurs de l'os 459
Articulations cartilagineuses 438 Affections des articulations 459
Articulations synoviales 438 Maladies inflammatoires des articulations
Principales articulations synoviales (arthrites) 460
des membres 441 Arthrose 461
Articulation de l'épaule 441 Lésions traumatiques des articulations 461
Articulation du coude 442 Goutte 461
Articulations radio-ulnaires proximale et distale 443 Maladies du tissu conjonctif 462
Articulation du poignet 443 Syndrome du canal carpien 462
Articulations des mains et des doigts 443 Maladies du muscle 462
Articulation de la hanche 444 Myasthénie 462
Articulation du genou 444 Dystrophies musculaires 462
Articulation de la cheville 445 Lésion de la coiffe des rotateurs 463
Articulations du pied et des orteils 445
SECTION 4 Protection et survie
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être • d'os du carpe (poignet), courts ;
capable : • des vertèbres et de certains os du crâne, irréguliers ;
• du sternum, des côtes et de la plupart des os du crâne,
■ d'établir les fonctions des os ; plats ;
■ d'énumérer les cinq types d'os, et de donner un • la patella (rotule), sésamoïde.
de
exemple de chacun d'eux ;
■ d'indiquer la structure générale d'un os long ;
Structure de l'os
■ de décrire la structure des tissus osseux compact et
spongieux ; Os long
■ de décrire le développement de l'os ; Un os long a une diaphyse, ou corps de l'os, et deux
épiphyses, ou extrémités de l'os (fig. 16.1). La diaphyse est
■ d'expliquer le processus de guérison de l'os et les
facteurs qui la compliquent ; faite d'os compact, ménageant une cavité médullaire
centrale contenant la moelle osseuse jaune, graisseuse. Les
■ de souligner les facteurs qui déterminent la épiphyses comportent une couche externe d'os compact
croissance osseuse. recouvrant de l'os spongieux, La diaphyse est séparée de
chaque épiphyse par un cartilage épiphysaire, qui est ossifié
quand la croissance est terminée.
Les os longs sont presque entièrement recouverts par
Bien que les os soient souvent considérés comme s tatiques une membrane vasculaire, le périoste, qui a deux couches.
ou immuables, ils constituent des structures viv antes La couche externe du périoste est dure et fibreuse, et
hautement vascularisées, en remodelage permanent. protège l'os sous-jacent. La couche interne contient des
ostéoblastes (cellules formant de l'os) et des ostéoclastes
(cellules détruisant l'os), impliqués dans le maintien et le
Fonctions des os remodelage des os (voir ci-après). Le périoste recouvre
Les fonctions des os sont les suivantes : l'ensemble de l'os, sauf à l'intérieur des cavités articu-
laires, et permet de donner attache à des tendons ; il est en
• ils fournissent la charpente du corps ; continuité avec la capsule articulaire. Du cartilage hyalin
• ils donnent attache aux muscles et aux tendons ; remplace le périoste sur les surfaces articulaires des os
• ils permettent les mouvements du corps dans son formant des articulations synoviales. Un os s'épaissit par
ensemble, et ceux de ses parties en formant des
le dépôt d'os nouveau sous le périoste.
articulations mobilisées par des muscles ;
• ils forment les limites des cavités crânienne,
thoracique et pelvienne, protégeant les organes Vascularisation et innervation
qu'elles contiennent ; L'apport sanguin à la diaphyse de l'os dérive d'une artère
• ils contiennent de la moelle osseuse rouge dans nourricière ou plus. Les épiphyses ont leur propre apport
laquelle les cellules du sang se développent : sanguin, bien que, dans l'os mature, les réseaux capillaires
hématopoïèse (p. 68) ; issus des deux épiphyses soient étroitement interconnectés.
• ils constituent une réserve de minéraux, de phosphate L'innervation sensitive pénètre habituellement dans l'os
de calcium en particulier – la réserve de minéraux au même niveau que l'artère nutritive, et les divisions
dans l'os est essentielle pour le maintien des taux sont très nombreuses dans l'ensemble de l'os. Par
de calcium sanguin, qui doivent être étroitement conséquent, une lésion osseuse est généralement très
contrôlés. douloureuse.
414
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Os compact Os spongieux
Os spongieux
(contient la moelle Épiphyse
osseuse rouge)
Périoste Os plat
par ex. : os crânien
Canal médullaire
(contient la moelle
osseuse jaune)
Os compact
Artère nourricière
dans le trou Diaphyse
nourricier (tronc)
Os irrégulier
par ex. : os vertébral
Lacune contenant
des ostéocytes
Canalicule
Canal central
(haversien)
Ostéon Lamelles
(système
haversien)
Lamelles
circonférentielles
Os spongieux (trabéculaire)
Canal
central À l'œil nu, l'os spongieux ressemble à un rayon de miel.
(haversien) L'examen microscopique révèle une charpente formée de
trabécules (signifiant petites travées), consistant en
quelques lamelles et en ostéocytes, connectées entre elles
Figure 16.3 Structure microscopique de l'os compact. par des canalicules (fig. 16.5). Les ostéocytes sont nourris
par le liquide interstitiel qui filtre dans l'os à travers de
minuscules canalicules. Les espaces entre les trabécules
Os compact (cortical) contiennent de la moelle osseuse rouge. De plus, l'os
L'os compact représente jusqu'à 80 % de la masse spongieux est plus léger que l'os compact, ce qui réduit
corporelle osseuse. Il s'agit d'un grand nombre d'unités le poids du squelette.
en forme de tubes parallèles appelés ostéons (systèmes
haversiens). Ceux-ci comportent un canal central (canal
de Havers), entouré par des anneaux concentriques ou
Développement du tissu osseux
plaques d'os, ressemblant aux anneaux d'un arbre Aussi appelé ostéogenèse ou ossification, le développement
(fig. 16.3). Les ostéons tendent à être alignés en suivant la du tissu osseux débute avant la naissance, et ne se termine
force qui est appliquée à l'os ; ainsi, par exemple, dans le pas avant la 21e année de la vie environ). Les os longs,
fémur (os de la cuisse), ils vont d'une épiphyse à l'autre. courts et irréguliers, se développent dans le fœtus à partir
Cela donne une grande résistance à l'os. de bâtons de cartilage, les ébauches cartilagineuses. Les os
Le canal central contient des nerfs, des vaisseaux lym- plats se développent à partir d'ébauches membranaires, et
phatiques et des vaisseaux sanguins, et chaque canal cen- les os sésamoïdes à partir d'ébauches tendineuses.
tral est relié avec des canaux environnants par des tunnels Durant l'ossification, les ostéoblastes sécrètent de
à angle droit entre eux, appelés canaux perforants. Les l'os ostéoïde qui remplace progressivement l'ébauche
séries de lames osseuses cylindriques disposées autour initiale ; puis cet os ostéoïde se calcifie progressive-
de chaque canal central sont appelées lamelles. Entre les ment, également par l'action ostéoblastique. Avec la
lamelles osseuses adjacentes aux ostéons se trouvent de croissance de l'os, les ostéoblastes sont pris dans la
petites cavités appelées lacunes, chacune contenant un matrice qu'ils fabriquent eux-mêmes, et deviennent des
ostéocyte. Les lacunes communiquent entre elles à travers ostéocytes.
une série de minuscules canaux appelés canalicules, qui Dans l'os mature, un équilibre délicat entre l'activité
permettent la circulation de liquide interstitiel à travers ostéoblastique et ostéoclastique maintient la structure
l'os, et le contact direct entre les ostéocytes (fig. 16.4). osseuse normale. Si l'activité ostéoclastique devient plus
Entre les ostéons se trouvent des lamelles interstitielles, importante que l'activité ostéoblastique, l'os s'affaiblit.
qui sont des reliquats d'anciens systèmes ayant été par- Si c'est l'inverse, l'os se renforce et s'alourdit.
416
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Lamelles
Espace pour
la moelle
osseuse rouge
Canalicules
Ostéocyte
Trabécules
B
A
Figure 16.5 Os spongieux. A. Structure microscopique de l'os spongieux. B. Microscopie à balayage électronique d'os spongieux montrant la
moelle osseuse (en orange) remplissant les espaces entre les trabécules (gris bleu).
Marques osseuses
La plupart des os ont des surfaces irrégulières, des
protubérances et des crêtes donnant attache aux
tendons des muscles et aux ligaments. Elles ne sont pas
comprises dans les descriptions des os qui suivent, sauf
cas particulier, mais beaucoup sont indiquées sur les
figures. Les marques osseuses et la terminologie en rapport
sont définies dans le tableau 16.1.
Lame épiphysaire en croissance Direction de la
croissance
osseuse Guérison des os
Figure 16.7 Microscopie classique de l'extrémité d'un os en Il existe de nombreux termes pour classer les fractures
croissance, montrant la lame épiphysaire. osseuses, notamment :
• simples : les extrémités osseuses ne font pas saillie à
largeur du pelvis féminin, lequel se développe durant travers la peau ;
la puberté, et du maintien de la masse osseuse chez • ouvertes : les extrémités osseuses font saillie à travers
la femme adulte. La chute du taux d'estrogène au la peau ;
418
moment de la ménopause peut davantage exposer • pathologiques : fractures d'os affaiblis par une maladie.
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Os compact
Terme Signification
Crâne Crâne
S S
Clavicule D G A P
I I
Vertèbres
cervicales
Scapula
Sternum (omoplate)
Côtes
Côtes
Humérus Vertèbres
thoraciques
Radius
Vertèbre
Ulna (cubitus) lombale
Pelvis Pelvis
Os carpiens
Sacrum
Os Coccyx
métacarpiens
Phalanges
Fémur
Fémur
Patella (rotule)
Patella
(rotule)
Tibia
Tibia
Fibula (péroné)
Fibula
(péroné)
Os tarsiens
Os métatarsiens Os tarsiens
Phalanges
Calcaneus
Os
métatarsiens
Phalanges
A B
Figure 16.9 Squelette. A. Vue antérieure : squelette axial en jaune ; squelette des membres en brun. B. Vue latérale.
421
SECTION 4 Protection et survie
S Suture coronale
A P
I
Os pariétal
Os frontal
Os sphénoïde
Os temporal
Os nasal Suture squameuse
Os ethmoïde
Suture lambdoïde
Os lacrymal
Os zygomatique Os occipital
Maxillaire
Processus mastoïde
Mandibule
Os frontal
C'est l'os du front. Il forme une partie des cavités orbitaires
Os
et la saillie au-dessus des yeux, le bord supraorbitaire. Juste
ethmoïde au-dessus de chacune de ces saillies supraorbitaires, à
l'intérieur de l'os, se situe une cavité remplie d'air ou
Os sinus, bordée par une muqueuse ciliée et s'ouvrant dans
sphénoïde la cavité nasale.
La suture coronale unit de chaque côté l'os frontal à
Os
pariétal un os pariétal ; d'autres sutures sont formées avec les os
droit sphénoïde, zygomatique, lacrymal, nasal et ethmoïde.
L'os est formé initialement de deux parties, réunies sur la
Os ligne médiane par la suture frontale (voir fig. 16.18).
temporal
droit
Os pariétaux
Ces deux os forment les côtés et le toit du crâne. Ils
A
s'articulent l'un avec l'autre par la suture sagittale, et
G D chacun d'eux avec l'os occipital par la suture lambdoïde,
P avec l'os temporal homolatéral par la suture squameuse. La
face interne de chacun est concave, et creusée pour
Fosse crânienne antérieure s'adapter au cerveau et aux vaisseaux sanguins.
Os occipital Foramen Fosse crânienne moyenne
magnum Fosse crânienne postérieure Os temporaux (fig. 16.12)
Ces os siègent de chaque côté de la tête, et ils forment des
sutures avec l'os occipital, et de chaque côté avec les os
Figure 16.11 Les os formant la base du crâne et les fosses
pariétal, sphénoïde et zygomatique. Chaque os temporal
crâniennes. Vue par en haut.
a plusieurs caractéristiques importantes.
La partie squameuse de l'os temporal est une partie mince
des nerfs, des vaisseaux sanguins et des vaisseaux en forme d'éventail, s'articulant avec l'os pariétal homola-
lymphatiques. Les os du crâne sont : téral. Le processus zygomatique s'articule avec l'os zygoma-
• 1 os frontal ; tique pour former l'arcade zygomatique (os de la joue).
• 2 os pariétaux ; La partie mastoïdienne comporte le processus mastoïde, sail-
• 2 os temporaux ; lie osseuse aisément palpable derrière l'oreille ; ce dernier
• 1 os occipital ; contient un grand nombre de très petites cavités (sinus)
• 1 os sphénoïde ; communiquant avec l'oreille moyenne (NdT : caisse du
• 1 os ethmoïde. tympan), bordées par un épithélium pavimenteux.
422
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Protubérance occipitale
Méat acoustique externe P
externe Partie squameuse
S G D
P A A
I
Face
antérieure
Partie
mastoïdienne
Processus Foramen
mastoïde
magnum
Processus
Site de l’articulation Processus
styloïde
temporomandibulaire zygomatique
Inferior aspect
S
Os frontal Lame criblée
de l’os ethmoïde D G
Os frontal
I
Sinus Os
Os nasal sphénoïdal pariétal Os
ethmoïde
Cornet nasal Os
supérieur de l’os temporal Os
ethmoïde sphénoïde
Os Os
nasal lacrymal
Os zygo-
matique
Vomer
Maxillaire
Cornet
nasal
S inférieur
Mandibule
A P Maxillaire
Cornet nasal moyen Cornet nasal
I de l’os ethmoïde inférieur
Figure 16.16 Les os de la face. Vue antérieure.
Figure 16.15 Vue latérale de la cavité nasale droite. Vue de la
gauche.
Os lacrymaux
Ces deux petits os sont postérieurs et latéraux aux os
Face nasaux, et ils forment la paroi médiale des cavités
Le squelette de la face est formé de 13 os, s'ajoutant à l'os orbitaires. Chacun présente un foramen pour le passage
frontal, déjà décrit. La figure 16.16 montre les relations du conduit lacrymonasal, par où passent les larmes allant
entre les os : du canthus médial de l'œil à la cavité nasale.
• 2 os zygomatiques, ou os des joues ;
• 1 os maxillaire ; Vomer
Il s'agit d'un mince os plat s'élevant du milieu du palais dur
• 2 os nasaux ;
pour former la majeure partie du septum nasal. Il s'articule
• 2 os lacrymaux ;
en haut avec la lame perpendiculaire de l'os ethmoïde.
• 1 vomer ;
• 2 os palatins ; Os palatins
• 2 cornets inférieurs ; Ce sont deux os en forme de L. Leurs parties horizontales
• 1 mandibule. s'unissent pour former la partie postérieure du palais dur,
et la partie verticale de chacun d'eux s'élève pour former
Os zygomatiques (os des joues) une partie de la paroi latérale de la cavité nasale. À leur
Il s'agit initialement de deux os dont la fusion se produit extrémité supérieure, ils forment une partie de la cavité
avant la naissance. Les os zygomatiques forment la saillie orbitaire de chaque côté.
des joues, une partie du plancher et de la paroi latérale
de chaque cavité orbitaire. Cornets inférieurs
Chaque cornet nasal inférieur est un os en forme d'enroulement,
Os maxillaire (mandibule supérieure) qui constitue de chaque côté une partie de la paroi latérale de
Il s'agit initialement de deux os dont la fusion se produit la cavité nasale, et qui se projette en elle au-dessous du cornet
avant la naissance. Le maxillaire, ou mandibule supérieure, nasal moyen. Les cornets supérieurs et moyens
constitue la partie antérieure du toit de la bouche, les appartiennent à l'os ethmoïde. Collectivement, les cornets
parois latérales de la cavité nasale et une partie du accroissent la surface dans la cavité nasale, ce qui permet un
plancher des cavités orbitaires. Le processus alvéolaire réchauffement et une humidification plus efficaces de l'air.
(anciennement : bord alvéolaire) se projette vers le bas, et
il porte les dents supérieures. Il contient de chaque côté Mandibule (os de la mâchoire inférieure, fig. 16.17)
un gros sinus aérien, le sinus maxillaire, bordé par une C'est le seul os mobilisable de la tête. Il est fait initialement
muqueuse ciliée et s'ouvrant dans la cavité nasale. de deux parties qui s'unissent sur la ligne médiane.
Chaque moitié a deux parties principales : un corps
Os nasaux incurvé, avec le processus alvéolaire logeant les dents
Il s'agit de deux petits os plats, aussi appelés os propres inférieures, et une branche, qui se détache presque à angle
du nez, qui forment la plus grande partie des faces droit de l'extrémité postérieure du corps, et qui s'élève
latérales et supérieure de la crête nasale. (NdT : branche de la mandibule).
424
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Processus
coronoïde
Processus
condylaire Surface articulaire
pour l’articulation
temporomandibulaire
Branche
Corps
Angle
S
A P
Processus alvéolaire
I
Fonctions de la tête
Les différentes parties de la tête ont des fonctions
spécifiques et variées.
• Le crâne protège le cerveau.
A B C • Les orbites protègent les yeux et donnent attache aux
muscles qui les mobilisent.
Fontanelle Fontanelle Suture Suture
postérieure mastoïdienne lambdoïde sagittale • L'os temporal protège les structures fragiles de l'oreille
interne.
Figure 16.18 Le crâne avec ses fontanelles et ses sutures. • Des sinus dans certains os de la face et du crâne
A. Fontanelles vues par au-dessus. B. Fontanelles vues par le côté. donnent résonance à la voix.
C. Principales sutures vues par au-dessus, quand l'ossification est terminée.
• Les os de la face forment les parois de la partie
postérieure des cavités nasales, et forment la partie
À son extrémité, la branche se divise en deux proces- supérieure des voies aériennes.
sus : le processus condylaire, qui s'articule avec l'os tem- • L'os maxillaire et la mandibule fournissent les processus
poral pour former l'articulation temporomandibulaire (voir alvéolaires dans lesquels les dents sont enchâssées.
fig. 16.12) ; et le processus coronoïde, sur lequel s'attachent • La mandibule, contrôlée par les muscles de la partie
des muscles et des ligaments. L'endroit où la branche inférieure de la face, permet la mastication.
rejoint le corps est appelé angle de la mandibule.
Os hyoïde
C'est un os isolé en forme de sabot de cheval, situé dans Colonne vertébrale (fig. 16.19)
les tissus mous du cou juste au-dessus du larynx et
La colonne vertébrale est faite de 26 os ; 24 sont des
au-dessous de la mandibule (voir fig. 10.4, p. 260). Il ne
vertèbres séparées, qui se dirigent vers le bas, depuis l'os
s'articule avec aucun autre os, mais il est relié au processus
occipital de la tête ; puis il y a le sacrum, formé à partir de
styloïde de l'os temporal par des ligaments. Il supporte le
cinq vertèbres fusionnées ; et, enfin, le coccyx, formé à
larynx et donne attache à la base de la langue.
partir de trois à quatre petites vertèbres fusionnées. La
colonne vertébrale est divisée en différentes parties. Les
Fontanelles du crâne (fig. 16.18) 7 premières vertèbres, dans le cou, forment la colonne
À la naissance, l'ossification des sutures crâniennes est cervicale ; les 12 vertèbres suivantes représentent la
incomplète. Les os du crâne ne fusionnent pas plus tôt colonne thoracique ; les 5 suivantes, la colonne lombale,
425
SECTION 4 Protection et survie
Vertèbres cervicales
(7) A
G D
Face antérieure
Foramen Corps
Vertèbres thoraciques vertébral
(12)
Pédicule
Processus
Arc transverse
vertébral
Lame
B Processus
épineux
A
G D Processus
P odontoïde Ligament
Face antérieure de l’axis transverse
Foramen
transverse
pour l’artère Corps
vertébrale Processus
transverse Atlas
Pédicule
Axis
Processus articulaire Foramen Foramen
avec une facette vertébral vertébral
(en bleu) pour C
Lame Épine
l’articulation avec la
de l’axis
vertèbre adjacente Épineuse bifide
Figure 16.22 Les vertèbres cervicales supérieures vues par
Figure 16.21 Une vertèbre cervicale présentant des caractères au-dessus. A. L'atlas. B. L'axis. C. L'atlas et l'axis en position, avec le
typiques. Vue par au-dessus. ligament transverse.
427
SECTION 4 Protection et survie
A
D G
P
Face antérieure
Foramen
vertébral Corps
Pédicule
Tête de la côte
Processus articulaire
Facettes pour
supérieur avec une
l’articulation
facette pour l’articulation
avec les côtes
avec la vertèbre adjacente
Processus
transverse
Processus Lame
A épineux
Processus articulaire
S Corps Pédicule supérieur avec une
facette pour l’articulation
A P avec la vertèbre adjacente
I Processus
transverse
Face
antérieure Processus
articulaire
inférieur
Lame
Facettes pour Flèche passant
l’articulation par le foramen
avec des côtes vertébral Processus
B épineux
D G
Co 1 Fonctions de la colonne vertébrale
Co 2
Co 3
Coccyx Ces fonctions sont les suivantes.
I Co 4
A B • Les foramens vertébraux forment collectivement le
canal vertébral, qui fournit une forte protection osseuse
Figure 16.24 Sacrum et coccyx. A. Vue antérieure. B. Vue latérale. à la fragile moelle spinale siégeant à l'intérieur du canal.
S
Ligament Ligament
longitudinal longitudinal Ligament A P
antérieur postérieur supra-épineux
Disque I
intervertébral
Nucleus
pulposus
Anneau
fibreux
Figure 16.25 Coupe de la colonne vertébrale montrant les ligaments, les disques intervertébraux et les foramens intervertébraux.
429
SECTION 4 Protection et survie
Moelle
spinale
• Les pédicules de vertèbres adjacentes forment de
chaque côté un foramen intervertébral, où passent les
nerfs spinaux, des vaisseaux sanguins et des vaisseaux
lymphatiques.
• Les nombreux os individuels, avec leurs disques
Nerfs intervertébraux, permettent le mouvement de
spinaux
l'ensemble de la colonne.
Vertèbres • Elle supporte la tête.
cervicales
S
• Les disques intervertébraux agissent
comme absorbeurs des chocs, protégeant la moelle
D G spinale.
I • Elle forme l'axe du tronc, donnant attache aux côtes, à
la ceinture scapulaire et aux membres supérieurs, à la
Figure 16.26 Vertèbres cervicales inférieures, séparées pour ceinture pelvienne et aux membres inférieurs.
montrer la moelle spinale et les nerfs spinaux émergeant par
les foramens intervertébraux. Vue antérieure.
1re incurvation
secondaire
(cervicale)
Incurvation primaire S
C7 Clavicule D G
1 T1
I
2 Manubrium
3 sternal
4
Côtes
5
Convexe en avant
re
1 incurvation Corps
6
secondaire du sternum
(cervicale)
7 Processus
Concave en avant
Incurvation primaire xiphoïde
T12
(thoracique)
8 du sternum
L1
9
2e incurvation Cartilages
secondaire 10 costaux
Convexe en avant (lombale)
Concave en avant Incurvation primaire
(sacrale) 12e côte
11e côte
Figure 16.27 Développement des incurvations du rachis. Figure 16.28 Cage thoracique. Vue antérieure.
430
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
S
Incisure
jugulaire D G
Côte I
Incisure
1 claviculaire
Manubrium
2
Angle sternal
3
Corps
4
7
Processus
8 xiphoïde
9
10
Côtes
P Tubercule Facette du tubercule
Les 12 paires de côtes forment les parois latérales osseuses
s’articulant
de la cage thoracique (fig. 16.28). Ce sont des os incurvés L M
avec le processus
et allongés (fig. 16.30) qui s'articulent en arrière avec la A transverse
colonne vertébrale. En avant, les sept premières paires de
côtes s'articulent directement avec le sternum et sont Angle Tête s’articulant
Col
appelées les vraies côtes. Les trois paires suivantes avec le corps
vertébral
s'articulent seulement indirectement. Dans les deux cas,
des cartilages costaux attachent les côtes au sternum. Les Sillon costal
deux paires de côtes les plus inférieures, appelées côtes
flottantes, ne sont pas du tout attachées au sternum, leurs
Corps
extrémités antérieures étant libres.
Chaque côte forme jusqu'à trois articulations avec
la colonne vertébrale. Deux de ces articulations sont
formées entre deux facettes sur la tête de la côte et des
facettes sur les corps de deux vertèbres, l'une au-des- Bord
inférieur
sus de la côte, et l'autre au-dessous. Dix côtes forment
aussi des articulations entre le tubercule de la côte et le
processus transverse d'une vertèbre (habituellement)
Dépression
inférieure. pour le cartilage costal
La surface inférieure de la côte a un sillon profond, ce
qui fournit un canal occupé par des nerfs intercostaux et Figure 16.30 Une côte typique. Vue par en dessous.
des vaisseaux sanguins. Entre chaque côte et celle qui est
située au-dessous se trouvent les muscles intercostaux,
qui mobilisent la cage thoracique durant la respiration.
Du fait de la disposition des côtes et de la quantité de racique, et ne se déplace pas durant l'inspiration. Comme
cartilage présente dans la cage thoracique, celle-ci consti- il s'agit d'un point fixe, quand les muscles intercostaux
tue une structure flexible qui peut changer de forme et se contractent, ils déplacent vers l'avant l'ensemble de la
de taille durant la respiration. La première côte est fer- cage thoracique en direction de la première côte. Le méca-
mement fixée au sternum et à la première vertèbre tho- nisme de la respiration est décrit p. 275.
431
SECTION 4 Protection et survie
Corps
de l’ulna
Corps
du radius
L'extrémité distale de l'os présente deux surfaces, Figure 16.34 Radius et ulna droits, avec la membrane
interosseuse. Vue antérieure.
s'articulant l'une avec le radius et l'autre avec l'ulna pour
former l'articulation du coude.
Trapézoïde Pisiforme
Hamatum
1er méta-
carpien
5e méta-
Phalange carpien
proximale
Phalange
distale
Phalanges
proximales
Phalanges
moyennes
Phalanges
distales
P
L M
Figure 16.35 Les os de la main, du poignet et des doigts droits. Main droite, vue antérieure.
Leur extrémité proximale s'articule avec les os carpiens, L'ilium est la partie supérieure plate de l'os, qui pré-
leur extrémité distale avec les phalanges. sente la crête iliaque, dont le point antérieur est appelé
épine iliaque antérosupérieure. L'ilium forme une articula-
Phalanges (os des doigts) tion synoviale avec le sacrum, l'articulation sacro-iliaque,
Il y a 14 phalanges, deux au pouce et trois aux quatre une articulation solide capable d'absorber les stress pro-
autres doigts. Elles s'articulent avec les os métacarpiens voqués par le support du poids, et qui tend à se fibroser
et entre elles par des articulations charnières. avec l'âge.
Le pubis est la partie antérieure de l'os, et il s'articule
avec le pubis de l'autre os de la hanche au niveau d'une
Ceinture pelvienne et membres zone cartilagineuse, la symphyse pubienne.
inférieurs L'ischium est la partie inférieure et postérieure. Les
Le membre inférieur forme une articulation avec le tronc projections inférieures rugueuses de l'ischium, les tubéro-
au niveau de la ceinture pelvienne. sités ischiatiques, supportent le poids du corps en position
assise.
Les trois parties sont unies dans l'acétabulum.
Ceinture pelvienne
La ceinture pelvienne est formée à partir de deux os Pelvis (fig. 16.37)
innominés (hanche). Pelvis est le terme employé pour Le pelvis est formé par les deux os de la hanche, le sacrum
désigner la structure en forme de bassin formée par la et le coccyx. Il est divisé en deux parties, supérieure et
ceinture pelvienne et le sacrum, qui lui est associé. inférieure, par l'ouverture supérieure du pelvis (NdT : détroit
supérieur), formé par le promontoire du sacrum
(promontoire sacral) et la ligne iliopectinéale de chaque os
Os innominés (os de la hanche) (fig. 16.36) innominé. Le grand ou faux pelvis est au-dessus du bord,
Chaque os de la hanche (os coxal, os iliaque) est constitué le petit ou vrai pelvis est au-dessous.
par trois os fusionnés, l'ilium, l'ischium et le pubis. Sa face
latérale présente une dépression profonde, l'acétabulum, Différences entre les pelvis masculin et féminin
qui forme l'articulation de la hanche avec la tête du fémur, (fig. 16.38). La forme du pelvis féminin permet le passage
presque sphérique. du bébé lors de l'accouchement. Comparé au pelvis mas-
434
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Crête iliaque
Épine iliaque
postéro-
supérieure
Épine
iliaque
Épine
antéro-
iliaque
supérieure
postéro-
inférieure
Épine iliaque
Grande incisure
antéro-inférieure
ischiatique
Épine Acétabulum,
ischiatique avec des lignes
indiquant
Tubérosité les sutures
ischiatique Symphyse
pubienne
S
Union de l’ischium
P A Foramen et du pubis
obturé
I
Ilium
Ischium
Pubis
S3 Épine iliaque
antérosupérieure
S5
Ligne iliopectinée C1 Tête du fémur
Acétabulum
Symphyse pubienne
Ischium
Foramen obturé
Tubérosité ischiatique
Arc pubien Pubis
culin, le pelvis féminin a des os plus légers, il est moins fémur se dirige vers l'extérieur et légèrement en bas,
profond et plus arrondi, et globalement plus spacieux. depuis la tête jusqu'au corps de l'os ; sa plus grande partie
est à l'intérieur de la capsule de l'articulation de la hanche.
Membre inférieur La face postérieure du tiers inférieur forme une aire
Fémur (os de la cuisse, fig. 16.39) plate triangulaire appelée surface poplitée. L'extrémité dis-
Le fémur est l'os le plus long et le plus lourd du corps. Sa tale a deux condyles qui, avec le tibia et la patella, forment
tête est presque sphérique ; et elle s'adapte bien à l'articulation du genou. Le fémur transmet le poids du
l'acétabulum de l'os de la hanche pour former l'articulation corps à travers les os depuis la partie située sous le genou
de la hanche (NdT : articulation coxofémorale). Le col du jusqu'au pied.
435
SECTION 4 Protection et survie
Fibula (fig. 16.40)
La fibula est le long et mince os latéral de la jambe. Sa
Femme Homme tête, ou extrémité supérieure, s'articule avec le condyle
latéral du tibia, formant l'articulation tibiofibulaire
Figure 16.38 Différence de forme entre le pelvis de l'homme
et celui de la femme. proximale ; son extrémité inférieure s'articule avec le tibia,
puis se projette au-delà de cette articulation, formant la
malléole latérale. La fibula aide à stabiliser l'articulation de
la cheville.
S Facette pour l’articulation
avec l’acétabulum du pelvis
L M Patella (rotule)
Col
I C'est un os sésamoïde (NdT : petit os à l'intérieur d'un
Grand Tête tendon) de forme triangulaire, associé à l'articulation du
trochanter genou. Sa face postérieure s'articule avec la face patellaire
du fémur dans l'articulation du genou, et sa face antérieure
Petit est dans le tendon patellaire, c'est-à-dire dans le tendon du
Ligne
intertrochantérique trochanter muscle quadriceps fémoral.
Ligament
Os
Figure 16.44 Une articulation cartilagineuse entre des corps
Figure 16.43 Une articulation fibreuse, ou fixée, du crâne. vertébraux adjacents.
438
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Os Innervation et vascularisation
Les nerfs et les vaisseaux sanguins croisant une articulation
Cavité desservent habituellement la capsule et les muscles qui la
synoviale Cartilage mobilisent.
articulaire
Capsule
dans l'articulation du genou. Quand ces structures ne Supination Rotation de la paume de la main vers
portent pas le poids du corps, elles sont recouvertes par le haut
Flexion
Extension
Abduction
Circumduction
Adduction
Flexion
Abduction
Adduction
Extension
A B C
Rotation
les articulations synoviales. Les exemples sont : les glénoïdal, qui fournit une stabilité supplémentaire sans
articulations entre les os du carpe dans le poignet, les os limiter les mouvements. Le tendon du chef long du
du tarse dans le pied, et entre les processus épineux des muscle biceps est maintenu dans le sillon intertuberculaire
vertèbres (à noter que les articulations entre les corps (ou bicipital) de l'humérus par le ligament huméral
vertébraux sont les disques cartilagineux, fig. 16.44). transverse. Il s'étend à travers la cavité articulaire pour
s'attacher au bord supérieur de la cavité glénoïdale.
Articulations à pivot
Ces articulations permettent à un os ou à un membre de S Ligament Membrane
pivoter (mouvement de rotation). Un os s'adapte dans un capsulaire synoviale
L M
ligament en forme de cercle qui le maintient près d'un
autre os et lui permet de pivoter dans l'anneau ainsi I
formé. Par exemple, la tête tourne sur l'articulation à Tête de
pivot formée par la dent de l'axis maintenue à l'intérieur l’humérus Cartilage
de l'anneau formé par le ligament transverse et le articulaire
processus odontoïde de l'atlas (fig. 16.22).
Cavité
Tendon glénoïdale
Articulations condyloïdes du chef de la
Un condyle est une projection lisse et arrondie d'un os ; long du scapula
muscle
dans une articulation condyloïde, il est situé dans une biceps Bourrelet
dépression en forme de coupe de l'autre os. Le processus A glénoïdal
condylaire de la mandibule et de l'os temporal, ainsi que
les articulations entre les os métacarpiens et les phalanges S Tendon du chef long
de la main (articulations métacarpophalangiennes), et du biceps
P A
entre les os métatarsiens et les phalanges du pied
(articulations métatarsophalangiennes) en sont des I
exemples. Ces articulations permettent la flexion, Acromion
l'extension, l'abduction, l'adduction et la circumduction.
Processus
coracoïde
Articulations en selle Arrière
Cavité
Les os articulaires s'adaptent ensemble comme une main
glénoïdale
qui repose sur une selle. L'articulation en selle la plus de la
Bourrelet
importante est située à la base du pouce, entre le trapèze glénoïdal scapula
du poignet et le premier métacarpien (fig. 16.35). L'éventail recouvert Ligament
de mouvements est similaire à celui d'une articulation par la capsulaire
membrane
condyloïde, mais avec en plus la flexibilité. L'opposition du (coupé)
synoviale
pouce, la capacité de toucher chaque bout de doigt de la B
même main, est due à la nature de l'articulation du pouce.
Ligament
Principales articulations synoviales coracohuméral
des membres S
Processus
Extension Grand dorsal, grand rond Trochlée coronoïde
Flexion Corachobrachial, grand pectoral
Abduction Deltoïde
Olécrâne
Adduction Grand dorsal, grand pectoral
442
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
et distale
Disque de
L'articulation radio-ulnaire proximale est une articulation à Articulation fibrocartilage
pivot formée par le rebord de la tête du radius tournant radio-ulnaire blanc
dans l'incisure radiale de l'ulna ; elle est dans une capsule distale
Membrane
semblable à celle de l'articulation du coude. Le ligament Cartilage synoviale
articulaire
annulaire est un ligament extracapsulaire solide, encerclant Lunatum
la tête du radius et la gardant en contact avec l'incisure Ligament
Pisiforme
capsulaire
radiale de l'ulna (fig. 16.48B).
L'articulation radio-ulnaire distale est une articulation à Scaphoïde Triquétrum
pivot entre l'extrémité distale du radius et la tête de l'ulna Trapèze Hamatum
(fig. 16.49).
Trapézoïde Capitatum
Par ailleurs, il convient de noter la présence d'une
membrane fibreuse reliant les os le long de leur corps. Extrémités proximales
Cette membrane interosseuse (voir fig. 16.34) constitue A des os métacarpiens S
un exemple d'articulation fibreuse ; elle empêche la sépa- L M
ration des os lorsqu'une force est exercée à l'une de ses
A
deux extrémités, c'est-à-dire le poignet ou le coude. Radius
Ligament
Muscles et mouvements (voir fig. 16.65) Ulna
radio-carpien
L'avant-bras peut subir une pronation (tourné paume antérieur
vers le bas) ou une supination (tourné paume vers le
haut). La pronation est due à l'action du muscle rond
Ligament Ligament
pronateur (p. 455), et la supination à celle des muscles médial
latéral
supinateur et biceps (p. 455).
Articulations des mains et des doigts Abduction Fléchisseur ulnaire du carpe, extenseur ulnaire du
carpe
Il s'agit d'articulations synoviales entre les os carpiens,
entre les os carpiens et métacarpiens, entre les os
métacarpiens et les phalanges proximales, et entre les
phalanges. Les mouvements aux articulations des mains L'articulation à la base du pouce est une articulation en
et des doigts sont contrôlés par des muscles de l'avant- selle, à la différence des articulations correspondantes des
bras et des petits muscles de la main. Il n'y a pas de autres doigts, qui sont condyloïdes. Cela signifie que le
muscles dans les doigts ; les mouvements des doigts sont pouce est plus mobile que les doigts, et qu'il peut subir les
produits par des tendons qui s'étendent depuis les mouvements de flexion, d'extension, de circumduction,
muscles de l'avant-bras et de la main. d'abduction et d'adduction. De plus, le pouce peut être
443
SECTION 4 Protection et survie
Articulation de la hanche (fig. 16.51) par les condyles du fémur, les condyles du tibia et la face
postérieure de la patella. La partie antérieure de la capsule
Cette énarthrose est constituée par l'acétabulum, en forme est faite par le tendon du muscle quadriceps fémoral, qui
de coupe, de l'os innominé (os coxal) et par la tête presque soutient aussi la patella. Les structures intracapsulaires
sphérique du fémur. Le ligament capsulaire inclut la plus comprennent les deux ligaments croisés, qui se croisent
grande partie du col du fémur. La cavité est approfondie par entre eux, allant de la fosse intercondylaire du fémur à
le labrum acétabulaire anneau fibrocartilagineux qui s'attache l'éminence intercondylaire du tibia. Ils contribuent à
au bord de l'acétabulum. Il contribue à la stabilité de stabiliser l'articulation.
l'articulation sans limiter l'étendue de ses mouvements. Les cartilages semi-lunaires, ou ménisques, sont des disques
L'articulation de la hanche est nécessairement solide et incomplets de fibrocartilage blanc, siégeant au sommet des
puissante, puisqu'elle porte tout le poids du corps en position condyles articulaires du tibia. Ils sont en forme de coin,
debout. Elle est stabilisée par la musculature qui l'entoure, étant plus épais à leur bord périphérique, et contribuent à
mais ses ligaments sont également importants. Les trois stabiliser l'articulation. Ils empêchent le déplacement laté-
principaux ligaments externes sont les ligaments iliofémoral, ral des os, et amortissent l'articulation lorsqu'elle est mobi-
pubofémoral et ischiofémoral (fig. 16.51B). À l'intérieur de lisée en déplaçant de l'espace à l'intérieur de l'articulation
l'articulation, le ligament de la tête fémorale (ligament rond) en fonction des positions relatives des os articulaires.
attache la tête du fémur à l'acétabulum (fig. 16.51A,C). Bourses et coussinets de graisse sont nombreux. Ils
empêchent les frottements entre un os et un ligament ou
Muscles et mouvements (voir fig. 16.66) un tendon, et entre la peau et la patella. La membrane
Le membre inférieur peut subir les mouvements d'extension, synoviale recouvre les ligaments croisés et les coussinets
de flexion, d'abduction, d'adduction, de rotation et de de graisse. Les ménisques ne sont pas recouverts par la
circumduction à l'articulation de la hanche (tableau 16.5). membrane synoviale car ils portent le poids du corps. Les
ligaments externes fournissent davantage de soutien, ce qui
rend cette articulation peu sujette à la luxation. Les prin-
Articulation du genou (fig. 16.52)
cipaux ligaments sont le ligament patellaire, une extension
C'est l'articulation la plus volumineuse et la plus complexe du tendon quadriceps, les ligaments poplités à l'arrière du
du corps. Il s'agit d'une articulation à charnière, formée genou, et les ligaments collatéraux de chaque côté.
444
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Acétabulum
de l’os innominé Tableau 16.5 Muscles et mouvements possibles à
Cartilage articulaire l'articulation de la hanche
Labrum acétabulaire
Flexion Iliopsoas, sartorius
Membrane synoviale
Ligament capsulaire Extension Grand fessier, ischiojambiers (loge cuisse)
Labrum
acétabulaire
S
Muscles et mouvements (voir fig. 16.66)
A Fémur
M L Les mouvements possibles à cette articulation sont la
I
flexion, l'extension et un mouvement rotatoire qui
« bloque » l'articulation lorsqu'elle est en extension
Ilium complète. Quand l'articulation est bloquée, il est possible
de se tenir debout pendant longtemps sans fatiguer les
extenseurs des genoux. Le principal muscle extenseur
des genoux est le quadriceps fémoral, et les principaux
fléchisseurs sont le gastrocnémien et les ischiojambiers.
Ligament
iliofémoral
Pubis Articulation de la cheville (fig. 16.53)
Cette articulation à charnière est formée par l'extrémité
Ligament distale du tibia et sa malléole (malléole médiale),
pubofémoral l'extrémité distale de la fibula (malléole latérale) et le
Ischium
talus. Quatre ligaments importants renforcent cette
articulation. Ce sont les ligaments antérieur, postérieur,
Fémur médial (ou deltoïdien) et latéral de la cheville.
B
445
SECTION 4 Protection et survie
S Tibia Fibula
Fémur
M L S
I Cartilage
M L
articulaire
Malléole I
Cartilage Ligament médiale
articulaire Malléole
capsulaire latérale
Ligament
Ligament Membrane capsulaire Membrane
croisé synoviale synoviale
Cartilages
semi-lunaires A Talus
(ménisques)
Tibia Fibula
S
A
P A
Tibia Talus
Fémur I
Ligament
patellaire
Bourse Parties du ligament
(tendon
suprapatellaire deltoïdien
du quadriceps)
Ligament Calcanéus
capsulaire Patella
Cartilage Bourse
articulaire prépatellaire
Ligament Membrane
croisé synoviale
Bourse
Cartilage
infrapatellaire B Ligaments plantaires
semi-lunaire
(ménisque) S
Figure 16.53 Articulation de la cheville gauche.
P A A. Coupe vue de face. B. Ligaments de soutien. Vue médiale.
B Tibia Avant
I
C
Muscle squelettique
Cartilage semi-lunaire Ligament croisé Cartilage semi-lunaire Objectifs pédagogiques
(ménisque) latéral postérieur (ménisque médial)
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
Figure 16.52 Articulation du genou gauche. A. Coupe vue capable :
de face. B. Coupe vue de côté. C. La face supérieure du tibia,
montrant les cartilages semi-lunaires et les ligaments croisés. ■ d'indiquer les principales caractéristiques du muscle
squelettique ;
déplacent librement dans leur gaine quand les articulations
sont mobilisées. En plus de mobiliser les articulations du ■ de relier la structure des fibres du muscle
pied, ces muscles soutiennent les arches plantaires, et ils squelettique à leur activité contractile ;
contribuent à maintenir l'équilibre du corps.
446
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Axone
du nerf moteur
Terminaisons
neuromotrices
Terminaisons neuromusculaires au niveau des plaques motrices pour un poids plus léger. Le tonus musculaire est une
contraction musculaire soutenue partielle qui permet de
maintenir une posture sans fatiguer les muscles impliqués.
Par exemple, le fait de garder la tête droite nécessite
l'activité constante des muscles du cou et des épaules. Les
groupes de fibres musculaires à l'intérieur de ces muscles
se contractent à leur tour, si bien qu'à tout moment,
certaines fibres sont contractées tandis que d'autres sont
au repos. Cela permet que l'effort requis pour maintenir
la tête droite soit distribué à travers les muscles impliqués.
Un bon tonus musculaire protège les articulations et
procure sa fermeté et sa forme au muscle, même relâché.
Fatigue musculaire
Pour travailler de manière soutenue, les muscles ont
besoin d'un apport adéquat d'oxygène et de molécules
Fibres de muscle Nerf combustibles comme le glucose. La fatigue survient
squelettique moteur
lorsqu'un muscle travaille à un niveau qui dépasse ces
Figure 16.57 La jonction neuromusculaire : microscopie à apports. La réponse musculaire diminue avec la fatigue.
balayage électronique en couleur d'un neurone moteur et de L'énergie chimique (ATP) nécessaire aux muscles
deux de ses terminaisons neuromusculaires. dérive habituellement de la dégradation d'hydrates de
carbone et de graisse ; en cas d'épuisement de ces der-
Une fibre nerveuse et les fibres musculaires qu'elle niers, des protéines peuvent être utilisées. Un apport
innerve constituent une unité motrice. Les influx nerveux adéquat d'oxygène est nécessaire pour que l'énergie stoc-
entraînent des contractions répétées des unités motrices kée dans ces molécules combustibles soit complètement
d'un muscle, et chaque unité se contracte à sa pleine capa- libérée ; sans cela, le corps utilise les voies métaboliques
cité. La force de contraction dépend du nombre d'unités anaérobies (p. 335), qui sont moins efficaces et entraînent
motrices actives à un moment donné. la production d'acide lactique. La fatigue (et la douleur
Certaines unités motrices contiennent un très grand musculaire) causée par un apport inadéquat d'oxygène,
nombre de fibres musculaires, c'est-à-dire qu'un nerf des- comme lors d'un exercice intense, survient quand de
sert de nombreuses cellules musculaires. Cette disposition l'acide lactique s'accumule dans les muscles au travail.
est associée à de vastes et puissants mouvements, comme La fatigue peut aussi apparaître en cas d'épuisement
ceux des jambes et des bras. Le contrôle fin et précis du des réserves d'énergie, ou en cas de lésion musculaire,
mouvement musculaire est rendu possible quand une unité laquelle peut survenir après des épisodes prolongés
motrice contient très peu de fibres musculaires, comme c'est d'exercice intense, par exemple une course de marathon.
le cas dans les muscles contrôlant les mouvements oculaires.
Récupération musculaire
Après un exercice, le muscle a besoin d'une période de
Action du muscle squelettique
temps pour récupérer, pour remplir à nouveau ses
Lorsque les cellules musculaires individuelles dans un réserves d'ATP et de glycogène, et pour réparer toute
muscle se raccourcissent, elles tirent sur la structure de fibre lésée. Pendant un certain temps après un exercice,
tissu conjonctif parcourant l'ensemble du muscle, et suivant le degré d'effort, la dette d'oxygène demeure (une
celui-ci développe un certain degré de tension (tonus). longue période d'augmentation de la demande en
oxygène), le corps convertissant l'acide lactique en acide
Tonus musculaire pyruvique et remplaçant ses réserves d'énergie.
Lorsqu'une fibre musculaire se contracte, elle obéit à la loi
du tout ou rien, c'est-à-dire que la fibre entière soit se
contracte complètement, soit pas du tout. Le degré de
Facteurs altérant la performance du muscle
contraction atteint par un muscle entier dépend donc de squelettique
combien de fibres qu'il contient se contractent à un Le muscle squelettique a de meilleures performances s'il
moment donné, de même que de la périodicité de leur est régulièrement exercé. L'entraînement améliore
stimulation. De puissantes contractions impliquent une l'endurance et la puissance. L'entraînement anaérobie,
plus grande proportion de fibres disponibles que de comme le soulèvement de poids, accroît la masse
fibres plus faibles ; davantage de fibres musculaires musculaire car il augmente la taille des fibres individuelles
actives sont nécessaires pour soulever un poids lourd que à l'intérieur du muscle (hypertrophie).
449
SECTION 4 Protection et survie
S Aponévrose
de l’occipitofrontal
P A
I
Occipitofrontal
(ventre antérieur)
Temporal Orbiculaire de l’œil
Releveur de la paupière
Occipitofrontal supérieure
(ventre postérieur)
Buccinateur
Orbiculaire de la bouche
Masséter
Sternocléidomastoïdien
Trapèze
Clavicule
Muscle masséter. C'est un muscle puissant, allant de tale, son attache médiale sur l'apophyse transverse homo-
l'arcade zygomatique à l'angle de la mandibule. Lors de latérale des vertèbres cervicales et thoraciques, et son
la mastication, il remonte la mandibule contre le maxil- attache latérale se fait sur la clavicule, le processus épi-
laire, serrant les mâchoires, ce qui exerce une pression neux et l'acromion de la scapula. Il tire la tête en arrière,
considérable sur les aliments. relève les épaules, et contrôle les mouvements de la sca-
pula quand l'articulation de l'épaule est utilisée.
Muscle temporal. Il recouvre la partie squameuse de l'os
temporal. Il passe derrière l'arcade zygomatique et va
s'insérer sur le processus coronoïde de la mandibule. Il Muscles du tronc
ferme la bouche, et il contribue à la mastication. Ces muscles stabilisent l'association entre le squelette des
Muscle ptérygoïdien. Il s'étend de l'os sphénoïde à la membres et le squelette axial à la ceinture pectorale ; ils
mandibule. Il ferme la bouche, et tire la mandibule vers permettent aussi le mouvement des épaules et de la partie
l'avant. supérieure des bras et les stabilisent.
Muscles du dos
Muscles du cou
Il y a six paires de gros muscles dans le dos, s'ajoutant à
De nombreux muscles sont situés dans le cou, mais
ceux formant la paroi abdominale postérieure (fig. 16.59,
seulement deux d'entre eux seront envisagés ici.
16.60 et 16.61). La disposition de ces muscles est la même
Muscle sternocléidomastoïdien. Ce muscle part du de part et d'autre de la colonne vertébrale. Il s'agit des
manubrium sternal et de la clavicule ; il monte pour s'in- muscles :
sérer sur le processus mastoïde de l'os temporal. Il tourne
• trapèze (voir ci-dessus) ;
la tête d'un côté vers l'autre et il est aussi un muscle
• grand dorsal ;
accessoire de la respiration. Quand le muscle d'un seul
• grand rond ;
côté se contracte, il tire la tête vers l'épaule. Quand les
• psoas (p. 456) ;
deux muscles se contractent en même temps, ils flé-
• carré des lombes ;
chissent la colonne vertébrale cervicale ; ou ils tirent le
• sacroépineux.
sternum et les clavicules vers le haut quand la tête est
maintenue en position fixée, par exemple lors de l'inspi-
Muscle grand dorsal. Il part de la partie postérieure de
ration forcée.
la crête iliaque et du processus épineux des vertèbres
Muscle trapèze. Il recouvre l'épaule et l'arrière du cou. lombales et thoraciques inférieures. Il s'élève dans le dos
Son attache supérieure se fait sur la protubérance occipi- puis sous le bras, et s'insère sur le sillon bicipital de
451
SECTION 4 Protection et survie
S
M L Diaphragme
Occiput (coupé)
I
12e côte L1
Ligament
nuchal Sternocléidomastoïdien
L2 Carré
des lombes
Carré L3
Trapèze des lombes Psoas
e
7 vertèbre L4 Crête
cervicale iliaque
L5
Deltoïde
Iliaque
Petit
rond
Grand
rond
S
D G
Fémur
Grand dorsal I
Ligament
12e vertèbre
inguinal
thoracique
Oblique
externe Figure 16.60 Les muscles profonds de la paroi abdominale
postérieure. Vue antérieure.
Crête iliaque
5e vertèbre
Moyen fessier Muscles sacroépineux (érecteurs du rachis). Il s'agit
lombale
d'un groupe de muscles situés entre les processus épi-
neux et transverse des vertèbres (fig. 16.61). Ils partent du
sacrum et vont s'insérer sur l'os occipital. Leur contraction
entraîne l'extension de la colonne vertébrale.
Grand fessier
Muscle P
Muscles du plancher pelvien (fig. 16.64)
Fascia
transverse du transverse Le plancher pelvien est divisé en deux moitiés identiques,
de l’abdomen D G
de l’abdomen
qui s'unissent sur la ligne médiane. Chaque moitié est
A faite de fascias et des muscles élévateur de l'anus et
Droits
de l’abdomen
coccygien.
Le plancher pelvien soutient les organes du pelvis et
maintient la continence, c'est-à-dire qu'il résiste à une
augmentation de la pression intrapelvienne durant la
miction et la défécation.
Muscle élévateur de l'anus. C'est une paire de larges
Muscle Muscle Ligne blanche Fascia de Fascia de muscles plats, formant la partie antérieure du plancher
oblique oblique l’oblique l’oblique pelvien. Ils partent de la face interne du vrai pelvis, et
externe interne externe interne s'unissent avec leurs homologues sur la ligne médiane.
Figure 16.63 Coupe transversale des muscles et des fascias de Ensemble, ils forment une écharpe soutenant les organes
la paroi abdominale antérieure. pelviens.
453
SECTION 4 Protection et survie
Muscle coccygien. Il s'agit d'un feuillet triangulaire mus- foré chez l'homme par l'urètre et par l'anus, chez la femme
culaire pair et tendineux, situé derrière l'élévateur de par l'urètre, le vagin et l'anus.
l'anus. Ses fibres partent de la face médiale de l'ischium,
et elles vont s'insérer sur le sacrum et le coccyx. Elles Muscles de l'épaule et du membre
complètent la formation du plancher pelvien, qui est per-
supérieur (fig. 16.65)
Ces muscles stabilisent l'association entre le squelette des
A
membres et le squelette axial à la ceinture pectorale ; ils
D G permettent aussi le mouvement des épaules et de la partie
P supérieure des bras et les stabilisent.
Orifice urétral Muscle deltoïde. Les fibres de ce muscle partent de la
Orifice vaginal clavicule, de l'acromion et de l'épine de la scapula, et
irradient vers l'articulation de l'épaule pour s'insérer sur
Élévateur
la tubérosité deltoïdienne de l'humérus. Il forme le
de l’anus
Coccygien
contour charnu et arrondi de l'épaule. Les fibres anté-
rieures entraînent la flexion, les fibres moyennes ou partie
Orifice anal
principale l'abduction, et les fibres postérieures l'exten-
Sphincter sion de l'articulation de l'épaule.
anal externe
Muscle grand pectoral. Il siège sur la paroi thoracique
Coccyx antérieure. Ses fibres partent du tiers moyen de la clavi-
cule et du sternum, et vont s'insérer sur le sillon intertu-
berculaire (bicipital) de l'humérus. Il tire le bras en avant
Figure 16.64 Les muscles du plancher pelvien de la femme. et vers le corps, c'est-à-dire qu'il fléchit et met en adduc-
tion l'articulation de l'épaule.
Trapèze
Grand pectoral
Trapèze
S S
L M M L
Deltoïde Deltoïde
I I
Petit rond
Coracobrachial
Grand rond
Biceps
Triceps
Brachioradial
Brachioradial
Extenseurs
Fléchisseur Rond pronateur (long et court)
Fléchisseur
radial du carpe radiaux
ulnaire
Grand palmaire du carpe
du carpe
Extenseur Extenseur
Muscles ulnaire des doigts
thénariens Fléchisseur ulnaire du carpe
du carpe
Carré pronateur
Muscles hypothénariens
A B
Figure 16.65 Les principaux muscles qui mobilisent les articulations du membre supérieur. A. Vue antérieure. B. Vue postérieure.
454
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Muscle coracobrachial. Il siège à la face médiale haute à-dire la supination. Il siège plus profondément que les
du bras. Il part du processus coracoïde de la scapula, muscles indiqués dans la figure 16.65.
passe devant l'articulation de l'épaule, et s'insère au
Muscle fléchisseur radial du carpe. Il est situé à la face
tiers moyen de l'humérus. Il fléchit l'articulation de
antérieure de l'avant-bras. Il part de l'épicondyle médial
l'épaule.
de l'humérus, et il va s'insérer sur les deuxième et troi-
Muscle biceps. Il siège à la face antérieure du bras. À sa sième os métacarpiens. Il fléchit l'articulation du poignet
partie supérieure, il est divisé en deux parties (chefs) et, en agissant avec l'extenseur radial du carpe, il met
ayant chacune son propre tendon. Le chef court part du l'articulation en abduction.
processus coracoïde de la scapula, passe devant l'articu-
Muscle fléchisseur ulnaire du carpe. Il siège à la face
lation de l'épaule et gagne le bras. Le chef long part du
médiale de l'avant-bras. Il part de l'épicondyle médial de
bord de la cavité glénoïdale, et son tendon croise l'articu-
l'humérus et des parties supérieures de l'ulna, et il va
lation, passe dans le sillon bicipital de l'humérus, et gagne
s'insérer sur les os pisiforme, hamatum et cinquième
le bras. Il est maintenu dans le sillon bicipital par un
métacarpien. Il fléchit le poignet et, quand il agit avec
ligament transverse, qui s'étend au travers du sillon. Le
l'extenseur ulnaire du carpe, il met l'articulation en
tendon distal croise l'articulation du coude et s'insère sur
adduction.
la tubérosité radiale. Il contribue à stabiliser et à fléchir
l'articulation de l'épaule, et il contribue à la flexion et à la Muscles long et court extenseurs radiaux du carpe. Ils
supination de l'articulation du coude. siègent à la face postérieure de l'avant-bras. Leurs fibres
partent de l'épicondyle latéral de l'humérus, et vont s'in-
Muscle brachial. Il siège à la face antérieure du bras,
sérer par un long tendon sur les deuxième et troisième os
profondément par rapport au biceps. Il part du corps de
métacarpiens, respectivement. Ils mettent le poignet en
l'humérus, croise l'articulation du coude et s'insère sur
extension et abduction.
l'ulna juste distalement à la capsule articulaire. C'est le
principal fléchisseur de l'articulation du coude. Muscle extenseur ulnaire du carpe. Il siège à la face
postérieure de l'avant-bras. Il part de l'épicondyle latéral
Muscle triceps. Il siège à la face postérieure de l'humé-
de l'humérus, et il va s'insérer sur le cinquième os méta-
rus. Il naît par trois chefs, l'un de la scapula et deux de
carpien. Il met le poignet en extension et adduction.
la face postérieure de l'humérus. L'insertion se fait par
un tendon commun sur le processus olécrânien de l'ulna. Muscle long palmaire. Il résiste aux forces de cisaille-
Il contribue à stabiliser l'articulation de l'épaule, contri- ment qui pourraient arracher la peau et le fascia de la
bue à l'adduction du bras et étend l'articulation du paume des structures sous-jacentes. Il fléchit le poignet.
coude. Il part de l'épicondyle médial de l'humérus, et il s'insère
aux tendons de la paume et de la main.
Muscle brachioradial. Il s'étend au-dessus de l'articula-
tion du coude. Il part de l'extrémité distale de l'humérus Muscle extenseur des doigts. Il part de l'épicondyle
et s'insère sur l'épicondyle latéral du radius. Quand il se latéral de l'humérus et recouvre les articulations du coude
contracte, il fléchit l'articulation du coude. et du poignet. Au poignet, il se divise en quatre tendons,
un pour chaque doigt. L'action de ce muscle est l'exten-
Muscle carré pronateur. En forme de carré, il est le prin-
sion de toute articulation qu'il traverse, c'est-à-dire les
cipal muscle qui entraîne la pronation de la main. Ses
articulations du coude, du poignet et des doigts.
attaches sont aux segments inférieurs du radius et de
l'ulna. Muscles contrôlant les mouvements des doigts. De
grands muscles de l'avant-bras qui s'étirent jusqu'à la
Muscle rond pronateur. Il siège obliquement à la face
main donnent leur puissance à la main et aux doigts, mais
antérieure du tiers supérieur de l'avant-bras. Il part de
pas la finesse du mouvement nécessaire au contrôle de la
l'épicondyle médial de l'humérus (chef huméral) et du
dextérité des doigts. De plus petits muscles, qui partent
processus coronoïde de l'ulna (chef ulnaire), traverse obli-
des os carpiens et métacarpiens, contrôlent les mouve-
quement l'avant-bras et s'insère sur la face latérale du
ments fins et précis des doigts, grâce à des attaches ten-
corps du radius. Il fait tourner les articulations radio-
dineuses aux phalanges ; les fibres musculaires ne
ulnaires, faisant passer la main de la position anatomique
permettent pas l'extension des doigts.
à la position de l'écriture, c'est-à-dire la pronation.
Muscle supinateur. Il siège obliquement aux faces posté- Muscles de la hanche et du membre
rieure et latérale de l'avant-bras. Ses fibres partent de
l'épicondyle latéral de l'humérus et de la partie supé-
inférieur (fig. 16.66)
rieure de l'ulna, et elles s'insèrent à la face latérale du tiers Il s'agit ici des plus grands muscles du corps, leur fonction
supérieur du radius. Il fait tourner les articulations radio- consistant principalement à porter le poids du corps. Les
ulnaires, souvent avec l'appui du biceps, faisant passer la parties inférieures du corps doivent transmettre de
main de la position de l'écriture à celle anatomique, c'est- manière égale la force du poids du corps pour la marche,
455
SECTION 4 Protection et survie
S S
Iliaque M L L M
Psoas
I I
Adducteurs
de l’articulation
de la hanche
Droit de la cuisse
Muscles
ischio-jambiers
Vaste
latéral
Vaste médial
Région
patellaire
Ligament
patellaire
(tendon du
quadriceps)
Gastrocnémien Gastrocnémien
Tibial
antérieur
Soléaire
Soléaire
Tendon
calcanéen
A B
Figure 16.66 Les principaux muscles du membre inférieur gauche. A. Vue antérieure. B. Vue postérieure.
la course, etc. à travers les structures destinées à porter le profond que les deux autres). Le droit de la cuisse part de
poids ; elles absorbent aussi les chocs. l'ilium, et les trois vastes partent de l'extrémité supérieure
du fémur. Ils passent ensemble devant l'articulation du
Muscle psoas. Il naît du processus transverse homolaté-
genou, pour s'insérer sur le tibia par le tendon patellaire.
ral et du corps des vertèbres lombales. Il croise la partie
Seul le droit de la cuisse fléchit l'articulation de la hanche.
plate de l'ilium, et passe derrière le ligament inguinal
Ensemble, les muscles du groupe constituent un très puis-
pour s'insérer sur le fémur. Avec le muscle iliaque, il
sant extenseur de l'articulation du genou.
fléchit l'articulation de la hanche (voir fig. 16.60).
Muscle iliaque. Il siège dans la fosse iliaque de l'os inno- Muscles obturateurs. Ces muscles profonds de la fesse
miné. Il part de la crête iliaque, traverse la fosse iliaque, partent du bord du foramen obturé du pelvis et s'insèrent
et rejoint le tendon du muscle psoas pour s'insérer sur le dans le fémur proximal. Leur principale fonction est la
petit trochanter du fémur. L'action combinée de l'iliaque rotation latérale de l'articulation de la hanche.
et du psoas fléchit l'articulation de la hanche.
Muscles fessiers (ou glutéaux). Il s'agit des muscles
Quadriceps fémoral. C'est un groupe de quatre muscles grand, moyen et petit fessiers, qui forment la partie charnue
siégeant à la face antérieure et sur les côtés de la cuisse. de la fesse. Ils partent de l'ilium et du sacrum, et vont
Il s'agit du muscle droit de la cuisse et des trois muscles s'insérer sur le fémur. Ils entraînent l'extension, l'abduc-
vastes : vastes latéral, médial, intermédiaire (ce dernier tion et la rotation médiale (interne) de l'articulation de la
muscle n'est pas indiqué sur la fig. 16.62 car il est plus hanche.
456
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
457
SECTION 4 Protection et survie
Rachitisme et ostéomalacie
Dans ces deux affections, l'os n'est pas minéralisé
correctement, habituellement en raison d'une carence en
vitamine D, ou parfois d'un métabolisme altéré de la
vitamine D. Le rachitisme survient chez les enfants, dont
Figure 16.67 Ostéoporose. Microscopie à balayage électronique les os sont en cours de croissance, cela conduit à une
458 d'un os spongieux. courbure et à une difformité des membres inférieurs
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
Tumeurs de l'os
Tumeurs bénignes
Des tumeurs uniques ou multiples peuvent se développer,
pour des raisons inconnues, dans l'os ou le cartilage. Elles
peuvent entraîner des fractures pathologiques ou des
lésions par compression des tissus mous ; par exemple,
une tumeur vertébrale bénigne peut comprimer la moelle
spinale ou un nerf spinal. Les tumeurs bénignes du
cartilage tendent à présenter une dégénérescence maligne.
Tumeurs malignes
Tumeurs métastatiques
Les métastases de carcinomes primaires du sein, du poumon,
de la thyroïde, du rein ou de la prostate sont les tumeurs
osseuses les plus fréquentes. Elles siègent habituellement dans
les régions osseuses les mieux vascularisées, c'est-à-dire l'os
Figure 16.68 Déformation sévère de la jambe dans la maladie spongieux, en particulier celui du corps des vertèbres lombales,
de Paget. et des épiphyses de l'humérus et du fémur. Des fragments
tumoraux disséminent par voie sanguine et possiblement le
caractéristiques. Les adultes ont encore besoin de vitamine long des parois des veines allant d'une tumeur pelvienne aux
D pour le renouvellement osseux, et le défaut de cette vertèbres. La croissance tumorale érode et affaiblit le tissu
vitamine conduit à l'ostéomalacie, associée à un risque osseux normal, provoquant douleur, fractures pathologiques
accru de fracture et à une douleur osseuse. et destruction de l'architecture osseuse normale.
La carence peut être due à un régime alimentaire insuf-
fisant, une malabsorption ou à une exposition limitée aux Tumeurs primaires
rayons du soleil (nécessaires au métabolisme normal de Les tumeurs primaires osseuses sont relativement rares.
la vitamine D). L'ostéosarcome est une tumeur à croissance rapide et
souvent très maligne. Il est plus fréquent chez les
Ostéomyélite adolescents et se développe habituellement dans le canal
Il s'agit d'une infection bactérienne de l'os. Cela peut être médullaire d'un os long, le fémur en particulier. Il survient
la conséquence d'une fracture ouverte ou d'une parfois chez des personnes âgées, généralement en
intervention chirurgicale : les microbes peuvent pénétrer association avec une maladie de Paget, et il touche
à travers la peau. Cela peut aussi être la conséquence généralement le rachis, le crâne et le pelvis.
d'une infection apportée par voie sanguine, issue d'un
foyer situé ailleurs, comme à l'oreille, à la gorge ou
cutanée ; les enfants y sont le plus fréquemment exposés. Affections des articulations
En cas de traitement rapide et approprié, l'infection peut
disparaître sans laisser de lésion permanente ; autrement, Objectifs pédagogiques
l'infection peut devenir chronique, avec formation d'un
sinus drainant du pus dans la peau, fièvre et douleur. Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
Anomalies du développement de l'os ■ de mettre en relation les caractéristiques des
maladies de ce paragraphe et les anomalies de
Achondroplasie
l'anatomie et de la physiologie ;
Il s'agit d'une affection due à une anomalie génétique qui
empêche l'ossification normale des os, à partir de modèles ■ de comparer et d'opposer les manifestations de la
cartilagineux, comme dans les os longs des membres, polyarthrite rhumatoïde et de l'arthrose.
entraînant des membres courts et un nanisme caractéristique. 459
SECTION 4 Protection et survie
Maladies inflammatoires
des articulations (arthrites)
Polyarthrite rhumatoïde (maladie
rhumatoïde)
Il s'agit d'une maladie inflammatoire auto-immune
progressive, touchant principalement les articulations
synoviales périphériques. C'est une affection systémique
dans laquelle les modifications inflammatoires touchent
non seulement des articulations synoviales, mais aussi
d'autres sites, dont le cœur, les vaisseaux sanguins et la
peau.
Elle atteint le plus souvent des femmes, et elle s'ob- Figure 16.69 Déformation sévère des mains dans l'arthrite
serve à tout âge, enfants compris bien qu'elle se déve- rhumatoïde.
loppe habituellement entre 35 et 55 ans. Sa cause n'est
pas claire, mais l'auto-immunité pourrait être déclenchée sous-jacent et provoquant une extension des lésions. La
par une infection microbienne, possiblement virale, chez fibrose du pannus limite les mouvements articulaires.
des personnes génétiquement exposées. Les facteurs de La douleur, la rigidité et la déformation entraînent une
risque incluent : utilisation très réduite des articulations atteintes, ce qui
• l'âge : risque accru avec l'âge ; tend à atrophier les muscles associés. Environ un tiers
• le sexe : les femmes préménopausées sont trois fois des patients, habituellement ceux qui ont les formes de
plus touchées que les hommes ; la maladie les plus agressives, développent des nodules
• le risque génétique : dans certains cas, il existe un de tissu conjonctif (nodules rhumatoïdes), généralement
fort lien familial ; certains marqueurs sur la surface à l'avant-bras ou au coude. Des symptômes extra-arti-
membranaire des globules blancs ont aussi été culaires peuvent inclure une anémie, une neuropathie
associés à un risque accru de développer la maladie. périphérique, des anomalies cardiaques, une pleurésie
et une vascularite.
Jusqu'à 90 % des personnes atteintes ont le facteur À un stade tardif de la maladie, l'inflammation et la
rhumatoïde (autoanticorps FR) dans leurs liquides fièvre sont moins marquées. L'importance de l'infirmité
corporels. Les taux élevés de FR, en particulier au est variable, de discrète à sévère. Le tableau 16.8 souligne
début de la maladie, sont étroitement associés à l'accé- les différences entre arthrose et polyarthrite rhumatoïde.
lération et à l'aggravation de la maladie. Les symp-
tômes incluent une douleur et une rigidité articulaires,
particulièrement le matin et après une sieste. Les arti- Autres types de polyarthrites
culations peuvent être visiblement enflées, chaudes et Le terme « polyarthrite » signifie l'inflammation de plus
douloureuses. d'une articulation. Ce groupe d'arthrites inflammatoires
Les poussées aiguës de polyarthrite rhumatoïde auto-immunes présente de nombreuses similitudes avec
s'accompagnent habituellement de fièvre, et elles sont la polyarthrite rhumatoïde, mais il n'y a pas de facteur
séparées par des périodes de rémission. Les articula- rhumatoïde. Leur cause est inconnue, mais des facteurs
tions les plus souvent atteintes sont celles des mains génétiques pourraient être impliqués.
(fig. 16.69) et des pieds mais, dans les cas sévères, la plu-
Spondylarthrite ankylosante. Cette affection tend à tou-
part des articulations synoviales peuvent être atteintes.
cher de jeunes adultes, et affecte les articulations de la
À chaque poussée fébrile apparaissent des lésions arti-
colonne vertébrale. La calcification des disques interver-
culaires supplémentaires, entraînant des déformations
tébraux et le dépôt de l'os renouvelé entraînent la dimi-
croissantes, des douleurs et une perte de fonction.
nution de la flexibilité spinale et une déformation
Les modifications primaires peuvent être réversibles,
permanente.
y compris l'hypertrophie et l'hyperplasie des cellules
inflammatoires ainsi que l'épanchement inflammatoire Rhumatisme psoriasique. Il touche un certain nombre
intra-articulaire. La progression de la maladie entraîne de personnes atteintes de psoriasis (p. 396), en particu-
habituellement des lésions tissulaires permanentes. La lier celles dont les ongles sont lésés. Les articulations
croissance d'un tissu de granulation (pannus) sépare des doigts et des orteils sont les plus fréquemment
les os et déforme le cartilage articulaire, exposant l'os atteintes.
460
Appareil musculosquelettique CHAPITRE 16
s'étendent aux membres supérieurs, progressant rapide- de la langue et de la face sont atteints en premier, puis ceux
ment et sans rémission. La mort survient habituellement des membres sont touchés. Les atteintes systémiques
à l'adolescence, souvent par défaillance respiratoire, associées à la dystrophie myotonique comprennent :
arythmie cardiaque ou cardiomyopathie. • une cataracte (p. 222) ;
• une atrophie des gonades ;
Dystrophie facio-scapulo-humérale • une cardiomyopathie ;
Cette maladie touche les deux sexes. Elle débute
• une intolérance au glucose.
habituellement à l'adolescence et, plus l'âge de début est
bas, plus l'évolution est rapide. Les muscles de la face et La maladie progresse sans rémission, entraînant une
des épaules sont atteints en premier. Il s'agit d'une maladie invalidité croissante. La mort survient vers l'âge moyen
chronique, qui habituellement progresse lentement et de la vie, par insuffisance respiratoire ou cardiaque.
peut ne pas entraîner une invalidité complète. L'espérance
de vie est normale.
Lésion de la coiffe des rotateurs
Dystrophie myotonique Les muscles de la coiffe des rotateurs (p. 442) stabilisent
Cette maladie débute habituellement à l'âge adulte, et elle et renforcent l'articulation de l'épaule. Les lésions à ce
touche les deux sexes. Les muscles se contractent et se niveau sont courantes ; elles provoquent une douleur et
relâchent lentement, ce qui se traduit souvent par la une restriction de la mobilité de l'épaule. La guérison peut
difficulté de relâcher un objet tenu dans la main. Les muscles prendre des mois ou même des années.
463
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CHAPITRE
17
Introduction à la génétique
Chromosomes, gènes et ADN 466 Bases génétiques d'une maladie 475
Chromosomes 466 Cancer 475
Gènes 466 Maladie héréditaire 475
ADN 466
Mutation 468
Synthèse protéique 468
Acide ribonucléique messager (ARNm) 469
Division cellulaire 470
Mitose 471
Méiose 471
Fondements génétiques de l'hérédité 471
Hérédité autosomique 471
Hérédité liée au sexe 472
Vieillissement et génétique 473
SECTION 4 Protection et survie
Tous les êtres vivants, y compris les êtres humains, ont voir fig. 3.8, p. 38) est diffuse et difficile à distinguer au
besoin de se reproduire. À la fin de leur vie, ils ont ainsi microscope ; mais lorsque la cellule se prépare à se diviser,
produit au moins un individu, souvent plusieurs, pour elle est collectée dans des structures compactes très
les remplacer. Cela assure la continuation de leur espèce. visibles, en forme de saucisse, appelées chromosomes. Les
Les enfants héritent de leurs parents une copie de toute chromosomes vont par paire, l'un étant hérité de la mère
l'information qui leur est nécessaire pour se développer et l'autre du père ; une cellule humaine a ainsi 46 chro
en tant qu'organisme fonctionnel ; cette information est mosomes qui peuvent être disposés en 23 paires. Une
apportée par l'acide désoxyribonucléique (ADN), cellule avec 23 paires de chromosomes est appelée diploïde.
principalement à l'intérieur du noyau cellulaire. L'ADN Les gamètes (spermatozoïdes et ovules), qui ne contiennent
est organisé en unités fonctionnelles appelées gènes, que la moitié du complément normal, c'est-à-dire 23 chro
lesquels font partie de structures bien plus grandes, les mosomes au lieu de 46, sont appelés haploïdes. Les
chromosomes. Le terme génome désigne l'ensemble du chromosomes appartenant à la même paire sont appelés
matériel génétique contenu dans une cellule. La génétique chromosomes homologues. Le jeu complet de chromosomes
est l'étude des gènes. La progression du savoir dans ce dans une cellule constitue son caryotype (fig. 17.1).
domaine a un profond impact sur de nombreux aspects Chaque paire de chromosomes est numérotée, la plus
de la vie quotidienne ; c'est le cas par exemple du conseil grande paire étant la numéro 1. Les 22 premières paires
génétique aux familles porteuses de maladies héréditaires, sont collectivement appelées autosomes ; les chromosomes
ou de la production d'insuline humaine à partir de micro- de chaque paire contiennent la même quantité de matériel
organismes conçus génétiquement. génétique. Les chromosomes de la 23e paire sont appelés
Le projet Génome humain, qui est une collaboration chromosomes sexuels (fig. 17.2) car ils déterminent le sexe
internationale, a été mis en place en 1990. Son objectif de l'individu. À la différence des autosomes, ces deux
était d'identifier et de séquencer chaque gène sur chaque chromosomes n'ont pas nécessairement la même taille ;
chromosome, et d'être en mesure de dessiner une carte le chromosome Y est bien plus court que le X est n'est
de chaque chromosome, montrant la position de tous ses porté que par les individus de sexe masculin. Un enfant
gènes. Il a été à la source d'un très grand nombre d'infor- héritant deux chromosomes X (XX), un de chacun de ses
mations importantes concernant les troubles génétiques deux parents, est de sexe féminin ; un enfant héritant de
humains. sa mère un chromosome X et de son père un chromosome
En fin de chapitre, les effets du vieillissement sur les Y (XY) est de sexe masculin.
chromosomes, la division cellulaire et l'hérédité sont Chaque extrémité de chromosome est recouverte
envisagés, puis une section est consacrée à quelques ano- d'ADN, partie appelée télomère, qui ferme le chromosome
malies génétiques courantes. et est essentielle sur le plan structurel. Durant la réplica-
tion, le télomère se raccourcit, ce qui peut léser le chro-
mosome ; cela est donc réparé par une enzyme appelée
Chromosomes, gènes et ADN télomérase. La diminution de l'activité de la télomérase
avec l'âge est appelée sénescence (p. 466).
Objectifs pédagogiques
ADN
Chromosomes Les gènes sont principalement composés de très longs
Presque toutes les cellules corporelles contiennent dans brins d'ADN ; la longueur totale de l'ADN dans chaque
leur noyau une copie identique de l'ensemble du cellule est d'environ un mètre. Comme tout cela est
complément du matériel génétique individuel. Il existe contenu dans les chromosomes et que leur longueur se
deux importantes exceptions : les globules rouges (qui mesure en micromètres (10−6 m), cela implique que l'ADN
n'ont pas de noyau) et les gamètes ou cellules sexuelles. doit être enroulé de manière serrée pour être condensé
Dans une cellule au repos, la chromatine (matériel génétique, dans un espace si petit.
466
Introduction à la génétique CHAPITRE 17
1 2 3 4 5
1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18
13 14 15 16 17 18
19 20 21 22 X Y
19 20 21 22 X Y B
A
Figure 17.1 Complément chromosomique (caryotype) d'un homme normal, montrant 22 paires d'autosomes et les chromosomes
sexuels (XY, paire 23).
Brin 1
Brin 2
Guanine
Cytosine
Adénine
Thymine
Désoxyribose (sucre)
Groupe phosphate
ADN mitochondrial
Chaque cellule corporelle a, en moyenne, 5000 mito
Chromosomes
Mutation
La mutation renvoie à une altération héréditaire du
Chromatine
Synthèse protéique
• la thymine (T) ;
• la cytosine (C). Objectifs pédagogiques
Ces bases sont disposées selon un ordre précis le long Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
de la molécule d'ADN, ce qui crée un code pouvant être capable :
lu lorsque la synthèse protéique est nécessaire. Chaque ■ de décrire l'origine et la structure de l'ARNm ;
base le long d'un brin d'ADN est appariée avec une base
■ d'expliquer le mécanisme de la transcription ;
de l'autre brin de manière précise et prévisible. C'est
ce que l'on appelle l'appariement des bases du complément. ■ d'indiquer le mécanisme de la traduction.
L'adénine s'apparie toujours à la thymine (et vice versa), et
468
Introduction à la génétique CHAPITRE 17
L'ADN contient l'information biologique essentielle de la travers les pores nucléaires et transporte son information
cellule, retranscrite dans le code de la base au centre de aux ribosomes dans le cytoplasme.
la double hélice. Les produits de cette information sont
presque toujours des protéines. Les protéines sont Transcription
essentielles pour l'ensemble des aspects de la fonction Comme le code est enfoui à l'intérieur de la molécule d'ADN,
corporelle, formant les principaux éléments structuraux la première étape consiste à ouvrir l'hélice pour exposer les
du corps ; il en est de même des enzymes (p. 28), bases. Seul le gène devant être transcrit est ouvert ; le reste
essentielles pour l'ensemble des processus biochimiques du chromosome demeure enroulé. Le fait d'ouvrir l'hélice
corporels. Les groupes de protéines humaines sont expose les deux brins de base, mais l'enzyme qui fabrique
constitués d'environ 20 acides aminés différents. Comme l'ARNm n'en utilise qu'un ; c'est pourquoi la molécule
l'ADN cellulaire est trop grand pour sortir du noyau, une d'ARNm est monobrin et non double-brin. Lorsque l'enzyme
molécule intermédiaire est nécessaire pour transporter les se déplace le long du brin d'ADN ouvert, lisant son code,
instructions génétiques du noyau au cytoplasme, où les elle ajoute la base complémentaire à l'ARNm. Par conséquent,
protéines sont synthétisées. C'est l'ARN messager (ARNm). si la base d'ADN est la cytosine, c'est la guanine qui est
La synthèse protéique est résumée dans la figure 17.5. ajoutée à la molécule d'ARNm (et vice versa) ; si c'est la
thymine, l'adénine est ajoutée ; si c'est l'adénine, l'uracile est
ajouté (pour rappel, à la place de la thymine, l'ARN contient
Acide ribonucléique messager (ARNm)
l'uracile) (fig. 17.6A). Lorsque l'enzyme rencontre un signal
L'ARNm est une chaîne monobrin de nucléotides synthétisés « stop », elle achève la synthèse de la molécule d'ARNm, et
dans le noyau à partir du gène approprié, à n'importe quel l'ARNm est libéré. L'ADN est refermé par d'autres enzymes,
moment où la cellule a besoin de synthétiser la protéine et l'ARNm sort alors du noyau.
pour laquelle le gène code. Il existe trois différences
principales entre les structures de l'ARN et de l'ADN : Traduction
• il est monobrin et non double-brin ; La traduction est la synthèse de la protéine finale utilisant
• le sucre qu'il contient est le ribose et non le l'information transmise par l'ARNm. Elle a lieu sur les
désoxyribose ; ribosomes libres (p. 34) dans le cytoplasme et sur ceux
• à la place de la thymine, la base qu'il utilise est attachés au réticulum endoplasmique rugueux. Tout
l'uracile. d'abord l'ARNm s'attache au ribosome. Puis le ribosome
« lit » la séquence de base de l'ARNm (fig. 17.6B).
Utilisant l'ADN comme matrice, un morceau d'ARNm
Brins d’ADN Nucléotides
est constitué à partir du gène à utiliser. C'est le proces-
séparés entrants
sus de la transcription. L'ARNm quitte ensuite le noyau à
G T T A G T C A
Bases
Acides
aminés
libres Nouvelle chaîne Chaîne protéique
protéique grandissante
Acides aminés
CYTOPLASME dans la cellule
B cytoplasmique
Figure 17.5 Relations entre l'ADN, l'ARN et la synthèse
protéique. Figure 17.6 Transcription (A) et traduction (B).
469
SECTION 4 Protection et survie
Comme les protéines sont conçues à partir de 20 acides filles n'ont que la moitié du nombre normal de
aminés différents, il n'est pas possible d'utiliser les quatre chromosomes – 23 au lieu de 46 ; c'est-à-dire qu'elles sont
bases individuellement dans un code univoque simple. haploïdes. Les gamètes sont produits par une forme de
Pour qu'il y ait suffisamment d'options, le code de la base division cellulaire appelée méiose. La réplication de l'ADN
de l'ARN est lu par triplets ; cela donne 64 combinaisons se déroule avant la mitose et la méiose.
de bases, ce qui permet de coder l'instruction pour chaque
acide aminé de même que d'autres codes, par exemple les Réplication de l'ADN
instructions stop et d'initiation. Chacune de ces séquences L'ADN est la seule molécule biologique capable
de triplet spécifique est appelée un codon ; par exemple, la d'autoréplication. Des erreurs de copie peuvent conduire
séquence de base ACA (adénine, cytosine, adénine) code à la production de cellules peu ou pas fonctionnelles, ou
pour l'acide aminé cystéine. de cellules qui ne répondent pas aux contrôles cellulaires
Le premier codon est le codon d'initiation (start codon), normaux (cela peut entraîner le développement d'une
qui initie la synthèse protéique. Le ribosome glisse le long tumeur). C'est pourquoi la copie fidèle de l'ADN est
de l'ARNm, lisant les codons et ajoutant au fur et à mesure essentielle.
les acides aminés appropriés à la molécule de protéine en L'étape initiale de la réplication de l'ADN est le dérou-
cours de croissance. Le ribosome continue d'assembler la lement de la double hélice et l'ouverture des deux brins
nouvelle molécule de protéine jusqu'à ce qu'il arrive à un pour exposer les bases, comme lors de la transcription.
codon de terminaison (stop codon), où il achève la synthèse Les deux brins de la molécule parentale d'ADN sont
et libère la nouvelle protéine. Certaines nouvelles pro- copiés. L'enzyme responsable de la réplication de l'ADN
téines sont utilisées à l'intérieur de la cellule elle-même, se déplace le long de la séquence de base sur chaque brin,
tandis que d'autres sont exportées ; par exemple, l'insu- lisant le code génétique et ajoutant la base complémentaire
line synthétisée par les cellules β des îlots pancréatiques à la chaîne nouvellement formée. Cela signifie que chaque
est libérée dans le courant sanguin. brin des bases ouvertes devient un double-brin ; le résul-
tat final est deux molécules d'ADN identiques (fig. 17.7).
Expression génique Chaque double-brin étant formé, d'autres enzymes le font
Bien que toutes les cellules nucléées (à l'exception des se tordre et s'enrouler dans sa forme normale très repliée.
gamètes et des globules rouges) aient un jeu de gènes
identique, chaque type de cellule n'utilise que les gènes
directement en lien avec sa propre fonction spécifique.
Par exemple, le globule rouge est le seul type de cellule
qui contient l'hémoglobine, bien que toutes les cellules
corporelles soient porteuses du gène hémoglobine. Cette
expression génique sélective est contrôlée par différentes Brins originaux
d’ADN séparés
substances de régulation, et les gènes dont la cellule n'a
pas besoin restent éteints.
Nucléotides
Division cellulaire entrants
Brins d’ADN
Objectifs pédagogiques
nouvellement
synthétisés
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
capable :
■ d'expliquer le mécanisme de réplication de l'ADN ;
■ de comparer et d'opposer les processus de mitose
et de méiose ;
■ de décrire les fondements de la diversité génétique
d'une génération à l'autre.
Fondements génétiques
Mitose Méiose de l'hérédité
(une division) (deux divisions)
Fin de la
seconde
division Le mélange des gènes parentaux durant la méiose entraîne
méiotique
l'immense variété génétique de la race humaine. Il est
Deux cellules Quatre cellules filles haploïdes,
filles diploïdes génétiquement différentes important de comprendre comment les gènes interagissent
identiques l’une de l’autre et de la pour produire les caractéristiques héréditaires.
cellule parentale
T t
la capacité d'enrouler la langue. Ces paires de gènes sont
appelées allèles. Des allèles correspondants contiennent les
gènes concernés par le même caractère, mais ils n'ont pas
besoin d'être identiques. Un individu peut avoir :
• deux formes identiques du gène (homozygote) ;
• deux formes différentes du gène (hétérozygote).
T TT
Enrouleur
Tt
Enrouleur
Gènes maternels
Une copie du gène de l'enroulement de la langue peut de langue de langue
coder pour la capacité d'enrouler la langue, mais le gène Homozygote Hétérozygote
correspondant sur l'autre paire de chromosomes peut
Tt tt
avoir une forme différente et coder pour l'incapacité d'en-
t
rouler la langue. Cet exemple simple n'implique que deux
formes du même gène, mais d'autres caractéristiques sont
Enrouleur Non-enrouleur
plus complexes. La couleur des yeux est un caractère dif- de langue de langue
férent avec une grande variété de pigments de couleurs et Hétérozygote Homozygote
de modèles possibles, et il est contrôlé par plus d'un gène.
Si un individu hérite un gène de l'enroulement de
Figure 17.9 Hérédité autosomique. Sont montrées en exemple
la langue d'un parent et le gène du non-enroulement de toutes les combinaisons possibles des gènes de l'enroulement de la
l'autre, il sera toujours capable d'enrouler sa langue. Cela langue chez des enfants de parents hétérozygotes pour le caractère.
est dû au fait que la forme du gène d'enroulement de la T : gène dominant (enroulement de la langue) ; t : gène récessif
langue est dominante, et qu'elle l'emporte sur le gène du (non-enroulement de la langue).
non-enroulement, qui est récessif. Les gènes dominants sont
(p. 71). Dans ce cas, trois allèles sont possibles : un allèle
toujours exprimés (actifs) en priorité par rapport aux gènes
code pour la production d'antigènes de type A (A), un allèle
récessifs ; une seule copie du gène dominant est nécessaire
code pour la production d'antigènes de type B (B), et un
pour que le caractère soit exprimé. Un gène récessif ne peut
troisième allèle code pour aucun antigène (O). Un individu
être exprimé que s'il est présent sur les deux chromosomes ;
peut avoir tout type de combinaison de deux de ces trois
ainsi, les individus incapables d'enrouler leur langue ont
allèles : AA, AB, BB, Ao, Bo ou oo. A et B sont tous deux
deux copies du gène du non-enroulement, récessif.
dominants, et tous deux sont exprimés où qu'ils soient
Les individus homozygotes pour un gène en ont deux
présents. C'est ce que l'on appelle la codominance. O est
copies identiques, soit de la forme dominante, soit de la
récessif et n'est donc exprimé que dans un génotype
forme récessive. Les individus hétérozygotes ont un gène
homozygote récessif. Cela signifie que les individus de
dominant et un gène récessif.
génotype oo ne disposent ni d'antigènes A ni d'antigènes B
à la surface des globules rouges et sont de groupe sanguin
Carré de Punnett
O. Un individu de génotype AB a les antigènes A et B et est
La probabilité d'hériter d'une forme ou d'une autre d'un
de groupe sanguin AB. Un individu de génotype Ao ou AA
gène dépend du modèle parental. L'hérédité autosomique
ne dispose que d'antigènes de type A et est du groupe
simple peut être illustrée grâce à un carré de Punnett. La
sanguin A ; une personne de génotype Bo ou BB n'a que des
figure 17.9 indique toutes les combinaisons possibles du
antigènes de type B et est de groupe sanguin B.
gène d'enroulement de la langue chez des enfants dont
La figure 17.10 montre un carré de Punnett illustrant les
les parents sont hétérozygotes pour ce caractère. Dans cet
types sanguins possibles des enfants produits par une mère
exemple, il y a 3 chances sur 4 (75 %) que l'enfant de ces
de génotype AO (phénotype de groupe sanguin A) et un
parents sera un enrouleur de langue (TT ou Tt), et
père de génotype AB (phénotype de groupe sanguin AB).
seulement 1 chance sur 4 qu'ils hériteront de deux gènes
récessifs (tt), faisant d'eux des non-enrouleurs.
La prédiction de la probabilité qu'un enfant naisse avec Hérédité liée au sexe
une maladie héréditaire comme la mucoviscidose (p. 283)
La figure 17.2 montre clairement que le chromosome Y
est à la base du conseil génétique.
est bien plus petit que le chromosome X. Il n'est donc pas
surprenant que le chromosome Y ne comporte que
Codominance 86 gènes comparativement aux 2000 du chromosome X ;
Pour certains caractères, il peut exister plus de deux allèles la grande majorité des gènes sur le chromosome X ne
qui les codent, et plus d'un allèle peut être dominant. Un correspondent pas sur le chromosome Y. Cela signifie
exemple en est constitué par l'hérédité des antigènes de qu'un homme n'a qu'une copie de la plupart des gènes
types A et B à la surface des globules rouges, déterminée sur les chromosomes liés au sexe. Les caractères codés
cliniquement en tant que système de groupe sanguin ABO pour un segment du chromosome X qui n'ont pas leur
472
Introduction à la génétique CHAPITRE 17
Gènes paternels
A B
A AA AB
Gènes maternels
o Ao
Groupe sanguin A
Bo
Groupe sanguin B X Y
Gène Gène
Normal absent
Vieillissement et ADN
Vieillissement et génétique Le cumul de l'exposition tout au long de la vie à des
mutagènes potentiels ainsi que la diminution de la
Objectifs pédagogiques
capacité de réparer l'ADN impliquent que le génome de
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être la cellule accumule progressivement des mutations ;
capable : celles-ci peuvent entraîner une diminution de la fonction
et un risque accru de maladie, par exemple un cancer.
■ de décrire les principaux effets du vieillissement sur
L'ADN mitochondrial est davantage sujet aux mutations
le matériel génétique cellulaire ;
que l'ADN nucléaire et, avec son vieillissement et le
■ d'indiquer les mécanismes cellulaires de la sénescence. développement de lésions d'usure, il provoque une
altération progressive de la fonction cellulaire.
473
SECTION 4 Protection et survie
Sénescence cellulaire (vieillissement). Une cellule peut décline avec l'âge. Cela restreint le nombre de réplica-
se diviser entre 50 et 60 fois. Un important facteur qui tions cellulaires possibles car, sans activité efficace de la
entre ici en jeu serait en lien avec les effets du vieillisse- télomérase, les chromosomes deviennent plus courts à
ment sur la fonction de la télomérase. La télomérase est chaque division et finissent par devenir trop courts pour
l'enzyme qui répare les télomères (au sommet des chro- être répliqués, la cellule ne pouvant alors plus se
mosomes) après la réplication de l'ADN. Sa fonction diviser.
474
Introduction à la génétique CHAPITRE 17
475
SECTION 4 Protection et survie
en quelques mois des lésions cérébrales et un retard précoce. La trisomie 21 est associée à un âge maternel de
mental. Comme les taux de tyrosine sont faibles et qu'elle conception avancé, particulièrement après 35 ans.
est nécessaire à la production de mélanine, une
dépigmentation apparaît, et les enfants atteints ont la Syndrome du cri du chat
peau blanche et les cheveux blonds. Aujourd'hui, L'appellation cri du chat renvoie aux pleurs d'un enfant
l'incidence de cette maladie est peu élevée dans les pays malade, qui ressemblent de manière caractéristique à un
développés, car le dépistage des nouveau-nés permet de miaulement. Ce syndrome survient lorsqu'une portion du
détecter la maladie et de leur fournir un traitement. chromosome 5 manque. Il est associé à des difficultés
d'apprentissage et à des anomalies anatomiques, dont des
Anomalies mitochondriales problèmes gastro-intestinaux et cardiovasculaires.
L'ADN mitochondrial contient seulement 37 gènes mais
des défauts parmi ceux-ci, touchant le plus souvent le Anomalies des chromosomes sexuels
SNC et le muscle squelettique ou cardiaque, peuvent Si les chromosomes sexuels ne parviennent pas à se
provoquer des troubles héréditaires, avec une grande séparer normalement durant la méiose, les cellules filles
variété de signes et symptômes entraînant la mort. Des seront en nombre inadéquat : elles seront trop ou pas
mutations spontanées de cet ADN peuvent aussi survenir assez nombreuses. Un enfant né avec une telle anomalie
à l'âge adulte, provoquant l'apparition de maladies. Il n'aura pas un développement sexuel normal sans
existe des preuves que des mutations mitochondriales traitement et pourra être confronté à d'autres problèmes
sont associées à certaines formes de maladies importantes, comme des difficultés d'apprentissage.
par exemple le diabète sucré, les maladies de Parkinson
Syndrome de Turner. Ce syndrome est habituellement
et d'Alzheimer.
associé à la présence d'un seul chromosome sexuel, un X,
et de 22 paires d'autosomes normaux. Le caryotype est
Anomalies chromosomiques donc généralement XO, les personnes atteintes étant de
sexe féminin. Elles ont un appareil génital féminin ainsi
Parfois, une erreur durant la méiose produit un gamète
que des ovaires, mais elles sont stériles car le développe-
portant des chromosomes anormaux – trop ou pas assez
ment des ovaires ne s'est pas produit durant la vie fœtale ;
nombreux, de forme anormale, ou bien avec un manque
les caractéristiques sexuelles secondaires ne se déve-
de segments. Souvent, ces aberrations sont mortelles, et
loppent au moment de la puberté qu'avec l'administra-
une grossesse impliquant un tel gamète débouche sur une
tion d'estrogène. D'autres caractéristiques de ce syndrome
fausse couche aux stades précoces. Les affections non
sont une petite taille et la coarctation de l'aorte (dans
mortelles comprennent la trisomie 21 et le syndrome du
15 % des cas, p. 138). L'intelligence est habituellement
cri du chat.
normale.
Trisomie 21 Syndrome de Klinefelter. Le caryotype, dans ce syn-
Dans cette maladie, il existe trois copies du chromosome 21 ; drome, est XXY ; les personnes atteintes sont donc de sexe
cela signifie qu'un chromosome supplémentaire est masculin, avec 47 chromosomes au lieu de 46. Cette affec-
présent, du fait de l'échec de la séparation normale des tion est plus fréquente que le syndrome de Turner. Elle
chromosomes durant la méiose. Les personnes ayant la est associée à une taille plus grande que la moyenne et
trisomie 21 sont habituellement de petite taille, avec des des difficultés modérées d'apprentissage. L'appareil géni-
plis palpébraux prononcés et un visage plat et rond. La tal est masculin mais les testicules ne sont pas développés
langue peut être trop grande pour la bouche et est et les personnes atteintes sont stériles. Au moment de la
habituellement tirée. Il existe une difficulté d'apprentissage, puberté, le développement de caractéristiques féminines
qui va de légère à sévère. L'espérance de vie est plus comme l'apparition de seins volumineux (gynécomastie)
courte que la normale, avec une incidence accrue par et d'un bassin élargi est courant. Le développement de
rapport à la moyenne de maladies cardiovasculaires et caractéristiques sexuelles masculines n'est possible
respiratoires ainsi qu'une incidence accrue de démence qu'avec l'administration de testostérone.
476
CHAPITRE
18
Les systèmes de reproduction
Système de reproduction féminin 478 Maladies sexuellement transmises 495
Organes génitaux externes (vulve) 478 Maladies du système de reproduction féminin 496
Organes génitaux internes 479 Maladie inflammatoire pelvienne (MIP) 496
Vagin 479 Affections de l'utérus 496
Utérus 480 Affections des trompes utérines et des ovaires 497
Trompes utérines 482 Stérilité féminine 497
Ovaires 483 Affections du sein 497
Puberté féminine 484
Maladie du système de reproduction masculin 498
Cycle de la reproduction 484
Infections du pénis 498
Ménopause 486
Infections de l'urètre 498
Seins 487
Épididyme et testicule 498
Système de reproduction masculin 487 Prostate 499
Scrotum 488 Sein 499
Testicules 488 Stérilité masculine 499
Vésicules séminales 490
Conduits éjaculateurs 490
Prostate 490
Urètre et pénis 490
Éjaculation 491
Puberté masculine 492
Développement humain 492
Vieillissement et système de reproduction 493
SECTION 4 Protection et survie
Grande lèvre
Petite lèvre
Les fonctions du système de reproduction féminin
Orifice vaginal
sont :
• la formation des ovules ;
• la réception des spermatozoïdes ; Région
• la fourniture d'un environnement adapté à la du périnée
fertilisation et au développement du fœtus ;
Anus
• la parturition (accouchement) ;
• la lactation, production de lait par le sein, qui fournit Figure 18.2 Les organes génitaux externes de la femme.
une nourriture complète à l'enfant au début de sa
vie.
Organes génitaux externes (vulve)
Les organes féminins de la reproduction, ou appa
reil génital féminin, comprennent des organes génitaux Les organes génitaux externes (fig. 18.2) sont appelés
externes et des organes génitaux internes (fig. 18.1). collectivement vulve
; ils comprennent les grandes
478
Les systèmes de reproduction CHAPITRE 18
lèvres et les petites lèvres, le clitoris, l'orifice vaginal, le iliaques internes, et par les artères pudendales externes,
vestibule, l'hymen et les glandes vestibulaires (glandes issues des artères fémorales.
de Bartholin).
Drainage veineux. Il forme un grand plexus, dont le sang
se draine finalement dans les veines iliaques internes.
Grandes lèvres
Il s'agit de deux grands replis, formant les limites de la Drainage lymphatique. Il se fait dans les nœuds ingui
vulve. Ils sont composés de peau, de tissu fibreux et de naux superficiels.
graisse ; ils contiennent un grand nombre de glandes
Innervation. Elle vient des nerfs pudendaux (honteux).
sébacées et sudoripares eccrines. En avant, les replis se
rejoignent devant la symphyse pubienne ; en arrière, ils
Périnée
fusionnent avec la peau du périnée. À la puberté, des
Le périnée est la région triangulaire allant de la base
poils poussent sur le mont du pubis et sur la face latérale
des petites lèvres au canal anal. Grossièrement
des grandes lèvres.
triangulaire, il est fait de tissu conjonctif, de muscles et
de graisse. Il donne attache aux muscles du plancher
Petites lèvres
pelvien (p. 453).
Il s'agit de deux replis cutanés plus petits, situés entre les
grandes lèvres, contenant de nombreuses glandes séba
cées et sudoripares eccrines. Organes génitaux internes
Le vestibule est la fente entre les petites lèvres. Le vagin,
l'urètre et les canaux excréteurs des glandes vestibulaires Les organes internes du système de reproduction féminin
s'ouvrent dans le vestibule. (fig. 18.3 et 18.4) siègent dans la cavité pelvienne ; il s'agit
du vagin, de l'utérus, des deux trompes utérines et des
Clitoris deux ovaires.
Le clitoris est l'homologue féminin du pénis masculin ; il
contient des terminaisons nerveuses et du tissu érectile.
Vagin
Glandes vestibulaires
Le vagin est un conduit fibromusculaire bordé par un
Les glandes vestibulaires (glandes de Bartholin) sont situées
épithélium pavimenteux stratifié (fig. 3.19, p. 44) qui
chacune d'un côté, près de l'orifice vaginal. Elles ont à peu
s'ouvre dans le vestibule à son extrémité distale, le col de
près la taille d'un petit pois, et leur canal s'ouvre dans le
l'utérus faisant protrusion à son extrémité proximale. Il
vestibule, immédiatement latéralement à l'attache de l'hymen.
se dirige obliquement en haut et en arrière, selon un
Elles sécrètent du mucus, qui garde humide la vulve.
angle d'environ 45°, entre la vessie en avant et l'anus en
Vascularisation sanguine, drainage lymphatique arrière. Chez l'adulte, sa paroi antérieure est longue
et innervation d'environ 7,5 cm, et sa paroi postérieure d'environ 9 cm.
Apport de sang artériel. Il se fait par des branches des Cette différence est due à l'angle d'insertion du col utérin
artères pudendales (honteuses) internes, issues des artères dans le vagin.
Péritoine Sacrum
Trompe utérine
Cul-de-sac recto-utérin
Ovaire (de Douglas)
Utérus Fornix (cul-de-sac)
Cul-de-sac postérieur du vagin
vésico-utérin
Fornix antérieur Col
Rectum
Vessie
Os pubien Vagin
Clitoris
Petite lèvre S
Grande lèvre A P
Figure 18.3 Vue latérale des organes féminins de reproduction dans le pelvis, et les structures en rapport.
479
SECTION 4 Protection et survie
Ampoule
Infundibulum
avec des
Ligament rond franges
Ovaire
S
D G Vagin présentant
des replis
I
Hymen. L'hymen est une fine membrane muqueuse qui Innervation. Elle est faite de fibres parasympathiques
ferme partiellement l'orifice du vagin. Il est normalement sacrales et de fibres sympathiques venues des nerfs
incomplet, permettant le passage du flux menstruel, et il est splanchniques lombaux, ainsi que de fibres sensitives
étiré ou complètement tordu lors d'un rapport sexuel, de somatiques venues des nerfs pudendaux (honteux).
l'insertion d'un tampon ou au moment de l'accouchement.
Fonctions du vagin
Structure du vagin Le vagin est le réceptacle du pénis pendant la relation
sexuelle (coït), et il constitue une voie de passage élastique
Le vagin possède trois couches : une externe de tissu
que l'enfant traverse à sa naissance.
aréolaire, une moyenne de muscle lisse, et une interne
d'épithélium pavimenteux stratifié, formant des replis ou
crêtes. Il n'a pas de glandes sécrétoires, mais sa surface Utérus
reste humide grâce aux sécrétions du col utérin. Entre la L'utérus est un organe musculaire creux en forme de
puberté et la ménopause, Lactobacillus acidophilus est poire, aplati d'avant en arrière. Il siège dans la cavité
normalement présent ; cette bactérie sécrète de l'acide pelvienne, entre la vessie et le rectum (fig. 18.3).
lactique, qui maintient le pH entre 4,9 et 3,5. Cette acidité Chez la plupart des femmes, il est incliné en avant
inhibe la croissance de la plupart des autres micro- (antéversion) et incurvé en avant (antéflexion), presque à
organismes susceptibles d'entrer dans le vagin depuis le angle droit avec le vagin, si bien que sa paroi antérieure
périnée ou durant un rapport sexuel. repose en partie sur la vessie au-dessous, délimitant avec
elle le cul-de-sac vésico-utérin.
Quand la personne est debout, l'utérus est en position
Vascularisation sanguine, drainage lymphatique presque horizontale. Il est long d'environ 7,5 cm et large
et innervation d'environ 5 cm, avec une paroi d'environ 2,5 cm d'épais
Apport de sang artériel. Un plexus artériel est formé
seur. Il pèse de 30 à 40 g. Les parties de l'utérus sont le
autour du vagin, provenant des artères utérines et vagi
fond, le corps et le col (fig. 18.4).
nales, branches des artères iliaques internes.
Fond. C'est la partie de l'utérus en forme de dôme, au-
Drainage veineux. Un plexus veineux situé dans la paroi dessus de l'orifice de la trompe utérine de chaque côté.
musculaire se draine dans les veines iliaques internes.
Corps. C'est la partie principale. Il est rétréci à sa partie
Drainage lymphatique. Il se fait dans les nœuds iliaques inférieure, au niveau de l'ostium interne de l'utérus, où il
profonds et superficiels. est en continuité avec le col.
480
Les systèmes de reproduction CHAPITRE 18
Couche Couche
fonctionnelle basale
Endometrium
Artères spirales
Périmètre
Épithélium cylindrique
Myomètre
Figure 18.5 Couches de la paroi utérine. La ligne verte montre la limite entre les couches fonctionnelle et basale de l'endomètre.
Col. Il fait saillie dans le vagin, où il s'ouvre par l'ostium • La couche basale est contre le myomètre, et elle n'est
externe de l'utérus. pas perdue pendant la menstruation. C'est à partir
d'elle que la nouvelle couche fonctionnelle est
Structure de l'utérus
régénérée à chaque cycle.
La paroi utérine est faite de trois couches tissulaires : le
périmètre, le myomètre et l'endomètre (fig. 18.5). Les deux tiers supérieurs du canal cervical sont bor
dés par cette membrane muqueuse. Toutefois, plus bas,
Périmètre. Il s'agit du péritoine, distribué différemment
la muqueuse du col se modifie, devenant un épithélium
sur les diverses surfaces de l'utérus (fig. 18.4).
pavimenteux stratifié, en continuité avec celui bordant le
En avant, il est situé sur le fond et le corps, où il se
vagin lui-même.
réfléchit sur la face supérieure de la vessie. Ce repli péri
tonéal forme le cul-de-sac vésico-utérin.
En arrière, le péritoine recouvre le fond, le corps et le
col, puis il se replie sur le rectum pour former le cul-de-sac Vascularisation sanguine, drainage lymphatique
recto-utérin (de Douglas). et innervation
Latéralement, seul le fond est recouvert car le péritoine Apport de sang artériel. Il se fait par les artères uté
forme un double repli dont le bord libre est occupé de rines, branches des artères iliaques internes. Chaque
chaque côté par le tube utérin (NdT : trompe utérine). Ce artère longe la face latérale de l'utérus entre les deux
double repli est le ligament large qui, par son extrémité laté feuillets péritonéaux du ligament large. Elle vascula
rale, rattache l'utérus à la paroi pelvienne homolatérale. rise l'utérus et la trompe utérine du même côté, et,
avec l'artère ovarique homolatérale, elle vascularise
Myomètre. C'est une épaisse couche musculaire dans la l'ovaire.
paroi utérine. Il s'agit d'une masse de fibres musculaires
lisses entrelacées, séparées par du tissu conjonctif, conte Drainage veineux. Les veines suivent le même chemin
nant des vaisseaux sanguins et des nerfs. que les artères, et le sang veineux se draine finalement
dans les veines iliaques internes.
Endomètre. Il s'agit d'un épithélium cylindrique recouvrant
une couche de tissu conjonctif contenant un grand nombre
Drainage lymphatique. Des vaisseaux lymphatiques
de glandes tubulaires sécrétant du mucus. Il est richement
superficiels et profonds drainent la lymphe de l'utérus et
vascularisé par des artères spirales, branches de l'artère uté
des trompes utérines dans les nœuds lymphatiques aor
rine. Il est fonctionnellement divisé en deux couches.
tiques et dans des groupes de nœuds lymphatiques asso
• La couche fonctionnelle est la couche supérieure, qui ciés aux vaisseaux sanguins iliaques.
s'épaissit et devient plus riche en vaisseaux sanguins
dans la première moitié du cycle menstruel. Si l'ovule Innervation. Les nerfs de l'utérus et des trompes sont des
n'est pas fertilisé et ne s'implante pas, cette couche fibres parasympathiques sacrales et des fibres sympa
desquame pendant la menstruation. thiques des nerfs splanchniques lombaux.
481
SECTION 4 Protection et survie
Follicule ovarique
Mésovarium mature
Ovule
Liqueur folliculaire
Figure 18.7 Coupe d'ovaire montrant les stades de développement d'un follicule ovarique.
Ovaires
Les ovaires (fig. 18.4) sont les gonades féminines (glandes
produisant les hormones sexuelles et les ovules) ; ils
siègent chacun dans une fosse peu profonde, sur la paroi
latérale du pelvis. Ils ont 2,5 à 3,5 cm de long, 2 cm
de large et 1 cm d'épaisseur. Chacun est attaché à la partie
supérieure de l'utérus par le ligament ovarien, et à l'arrière
du ligament large par une large bande de tissu,
le mésovarium. Des vaisseaux sanguins et des nerfs
atteignent l'ovaire par le mésovarium (fig. 18.7).
Phase proliférative
À ce stade, un follicule ovarique, stimulé par la FSH,
évolue vers la maturation et produit des estrogènes.
Ceux-ci stimulent la prolifération de la couche fonction
nelle de l'endomètre, la préparant à recevoir un ovule
fertilisé. L'endomètre devient plus épais en raison d'une
multiplication cellulaire rapide avec augmentation du
nombre de glandes sécrétant du mucus et de capillaires
Flux Phase Phase sanguins. Des taux élevés d'estrogène déclenchent la
menstruel proliférative sécrétoire
4 jours 10 jours 14 jours
libération de LH, à peu près à la moitié du cycle. Cette
libération de LH déclenche l'ovulation, qui marque la fin
C
de la phase proliférative.
Cycle
hormonal Progestérone Inhibine Phase sécrétoire
ovarien Après l'ovulation, la LH issue de l'antéhypophyse stimule
Estrogènes
le développement du corps jaune à partir du follicule
rompu ; cela produit de la progestérone, une certaine quan
tité d'estrogènes et de l'inhibine. Sous l'influence de la pro
1 14 28
jours gestérone, l'endomètre devient œdémateux et les glandes
D sécrétoires produisent des quantités croissantes de mucus
aqueux. Cela contribue au passage des spermatozoïdes par
Figure 18.10 Résumé d'un cycle de la reproduction féminin. l'utérus pour gagner les trompes utérines, où se fait habi
A. Cycle ovarien ; maturation du follicule et développement tuellement la fertilisation de l'ovule. Il se produit une aug
du corps jaune. B. Cycle de l'hypophyse antérieure ; taux de LH et
mentation semblable de la sécrétion de mucus par les
de FSH. C. Cycle utérin ; phases menstruelle, proliférative et
sécrétoire. D. Cycle hormonal ovarien ; taux d'estrogènes, glandes des trompes utérines et par les glandes cervicales
d'inhibine et de progestérone. qui lubrifient le vagin.
L'ovule survit sous une forme fertilisable très peu de
temps après l'ovulation, probablement aussi peu de temps
que 8 heures. Les spermatozoïdes, déposés dans le vagin
La durée moyenne du cycle est d'environ 28 jours. pendant le coït, ne sont capables de fertiliser l'ovule que
Par convention, les jours du cycle sont numérotés à pendant 24 heures, bien qu'ils puissent survivre plu
partir du début de la phase menstruelle, qui dure envi sieurs jours. Cela veut dire que la période de chaque cycle
ron 4 jours. Celle-ci est suivie par la phase proliférative durant laquelle la fertilisation peut se produire est relati
(d'environ 10 jours) puis par la phase sécrétoire (d'envi vement brève. Le moment de l'ovulation peut être déter
ron 14 jours). miné en observant certaines modifications corporelles se
485
SECTION 4 Protection et survie
• perte de pilosité axillaire et pubienne ; fig. 3.41) dans le sein pour appuyer la production de lait ;
• atrophie des organes sexuels ; celui-ci disparaît après la lactation.
• épisodes d'anomalies comportementales, par exemple Mamelon. Il s'agit d'une petite éminence conique au
d'irritabilité, de changements d'humeur ; centre du sein, entourée d'une aire pigmentée, l'aréole. De
• amincissement progressif de la peau ; nombreuses glandes sébacées sont présentes à la surface
• baisse de la masse osseuse prédisposant à de l'aréole (glandes aréolaires, tubercules de Montgomery),
l'ostéoporose (p. 458) ; qui lubrifient les mamelons pendant la lactation.
• augmentation lente du taux de cholestérol sanguin,
favorisant la survenue de troubles cardiovasculaires, Vascularisation sanguine, drainage lymphatique
troubles dont le risque de survenue est plus grand et innervation
chez les femmes postménopausées que chez les Apport de sang artériel. Le sein est vascularisé par les
hommes du même âge. branches thoraciques de l'artère axillaire, ainsi que par
des branches de l'artère mammaire interne (l'artère tho
Des modifications semblables apparaissent après irra
racique interne) et d'artères intercostales.
diation ou exérèse chirurgicale bilatérale des ovaires.
Drainage veineux. Il décrit un cercle anastomotique
Seins autour de la base du mamelon, d'où partent des branches
amenant le sang à la circonférence et qui se terminent
Les seins, ou glandes mammaires, sont des glandes dans les veines axillaire et mammaire.
accessoires du système de reproduction féminin. Elles Drainage lymphatique (voir fig. 6.1, p. 142). Il se fait
sont présentes aussi chez l'homme, mais seulement sous principalement dans les vaisseaux et les nœuds lympha
une forme rudimentaire. tiques axillaires. La lymphe peut se drainer dans les nœuds
Structure du sein mammaires internes si la voie superficielle est bloquée.
Les glandes mammaires (fig. 18.12) sont faites de quantités Innervation. Les seins sont innervés par des branches des
variables de tissu glandulaire, permettant la production 4e, 5e et 6e nerfs thoraciques, qui contiennent des fibres
de lait, soutenues par du tissu adipeux et du tissu sympathiques. Le sein contient de nombreuses terminai
fibroconjonctif reliant le sein à la paroi thoracique. sons nerveuses sensitives somatiques, en particulier
Chaque sein comporte environ 20 lobes, chacun conte autour du mamelon. Quand ces récepteurs du toucher
nant un certain nombre de structures globulaires appelées sont stimulés par la succion, des influx nerveux sont
lobules, où le lait est produit. Les lobules s'ouvrent dans transmis jusqu'à l'hypothalamus, et la sécrétion réflexe
de minuscules conduits lactifères, qui drainent le lait vers le d'ocytocine est stimulée, entraînant la libération de lait.
mamelon. Des tissus de soutien adipeux et conjonctifs
parcourent le sein, autour des lobules, et le sein lui-même Fonction du sein
est recouvert de graisse sous-cutanée. Au cours de l'allai
tement, du tissu glandulaire prolifère (hyperplasie, voir Chez la femme, les seins sont petits et immatures jusqu'à la
puberté. Ensuite, ils grossissent et se développent sous
l'influence des estrogènes et de la progestérone. Pendant la
grossesse, ces hormones stimulent une croissance
Graisse supplémentaire des seins. Après la naissance de l'enfant, la
Conduits
prolactine (p. 234) sécrétée par la glande pituitaire antérieure
lactifères
stimule la production de lait, et l'ocytocine (p. 234) de la
posthypophyse stimule la libération de lait en réponse à la
stimulation du mamelon par la succion qu'exerce le bébé,
Lobules
selon un mécanisme de rétroaction positive.
Aréole du
mamelon
S
A Péritoine
P
I Sacrum
Urètre
Scrotum,
Gland du pénis contenant les testicules
Tunique
vaginale
Tête de
Tunique Cordon Tunique l’épididyme
vaginale spermatique albuginée
Conduit
Peau Septum déférent
du
Épididyme testicule
Ductules
efférents
Muscle lisse
Tubes
séminifères Corps de
l’épididyme
Septum
du scrotum
Lobules
Lobule
Tunique
vasculaire Conduit
déférent
Tunique
albuginée
Tubes séminifères Tubes séminifères
A B contournés droits
Figure 18.14 Le testicule. A. Une coupe du testicule et de ses enveloppes. B. Une coupe longitudinale d'un testicule et du conduit déférent.
Prostate Pénis
Urètre Le pénis (fig. 18.17) a une racine et un corps. La racine
ancre le pénis dans le périnée, et le corps est la partie
Figure 18.16 Coupe de la prostate et structures de la
externe, visible et mobile, de l'organe. Il est formé de trois
reproduction associées, d'un seul côté. masses cylindriques de tissu érectile, ainsi que de muscle
490
Les systèmes de reproduction CHAPITRE 18
Face antérieure
Gland du pénis
Peau Tissu conjonctif
Corps spongieux
Corps caverneux
Corps caverneux
Urètre
Urètre
Corps spongieux
A
Bulbe
du pénis
Membrane
A périnéale
Sphincter Espaces
vasculaires
urétral (remplis de
Corps interne sang durant
caverneux l’érection)
Corps
Bulbe
spongieux
du pénis
B
Urètre
Scrotum Figure 18.18 Le pénis. A. Coupe transversale (micrographie).
Gland
du pénis B. Tissu érectile (microscopie à balayage électronique).
Prépuce
Sphincter
urétral
externe pénis pour la première, et s'oppose à son départ pour la
B seconde. Le pénis devient par conséquent gorgé de sang
et en érection, prérequis essentiel pour le coït.
Figure 18.17 Le pénis. A. Vu par au-dessous. B. Vu de côté.
Éjaculation
lisse. Le tissu érectile est soutenu par du tissu fibreux, Durant l'éjaculation, qui se produit lors de l'orgasme
et recouvert par de la peau ; il reçoit un riche apport masculin, des spermatozoïdes sont éjectés de l'épididyme,
sanguin. traversent le conduit déférent, le conduit éjaculateur et
Les deux colonnes cylindriques de tissu érectile sont l'urètre. Le sperme est propulsé par une puissante
appelés corps caverneux, et la colonne entre eux (NdT : à contraction rythmique du muscle lisse de la paroi du
leur partie ventrale) est le corps spongieux (fig. 18.18A). Le conduit déférent ; les contractions musculaires sont
pénis présente à son extrémité une structure triangulaire contrôlées par le sympathique. Le muscle de la paroi des
appelée gland du pénis. Juste au-dessus du gland, la peau vésicules séminales et celui de la prostate se contractent
est repliée sur elle-même, formant une double couche aussi, ajoutant le contenu de ces organes au liquide
mobilisable appelée prépuce. Le sang artériel est amené de traversant les conduits génitaux. La force générée par ces
chaque côté par les artères profonde, dorsale et bulbaire processus combinés conduit à l'émission de sperme à
du pénis, nées de l'artère pudendale (honteuse) interne. travers le sphincter urétral externe (fig. 18.19).
Une série de veines drainent le sang vers les veines Le sperme ne constitue que 10 % de l'éjaculat final ; le
pudendales internes, puis les veines iliaques internes. reste est principalement constitué des liquides des vési
Le pénis est innervé par des nerfs somatiques et par des cules séminales (50 à 60 %) et de la prostate (20 à 30 %),
nerfs autonomiques. La stimulation parasympathique ajoutés au sperme pendant l'orgasme masculin, ainsi que
entraîne le remplissage sanguin du tissu spongieux érec du mucus produit par l'urètre. Le sperme est légèrement
tile (fig. 18.18B), en raison de la dilatation artériolaire et alcalin pour neutraliser l'acidité du vagin. Entre 2 et 5 ml
de la constriction veineuse, qui accroît l'apport de sang au de sperme sont présents dans un éjaculat normal, et ils
491
SECTION 4 Protection et survie
Conduit déférent
Vessie
Vesicule séminale
Conduit éjaculateur
Prostate
Corps caverneux
Urètre
Conduit déférent
Corps spongieux dans le cordon
spermatique
Épididyme
Scrotum
Gland du pénis Testicule
S
A P
I Sphincter Prépuce
urétral
externe
Figure 18.19 Coupe des organes masculins de reproduction. Les flèches indiquent la voie prise par les spermatozoïdes pendant
l'éjaculation.
semaine, et environ 10 jours après la fertilisation, il est 12 semaines est très similaire à un fœtus de 40 semaines,
fermement enchâssé dans la muqueuse utérine. Durant même s'il est bien plus petit.
ce temps, il subit des divisions cellulaires rapides et
répétées. Au moment où il s'implante dans l'endomètre, Fin de la grossesse
il est devenu un blastocyte, une balle creuse comportant Les six derniers mois de grossesse sont principalement
70 à 100 cellules. Le blastocyte contient une masse interne consacrés à la croissance rapide du fœtus en vue de la
de cellules, qui se développe pour devenir un fœtus avec préparation à la naissance et à la vie indépendante.
son sac amniotique, un sac membranaire qui l'enferme. La Le tableau 18.1 résume certains des principaux repères
couche externe, le trophoblaste, devient une importante du développement embryonnaire/fœtal.
couche du placenta (p. 121).
Alimentation durant la croissance intra-utérine. Aux Vieillissement et système
stades précoces, l'embryon est suffisamment petit pour
qu'une simple diffusion suffise pour nourrir les cellules en de reproduction
cours de division. Mais comme la croissance embryonnaire
est très rapide, cela devient rapidement insuffisant et, entre Objectifs pédagogiques
la 3e et la 10e semaine de grossesse, le placenta se déve
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
loppe, fermement attaché à la paroi utérine. Le fœtus est capable :
attaché au placenta par le cordon ombilical, et il absorbe
l'oxygène et les nutriments à partir du flux sanguin mater ■ de décrire les effets du vieillissement sur le système
nel, tout comme il excrète des déchets. de reproduction féminin ;
■ de décrire les effets du vieillissement sur le système
Les trois premiers mois de reproduction masculin.
Un nouveau-né est composé de millions de cellules et de
nombreux tissus différents, tous s'étant développés à
partir du zygote unicellulaire formé au moment de la
fertilisation. La différenciation de cellules en tissus Vieillissement et reproduction chez la femme
spécialisés ainsi que l'organisation de ces tissus spécialisés Habituellement entre l'âge de 45 et 55 ans, l'apport ovarien
en systèmes corporels sont largement achevées durant les d'ovocytes cesse et, par conséquent, les estrogènes qu'ils
12 premières semaines de gestation. Un fœtus de sécrètent déclinent. À ce moment-là, le cycle de la
9 346 mm 3,2 kg À la naissance, beaucoup de systèmes sont immatures mais fonctionnels. Certaines adaptations importantes
à la vie indépendante sont requises, par exemple dans la fonction cardiovasculaire et respiratoire (p. 122)
493
SECTION 4 Protection et survie
494
Les systèmes de reproduction CHAPITRE 18
l'estrogénothérapie ou une tumeur ovarienne. Elle est cicatriciel peuvent toucher les trompes utérines, ce qui
parfois associée à un risque accru de développement peut entraîner une obstruction et la stérilité. L'infection
cancéreux. peut s'étendre au péritoine et atteindre les ovaires.
Carcinome endométrial
Grossesse extra-utérine
Il s'observe principalement chez des femmes n'ayant jamais
été enceintes, et surtout chez celles âgées de 50 à 60 ans. Il s'agit de l'implantation d'un ovule fertilisé ailleurs que
L'incidence de ce carcinome est accrue en cas de tumeur dans l'utérus, habituellement dans une trompe utérine.
sécrétant des estrogènes, et chez les femmes obèses, Avec la croissance du fœtus, la trompe se rompt, et son
hypertendues ou diabétiques, qui ont tendance à avoir un contenu passe dans la cavité péritonéale, entraînant une
taux sanguin élevé d'estrogènes. La tumeur grossissant, il inflammation aiguë (péritonite) et une hémorragie
existe souvent une ulcération et un saignement vaginal. intrapéritonéale potentiellement mortelle.
L'endomètre n'a pas de lymphatiques, et de ce fait
l'extension par voie lymphatique n'apparaît qu'après Tumeurs de l'ovaire
extension locale à d'autres structures pelviennes. Des La plupart des tumeurs ovariennes sont bénignes,
métastases par voie lymphatique ou sanguine apparaissent observées entre 20 et 45 ans. Les autres surviennent
tardivement ; elles touchent habituellement le foie, les principalement entre 45 et 65 ans, de malignité limite
poumons et les os. L'envahissement urétral entraîne une (cancer de bas grade) ou franche.
hydronéphrose, et une insuffisance rénale (en cas d'atteinte Le cancer des ovaires prédomine dans les sociétés
bilatérale), qui est la cause habituelle de la mort. développées, les groupes de niveau socioéconomique
élevé, et il existe, dans certaines familles, une vulnérabi
Affections du myomètre lité génétique. La grossesse et l'usage d'une pilule contra
Adénomyose utérine ceptive ont un effet protecteur. La plupart des tumeurs
C'est la croissance d'endomètre à l'intérieur du myomètre. de l'ovaire ont pour origine des cellules épithéliales, mais
Le tissu ectopique peut entraîner une augmentation dif certaines sont issues de cellules germinales de l'ovaire, ou
fuse ou localisée de l'utérus. Les lésions peuvent entraîner de cellules stromales.
une dysménorrhée, des hémorragies menstruelles, irré
gulières, excessives (ménorragies), puis aussi intermens Tumeurs ovariennes métastatiques
truelles (métrorragies), apparues habituellement entre 40 Les ovaires sont le siège fréquent de métastases venant
et 50 ans. de tumeurs malignes primaires d'autres organes pelviens,
du sein, de l'estomac, du pancréas et des voies biliaires.
Léiomyome (fibrome, myome) utérin
Cette tumeur bénigne du myomètre est très fréquente, Stérilité féminine
souvent multiple. Elle réalise une masse ferme de tissu
Cette affection courante peut relever :
musculaire lisse encapsulée, de taille très variable, dans
des fibres musculaires comprimées. Les grosses tumeurs • de l'obstruction des trompes utérines, souvent
peuvent dégénérer si leur vascularisation devient conséquence d'une maladie inflammatoire pelvienne
insuffisante, entraînant nécrose, fibrose et calcification. et/ou d'une infection sexuellement transmissible ;
Cette tumeur se développe durant la période de fertilité ; • d'un problème anatomique, par exemple rétroversion
elle peut être hormonodépendante, grossissant pendant de l'utérus (basculé en arrière) ;
la grossesse et sous traitement par contraceptif oral. Elle • d'un facteur endocrinien ; toute anomalie des glandes
tend à régresser après la ménopause. Les grosses tumeurs et des hormones intervenant dans le cycle menstruel
peuvent entraîner un inconfort pelvien, des mictions peut interférer avec la fertilité ;
fréquentes, des ménorragies et des saignements irréguliers • d'un faible poids corporel, par exemple dans
(métrorragies), une dysménorrhée et une réduction de la l'anorexie mentale, ou d'une malnutrition sévère,
fertilité. La transformation maligne est rare. et cela peut s'associer à de faibles taux de leptine
(p. 243) ;
• d'une endométriose.
Affections des trompes utérines
et des ovaires
Affections du sein
Salpingite aiguë
La salpingite est l'inflammation des trompes utérines. Elle Mastite (inflammation du sein)
est habituellement due à une infection venant de l'utérus, Cette affection est généralement associée à la lactation et
et seulement parfois à une infection venue de la cavité l'allaitement, et peut impliquer ou non une infection.
péritonéale. Des lésions permanentes par fibrose de tissu Habituellement, un seul sein est touché. La mastite non
497
SECTION 4 Protection et survie
infectieuse est la conséquence d'une stase dans le sein, et
provoque un œdème et des douleurs. Une infection (en Maladie du système
général par Staphylococcus aureus) peut survenir si le
mamelon est lésé durant la succion, ce qui permet aux
de reproduction masculin
bactéries de pénétrer dans les conduits lactifères et ainsi
Objectifs pédagogiques
de se répandre. Le plus souvent, l'affection répond bien
au traitement, mais des complications plus graves, telles Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être
qu'un abcès, peuvent survenir. capable :
■ d'indiquer les causes et les manifestations
Tumeurs du sein des infections du pénis et de l'urètre ;
Tumeurs bénignes ■ de décrire les principales lésions du testicule ;
La plupart (90 %) des tumeurs du sein sont bénignes. Les
■ de discuter les principaux troubles prostatiques ;
fibroadénomes sont les tumeurs les plus fréquentes,
apparues n'importe quand après la puberté ; leur incidence ■ d'énumérer les principales causes de stérilité
est maximale dans la troisième décennie de la vie. D'autres masculine.
tumeurs bénignes peuvent être kystiques ou solides,
touchant des femmes proches de la ménopause. La
prolifération cellulaire peut être épithéliale (NdT :
papillome canalaire, adénome), fibreuse (NdT : Infections du pénis
fibroadénome, où la prolifération intéresse à la fois le L'inflammation du gland et du prépuce peut être due à
stroma fibreux lobulaire et le tissu épithélial canaliculaire), une infection spécifique ou non spécifique. Dans les
ou sécrétoire. infections non spécifiques ou balanites, le manque
d'hygiène personnelle est un facteur prédisposant
Tumeurs malignes important, en particulier si un phimosis est présent, c'est-
Ces masses habituellement indolores sont situées dans le à-dire si l'orifice du prépuce est trop petit pour permettre
quadrant supéro-externe du sein. Une fibrose importante sa rétractation manuelle (« décalottage ») normale. Si
entoure la tumeur, pouvant entraîner la rétraction du l'infection devient chronique, le prépuce peut se fibroser,
mamelon, la nécrose et l'ulcération de la peau ce qui aggrave le phimosis.
sus-jacente.
L'extension précoce au-delà du sein se fait par voie
lymphatique aux nœuds axillaires et mammaires
Infections de l'urètre
internes. L'invasion locale concerne les muscles pec L'urétrite gonococcique est l'infection spécifique la plus
toraux et la plèvre. Des métastases par voie sanguine fréquente. L'infection non spécifique peut venir de la
peuvent se produire plus tardivement dans de nombreux vessie (cystite), ou être introduite lors d'un cathétérisme,
organes et dans les os, en particulier dans les vertèbres d'une cystoscopie ou d'une intervention chirurgicale. Les
lombales et thoraciques. Les causes du cancer du sein ne deux types d'infection peuvent diffuser par voie génitale
sont pas connues, mais le risque augmente avec l'âge, et à la prostate, aux vésicules séminales, à l'épididyme et au
l'exposition à des doses élevées d'estrogènes semble être testicule d'un côté ou des deux. Si l'infection devient
un facteur prédisposant. Les femmes ayant eu précoce chronique, la fibrose qui se développe peut entraîner un
ment des règles, une ménopause tardive, pas de gros rétrécissement de l'urètre ou son obstruction complète,
sesses ont un risque plus élevé que d'autres car elles ont responsable de rétention d'urine.
eu plus de cycles menstruels durant leur vie, et chaque
cycle menstruel amène avec lui la poussée d'estrogènes Épididyme et testicule
due à la phase proliférative du cycle (p. 485). Une compo
sante génétique est également probable, car les parentes Infections
proches ont un risque significativement accru de déve L'épididymite et l'orchite non spécifiques sont dues
loppement de ce cancer. Dans environ 15 % des cas, la habituellement à l'extension d'une infection de l'urètre,
maladie est liée à la présence d'une anomalie sur l'un des souvent après prostatectomie. Les microbes peuvent
deux gènes BRCA1 et BRCA2. Les femmes porteuses de diffuser soit par le conduit déférent (vas deferens), soit
l'un de ces gènes ont un risque très élevé (80 à 90 %) de par voie lymphatique.
développer la maladie, et il existe aussi un risque accru de
Épididymite spécifique. Elle est due habituellement à
cancer des ovaires et des intestins. Chez les femmes por
l'extension d'une urétrite gonococcique.
teuses de ces gènes, l'âge moyen où la maladie apparaît
est significativement moins élevé que chez celles n'ayant Orchite (inflammation du testicule). Elle est due le plus
pas le gène. Un pour cent de l'ensemble des cancers du souvent au virus des oreillons, amené par le sang (viré
sein concerne des hommes. mie) depuis les cellules épithéliales des voies aériennes
498
Les systèmes de reproduction CHAPITRE 18
supérieures par lesquelles le virus est entré dans l'orga vidange incomplète de la vessie favorise l'infection ;
nisme. Une inflammation aiguë avec œdème se déve celle-ci est susceptible de diffusion, entraînant une
loppe environ une semaine après l'apparition de la pyélonéphrite et d'autres complications. L'hypertrophie
tuméfaction parotidienne. Cette atteinte testiculaire est prostatique est fréquente après 50 ans, et elle touche
habituellement unilatérale ; quand elle est bilatérale, une jusqu'à 70 % des hommes de plus de 70 ans. Sa cause n'est
atteinte sévère de l'épithélium germinal peut entraîner la pas claire.
stérilité (NdT : l'orchite ourlienne se développe pratique
ment toujours après la puberté, touchant donc des ado
lescents, des adultes).
Tumeurs malignes de la prostate
Parmi les cancers chez l'homme, 7 % sont des carcinomes
de la prostate. Le risque augmente avec l'âge, mais le
Testicule non descendu (cryptorchidie) facteur précipitant les modifications malignes n'est pas
Le testicule se développe dans l'abdomen durant la vie connu, même si un élément hormonal pourrait être
intra-utérine, mais il descend dans le scrotum avant la impliqué. Au départ, la tumeur en cours de développement
naissance. S'il ne descend pas, ou s'il s'arrête en cours de provoque souvent des symptômes d'obstruction urinaire.
descente, le testicule est dit cryptorchide. En cas de Mais elle se diffuse rapidement et il existe parfois des
cryptorchidie bilatérale non corrigée, avec testicules indications de tumeurs secondaires, par exemple des
intra-abdominaux, la stérilité est probable, et le risque de douleurs du dos dues à des métastases osseuses, une
cancer du testicule est accru. perte de poids ou de l'anémie.
Hydrocèle Sein
C'est la forme de tuméfaction scrotale la plus fréquente,
due à l'accumulation de liquide séreux dans la tunique
Gynécomastie
vaginale. Le début peut être aigu et douloureux, ou Il s'agit d'une prolifération de tissu mammaire chez des
progressif. L'hydrocèle peut être congénitale, ou secondaire sujets de sexe masculin. Elle ne touche parfois qu'un seul
à une autre affection du testicule ou de l'épididyme. sein, et elle est bénigne. Elle atteint surtout des adolescents
et des hommes âgés, et elle est souvent associée à :
Tumeurs testiculaires • des troubles endocriniens, en particulier à des troubles
dus à de hauts niveaux d'estrogènes ;
La plupart des tumeurs testiculaires sont malignes, et ce
sont les tumeurs malignes les plus fréquentes chez l'adulte
• une cirrhose du foie (p. 357) ;
jeune. Elles touchent des enfants et des adultes jeunes
• une malnutrition ;
dont le testicule atteint n'est pas descendu, ou est
• la prise de certains médicaments, par exemple de
chlorpromazine, de spironolactone, de digoxine ;
descendu tardivement dans le scrotum. La tumeur tend
à rester longtemps localisée, mais elle finit par s'étendre
• au syndrome de Klinefelter, affection génétique
comportant une atrophie testiculaire avec
à des nœuds lymphatiques du pelvis et de l'abdomen, et
azoospermie.
de façon plus importante par voie sanguine. Des tumeurs
hormonosécrétantes se développent parfois, et elles
peuvent entraîner le développement précoce des garçons.
Tumeurs malignes
Les tumeurs malignes se développent chez un petit
Prostate nombre d'hommes, habituellement âgés. Un pour cent
Infections des cancers du sein touchent les hommes.
La prostatite aiguë est habituellement non spécifique, due
à une infection d'origine urétrale ou vésicale, souvent Stérilité masculine
après un cathétérisme, une cystoscopie, une dilatation La stérilité masculine peut être due :
urétrale ou une intervention chirurgicale. Une infection
chronique peut succéder à une atteinte aiguë. Une fibrose • à des troubles endocriniens ;
de la glande peut survenir pendant la guérison, entraînant • à l'obstruction des conduits déférents ;
un rétrécissement ou une obstruction de l'urètre. • au défaut d'érection ou d'éjaculation pendant les
rapports sexuels ;
• la vasectomie ;
à
Hypertrophie prostatique bénigne • à la suppression de la spermatogenèse par, par
L'hyperplasie prostatique peut entraîner une obstruction exemple, des radiations ionisantes, la chimiothérapie
du jet urinaire, entraînant une rétention d'urine. La anticancéreuse ou d'autres médicaments.
499
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Glossaire
Abcès Cavité remplie de pus dans un tissu Anion Ion chargé négativement
Abduction Mouvement du corps à l'écart de la ligne Antérieur(e) (ventral[e]) Décrit une partie du corps
médiane du corps plus proche de l'avant
Accommodation Mise au point des yeux pour voir des Anticorps Protéines défensives synthétisées par des
objets proches lymphocytes B en réaction à la présence d'antigènes
Acide Substance qui libère des ions hydrogène dans une Antigène Protéine qui stimule les défenses
solution immunologiques du corps
Acide aminé Blocs de protéines en construction Antimicrobien Substance ou mécanisme qui tue des
Acide désoxyribonucléique (ADN) Molécule où le code micro-organismes ou inhibe leur croissance
génétique est écrit, et qui est disposée à l'intérieur des Artère Vaisseau sanguin qui transporte le sang
chromosomes dans le noyau loin du cœur
Acide ribonucléique (ARN) Molécule utilisée pour Artériole Petite artère
transporter des informations génétiques de l'ADN Arythmie Rythme cardiaque anormal
aux ribosomes cytoplasmiques Atrophie Diminution de la taille des cellules
Acidose Situation au cours de laquelle le pH sanguin qui entraîne le rétrécissement d'un organe
chute en dessous de la normale ou d'une partie du corps
Adaptation Diminution de la réponse de récepteurs Auto-immunité Ciblage et parfois destruction de ses
sensoriels à une stimulation prolongée propres tissus par le système immunitaire
Adduction Mouvement du corps vers la ligne médiane Autorégulation Capacité d'un tissu de contrôler de
du corps façon indépendante son propre apport sanguin
Adénosine triphosphate (ATP) Stockage moléculaire Autorythmicité Capacité d'un tissu de générer ses
d'énergie chimique pour des réactions chimiques propres signaux électriques
Adhérences Fusion de deux couches de tissu avec du Autosome Un des chromosomes des paires 1 à 22
tissu fibreux, généralement après une inflammation (c'est-à-dire tous sauf les chromosomes sexuels)
Adventice Couche extérieure, de soutien des vaisseaux Bactérie Micro-organisme unicellulaire, courant dans
sanguins l'environnement externe ; certains peuvent provoquer
Aérobie Nécessitant de l'oxygène une maladie
Afférent(e) Transportant vers un organe Barorécepteur Récepteur sensoriel sensible
Aigu(ë) D'apparition soudaine à la pression (étirement)
Alcalins Substances qui acceptent des ions hydrogène Barrière sang–cerveau Terme collectif donné aux
sous forme liquide ou en solution adaptations physiologiques dans le système nerveux
Alcalose Situation au cours de laquelle le pH sanguin central qui évite que de nombreuses substances
s'élève au-dessus de la normale transportées par le sang ne l'atteignent
Allèle Forme d'un gène porté sur un chromosome Bénin (bénigne) Affection non cancéreuse ou sans
Alvéole Sacs alvéolaires des poumons ; également les gravité pour laquelle un traitement peut être requis
sacs sécrétant le lait dans les glandes mammaires Bradycardie Rythme cardiaque anormalement lent
Anabolisme Synthèse de grosses molécules à partir de Bronchodilatation Dilatation des bronches
molécules plus petites et des bronchioles
Anaérobie Ne nécessitant pas d'oxygène Capillaire Minuscule vaisseau sanguin, entre l'artériole
Anaphase Troisième phase de la mitose et la veinule, dont les parois fuient pour favoriser
Anaphylaxie La forme la plus sévère d'une l'échange de substances entre le sang et les tissus
allergie, avec de multiples effets systémiques Carcinogène Substance à l'origine d'un cancer
potentiellement mortels Carcinome Tumeur formée à partir de tissu épithélial
Anastomose Vaisseau sanguin (à l'exception des Caryotype Présentation photographique des
capillaires) réunissant deux vaisseaux sanguins chromosomes d'une cellule sous forme de paires en
Anévrisme Faiblesse dans la paroi d'une artère ordre de taille décroissant
501
GLOSSAIRE
Pouls Onde de pression générée par le cœur, pouvant Radiation Transmission d'énergie par ondes
être palpée le long d'une paroi artérielle au niveau Récepteur Molécule, habituellement à la surface
où l'artère est proche de la surface corporelle cellulaire, qui détecte les substances chimiques et
Précharge Quantité de sang dans le ventricule juste y réagit dans l'environnement cellulaire extérieur ;
avant la contraction ventriculaire, principalement par exemple un neurotransmetteur. Également une
déterminée par le retour veineux terminaison nerveuse sensorielle qui détecte les
Presbyacousie Perte irréversible de l'audition, modifications physiologiques de l'environnement
habituellement due au vieillissement, qui entraîne la local ; par exemple un barorécepteur mesurant
dégénérescence de la cochlée et commence par une la pression
incapacité d'entendre les sons aigus Récessif(ve) En génétique, forme d'un gène qui ne peut
Presbytie Durcissement du cristallin, habituellement être exprimée que si elle est présente en deux formes
dû au vieillissement, qui altère la capacité de l'œil identiques sur la paire de chromosome
d'accommoder Réflexe spinal Action involontaire, habituellement de
Pression artérielle diastolique Pression artérielle protection, contrôlée au niveau de la moelle spinale
enregistrée dans la circulation systémique (donc indépendante du cerveau)
(habituellement au bras) quand la pression est à Réfraction Courbure des rayons lumineux alors
la plus faible, correspondant au relâchement du qu'ils passent à travers une lentille, par exemple
myocarde ; la plus faible des deux mesures prises dans le cristallin
pour enregistrer la pression artérielle Résistance périphérique Force contre laquelle le sang
Pression artérielle systolique Pression artérielle doit pousser pour passer à travers la circulation
enregistrée dans la circulation systémique artérielle ; principalement déterminée par le diamètre
(habituellement au bras) quand la pression est la des artérioles
plus élevée, immédiatement après la contraction Respiration externe Échange gazeux dans les poumons
ventriculaire ; la plus élevée des deux mesures prises Respiration interne Échange gazeux dans les tissus
pour enregistrer la pression artérielle Réticulocyte Globule rouge immature
Pression différentielle Différence entre la pression Rétroaction négative (système de) Mécanisme de
diastolique et la pression systolique contrôle physiologique qui corrige les déviations par
Pression hydrostatique Pression exercée par un liquide rapport à la normale
sur les parois de son contenant, par exemple du sang Rétroaction positive (système de) Mécanisme de
sur les parois des vaisseaux sanguins contrôle physiologique qui entraîne une déviation
Pression osmotique Pression exercée par l'eau dans une progressive des valeurs normales ; les exemples sont
solution limités mais comprennent la stimulation du muscle
Profond(e) Une structure corporelle qui n'est pas près utérin durant l'accouchement
de la surface corporelle Rétropéritonéal Situé à l'arrière du péritoine
Pronation Fait de tourner les paumes vers l'arrière Rotation Mouvement d'une partie du corps autour de
Pronostic Issue probable d'une maladie son grand axe
Propagation simple Conduction continue d'un influx le Rythme circadien Fluctuation régulière et prévisible de
long d'une fibre nerveuse non myélinisée la fonction physiologique sur 24 heures
Prophase Première phase de la mitose Sel Produit de la réaction entre un acide et une base
Protéine Gros polypeptide Semi-perméabilité (perméabilité sélective) Propriété
Protéine plasmatique Partie d'un groupe de protéines des membranes cellulaires permettant le passage de
importantes synthétisées par le foie, transportée dans certaines substances mais pas d'autres
le plasma, et ayant diverses fonctions physiologiques, Sénescence Vieillissement cellulaire et déclin
par exemple en tant qu'anticorps ou que protéines de fonctionnel qui l'accompagne
la coagulation Signe Anomalie observée par une personne
Proximal(e) Plus proche de l'origine d'une partie du autre que le patient
corps ou d'un point d'insertion d'un membre Sphincter Cercle musculaire entourant une voie ou un
Puberté Période de la vie chez l'homme et la femme orifice interne, utilisé pour réguler le passage à travers
au cours de laquelle la maturité des organes l'ouverture
reproducteurs est atteinte Squelette axial Le crâne, la colonne vertébrale,
Pyrexie Fièvre le sternum et les côtes
Pyrogène Substance à l'origine d'une fièvre Squelette des membres (appendiculaire) Ceinture
Radiation ionisante Radiation qui génère des ions scapulaire, membres supérieurs, ceinture pelvienne et
lorsqu'elle traverse des atomes ; peut léser les cellules membres inférieurs
en modifiant les atomes des molécules qui constituent Superficiel(le) Près de la surface corporelle
le tissu vivant ; par exemple les rayons X Supérieur(e) Vers la partie située en haut du corps
506
GLOSSAIRE
Supination Fait de tourner les paumes vers l'avant Transcription (génétique) Production d'ARNm à partir
Symptôme Anomalie décrite par le patient d'ADN
Synapse Jonction entre un nerf et la cellule qu'il innerve Transport actif Mouvement de substances à travers
Syndrome Cortège de signes et de symptômes qui une membrane cellulaire, jusqu'au gradient de
tendent à apparaître en même temps concentration, et nécessitant de l'énergie
Système nerveux central Cerveau et moelle spinale Transport passif Toute forme de transport dans le corps
Système nerveux parasympathique Division du ne nécessitant pas l'utilisation d'énergie
système nerveux autonome qui prépare le corps au Tumeur Masse de cellules se développant aux dépens
« repos » et à la « réparation » des mécanismes de contrôle corporels normaux
Système nerveux périphérique Tissu nerveux ne Ulcère de décubitus Lésion de tissus superficiels
faisant pas partie du cerveau ni de la moelle spinale due à la pression prolongée et à l'interruption de la
Système nerveux sympathique Division du système vascularisation, habituellement sur une proéminence
nerveux autonome qui prépare le corps à « combattre osseuse
ou à fuir » Urine Déchet liquide constitué dans les reins
Systole Période de contraction du cœur ou de ses Vaisseau capacitatif Vaisseau qui peut se dilater et
chambres individuelles contenir de grandes quantités de sang de faible
Tachycardie Rythme cardiaque anormalement élevé pression sanguine (veines)
Tampon Substance qui résiste à une modification du pH Vaisseau résistif Vaisseau sanguin, habituellement une
des liquides corporels artériole, avec une épaisse couche de muscle lisse dans
Télomère Parties d'ADN non codé qui recouvrent et sa média, qui se resserre ou se dilate pour réguler le
protègent les extrémités de chaque chromosome flux sanguin et la pression artérielle
Télophase Quatrième et dernière phase de la mitose Vasoconstriction Diminution (rétrécissement) du
Tendon Bande de tissu fibreux qui relie le muscle à l'os diamètre d'un vaisseau sanguin
Tératogène Toute substance ou tout agent connu pour Vasodilatation Augmentation (dilatation) du diamètre
entraîner un développement fœtal anormal d'un vaisseau sanguin
Thrombose Formation inappropriée et pathologique Veine Vaisseau sanguin qui transporte le sang vers le cœur
de caillots sanguins stationnaires à l'intérieur des Veinule Petite veine
vaisseaux sanguins Ventilation alvéolaire Quantité d'air atteignant les
Thrombus Caillot sanguin stationnaire alvéoles à chaque inspiration
Tissu adipeux Tissu graisseux Virus Particule non vivante, pouvant entraîner une
Tissu cicatriciel Tissu non fonctionnel qui remplace du maladie
tissu lésé Voie extrinsèque Processus de coagulation déclenché
Tissu de granulation Tissu nouvellement formé après par des tissus extravasculaires lésés
une lésion tissulaire Voie intrinsèque Processus de coagulation déclenché
Tolérance Capacité du système immunitaire et de ses par des vaisseaux sanguins lésés
cellules et mécanismes de défense d'identifier, et non Voie métabolique Séquence d'étapes métaboliques
d'attaquer, ses propres tissus dans la chimie cellulaire
Tractus Faisceau d'axones dans le système nerveux Volontaire (contrôle) Contrôle conscient des fonctions
central corporelles
Traduction (génétique) Production de protéines à Zygote Œuf fertilisé formé par la fusion d'un ovule et
partir d'ARNm d'un spermatozoïde
507
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Valeurs normales
Note. Certaines mesures biologiques sont tirées du texte, et
elles sont indiquées ici pour être facilement retrouvées. Dans
certains cas, des valeurs normales légèrement différentes
peuvent être trouvées dans d'autres textes, et être utilisées par
des praticiens.
10−15 femto f
509
VALEURS NORMALES
Fréquence cardiaque
Au repos 60 à 80/min Besoins quotidiens en vitamines pour les adultes
Bradycardie sinusale < 60/min
Vitamine Besoins quotidiens
Tachycardie sinusale > 100/min
Liposolubles
Vitamine B1 0,8–1 mg
Numération globulaire – formule sanguine Vitamine B2 12–17 mg
Leucocytes 4 × 109/l à 11 × 109/l
Vitamine B6 1,2–1,4 mg
Neutrophiles 2,1 × 109/l à 7,5 × 109/l
Éosinophiles 0,04 × 109/l à 0,44 × 109/l Vitamine B12 1,5 mg
Basophiles 0,015 × 109/l à 0,1 × 109/l Acide folique 200 mcg
Monocytes 0,2 × 109/l à 0,8 × 109/l
Acide pantothénique 3–7 mg
Lymphocytes 1,5 × 109/l à 3,5 × 109/l
Érythrocytes Biotine 10–20 mcg
Femmes 3,8 × 1012/l à 5 × 1012/l Vitamine C 40 mg
Hommes 4,5 × 1012/l à 6,5 × 1012/l
Plaquettes 200 × 109/l à 350 × 109/l
Urine
Alimentation Densité spécifique 1,020 à 1,030
1 kilocalorie (kcal) = 4,182 kilojoules (kJ) Volume excrété 1000 à 1500 ml/jour
1 kilojoule = 0,24 kilocalories (kcal) Glucose : normalement absent, mais apparaît dans l'urine
si le taux du glucose dans le sang dépasse 9 mmol/l
Proportion
recommandée
Températures corporelles
dans Normale 36,8 °C : axillaire
Source d'énergie Énergie libérée l'alimentation Hypothermie ≤ 35 °C : température centrale
Hydrates de 1 g = 17 kJ = 4 kcal 55–75 % Mort quand 25 °C
carbone
Pression du liquide cérébrospinal
Protéines 1 g = 17 kJ = 4 kcal 10–15 % En position couchée sur le côté : 60–180 mmH2O
Graisses 1 g = 38 kJ = 9 kcal 15–30 %
Pression intraoculaire
1,3 à 2,6 kPa (10 à 20 mmHg)
510
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511
Index
A excrétion, 338
libération d'énergie, 338
expiré, 275
filtrage et nettoyage, 259, 264, 266
métabolisme, 338 humidification, 260, 261, 264, 266, 271
Abcès, 394 non essentiels, 295, 338 inspiré, 275
du poumon, 286 pool, 338 réchauffement, 259, 261, 264, 266, 271
pelvien, 348 Acides gras, 325, 339 résistance au flux, 273
sous-phrénique, 346, 348 Acides nucléiques, 28 voie de passage, 261
Abduction, 439, 442, 443, 445 Acide urique, 67, 331 Aire cérébrale/corticale
ABO, système de groupe sanguin, 71, 73 Acidobasique, équilibre, 26, 365, 370 auditive, 169
Absorption, 306, 334 Acidocétose, 252, 339 de Broca, 168
dans le gros intestin, 327 diabétique, 252 de Wernicke, 169
dans l'estomac, 321 Acidose, 26, 379 du goût, 169, 222
dans les villosités, 325 Acné vulgaire, 397 motrice, 167
dans l'intestin grêle, 325 Acouphènes, 224 olfactive, 169
par la peau, 392 Acquise, maladie, 19 pariéto-occipito-temporale, 169
Accident ischémique transitoire (AIT), 194 Acromégalie, 244 préfrontale, 169
Accident vasculaire cérébral, 128, 190, 194 Acromion, 432 prémotrice, 169
hypertension artérielle et, 139 ACTH. Voir Hormone sensitive, 168
Accommodation, 216 adrénocorticotrophique visuelle, 169, 214
des yeux à la lumière, 215, 216 Actine, 448 Albinos, 212
Accouchement, 231, 234 Action réflexe, 11, 176 Albumine, 66
Acétabulum, 434, 435, 444 Activateur de la prothrombine, 75 Alcalose, 26
Acétylcholine, 158 Addison, maladie d', 249 Alcool, apport en, 294
dans la transmission Addisoniennes, crises, 250 Aldostérone, 239, 369
neuromusculaire, 175 Adduction, 439, 442, 443, 445 fonction, 367
dans le système nerveux Adénocarcinome, 58 hypersécrétion, 248
autonome, 186 de l'œsophage, 345 hyposécrétion, 248
Acétyl coenzyme A, 339 rénal, 380 Aliments
Achalasie, 344 Adénome, 58 digestion, 315
Achondroplasie, 459 salivaire, 343 formation d'un bolus, 316
Acide arachidonique, 296 Adénomyose utérine, 497 groupes, 292
Acide ascorbique (vitamine C), 299 Adénopathie, 145 lubrification, 315
Acide carbonique, 370 Adénosine diphosphate (ADP), 28, 75 Allèle, 472
Acide chénodésoxycholique, 332 Adénosine triphosphate (ATP), 28, 35, 335 Allergène, 73, 410
Acide chlorhydrique, 320, 401 production, 337 Allergique, réaction, 14, 73, 410
Acide cholique, 332 Adénosine triphosphate (ATP) Allergiques, troubles
Acide citrique, cycle de l', 336, 337 utilisation par le muscle, 449 asthme, 282
Acide désoxyribonucléique (ADN), 466 Adhérences, 348, 394 conjonctivite, 225
code génétique, 467 Adipocyte, 42 rhinite, 280
comparé à l'ARN, 469 ADN. Voir Acide désoxyribonucléique Alpha1-antitrypsine, déficit, 281
mitochondrial, 468 Adrénaline, 158, 188, 240, 336 Altitude, haute, 81
réplication, 470 fréquence cardiaque et, 100 Alvéolaires, conduits, 269
synthèse protéique à partir de, 469 hypersécrétion, 250 Alvéoles pulmonaires, 12, 269
Acide folique Adrénocorticoïdes, 238 fonctions, 270
carence en, 78 Adventice, 87, 307 Alvéolite allergique extrinsèque, 284
dans l'érythropoïèse, 78 Aériennes, voies Alzheimer, maladie d', 195
Acide gamma aminobutyrique (GABA), 158 de conduction, 269 Aménorrhée, 244
Acide lactique, 337 fibrose dans la bronchite chronique, 280 Amiante, 58
Acide linoléique, 296 obstruction, 288 Amiante. Voir Asbeste, Asbestose
Acide linolénique, 296 supérieures, 259 Ammoniac, 370
Acide pantothénique, 298 Aérobie, métabolisme, 337 Ammonium, 370
Acide pyruvique, 337 Aérobiose, 26 Ampoule hépatopancréatique, 322,
Acide ribonucléique (ARN), 469 Agranulocytose, 82 329, 333
comparé à l'ADN, 469 Aiguë, maladie, 19 Amygdale. Voir Tonsille
Acides, 25 Air Amygdalite. Voir Tonsillite
Acides aminés, 27 alvéolaire, 275 Amylase
absorption, 325 composition, 274 pancréatique, 324
désamination, 331 contrôle de l'entrée salivaire, 315
essentiels, 295, 338 dans les poumons, 269 Anabolisme, 13, 335 513
INDEX
B respiratoires, 269
terminales, 269
bases génétiques, 475
colorectal, 351
Bronchite Candidose
Bactériémie, 124, 135 aiguë, 280 buccale, 342
Bagassose, 284 chronique, 280 vaginale, 495
Balanite, 498 Bronchoconstriction, 188, 269 Canine, 313
Barorécepteurs, 102 Bronchodilatation, 188 Canthus
réflexe issu des, 101, 103 Bronchopneumonie, 280, 285, 286 latéral, 219
Barrett, œsophage de, 344 Bronchopneumopathie chronique médial, 219
Barrière sang–cerveau, 160, 161 obstructive, 281 Capacité inspiratoire (CI), 274
Basedow, maladie de, 246 Bronchospasme, 282 Capacité pulmonaire totale (CPT), 274
515
INDEX
Capacité résiduelle fonctionnelle (CRF), 274 drainage lymphatique, 145 quatrième, 163
Capacité vitale (CV), 274 retour veineux, 114 troisième, 163
Capillaire(s), 9, 87 Cécité Cervelet, 170, 171
dynamique du liquide, 90 dans le diabète sucré, 253 Cétoniques, corps, 339
échange, 89 des couleurs, 217, 473 Cétose, 252
échange de gaz, 89 nocturne, 297 Chalazion, 224
glomérulaires, 365, 366 Ceinture Chaleur, 335
lymphatiques, 142, 143 pelvienne, 434 convection, 390
pulmonaires, 268, 274 scapulaire, 52, 432 production de, 331, 390
Capitatum, 433 Cellule(s) Champ visuel, 218
Capsule glomérulaire, 363 adipeuses, 42 Chancre, 495
Capsule interne, 167 caliciforme, 47, 322 Chémorécepteurs, 103, 277
Carboxyhémoglobine, 276 cycle, 37 centraux, 278
Carcinogène, 58 de Betz, 167, 175 du goût, 221
Carcinomatose, 61 de Kupffer, 330, 331, 332 olfactifs, 220
Carcinome, 58 de Langerhans, 389 périphériques, 278
basocellulaire, 398 de Schwann, 156 Chémotaxine, 72
bronchique, 287 différenciation, 59 Cheville
de type transitionnel, 382 division, 470 articulation, 436, 445
spinocellulaire, 342, 345 entéro-endocrines, 320 mouvements, 445, 446
Cardiaque, réserve, 99 épendymaires, 160 muscles, 445, 446
Cardiopathies rhumatismales, 135 extensions, 36 os, 436
Cardiovasculaire, centre, 88, 96, gliales, 47, 160 Chiasma optique, 182, 213
102, 171 gliales. Voir Névroglie Chimiotactisme, 403
Cardiovasculaire, système, 9, 86 interstitielles, 488 Chimiotaxine. Voir Chémotaxine
contrôle autonomique, 188 mononucléées, 74 Chimiques, substances, 58, 81, 82
dans le diabète sucré, 252 mort, 56 anémie hémolytique acquise due à
vieillissement et, 123 musculaires squelettiques, 447 des, 81
Cardite rhumatismale nerveuses, 4 carcinogènes, 58
aiguë, 135 organite, 34, 35 leucémies dues à des, 82
chronique, 135 osseuses, 415 Chirurgie, obstruction lymphatique due
Caries, 343 pariétales, 320 à une, 149
Carina de la trachée, 264 plasmatique, 43 Chlamydia trachomatis, 225, 495
Caroncule lacrymale, 220 présentant l'antigène, 401, 405 Chlamydioses, 495
Cartilage principales, 320 Chlore, 23, 509
aryténoïde, 263 réticulaire, 43 taux plasmatique, 24
costal, 431 réticulo-endothéliales Chlorure de sodium, 24
cricoïde, 262 phagocytaires, 71 Choanes, 259
ébauche, 416 souche pluripotente, 67 Choc
épiphysaire, 414 spécialisation, 4 anaphylactique, 124
hyalin, 45, 414, 438 tueuses naturelles, 404 cardiogénique, 124
semi-lunaire, 45, 444 Cellulite, 396 compensé, 124
thyroïde, 262 Cément dentaire, 313 endotoxique, 124
Caryotype, 466 Centriole, 36 hypovolémique, 124, 397
Catabolisme, 13, 335 Centromère, 38 modifications physiologiques, 124
Cataracte, 222, 226 Centrosome, 36 neurogénique, 124
Cation, 24 Cercle artériel de Willis, 111, 166 non compensé, 125
Cavité(s), 311 Cérébrospinal, liquide, 162, 163 septique, 124
abdominale, 53 circulation, 164 Cholangite, 359
contenu, 54 fonctions, 164 ascendante, 359
drainage lymphatique, 145 obstruction à la circulation, 192 Cholécystite, 80
innervation, 181 pression du, 509 aiguë, 358
retour veineux, 115 Cérébrovasculaire, maladie, 194 chronique, 359
vascularisation artérielle, 114 Cérumen, 206 Cholécystokinine, 320, 323, 324, 333
corporelles, 53 Cerveau, 10, 164 Cholélithiase, 80, 358
crânienne, 53 affections, 191 Choléra, 349
glénoïdale, 432, 441 contrôle de la pression artérielle, 104 Cholestéatome, 224
nasale, 258 effets de l'hypertension artérielle, 139 Cholestérol, 224, 28, 34, 296
orifices, 259 hernie, 191 Chondrocyte, 45
orale propre. Voir Bouche lésion d'accélération-décélération, 192 Chorée, 195
orbitaire, 422 lésions expansives intracrâniennes, 191 Choroïde, 211
pelvienne, 54, 145 méninges, 162 Chromatide, 38
contenu, 55 métastases, 203 Chromatine, 35, 466, 467
drainage lymphatique, 145 tumeurs, 191, 202 Chromosome(s), 35
pleurale, 267, 268 vascularisation artérielle, 166 anomalies, 476
synoviale, 439 ventricules dans la division cellulaire, 470
thoracique, 53, 54, 114, 145 latéraux, 163 homologue, 466
516
INDEX
Inflammations, 14, 19
aiguës, 402, 403 J Leptine, 43, 303
Leucémie, 82
bactériennes de l'œil, 224 aiguë
causes, 401 Jambe. Voir Membre inférieur lymphoblastique, 83
chroniques, 403 Jaunisse. Voir Ictère myéloblastique, 83
dans la cicatrisation des plaies, 392, Jéjunum, 322 chronique
393 Jonction neuromusculaire, 158, 448 lymphoïde, 83
signes essentiels, 401 Joule, 335 myéloïde, 83
Inflammatoires, pathologies Leucocyte(s), 9, 42
articulations, 460 chimiotactisme, 403
œil, 224
voies respiratoires K diapédèse, 72
migration, 403
supérieures, 279 taux, 73, 509
Influx nerveux, 157 Kaposi, sarcome de, 398, 412 troubles, 81
conduction saltatoire, 157 Kératine, 386 Leucopénie, 79, 81
Ingestion, 306 Kératite, 225 Leucotriène, 243
Inspiration, 272 Kilocalorie, 335 Lèvres
Insuffisance cardiaque. Voir Défaillance Klebsiella pneumoniae, 286 grandes, 479
cardiaque Klinefelter, syndrome de, 476, 499 petites, 479
Insuffisance rénale Krebs, cycle de. Voir Acide citrique, cycle Liaison
aiguë, 378 de l' covalente, 23, 24
chronique, 376, 378 Kupffer, cellules de, 331 glycosidique, 26
dans le diabète sucré, 253 Kwashiorkor, 302 ionique, 23
dans les brûlures, 397 peptidique, 27
dans l'insuffisance hépatique, 357 Ligament(s), 44, 45, 439
terminale, 379
Insuline, 241, 329, 336 L annulaire, 443
calcanéonaviculaire, 437
Interféron, 401 capsulaire, 438
Interleukine, 74 Labrum acétabulaire, 444 cervical transverse, 482
1, 74, 403 Labyrinthe coracohuméral, 442
Interphase, 37 membraneux, 208 croisés, 444
Intestin osseux, 208 de la tête fémorale, 444
fonctions, 334 Labyrinthite, 224 glénohuméral, 442
gros, 326 Lacrymal, appareil, 218, 219, 220 iliofémoral, 444
hernies, 352 Lactase, 324, 325 inguinal, 453
invagination, 353 Lactation, 234 ischiofémoral, 444
maladie inflammatoire, 350 Lactéaux, capillaires lymphatiques, 322, 325 jaune, 429
maladies, 347, 348 Lactobacillus acidophilus, 480 large de l'utérus, 481, 482
occlusion, 353 Lait, 293 longitudinal antérieur, 429
tumeurs, 351 production de, 234 longitudinal postérieur, 429
volvulus, 353 Laitages, 293 nuchal, 429
Intestin grêle, 321 Lame criblée, 423 ovarien, 483
absorption, 143, 334 Lamina propria, 309 patellaire, 444
contrôle autonomique, 189 Langerhans, cellules de, 389 périodontal, 438
digestion chimique, 323 Langue, 311 plantaires, 437
fonctions, 323 fonctions, 312 pubofémoral, 444
maladies, 347 papilles, 311 rond de l'utérus, 453, 482
sécrétion, 324 Larmes, 219 supraspinal, 429
structure, 322 Laryngite, 279 suspenseur, 212
tumeurs, 351 aiguë sous-glottique, 279 transverse, 429
vascularisation, 323 Laryngopharynx, 261, 315 utérosacral, 482
Intima, 87 Larynx, 262 Ligne blanche, 430, 453
Intoxication alimentaire, 349 cartilages, 262 Ligne iliopectinéale, 434
Invagination intestinale, 353 fonctions, 263 Lipase, 324, 325, 334
Inversion, 439 intérieur, 263 Lipide, 27
Iode, 236, 300 ligaments et membranes, 262 Lipolyse, 239
déficit, 246 situation, 262 Lipoprotéines
Iris, 211, 212 structure, 262 de faible densité, 296
innervation, 182 vascularisation et innervation, 263 de haute densité, 296
Ischémie, 57, 126 Latéral, 49, 50 Liquide(s), 163
cérébrale, 128 Legionella pneumophila, 286 capillaire, dynamique du, 132
nécrose tubulaire aiguë, 378 Légumes, 293 cérébrospinal. Voir Cérébrospinal,
tumeur, 59 Léiomyome utérin, 497 liquide
Ischium, 434 Lentille corporels, 30
Isométrique, contraction, 450 biconcave, 227 pH, 510
Isotonique, contraction, 450 biconvexe, 227 extracellulaire, 30
Isotope, 23 correctrice, 227 flux gastro-intestinaux, 325
523
INDEX
M interosseuses, 437
muqueuse. Voir Muqueuse
fréquence, 381
Minéralocorticoïdes, 239
perméabilité sélective, 6 hypersécrétion, 248
Macroangiopathie diabétique, 252 plasmique, 5, 34 hyposécrétion, 249
Macrophage(s), 42, 74 transport de substances à travers, 38 Minéraux, 299
dans l'inflammation, 403 potentiel de, repos, 157 Mitochondrie, 34, 35
présentation de l'antigène, 401 respiratoire, 268, 270 Mitose, 37, 470, 471
Macula, 212 semi-perméable, 29 Moelle allongée. Voir Bulbe
Main séreuse, 48 Moelle osseuse
articulations, 443 synoviale, 48, 439 insuffisance, 79
os, 433 transport de substances à travers, 38 jaune, 68, 414
Mal des transports, 224 tympanique, 206, 207 rouge, 67, 415
Malabsorption, 78, 302, 354 Membre Moelle spinale, 10, 172
Maladie inflammatoire pelvienne inférieur, 52, 434, 435, 455 canal central, 163, 201
(MIP), 496 drainage lymphatique, 145 colonnes antérieures, 173
Maladie(s) innervation, 180, 182, 183 colonnes postérieures, 173
essentielles, 19 retour veineux, 107, 117 compression, 200
idiopathiques, 19 vascularisation artérielle, 106, 117 dégénérescence combinée subaiguë, 200
introduction à l'étude des, 19 veines variqueuses, 130 faisceaux nerveux moteurs, 174
spontanées, 19 supérieur, 52, 441, 454 faisceaux nerveux sensitifs, 174
terminologie, 19 drainage lymphatique, 145 lésions, 381
Malléole innervation, 179, 180 maladies, 199
latérale, 436 muscles, 442 méninges, 162
médiale, 436 os, 432 Molaire, 313
Malnutrition retour veineux, 107, 113 Molécule(s), 4, 22
chez les personnes âgées, 301 vascularisation artérielle, 106, 113 biologiques, 26
protéino-énergétique, 302 Ménarche, 484 hydrophobes, 27
Maltase, 324, 325 Ménière, maladie de, 223 Monocyte, 43, 74
Mamelon, 487 Méninges, 172, 178 Monocytes–macrophages,
Mandibule, 424 moelle spinale, 162 système des, 42, 74
524
INDEX
Phagocytose, 40, 72, 400 sacral, 179, 180 du travailleur du malt, 284
dans la rate, 146 sous-muqueux entérique, 309 élasticité, 273
dans les nœuds lymphatiques, 145 Pneumoconiose infections, 285
Phalange, 434, 436 du mineur, 284 intérieur, 268
Pharyngite, 279 simple, 284 lobes, 267
Pharynx, 260 Pneumocystis jirovecii, pneumonie, 412 lobules, 268, 269
fonctions, 261, 316 Pneumonie régulation de l'air et du flux sanguin
maladies, 343 d'inhalation, 286 dans le, 277
muscles constricteurs, 261 lobaire, 285, 286 résistance au flux de sang dans les, 133
structure, 261 Pneumotaxique, centre, 170, 277 scissures, 267
vascularisation Pneumothorax situation et structures voisines, 266
et innervation, 261, 315 spontané, 289 toxines, 285
Phénylcétonurie, 475 suffocant, 289 tumeurs, 287
Phéochromocytome, 250 traumatique, 289 vascularisation, 268
Phimosis, 498 Poids atomique, 22 volume et capacité, 273
Phlegmon amygdalien, 279 Poids corporel, 335 Pourpre visuel (rhodopsine), 217
Phonation, fonction du pharynx, 261 perte de, 251, 355 Précharge, 99
Phosphate, 299, 367 Poignet Prémolaire, 313
Phospholipide, 27 articulation, 443 Prépuce, 491
Phosphorylation oxydative, 336, 337 mouvements, 443 Presbyacousie, 222
Physiologie, 4 muscles, 443 Presbytie, 222
Physiopathologie, 4 os, 433 Pression artérielle, 509
Pied Poils, 386, 388 contrôle, 102
arches, 436 follicules, 387 dans le choc, 124
articulations, 445 Point lacrymal, 219 débit systolique et, 100
d'athlète, 396 Poisson, 294 diastolique, 101
diabétique, 253 Poliomyélite, 197 différentielle, 101
muscles courts, 437 Poliovirus, 197 systolique, 101
os, 436 Polyarthrite, 460 troubles, 138
Pie-mère, 163 Polyglobulie, 81 valeurs normales, 509
Pileux, follicules, 387, 388 Polyneuropathie, 201 Pression hydrostatique
Pinocytose, 39 Polypes intestinaux, 351 capillaire, 90, 366
Pisiforme, 433 Polysaccharides, 26, 294 du filtrat glomérulaire, 366
Pituicyte, 234 digestion, 315 veineuse, augmentée, 131
Placenta, 121, 482, 493 non amidonnés, 292, 300 Pression intracrânienne, augmentée, 191
Plaies, cicatrisation, 392 Polyurie, 251, 369, 378, 379 Pression intraoculaire, 501
Plan Pomme d'Adam. Voir Proéminence laryngée Pression osmotique, 29, 90
coronal, 49 Pommes de terre, 293 du plasma, baisse, 131
médian, 49 Pompe respiratoire, 100 sanguine, 366
transverse, 49 Pompe sodium–potassium, 39 Pression, sensation de, 387
Plaques, 190 Ponction lombaire, 172 Processus
Plaquette(s), 9, 83, 509 Pont, 170 alvéolaire, 424
clou plaquettaire, 75 Position anatomique, 49 coracoïde, 432
dans l'hémostase, 75 Postcharge, 100 épineux, 426
nombre réduit. Voir Thrombopénie Postérieur, 49, 50 mastoïde, 422
taux, 75, 509 Posthypophyse, 231, 234 styloïde, 419
Plasma, 8, 66 affections, 245 transverse, 426
baisse de la pression osmotique, 131 Potassium, 299 xiphoïde, 430
protéines, 66, 331, 402 équilibre, 369 zygomatique, 422
taux normaux, 510 excrétion, 367 Proéminence laryngée, 262
Plasmine, 76 ions K+, 157 Progestérone, 234
Plasminogène, 75, 76 taux plasmatique, 509 dans la grossesse, 122, 482
Plasmocyte, 43, 406 Potentiel d'action, 155, 157 dans le cycle menstruel, 484
Pleural(e) Pouls, 104 Prolactine, 234, 487
cavité, 268 facteurs affectant le, 105 Prolifération, phase de cicatrisation, 393
épanchement, 132 fréquence, 105 Pronation, 439
mésothéliome, 288 tension, 105 Pronostic, 19
Plèvre, 48 Poumon(s) Prophase, 38
pariétale, 268 abcès, 286 Propriocepteurs, 174
viscérale, 267 affections obstructives, 280 Proprioception, 159
Plexus nerveux, 178 affections restrictives, 283 Prostaglandines, 28, 243, 402
brachial, 179 collapsus, 288, 289 Prostate, 490
cervical, 179 compliance, 273 affections, 499
coccygien, 179, 181 contrôle de l'entrée d'air, 269 hypertrophie bénigne, 499
lombal, 180 d'éleveur d'oiseaux, 284 infections, 499
lombosacral, 181 dans l'équilibre acidobasique, 25 tumeurs, 499
myentérique, 309 de fermier, 284 Prostatite, 499
528
INDEX
Q ectopique, 380
effets de l'hypertension artérielle, 139
adaptation à l'obscurité, 217
décollement, 226
fonctions, 365 focalisation d'une image sur la, 215
Quatrième ventricule, 163 hypertension artérielle, 377 fonctions, 217
Queue de cheval, 177 maladies, 375 Rétinite pigmentaire, 227
organes associés, 363 Rétinoblastome, 227
polykystiques, 380 Rétinol. Voir Vitamine A
S Séreux, liquide, 48
Sérotonine, 75, 158, 243, 402
cricopharyngien, 316
hépatopancréatique (d'Oddi), 322, 324,
Sérum, 67, 76 329, 333
Sac amniotique, 493 Sexuellement transmises, maladies, 495 inférieur de l'œsophage, 316
Sac lacrymal, 220 Sheehan, syndrome de, 245 précapillaire, 87
Saccharase, 324, 325 Shigella, infections, 349 pylorique, 317
Saccharose, 26 Sida. Voir Syndrome supérieur de l'œsophage, 316
Saccule, 208, 210 d'immunodéficience acquise urétral, 371, 373, 490
Sacrum, 51, 425, 428 Signe, 19 contrôle autonomique, 189
Salive, 309, 401 Silicose, 284 Sphygmomanomètre, 101
composition, 314 Sillon Spina bifida, 202
fonctions, 315 central de l'hémisphère cérébral, 166 occulta, 202
pH, 315 intertuberculaire, 432 Splénomégalie, 147, 150
sécrétion, 314 latéral, 166 tumeurs, 151
Salmonella typhi, 348 pariéto-occipital, 166 Spondylarthrite ankylosante, 460
Salmonella typhimurium, 349 Simmonds, maladie de, 245 Sprue tropicale, 354
Salmonelles, infections à, 349 Sinus, 420 Squame, 386
Salpingite aiguë, 497 carotidien, 102, 109 Squelette, 51, 432
Sang, 276 coronaire, 95 axial, 49, 420
cellules, 8, 67 droit, 112, 162 des membres, 52, 432
circulation. Voir Circulation ethmoïdal, 259 fonctions, 53
désoxygéné, 98, 105 formation, 394 terminologie, 419
extension d'une tumeur via le, 60 frontal, 259 Staphylococcus aureus
flux. Voir Flux sanguin maxillaire, 259, 424 bronchopneumopathie, 286
groupes, 71 osseux, 419 infections de l'oreille, 224
maladies, splénomégalie et, 151 paranasaux, 259 intoxication alimentaire, 349
numération globulaire/formule sagittal inférieur, 112 mastite, 498
sanguine, 510 sagittal supérieur, 112, 162 Stercobiline, 324, 332
oxygéné, 93, 98 sigmoïde, 112 Stérilité
stockage dans la rate, 146 sphénoïdal, 259 féminine, 497
transport de gaz, 67 transverse, 112, 162 masculine, 499
Sarcolemme, 447 veineux du cerveau, 112, 162 Sternum, 430
Sarcome, 58 veineux duraux, 166 Stéroïdes, 28
Sarcomère, 448 veineux scléral, 213 Strabisme, 226
Sarcoplasme, 447 Sinusal, rythme, 99 Stratum corneum. Voir Couche cornée
Sauts, lésions par, 350 Sinusite, 279 Streptococcus faecalis, 327, 381
Scalp. Voir Cuir chevelu Sinusoïdes, 87 Streptococcus
Scaphoïde, 433 Sodium pneumoniae, 196, 286
Scapula, 432 absorption rénale, 239 Streptococcus pyogenes, 402
Scapulaire, ceinture, 432 atomes, 22 infections cutanées, 396
Schlemm, canal de, 213 équilibre, 369 lymphangite, 149
Schwann, cellule de, 156 excrétion par la peau, 392 tonsillite, 279
Sclère, 211 ions Na+, 157 Stress
Sclérodermie systémique, 462 réabsorption rénale, 367 réponse au, 240, 241
Sclérose en plaques, 198 taux plasmatique, 24, 510 ulcère gastroduodénal, 346
Scorbut, 299 Sodium–potassium, Stries lipidiques, 127
Scrotum, 15, 488 pompe, 39, 157 Structure atomique, 22
Sébum, 389 Solution Substance
Sécrétine, 320, 324 hypertonique, 30 blanche, 155, 174
Sein hypotonique, 30 grise, 155, 173
affections, 497 isotonique, 30 Substrat, enzyme, 29
drainage lymphatique, 145, 487 Somatostatine, 233, 241, 242 Suc
fonction, 487 Son digestif, 309
inflammation, 497 hauteur, 209 gastrique, 309, 319, 320
structure, 487 intensité, 209 intestinal, 309, 323
tumeurs, 498 perception, 209 pancréatique, 309, 323, 329
Selle turcique. Voir Fosse hypophysaire production, 263 Sucres, 294
530
INDEX
Supérieur, 49, 50
Supination, 439 T Thyroglobuline, 236
Thyroid stimulating hormone [TSH].
Suppuration, 394, 403 Voir Hormone stimulant la thyroïde
Surdité Tabagisme, 58, 346 Thyroïdite auto-immune, 246
de transmission, 223 Tachycardie, 99 Thyrotoxicose. Voir Hyperthyroïdie
neurosensorielle, 223 dans l'anémie, 77 Thyroxine, 236, 300, 336, 417
Surface articulaire, 419 sinusale, 136 hypersécrétion, 237
Surfactant, 270 Taeniae coli, 327 hyposécrétion, 237
fonction altérée, 289 Talus, 436 Tibia, 436
Survie, 13 Tampons, 25 Tinea pedis, 396
besoins corporels, 8 Tarse (paupière), 219 Tissu(s), 4, 394
des espèces, 14 Teigne, 396 adipeux
Suture(s), 419 Télomérase, 466 blanc, 43
coronale, 422 Télomère, 466 brun, 43
du crâne, 420 Télophase, 38 conjonctif, 462
frontale, 422 Température cellules, 42
lambdoïde, 422 centre régulateur, 390 dense, 44
squameuse, 422 corporelle, 390, 403, 510 lâche (aréolaire), 43
Symphyse pubienne, 434 fréquence cardiaque et, 101 de granulation, 42, 393
Symptôme, 19 régulation, 6, 7, 104 drainage, 142
Synapse, 158 oxyhémoglobine et, 70 élastique, 44
Syncope, 140 perception, 167, 387 épithélial, 40
Syndrome, 19 Temps de remplissage capillaire, 87 fibreux, 44
Syndrome de détresse respiratoire Tendon(s), 44, 439 lymphatiques, 144
de l'adulte (SDRA), 289 calcanéen, 457 lymphoïde associé aux muqueuses
Syndrome d'immunodéficience acquise d'Achille. Voir Tendon calcanéen (MALT), 147
(sida), 198, 412, 495 patellaire, 436 musculaire, 45
Synoviale, membrane, 48 récepteurs sensitifs, 174 cardiaque, 46
Syphilis, 495 Teneur corpusculaire (globulaire) moyenne lisse, 46
Syringomyélie, 201 en hémoglobine (TCMH ou TGMH), 70 squelettique, 45
Système, 4, 34 Tente du cervelet, 162 nerveux, 47
Système nerveux, 10 Tératogène, 122 régénération, 47
anomalies développementales, 202 Testicule(s), 15, 230 réticulaire, 43
cellules et tissus, 155 affections, 498 rétraction, 394
composants, 154 fonction, 489 Tocophérols, 297
réponse aux agressions, 161 inflammation, 498 Tonsille, 148
tissu, 47 non descendu, 499 palatine, 261, 311
tumeurs, 202 structure, 488 pharyngienne (adénoïde), 260
vieillissement et, 190 tumeurs, 499 Tonsillite, 279
Système nerveux autonome Testostérone, 234, 417, 492 Tonus musculaire, 449
afférent, 159, 189 Tétanie, 247 Toucher, perception, 167, 387
contrôle cardiaque, 100 Tête, 49 Toux
contrôle cardiovasculaire, 88 fonctions, 50, 425 altérée, 285
efférent, 185 innervation, 179, 184 réflexe de, 266
effets de la stimulation, 188 nœuds lymphatiques, 145 Toxines
fonctions, 188 os, 51, 420 foie, 331
innervation du tractus alimentaire, retour veineux, 112 hémolyse causée par des, 81
309, 310 vascularisation artérielle, 109, 110 poumons, 285
parasympathique, 96, 185, 187, 188, 189 Thalamus, 170 Trabécules osseuses, 416
effets de la stimulation, 188, 189 Thalassémie, 80 Trachée, 264
sécrétion de salive et, 314 Thorax, muscles, 271, 453 Trachéite, 279
sympathique, 186, 311 Thrombine, 76 Trachome, 225, 495
contrôle cardiovasculaire, 96 Thrombocyte, 9 Tractus
effets de la stimulation, 188, 189 Thrombocytopénie. Voir Thrombopénie cérébraux, 166
neurone postganglionnaire, 186 Thrombopénie, 79, 83 olfactif, 220
neurone préganglionnaire, 185 Thrombophlébite superficielle, 129 optique, 182, 214
régulation du diamètre des Thromboplastine, 75, 402 uvéal, 211
vaisseaux, 88 Thrombose, 19, 125, 126 Traduction (génétique), 469
Système nerveux central, 10, 154, 162 athérome et, 128 Transaminases, 338
effets des poisons, 196 veineuse profonde, 129 Transamination, 331
infections, 196 Thromboxane, 243 Transcriptase inverse, 412
Système nerveux périphérique, 10, 177 Thrombus Transcription (génétique), 469
maladies, 201 formation, 126 Transferrine, 68
neurotransmetteurs, 159 tumeur et, 60 Transfusionnelle,
réponse aux agressions, 161 Thymosine, 147 réaction, 71
Systole, 97 Thymus, 147 Transfusion sanguine
auriculaire, 98 maladies, 151 accidents hémolytiques, 81
ventriculaire, 93, 98 tumeurs, 151 donneurs universels, 72
531
INDEX
533
474585 – (I) – (9,4) – CMM90
Composition : SPI