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La Procédure Pénale – Juriste Medel

Introduction

Une fois l’infraction commise, la police intervient pour le suivi de la réaction sociale c'est à
dire mettre en place le procès pénal.

1- particularités de la procédure pénale

L’affaire pénale est complexe car la situation civile est aisée, mais au pénal il s’agit d’un acte
isolé, il y a des preuves à rechercher. On n’arrive pas à démontrer avec satisfaction que la
personne est coupable. La procédure pénale repose sur des règles d’une certaine vigueur
respectueuses des droits de la défense.

Pour faciliter le rôle du juge à dire le droit, la procédure pénale va charger des organes à
intervenir dans la répression, ce sont les magistrats, la police judiciaire, les experts … l’une
des singularités de la procédure pénale par rapport à la procédure civile est la phase
préparatoire dictée par la gravité de l’affaire de manière à faciliter la tâche du juge pour dire le
droit, en se fondant sur les éléments de recherche de preuve, de constatation de l’infraction
afin de minimiser les risques d’erreurs judiciaires fatales dans la procédure pénale.

La phase préparatoire du procès étant une phase fondamentale qui revêt un intérêt primordial,
elle est consacrée par une institution particulière qui est l’instruction préparatoire. Cependant,
l’évolution de la procédure pénale jusqu’à maintenant s’est faite au détriment de cette
institution qui ne sera pas généralisée à toutes les affaires pénales. Il y a une régression
manifeste de l’institution préparatoire pour des raisons d’insuffisance des magistrats et ensuite
en raison de la légèreté de certaines affaires et leur simplicité.

Ces divers organes interpellés par la répression devraient collaborer pour une bonne
administration de la justice, mais n’étant pas de source judiciaire, les méthodes de travail ne
seront pas les mêmes.

De ce fait, il y a une difficulté dans la gestion du procès pénal lorsque cette gestion, devant se
faire de manière respectueuse par rapport aux règles fondamentales du CPP, qui ont pour
fondement surtout le respect des droits de la défense et partant, de la règle célèbre de la
présomption d’innocence.

2- histoire de la procédure pénale dans le droit marocain

La procédure pénale a évolué selon deux systèmes :

a- le système accusatoire

Dans ce système, il y a un accusateur nécessaire pour l’existence du procès, cet accusateur


était au début privé comme en matière civil. Le rôle du juge est effacé, c’est l’accusateur qui
joue le rôle fondamental de par l’accusation qu’il fait. L’accusateur est le défenseur de la
victime. Ce système est caractérisé par le fait d’être public, oral et contradictoire. Ce système
existait déjà chez les romains, ce système est respectueux des droits individuels.

Ce système présente des inconvénients : il assure l’impunité au délinquant dans le cas où


personne n’exerce l’accusation, l’accusateur est privé et n’est alarmé que par la victime. Pour
ces faits il a été abandonné.
b- le système de la procédure inquisitoire

Aucune législation ne le consacre à 100%, ce système s’est développé déjà au moyen âge, il a
prit le contre-pied du premier système est a développé des caractères contradictoires.
L’accusation devient ainsi, publique confiée à des fonctionnaires d’Etat qui interviennent au
procès en tant que partie.

La procédure applicable est secrète, écrite et non contradictoire en plus d’un renforcement de
la protection de la société, mais a conduit à des entorses quant aux libertés individuelles par le
recours à la torture pour extorquer les aveux, d’où le déclin et l’abandon avec la révolution de
1789, un retour au premier system mais aménagé, d’où la naissance d’un troisième système.

c- le system mixte « panaché »

La phase préparatoire policière c’est le système inquisitoire qui prévaut et pour le jugement
c’est le système accusatoire. C’est le system mixte qui a été repris par le Maroc dans l’ancien
et le nouveau code.

3- sources de la procédure pénale

L’évolution de la procédure a connu plusieurs phases :

a- phase avant protectorat

Il y avait un vide juridique et l’absence d’organisation judiciaire, la justice locale était le fait
du code « juge délégataire universel », avec le développement d’une justice consulaire
destinée aux étrangers et à certains locaux qui obtenaient des protections consulaires « le
régime de capitulations ».

b- phase protectorale

L’un des buts du traité de « Fès » était de donner au Maroc une véritable justice de ce fait, le
protectorat « français et espagnol » a essayé de palier au vide judiciaire par la mise en place
d’une organisation judiciaire dans laquelle :

Au niveau de la zone sud, il y a eu un système dualiste dans lequel s’opposaient une justice
locale et une justice moderne, au niveau de celle-ci s’est créé une organisation judiciaire
semblable à la française, avec deux degrés de juridiction composés de magistrats.

La justice locale elle, n’a pas connu un dénouement heureux car déjà elle était répartie en
deux parties : la justice makhzen et coutumière.

- la justice makhzen : on a soustrait au cadi sa compétence pénale qu’on a confié à des


fonctionnaires de l’état (caïds et pachas), ce personnel n’avait aucune formation juridique.
Cependant sur le plan juridique, il n’y avait de textes légaux sur lesquels devaient se basaient
ces juges, d’où la référence aux coutumes.

Progressivement, des textes allaient être édictés mais en nombre réduit, il faut noter
l’implication dans cette justice des contrôleurs civils.

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- la justice coutumière : qui regroupait l’ensemble de la population berbère car habitant les
zones montagneuses (donc inaccessibles). Cette justice, sur le plan pénal était basée sur un
véritable code pénal non écrit donc de tradition orale. Les infractions et les sanctions étaient
d’une certaine spécificité. La justice était le fait de la Jmaâ qui décidait de la sanction (La plus
grave c’est le bannissement) l’exécution était à l’initiative de l’Amghar.

Que ce soit la justice coutumière ou makhzen, le 2nd degré était de la compétence du haut
tribunal chérifien qui siégeait à RABAT avec une sanction pénale chérifienne et une sanction
pénale coutumière.

L’ensemble des juridictions du pays était sous le contrôle de la cour de cassation de paris sur
le plan des textes. Il fallait attendre une véritable reforme, qui ne devait aboutir réellement
qu’avec l’indépendance.

c- phase de l’indépendance

Depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, les reformes se faisaient toujours l’actualité et on


ne cessait de voir naître soit des juridictions, soit une refonte de textes existants.

Dans un premier temps, il fallait établir l’implication fondamentale de la justice marocaine


(Ne plus parler de dualité de la justice), on a eu donc l’institutionnalisation d’une justice pour
tous, avec sur le plan judiciaire, une organisation qui consacre la classification tripartite des
infractions, d’autre part le 1er et le 2nd degré et enfin, la distinction entre juridictions de droit
commun et celles d’exception.

De ce fait qu’à l’heure actuelle, la cour suprême étant l’institution suprême du contrôle des
juridictions du Maroc, coiffant des juridictions du 1ère degré « tribunaux 1ère instance,
chambre criminelle de cour d’appel», des juridictions de 2nd degré « cours d’appel » des
juridictions d’exception « cours de justice et militaire ».

Sur le plan de la loi, le code de 59, qui bien que prenant sa source dans le code français
d’instruction criminelle avec les modifications actualisées, était déjà en soi une législation
complète et moderne mais qui a dû céder sa place au nouveau CPP de 2003 en raison de
certaines imperfections concernant d’une part certaines institutions pénales et d’autre part
l’évolution de la procédure pénale en raison de son environnement nouveau, très près des
règles consacrant les libertés individuelles et autres droits humains.

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PARTIE I : LES STRUCTURES DE LA REPRESSION

La loi définit un cadre institutionnel au sein duquel s’exerce la sanction pénale, en même
temps qu’elle trace les voies empruntées par les actes de procédure. Les structures à l’intérieur
desquelles se déroule le processus répressif sont multiples et se partagent la tâche en se
spécialisant dans l’une ou l’autre des opérations qui forment le procès pénal.

C’est ainsi qu’il y a des organes chargés d’assurer la recherche des infractions et la poursuite
de leurs auteurs, comme il y’a d’autre part des juridictions chargées de juger les délinquants.
Enfin, pour le fonctionnement des uns et des autres, la loi prévoit un certain nombre de règles
à respecter, notamment en ce qui concerne les moyens de preuve admissibles pour établir la
culpabilité des personnes poursuivies.

Titre 1 : les organes répressifs d’investigation

Dans un procès pénal ce sont avant tout, les juridictions de jugement qui se mettent le plus en
évidence. Mais en réalité, la tâche des tribunaux serait très délicate s’ils ne pouvaient pas
compter avec le concours d’un certain nombre d’organes spécialisés dans la recherche, la
constatation des infractions et la poursuite des malfaiteurs car les juges sont assez peu
nombreux et ne peuvent faire face au grand volume de la délinquance.

D’une part, ils n’ont pas toujours ni les connaissances, ni les moyens matériels qui leur
permettraient de se lancer à la poursuite des délinquants, ce qui explique qu’il existe des
organes dotés de ces moyens et que la loi investit d’un pouvoir de police judiciaire ce sont
précisément les membres d’un corps celui de la police judiciaire.

Par ailleurs, la justice pénale est exercée au nom de la société par des fonctionnaires qui sont
habilités à la représenter et qui ont la qualité de magistrat spécialement chargés de la
poursuite, à savoir les membres du ministère public.

Chapitre 1 : les organes de recherche

Il s’agit principalement ici de la police judiciaire dans ses différentes composantes mais aussi
accessoirement de certains fonctionnaires qui sont investis de pouvoirs de police judiciaire
sans avoir la qualité de membres de la police judiciaire.

Section 1 : la police judiciaire proprement dite

Il est classique de définir la police judiciaire par opposition à la police administrative, celle-ci
est placée sous le contrôle de l’autorité administrative et joue surtout un rôle préventif, en ce
sens que son action intervient généralement avant la commission des infractions (rondes
nocturnes).

Quand à la police judiciaire, elle remplit plutôt une fonction répressive, dans la mesure où son
action intervient en général après la commission d’une infraction. Pour constater cette
infraction, réunir des éléments de preuve pour mener l’enquête.

Cette distinction si elle apparaît évidente d’un point de vue théorique, n’est pas toujours facile
à établir dans la pratique car il est courant qu’un membre de la police administrative se charge
aussi de la fonction de police judiciaire.

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Exemple : lors de la constatation d’une infraction au code de la route faite par un agent de
circulation, celui-ci fait un acte de police judiciaire et quand il réglemente la circulation, il fait
un acte de police administrative.

Para 1 : composition de la police judiciaire

C’est l’article 19 du code qui donne la liste des membres de la police judiciaire. On constate à
la lecture de cet article qu’il y a deux catégories de membres, ceux qui ont la qualité de
magistrat et ceux qui en sont dépourvus.

A- les membres de la police judiciaire n’ayant pas la qualité de


magistrat

Cette catégorie inclut en 1er lieu, les officiers de police judiciaire c'est à dire ceux qui
appartiennent aussi bien à la gendarmerie qu’à la sûreté nationale ou au ministère de
l’intérieur. Parmi ces officiers, certains le sont de plein droit d’autres sont individuellement
désignés en cette qualité.

Les officiers de police judiciaire de plein droit sont les officiers et les gradés de la
gendarmerie, le directeur général de la sûreté nationale, les contrôleurs généraux de police et
enfin, les pachas et caïds.

Ensuite, il y a les gendarmes de la police, désignés, qui sont d’une part les gendarmes ayant 3
ans de service ou bien les gendarmes ayant le commandement provisoire d’une brigade ou
d’un poste pendant la durée de leur commandement.

D’un autre côté, les inspecteurs de police ayant 3 ans en cette qualité. Les officiers de police
judiciaire sont secondés par les agents de police judiciaire, ceux-ci sont énumérés par l’article
24 du code, ce sont les khalifats de pachas et de caïds et tous les fonctionnaires des services
actifs de la police et de la gendarmerie qui ne sont pas officiers de la police judiciaire.

B- les membres de la police judiciaire ayant la qualité de


magistrat

Les dispositions combinées des articles 19 et 20 du code prévoient deux sortes de membres
qui sont aussi des magistrats à savoir les officiers supérieurs de la police judiciaire et les
officiers de la police judiciaire.

1- les officiers supérieurs

Le procureur général du Roi, les substituts du procureur général du Roi ainsi que le juge
d’instruction.

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2- les officiers de police judiciaire

Ce sont les membres du parquet auprès du tribunal de 1ère instance, ainsi que les juges du
tribunal de 1ère instance.

On constate que ces membres, qu’ils soient officiers supérieurs ou officiers, sont soit des
magistrats du parquet, soit des magistrats du siège. La doctrine est assez critique en ce qui
concerne la confusion qui est faite entre la fonction de police judiciaire et la fonction de
magistrat. On estime que cette confusion porte atteinte au principe de l’indépendance des
magistrats.

Selon l’article 17 du code, les membres de la police judiciaire sont placés sous le contrôle du
procureur général. Autrement dit, les magistrats qui sont aussi membres de la police judiciaire
devront se plier aux directives du procureur général (parquet). Cette subordination est
concevable en ce qui concerne les magistrats du parquet mais elle n’est pas admissible pour ce
qui est des magistrats du siège qui doivent en principe jouir de leur pleine indépendance.

Para 2 : le contrôle de la police judiciaire

Comme tout corps constitué ayant des pouvoirs qui risquent de se traduire par des atteintes à
la liberté individuelle, la police judiciaire qui exerce effectivement de tels pouvoirs doit faire
l’objet d’un contrôle afin d’éviter les excès et les irrégularités. Ce contrôle peut prendre
plusieurs formes et il peut consister dans des sanctions disciplinaires, pénales ou civiles.

A- les sanctions disciplinaires

Seront visées par le code dans ses articles 16, 17, 51, 244 et suivants. Ces sanctions sont assez
« semblables » à celles qui sont prévues par le statut de la fonction publique, tel que les
organismes de droit administratif plus particulièrement l’article 277 du code. Celui-ci prévoit
que les membres de la police judiciaire qui manqueraient à leurs obligations professionnelles
pourront faire l’objet de sanctions disciplinaires infligées par les supérieurs hiérarchiques.

Un autre type de contrôle, spécifique à la police judiciaire, est celui qu’effectue le parquet que
ce soit le procureur général ou le procureur du Roi, étant donné que le code leur reconnaît un
pouvoir de surveillance sur les membre de la police judiciaire, ceci résulte des articles 16 et
17 du code.

Enfin, la chambre correctionnelle de la cour d’appel qui hérite des attributions de l’ancienne
chambre d’accusation, cette chambre est également compétente pour exercer un contrôle
disciplinaire sur la police judiciaire. A cet effet, elle peut aussi bien adresser des observations
en cas de faute, que prononcer la suspension temporaire, voire la déchéance définitive du
membre de la police judiciaire qui aurait gravement failli à ses obligations.

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B- les sanctions pénales

Elles découlent des articles 269 et 270 du CCP combinés avec certaines dispositions du code
pénal 225 et 227. Lorsqu’un membre de la police judiciaire commet une infraction, la
procédure applicable en ce qui le concerne déroge dans une certaine mesure au droit commun.

En effet, s’il commet un crime ou un délit, il engage sa responsabilité pénale comme tout un
chacun sans donc pouvoir invoquer une excuse ou une circonstance atténuante du fait de sa
qualité. Néanmoins, il est jugé par application de certaines règles particulières de compétence.

C’est ainsi que l’instruction, s’il y a lieu, et le jugement de l’affaire doivent être effectués en
dehors de la circonscription judiciaire dans laquelle l’inculpé exerce ses fonctions. Il arrive
même que la compétence soit dévolue à la cour suprême lorsque l’inculpé est habilité à
exercer sur toute l’étendue du territoire national.

Cette dérogation au droit commun de la procédure est justifiée par le fait que certains liens se
nouent entre la police judiciaire et la magistrature et on peut craindre qu’à l’occasion d’un
jugement ou d’une instruction, le magistrat familier de son inculpé ne soit tenté de se montrer
indulgent ou en tout cas que sa neutralité ne soit pas entière.

Cette particularité procédurale a été confirmée par un arrêt de la cour suprême du 17.1.1960
dans lequel il est dit que : « Les délits et les crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions
par des officiers de police judiciaire habilités à exercer leurs fonctions sur tout le territoire du
Royaume relèvent exceptionnellement de la cour suprême ».

La cour ajoute la précision suivante « mais la cour ne peut pas ordonner l’instruction d’une
telle affaire que si la plainte qui l’a saisie permet d’identifier les officiers de police judiciaire
visés ou de présumer qu’ils sont habilités à exercer leurs fonctions sur tout le territoire du
royaume ».

C- les sanctions civiles

Lorsqu’un dommage est causé du fait de l’action de la police judiciaire, la personne qui en est
victime peut introduire une requête devant le tribunal civil en vue d’obtenir réparation du
préjudice subi. Dans ce cas, c’est le droit commun qui s’applique et la police judiciaire doit
répondre de son fait dans les conditions ordinaires.

Cette solution n’est pas celle qui est retenue en général par le droit comparé, puisque certains
systèmes prévoient une certaine procédure particulière, tel que la procédure de la prise à partie
qui est réglementée par le code de procédure civile à l’article 391 et qui ne trouve à
s’appliquer que lorsque des magistrats sont en cause. Par conséquent, les membres de la
police judiciaire qui n’ont pas la qualité de magistrat, ne sont pas justiciables de cette
procédure.

D’un autre côté, l’article 80 du D.O.C dispose que les agents de l’état et des municipalités
sont personnellement responsables des dommages causés par leur dol ou par des fautes
lourdes dans l’exercice de leurs fonctions. L’état et les municipalités ne peuvent être
poursuivis à raison de ces dommages qu’en cas d’insolvabilité des fonctionnaires
responsables.

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Par conséquent, les membres de la police judiciaire qui sont aussi des agents de l’état
répondent personnellement de leur faute et l’Etat ne prend le relais que lorsqu’il est établi
qu’ils sont insolvables.

Une jurisprudence abondante confirme cette solution. Dans un jugement de 1 ère instance de
casa en 1946, il a été décidé que l’homicide commis par un inspecteur de police, en dehors
des heures normales de service et à l’intérieur d’un appartement voisin du où ne l’appelait
aucun motif de service, alors qu’il tentait d’entraîner de vive force sa voisine au commissariat
à la suite d’une querelle survenue avec sa femme, constitue une faute personnelle détachée du
service et exclusive de la fonction administrative.

La nuance apportée par cette décision mérite d’être soulignée parce qu’elle distingue
nettement entre les fautes professionnelles pouvant être rattachées au service et qui peuvent
éventuellement engager la responsabilité de l’Etat, d’une part et d’autre part les fautes qui
sont absolument étrangères à l’exercice de la profession et qui écartent de ce fait toute
possibilité de mettre en cause la responsabilité de l’état.

Section 2 : les autorités chargées de fonction de police judiciaire

Traditionnellement, le CPP attribue des fonctions de police judiciaire dans des conditions
particulières d’un côté au gouverneur et de l’autre aux fonctionnaires de certaines
administratives. Plus récemment, une loi est venue investir le Mouhtassib de certaines
compétences qui sont également de nature judiciaire.

- gouverneur.
- Mouhtassib.
- fonctionnaires de certaines administratives.

Saisie de l’affaire. En 3éme lieu, les pouvoirs du gouverneur sont limités dans le temps puisque
dans les 3 jours de l’ouverture des opérations, il doit se dessaisir du dossier. A cet effet, il
prévient le parquet des actes qu’il a diligenté dès le début de son intervention et lorsqu’il a
achevé les actes de la police judiciaire, il transmet l’ensemble du dossier au parquet et il
présente éventuellement au procureur les personnes appréhendées. Dès lors, c’est au ministère
public qu’il revient de poursuivre la procédure.

Para 1 : les fonctionnaires chargés de pouvoirs de police judiciaire

Ces fonctionnaires relèvent de certaines administrations et pour des raisons historiques, mais
aussi pour des facteurs qui tiennent à la nature de leurs attributions, sont amenés à constater
des infractions à la législation qu’ils sont chargés de faire respecter. C’est ce que explique
l’article 19 du code qui attribue à ces fonctionnaires des pouvoirs de police judiciaire.

Ces pouvoirs ne sont pas toujours reconnus à n’importe quelle catégorie de fonctionnaires, il
doit s’agir d’agents auxquels la loi confère expressément de tels pouvoirs. En ce sens, les
articles 26 et 32 du code prévoient effectivement la possibilité pour les ingénieurs et les
préposés des eaux et forêts la possibilité de remplir les fonctions de police judicaire. Les
forestiers sont des agents qui veillent au respect de la législation forestière et du fait de leur
éloignement de la police ou de la gendarmerie, la loi leur permet de constater eux-mêmes des
infractions qu’ils relèvent à l’intérieur de la forêt. D’ailleurs, ils revêtent des uniformes, ce qui
est le signe d’une certaine autorité.

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Para 2 : les attributions judiciaires du gouverneur

De par la nature de ses fonctions, qui consistent principalement dans le maintien de l’ordre et
la coordination du pouvoir exécutif au niveau local, le gouverneur s’apparente davantage à
une autorité de police administrative que de police judiciaire. Mais au-delà de ses attributions
ordinaires, le gouverneur s’est vu reconnaître par l’article 33 du code, certains pouvoirs de
police judiciaire qu’il ne peut exercer que dans les termes précis de cet article 33.

Ce texte confirme les pouvoirs du gouverneur dans des limites qui tiennent à la fois à la
nature de l’infraction, à l’urgence de la situation et à la durée pendant laquelle il est habilité à
intervenir. S’agissant des infractions pour lesquelles le gouverneur est compétent, ce sont les
crimes et les délits qui constituent des atteintes à la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat.

On comprend aisément cette limite dans la mesure où le gouverneur en tant que représentant
de l’exécutif, doit éviter de s’immiscer dans le pouvoir judiciaire, ou lorsque la sécurité de
l’Etat est menacée.

En outre, le gouverneur ne peut exercer ses pouvoirs de police judiciaire que lorsqu’il y a
urgence. Cette notion n’étant pas définie par l’article 33, elle reste plus ou moins soumise à la
discrétion du gouverneur lui-même.

Néanmoins, on considère que pour justifier son action, les circonstances doivent présenter une
certaine gravité et nécessiter une intervention rapide. De plus, l’article 33 précise que le
gouverneur n’est plus habilité à agir dans ce cadre à partir du moment où la police judiciaire
est elle-même le même pouvoir de police judiciaire est donné à d’autre catégories de
fonctionnaires et agents par des textes spéciaux. Ex : les agents des services de la douane, des
impôts, de la répression des fraudes, de l’O.N.C.F.

Ces différentes catégories de fonctionnaires exercent des pouvoirs qui sont strictement limités
à leur cadre professionnel, c'est à dire qu’ils ne sont habilités à constater que les seules
infractions qui sont commises au préjudice de leur propre administration. Ainsi, un forestier
ne peut relever que les infractions qui sont prévues par le Dahir du 1917 portant code forestier
et plus particulièrement les infractions en matière de pêche dans les eaux continentales, de
chasse, d’exploitation des bois et en matière des eaux.

Dans l’exercice de ces pouvoirs de police judiciaire, les fonctionnaires se voient reconnaître à
peu prés la même prérogative que les membres de la police judiciaire à part entière, ce qui
leur permet de dresser le procès verbal constatant les infractions, mais également d’effectuer
des perquisitions et même des saisies.

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Para 3 : les Mouhtassibs (leur pouvoir de police judiciaire)

Une loi du 31.12.1981 promulguée par un Dahir du 21 juin 1982 a été prise pour réglementer
les attributions des Mouhtassibs et des Oumanas.

Ces deux fonctions ont longtemps existé, puis elles ont connu une éclipse pendant quelques
décennies avant de réapparaître sous un nouveau jour à la faveur d’un mouvement plus large
de réhabilitation de certaines valeurs traditionnelles de la société marocaine. Initialement, la
Hisba était proprement un office religieux, le Mouhtassib étant chargé de veiller au respect
des préceptes religieux et moraux.

Dans l’exercice de sa fonction, le Mouhtassib avait des pouvoirs semblables à ceux de la


police judiciaire, ex : il pouvait pénétrer dans des lieux douteux, dans les débits de boissons et
confisquer ce qui s’y trouvait comme boissons alcoolisées. Cette fonction religieuse a été
progressivement étendue à mesure que l’islam a connu une expansion territoriale et
notamment dans les grandes villes, sa compétence a été élargie pour lui permettre de réprimer
les fraudes en matière commerciale et également pour veiller au respect des visages
corporatifs. De la sorte que le Mouhtassib avait une double charge, celle de faire respecter les
préceptes religieux et la morale islamique, et celle d’imposer une certaine éthique dans les
relations commerciales.

La loi de 1981 a partiellement ressuscité la Mouhtassib, mais a également apporté certaines


innovations concernant aussi bien son statut que ses attributions. En effet, dans la loi de 1981,
le Mouhtassib n’est pas simplement une autorité de police judiciaire, il n’est plus que cela
dans la mesure où il dispose de pouvoirs consultatifs et répressifs.

Ainsi, en matière consultative, il donne par exemple son avis pour la fixation des prix des
produits et services qui sont soumis à son contrôle. (Article 8)

Sur le plan répressif, la loi permet d’infliger une amende qui peut aller jusqu’à 50 000 Dhs, de
même qu’il a la possibilité d’ordonner la fermeture d’un établissement qui se trouve en
infraction pour une durée qui ne peut dépasser 6 jours. (Article 6).

Ainsi, le Mouhtassib exerce une fonction quasi- juridictionnelle. En dehors de ses attributions
consultatives et répressives, le Mouhtassib dispose aussi de certains pouvoirs de nature
judiciaire qu’on peut classer en attributions principales et en attributions secondaires.

Les attributions principales : Parmi ces attributions, l’article 1 donne au Mouhtassib le


pouvoir de contrôler la qualité et le prix des services et des produits en matière d’artisanat,
d’agriculture, denrées alimentaires, boissons et produits de toilette et d’hygiène. Une liste
détaillée de ces produits et services est fixée par voie réglementaire par un texte réglementaire
d’application.

Le principe est que le Mouhtassib n’est pas compétent pour tout ce qui est produits industriels
dont on estime qu’ils soulèvent des problèmes techniques qui dépassent les compétences ou
les moyens des Mouhtassibs.

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Dans l’accomplissement de cette tâche, le Mouhtassib dispose de pouvoirs étendus tel que
celui d’accéder librement aux endroits qui sont soumis à son contrôle, où celui de se faire
assister par des services compétents, ex : procéder à des analyses afin de vérifier la qualité des
produits (Article 3).

Lorsqu’il constate une infraction à la qualité des produits et services ou aux prix, le
Mouhtassib dresse un procès verbal en respectant les formalités prévues par la loi du
12.10.1971 relative au contrôle des prix et aux conditions de détention et de vente des
produits et des marchandises.

D’après l’article 11 de cette loi, les procès verbaux constatant les infractions doivent être
rédigés dans les 48 heures et leur force probante est relative puisqu’ils font loi jusqu’à preuve
du contraire. Les procès verbaux du Mouhtassib ont la même force probante. En outre, ces
procès verbaux doivent être transmis en toute urgence au gouverneur (10 jours) et celui-ci
décide des suites qu’il convient de leur donner.

Les attributions secondaires : elles sont définies à l’article 71 de la loi de 1981. Selon ce texte,
le Mouhtassib est compétent pour veiller à la loyauté des transactions, cette formulation est
assez vague et ne correspond pas en tout cas à une attribution précise sur le plan juridique.
Elle ressemble plutôt à un devoir d’ordre moral (loyauté) et elle évoque une éthique
commerciale que traditionnellement le Mouhtassib devait faire respecter.

D’un autre côté, l’article ajoute que le Mouhtassib doit veiller à la salubrité et à l’hygiène des
marchés urbains et ruraux ainsi que des locaux commerciaux et professionnels. Cette
attribution s’apparente d’une manière générale à la police de l’hygiène tel qu’elle s’exerce en
milieu urbain.

La loi ne précise pas si le Mouhtassib doit constater dans des polices judiciaires, par ailleurs
les manquements à la loyauté et au respect de l’hygiène et de la salubrité. Il est dit simplement
que « tout manquement relevé doit être signalé aux autorités compétentes », la procédure
utilisable à cette fin n’étant pas définie.

Enfin, la loi de 1981 exige du Mouhtassib qu’il dénonce les faits ou les actes contraires aux
bonnes mœurs, à la moralité ou à la commission dans un lieu public ou ouvert au public. Cette
dénonciation doit se faire aux autorités compétentes selon des formes qui ne sont pas
indiquées. Là également, la formulation légale est tellement vague qu’elle autorise les
interprétations les plus subjectives et qu’elle peut donner lieu à des actions arbitraires.

On observera enfin que la loi ne prévoit pas de contrôle à l’égard des actes accomplis par le
Mouhtassib, alors que par ailleurs, les autorités accomplissant des actes de police judiciaire
sont soumises à un tel contrôle, on remarque ensuite une certaine « ambiguïté » concernant le
statut du Mouhtassib qui se trouve dans une situation de fonctionnaire particulier.

Il n’est pas magistrat mais il est nommé par Dahir, ce qui lui donne un poids certain. En plus,
il exerce des attributions de police judiciaire sans pouvoir être assimilé aux autres autorités
judiciaires.

En 3éme lieu, on peut dire que la loi de 1981 a pris le contre-pied de la tradition puisque par le
passé, le Mouhtassib était surtout le gardien de l’éthique musulmane et accessoirement il
valait au contrôle des transactions et beaucoup moins celui d’un gardien des bonnes mœurs.

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Para 4 : organisation du ministère public

A- la composition du parquet

En règle générale, la présence d’un représentant du ministère public est obligatoire devant
toutes les juridictions répressives. C’est une règle d’ordre public à laquelle il est toutefois
dérogé dans le cas des juridictions communales et d’arrondissement auprès desquelles le
Dahir de 1974 n’a pas prévu de membre du parquet.

En dehors de cette exception, toutes les autres juridictions comprennent un ou plusieurs


représentants du ministère public.

- Ainsi, devant la cour suprême et en ce qui concerne plus exactement la chambre criminelle,
le parquet est représenté par le procureur général du Roi qui est le chef du parquet général et
qui est assisté par des avocats généraux ainsi que d’un secrétariat (Article 10 du dahir 1974).

Une particularité doit être soulignée, en ce qui concerne la cour suprême devant qui le
ministère public agit en tant que partie jointe au pourvoi qui est formé par les parties privées,
alors que par ailleurs il est partie principale au procès.

De manière exceptionnelle, le parquet peut agir en tant que partie principale notamment
lorsqu’il introduit un pourvoi dans l’intérêt de la loi.

- Auprès de la cour d’appel, on trouve également un procureur général du Roi, mais qui est
distinct de l’autre et qui est même son subordonné, assisté par des substituts généraux ainsi
que d’un secrétariat du parquet (Article 6 du dahir de 1974).

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Chapitre 2 : les organes de poursuite

Dès lors qu’une infraction est constatée et que son auteur est identifié, il faut passer à l’étape
qui consiste s’il y a lieu à exercer des poursuites contre la ou les personnes soupçonnées, afin
que celles-ci soient éventuellement jugées. Ce pouvoir d’exercer des poursuites, c'est-à-dire
d’intenter une action pénale, est confié à des magistrats dont la fonction est précisément de
poursuivre. Voir « les magistrats du parquet ».

Dans certains cas, ces magistrats peuvent être assistés par les fonctionnaires de certaines
administrations auxquels des pouvoirs limités de poursuivre sont reconnus par la loi.

Section 1 : le ministère public

Les magistrats qui composent la parquet ne sont pas des juges à proprement parler, il ne leur
appartient pas de dire le droit en se prononçant sur la culpabilité on l’innocence des personnes
poursuivies. Leurs fonctions se limitent à l’exercice de l’action publique au nom de la société
qu’ils représentent.

Pour bien marquer la distinction entre magistrats du parquet et juges du siège, on peut dire
que les premiers sont habituellement appelés magistrats debout parce qu’ils prononcent leur
réquisitoire dans cette position, tandis que les seconds restent sur le siège. On les appelle
également magistrats du parquet pour des raisons historiques en souvenir de l’époque où les
avocats du Roi de France se tenaient sur un parquet à proximité du public et non pas sur
l’estrade réservée au juge.

Devant le tribunal de 1ère instance, le parquet se compose du procureur du Roi et d’un ou


plusieurs substituts, plus un secrétariat du parquet. (Article 2 dahir 1974)

Etant donné qu’il n’existe pas de représentant du parquet auprès des juridictions communales
et d’arrondissement, c’est le procureur du Roi auprès du tribunal de 1ère instance qui devrait
normalement exercer les poursuites contre les justiciables de ces juridictions mais en pratique,
ce n’est pas le cas et c’est le plus souvent un membre de la police judiciaire qui prête son
concours au juge communal.

Il faut enfin signaler que les juridictions spécialisées disposent d’un parquet qui leur est
propre.

Para 1 : le statut du ministère public

Etant donné la nature de leurs attributions, les magistrats du parquet tout en étant régis par le
Dahir de 1974 relatif au statut de la magistrature, se trouvent soumis à des règles particulières
qui les singularisent des juges de jugement. Parmi ces particularités, on trouve les principes de
subordination, de l’indivisibilité, de l’indépendance, de l’irrécusabilité et de l’irresponsabilité.

- la subordination hiérarchique s’applique en effet aux membres du parquet dans la mesure où


se sont des magistrats qui jouent le rôle de représentants du pouvoir exécutif auprès des
juridictions pénales.

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A ce titre, ils forment un corps hiérarchisé qui se trouve placé sous la dépendance du ministre
de la justice, ce principe d’organisation les fait se soumettre à l’autorité de leurs supérieurs
hiérarchiques dont ils reçoivent des instructions, auxquelles ils sont tenus de se plier.

Néanmoins, cette forme de subordination n’est pas absolue, elle est tempérée par l’article 38
du code qui permet aux membres du parquet de développer oralement un point de vue
différent ou même opposé à celui qu’ils ont soutenu par écrit dans leur réquisition cette règle
découle de l’adage selon lequel « La plume est serve et la parole est libre ».

Comme l’application de cette règle de subordination, les magistrats du parquet sont amovibles
contrairement aux magistrats du siège qui bénéficient de la garantie de l’inamovibilité
conformément à l’article 19 de la constitution. Il s’en suit également qu’un membre du
parquet peut faire l’objet d’une sanction allant jusqu’à la révocation.

- la 2nde règle qui caractérise le parquet est l’indivisibilité, cette règle découle de l’article 46
du code selon lequel le procureur peut être remplacé par un substitut lorsqu’il est empêché. Il
s’en suit que les membres d’un même parquet peuvent se remplacer les uns les autres dans la
mesure où ils forment un corps indivisible.

De ce fait, il n’est pas rare qu’au cours d’un même procès, qu’on procède à des
remplacements des membres du parquet, est même possible en vertu de l’article 46, que le
chef du parquet général délègue un substitut général pour remplir les fonctions du ministère
public auprès d’un tribunal du ressort de la cour d’appel dont relève le nouveau procureur
général en question.

- la 3éme règle est celle de l’indépendance : les membres du parquet sont en effet indépendants
non pas vis-à-vis de leurs supérieurs mais à l’égard aussi bien des parties privées, que des
magistrats du siège auprès de qu’ils sont appelés à siéger.

Effectivement, ni le juge d’instruction, ni les juges de jugement ne peuvent donner des


instructions ou des directives aux membres du parquet. En réalité, ce sont plutôt des
juridictions qui doivent attendre d’être saisies par les réquisitions du parquet pour pouvoir se
prononcer sur une affaire donnée.

De la même manière, le Ministère public manifeste son indépendance vis-à-vis des parties
privées et en particulier de la victime de l’infraction, même lorsque celle-ci porte plainte ou se
constitue partie civile. Cela a pour effet de déclencher le procès sans pour autant que le
procureur soit obligé de soutenir l’accusation.

En plus, si la victime de l’infraction se désiste après s’être constituée partie civile, cela
n’empêche pas que le procureur puisse continuer l’exercice de l’action donc indépendamment
de la volonté de la victime.

- la 4éme règle est celle de l’irrécusabilité : Etant donné que les membres du parquet sont partie
au procès, il n’est pas possible de les récuser, car en bonne logique un plaideur ne peut pas
contester la qualité de son adversaire.

Ceci implique que l’article 275 du code, qui permet en règle générale la récusation de
magistrat, exclut la possibilité de le faire en ce qui concerne un membre du parquet, ainsi
donc les magistrats du parquet se distinguent des magistrats du siège.

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- la 5éme règle est celle de l’irresponsabilité : Afin de permettre aux magistrats du parquet
d’agir librement sans craindre d’être inquiétés par une action en dommage intérêts d’une
partie, d’une personne injustement poursuivie, le code a prévu la règle de l’irresponsabilité du
parquet.

Ainsi, lorsqu’une personne est acquittée, cela ne l’autorise pas à demander réparation, du fait
de la poursuite à l’encontre du procureur qui l’a poursuivie au motif qu’elle aurait subi des
dommages.

On estime que l’irresponsabilité du parquet doit s’étendre même au cas où les accusations
étaient douteuses, parce qu’il n’est pas toujours possible a priori de se faire une opinion
précise dans les affaires compliquées : De cette manière, le parquet bénéficie d’une sorte
d’immunité qui le met à l’abri des poursuites et qui le dispense même du paiement des frais
du procès et ceci par dérogation aux prescriptions des article 349 et 99 selon lesquels les
parties privées qui exercent des poursuites manifestement non fondées, peuvent être
condamnées à indemniser leur adversaire et à payer les frais du procès.

Para 2 : rôle du ministère public

La tâche essentielle qui incombe aux magistrats du parquet est d’engager, puis d’exercer
l’action pénale du moins au niveau du procès pénal. C’est là une fonction essentielle parce
que les poursuites ne seraient probablement pas exercées dans un grand nombre de cas, faute
d’un organe habilité à agir au nom de la société et à défendre ses intérêts.

C’est la raison pour laquelle le ministère public occupe une place centrale dans le cadre du
procès et qu’il joue un rôle principal dans toutes les instances répressives sauf dans les
juridictions communales et la cour suprême. Ainsi, le parquet agit en matière pénale de façon
beaucoup plus entreprenante qu’en matière civile, puisque dans les procès civils le
représentant du parquet n’est souvent que partie jointe plutôt que partie principale.

Dans les instances répressives, le parquet exerce effectivement l’action et en oriente le cours
après l’avoir déclenchée ou bien après avoir été amené à l’exercer à la suite d’une constitution
de partie civile. Dans l’un et l’autre cas, c’est sous sa responsabilité que s’exerce l’action
publique sous réserve des cas où certaines administrations ont le pouvoir elles aussi d’exercer
l’action publique.

Le ministère public n’est pas seulement partie principale au procès, il est également un
demandeur privilégié à ce même procès, en ce sens qu’il dispose d’une série de prérogatives
lui donnant un pouvoir beaucoup plus important que celui qui appartient à un demandeur
ordinaire au procès civil.

Ces prérogatives du parquet s’exercent aux différents stades du procès, que ce soit au cours de
l’instruction préparatoire, pendant l’audience, qu’après le prononcé du jugement.

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Dans la phase de l’instruction, la place prépondérante occupée par le parquet par rapport aux
parties privées se vérifie au fait que d’abord, le juge d’instruction est saisi d’un réquisitoire
introductif émanant du parquet sans lequel l’instruction ne peut être ouverte. Ensuite, par le
fait que le procureur donne son avis pour la délivrance d’un mandat d’arrêt ou sur la mise en
liberté provisoire qui serait décidée par le juge d’instruction, en plus par le fait que le parquet
exerce un pouvoir de contrôle et même de direction sur l’instruction préparatoire par
l’intermédiaire de ses différents réquisitoires.

Enfin, par le fait que le parquet peut interjeter appel à toutes ordonnances rendues par le juge
d’instruction, pendant que les parties privées voient leurs pouvoirs de former un tel appel
uniquement dans des cas limitativement énumérés par la loi.

Pendant la phase du jugement à l’audience, le parquet joue aussi un rôle important en sa


qualité de demandeur privilégie. C’est lui qui présente les conclusions d’un réquisitoire oral,
c’est lui qui, en principe, administre la preuve de ses allégations, c’est lui qui requiert
l’application de la peine ou éventuellement l’acquittement.

Enfin, après que le jugement soit rendu le parquet a la faculté d’exercer toutes les voies de
recours qu’il estime opportunes à l’encontre des décisions rendues par le tribunal.

Section 2 : les fonctionnaires de certaines administrations

De même que certains fonctionnaires participent à la recherche et à la constatation des


infractions et collaborent ainsi avec la police judiciaire, on trouve dans certaines
administrations des fonctionnaires qui participent à l’exercice de l’action publique lorsque
leur intervention est justifiée par la nature de leurs attributions.

Cette règle est énoncée en termes généraux par l’article 3 du code selon lequel, l’action
publique peut être mise en mouvement et exercée par les fonctionnaires auxquels la loi confie
expressément cette tâche. Il existe en effet plusieurs textes spéciaux qui confèrent un tel
pouvoir à une certaine catégorie de fonctionnaires, notamment ceux de l’administration des
douanes, des contributions indirectes, des eaux et forêts, de la régie des tabacs … Etc.

Plus précisément, l’article 45 du code énonce que les infractions à la législation relative aux
forêts, à la chasse ou à la pêche dans les eaux continentales sont poursuivies par les ingénieurs
des eaux et forêts, conjointement avec les membres du parquet, on trouve une confirmation de
cette disposition dans les textes particuliers tel que le Dahir du10 octobre 1917 portant code
forestier, le Dahir du 21 juillet 1923 relatif à la chasse, le Dahir du 23 octobre 1973 relatif à la
pêche, ou le Dahir du 16 décembre 1918 relatif à la douane.

D’une manière générale, il ressort de la plupart de ces textes que les fonctionnaires habilités à
exercer les poursuites ne peuvent agir que dans les cas où des infractions ont été commises au
préjudice de leur propre administration, comme c’est le cas en matière de police judiciaire. En
outre, l’action publique exercée par les fonctionnaires se distingue, sur un certain nombre de
points, de l’action qui est exercée par le parquet.

Ainsi, cette action peut faire l’objet soit d’une poursuite conforte, soit d’une poursuite
exclusive (ou l’une ou l’autre).

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En effet, en matière d’impôt indirect si la peine encourue est uniquement pécuniaire, seule
l’administration concernée est habilitée à exercer l’action publique. Dans l’autre hypothèse,
par exemple en matière de chasse, les agents de l’administration des eaux et forêts agissent
conjointement avec le représentant du parquet conformément aux dispositions de article 22
bis du Dahir du 21 juillet 1923. D’après cet article, les actions et poursuites sont exercées par
les ingénieurs des eaux et forêts au nom de l’administration sans préjudice du droit qui
appartient au ministère public.

En second lieu, il est des règles que les fonctionnaires, exercent par la poursuite, peuvent y
mettre fin au moyen de la transaction, c’est là une différence très nette avec la procédure
ordinaire puisque le ministère public n’est pas libre de disposer de l’action publique qu’il
exerce.

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Titre 2 : les juridictions répressives

Au sein de l’appareil répressif, les tribunaux constituent un rouage principal puisque c’est
dans les salles d’audience que se déroule la phase la plus formaliste et là même la plus
théâtrale du procès à savoir le jugement. C’est pourquoi le législateur accorde un intérêt
particulier aux règles devant être suivies lors des audiences ainsi qu’à celles qui précédent à
l’organisation et au fonctionnement des différentes juridictions.

L’importance des tribunaux répressifs tient également au fait que le pouvoir de condamner ou
d’acquitter leur revient exclusivement et tant qu’elles ne se sont pas prononcées
définitivement sur le cas d’une personne poursuivie, celle-ci est présumée innocente.

Etant donné la diversité et la multiplicité des tâches qui relèvent des juridictions, le législateur
a prévu plusieurs catégories de tribunaux et a confié à chacune d’elles des attributions
particulières notamment les fonctions d’instruction et de jugement qui sont en principe
séparées et confiées à deux ordres de juridictions répressives, d’un côté les juridictions
d’instructions et de l’autre les juridictions de jugement.

Les premières sont plus spécialement chargées de mener des investigations afin de réunir des
éléments de preuve.

Les secondes interviennent lorsque l’instruction est close et qu’elle conclut à l’existence
d’éléments laissant croire que la personne est suspecte et qu’il y a lieu de la juger. C’est
justement le rôle de cette 2ème catégorie de tribunaux, celui de dire le Droit en prononçant la
condamnation ou l’acquittement.

Chapitre 1 : les juridictions d’instruction

Ces juridictions ne sont pas automatiquement appelées à intervenir au cours des instances
pénales, étant donné que l’instruction préparatoire n’est pas une phase obligatoire du procès.
Depuis 1974, le champ d’application de l’instruction a été réduit par rapport à ce qu’il était en
1959 et par la même occasion, le législateur a opéré une modification de l’organisation des
juridictions d’instruction conformes au rôle attribué désormais à ces derniers. En particulier,
la chambre d’accusation a été supprimée, de sorte que le juge d’instruction est actuellement le
principal organe habilité à mener les informations judiciaires.

Section 1 : le juge d’instruction

Para 1 : le statut du juge d’instruction

Il s’agit d’un magistrat du siège dont le statut est soumis aux dispositions du Dahir de 1974
relatif à la magistrature. Mais, en outre, son statut obéit à une série de règles particulières qui
tiennent à sa fonction de juge d’instruction. Parmi ces règles particulières, certaines
concernent sa nomination.

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En effet, aux termes de l’article 6 du Dahir du 28 septembre 1974 édictant des mesures
transitoires, les magistrats chargés de l’instruction préparatoire sont désignés par arrêté du
ministère de la justice pour une durée de 3 ans, en même temps que ce magistrat, le ministère
nomme un ou plusieurs juges d’instruction selon l’importance de la juridiction dans laquelle
ils sont amenés à exercer et il est mis fin aux fonctions de ces juges dans les mêmes formes
que leur nomination.

Il faut noter que les juges d’instruction sont des magistrats du siège des cours d’appel.
Lorsque les juges d’instruction sont nommés en cette qualité, ils gardent leur statut de
magistrat du siège et de ce fait ils sont habilités en principe à exercer les fonctions de
jugement parallèlement à la fonction d’instruction. Mais cette possibilité est assez théorique
parce que les juges d’instruction sont peu nombreux par rapport au volume des affaires à
instruire, si bien qu’ils ne peuvent en plus participer au jugement d’autres affaires.

De plus, selon l’article 52 du CPP « il est interdit à un juge d’instruction de participer au


jugement d’une affaire qu’il a lui-même instruite ». Cette règle de la séparation des fonctions
d’instruction et de jugement est destinée à préserver l’impartialité des juges au niveau du
jugement définitif, or un juge d’instruction qui a déjà pris connaissance d’une affaire au
moment où il l’a instruite risque d’avoir des préjugés à l’encontre de la personne jugée.

D’ailleurs la jurisprudence de la cour suprême confirme le principe de la « séparation des


fonctions d’instruction et de jugement ». Dans une série d’arrêts notamment l’arrêt du 15
juillet 1965 où il est dit que « les fonctions d’instruction et de jugement sont séparées un
magistrat de la chambre d’accusation qui a opiné sur l’existence de charges suffisantes à
l’encontre d’un inculpé ne peut siéger dans la juridiction de jugement appelée à statuer sur sa
culpabilité ».

Cependant, dans un arrêt de 15 juillet 1958, la cour suprême avait jugé que « s’il est vrai
qu’un magistrat ne peut connaître d’une affaire criminelle comme juge d’instruction puis
comme président ou assesseur du tribunal criminel, l’incompatibilité ne s’étend pas au
magistrat où connaît de l’affaire dans le cadre d’un supplément d’information ordonné par le
tribunal criminel ».

Cette décision vise l’hypothèse où il s’avère qu’au cours du jugement, un supplément


d’information est nécessaire pour éclairer le tribunal et que cette instruction est confiée à un
magistrat siégeant dans ce même tribunal. La cour suprême a estimé que dans cette situation
précise il n’y avait pas d’incompatibilité.

D’une part parce qu’une première instruction avait déjà été effectuée par un autre magistrat et
d’autre part parce que le complément d’information intervient sur un élément nouveau ou sur
un point de détail pour lequel il n’est pas indispensable d’ouvrir une nouvelle instruction
préparatoire. Néanmoins, cette décision peut être critiquée parce que même un supplément
d’information peut être l’occasion pour le juge de se former une conviction qui orientera
nécessairement sa décision au cours du jugement.

En sa qualité de magistrat du siège, le juge d’instruction est inamovible, il s’en suit que
lorsqu’il cesse d’exercer ses fonctions d’instruction, il redevient magistrat du siège.

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Pour ce qui est de la désignation des juges d’instruction chargés de suivre telle affaire
particulière, il se pose une difficulté qui est résolue différemment selon les systèmes.

En effet, la répartition des dossiers d’instruction entre plusieurs juges d’instruction, au cas où
il en existe effectivement plus d’un au sein d’une même juridiction, pose le problème de
l’indépendance du juge d’instruction vis-à-vis soit de sa propre juridiction, soit vis-à-vis du
pouvoir exécutif. Et selon la solution choisie, l’indépendance du jugé sera plus ou moins
assurée.

En 1959, lors de la promulgation du CPP, le juge d’instruction était désigné par le doyen des
juges d’instruction. Depuis, une réforme introduite en 1962, l’article 90 du code a été modifié
et c’est désormais le procureur du Roi, représentant du parquet, qui désigne pour chaque
information le juge qui en sera chargé.

Certains auteurs critiquent ce procédé de désignation parce qu’il est susceptible d’altérer
l’indépendance du juge d’instruction ou de permettre au représentant du parquet de choisir un
juge plus compréhensif qu’un autre (en France, c’est le président de la juridiction).

Para 2 : les attributions du juge d’instruction

Depuis que la chambre d’accusation a été supprimée, c’est le juge d’instruction qui est chargé
de l’essentiel des opérations entrant dans le cadre de l’instruction préparatoire. Son rôle est
donc très important parce que les conclusions auxquelles il aboutit peuvent orienter le cours
ultérieur du procès, même si elles n’obligent pas le juge de jugement.

Le juge d’instruction est par ailleurs assisté d’un greffier qui l’aide à préparer ses dossiers et
qui les consigne dans des procès verbaux, les déclarations des interrogatoires, les
confrontations de l’instruction préparatoire. Sur le plan territorial, le juge d’instruction est
compétent par référence à 3 critères qui sont le lieu de commission de l’infraction, le lieu
d’arrestation d’un suspension ou le lieu de sa résidence.

Compétence du juge d’instruction : - lieu de commission de l’infraction


- lieu d’arrestation de l’auteur.
- lieu de résidence de l’auteur.

Ces règles générales font l’objet de dérogation dans certains cas par exemple lorsque le
prévenu ou accusé (suspect) est un magistrat ou un membre de la police judiciaire,
l’instruction de l’affaire est soumise à un juge d’instruction exerçant dans un autre ressort que
celui des suspects.

S’agissant de sa compétence matérielle, le juge d’instruction a pour tâche principale de


rechercher les éléments de preuve et d’éclairer toutes les circonstances de la commission de
l’infraction. Avant de procéder à ses investigations, le juge doit d’abord attendre d’être saisi
par les réquisitions du parquet.

Ensuite, il a toute latitude pour accomplir les actes de l’instruction qu’il juge utiles. En
particulier, il procède à l’audition des suspects, des témoins, il demande des expertises, il peut
aussi se transporter sur les lieux pour constater lui-même les éléments de l’infraction ou pour
la reconstitution.

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Il est également compétent pour décerner les mandats de justice. Lorsque l’instruction est
terminée, le juge rend une ordonnance dans laquelle il décide s’il y a lieu ou non de renvoyer
le suspect de la juridiction de jugement. A cet effet, il rend soit une ordonnance de renvoi
parce qu’il estime que les charges sont suffisantes, soit une ordonnance de non lieu lorsqu’il
est estimé que les faits reprochés au suspect ne constituent pas une infraction.

Section 2 : la chambre correctionnelle de la cour d’appel.

Cette juridiction n’est pas spécialement compétente pour préparer l’instruction préparatoire,
c’est plutôt une juridiction de jugement chargée des appels interjetés contre les décisions
correctionnelles rendues par le tribunal de 1ère instance.

Accessoirement à ce terme principale, la chambre correctionnelle a également hérité d’une


partie des attributions de l’ancienne chambre d’accusation supprimée en 1974 et qui était une
juridiction d’instruction au 2nd degré chargée d’examiner en 2nd ressort les informations
effectuées par le juge d’instruction, qui lui n’était que juge d’instruction du 1er degré.

Cela ne signifie pas pour autant que la chambre correctionnelle s’est substituée à la chambre
d’accusation, elle n’exerce que certaines de ses attributions et en particulier elle n’est plus
compétente pour mener une instruction au 2nd degré.

En revanche, la chambre correctionnelle garde un certain nombre de compétences qui lui sont
dévolues par le Dahir du 28 septembre 1974. Cette chambre est une juridiction collégiale
composée d’un représentant du parquet. La procédure qui est applicable devant elle est
publique, mais il peut statuer en chambre close.

La comparution des parties devant la chambre n’est pas obligatoire, mais l’article 219 du CPP
atténue cette absence du caractère contradictoire des débats, en permettant à l’avocat de
consulter le dossier de l’instruction compte tenu de la suppression de l’instruction du 2nd
degré, la principale fonction de la chambre correctionnelle en matière d’instruction consiste à
statuer sur les appels interjetés contre les ordonnances du juge d’instruction.

En outre, la chambre correctionnelle joue le rôle d’une juridiction disciplinaire aux termes des
articles 244 à 250 du CPP, en ce sens qu’elle est habilitée à contrôler les membres de la police
judiciaire dans l’exercice de leurs fonctions.

Le président de la chambre correctionnelle dispose lui-même d’un certain pouvoir de contrôle


et de surveillance sur les instructions préparatoires ; Le code le charge de contrôler la
régularité de la détention préventive et à cette fin, il peut se rendre dans l’établissement
pénitentiaire de son ressort pour les inspecter.

Parallèlement à ses attributions d’instruction, la chambre correctionnelle est compétente pour


régler les conflits de compétence qui peuvent opposer des juridictions du même ressort ou
même de ressort différent.

Ainsi, lorsqu’un conflit oppose deux juges d’instruction, soit parce qu’ils se déclarent tous les
deux compétents (conflit positif) ou tous les deux incompétents (conflits négatif) la chambre
correctionnelle règle ce litige en appliquant la procédure dite de règlement des juges.

21
Par contre, lorsque le conflit oppose deux juridictions d’instruction relevant de ressorts
différents, c’est la chambre criminelle de la cour suprême qui est habilitée à le régler.
Enfin, la chambre correctionnelle est compétente pour prononcer la réhabilitation judiciaire
des personnes condamnées pour crime ou délit par une juridiction marocaine.

L’organisation judiciaire quelle qu’elle soit suppose une classification des juridictions.
D’abord on distingue les juridictions de droit commun et les juridictions d’exception et ce sur
la base de la nature des infractions ou de la qualité de leur auteurs.

Par ailleurs, il importe d’observer une sorte d’hiérarchie judiciaire.

De ce fait, toute décision peut être revue et corrigée. En conséquence, l’organisation judiciaire
doit impérativement distinguer entre le 1er et le 2nd degré de l’analyse de question de fond, ou
à l’analyse de question de forme et à cet effet, la cour suprême au Maroc doit contrôler la
bonne ou mauvaise application de la loi par le juge. Elle se pose ainsi en juridiction suprême
du pays malgré certaines limites de ses pouvoirs, de ses attributions notamment quand on
réalise le schéma réel de la justice en terre d’Islam :

Le chef de l’état étant Amir El Mouminine, le détenteur de la justice. Par ailleurs, en règle
générale les limites légales de ses attributions en matière d’internationalisation de la
répression surtout en cas d’extradition.

1- une juridiction est dite de droit commun lorsqu’elle a une compétence générale
d’attribution, c'est-à-dire qu’elle a compétence dans toutes les affaires de même nature en
dehors de celles dévolues par la loi à d’autres juridictions.

2- une juridiction est dite d’exception lorsque sa compétence est limitée, la limitation résulte
soit de la nature particulière des affaires, soit de la qualité des personnes.

Quelles que soient les juridictions en cause, l’organisation judiciaire admet une hiérarchie
entre les différentes juridictions dans un souci d’une bonne administration de la justice. C’est
ainsi que les affaires seront dans un premier temps, exposées devant des juridictions du 1er
degré, lorsqu’à ce niveau les affaires sont de moindre importance, les juridictions jugent en
premier et dernier ressort.

Dans un souci de préserver les droits des parties et dans un souci de recherche d’équité, les
parties insatisfaites vont pour exposer une deuxième fois leur affaire devant les juridictions du
2nd degré et éventuellement, le 3ème degré par le biais du contrôle de la bonne application de la
loi par le juge devant la cour suprême.

Les juridictions du 1er degré connaissent également cette sorte de classification en fonction de
la compétence d’attribution. En effet, le législateur marocain ayant tripartite des infractions,
même si sur le plan

22
Chapitre 2 : les juridictions de jugement

Parmi les classifications généralement retenues pour distinguer les différentes juridictions de
jugement, l’une des plus connues consiste à les diviser en juridictions ordinaires et en
juridictions spécialisées.

Néanmoins, certaines juridictions échappent à cette classification et c’est le cas en particulier


de la cour suprême qui occupe une place à part au sein de la structure juridictionnelle.

En outre, pour l’ensemble des juridictions répressives, il existe un certain nombre de règles et
de principes qui leur sont communs et qu’il n’est pas nécessaire d’examiner à propos de
chaque catégorie de juridiction si bien que ce chapitre comportera quatre sections :

- juridictions ordinaires
- juridictions spécialisées
- la cour suprême
- les principes généraux de la compétence répressive

Section 1 : juridictions ordinaires dites juridictions de droit commun

Elles sont ainsi du fait que leur compétence est générale, en ce sens qu’elles sont appelées à se
prononcer sur toutes les affaires ordinaires par opposition aux juridictions d’exception
auxquelles la loi ne donne compétence que pour le jugement de certaines affaires
particulières. Il existe plusieurs niveaux de juridictions répressives :

- les juridictions communales.


- les tribunaux de première instance.
- les chambres correctionnelles de la cour d’appel.
- les chambres criminelles des cours d’appel.

Cette structure à 4 niveaux résulte de la réforme judiciaire de 1974, mais avant cette date il
existait un autre type d’organisation des juridictions répressives comprenant elles aussi 4
catégories de tribunaux.

- le tribunal de Saddad (qui était compétent en matière de contravention et de délit de police).

- le tribunal régional (qui statuait sur les délits correctionnels)

- le tribunal criminel (qui était une formation particulière du tribunal régional siégeant pour le
jugement des crimes) ;

- les cours d’appel (qui se prononçaient en 2ème ressort sur les décisions initialement rendues
par le tribunal régional).

L’actuelle structure juridictionnelle est comparable à l’ancien système, mais il n’y a pas une
coïncidence parfaite entre les 4 catégories respectives de juridictions répressives.

23
Para 1 : les juridictions communales et d’arrondissement

Ces juridictions sont instituées dans les arrondissements urbains et dans les communes rurales
et il existe en principe au moins un juge communal ou d’arrondissement par commune
urbaine ou rurale.

A- organisation

Les juridictions communales se composent d’un juge unique. Ce qui se comprend aisément
étant donné l’importance numérique de ces juridictions et le souci d’administrer une justice
répressive beaucoup plus rapide que par le passé.

Le statut du juge communal a ceci de particulier, qu’il prévoit deux sortes possibles de juges
soit des magistrats de carrière nommés dans les conditions de droit commun, soit des juges
n’appartenant pas au corps de la magistrature et qui peuvent ne pas avoir de formation
juridique ou judiciaire pourvu qu’ils remplissent les conditions prévues par le Dahir du 15
juillet 1974, en ce qui concerne leur âge (40 ans au moins), leur moralité … Etc. Ces juges
sont élus de manière indirecte au sein d’un collège électoral et qui sont ensuite nommés par
Dahir.

Ces juges sont assistés par un agent du greffe ou un secrétariat. On observe qu’il n’y a pas
véritablement de représentant du parquet, auprès du juge communal, mais cette fonction est
remplie par un membre de la police judiciaire.

B- la procédure suivie devant les JCA :

La particularité essentielle est la procédure suivie devant les JCA de ces juridictions, c’est que
leur justice obéit à des critères de simplicité et de rapidité. Aussi, la procédure applicable est
sommaire et peu formaliste. L’audience se tient normalement dans les 3 jours qui suivent la
convocation de l’auteur de l’infraction, sauf s’il n’a pas pu être touché. Lorsque âtre celui-ci
comparait le juge procède immédiatement à son interrogatoire.

Il reçoit ses explications et s’il estime qu’il est suffisamment éclairé, il prononce
immédiatement sa sentence sans être tenu de sa retirer pour une longue délibération. Même
lorsque la personne concernée s’abstient de comparaître, le juge peut rendre sa décision sans
attendre son éventuelle comparution.

La décision rendue par le juge communal ne peut faire l’objet d’aucun recours ordinaire ou
extraordinaire, de sorte qu’elle est immédiatement exécutoire. Le législateur n’a prévu de
dérogations à cette règle (exécution immédiate) que dans des cas très limités, caractérisés par
une violation de certaines règles de forme pour lesquelles un recours a été institué et qui doit
être formé dans les trois jours du prononcé du jugement auprès du président du tribunal de 1ère
instance qui doit lui-même statuer dans les 2 semaines qui suivent.

Par conséquent, même dans les cas où un tel recours est formé, l’infraction peut être constatée
et jugée. La sentence s’il y a lieu peut être exécutée dans un très court laps de temps.

24
C- compétence

1- compétence territoriale

Au niveau territorial, le juge communal compétent est déterminé par référence à un double
critère qui est soit le lieu de commission de l’infraction, soit le lieu de résidence de l’auteur de
l’infraction. La loi (1974) ne retient pas le critère du lieu de l’arrestation.

2- compétence à raison de la matière

D’un point de vue matériel, la compétence pénale du juge communal est fixée de manière
limitative par le Dahir de 1974 ou exactement par les articles 29 à 31 de ce texte.

A chacun de ces articles correspond une série d’infractions initialement prévues soit par le
code pénal, soit par les textes spéciaux tel que ceux relatifs à la chasse ou à la pêche. Il y a
une autre particularité attachée à la sanction, rattachée aux infractions définies par le Dahir.

En effet, les sanctions applicables sont exclusivement pécuniaires, il s’agit de l’amende et


accessoirement de la confiscation. Si bien que le juge communal n’est pas habilité à
prononcer les peines privatives de liberté, notamment la détention contraventionnelle prévue
par les articles 608 et 609 du code pénal. Il s’agit d’une précaution élémentaire, étant donné le
caractère extrêmement sommaire de la procédure applicable par le juge, l’absence de sa
formation juridique et aussi le manque de garantie offerte aux justiciables.

Lorsqu’on relève les taux prévus par la loi, il s’agit de taux allant de 200 à 800 Dhs,
concernant les infractions qui au départ sont éventuelles puisque ces infractions étaient punies
par le code pénal, d’amende allant de 5 à 120 Dhs.

Cette confusion entre les deux textes, c'est-à-dire le Dahir 74 et le code pénal fût levée par la
loi d’avril 1981 selon laquelle désormais : sont contraventions toutes les infractions punies de
l’amende comprise entre 10 à 200 Dhs, sont des délits toutes les infractions punies d’amende
supérieure à 200 Dhs. Il ressort de cette précision que les juges communaux et
d’arrondissement ont une double compétence à la fois contraventionnelle et délictuelle. Il
importe de remarquer que la compétence matérielle de ces juridictions est limitée aux seules
infractions prévues par les articles du Dahir de 1974.

Para 2 : le tribunal de première instance

La réforme de 1974 a réorganisé les anciens tribunaux régionaux sous l’appellation de


tribunal de 1ère instance. Au départ, ils étaient à peu prés une trentaine de tribunaux à partir de
1974, leur nombre ne cesse de progresser, notamment depuis le décret du 29.01.1985 (leur
nombre dépasse 70).

A- composition

Il comprend des magistrats du siège parmi lesquels le président, juges, suppléants, ainsi que
les magistrats du parquet, procureur du Roi et ses substituts et enfin, un greffe. Généralement
le tribunal est divisé en plusieurs sections spécialisées dont une section pénale. En outre, afin
de décharger le tribunal, il est prévu que des juges résidents soient détachés du tribunal pour y
exercer à titre permanent.

25
Le tribunal siège à juge unique contrairement à l’ancien tribunal régional qui était collégial.
Mais l’unicité de juge est une option qui a été choisie de manière générale par le législateur de
1974.

Cette solution peut être avantageuse dans la mesure où elle permet une rotation plus rapide
des affaires, en ce sens que chaque magistrat se voit confier un certain nombre de dossiers qui
auparavant mobilisaient 3 magistrats. Néanmoins, cette solution comporte aussi des
inconvénients, ceux d’une justice moins réfléchie et peut être de moindre qualité.

Devant le tribunal de 1ère instance, les audiences sont publiques sauf lorsque le huit clos doit
être prononcé pour des raisons d’ordre public et de bonnes mœurs ou pour le jugement des
mineurs.

Les débats se font oralement, les décisions rendues par le tribunal sont généralement
susceptibles d’appel devant la chambre correctionnel de la cour d’appel.

B- compétence

1- compétence territoriale

Le tribunal territorial compétent peut être conformément à la règle générale, soit celui du lieu
de commission de l’infraction, soit celui de la résidence de l’auteur supposé de l’infraction,
soit enfin, le lieu de son arrestation.

Quant à la compétence matérielle du tribunal de 1ère instance, elle est relativement large
puisqu’elle comporte de manière générale tous les délits et contraventions qui ne relèvent pas
expressément de la compétence d’une autre juridiction qu’elle soit ordinaire ou spécialisée.

Notons toutefois l’absence de spécification du juge, ce qui sous-entend l’incompétence de ce


dernier de certaines affaires à corac-technique d’où cette décision du juge qui sera sous tendu
par l’appréciation d’auxiliaires de justice notamment la pratique de l’expertise qui renforce le
caractère contestable de cette dite décision.

2- procédure devant les TPI

Les TPI sont régis par les règles générales de procédure, en ce sens qu’à la suite d’une plainte
ou dénonciation adressée au procureur, qui transmet l’affaire devant le tribunal. Le greffier
envoie les citations. Les règles de cette procédure imposent que ce tribunal puisse d’abord
attendre une éventuelle instruction en cette matière à défaut, elle permet à la police judiciaire
de aux fins d’enquêtes préliminaires c’est alors que l’audience est ouverte sur la base du
respect des règles générales de la procédure :

- oralité sauf lorsque le président du tribunal se suffit de mémoire.

- publicité sauf huis clos pour des raisons d’ordre public ou de bonnes mœurs ou pour
jugement des mineurs.

- la contradiction règle fondamentale notamment en matière pénale puisque le législateur


décide que la présence du Ministère Public est obligatoire à toute audience, la contradiction
suppose la présence de 2 parties au procès, notamment de l’accusé.

26
Les décisions rendues par ce tribunal sont généralement susceptibles d’appel devant la
chambre correctionnelle de la cour d’appel.

Para 3 : la chambre correctionnelle

A- organisation de la chambre correctionnelle (et sa


compétence)

En matière répressive, la cour d’appel a une compétence multiple au niveau de l’instruction


comme à celui du jugement. La chambre correctionnelle joue précisément ce double rôle
puisqu’elle a une compétence en 2nd ressort relativement à l’instruction, mais aussi une
compétence propre qu’elle remplace l’ancienne chambre pénale de la cour d’appel. Elle hérite
par conséquent d’une partie des attributions de l’ancienne chambre d’accusation en plus de
celle de l’ex chambre pénale (chambre pénale pour les appels des jugements).

En matière de jugement, la chambre correctionnelle est une juridiction de 2nd degré appelée à
statuer sur les appels formés contre les jugements rendus en 1ère ressort par les tribunaux de
1ère instance qui se trouvent dans sa circonscription judiciaire.

Donc sur le plan matériel, la compétence de la chambre correctionnelle se limite à des affaires
de nature essentiellement délictuelle ou éventuellement contraventionnelle dans les cas où la
loi prévoit la possibilité de former un appel. Conscient de cette situation, le législateur
entreprend à l’heure actuelle une réforme qui réinstaure la collégialité dans ces juridictions.

Désormais, les TPI seront appelés à statuer à 3 magistrats ce qui renforce inévitablement le
dispositif répressif organisationnel. Ainsi, les sections devront alors fonctionner en chambre
avec une meilleure organisation et un meilleur suivi du dossier.

B- la procédure applicable devant la chambre correctionnelle

La procédure applicable devant la chambre correctionnelle résulte des règles générales de la


procédure (moralité, publicité et contradiction). Aux cotés des 3 magistrats prévus pour
statuer, la présence du ministère public est obligatoire.

Ainsi, la cour juge aussi bien sur le plan du fond que sur le plan de la forme. De ce fait,
lorsque les magistrats s’estiment peu éclairés, peuvent demander une enquête ou une
instruction complémentaire.

En effet, la chambre correctionnelle n’est pas tenue par un conclusion décidée dans le premier
degré. Les décisions de la chambre criminelle sont susceptibles de pourvois en cassation.

27
Para 4 : la chambre criminelle de la cour d’appel

C’est une juridiction qui est exclusivement compétente pour statuer sur les affaires de nature
criminelle dans tous les cas où la loi ne reconnaît pas des attributions particulières à une
juridiction spécialisée.

Cette chambre criminelle est en réalité une juridiction dans la juridiction, en ce sens qu’il
s’agit non pas d’une chambre comme une autre mais d’une véritable juridiction au sein de la
cour d’appel qui a sa propre compétence et qui obéit à sa propre procédure cela s’explique par
le fait que la chambre criminelle est venue se substituer à l’ancien tribunal criminel qui était
une juridiction à part entière dont la composition rappelait celle du tribunal régional et qui a
été supprimé lors de la réforme de 1974.

A- organisation

La chambre criminelle siège à 5 magistrats dont un président et 4 assesseurs désignés par


l’assemblée générale de la cour d’appel. Il s’agit d’un collège renforcé par rapport à la
composition normale des autres chambres de la cour d’appel qui ne comportent que trois
magistrats et ceci s’explique par la gravité des affaires soumises à la chambre criminelle
surtout par caractère conséquent de la peine décidée par le juge en la matière. En effet, la
peine se traduit très souvent par une séquence fâcheuse sur l’intégrité des condamnés le
minimum régime est de réclusion à temps.

Une autre raison tient au fait que l’ancien jury criminel était composé de jury populaire
siégeant auprès des magistrats professionnels dans l’ancien tribunal criminel. Ce jury a été
supprimé, si bien que l’élément populaire n’est plus représenté au sein de la chambre
criminelle et que cette absence a été compensée par l’élargissement du collège de la cour.

Une autre différence entre l’actuelle juridiction criminelle et l’ancien tribunal criminel réside
dans le fait que ce dernier tenait des sessions périodique alors que la chambre criminelle, elle,
est une juridiction permanente. En plus du magistrat la chambre comporte un parquet
représenté par le procureur général du roi assisté par les substituts généraux et un greffe.

B- la procédure applicable

Il est fait application d’une manière générale de la procédure prévue par le code de procédure
(pour être suivie par l’ancien tribunal criminel) à savoir que les débats sont oraux,
contradictoires et que les audiences doivent être publiques.

Les décisions rendues par la chambre sont insusceptibles d’appel et ne peuvent faire l’objet
que d’un pourvoi en cassation. Cette solution était déjà consacrée en ce qui concerne le
tribunal criminel, aujourd’hui il s’impose d’autant plus que cette juridiction criminelle est une
chambre de la cour d’appel, cette cour qui est compétente pour statuer sur les affaires au
second degré.

28
C- compétence

Sur le plan territorial, ce sont les critères du droit commun qui sont pris en considération pour
déterminer la juridiction compétente, rationné materiae la chambre criminelle connaît de tous
les faits que la loi qualifie de crime ou qui en sont connexes.

On parle d’infractions indivisibles lorsqu’elles sont commises par plusieurs personnes en tant
que co-auteurs ou complices, et on parle de connexité dans différentes situations caractérisées
par des liens étroits entre différentes infractions soit en raison du temps, soit en raison du lieu.
Ex : pillage commis au cours d’une émeute.

Section 2 : les juridictions spécialisées (ou d’exception)

Dans la plupart des pays, dans toute politique criminelle, il existe des juridictions spécialisées
dont la raison d’être est liée soit à la qualité particulière des personnes jugées soit aux
circonstances exceptionnelles qui motivent la création des juridictions d’exception, soit enfin
à souci de réprimer plus sévèrement certaines catégories d’infractions jugées particulièrement
dangereuses pour l’ordre social et public.

Particulièrement, mais on pourrait comprendre que ce tribunal, une juridiction spécialisée, un


privilège accordé à une catégorie de population en raison de la particularité de cette
population pour laquelle il importe de garantir un procès à caractère particulier et ces règles
permettant de prévoir le personnel qualifié, opte à mieux permettre de respecter la
spécification du procès en plus de la qualité des personnes à juger pour que la décision, donc
le jugement rendu, puisse être un jugement adéquat dans lequel le juge est d’abord ancré dans
le contexte de l’affaire, il a mesuré la dimension de la gravité et il a pu en conséquence
décider d’une sanction opportune.

Au Maroc, l’organisation judiciaire répressive a d’abord fait l’objet de cette question,


notamment lorsque l’organisation juridictionnelle comprend une juridiction spécialisée et
surtout les tribunaux pour enfants qui furent un model de genre.

Depuis l’indépendance, les reformes entreprises, on peut relever dans l’organisation judiciaire
actuelle des juridictions spécialisées mais dont certaines ne fonctionnent pas automatiquement
(et l’une d’elles n’existe d’ailleurs que sur les papiers : haute cour de justice) on déplore avec
beaucoup de regret la suppression des tribunaux pour enfants de telle sorte qu’en matière
répressive, on ne relève que 2 sortes de juridictions d’exception :

- tribunaux militaires
- cours spécialisées de justice

Au Maroc il n’existe que deux types de juridictions spécialisées qui sont le tribunal militaire
et la cour spéciale de justice. D’autres juridictions ont existé par le passé comme la cour de
justice crée en 1957 qui s’est vue confier le jugement de l’affaire des huiles nocives et qui a
disparu après le jugement.

29
Le code prévoyait aussi des juridictions pour mineurs qui ont été supprimées en 1974 sous
réserve des règles particulières qui restent applicables au jugement des mineurs. Par ailleurs,
la constitution complétée par une loi organique de 1977 prévoit une haute cour de justice
compétente pour juger les infractions commises par les membres du gouvernement dans
l’exercice de leurs fonctions.

Para 1 : les tribunaux militaires

Le cadre de l’infraction militaire permet l’organisation de deux juridictions : les tribunaux aux
armées et les tribunaux permanents des forces armées royales

A- organisation

1- composition

Les tribunaux militaires sont régis par le code de justice militaire de 1956 tel qu’il a été
modifié à plusieurs reprises et notamment par les dahirs de 1971, 1976 et 1977.

La justice répressive militaire est rendue différemment selon qu’il s’agit de périodes de paix
ou de guerre. Pour les deux situations, le législateur a prévu ce tribunal militaire permanent et
ces tribunaux militaires aux armées.

a- le tribunal permanent des FAR

C’est une juridiction unique qui a son siège à Rabat mais ce tribunal peut siéger dans toutes
parties du royaume, il a effectivement siégé à Kenitra et Agadir.

Les juges sont à la fois des militaires de carrière familiarisés avec tout ce qui concerne la vie
militaire, ainsi que des magistrats civils de carrière qui veillent à la bonne application de la loi
(les juges sont choisis parmi les meilleurs militaires de carrière et parmi les magistrat civils de
carrière).

Ce tribunal est présidé par un magistrat civil auprès de qui siègent au moins deux assesseurs
militaires ou plus et ce en fonction de la gravité de l’infraction ; Les assesseurs sont choisis en
fonction du grade de l’accusé. Ce dahir de 1977 a été édicté pour réglementer ce statut des
magistrats militaires ainsi que des officiers greffiers et sous-officiers commis greffiers,
représentant la justice militaire.

Ce dahir crée un corps autonome de magistrats militaires ainsi qu’un cadre de greffiers et sous
greffier appelés à composer le tribunal militaire.

30
b- les tribunaux militaires aux armées

En temps de guerre, ce code de justice militaire prévoit l’institution militaire de tribunaux


militaires aux armées et par conséquent, il devait y avoir autant de tribunaux aux armées que
de quartiers généraux installés dans les divisions militaires ; Ils sont présidés par un officier
militaire et non un juge civil sauf lorsque l’accusé a un grade de général ou colonel.

Cette composition s’explique par les circonstances de guerre qui permettent difficilement la
réunion des magistrats civils et encore par le souci d’assurer une répression plus rapide et plus
sévère qu’impose la discipline de l’armée.

2- compétence

La compétence du tribunal permanent des FAR : sa compétence matérielle se reporte aux


infractions qualifiées d’atteinte à la sûreté de l’Etat ainsi que les infractions contre la
réglementation des armes et quelle que soit la qualité de l’auteur.

Bien entendu, comme il s’agit d’une juridiction d’exception, sa compétence matérielle reste
tributaire de la qualité des personnes. Ainsi, en matière de compétence rationae personae, elle
se rapporte aux militaires et personnes assimilées ainsi qu’aux personnes ayant participé à la
commission de l’infraction dont les auteurs principaux sont militaires. La compétence
territoriale s’étend bien étendu à l’ensemble du royaume.

La compétence des tribunaux aux armées : elle est calquée sur celle du tribunal permanent des
FAR sauf que ces tribunaux ne fonctionnent qu’en guerre.

B- procédure

La procédure applicable devant ces tribunaux militaires est définie par le code pénal militaire,
si elle retrouve le schéma général et respecte des règles fondamentales de droit commun, elle
reste néanmoins, moins formaliste en raison de la nature de l’infraction militaire donc peu
expéditive réserve faite du jugement des infractions à la sûreté de l’Etat.

Para 2 : la cour spéciale de justice

Cette juridiction a été instituée en 1965 par la loi du 20 Mars 1965 de cette année et elle a été
réorganisée par le Dahir du 6 octobre 1972. Enfin, le Dahir du 24 Avril 1975 est venu
modifier le texte de 1972 pour le mettre en harmonie avec la nouvelle organisation judiciaire
issue de la réforme de 1974.

A- organisation

C’est une juridiction unique basée à Rabat et qui siège à 5 Magistrats dont :
- un président désigné par Dahir parmi les Magistrats du 1er grade.
- 4 magistrats assesseurs désignés par arrêté du ministre de la justice.

En même temps que le président et les assesseurs, sont désignés des vices présidents et des
magistrats suppléants.

31
Le ministère public est représenté au sein de la cour spéciale de justice par un procureur
général nommé par Dahir assisté par des substituts généraux désignés par arrêté ministériel.

Depuis le Dahir de 1975, le jury qui complétait auparavant la composition de la cour a été
supprimé comme l’avait été 1 ans plus tôt le jury criminel.

La procédure suivie par la cour est assez proche de celle qui est suivie par la juridiction
criminelle sous réserve d’un certain nombre de particularités liées notamment au souci de
trancher plus rapidement les affaires soumises à la cour. De plus, l’instruction préparatoire qui
précède le jugement par la cour, est confiée à un juge d’instruction spécialement désigné à cet
effet par le ministre de la justice et dont de la compétence s’étend à l’ensemble du pays.

B- compétence

D’ailleurs, la compétence territoriale de la cour elle-même est également générale dans la


mesure où la cour est une juridiction unique. S’agissant de sa compétente matérielle, elle est
déterminée par référence à un triple critère concernant la qualité des justiciables de la cour, la
nature des infractions relevant de la cour, le montant des sommes faisant l’objet de
détournements ou d’autres malversations.

1- pour ce qui est des personnes à l’égard desquelles la


cour est compétente

Ce sont des fonctionnaires publics, ainsi que les personnes assimilées au sens où l’entend
l’article 224 du code pénal tel qu’il a été extensivement interprété par la cour spéciale de
justice elle-même.

En effet, selon cette article, sont réputés fonctionnaires publics toutes les personnes qui sous
une dénomination et dans une mesure quelconque, sont investies d’une fonction ou d’un
mandat même temporaire rémunéré ou gratuit et concourent à ce titre aux services de l’Etat,
des administrations publiques, des municipalités, des établissements publics ou à un autre
service d’intérêt public.

2- pour ce qui est des infractions qui relèvent des


attributions de la cour

Sont les faits de corruption, détournement de deniers publics ou d’objets détenus par un
fonctionnaire public, concussion (c’est le fait d’exiger une somme d’argent qui n’est pas due),
trafic d’influence (user de son pouvoir auprès des pouvoirs constitués pour obtenir un service
moyennant une rétribution), détournement (c’est le fait pour un fonctionnaire qui soustrait
indûment des deniers publics, pièces, titres, actes … qui étaient en sa possession dans
l’exercice de ses fonctions).

3- pour que la cour spéciale de justice soit compétente


non seulement il doit s’agir d’un fonctionnaire ayant commis l’une des infractions précitées,
encore faut-il que la somme en jeu dépasse un certain montant, montant qui a été relevé au
moins 3 fois et qui a été porté la dernière fois à 25 000 Dhs en 1981.

32
Remarque : la cour spéciale de justice a parfaitement le privilège de juridiction accordé par la
procédure pénale. En effet, instituée en vue de connaître d’abord certaines particularités
d’infractions commises par les fonctionnaires (corruption –concussion - trafic d’influence –
détournement de deniers publics.) et lorsque l’infraction porte sur une affaire dont le montant
est supérieur à 25000 dhs, c’est une juridiction spécialisée dans la mesure où il y a une
limitation complète tant au niveau de compétence, attribution, qu’au niveau de la qualité des
personnes qui doivent être jugées. Là, se pose le problème de déterminer le fonctionnaire. On
se réfère à l’article 225 du code pénal (même si la mission n’est pas rémunérée) large, vague
et peu précise.

Par ailleurs, cette institution fait l’objet de plusieurs textes modificatifs elle a très peu
fonctionné en raison de la sensibilité desdites infractions et du fait de mettre en doute la
confiance des agents de l’Etat.

C- procédure devant la cour spéciale de justice

La procédure suivie par la cour est assez proche de celle suivie par la juridiction criminelle
sous réserve d’un certain nombre de mesures liées notamment au souci de trancher plus
rapidement les affaires soumises à la cour.

De plus, l’instruction préparatoire est confiée à un juge d’instruction spécial dont la


compétence s’étend à l’ensemble du territoire.

Para 3 : le jugement des mineurs

Avant 1974, il existait des juridictions pour mineurs ou du moins des procédures particulières
applicables au jugement des mineurs. Depuis la réforme, les juridictions ont cessé d’exister et
seules restent en vigueur, certaines règles procédurales particulières. Ainsi, auparavant, les
contraventions étaient jugées par l’ancien tribunal du Saddad, par contre les crimes et les
délits étaient de la compétence du tribunal des mineurs ou le tribunal pour enfants.

Aujourd’hui, les contraventions ainsi que les délits reprochés aux mineurs relèvent des
juridictions de droit commun, c'est-à-dire essentiellement le tribunal de 1ère instance ou
éventuellement les juridictions communales.

Le législateur a cependant précisé que le tribunal doit statuer en chambre de conseil afin de
préserver le mineur contre les éventuels abus de la publicité des débats. Sous réserve de cette
exception, la procédure appliquée par le tribunal est celle de droit commun, de même que la
composition du tribunal reste inchangée.

Donc on remarque l’absence du juge des mineurs pour le jugement de ce genre d’infractions
(délits et contraventions) ce qui est une régression très regrettable par rapport à la situation
antérieure.

Les jugements rendus par le TPI en cette matière sont portés en appel devant la chambre
correctionnelle de la cour d’appel qui elle même doit statuer à huit clos qui comporte pour la
circonstance, au moins un juge des mineurs si le mineur commet une infraction, le juge
communal doit selon le dahir de 1974 convoquer les parents du mineur et les inciter à mieux
surveiller le mineur.

33
Pour ce qui est des crimes commis par les mineurs, ils sont confiés à la juridiction criminelle
de la cour d’appel, donc la chambre criminelle de la cour d’appel, celle-ci devant également
statuer à huit clos et comprendre parmi ses membres au moins un juge de mineurs, le juge des
mineur est un magistrat de la cour d’appel désigné par arrêté ministériel et spécialement
investi de la fonction du juge des mineurs. Au sein de chaque cour d’appel existent un ou
plusieurs juges des mineurs selon l’importance de la cour.

Une autre particularité tient au fait que l’instruction préparatoire est toujours obligatoire
lorsque le crime est le fait du mineur. L’instruction est également effectuée par un juge des
mineurs qui conformément au principe général, ne doit pas participer au jugement de l’affaire
qu’il a instruite. En dehors de ces différences, le jugement du mineur du point de vue
procédural est assez proche de celui des majeurs au mépris des enseignements de la
criminologie qui édicte un traitement différencié selon la personne des délinquants.

S’il y a une population privilégiée, ce serait le cas du mineur en raison de son âge, de sa
difficulté à appréhender certaines difficultés de la vie sociale. Le droit pénal marocain a connu
au même titre que les législateurs étrangers, une juridiction spéciale pour les mineurs.

En 1974, on a supprimé le tribunal pour enfants, c’est une grosse maladresse à laquelle il
fallait pallier. Comment ?

Si les mineurs ne sont pas différés devant une juridiction spécialisée, ils bénéficient de
certaines règles qui les singularisent des majeurs.

Au niveau des règles de procédure, elles sont particulières. Le jugement du mineur va faire
exception à la règle générale de la publicité des audiences a l’audience est à huis clos.

Par ailleurs, on a progressé pour dire qu’il y a un constat obligatoire d’institutionnalisation


d’une juridiction spécialisée pour mineurs.

Mais la pratique dans l’organisation judiciaire a institué le juge des mineurs, chaque tribunal
doit connaître au moins un juge spécialisé chargé des affaires des mineurs.

Quand une infraction est commise par un mineur, si elle est au moins délictuelle l’instruction
est automatique.

Le législateur est sensibilisé aux problèmes des mineurs en droit pénal, mais il y a un constat :
absence de moyens, d’infrastructures.

Dans la pratique, même si le mineur fait l’objet d’un traitement de faveur, la justice marocaine
n’est pas en mesure de faire ce traitement vu le manque de moyens. Le mineur quand il tombe
dans la délinquance, n’en sort que criminel.

34
Section 3 : la cour suprême : la chambre criminelle de la cour suprême

La cour suprême se trouve à la tête de toutes les juridictions du royaume. Elle a été créée en
1957 et depuis lors son organisation et son fonctionnement n’ont pas subi de modifications
importantes particulièrement pour ce qui est de la chambre criminelle qui nous intéresse ici.

Para 1 : organisation de la chambre criminelle

Comme les autres chambres de la cour suprême, la chambre criminelle est une juridiction
collégiale qui siège à 5 magistrats :

- 1 président de chambre.
- 4 conseillers assistés par un service de greffe et du secrétariat. Le ministère public dont la
présence est obligatoire comme dans toutes autres juridictions répressives est représenté par le
procureur général du Roi assisté par les avocats généraux.

A- attributions de la chambre criminelle de la cour suprême

Pour ce qui est des attributions de la chambre criminelle, elles sont essentiellement de deux
sortes. Il y a d’abord le pourvoi en cassation qui constitue la tâche essentielle de la cour
suprême. (Articles 568 à 630 du CPP). Il y a ensuite le pourvoi en révision qui est une voie de
recours relativement rare en pratique (Articles 612 à 621 du CPP)

1- le pourvoi en cassation

Il est lui-même susceptible d’une distinction selon que ce sont les intérêts privés ou l’intérêt
public qui sont en jeu. Le pourvoi le plus couramment utilisé, c’est celui qu’on désigne par
l’expression « de pourvoi en cassation » sans autre précision. C’est celui que les parties
introduisent en vue de faire triompher leur intérêt propre. C’est une voie recours
extraordinaire qui n’est ouverte qu’après épuisement des voies de recours ordinaires : appel et
opposition ou en absence de telles voies de recours, c'est-à-dire contre les décisions rendues
en 1er et dernier ressort.

Outre ce pourvoi ordinaire dans l’intérêt des parties privées, il existe des pourvois particuliers
qui s’exercent dans certains cas dans l’intérêt de la loi. L’initiative de former de tels pourvois
appartient au procureur général ou au ministre de la justice. Tous deux visent, en formant ce
pourvoi, à corriger une erreur d’interprétation ou l’application de la loi et ce essentiellement
dans le but de veiller au respect de la loi sans avoir en vue l’intérêt des parties privées.

2- le pourvoi en révision

La deuxième attribution de la chambre criminelle de la cour suprême est liée aux situations
dans lesquelles se commettent des erreurs judiciaires et pour lesquelles le législateur a prévu
la possibilité de former ce qu’on appelle « le pourvoi en révision» ou « une demande de
révision ».

Il s’agit d’une voie de recours extraordinaire ouverte contre les décisions définitives mais qui
sont entachées d’une erreur de fait ayant pour conséquence de porter préjudice à la somme
condamnée.

35
En pareil cas, la cour suprême qui est habituellement une juridiction du droit se transforme
exceptionnellement en juridiction de fait, pour réexaminer l’affaire litigieuse afin de déceler
l’erreur alléguée. Si au cours de son examen la cour suprême estime que la demande est
fondée, la décision attaquée sera annulée et l’affaire est renvoyée à la juridiction concernée
pour un nouveau jugement.

3- la cour suprême s’est vue reconnaître d’autres


attributions en matière répressive qui ne sont pas de nature contentieuse

En particulier, elle est compétente en matière d’extradition de délinquants étrangers


conformément au Dahir de 1957 il s’agit la d’une extradition passive.

La cour suprême avait elle-même dans un arrêt du 10 Décembre 1957 déclaré que la chambre
criminelle de la cour suprême est compétente pour statuer sur les demandes d’extradition
présentées au gouvernement marocain (règlement du juge).

De plus, il faut relever qu’en la matière, la cour ne prononce qu’un avis consultatif ce qui veut
dire que la véritable décision en la matière reste à la libre appréciation du pouvoir exécutif et
on peut déplorer que la plus haute juridiction du pays ne soit impliquée dans un dossier
répressif malgré une procédure assez complexe que pour émettre enfin un avis consultatif (les
raisons pourraient se trouver dans les règles de sûreté de l’Etat qui vertent sous la maîtrise de
l’exécutif.

Le règle des juger incombe soit à la chambre correctionnelle de la cour d’appel soit à la
chambre correctionnelle de la cour suprême.

C’est la chambre correctionnelle en tant qu’héritière des attributions de l’ex chambre


d’accusation qui procède à la règle du conflit lorsque les juridictions relèvent de son ressort.
Dans tous les autres cas de conflit de compétence, c’est là l’unique juridiction supérieure
commune à l’ensemble des juridictions pénales.

Section 4 : les principes de la compétence répressive

S’agissant de la plupart des juridictions répressives, il existe une série de règles d’application
commune que l’on retrouve dans presque toutes les instances pénales. Parallèlement, il y a
aussi un certain nombre de dérogations aux règles ordinaires qui sont propres à certaines
instances répressives. Et enfin, les règles de compétence donnent lieu dans certains cas à des
litiges pour le règlement desquels le législateur a prévu des dispositions spéciales dans le
CPP.

Para 1 : synthèse des règles normales de compétence

Mis à part des règles relatives à la compétence en matière d’infractions dites internationales,
les principales règles ordinaires posées par le CPP concernent la compétence répressive ;
Dans l’ordre interne au triple plan matériel, personnel et territorial.

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A- la compétence matérielle

Elle est déterminée par la nature de l’infraction. Autrement dit, la juridiction compétente
diffère selon qu’il s’agit de crimes, de délits ou de contraventions : c’est la chambre
criminelle, dans le premier cas, c’est le tribunal de 1ère instance dans les deux autres cas sous
réserve d’infractions dont le jugement est expressément confié par la loi à d’autres
juridictions. En particulier la cour spéciale de justice, le tribunal militaire et les juridictions
communales.

B- la compétence personnelle

Elle se réfère à la qualité des auteurs des infractions, cette qualité étant parfois prise en
considération pour déterminer la juridiction compétente. Ainsi, les militaires sont
automatiquement justiciables du tribunal militaire, de même théoriquement, un ministre
devant être justiciable de la haute cour s’il commet une infraction dans l’exercice de ses
fonctions ministérielles, comme un fonctionnaire auteur de corruption est justiciable de la
cour spéciale de justice.

C- la compétence territoriale

Elle est envisagée à l’article 261 du CPP et se réfère à 3 critères servant à déterminer la
juridiction territoriale compétente et qui sont :

1- le lieu de commission de l’infraction et s’il s’agit d’une omission, c’est le lieu où


l’obligation légale aurait dû être exécutée.
2- le lieu d’arrestation de l’auteur supposé de l’infraction.
3- le lieu de résidence de ce même auteur supposé de l’infraction.

Ce triple critère est valable d’une manière générale pour l’ensemble des juridictions
répressives sauf les cas où la loi prévoit des solutions particulières par exemple pour ce qui est
des juridictions communales seuls les lieux de commission et de résidence sont pris en
considération.

Quelle que soit la compétence considérée, les règles qui la gouvernement sont considérées en
principe comme étant d’ordre public, et qui interdisent aux parties privées d’y déroger
conventionnellement, comme elles peuvent le faire en matière civile.

Par ailleurs, le juge saisi doit toujours se prononcer sur sa propre compétence et s’il y a lieu se
déclarer d’office incompétent même en dehors de toute contestation, c’est ce qu’a rappelé le
cour suprême le 17 Décembre 1959, où il est précisé que la compétence des juridictions
répressives étant d’ordre public, il incombe à la cour d’appel de rechercher même d’office, si
elle se trouve incompétente ou pas.

37
Para 2 : dérogations aux règles normales de la compétence répressive

Le CPP ainsi que la pratique judiciaire a développé une série de dérogations aux règles
ordinaires dont les principes concernent :

- la correctionnalisation judiciaire
- la plénitude de juridiction de la chambre criminelle de la cour d'appel
- le jugement de l’exception par le juge de l’action
- la prorogation légale de compétence.

A- la correctionnalisation judiciaire

Il s’agit d’une pratique qui s’est développée en droit français essentiellement à l’initiative des
parquets et des juges d’instruction qui ont pris l’habitude dans certains cas précis, de
transformer une qualification criminelle en qualification correctionnelle et ceci afin de faire
juger l’infraction en question par le tribunal correctionnel d’où le nom du procédé appelé
« correctionnalisation judiciaire ».

On y parvient par le recours à une qualification artificielle lorsque les circonstances sont
suffisamment louer pour le permettre. Exemple ainsi, un meurtre peut être qualifié de coups et
blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. De cette manière, la procédure est
considérablement simplifiée. Ce procédé de la correctionnalisation est également en usage au
Maroc. Même si les textes ne sont pas très clairs sur ce point et même si certain articles du
code de procédure peuvent être interprétés comme interdisant le recours à la
correctionnalisation.

Ainsi, d’après l’article 422 : « Lorsque le tribunal de 1ère instance est saisi d’un crime, il doit
se déclarer incompétent ». De même, un arrêt de la cour suprême du 13 juillet 1961 ne semble
pas favorable au procédé de la correctionnalisation.

On y relève, dans cette arrêt, qu’il s’avère que le fait dont il est saisi sous la qualification de
délit de police constitue un délit correctionnel, le tribunal de Saddad doit se déclarer
incompétent et renvoyer la partie poursuivante à se pourvoir devant les juridictions
compétentes.

Cette disposition s’impose également au tribunal régional statuant en appel d’un jugement du
tribunal du Saddad on remarquera qu’en l’espèce, il ne s’agit pas de correctionnalisation mais
de politisation, mais le procède étant le même, on peut en déduire que cette décision s’élève
contre la procédé la correctionnalisation.

B- la plénitude de juridiction de la chambre criminelle de la


cour d’appel

On sait que la compétence matérielle de cette juridiction se limite aux jugements des faits
qualifiés crimes. En d’autres termes, lorsqu’elle est saisie de faits constitutifs de délit ou de
contravention, on peut penser à priori qu’elle devrait se déclarer incompétente. En réalité, ce
n’est pas le cas puisque la chambre criminelle contrairement aux autres juridictions ne peut se
déclarer incompétente dans de tels cas car elle a une plénitude de juridiction.
Ces règles déjà inscrites dans le CPP ont été réaffirmées par le Dahir 1974 édictant des
mesures transitoires.

38
Donc la chambre criminelle peut être appelée à statuer même sur des infractions qui ne sont
pas de nature criminelle, c’est ce que confirme la jurisprudence de la cour suprême
notamment un arrêt du 1er Mars 1962, selon lequel un arrêt de la chambre d’accusation
renvoyant un accusé devant le tribunal criminel attribue irrévocablement compétence à cette
juridiction. Néanmoins, cette dérogation peut-elle comporter des exceptions, en particulier
lorsque l’affaire soumise à la chambre criminelle relève d’une juridiction spécialisée, alors la
déclaration d’incompétence devient possible.

C - le jugement de l’exception par le juge de l’action

Selon l’article 260 du code, c’est le juge de l’action qui est en même temps celui de
l’exception ce qui signifie que le tribunal normalement compétent pour statuer sur l’action
publique est également celui qui doit se prononcer sur les exceptions, c'est-à-dire les moyens
de défense soulevés par les personnes poursuivies même lorsque ces moyens sont étrangers à
la matière pénale.

Le cas le plus fréquent qui se présente est celui d’une question de droit civil évoquée à
l’occasion d’une instance répressive tel que poursuite pour « abus de confiance» ou pour
« émission de chèque sans provisions ». Dans ces cas là, le juge pénal est compétent pour
examiner la question de droit civil.

On trouve confirmation de cette règle dans un arrêt du 21 Février 1963 dans lequel la cour
suprême a jugé qu’en l’absence de dispositions contraires de la loi, le juge répressif est
compétent pour statuer sur les questions soulevées accessoirement à la poursuite. Cette règle a
l’avantage de simplifier et d’accélérer la procédure et elle ne soulève pas de difficultés
majeures dans la mesure où les juges sont généralement « polyvalents » cette procédure rentre
dans l’esprit de la justice marocaine qui ne consacre pas la spécialisation du juge : « toute
section peut valablement juger et instruire quelle que soit la nature de l’affaire qui lui est
exposée ».

Seulement cette règle subit elle-même des dérogations dans les cas ou l’exception soulevée
est trop importante, pour être jugée accessoirement à l’action principale, le juge répressif doit
surseoir à statuer en attendant que le juge civil examine l’exception soulevée.

De telles exceptions sont dites exceptions préjudicielles au jugement cet pour être recevables
(pour motiver un survis au jugement), il faut qu’elles aient un caractère sérieux, qu’elles
soient étayées par des titres ou des témoignages probants. L’ex courant est celui de
l’exception de propriété en cas d’atteinte à la propriété d’autrui.

D- la prorogation légale de compétence

Proroger la compétence d’une juridiction revient à lui faire juger une infraction qui n’est pas
normalement de sa compétence, une telle situation se présente lorsque des infractions relevant
de plusieurs tribunaux présentent un certain nombre de liens entre elles qui justifient un
jugement simultané de l’ensemble de ces infractions par la même juridiction, afin d’assurer
une cohérence dans l’administration de la justice.

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La prorogation a en plus le mérite de permettre la constitution d’un seul dossier pour plusieurs
infractions au moyen d’une jonction de procédure, ce qui réalise une économie de temps et de
moyens.

La jonction est possible en particulier lorsque les infractions jointes sont soit connexes, soit
indivisibles, les infractions connexes sont celles qui présentent entre elles une unité de temps
ou de lieu, en sens que leur commission a été simultanée ou s’est déroulée au même endroit.

Elles peuvent se caractériser par une unité de pensée (intellectuelle) même lorsque les
infractions ont été commises dans des lieux différents, mais d’un commun accord par
plusieurs personnes qui se sont concertées au préalable.

L’article 224 vise même d’autres situations de connexité par exemple le recel est réputé
connexe à l’infraction par laquelle les objets recelés ont été enlevés, détournés ou obtenus. La
cour suprême a eu souvent l’occasion de se prononcer sur des cas de connexité

Par ex dans un arrêté du 3 décembre 1959 « En raison de l’unité de temps et de lieu, d’autre et
du rapport de causalité liant une infraction aux autres, il existe un lien de connexité entre une
infraction au code de la route commise par un délinquant d’objet détournés et le recel commis
par un deuxième délinquant d’objets détournés par le 1er pour assurer l’impunité de son
infraction au code de la route ».

En l’espèce, un accident de la circulation avait entraîné la mort d’un passager du véhicule que
l’auteur de l’infraction conduisait sans permis de conduire le chauffeur (Auteur de
l’infraction) par la même occasion détourne les fonds qu’il transportait pour le compte de son
employeur et les confie à une tierce personne à charge pour cette dernière d’endosser la
responsabilité de l’accident et d’en donner une version mensongère.

La cour suprême dit qu’il y avait connexité entre la conduite d’une 1ère infraction et
l’homicide du passager, le détournement de fonds et le recel de ces derniers. Dans une 2ème
affaire, la cour suprême avait décidé dans un arrêt du 3 Novembre 1959 que manque de base
légale, l’arrêt de la chambre d’accusation qu’affirme l’existence d’une lien de connexité entre
les crimes commis par certains inculpés est un délit distinct et personnel à un autre inculpé,
sans préciser les circonstances particulières qui justifient ce lien.

Dans cette affaire X était prévenu de détention d’armes sans autorisation d’un côté, et de
l’autre Y, Z et W étaient poursuivis pour des vols qualifiés. La chambre d’accusation avait
renvoyé l’ensemble des prévenus devant le tribunal criminel sans préciser les liens entre la
détention d’armes et les vols qualifiés. (Le juge doit motiver sa décision c'est-à-dire s’il y a
connexité ou non).

Par ailleurs, la jonction de procédure peut se faire s’agissant d’infractions indivisibles c'est-à-
dire des faits délictueux qui présentent entre eux des liens encore plus étroits que ceux de la
connexité. L’étroitesse de ces liens étant telle que l’existence des uns ne se comprendrait pas
sans l’existence des autres. Ex : en cas de concertation ou de complicité, il s’agit de faits
indivisibles les uns des autres.

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La jonction de procédure est en principe automatique en cas d’indivisibilité pendant qu’elle
n’est que facultative en cas de connexité. En pratique, la jonction se fait surtout au profit de la
chambre criminelle de la cour d’appel, mais il peut arriver qu’elle se fasse au niveau du
tribunal si une infraction de 1ère instance, en cas où une infraction de la compétence de
juridiction communale, serait indivisible de la compétence du tribunal de 1ère instance et aussi
des juges communaux.

Para 3 : les litiges relatifs à la compétence répressive

Etant donné que les règles de la compétence sont d’ordre public et que leur inobservation est
susceptible d’entraîner la nullité de la procédure du jugement, il importe d’éviter ses
éventuelles sanctions en réglant au préalable les litiges qui peuvent surgir à propos de la
compétence. A cet effet, il y a d’abord la possibilité pour une juridiction de rendre une
décision d’incompétence. En outre, lorsque ces litiges se produisent, ils sont réglés par une
procédure particulière. Ces litiges peuvent d’ailleurs opposer aussi bien des juridictions
d’instruction que des juridictions de jugement.

A- la décision d’incompétence

En règle générale, toute juridiction répressive est tenue de statuer sur sa propre compétence,
de sa propre initiative ou bien à la demande d’une partie au procès qui soulève une exception
d’incompétence. A l’occasion de cet examen, la juridiction saisie doit se déclarer
incompétente dès lors qu’elle le constate. Cependant, cette règle ne reçoit pas application en
ce qui concerne la chambre criminelle qui a plénitude de juridiction ce qui l’empêche de se
déclarer incompétente alors même que l’infraction qui lui est soumise en réalité de ses
attributions.

B- conflit de compétence

Le conflit de juridiction peut s’élever également au niveau de l’instruction comme par


exemple entre deux magistrats d’instruction.

En ce qui concerne sa nature, le conflit peut être tantôt négatif, tantôt positif. Il est
généralement négatif lorsque deux juridictions se déclarent toutes deux incompétentes pour se
prononcer dans une affaire. Le conflit est plus rarement positif lorsque deux juridictions pré
fondent toutes deux être compétentes pour connaître de la même affaire. Le règlement de ces
litiges est soumis à une procédure particulière prévue aux articles 263 à 265 du code, appelée
« procédure de règlement de jugés ». Ce règlement incombe soit à la chambre correctionnelle
de la cour d’appel soit à la chambre criminelle de la cour suprême.

C’est la chambre correctionnelle en tant que qu’héritière de certaines attributions de l’ex


chambre d’accusation qui prouvée au règlement du conflit. Lorsque les juridictions opposées
se trouvent être dans la circonscription judiciaire de la cour d’appel, ce sera en revanche la
chambre criminelle de la cour suprême qui réglera les autres types de litiges dans la mesure
où elle est l’unique juridiction supérieure commune à l’ensemble des juridictions générales. Il
pourra s’agir de deux tribunaux de 1ère instance relevant de cours d’appel différentes, comme
il pourra s’agir d’un conflit opposant le tribunal militaire à un tribunal de 1ère instance.

41
Titre 3 : la preuve en matière pénale

Chapitre 1 : les modes de preuve.

A l’exemple d’un grand nombre de législations étrangères, le code de procédure pénale


marocain consacre « la règle de la liberté de la preuve » dans son article 288 aux termes
duquel, « les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge décide
d’après son intime conviction ».

Ce texte admet de façon explicite que tous les procédés probatoires sont en principe
acceptables et que le juge en vue de les apprécier, n’est guidé que par sa propre conscience et
sa propre science, puisque le législateur lui demande de décider d’après son intime conviction
c’est donc bien la liberté de la preuve qui est la règle en matière répressive contrairement ce
que prévoit le code de procédure civile pour l’administration de la preuve de certaines
matières civiles ou commerciales pour lesquelles, les moyens de preuve sont assez strictement
réglementés.

La raison d’être de ce principe de la liberté probatoire en matière pénale s’explique à la fois


par la nature et par la portée du procès pénal. Quant à sa nature, l’instance répressive est
souvent constituée par des événements imprévisibles pour lesquels il est difficile de pré
constituer des preuves.

Quant à sa portée, le procès pénal comporte une dimension humaine, psychologique pour
laquelle également on conçoit difficilement un système de preuve rigide. Et c’est pour tenir
compte de ces particularités de l’instance pénale que le législateur a facilité l’administration
de la preuve en posant le principe de sa liberté.

Cependant, liberté ne signifie pas libre arbitre, en ce sens que tous les moyens de preuve ne
sont pas forcément bons et licites. Il existe en effet des procédés probatoires dont on peut
estimer qu’ils sont illicites d’un point de vue non seulement moral, mais aussi juridique. C’est
le cas en particulier de la torture ou d’autres traitements dégradants tendant à faire pression
sur la personne interrogée pour provoquer des aveux. Cette torture et ces traitements sont
interdits aussi bien par la législation interne (en particulier le code pénal) que par les
conventions internationales (en particulier les conventions internationales interdisant la
torture).

Il existe d’autres procédés utilisés de par le monde mais dont la licéité est douteuse par
exemple le recours aux « écoutes téléphoniques », il y a aussi le « détecteur de mensonges »
qu’on appelle aussi « polygraphe », autre procédé interdit est celui du « sérum de vérité» ou
« maroc-analyse ». Ces procédés sont généralement considérés comme déloyaux bien qu’il
existe un mouvement en faveur de leur admission en tant que techniques probatoires. Les
instruments juridiques internationaux semblent plutôt réagir contre l’utilisation de ces
méthodes, c’est en particulier le cas de pacte international relatif aux droits civil et politique
dont l’article 7 dispose : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements
cruels, inhumains, ou dégradants, en particulier il est interdit de soumettre une personne, sans
son libre consentement, à une expérience médicale ou scientifique ».

42
Para 1 : les modes de preuve classiques

Il est bien entendu que la preuve est libre, mais cela n’empêche pas qu’en pratique, il existe
certains modes de preuve auxquels on a le plus souvent recours en raison de leur commodité
et de la facilité relative de leur administration. Ce sont notamment la connaissance directe du
juge, le témoignage, l’écrit, l’aveu.

On remarquera que le serment n’est pas prévu par le code en tant que moyen de preuve, alors
qu’il l’est en matière civile, ce qui peut s’expliquer par la gravité de l’enjeu du procès pénal et
le souci d’éviter les parjures, mais ce qui ne reflète pas la réalité présente puisque dans la
conscience populaire le serment continue d’avoir un poids important à des fins de preuve.

A- la connaissance directe du juge

Etant donné que le juge se prononce d’après son intime conviction, on conçoit aisément qu’il
cherche à acquérir une telle conviction en ayant personnellement une connaissance directe des
circonstances de l’infraction soumise à son jugement. A cet effet, il ne peut pas par ex se
déplacer sur les lieux de l’infraction pour constater lui-même les faits, pour procéder à une
constitution de l’infraction, voire même pour effectuer des perquisitions ou des saisies.

En réalité, ces différents actes sont plutôt accomplis au cours de l’instruction préparatoire si
elle a lieu ou même avant, pendant l’enquête policière et ce sont très souvent des officiers de
police judiciaire qui s’en chargent soit de leur propre initiative, soit en exécution d’une
commission rogatoire donnée par le juge. Mais il peut arriver que ces opérations aient lieu au
cours même du jugement lorsque le tribunal s’estime insuffisamment éclairé et qu’il veut
recueillir des informations complémentaires.

C’est sur la base de l’ensemble des renseignements obtenus de cette manière, ainsi que les
informations recueillies à l’audience, que le juge arrive finalement à se faire une opinion, une
conviction directe. Cette opinion propre au juge qui est le fait de sa connaissance directe, doit
être distinguée des informations qui parviennent au juge de façon détournée et en dehors de
l’exercice de sa profession (voie de presse). De telles informations ne peuvent normalement
être retenues par le juge pour fonder sa décision.

B- le témoignage

C’est un des moyens de preuve les plus couramment utilisés en matière répressive et c’est ce
qui explique que le CPP ait prévu une réglementation relativement détaillée du témoignage et
des conditions qui doivent être réunies pour sa validité aussi bien au cours de l’instruction,
que pendant le jugement. S’agissant du témoin, pour que sa déposition puisse être retenue
comme mode de preuve, il faut qu’il soit capable et qu’il ne soit pas frappé d’incompatibilité.

La condition de la capacité est remplie lorsque le témoin est âgé de plus de 18 ans et au
dessous de cet âge, le témoin est écouté à titre de simples renseignements, ce qui veut dire que
sa déposition n’est pas formellement un véritable témoignage.

Pour ce qui est de l’incompatibilité, elle concerne un certain nombre de personnes qui ne sont
pas admises à témoigner comme le juge ou le greffier ou la partie civile (s’il y’en a une).

43
Une fois le témoin convoqué, il est tenu de comparaître sous peine de s’exposer aux sanctions
de l’article 121 du CPP. Le témoin prête serment avant de faire sa déposition et celle-ci a lieu
oralement pour préserver la spontanéité du témoignage.

La formalité du serment est jugée importante, et il est arrivé que la cour suprême annule un
jugement rendu alors que les témoins avaient été entendus sans prêter serment et sans que
cette omission n’ait soulevé aucune objection ni de la part du parquet ni de la part de la
défense. A l’occasion d’un jugement dans un arrêt du 8 Juillet 1958, ainsi que d’une autre
décision du 3 janvier 1961, la cour suprême avait jugé que les parents de la victime ne sont
pas dispensés de la prestation de serment. En dépit des garanties qui l’entourent, le
témoignage ne constitue pas un mode de preuve infaillible, il arrive en effet qu’il soit erroné
ou même mensonger.

Dans le 1er cas, le témoin peut se tromper et faire de bonne foi une déposition qui n’est pas
conforme à la réalité, et de cette façon contribuer involontairement à fausser le jugement.

Dans le 2nd cas, le témoin est tout à fait conscient et fait un faux témoignage soit en faveur ou
au détriment de l’accusé auquel cas, il s’expose aux peines criminelles de faux témoignage,
infraction prévue par l’article 368 du code pénal.

C- l’écrit

Quoiqu’en pratique la preuve littérale soit d’un usage peu fréquent dans le domaine répressif
contrairement à la situation qui prévaut en matière civile, cependant pour diverses raisons,
l’écrit n’est jamais absent d’une procédure répressive, ne serait-ce que parce qu’un dossier est
constitué et qu’il comporte un certain nombre de pièces.

Parfois, l’écrit peut être l’instrument même qui a servi à la commission de l’infraction et donc
constitue une sorte de pièce à conviction : Ex, le faux en écriture ou la lettre de menaces.
Dans d’autres hypothèses, l’écrit sert à rapporter la preuve d’un contrat dont l’existence est
nécessaire en tant qu’élément de l’infraction, c’est le cas de l’abus de confiance de certains
actes notariés ou sous seing privés. Ex : (comptabilité, livres de commerce, factures…).

Mais dans la plupart des cas, l’écrit est constitué par les procès verbaux établis pour la
constatation des infractions par les membres de la police judiciaire et qui forment l’essentiel
des dossiers pour les infractions de gravité faible ou moyenne. L’article 295 du CPP précise
que la preuve par écrit ne peut résulter de la correspondance qui serait échangée entre le
prévenu et son avocat.

D- l’aveu

Dans un arrêt du 16 Mars 1961, la cour suprême définissait l’aveu comme étant : « la
déclaration par laquelle une personne reconnaît comme devant être tenu pour avérer à son
égard un fait de nature à produire contre elle-même des conséquences juridiques ».

Actuellement, l’aveu a beaucoup perdu de sa valeur en tant que mode de preuve, si bien qu’il
a perdu l’importance qui était considérée comme la reine des preuves. Cependant, comme il
arrive assez fréquemment que l’aveu ne soit pas spontané et qu’il ne soit pas conforme à la
réalité, sa force probante n’est plus considérée comme absolue.

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Ainsi, même si des aveux sont faits devant le juge, celui-ci peut en tenir compte, comme il
peut les écarter et condamner ou acquitter en se basant sur d’autres moyens de preuve qui ont
pu remporter sa conviction.

L’aveu peut être obtenu essentiellement de deux manières :

Soit de façon spontanée, le coupable prend l’initiative de se confesser au tribunal, à la suite de


remords ou bien parce qu’il veut s’attirer l’indulgence du juge (pratique tout à fait légale et
honnête dans les pays anglo-saxons, mais considérée comme déloyale au Maroc), c’est la
déclaration par laquelle une personne reconnaît à son égard un fait de nature à produire elle-
même des conséquences juridiques.

Soit au cours des interrogatoires devant la police ou devant le juge que la personne est acculée
à avouer l’infraction commise.

Para 2 : les modes de preuve scientifiques

Ce sont principalement l’expertise d’une part et les indices de l’autre. Ces deux moyens de
preuve peuvent être considérés comme scientifiques dans la mesure où leur administration
relève des personnes qui ont une formation particulière. Par ex : dans les méthodes
criminalistiques, ces modes probatoires ne sont d’ailleurs pas systématiquement utilisés. On y
a recours dans des procès soulevant des difficultés techniques particulières qui échappent à la
compétence du juge. En outre, le recours à ces moyens de preuve est tributaire de l’existence
auprès de la juridiction concernée de personnes hautement qualifiées et aussi dans certains cas
d’équipements appropriés.

A- l’expertise :

Régie par les articles 171 à 189, le recours à l’expert peut être décidé aussi bien pendant
l’instruction préparatoire qu’au recours du jugement.

Lorsque le juge s’estime insuffisamment éclairé sur une question qui échappe à sa
compétence et sur laquelle il souhaite obtenir les éclaircissements nécessaires, dans ce cas, il
désigne un expert parmi ceux qui figurent sur la liste qui est dressée annuellement dans le
ressort de chaque cour d’appel.

Ces experts prêtent serment au moment de leur nomination et non pas chaque fois qu’ils sont
amenés à déposer à l’audience. L’expert choisi par le juge effectue l’étude qui lui a été
confiée et au terme de sa recherche, il soumet au tribunal les conclusions de son travail sous la
forme d’un rapport. Ce rapport d’expertise peut être contesté par les parties au procès,
lesquelles ont la possibilité de demander un complément d’expertise ou même une contre-
expertise.

Quoiqu’il en soit, le juge n’est pas juridiquement lié par les conclusions de l’expert, il peut
s’en inspirer pour former sa conviction, comme il peut les rejeter si elles lui semblent
contestables. C’est d’ailleurs en ce sens que se prononce la cour suprême dans un arrêt du 30
juin 1960, la cour a estimé que les appréciations des experts judiciairement commis ne
s’imposent pas au juge.

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Dans un autre arrêt cependant, rendu le 23 décembre 1965, la cour a décidé que si les
appréciations d’un expert judiciaire commis ne s’imposent pas aux juges, ceux-ci sont
légalement tenus de motiver leurs décisions, pour les modifier ou les démentir, exprimer en
termes non dubitatifs les considérations que les ont déterminés à adopter une opinion
contraire.

En d’autres termes, la cour demande aux juges de faire preuve d’une connaissance d’experts
pour pouvoir démentir les experts. De toute manière, le problème se pose rarement en ces
termes puisqu’en fait, la décision est généralement très influencée sinon dictée par les
résultats de l’expertise lorsque cette dernière constitue le principal mode de preuve au cours
d’un procès.

B- les indices

En matière de preuve, d’une manière générale, les indices sont des éléments de faits dont on
peut déduire l’existence ou l’absence d’infraction et au cas ou il semble que l’infraction est
établie, ces indices peuvent également servir à se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence
des personnes sur lesquelles portent des soupçons.

Ces indices sont d’ailleurs rarement les seuls éléments de preuve. Ils sont en général
complétés et corroborés par d’autres moyens probatoires. En pratique, ces indices peuvent
consister par ex dans des empreintes digitales laissées sur un objet, par des traces de pas
laissées sur un sentier ou encore des débris d’objets, des traces d’armes à feu ou d’explosifs,
des résidus de substances toxiques. Ces différents types d’indices ont connu un
développement considérable à la faveur de l’évolution de la criminalistique. Quoi qu’ils
fassent l’objet d’enseignements théoriques et pratiques dispensés dans des établissements
spécialisés « institut de criminologie », il n’est pas rare qu’on trouve des cours de
criminalistique.

Chapitre 2 : l’appréciation des preuves

Il ne suffit pas de définir les différents moyens de preuve admissibles au cours d’une instance
pénale, il faut encore convenir de la manière dont ces moyens de preuve doivent être
appréciés par le juge, appelé à statuer sur l’infraction en cause. En d’autres termes, il s’agit de
savoir qu’elle est la valeur probatoire que la loi accorde à chacun de ces moyens de preuve et
selon que leur force probante soit plus ou moins grande, le juge aura plus ou moins de latitude
pour les évaluer.

En cette matière, il existe principalement deux façons d’apprécier les preuves qui ont donné
lieu à deux systèmes qui se sont historiquement succédé, qui sont celui de la preuve légale et
celui de la preuve morale.

Para 1 : la preuve légale

Comme l’indique son nom, ce système établit un barème auquel le juge doit nécessairement
se conformer sans pouvoir écarter une preuve légalement imposée ou au contraire introduire
un mode de preuve ignoré par la loi. C’est dire que dans le système de la preuve légale, le
juge ne dispose que d’une très faible marge d’appréciation et son rôle est conçu d’une manière
mécaniste, en ce sens qu’il doit presque aveuglément appliquer les prescriptions légales.

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Son intime conviction n’a pas véritablement l’occasion de s’exercer puisque même s’il peut
avoir des raisons de croire à l’innocence de l’accusé, il doit néanmoins prendre une décision
de condamnation dès lors que la preuve légale a été rapportée devant lui.

Inversement, faute d’une telle preuve légale, il peut être amené à innocenter la personne jugée
quand bien même dans son for intérieur, il serait convaincu de sa culpabilité. Ce système était
bien sûr appliqué avec trop de nuances d’un pays à l’autre et d’une époque à l’autre, de sorte
que ses traits caractéristiques sont beaucoup plus nuancés et complexes que ne peuvent le
laisser croire la description schématique que l’on donne généralement.

Le système présentait des inconvénients liés à son extrême rigidité, notamment il a engendré
des abus sous forme de torture en particulier, et qui étaient pratiqués non pas comme mode de
preuve mais comme moyen d’aboutir à la preuve légalement exigée ex : lorsque l’aveu est
obligatoire comme condition de la condamnation, on était parfois tenté de recourir à la torture
pour provoquer l’aveu. C’est en raison de ces excès que le système de la preuve légale, qui
était applicable dans l’ancien droit français, a été abandonné au lendemain de la révolution de
1789 et a été remplacé par celui de la preuve morale.

Para 2 : la preuve morale « intime conviction »

Ce système est également appelé dans un grand nombre de législations nationales « système
de l’intime conviction », car il repose essentiellement sur la conviction personnelle du juge
qui est libre d’apprécier les preuves qu’on lui soumet, sans être lié par des conditions rigides
autres que celles qu’imposent la loyauté et la bonne foi.

C’est pourquoi, par opposition au système de la preuve légale, il a pris le nom de système de
la preuve morale et que ses caractéristiques prennent le contre-pied de celles du système qu’il
a remplacé.

C’est ce système de l’intime conviction qui est en vigueur actuellement dans la plupart des
pays y compris le Maroc. En effet, aux termes de l’article 288 du code « hors les cas où la loi
en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge
décide d’après son intime conviction ».

Cette disposition établit donc le principe de la preuve morale, mais elle prévoit également des
exceptions qui doivent être prévues par la loi. S’agissant du principe lui même, sa
signification est évidente, l’intime conviction revient à libérer le juge des contraintes légales
strictes et à faire confiance à son appréciation personnelle et libre des preuves administrées.

Le législateur ne lui donne pas de directives pour tenir compte d’un mode de preuve plus que
d’un autre, en ce sens qu’il n’y a pas d’ordre de priorité entre les moyens de preuve de sorte
que le juge n’est guidé que par sa conviction la plus profonde et sa conscience
professionnelle.

Cette liberté qui est donnée au juge est aussi une lourde responsabilité mise à charge, puisque
la loi lui donne un pouvoir très étendu pour décider du sort de l’accusé. Ainsi, le législateur a
prévu des limites à cette appréciation pour qu’elle ne se transforme pas en arbitraire. Le juge
doit en effet motiver ses décisions en indiquant précisément les raisons qui ont orienté la
sentence, afin qu’un contrôle puisse être exercé s’il y a lieu par des juridictions supérieures.

47
En dehors de cette limite qui tient à la motivation de décisions, la loi a carrément prévu des
exceptions au principe de l’intime conviction dans un certain nombre de cas où c’est
pratiquement le système inverse qui réapparaîtra.

C’est notamment le cas en ce qui concerne certains procès verbaux auxquels la loi reconnaît
une force probante plus ou moins grande selon la nature des infractions constatées et qui
parfois s’imposent à la volonté du juge. Ainsi, les procès verbaux établis en matière de crime
n’ont valeur que de simples renseignements étant donné la gravité des infractions qu’ils
constatent et c’est pourquoi le juge garde les mains libres pour en apprécier la teneur.

En revanche, les procès verbaux établis en matière de délits et contraventions font foi jusqu’à
preuve contraire de leur contenu, si bien que le juge est bien obligé de les prendre en
considération tant que les parties concernées n’arrivent pas à détruire leur contenu par une
preuve contraire.

Enfin, certaines catégories de procès verbaux font foi jusqu’à inscription de faux, c’est à dire
qu’ils sont pratiquement inattaquables étant donné que la procédure d’inscription en faux
réglementée aux articles 622 à 634 suivants du code est extrêmement aléatoire et elle aboutit
très rarement. Dans ce dernier cas, il s’agit presque d’un retour au système de la preuve
légale.

2nde exception : la question de droit civil

Elle est prévue par l’article 290 du code aux termes duquel : « le juge lorsqu’il se trouve
confronté à une infraction dont l’existence est subordonnée à l’administration d’une preuve de
droit civil, il doit observer à cet égard les règles de la matière civile pour apprécier ces
preuves. Or, précisément dans le domaine civil, c’est le système de la preuve légale qui
prédomine, si bien que l’on se trouve ici aussi en présence d’en renversement du mode
d’appréciation de la preuve : le juge pénal étant tenu de se comporter comme un juge civil par
exemple : selon l’article 443 du DOC, on sait que la preuve d’un contrat mettant en jeu une
somme supérieure à 250 dhs doit être rapportée par écrit. S’il y a abus de confiance, le juge
saisi doit recourir à l’écrit pour établir l’existence du contrat abusif.

3ème exception : certaines infractions contre les mœurs et plus particulièrement les délits
d’adultère et de fornication ne peuvent être prouvés aux termes de l’article 493 du code pénal
que par 3 modes de preuve :

- le constat de flagrant délit dressé par un officier de police judiciaire.


- l’aveu judiciaire
- l’aveu émanant du prévenu (lettre confession)

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Chapitre 3 : la charge de la preuve

En procédure, la preuve est généralement apportée par l’une ou l’autre des parties au procès,
et on peut se demander si en matière répressive, le fardeau de la preuve doit incomber au
demandeur qui se plaint de la commission de l’infraction ou au défendeur à qui on
demanderait de prouver l’absence de l’infraction qu’on lui reproche.

Logiquement, il serait injuste que le défendeur soit tenu de se disculper et c’est pourquoi le
demandeur devrait normalement avoir la charge de prouver ses allégations. Seulement en
pratique, les cas d’espèce soulèvent des difficultés devant lesquelles les principes ne peuvent
pas toujours être respectés, en particulier lorsqu’il s’agit non pas de prouver l’infraction elle
même, mais plutôt les moyens de défense soulevés par l’accusé pour rejeter les charges qui
pèsent sur lui.

Para 1 : la charge de la preuve de l’infraction

A ce niveau, le principe est clair et net c’est au demandeur qu’il appartient d’administrer la
preuve de l’infraction en l’occurrence c’est le ministère public qui doit s’acquitter de cette
tâche étant donné qu’il joue ce rôle de demandeur principal au procès pénal.

Le fondement de cette règle est facile à trouver et découle du principe de la présomption


d’innocence affirmé par la déclaration des droits de l’homme, et par le pacte international des
droits civils et politiques, instruments auquel le Maroc a souscrit et qui interdisent qu’un
soupçon soit porté sur une personne qui n’a pas été définitivement jugée et condamnée.

Or si les individus sont présumés innocents, jusqu'à production d’une preuve contraire
judiciairement établie, on ne peut logiquement exiger de ces personnes qu’elles prouvent leur
innocence, sans quoi le principe serait vidé de sa substance.

Néanmoins, si ce raisonnement est théoriquement valable, il n’en est pas toujours ainsi dans la
pratique. La loi elle-même prévoit certaines exceptions à ce principe par ex : le code de la
presse de 1958 précise que : « en cas de diffamation par voie de presse ou de diffusion de
fausses nouvelles, les auteurs de ces actes sont considérés comme ayant agi la mauvaise foi »
c’est à dire que leur innocence n’est plus présumée et il leur appartient de prouver leur foi
pour écarter cette présomption légale de mauvaise foi et qui pèse sur eux ce qui est en général
très difficile à faire en pratique.

Para 2 : la charge de la preuve des exceptions

Tout procès suppose une accusation et une défense qui essaye de détruire les chefs
d’accusation ou du moins de minimiser la responsabilité du délinquant. Ainsi, des moyens de
défense sont généralement soulevés et il se pose la question de savoir à qui doit revenir
l’obligation d’en rapporter la preuve, faut-il en charger le parquet lequel, en quelque sorte,
joue le rôle du juge d’instruction qui mène son information pour rapporter les preuves à
charge et à décharge, ou bien la preuve de ces exceptions va-t-elle incomber à la défense qui
en fait état ?

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Cette question est controversée en doctrine et n’a pas reçu de solution définitive en
jurisprudence. En gros, il existe 2 courants juridiques s’opposant à cet égard, selon un 1er
système, qui est celui de la procédure civile, c’est celui qui soulève les moyens de défense qui
doit en même temps les prouver, cette solution est dictée par des considérations d’équité et
aussi par des arguments pratique, en effet, on invoque la difficulté pour le ministère public
d’établir la preuve des faits ou des circonstances qui ne sont parfois connus que du seul
prévenu.

Les partisans du 2ème système estiment, au contraire, que c’est le parquet qui doit prouver à la
fois les éléments constitutifs de l’infraction et les causes de justification qui font disparaître
cette même infraction.

Or les moyens de défense consistent justement bien souvent à invoquer un fait justificatif ou
une cause de non imputabilité ou une excuse absolutoire, donc autant l’éléments qui sont
susceptibles de dégager la culpabilité de la personne poursuivie et c’est pourquoi le ministère
public devrait avoir compétence pour établir les moyens de défense.

L’inconvénient d’un tel système, c’est qu’il aboutit à limiter la répression, la loi n’opte ni
pour l’un ni pour l’autre et la jurisprudence se caractérise par un certain pragmatisme qui n’est
que le reflet de la pratique, en effet, les solutions diffèrent généralement d’un cas à l’autre,
tout dépend de l’habilité de l’avocat de la défense et du débat judiciaire qui s’institue à
l’occasion du procès, bien que forcement l’accusé doit parfois prouver son innocence.

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PARTIE II : LE CHEMINEMENT DE LA REPRESSION

L’application d’une preuve ou d’une mesure de sûreté à la suite de la commission de


l’infraction n’intervient qu’au terme d’un cheminement qui se fait en plusieurs étapes à
l’intérieur duquel, le jugement fait figure d’actes principaux du processus répressif.

Seulement, ce jugement est lui-même précédé par des opérations préparatoires qui facilitent le
travail ultérieur du juge et cette phase peut être appelée : « avant jugement ». Par ailleurs, en
aval de la décision, se situe une phase que l’on peut appeler « après jugement » et au cours de
laquelle peuvent être exercées les voies de recours ouvertes contre les décisions rendues à
charge d’appel ou susceptibles d’un pourvoi en cassation. Par conséquent, le cheminement de
la répression comporte principalement 3 phases : avant jugement, jugement, après jugement.

Titre 1 : avant jugement

Cette étape préliminaire préparatoire au jugement se subdivise elle-même en 2 moments assez


distincts et qui sont d’un côté la phase policière, pendant laquelle sont effectuées les
premières investigations tendant à la constatation de l’infraction, d’un autre coté la phase
judiciaire consacrée à l’instruction préparatoire menée par les juridictions d’instructions, étant
entendu que cette 2ème étape de l’avant jugement n’est pas obligatoire, et qu’il peut être
procédé directement au jugement immédiatement après l’enquête de police.

Chapitre 1 : les investigations policières

On sait que la police judiciaire ainsi que les autorités chargées des fonctions de police
judiciaire jouent un rôle essentiel dans le processus répressif, même si leur intervention
commence en fait avant que le procès ne soit formellement déclenché. En effet, le législateur
reconnaît à la police judiciaire des attributions importantes qui sont tantôt d’ordre général,
tantôt plus spécifiquement orientées vers les enquêtes policières. Ces prérogatives sont
d’autant plus importantes (que le domaine de l’instruction préparatoire a tendance à ce …) et
que corrélativement, la phase de l’avant jugement repose désormais pour une large partie sur
les membres de la police judiciaire.

51
Section 1 : les investigations d’ordre général (Article 18 CPP)

Il s’agit des compétences qui incombent habituellement à la police judiciaire et qui sont
énumérées à l’article 18 du code on peut les ramener en gros à 2 catégories de compétences, à
savoir la recherche et la constatation des infractions. On observe que l’article 18 envisage
aussi la situation ou une instruction préparatoire est déjà ouverte, ce qui suppose que le procès
est déjà en cours et où les membres de la police judiciaire sont tenus d’exécuter des
délégations par des commissions rogatoires en vertu d’une lettre d’instruction émanant du
juge d’instruction. Ce sont là des actes qui relèvent plutôt de l’instruction préparatoire et qui
débordent le cadre des investigations policières.

Para 1 : la recherche des infractions

A ce niveau, les termes de l’article 18 sont assez extensifs puisque la police judiciaire est non
seulement chargée de la recherche des infractions et de leurs auteurs mais également : de
rassembler les preuves de telles infractions. Cette formulation semble dépasser les attributions
véritables de la police judiciaire qui n’est pas habilitée, comme le serait un juge d’instruction
ou de jugement, à faire la preuve de la culpabilité ou de l’innocence du suspect, mais
simplement de réunir des éléments pouvant laisser croire que la personne suspectée peut être
l’auteur des actes constatés.

En d’autres termes, les recherches effectuées par la police judiciaire ne devraient pas en soi
avoir valeur de preuve au sens plein du terme. Cependant, cette précaution demeure en
pratique assez inopérante puisque bien souvent, ce sont les investigations policières qui
constituent l’essentiel du dossier soumis à la juridiction de jugement et sur la base desquelles
le juge est appelé à se prononcer.

Dans le cadre des opérations de recherche, la police judiciaire est tenue selon l’article 21 du
code de recevoir les dénonciations qui se différencient de la plainte en ce que les premières
émanent de personnes étrangères à l’infraction alors que la 2ème est le fait de la victime de
l’information.

- la dénonciation est généralement spontanée et se traduit par le fait d’informer la


Police judiciaire de la commission de l’infraction. Mais il arrive que la dénonciation constitue
obligation mise à la charge des individus par la loi, par ex l’article 209 du CP sanctionne les
personnes qui s’abstiennent d’informer les autorités judiciaires d’un crime contre la sûreté de
l’Etat dont elles auraient connaissance (emprisonnement 2 à 5 ans).

Quant à la plainte, elle se présente de la même manière que la d’énonciation avec cette
différence que c’est la victime de l’infraction qui la porte devant les autorités judiciaires soit
devant un officier de la police judiciaire, soit directement devant le procureur ou le juge
d’instruction.

52
Para 2 : la constatation des infractions

La recherche des infractions se double de leur constatation qui consiste de la part de la police
judiciaire à affirmer formellement, avoir assisté, visualisé en connaissance d’un acte
délictueux. Pour que ces constations laissent des traces qui puissent être ultérieurement
utilisées au cours du procès, elles sont matérialistes dans des actes écrits qui sont néanmoins
dénommés « Procès verbaux » ces actes obéissent à un formalisme assez rigide qui doit être
suivi sous peine de les entacher d’irrégularité.

Les règles qui président à la rédaction de ces procès verbaux sont énoncées notamment aux
articles 71 et 291 à 293 du CPP. Il ressort de ces dispositions que les procès verbaux doivent
contenir une série d’énonciations concernant la qualité du rédacteur, la signature afin qu’on
puisse par la suite s’assurer que le procès verbal a bien été établi par une autorité compétente,
les circonstances de fait, la date de la réaction du procès verbal.

La force probante des procès verbaux varie en fonction des faits constatés: lorsque l’infraction
constatée est un crime, les énonciations des procès verbaux ne valent que comme de simples
renseignements, alors que s’il s’agit d’un délit ou d’une contravention, le procès verbal fait foi
jusqu'à preuve contraire de ces énonciations, ces règles ont été rappelées à plusieurs reprises
par la cour suprême ex : arrêt du 7 juillet 1960, la chambre criminelle avait jugé qu’un procès
verbal régulièrement dressé par un gardien de la paix fait foi, jusqu'à preuve contraire, des
infractions au dahir sur la police de circulation et du roulage. Mais un rapport rédigé par un
commissaire de police sur les indications d’un gardien de paix ne constitue qu’un compte
rendu sans valeur probante.

La cour distingue entre le procès verbal qui matérialise des contestations et le rapport qui
donne lieu à la rédaction ultérieure d’un procès verbal, ce dernier n’étant alors qu’un compte
rendu et non plus un témoignage directe. Bien que cette nuance soit importante, elle est en
pratique souvent détournée, en ce sens que les procès verbaux ne sont en réalité que des
comptes rendus de rapports.

Dans un arrêt du 19 avril 1952, il a été jugé qu’en matière d’accident de la circulation, rien
n’interdit les tribunaux de faire prévaloir la preuve testimoniale sur les constatations de procès
verbaux de police qui font seulement foi jusqu'à preuve du contraire ou comme simples
renseignements suivants qu’ils émanent ou non d’un officier de police judiciaire.

Autre ex un arrêt du 9 janvier 1964, les procès verbaux du juge d’instruction faisant foi de la
réalité des déclarations de l’inculpé consignés par ce magistrat, mais non de la véracité ou de
la pertinence de sa déclaration. Les tribunaux peuvent sans méconnaître la force probante de
tels procès verbaux, admettre des explications contraires ultérieurement fournies par l’inculpé.

53
Section 2 : les attributions spécifiques de la police judiciaire

Cette 2ème catégorie est dites « spécifique » parce qu’elle concerne des actes qui relèvent
principalement de la police judiciaire pendant la phase de l’avant jugement et qui consiste à
mener des enquêtes pour faire la lumière sur les circonstances de la commission d’une
manière différente selon que l’infraction commise est une infraction flagrante ou qu’elle n’a
pas ce caractère de flagrance.

Dans le 1er cas, c’est « une enquête de flagrance »


Dans le 2ème cas, c’est «une enquête préliminaire »

L’une et l’autre présentent des traits communs mais se distinguent aussi à plusieurs égards.

Para 1 : l’enquête de flagrance

Elle est régie par l’article 56 et suivants du CPP qui d’un coté définissent la notion de
flagrance et de l’autre réglementent les opérations pouvant être menées au cours de l’enquête.
Quant à la notion de flagrance, elle englobe en gros 3 situations relativement éloignées les
unes des autres, mais elles se rapportent à la même notion.

- en 1er lieu, il y a l’infraction flagrante proprement dite, c’est à dire celle qui est entrain de se
commettre ou qui vient tout juste de se commettre.

- en 2ème lieu, il y a l’infraction réputée flagrante c’est à dire celle dont l’auteur supposé est
poursuivi par une clameur publique ou bien lorsqu’il est porteur d’objets ou d’indices qui
laissent supposer sa participation à l’infraction.

- en 3ème lieu, il y a l’infraction assimilée à l’infraction flagrante qui n’en est pas en réalité,
puisqu’il s’agit d’une infraction quelconque commise dans une maison dont le propriétaire
requiert l’intervention du parquet ou d’un officier de police judiciaire pour la constater. Cette
précision apportée par l’article 56 élargit donc considérablement le concept de l’infraction
flagrante et c’est la raison pour laquelle elle a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de
la doctrine qui y voit une extension abusive du champs d’application de la procédure
sommaire prévue pour le jugement des infractions flagrantes.

Quoiqu’il en soit, lorsque l’infraction est flagrante au sens large du terme, la police judiciaire
accomplit un certain nombre d’actes énumérés aux articles 59 à 78 du code qui sont les
suivants :

1- le transport sur les lieux (Article 59 et 60 du CPP) : c’est le fait pour les officiers de police
judiciaire de se déplacer sur les lieux de l’infraction, immédiatement après en avoir été
informés, pour procéder aux constatations le plus rapidement possible et d’éviter de la sorte la
disparition ou la destruction des indices, des éléments de preuve laissés sur les lieux.
L’officier de police judiciaire doit également avertir le parquet pour que le procureur puisse
lui-même se transporter sur les lieux si la garantie de l’infraction le justifie à ses yeux, mais
en pratique il le fait très rarement

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2- les perquisitions, saisies et expertises

Il arrive que la police judiciaire soit obligée de pénétrer dans les lieux de l’infraction pour y
faire des perquisitions et éventuellement y procéder à des saisies qui peuvent faire l’objet
d’une expertise.

La perquisition est réglementée par les articles 61 à 66 du code, elle peut se faire dans le
domicile de toute personne soupçonnée, au besoin par le recours à la force. Néanmoins, afin
d’éviter les atouts auxquels elle peut donner lieu, la perquisition est interdite la nuit entre 21h
et 6h (Article 62 CPP). En outre, la perquisition ne peut se faire qu’on présence de l’inculpé
ou à défaut, en présence de témoins (article 62).

En ce qui concerne les saisies, l’article 59 et 61 prévoient qu’elles peuvent porter sur les
objets qui ont servi à la commission de l’infraction, ou bien qui sont le produit de l’infraction.
De plus, les documents qui sont de nature à établir la preuve de l’infraction peuvent
également être saisis.

L’ensemble de ces objets et documents doit également être placé sous scellé afin de prévenir
les risques de falsification. Enfin, la police peut procéder à des expertises en faisant appel à
des techniques spécialisées par ex pour l’analyse d’une arme ou pour l’autopsie d’un cadavre.

Par ailleurs, au cours de l’enquête, la police judiciaire est amenée à interroger un certain
nombre de personnes soit parce qu’elles se trouvent sur les lieux de l’infraction et qu’elles
disposent de renseignements susceptibles d’éclairer la police judiciaire, soit encore parce qu’il
s’agit de personnes que la police a des raisons de soupçonner d’avoir participer à la
commission de l’infraction.

Pendant ces auditions, qui sont encore à un stade assez informel et qui ne constituent pas des
interrogatoires à proprement parler, les membres de la police judiciaire sont habilités à
vérifier identité des personnes se trouvant sur les lieux de l’infraction, ainsi qu’à leur interdire
éventuellement de s’éloigner avant la clôture des opérations.

Enfin, si les soupçons se précisent ou si le besoin de l’enquête le justifie, la police judiciaire


peut recourir à une mesure plus contraignante qui consiste à garder à vue les suspects voire
parfois de simples témoins pour les inciter à coopérer avec la police au cours de l’enquête.

La garde à vue est considérée par le législateur comme une mesure exceptionnelle et qui ne
doit être effectivement appliquée que dans les cas ou elle est absolument nécessaire. En outre,
sa durée est limitée normalement à 48 heures au maximum (pas de minimum) avec une
possibilité de prolongation pour 24 heures supplémentaires en cas de besoin, ces délais étant
doublés pour les infractions en matière de sûreté de l’Etat.

Par conséquent, la durée normale est de 2 jours et éventuellement 3 jours exceptionnellement,


elle peut être de 4 à 6 jours. En pratique, il arrive que ces délais ne soient pas respectés en
dépit des précautions qui ont été prises par le législateur afin d’éviter les abus, en particulier
l’article 69 du CPP selon lequel, les officiers de police judiciaire sont tenus de mentionner sur
les procès verbaux d’audition des personnes gardées à vue, la date précise, le jour et l’heure à
laquelle la personne a été appréhendée puis libérée, de même que des registres doivent être
tenus par la police judiciaire et par la gendarmerie sur lesquels doivent être indiquées les dates
du début et de la fin de la garde à vue.

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Ces garanties ne semblent cependant pas suffisantes comme le montre la pratique et c’est
pourquoi certains auteurs estiment que la personne gardée à vue devait avoir la possibilité de
se faire assister par un avocat pendant cette phase de privation de liberté et non pas seulement
à partir du déclenchement du procès.

Para 2 : l’enquête préliminaire

Il s’agit de l’enquête à laquelle il est procédé dans le cas où l’enquête n’est pas flagrante, cette
enquête a été instituée officiellement par le CPP de 1959, mais elle était également pratiquée
avant cette date en marge de la loi, et c’est pourquoi elle était comme sous le nom d’enquête
officieuse en ce sens qu’elle était tolérée sans être réglementée. Depuis le code de 1959, elle a
été officialisée et dénommée enquête préliminaire, le fait qu’elle soit devenue une étape dans
le processus répressif s’explique par l’intérêt qu’elle présente en tant que phase préparatoire
permettant de se faire une idée sur les circonstances de l’infraction et de décider s’il est
vraiment opportun d’engager des poursuites judiciaires soit en ouvrant un dossier
d’instruction préparatoire, soit même à traduire directement le suspect devant la juridiction de
jugement.

Mais en dépit de son utilité, l’enquête préliminaire peut présenter des inconvénients, en
particulier au regard de la liberté et de la dignité des personnes qui y sont impliquées. Et c’est
pour atténuer ces inconvénients que le législateur a pris le soin de réglementer assez
minutieusement les opérations effectuées pendant l’enquête.

Cette réglementation est assez proche de celle qui concerne l’enquête de flagrance, mais s’en
distingue à certains égards étant donné la nature différente des infractions qui font l’objet de
l’enquête.

Ainsi, les auditions de témoins et de suspects ne sont pas expressément visées par le CPP
s’agissant de l’enquête préliminaire comme elles le sont pour l’enquête de flagrance. Cela
n’empêche pas que les auditions sont considères comme tout à fait légales et qu’elles sont
effectivement pratiquées pendant l’enquête préliminaire.

Toutefois, il existe une différence qui réside en ce que les personnes convoquées par la police
judiciaire pour être entendues dans le cadre des investigations gardent la possibilité de
s’abstenir de répondre aux questions posées. Cette faculté est néanmoins très théorique d’une
part pour des raisons psychologiques et d’autre part étant donné que la police judiciaire peut
menacer de recourir à la garde à vue et de cette manière imiter la personne auditionnée à
répondre aux questions.

Une autre distinction, entre procédure de l’enquête de flagrance et procédure de l’enquête


préliminaire, a trait aux perquisitions et saisies tel qu’elles sont réglementées à l’article 81. En
effet, ces opérations requièrent le consentement des personnes chez qui elles se déroulent et ce
consentement doit être donné par écrit ou à défaut de mentionner sous le procès verbal dressé
à cette occasion, cette formalité n’étant pas prévue dans l’enquête de fragrance. Quant à la
garde à vue, elle obéit aux mêmes restrictions déjà vues notamment en terme de délais.

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Cependant la prolongation de 4 à 6 jours n’est possible qu’après accord du procureur du roi et
après que celui-ci ait interrogé lui-même la personne gardée à vue qui lui aura été présentée à
cette fin. Sous réserve de ces menues, toutes règles mentionnées à propos de l’enquête de
flagrance sont dans l’ensemble applicables, au cours de l’enquête préliminaire.

Chapitre 2 : l’instruction préparatoire

Cette 2ème étape de l’avant jugement est tout aussi importante que la précédente pour la
préparation de la phase de jugement. Mais elle est beaucoup moins fréquente qu’elle dans la
mesure où le recours aux juridictions d’instruction n’est obligatoire que dans certains cas
numériquement limités.

L’instruction préparatoire même si elle vise un objet similaire à celui des investigations
policière, elle s’en distingue très nettement aussi bien par sa nature que par sa procédure.
Effectivement, alors que l’enquête préliminaire et de flagrance sont de nature policière et se
déroulent avant l’ouverture du procès, l’instruction préparatoire est de nature judiciaire et
s’effectue après le déclenchement des poursuites.

L’instruction préparatoire a pour objet de rassembler les preuves de la commission d’une


infraction et dans le cas ou les charges sont estimées suffisantes au regard de la loi et aux
yeux du juge d’instruction, le prévenu est traduit en jugement définitif, mais qui peut être de
plus lourde conséquence pour le prévenu, étant donné que c’est un juge qui estime que les
preuves suffisantes sont réunies contre lui.

La procédure de l’I P est marquée par un caractère relativement inquisitorial puisqu’elle se


déroule dans le cabinet du juge d’instruction mais étant donné que le prévenu peut se faire
assister d’un avocat, l’aspect inquisitorial de l’instruction est quelque peu atténué.

Section 1 : les phases de l’instruction préparatoire

Trois moments peuvent être distingués

1- l’ouverture de l’instruction
2- le déroulement de l’instruction
3- la clôture de l’instruction

Para 1 : l’ouverture de l’instruction

Pour qu’une instruction soit initiée, il faut qu’un juge d’instruction en soit saisi et cette saisine
du juge peut elle-même se faire de différentes manières, étant donné que la loi prévoit une
séparation entre les fonctions de poursuite et d’instruction.

Le juge d’instruction ne peut pas se saisir lui-même comme le peut par ex le parquet, bien que
le juge d’instruction soit sollicité soit par la victime de l’infraction soit par le représentant du
parquet.

Lorsque c’est le parquet qui le fait au moyen d’un réquisitoire introductif d’instruction
également appelé « réquisitoire afin d’informer » ou de « soit informer », dans ce cas là le
juge d’instruction est saisi pour instruire uniquement l’action publique.

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Quant à la victime de l’infraction, elle peut elle aussi saisir le juge d’instruction en portant
plainte devant lui en se constituant partie civile. La constitution de partie civile a pour effet de
saisir doublement le juge d’instruction, de l’action publique et de l’action civile, en ce sens
que le victime demande d’obtenir réparation et cette dernière ne peut être allouée que si
l’infraction est établie c’est à dire après que le juge ait statué sur l’action publique.

Cependant, l’initiative de la victime ne suffit pas à elle seule pour initier l’instruction, le juge
saisi doit transmettre la demande au parquet et attendre ses réquisitions. Il est possible dans ce
cas que le parquet adresse au juge une réquisition de non informer s’il estime que la poursuite
n’est pas fondée. La procédure n’est pas bloquée pour autant, puisque l’article 94 permet au
juge d’instruction de poser une autre cette réquisition et d’ouvrir une formation par une
ordonnance motivée lorsque le juge est saisi d’une façon ou d’une autre, il se pose alors la
question de savoir quelles sont les limites de sa compétence.

Autrement dit, jusqu'à quel point il peut mener son instruction préparatoire, sur quels faits et à
propos de quelles personnes a cet égard, il existe un adage « Le juge d’instruction est saisi in
rem » c'est à dire qu’il est tenu d’instruire les faits visés par les réquisitions du parquet ou par
la constitution de partie civile et uniquement ces faits là.

Si au cours de ses recherches il découvre de nouveaux faits pour lesquels il n’a pas été saisi, il
ne peut attendre son information sur eux qu’après en avoir référé au parquet par une
ordonnance « soit communiqué », il doit ensuite attendre d’être saisi par un réquisitoire
supplétif que le parquet lui adresse et qui concerne les nouveaux faits découverts, c’est ce que
prévoit l’article 85 du code, c’est ce que rappelle un arrêt de la cour suprême de la chambre
criminelle du 31 décembre 1959 où il est précisé que le juge d’instruction saisi par un
réquisitoire introductif de certains faits ne peut sans excéder ses pouvoirs, procéder à une
inculpation pour des faits dont il n’est saisi ni par ce réquisitoire ni par un réquisitoire
supplétif.

Cette limite au pouvoir du juge d’instruction concerne les faits matériels, mais ne lie pas les
mains du juge pour ce qui est de la qualification juridique qui a pu être donnée aux faits, aussi
bien par le parquet que la partie civile, si bien que le juge est libre de choisir la qualification
qui lui semble la mieux appropriée au cas d’espèce.

De plus, ces limites ne concernent pas les personnes visées par le réquisitoire, en se sens que
le juge peut élargir son information même à des personnes dont le nom ne figure pas dans le
réquisitoire, s’il lui apparaît qu’elles ont participé d’une manière ou d’une autre à la
commission de l’infraction. Cette possibilité est prévue à l’article 85 du code et s’explique par
des raisons de bon sens, car il est fréquent qu’en pareil cas, le rôle du juge consiste justement
à identifier ces personnes.

Le juge d’instruction à ce stade des opérations et dès qu’il est saisi, doit se prononcer sur
l’opportunité de l’information en prônant une décision, positive ou négative. Ainsi, le juge
d’instruction n’a pas toujours l’obligation d’ouvrir l’information, il peut prendre une
ordonnance de refus d’informer ou de non informer selon les article 94, 98 et 207 notamment
lorsqu’il estime qu’il est incompétent, si l’action publique est irrecevable ou si la constitution
de panne civile est irrecevable. Autrement, le juge d’instruction peut estimer l’information
opportune et procéder aux différents actes qui relèvent de sa compétence.

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Para 2 : le déroulement de l’instruction préparatoire

L’instruction s’effectue selon un ordre et une procédure déterminée en vue de procéder d’une
série d’opérations qui peuvent concerner aussi bien la recherche des preuves matérielles de
l’infraction que l’accomplissement de certaines formalités ayant trait à la liberté des
personnes concernées par l’instruction.

A- les opérations relatives à la recherche des preuves

Ces opérations sont techniquement désignées par l’expression communément admise de «


actes d’instruction ». Ces actes sont parfois accomplis par le juge d’instruction lui-même
surtout lorsqu’ils se caractérisent par une certaine gravité, mais il est fréquent aussi qu’une
partie de ces actes soit confiée par le juge à des membres de la police judiciaire par le biais
d’une commission rogatoire pour ce qui est des actes d’instruction, ils visent essentiellement à
établir la preuve de la culpabilité ou de l’innocence de la personne concernée accessoirement
ces actes peuvent consister à cerner la personne du délinquant au moyen d’une enquête.

En ce qui concerne les preuves matérielles, l’article 85 du code permet au juge de procéder à
tous les actes qui sont autorisés par la loi et qui lui semblent utiles à établir la réalité des
choses. Dans ce cadre, le juge peut un peu à la manière de la police judiciaire se transporter
sur les lieux pour constater les faits. Il peut procéder à des perquisitions et à des saisies. Il
peut interroger et confronter les parties et les témoins, il peut solliciter l’avis d’un expert et
chacun de ces actes doit être exécuté conformément aux dispositions légales et c’est plus
particulièrement l’interrogatoire de l’inculpé qui revêt un caractère formaliste poussé.

C’est ainsi que cet interrogatoire que l’on appelle « interrogatoire de 1ère comparution » a pour
objet de questionner l’inculpé sur son identité et sur les circonstances de l’affaire. A cette
occasion, le juge est tenu de rappeler à l’inculpé son droit de choisir un avocat et la faculté qui
lui est donnée de garder le silence s’il le souhaite.

Outre ces actes relatifs à la recherche des preuves, le juge d’instruction est également appelé
aux termes de l’article 87 du code à mener une enquête de personnalité soit lui-même, soit par
une personne qualifiée, comme il peut prescrire un examen médical ou psychologique qu’il
estime nécessaire.

Cette enquête est normalement obligatoire en matière criminelle et facultative en matière


délictuelle, elle tend à mieux connaître la personnalité des inculpés ainsi que leur situation
matérielle, individuelle, familiale et sociale. En pratique, une telle enquête est rarement
effectuée faute de moyens humains et matériels suffisants.

En outre, un 2nd obstacle d’ordre législatif peut constituer une entrave à l’accomplissement de
l’enquête, il découle du rétrécissement du domaine de l’instruction préparatoire qui n’est plus
obligatoire que pour les crimes les plus graves. L’article 88 prescrit l’enquête de personnalité
de manière impérative chaque fois qu’il s’agit d’un crime.

Certaines opérations de l’instruction préparatoire sont effectuées par le biais d’une


commission rogatoire, celle-ci a l’avantage de décharger les juges qui sont peu nombreux et
qui sont néanmoins responsables de multiples dossiers d’instruction et qui se trouvent de ce
fait dans l’impossibilité matérielle d’accomplir eux-mêmes tous les actes requis par

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l’instruction d’où la possibilité qui est ouverte par le code de déléguer une partie de ces
opérations à des auxiliaires du juge.

En effet, la commission rogatoire est une sorte de « délégation judiciaire » par laquelle le juge
confie à un autre magistrat ou plus généralement à un officier de police judiciaire le soin de
procéder à sa place à un ou plusieurs actes d’instruction. D’un autre coté, la commission ne
peut comporter le risque de voir le juge abandonner trop facilement la plus part de ses
prérogatives au profit de ses auxiliaires (policiers), c’est la raison pour laquelle la commission
rogatoire est entourée de conditions assez précises aussi bien quant aux personnes qui vont en
bénéficier, que s’agissant des actes pour lesquelles une commission rogatoire peut être
donnée.

Pour ce qui est des personnes habilitées à être commises, l’article 166 prévoit que ce sont à la
fois les magistrats et les officiers de la police judiciaire. Les magistrats peuvent être des juges
d’instruction ou des juges de jugement du ressort de la même cour ou d’une autre cour,
l’officier de la police judiciaire doit être compétent dans les ressorts de la cour concernée.

S’agissant des actes, un certain nombre d’entre eux ne peut faire l’objet de commissions
rogatoires qu’au profit d’un magistrat : ce sont principalement l’interrogatoire et la
confrontation, qu’il est interdit de confier à un officier de la police judiciaire au moyen d’une
commission rogatoire. Il en va de même dans une certaine mesure pour ce qui est de
l’audition de la partie civile.

Une autre façon de restreindre la commission rogatoire vient de ce que cette dernière ne peut
pas être donnée pour une période illimitée et de façon générale, autrement dit, il n’y a pas de
commission rogatoire en blanc, mais au contraire des commissions rogatoires bien
déterminées indiquent exactement la nature de l’infraction et des actes à accomplir. En plus la
commission rogatoire doit être signée et datée par le magistrat qui l’a donnée.

B- les opérations relatives à la liberté des personnes

La phase de l’instruction préparatoire peut comporter dans certains cas le recours à la


contrainte voire la privation de liberté pour les besoins de l’information ou même pour la
sécurité de l’inculpé, cette forme de contrainte comporte des degrés et se traduit soit par une
limitation temporaire de la liberté de mouvement, notamment par les mandats qui sont
décernés par le juge soit par une privation de liberté plus longue lors de la détention
préventive ordonnée elle aussi par le juge.

1- les mandats

Les mandats font l’objet des articles 144 à 151 du code, les mandats sont des ordres écrits qui
sont délivrés par le juge d’instruction et qui ont pour objet de provoquer la comparution de la
personne à qui le mandant s’adresse, voire même l’arrestation d’un suspect qui ne se
présenterait pas spontanément à l’appel du juge. Ces mandats malgré la diversité, font l’objet
d’une réglementation commune du point de vue de la forme autant que du point de vue du
fond

60
a- formellement le mandat doit satisfaire à une
série de conditions

1- il est rédigé par écrit


2- il est daté et signé par le magistrat qui le délivre
3- il précise l’identité exacte de l’inculpé
4- il mentionne la nature de l’inculpation ainsi que les textes qui lui sont applicables

b- quant au fond

1- les mandats ne peuvent être décernés qu’à l’encontre de l’auteur d’un crime ou d’un délit.

2- les mandats ne peuvent être délivrés que par le juge d’instruction lui-même. Toutefois,
l’article 218 du code prévoit qu’exceptionnellement, le président de la chambre
correctionnelle peut décerner un mandat de dépôt ou d’arrêt ayant la force d’un arrêt au non
lieu lorsque des charges nouvelles sont rêvées à son encontre.

3- le mandat ne peut être délivré que par le juge et ce dernier ne peut pas déléguer un tel
pouvoir à un officier de police judiciaire moyennant une commission rogatoire. On observe
par ailleurs que le code pénal dans certaines situations, prévoit des mandats qui n’en sont pas
véritablement par les mandats du parquet en cas de flagrance.

Les mandats du gouverneur, en cas d’atteinte à la sûreté de l’Etat, ces mandats ne sont que
des actes de police judiciaire et non pas des actes d’instruction. Cette règle se justifie par la
gravité des mandats et par le souci de protéger la liberté individuelle. Enfin, les mandats sont
exécutoires sur l’ensemble du territoire (article 136 CPP).

Le code pénal désigne 4 catégories de mandats dont 2 ont pour effet d’assurer la comparution
de l’inculpé et 2 autres visent à détenir l’inculpé.

- les mandats tendant à la comparution sont d’un coté :

- les mandats de comparution, articles 137 et 138 du code et d’un autre coté
- les mandats d’amener articles 139 et 144 du code

Le 1er est une convocation que le juge adresse au suspect et par laquelle, il le met en demeure
de se présenter devant lui à la date mentionnée sur le mandat. La notification de ce mandat à
l’intéressé se fait soit par un agent du bureau des notifications et exécutions, soit par un agent
de police judiciaire ou de la force publique … ce type de mandats constitue une simple
convocation en conséquence, la non comparution de l’intéressé ne l’expose pas à une
comparaison forcée. S’il comparait de plein gré, le juge l’interroge immédiatement, s’il omet
de se présenter, le juge peut alors l’y contraindre en émettant un mandat d’amener.

Le 2nd est l’ordre qui est donné par le juge aux agents de la force publique en vue de conduire
le suspect devant lui, au besoin par le recours à la force. La notification se fait par un membre
de la police judiciaire ou agent de la force publique et il peut être diffusé par tout moyen en
cas d’urgence.

Lorsque l’intéressé est présenté aux juges, son interrogatoire doit se faire sur le champ sauf
impossibilité matérielle et dans ce cas, il peut être détenu pendant 24 heures, plus courte durée

61
de privation temporaire de liberté, ne doit pas être confondue avec la détention préventive qui
doit faire l’objet d’une mesure spécifique à l’encontre de l’analyse et seulement après qu’il ait
été entendu par le juge.

- les mandats tendant à la détention

Il existe 2 sortes de mandats se traduisant par la mise à disposition, ce sont le mandat de dépôt
et le mandat d’arrêt, qui ne sont admissibles aux termes des articles 146 et 147 du code que
dans les crimes délits punissables de l’emprisonnement ou de réclusion.

- en ce qui concerne le mandat de dépôt

Il consiste dans un ordre qui est donné par le juge au chef d’un établissement pénitentiaire aux
fins de recevoir et de détenir l’inculpé. Dans la pratique, c’est le mandat le plus couramment
utilisé, il suppose que l’inculpé a déjà comparu devant le juge en vertu d’un précédent mandat
(mandat d’amener). De ce fait, le mandat de dépôt est notifié à l’inculpé par le juge lui-même
après que ce dernier ait interrogé l’inculpé, le mandat est exécuté par agent compétent qui est
chargé de remettre l’intéressé au chef de l’établissement pénitentiaire.

- s’agissant du mandat d’arrêt (Articles 147 à 150)

Il consiste dans l’ordre qui est donné aux agents de la force publique aux fins de rechercher
l’inculpé, de l’arrêter et de le conduire dans un établissement pénitentiaire, c’est donc un
mandat de triple objet, la recherche, l’arrestation et l’incarcération de l’inculpé. Il est délivré
après avis du parquet et à la condition que l’inculpé soit en état de fuite ou qu’il ait sa
résidence à l’étranger.

Le mandat est notifié à l’intéressé de la même que le mandat d’amener, de plus en cas
d’urgence, le mandat peut être diffusé par tout moyen et si l’on n’arrive pas à toucher
l’inculpé, on procède à l’affichage du mandat au dernier lieu d’habitation connu de l’inculpé.
Lorsque l’analyse est arrêtée et conduit à l’établissement pénitentiaire indiqué dans le mandat,
son interrogatoire doit avoir lieu dans les 48 heures sauf lorsque l’arrestation s’est faite en
dehors du ressort du juge d’instruction ayant délivré le mandat

2- la détention préventive (Articles 152 à 165)

Elle consiste dans l’internement de l’inculpé pendant toute ou partie de la durée de


l’instruction préparatoire et cet internement peut se prolonger en fonction de la gravité des
faits reprochés et les circonstances de l’affaire jusqu’au prononcé de la décision finale.

Cette forme de privation de liberté est comparable par ses aspects aussi bien à la garde à vue
qu’à la détention en vertu d’une condamnation pénale, mais s’en distingue aussi par d’autres
aspects.

En effet, la garde à vue est une mesure policière qui ne peut être prise qu’au niveau de
l’enquête préliminaire c’est à dire à un stade où le procès n’est pas encore formellement
ouvert. Par contre, la détention préventive est une mesure judiciaire qui ne peut être prise
qu’après le déclenchement du procès pendant l’instruction préparatoire et éventuellement au
cours du jugement.

62
Par ailleurs, la détention préventive se distingue de la peine préventive de liberté. La 1ère ne
résulte que d’un mandat (dépôt) délivré par le juge d’instruction et en l’absence de toute
condamnation. En revanche, la peine privative de liberté est prononcée au terme d’un
jugement de condamnation. Ainsi comprise, la détention préventive comporte aussi bien des
défauts que des mérites. Elle est beaucoup plus critique lorsqu’elle conduit à des abus, mais
d’un autre coté, elle est souvent nécessaire au déroulement de l’instruction préparatoire et
c’est pourquoi elle est admise partout mais réglementée de façon assez stricte afin de la
confirmer dans les limites étroites. Le CPP prévoit lui aussi un régime juridique de détention
en particulier il réglemente son domaine, sa durée ainsi que ses effets.

a- pour ce qui est du domaine de la détention


préventive

Le principe général est qu’elle est toujours facultative en ce sens que le juge en vertu de son
pouvoir d’appréciation peut y recourir, comme il peut y renoncer. D’ailleurs, l’article 159 du
CPP confirme ce principe et ajoute même que la détention est une mesure exceptionnelle et
c’est une façon d’inciter les juges à ne pas y recourir de façon systématique.

La pratique s’écarte néanmoins de cette règle lorsqu’on constate que la détention est ordonnée
presque dans tous les cas où l’infraction revêt une certaine gravité ou lorsque l’inculpé à des
antécédents judiciaires. De toutes manières, pour que la détention soit possible, il faut qu’une
instruction préparatoire soit ouverte et il faut ensuite que la personne à détenir soit inculpée
d’un crime ou d’un délit passible d’emprisonnement ce qui exclu donc cette mesure
évidemment en cas de contravention et même pour les crimes et les délits non punissables
d’emprisonnement.

b- pour ce qui est de la durée de la détention

Elle n’est pas uniforme, le législateur a prévu 2 délais : un délai de15 jours et un délai d’un
mois. La détention doit être d’un mois au maximum (en 1959 ce délai était de 10 jours)
lorsque 3 conditions sont réunies :

1- lorsque l’infraction est un délit punissable d’un emprisonnement inférieur à 2 ans

2- lorsque l’inculpé n’a pas été préalablement condamné d’emprisonnement ferme supérieur à
3 mois

3- lorsque l’inculpé est domicilié au Maroc

Quant au délai d’un mois, il est applicable dans les autres cas seulement ce délai n’est pas
impératif puisque la détention peut être prolongée lorsqu’elle s’avère nécessaire et au moyen
d’une ordonnance motivée du juge d’instruction. Ce renouvellement peut se faire 5 fois tous
les 2 mois jusqu’au prononcé du jugement irrévocable, si bien qu’en pratique, la durée de la
détention n’est pas vraiment limitée.

Afin d’éviter le renouvellement automatique, l’article 145 du CPP indique que la prolongation
ne peut être accordée que pour une nouvelle durée de 2 mois, elle se fait donc à des échéances
sur sessions et chacune de ces prolongations doit être l’occasion pour le juge de réexaminer
périodiquement la situation du prévenu et se faire une nouvelle opinion sur l’opportunité ou
l’inopportunité du renouvellement.

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D’un autre coté, malgré l’existence de ces délais, le juge n’est pas tenu de maintenir le
prévenu en détention et il peut lui accorder la liberté provisoire avant terme. En effet, la
liberté provisoire peut être soit de droit soit prononcée par le juge. Elle intervient de plein
droit lorsque la durée de la détention de 15 jours est passée, le prévenu doit être libérée sans
même qu’il ait à en faire la demande.

La liberté provisoire peut être ordonnée par le juge dans les autres cas, soit d’office par le juge
après avis du parquet, le prévenu doit prendre l’engagement de se présenter aux actes
ultérieurs de la procédure comme, il peut être tenu de fournir un cautionnement lequel est
destiné à garantir d’une part la présentation de l’inculpé à la procédure et d’autre part le
paiement des frais divers occasionnés par le procès, la mise en liberté peut aussi être
prononcée à la requête du parquet.

Enfin, elle peut être demandée par l’inculpé lui-même pendant l’instruction et pendant le
jugement le prévenu au cours de son incarcération doit normalement bénéficier d’un régime
spécial, moins rigoureux que celui des condamnés, en particulier le prévenu doit être séparé
des condamnés et bénéficier d’une cellule individuelle.

Parallèlement, le prévenu n’est pas astreint au travail pénal, ni au port du costume carcéral. Le
législateur lui permet également de communiquer, plus facilement avec l’extérieur en
recevant des visiteurs plus nombreux ou en écrivant d’avantage de lettres par comparaison
avec les condamnés. Enfin, la durée de détention préventive est imputée de plein droit sur la
durée de la peine privative de liberté éventuellement décidée (Article 30 CPP).

Para 3 : la clôture d’instruction (Article 195 à 203 CPP)

Lorsque le juge achève les investigations qu’il a mené au cours de l’instruction, il doit
transmettre le dossier au ministère public par une ordonnance dite « soit communiqué » par
laquelle il informe la parquet des conclusions auxquelles il est arrivé, après quoi le juge doit
attendre avant de statuer, que le parquet lui retourne le dossier accompagné de son réquisitoire
définitif et ceci dans les 8 jours.

C’est alors que le juge prend une décision par laquelle il clos l’instruction et qui prend la
forme d’une ordonnance de règlement qui est ainsi appelée parce qu’elle règle la question de
savoir s’il y a lieu ou non au terme de l’instruction de passer à la phase du jugement. Une telle
ordonnance de règlement doit contenir une série d’énonciations prévues à l’article 203 et qui
concernent :

- l’identité de l’inculpé, ses date et lieu de naissance ;


- sa profession et son domicile ;
- la qualification juridique des faits imputés s’il y a lieu ;

Les motifs qui déterminent le juge à retenir contre le suspect des charges suffisantes ou au
contraire l’absence de telles charges, l’ordonnance de règlement selon que ces charges
existent ou non se traduit soit par le renvoie de l’inculpé devant la juridiction de jugement,
soit par le non lieu.

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Une 3ème possibilité était prévue avant la reforme de 1974, en ce sens que l’ordonnance de
règlement pouvait consister dans une décision de transmission. En effet, aux termes de
l’article 200 du CPP selon lequel le juge d’instruction estimait que les faits reprochés à
l’inculpé sont de nature criminelle, il ordonnait la transmission du dossier au ministère public,
pour que ce dernier prenne ses dispositions afin que l’instruction se fasse de second degré par
l’intermédiaire de la chambre d’accusation. Mais cette dernière ayant été supprimée et avec
elle l’instruction au second degré, il n’y a plus lieu désormais à transmettre le dossier de
l’instruction même dans les affaires criminelles. Si bien qu’actuellement, le juge d’instruction
ne rend que des ordonnances de non lieu ou de renvoi.

a- s’agissant de l’ordonnance de non lieu

Elle est en principe rendue dans 2 situations :

- d’une part, lorsque les faits reprochés ne constituent pas en eux-mêmes une infraction,
auquel cas on se trouve en présence d’un obstacle juridique de droit au jugement du suspect.

- d’autre part, lorsque les charges retenues contre l’inculpé s’avèrent insuffisantes ou bien
lorsque l’auteur de ces faits reste inconnu malgré les recherches du juge, auquel cas on se
trouve devant un obstacle de fait qui empêche de procéder au jugement.

Dans cette 2ème hypothèse, l’article 210 prévoit néanmoins que l’instruction peut être ouverte
une 2ème fois contre un inculpé qui aurait bénéficié d’un non lieu mais sur la base de charges
nouvelles. L’article 211 précise ce qu’il faut entendre par charges nouvelles en donnant une
série d’exemples tel que les déclarations de témoins, les pièces, les procès verbaux qui sont de
nature soit à modifier les circonstances de la 1ère instruction, soit qui visent à confirmer
d’anciennes charges qui avaient été initialement jugées insuffisantes.

La réouverture de l’instruction sur la base de nouvelles charges n’est possible qu’à la suite
d’une requête du ministère publique, celle-ci est adressée au juge au moyen de réquisitoire à
fin de reprise (Article 212). On observe par ailleurs que le juge d’instruction peut prendre des
non-lieux partiels, selon article 201 du code, au cas où les faits reprochés ne constituent qu’en
partie une base suffisante pour l’inculpation.

En pareil cas, seuls les faits véritablement délictueux sont retenus à l’exclusion des autres.
Lorsque l’ordonnance de non lieu est rendue, elle a pour effet de permettre la libération
immédiate de l’inculpé qui se trouverait en détention préventive il peut également obtenir
restitution de ses objets, s’ils ont été saisis.

b- l’ordonnance de renvoi est rendue par le juge lorsque au


terme de son instruction, il estime que les faits reprochés à l’inculpé constituent une infraction
à la loi pénale et qu’ils doivent de ce fait être soumis à l’appréciation de la juridiction de
jugement compétente.

Son ordonnance à donc pour effet de renvoyer l’inculpé devant le juge de jugement, ce
dernier pourra être soit la chambre criminelle de la cour d’appel si les faits reprochés sont de
nature criminelle, soit le TPI si les faits reprochés sont de nature délictuelle, soit très
exceptionnellement, les juridictions communales et d’arrondissement si les faits reprochés
sont de nature contraventionnelle.

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En principe, la personne détenue préventivement et qui fait l’objet d’une ordonnance de
renvoi reste le plus souvent en détention préventive sauf si la juridiction saisie estime qu’elle
peut lui accorder la liberté provisoire.

Section 2 : le contrôle de l’instruction préparatoire

Le législateur a prévu différents contrôles qui s’exercent à l’encontre de toutes les opérations
du procès pénal y compris donc la phase de l’instruction préparatoire, d’autant plus que cette
dernière n’est pas exempte d’atteintes à la liberté ou aux droits des personnes qui y sont
soumises. Le contrôle prévu pour l’instruction préparatoire a évolue avec la reforme de 1974.

Avant cette date, le législateur avait constitué en 1959 un contrôle d’ordre technique qui se
traduisait par une sorte de vérification d’ensemble de l’instruction, effectué par le juge
d’instruction à l’occasion d’une 2ème information qui était alors confiée à la chambre
d’accusation de la cour d’appel ce 2eme degré d’instruction s’exerçait automatiquement chaque
fois que les faits reprochés étaient de nature criminelle mais ce type de contrôle ayant été
supprimé en 1974, il reste aujourd’hui les moyens de vérifications traditionnels, les voies de
recours ouvertes contre les décisions juridictionnelles d’une part et d’autre part les sanctions
pouvaient frapper les irrégularités qui peuvent être commises au cours de l’instruction de
sorte que le contrôle de l’instruction préparatoire se ramène en fait soit à l’exercice de voies
de recours, soit à l’application de sanctions.

Para 1 : les recours contre les opérations de l’instruction préparatoire

Ces opérations peuvent revêtir une forme juridictionnelle et dans cette mesure, elles peuvent
faire l’objet de recours pour en assurer le contrôle. C’est ainsi que les ordonnances du juge
d’instruction peuvent être attaquées au moyen de l’appel, alors que les arrêts de la chambre
correctionnelle de la cour d’appel peuvent être critiqués au moyen du pourvoi en cassation.

A- l’appel des ordonnances du juge d’instruction

Ces appels sont introduits évidemment devant la chambre correctionnelle de la cour d’appel
pour autant que certaines conditions soient réunies et produisent un double effet suspensif et
dévolutif.

S’agissant des conditions devant être remplies pour qu’une ordonnance soit susceptible
d’appel, il faut tout d’abord que cette dernière soit de nature juridictionnelle autrement dit,
qu’elle tranche un litige opposant les parties à l’affaire comme l’inculpé et la partie civile ou
l’inculpé et le ministère public. Certaines ordonnances ont effectivement ce caractère
juridictionnelle, comme celle décidant le refus d’informer ou encore celles qui statuent sur la
recevabilité de l’action publique ou l’action civile ou celle qui ordonne un non lieu ou celle
qui concerne la liberté provisoire.

En revanche, d’autres ordonnances sont dénuées du caractère juridictionnel. Ce sont celles qui
tendent à l’accomplissement d’un acte d’instruction qui ne donne pas lieu à une contestation
ex : une ordonnance relative à l’enquête de personnes, ou une ordonnance concernant
l’expertise. D’autres conditions concernant non plus la nature de l’ordonnance, mais la qualité
des personnes pouvant interjeter appel.

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Ainsi, le ministère public est en principe privilégié par rapport aux autres parties en ce sens
que l’article 204 du code lui permet d’interjeter appel contre toute ordonnance du juge
d’instruction indépendamment de son contenu. L’inculpé de son coté a lui aussi un pouvoir
d’appel relativement étendu et plus particulièrement à l’encontre des ordonnances énumérées
à l’article 206 à savoir celle par laquelle le juge d’instruction statue sur sa propre compétence,
sur la recevabilité de la constitution à la partie civile, ou celles par lesquelles il prescrit la
détention préventive ou il refuse une expertise ou une mise en liberté provisoire.

Enfin, la partie civile peut interjeter appel contre les ordonnances de l’article 207 c’est à dire
les ordonnance par lesquelles le juge statue sur sa compétence, celles qui concernent la
constitution de partie civile, les ordonnances de non lieu ou de non informer et plus
généralement toute ordonnance faisant grief aux intérêts de la partie civile.

L’appel produit un double effet, un effet dévolutif d’abord en ce sens que la chambre
correctionnelle saisie réexamine le dossier d’instruction, la connaissance de l’affaire lui est
donc dévolue.

Au terme de son analyse, la chambre à la possibilité selon les cas soit de confirmer, soit
d’infirmer l’ordonnance attaquée dans les cas particuliers où l’appel est interjeté contre une
ordonnance de règlement (ordonnance qui décide que l’instruction est close), la chambre rend
soit un arrêt de non lieu, soit un arrêt de renvoi devant la juridiction compétente (devant le
juge de jugement).

L’appel produit un autre en effet suspensif, puisque l’ordonnance attaquée n’est pas
immédiatement exécutée et sa mise en œuvre est suspendue jusqu'à ce que la chambre
correctionnelle statue. Par ex si l’ordonnance attaquée était refusée, la liberté provisoire de
l’appelant, ce dernier restera en détention jusqu'à ce que la chambre correctionnelle se
prononce.

Par ailleurs, le délai d’appel lui-même est suspensif de l’exécution de l’ordonnance, même si
l’appel n’est pas effectivement interjeté ce qui revient à dire qu’une ordonnance n’est
exécutoire qu’à l’expiration du délai d’appel ou bien après formation d’appel lorsque la
chambre correctionnelle rend sa décision.

L’effet pensif de l’appel n’est pas un obstacle à la continuation de la procédure comme on


pouvait le croire. En effet, l’article 209 précise qu’en dépit de l’appel, l’instruction peut se
poursuivre sauf si la chambre correctionnelle en décide autrement ou lorsque l’ordonnance
attaquée est une ordonnance de règlement. Cette poursuite est rendue possible matériellement
par le fait que le dossier de l’instruction est normalement établi en double exemplaire et en
cas d’appel une copie du dossier est transmise à la chambre correctionnelle tandis que
l’original reste entre les mains du juge et ceci n’entraîne donc pas la progression de
l’instruction.

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B- le pourvoi en cassation contre les arrêts de la chambre
constitutionnelle

Le pourvoi en cassation est possible aussi bien contre les décisions des juridictions de
jugement que contre les arrêts émanant des juridictions d’instruction, c’est ce que prévoit
l’article 571 du CPP « les décisions définitives sont susceptibles d’un pourvoi en cassation »
il en va ainsi des arrêts de la chambre correctionnelle de la cour d’appel rendus en matière
d’instruction préparatoire, que ces arrêts aient été rendus sur appel des ordonnances du juge
d’instruction ou bien avant que la reforme de 1974 n’intervienne lorsque ces arrêts étaient
rendus au terme d’une instruction préparatoire au second degré.

Néanmoins, l’article 575 apporte une exception à cette règle générale en précisant que les
pourvois en cassation ne sont pas recevables contre les arrêts statuant sur la mise en liberté
provisoire. En dehors de cette limite, d’autres restrictions sont apportées à l’exercice du
pourvoi en cassation, mais elles ne concernent que l’une ou l’autre partie au procès. Ex la
partie civile ne peut se pourvoir contre un arrêt de non lieu sauf si un tel arrêt a déclaré son
intervention irrecevable ou si l’arrêt omet de statuer sur un chef d’inculpation article 574.

De même, la partie civile ne peut se pourvoir contre un arrêt de renvoi, quant au ministère
public ou à l’inculpé, ils peuvent l’un et l’autre former un pourvoi en cassation contre l’arrêt
de renvoi, lorsqu’un tel renvoi se fait devant la chambre criminelle, mais cette possibilité ne
lui est pas ouverte lorsque le renvoi se fait devant une autre juridiction pénale, que la chambre
criminelle.

Para 2 : les sanctions des irrégularités

Plusieurs sortes de sanctions peuvent frapper les irrégularités de l’instruction préparatoire.


Ainsi, le juge d’instruction ou l’agent de police judiciaire peuvent s’exposer à des sanctions
disciplinaires en cas de faute professionnelle.

Par ailleurs, ces personnes peuvent engager leur responsabilité pénale, s’ils commettent des
actes pénalement réprimés au cours de l’instruction, comme la détention arbitraire ou la
violation de domicile.

Enfin, ces personnes peuvent encourir des sanction civiles, celle de la prise à partie en
particulier article 391 et suivants du CPC.

Outre ces sanctions qui s’appliquent aux personnes, il y a des sanctions qui s’appliquent aux
actes de l’instruction lorsqu’ils sont accomplis d’une manière irrégulière et qui se traduisent
par des nullités. Celles-ci se présentent sous différentes formes et leur mise en œuvre ainsi
que leurs conséquences sont réglementées par le CPP dans un sens qui garanti le respect des
droits de la défense du cours de l’instruction préparatoire.

68
A- cas de nullité

Il importe de distinguer les différents cas de nullité, dans la mesure où le législateur n’attache
pas la même importance et ne fait pas produire les mêmes conséquences à tous les actes de
l’instruction préparatoire.

Ainsi, selon que la prescription légale non respectée revêt une plus ou moins grande
importance, la nature et l’étendue de la nullité sera variable. Concrètement, certaines
prescriptions légales sont assorties de nullité textuelle, pendant que d’autres sont frappées de
nullité virtuelle.

Les nullités textuelles sont ainsi dénommées parce qu’elles sont encourues lorsque la loi le
prévoit expressément, en ce sens l’article 190 du code précise que : « les dispositions
prescrites aux articles 127, 128, 132 doivent être observées à peine de nullité ». Il s’en suit
que la nullité sera d’ordre textuel chaque fois que l’une des prescriptions de ces articles sera
méconnue.

Les articles 127 et 128 concernent l’interrogatoire de 1ère comparution, acte assez formaliste
qui incombe au juge d’instruction lui-même si par ex le juge omet au cours de l’interrogation
d’avertir l’inculpé de son droit de garder le silence ou également devoir son droit de designer
un avocat, une telle omission entraîne peut-être constitutive de nullité.

Quant à l’article 132, il concerne l’audition et la confirmation de l’inculpé et de la partie civile


qui ne peuvent être faites qu’on présence des avocats des intéressés.

On constate par conséquent que les nullités textuelles viennent sanctionner la violation des
prescriptions auxquelles le législateur attache une importance particulière, qui ont trait aux
interrogatoires aux auditions et confrontations des différentes parties au procès.

Les nullités virtuelles également appelées nullité substantielles, sont attachées à la violation
de toute disposition substantielle de l’instruction en dehors de celles qui sont énoncées aux
dispositions articles 127, 128 et 132 à la condition que la méconnaissance des dispositions ait
eu pour effet de porter atteinte aux droits de la défense des parties au procès. Autrement dit, la
nullité virtuelle requiert la réunion d’une double condition :

1- la violation d’une disposition substantielle


2- le préjudice causé à une partie du fait de l’atteinte portée à ses droits

On peut en revanche concevoir que l’inobservation d’une formalité essentielle de l’instruction


ne soit pas en elle-même préjudiciable aux intérêts des parties, et que donc la nullité ne soit
pas encourue comme illustration de ces conditions article 192.

La cour suprême a jugé dans un arrêt de 9 juin 1960 que doit être cassé le jugement rendu par
des juges qui n’ont pas assisté à toutes les audiences où l’affaire a été construite, une
composition irrégulière d’une juridiction porte atteinte aux droits de la défense.

Il a été jugé dans un arrêt du 24 novembre 1960 que la prestation de serment par l’interprète
constitue une formalité substantielle dont l’inobservation porte atteinte aux droits de la
défense.

69
B- la mise en œuvre de la nullité

On peut d’abord se demander quelles sont les personnes habilitées à mettre en jeu la nullité,
ensuite quelles sont les juridictions qui peuvent en connaître.

Pour ce qui est des personnes, il ressort des articles 190 à 192 pour que la nullité puisse être
invoquée à la fois par les parties privées, le juge d’instruction et le ministère public, il est
même possible que la chambre correctionnelle la relève d’office lorsqu’elle est saisie d’un
dossier d’instruction.

Les parties ont la faculté de soulever la nullité, mais elles peuvent aussi y renoncer par une
déclaration expresse faite en présence de l’avocat. Cette possibilité de renonciation est laissée
aux parties en cas de nullités textuelles parce que ces dernières sont considérées comme étant
d’intérêt privé.

En revanche, s’il s’agit d’une nullité virtuelle qui a le caractère d’ordre public, les parties
privées ne peuvent renoncer à les invoquer car elles dépassent leurs seuls intérêts.

Pour ce qui est du juge d’instruction et du ministère public, il semble découler de l’article 191
qu’ils n’ont aucunement la possibilité de renoncer à faire jouer une nullité (virtuelle ou
textuelle) et il leur appartient de dénoncer l’irrégularité qu’ils constatent et en saisir la
chambre correctionnelle.

Enfin, la chambre correctionnelle, en dehors des cas où elle est saisie par le juge d’instruction
ou par le ministère public peut prononcée d’office la nullité qu’elle constate lorsque l’affaire
arrive devant elle.

Quant aux juridictions pouvant statuer sur les demandes en nullité, ce sont d’une coté la
chambre correctionnelle et de l’autre éventuellement les juridictions de jugement.

Au stade de l’instruction préparatoire c’est la chambre correctionnelle qui est seule compte
pour annuler les actes d’instruction qui constateraient une telle irrégularité n’est pas habilitée
pour la sanctionner lui-même, il peut saisir la chambre après avoir avisé le parquet et les
particuliers. Le ministère public n’est pas non plus compétent pour sanctionner les
irrégularités et il doit lui aussi passer par le canal de chambre correctionnelle.

Par ailleurs, au niveau du jugement, la … peut être invoquée si elle ne l’a pas été au cours de
l’instruction et si elle n’a pas été découverte à temps. Mais il faut remarquer que cela n’est
possible qu’en matière délictuelle et contraventionnelle, ce qui limite considérablement cette
possibilité à l’instruction ne se fait presque jamais dans ces matières par contre, les nullités de
l’instruction ne peuvent être soulevées devant la chambre criminelle et c’est ce qui ressort de
l’article 416 selon lequel « arrêt de mise en accusation dès lors qu’il devient définitif, il
couvre toutes les irrégularités et les nullités de l’instruction qui peuvent plus être invoquées
ultérieurement donc au stade de jugement »

70
C- les effets de la nullité

Les conséquences attachées par la loi à ces nullités varient en fonction de la nature de
l’irrégularité en ce qui concerne les nullités textuelles, celles-ci entraînent aussi bien la nullité
de l’acte que celle de la procédure ultérieure en raison de l’importance qu’on attache à cet
acte. En conséquence ou la nullité est établie, l’instruction doit être reprise dans son
ensemble.

Quant aux nullités virtuelles, leurs effets ne sont pas fixés de manière uniforme par le code et
ceci parce que la disposition substantielle de l’instruction ne sont sanctionnées que dans la
mesure où et les comportements le droit à la défense, ce qui laisse à la juridiction saisie une
certaine marge d’appréciation pour prononcer soit l’annulation de toute la procédure, soit
l’annulation d’une partie de cette procédure soit l’annulation du seul acte entaché
d’irrégularité.

Par ex article du 12 janvier 1959, la cour suprême a jugé que le retard qui consiste pour le
juge d’instruction à rédiger un procès verbal de 1ère comparution après la clôture de
l’instruction et le renvoi devant le tribunal compétent, constitue un vice grave qui entraîne la
nullité de toute la procédure parce qu’il affecte l’ordre public quelles que soient les
conséquences de la nullité, l’acte ou les actes déclarés nuls, doivent être retirés du dossier
d’instruction et écartés des débats. De plus, au cas où c’est la chambre correctionnelle qui
statue, elle a le choix entre 3 possibilités (Article 227).

71
Titre 2 : le jugement

Le jugement, instruction à l’audience, instruction définitive car c’est la phase du procès au


cours de laquelle la juridiction saisie tranche définitivement sur le fait de savoir si la personne
poursuivie est coupable des faits qui lui sont reprochés. C’est également l’occasion pour la
juridiction de statuer éventuellement sur les réparations civiles au cas où elles seraient
demandées.

Phase charnière du procès au cours de laquelle se joue le sort de la personne poursuivie, et en


raison de son caractère décisif, elle est entourée de plusieurs garanties dont le respect doit
s’imposer auprès des différentes juridictions même si la procédure applicable par les uns et les
autres varie considérablement. L’examen de cette procédure de jugement doit être précédé par
l’étude de l’objet même du jugement à savoir essentiellement l’action publique et l’action
civile.

Chapitre 2 : l’objet de jugement

Cet objet est double, il vise d’abord à réprimer, il vise ensuite à réparer. La répression se
traduit par l’exercice de l’action publique, alors que la réparation prend la forme d’une action
civile, ces 2 types d’actions se rapprochent et s’opposent d’une certaine manière, car elles
concernent le même objet.

Ainsi, d’un coté les 2 actions ont la même origine, toutes 2 naissent de la commission d’une
infraction. Ainsi, la constitution de partie civile c’est à dire la demande dommages d’intérêts
de la part de la victime, déclenche automatiquement l’action publique. Enfin, la décision
déclenche automatiquement l’action publique. Enfin, la décision qui est rendue à propos de
l’action publique s’impose sur le plan de l’action civile.

Les 2 actions divergent quant à leur but puisque l’une entraîne une sanction et l’autre une
réparation, quant à leur fondement car l’action publique existe dès lors qu’une infraction est
commise et indépendamment des résultats, alors que l’action civile ne peut être intentée que si
un dommage est effectivement récents du fait de l’infraction. L’action publique concerne
l’ordre public et l’action civile concerne l’intérêt privé.

Section 1 : l’objet principal du jugement : l’action publique

Le code de procédure définit l’action publique comme étant l’action pour l’application des
peines, donc celle qui cherche à réagir contre le trouble social causé par l’infraction et elle
consiste à appliquer au délinquant une peine ou une mesure de sûreté.

Étant donné que l’infraction cause un trouble à l’ordre social, c’est cet ordre lui-même par le
biais d’organes qui le représentent qui est appelé à mettre en cause l’action publique.
L’exercice donc de l’action incombe essentiellement aux magistrats du parquet, mais
parallèlement, il arrive que l’action ne puisse pas être mise en œuvre lorsqu’elle se trouve
éteinte

72
Sous-section 1 : l’exercice de l’action publique

Deux problèmes essentiels sont généralement examinés à propos de la mise en œuvre de


l’action publique, le premier concerne les parties engagées dans l’exercice de l’action et le
deuxième concerne le mode selon lequel cette action.

Para 1 : les parties à l’action publique

Le demandeur à l’action, celui qui prend l’initiative de la déclancher constitue le sujet actif de
l’action et en face de lui se trouve celui qui la subit c’est le sujet passif (le défendeur).

A- le sujet actif (Article 36- 3° CPP)

On sait que l’action publique est exercée principalement par les magistrats de parquet et
accessoirement par les fonctionnaires de certaines administrations comme les douanes, les
impôts ou les eaux et forêts mais en règle générale, l’exercice de l’action publique est
considéré comme un point exclusif au profit du parquet.

Cette solution ressort de l’article 3 du code et elle est le reflet d’une évolution manifeste en
droit comparé, évolution qui a marqué le passage d’un système accusatoire où la poursuite
relevait surtout de la personne lésée par l’infraction, au système inquisitoire dans lequel la
conduite du procès est essentiellement une compétence publique incombant aux représentants
de la société. Il est vrai que l’article 3 du code reconnaît à la victime de l’infraction le droit de
se constituer partie civile et par la même occasion celui de mettre en mouvement l’action
publique. Mais il faut bien distinguer le déclenchement de l’action de son exercice.

- le 1er n’est que l’acte initial de poursuite, celui qui fait démarrer l’action et il apparaît
conjointement au ministère public et à la partie lésée.

- quant à l’exercice de l’action, qui consiste dans l’ensemble de opérations du procès depuis le
déclenchement de l’action jusqu’au prononcé du jugement définitif, il n’appartient qu’aux
magistrats du parquet et éventuellement à certains fonctionnaires, donc la partie lésée n’est
pas véritablement le demandeur à l’action publique.

- dans l’exercice de l’action publique, le ministère public bien qu’il représente les intérêts de
la société, dispose néanmoins d’une certaine liberté de manœuvre qui lui permet de moduler
son action en fonction des espèces qu’il a à traiter, en ce sens que lorsque le parquet est
informé de la commission d’une infraction soit par une plainte ou une dénonciation, soit au
moyen d’un procès verbal de la police judiciaire, le représentant du parquet n’a pas
d’obligation automatique d’engager des poursuites, mais en même temps, du fait qu’il est seul
à pouvoir les exercer, il est normal qu’il soit soumis à certaines contraintes de la part du
législateur afin que les poursuites ne soient pas paralysées.

- il y a donc un équilibre à trouver entre la liberté d’agir du parquet d’une part et les limites
qui peuvent être apportées à cette liberté d’autre part.

Au niveau du principe même, on constate que le parquet bénéficie d’une liberté appréciable
puisque ni les parties privées, ni les juridictions d’instruction et de jugement ne peuvent lui
imposer une conduite déterminée.

73
La loi lui reconnaît en effet la possibilité d’apprécier l’opportunité des poursuites et
corrélativement, celle de classer un dossier sans lui donner de suite, la règle de l’opportunité
des poursuites énoncée à l’article 40 du code, signifie que le parquet a latitude d’analyser les
circonstances et d’en tirer les conclusions qui lui semblent opportunes au niveau des
poursuites.

C’est ainsi qu’il n’est pas tenu de déclencher l’action publique au seul motif qu’une infraction
a été commise, comme on pouvait s’y attendre, il ne le fait vraiment que s’il lui apparaît que
son action est justifiée compte tenu du cas concrets. En cela, il tient compte du fait que la
poursuite peut parfois comporter plus d’inconvénients que d’avantages (Ex : dans le cas d’un
délinquant primaire ou d’un jeune délinquant dont le contacte avec l’appareil répressif peut
être l’occasion d’en faire un véritable délinquant professionnel).

Par ailleurs, le trouble causé par l’infraction peut être tellement négligeable qu’une poursuite
puisse ne pas s’imposer étant donné le coût social et économique d’une procédure pénale. Ce
système de l’opportunité des poursuites s’oppose à un autre système que l’on rencontre en
droit comparé par ex en droit allemand et qui est celui de la légalité des poursuites en vertu
duquel dès lors qu’une infraction est commise, la poursuite est obligatoire de manière
automatique, les 2 systèmes ont évidemment des aspects positifs et négatifs.

Celui de la légalité peut se traduire par une répression aveugle en raison de l’automaticité du
déclenchement du procès. De son coté, le système de l’opportunité peut comporter l’excès
inverse c’est à dire laisser impuni un grand nombre d’infraction lorsque le parquet adopte une
attitude trop laxiste.

Par ailleurs, dans son appréciation de l’opportunité des poursuites, le ministre public, n’est
pas en pratique totalement libre de son jugement puisqu’en réalité il est orienté dans sa
décision par les éléments du dossier qui lui permettent de se faire une idée précise de l’affaire.
Il peut même faire procéder à une enquête par la police judiciaire de cette manière être
simplement informé, si le parquet décide finalement de ne pas poursuivre, alors il procède au
classement sans suite.

Celui-ci est la conséquence logique de la règle de l’opportunité de poursuite et il est prévu à


(Article 38- 3°CPP) quant à sa nature juridique, le classement n’est pas considéré comme une
décision juridictionnelle mais seulement une décision administrative, ce qui a pour effet
d’exclure la possibilité d’intenter un recours judiciaire contre une décision juridictionnelle
mais seulement une décision de classement.

Néanmoins, la partie concernée n’est pas démunie de tout moyen de contestation, dans la
mesure où elle peut introduire un recours hiérarchique auprès du parquet général afin
d’obtenir satisfaction. De plus, cette partie dispose en pratique d’un moyen plus efficace qui
est celui de la constitution de partie civile dont on sait, qu’elle déclenche automatiquement
l’action publique de surcroît, le classement sans suite étant donné sa nature administrative
n’est pas revêtu de l’autorité de la chose jugée, en ce sens une décision de classement
demeure une mesure provisoire et révocable que le ministère public peut toujours rapporter et
donc procéder à la réouverture d’un dossier précédemment classé à condition toutefois que
l’action publique ne soit pas prescrite. Mais ce principe à des limites :

74
Ces limites sont principalement dictées par le souci d’éviter les dangers que comporte la
liberté même ou les excès auxquels elle peut donner lieu. En effet, le parquet n’étant pas
légalement obligé de poursuivre, il y a un danger d’inertie.

Par ailleurs, du fait que la liberté du parquet interdise qu’on puisse l’empêcher d’agir, il y a
danger de poursuites inopportunes c’est la raison pour laquelle le législateur a apporté des
limites à cette liberté, tantôt en obligeant la parquet à agir dans certaines cas tantôt en lui de
mandant de s’abstenir dans d’autres cas. D’un coté, en effet le procureur est tenu de
poursuivre, même s’il est d’avis contraire soit sur intervention de la partie lésée, soit sur
intervention de l’autorité publique.

a- l’intervention de la partie privée constitue en pratique la limite la plus courante et la plus


importante à la liberté d’action du parquet car celui-ci est obligé de poursuivre lorsque la
victime de l’infraction va se constituer partie civile, soit agit au moyen de la citation directe
de l’auteur de l’infraction devant la juridiction de jugement dans ces 2 cas, le parquet
déclenche le procès quand bien même, il le jugerait inopportun.

b- quant à l’intervention de l’autorité publique qui a pour effet de pousser le parquet à agir,
elle peut prendre différentes formes et notamment consister dans l’ordre des supérieurs
hiérarchiques que le procureur reçoit dans le cadre d’une procédure à laquelle il est tenu de se
plier, conformément au principe de la subordination hiérarchique cette intervention peut ainsi
prévenir au parquet la chambre criminelle de la cour d’appel au titre de l’article 488 du code.

Selon ce textes, lorsqu’il s’avère au cours des débats que l’accusé avait commis d’autres faits
délictueux que ceux pour lesquels il est jugé, le parquet ordonne qu’il soit conduit devant le
procureur général et ce dernier doit faire en sorte que l’accusation soit poursuivie sur la base
des nouvelles charges retenues contre lui.

Donc dans toutes ces situations le parquet est d’une manière ou d’une autre obligé d’exercer
les poursuites, en sens inverse, il arrive que le procureur se trouve empêché de poursuivre
selon qu’il aurait le sentiment de devoir le faire et cela lorsqu’il se trouve en présence de
certains obstacles posés par le législation, obstacles qui peuvent être soit définitifs soit
temporaires.

Les obstacles définitifs à l’exercice de l’action publique sont de plusieurs ordres. Ainsi, un
premier obstacle peut provenir de l’extinction de l’action publique qui ne peut plus être
intentée à cause par ex de la prescription de l’action ou du décès du délinquant.

Un second obstacle peut être lié à la qualité de la personne poursuivie effectivement, certaines
personnes bénéficiant d’immunité qui les mettent dans certaines conditions à l’abri des
poursuites, cas par ex de l’immunité familiale qui profite aux proches parents auteurs de
certaines infractions, ex vols commis par les conjoints entre eux ne sont pas punissables aux
termes de l’article 534 du CP ex : immunités parlementaires consacrées par la constitution à
l’article 37 alinéa 1, cette immunité couvre les députés à l’occasion de leur discours, et de leur
déclaration ou de leur vote dans l’exercice de leurs fonctions. Elle vise à assurer
l’indépendance du législatif par rapport à l’exécutif.

75
Néanmoins, cette immunité comporte elle-même certaines limites concernant 3 domaines
pour lesquels les députés ne sont pas couverts qui sont le régime monarchique, la religion
musulmane et le respect dû à la personne du roi considérés comme insusceptibles d’être
débattus par l’instance législative.

Il y a enfin l’immunité diplomatique qui profite aux représentants de haut rang des notions
étrangères qui ne sont pas susceptibles de poursuites pénales au Maroc s’ils s’y rendent
coupables d’une infraction.

A coté de ces obstacles définitifs à l’action publique, il en est d’autres qui peuvent
temporairement s’opposer à son exercice. Il peut s’agir d’abord d’une autorisation préalable
sans l’obtention de laquelle la poursuite reste suspendue par ex en vertu de la règle de
l’inamovibilité parlementaire prévue à l’article 37 de la constitution alinéa 2, un député ne
peut être arrêté ni poursuivi s’il commet un crime ou un délit, qu’avec l’autorisation préalable
de la chambre des représentants cette autorisation n’est d’ailleurs requise que pendant la
session parlementaire, alors qu’au cours des intercessions seule l’arrestation requiert une telle
autorisation (Alinéa 3 article 27).

Un 2ème obstacle temporaire, c’est celui de la plainte préalable qui est nécessaire dans certains
cas avant que la poursuite puisse être engagée par ex en cas d’infraction à la réglementation
des changes, une plainte du ministère des finances est nécessaire. De même, pour certaines
infractions relatives à l’exercice de la profession bancaire (dahir de 1967), la poursuite est
subordonnée à une plainte préalable du ministère des finances ou de la banque du Maroc ou
G.P.B.M, cette plainte peut être parfois exigée de la victime de l’infraction notamment dans
certaines infractions mettant en jeu la vie privée ou l’ordre des familles.

Ainsi, l’adultère n’est punissable que sur plainte du conjoint offensé de même en matière
d’abandon de famille article 481, la poursuite est subordonnée à la plainte de la personne
abandonnée, l’enlèvement d’une mineure de moins de 16 ans lorsqu’il est fait sans violence et
en vue du mariage (Article 475), la poursuite n’est possible que sur plainte des personnes
ayant la qualité de parent ex infractions commises par les proches parents du 4ème degré).

Le 3ème obstacle temporaire, les questions préjudicielles à l’action publique, ces questions
sont ainsi appelées parce que la poursuite ne peut être initiée tant qu’elles n’ont pas été
solutionnées et il arrive en effet que le jugement de l’action publique connaisse d’abord la
solution d’une question de droit civil ou de droit commercial dont peut dépendre l’issue du
procès pénal.

Il faut cependant distinguer la question préjudicielle à l’action de l’exception préjudicielle au


jugement, qui comme son nom l’indique ne fait pas obstacle à la poursuite mais au jugement
comme ex de question préjudicielle à l’action, la banqueroute article 556 du code dont
peuvent être passible les commerçants en état de cessation de paiement et qui accomplissent
des actes susceptibles de nuire à leurs créanciers. En pareil cas, pour que la poursuite pénale
du chef de banqueroute puisse être exercée, il faut d’abord que l’état de faillite ait été déclaré
par le juge civil (Article 187 du code de commerce)

Un 2 exemple : article 470 du CP, la suppression d’état civil consiste à priver un enfant de la
preuve légale de sa filiation.

76
B- le sujet passif : le défendeur

Etant donné que l’action publique vise à l’application éventuelle d’une sanction pénale, le
sujet passif d’une telle action ne peut être en principe que l’auteur de l’infraction ou bien dans
le cas échéant, le coauteur ou le complice. Cette solution découle logiquement du principe de
la personnalité des peines et de la responsabilité pénale individuelle.

Cette règle ne se retrouve pas dans l’autre chambre du droit et notamment en droit civil où
l’on admet dans certaines cas la responsabilité civile du fait d’autrui par ex : la responsabilité
des parents du fait de leurs enfants mineurs ou la responsabilité des artisans du fait de leurs
apprentis tel que le prévoit l’article 85 du DOC. En sens inverse, il est communément admis
que le père par ex ne peut être rendu pénalement responsable d’une infraction commise par
son enfant mineur, de même que les héritiers d’un délinquant ne peuvent être déclarés
coupables des méfaits du défunt.

On observe néanmoins, une tendance à retenir dans certains cas la responsabilité pénale pour
autrui par ex celle des chefs d’une société qui sont parfois considérés comme responsables au
plan pénal d’infractions commises par leurs employés dans le cadre professionnel.

On peut justifier ces exceptions au principe de la responsabilité individuelle par le fait que
dans certains cas, une faute de négligence ou d’imprudence a été commise par la personne
jugée responsable pénalement pour autrui.

Par ailleurs, la responsabilité pénale n’est envisagée dans la théorie classique que pour les
seules personnes physiques, les personnes morales n’étaient pas considérées comme étant
susceptibles d’engager la responsabilité pénale. Si bien que l’action publique ne pouvait être
engagée contre elle. Néanmoins, cette règle classique est aujourd’hui battue en brèche dans la
mesure ou de plus en plus, les infractions sont reprochées à des personnes morales lesquelles
sont en outre plus solvables que la plupart des personnes physiques de sorte qu’on comprend
mal l’exclusion de leur responsabilité pénale.

Et de ce fait, le principe de la responsabilité pénale des personnes juridiques est maintenant


assez largement admis en droit comparé, comme il l’est d’ailleurs par l’article 127 du code
pénal marocain qui soumet les personnes morales à des peines surtout pécuniaires ainsi qu’à
des mesures de sûreté comme à la confiscation ou à la fermeture.

Compte tenu de ces considérations, il apparaît que le sujet passif à l’action publique en
principe celui qui a personnellement commis l’infraction ou qui a contribué à cette
commission, ce peut être l’auteur, le coauteur ou le complice. Il peut s’agir en plus d’une
personne physique ou morale. Enfin, de façon assez exceptionnelle, il peut arriver que l’action
publique soit intentée contre une personne qui serait pénalement responsable pour autrui.

77
Para 2 : les modes d’exercice de l’action publique

L’action publique peut être exercée selon un schéma général qui se retrouve, pour la plupart
des infractions. Néanmoins, les procédés utilisés à cet effet différent de manière assez
substantielle selon que l’infraction est ou n’est pas de nature flagrante, c’est pourquoi il
importe de distinguer les types de poursuites selon les types d’infractions.

A- la poursuite en cas d’infraction normale

Dans cette hypothèse qui est en principe la plus courante, le parquet dispose essentiellement
de 2 moyens pour intenter l’action qui sont d’une part la citation directe et de l’autre le
réquisitoire introductif

1- la citation directe

C’est le procédé qui consiste à convoquer le suspect afin qu’il comparaisse directement
devant la juridiction de jugement sans donc avoir à passer par le stade de l’instruction
préparatoire. Le recours à la citation directe n’est pas possible dans tous les cas, il est fonction
de la gravité de l’infraction. En effet, étant donné que la citation revient à faire … l’économie
de l’instruction, elle n’est possible que lorsqu’une information judiciaire n’est pas obligatoire.
Etant donné, l’instruction est requise en cas de crime passible de mort ou de réclusion
perpétuelle, elle est facultative pour les autres crimes et exceptionnelle pour les délits.

- par ailleurs, il s’en suit que la citation directe est le procédé poursuite normale en cas de délit
ou de contravention. En revanche, la citation directe est exclue pour les crimes nécessitant une
instruction.

- enfin, la citation constitue un procédé facultatif optionnel dans les cas où l’instruction est
elle-même facultative, la poursuite peut alors s’exercer soit au moyen d’une citation, soit au
moyen d’un réquisitoire introductif.

Mais dans ce dernier cas, il existe des situations dans lesquelles l’instruction préparatoire
s’impose et où par conséquent, la citation doit être écartée par exemple en cas de crime
reproché à un mineur de même en pratique, l’instruction s’avère nécessaire chaque fois que
l’auteur de l’infraction demeure inconnu et qu’une information doit être ouverte contre X cela
dit, la citation directe fait l’objet d’une réglementation détaillée.

En effet, les articles 366 à 370, 393, 394 et 419, la citation directe doit être notifiée à
personne, à domicile ou à curateur dans les conditions ordinaires de la notification telles
quelles sont fixées par les articles 36 à 41 du CPP d’un autre coté, entre le jour de la
notification citation et le jour de la comparution devant le juge, il doit y avoir un délai de 15
jours au moins et ceci afin de permettre à la personne citée d’organiser sa défense.

Il est écourté de 3 jours lorsque l’infraction est flagrante au terme de l’article 14, par contre ce
délai peut être allongé lorsque la personne citée n’a pas sa résidence au Maroc, il est porté à 2
mois, 3 mois ou 4 mois selon que le lieu de résidence se trouve en Europe ou au Maghreb et
dans les autres pays de l’Océanie et enfin dans les pays d’Océanie respectivement.

78
En outre, la citation directe doit comporter suffisamment d’éléments pour informer la
personne citée et lui donner la possibilité de se défendre en connaissance de cause, c’est ainsi
que la citation doit mentionner à peine de nullité la date précise, ainsi que le lieu de
l’audience, elle doit également comporter la référence au texte de la loi applicable ainsi que
la nature exacte des faits reprochés.

2- le 2ème mode : le réquisitoire introductif

- si la poursuite n’est pas engagée au moyen d’une citation, elle peut l’être par le biais d’un
réquisitoire appelé « réquisitoire introductif d’instruction », parce qu’il a pour effet de
déclencher l’action publique. Cet acte est également appelé « réquisitoire de soit informé » ou
« réquisitoire à fin d’informer » car la poursuite débute par une information du juge
d’instruction.

- l’affaire est donc instruite avant d’être jugée, c’est pourquoi le domaine du réquisitoire
introductif est relativement plus étroit que celui de la citation directe en ce sens qu’on n’y a
recours de manière impérative que lorsque l’instruction préparatoire est obligatoire.

Par contre, là ou une telle instruction n’est que facultative, le procédé du réquisitoire reste
possible mais il ne s’impose plus puisqu’un choix est permis entre la citation directe et le
réquisitoire introductif.

- le domaine du réquisitoire introductif s’est d’ailleurs d’avantage rétréci depuis les reformes
de 1974 qui ont eu pour effet de limiter le champ de l’instruction préparatoire et
corrélativement, celui du réquisitoire introductif.

Quant à sa réglementation, le réquisitoire est un acte moins formaliste que la citation directe
et cela s’explique par le fait qu’il est moins grave de conséquence. Toutefois, certains
éléments doivent figurer dans le réquisitoire pour qu’il soit valable : il doit être daté de
manière précise, et cette formalité a son importance puisqu’elle marque le point de départ des
poursuites et par la même occasion celui de la prescription. Comme la citation, le réquisitoire
doit indiquer les faits délictueux, objet de l’instruction préparatoire, cette formalité a son tour
est importante car elle délimite les pouvoirs du juge d’instruction qui ne peut étendre
l’information à d’autres faits que ceux visés par le réquisitoire sans de nouveaux réquisitoires
pris en ce sens par le parquet.

Donc en définitive, la poursuite en cas d’infraction normale va s’exercer en 2 procédés :


citation directe qui est le moyen le plus courant de mettre en mouvement l’action publique et
le procédé du réquisitoire introductif d’instance qui est semble-t-il moins fréquent que le 1er,
compte tenu du rétrécissement du domaine de l’instruction préparatoire.

79
B- la poursuite en cas d’infraction flagrante

On sait que la notion d’infraction flagrante a connu une évolution dans le sens de son
extension à la faveur des reformes introduites en 1962-74. A l’origine, la flagrance était
conçue de manière assez étroite.

Aujourd’hui, elle est conçue de façon plus large puisque l’infraction flagrante c’est non
seulement celle qui est entrain de se commettre, mais aussi celle dont l’auteur est poursuivi
par la clameur publique ou porteur d’objets ou d’indices qui font présumer sa participation à
l’infraction ; et pour ce genre d’infractions qui ne sont pas toujours flagrantes au sens propre
du terme, le code a prévu des poursuites simplifiées qui se traduisent par l’économie d’un
certain nombre de formalités procédurales.

En effet, l’infraction considérée comme flagrante est poursuivie de manière sommaire pour ne
pas dire expéditive. En général, la personne appréhendée sur le lieu de l’infraction doit être
interrogée immédiatement à la fois sur son identité et sur les faits qui lui sont imputés puis
elle est directement traduite en jugement sauf s’il n’y pas d’audience le jour même de
l’arrestation auquel cas, l’inculpé doit être cité à une audience rapprochée qui doit se tenir
dans les 3 jours.

Il est même prévu qu’en cas de besoin, un tribunal spécial peut être convoqué par le juge de
l’affaire. Le caractère trop sommaire de cette procédure fait l’objet de critiques doctrinales,
parce qu’on estime qu’elle ne permet pas l’exercice effectif des droits de la défense et qu’elle
peut déboucher sur des erreurs judiciaires.

Par ailleurs, on ajoute que même en cas de flagrance, le principe de la présomption


d’innocence doit continuer à recevoir application avec toutes les conséquences qui en
découlent sur le plan procédural.

Ces arguments semblent d’autant plus justifiés que le domaine de ces poursuites a tendance à
prendre de l’ampleur. Effectivement, dans sa version de 1959, le code de procédure prévoit
cette procédure simplifiée dans des cas bien déterminés.

D’un coté, il doit s’agir d’un délit flagrant passible d’emprisonnement, ce qui exclut une telle
procédure en matière criminelle. D’un autre coté, les délits de presse, les délits politiques ou
les délits commis par les mineurs ne sont pas justiciables de la procédure de flagrance.

Néanmoins, petit à petit de nouvelles possibilités de recours à la procédure de flagrance ont


été introduites par le législateur. Il y a eu la brèche ouverte de 1962 dans l’article 74 du code,
aux termes duquel peuvent être considérés comme flagrants tous les délits commis par une
personne qui ne présente pas des garanties suffisantes de représentation, cette disposition
avait pour but de s’assurer que le délinquant ne prendrait pas la fuite pendant le délai de 8
jours qui est prévu entre la citation directe et le jour de l’audience.

Par ailleurs, depuis 1974, les poursuites simplifiées sont devenues possibles même en cas de
crime flagrant et non plus seulement en cas de délit flagrant, de sorte que désormais, il y a un
double élargissement de la poursuite simplifiée qui provient et de la nature de l’infraction et
de la notion de flagrance.

80
Sous section 2 : l’extinction de l’action publique

Il arrive que l’action publique ne puisse plus être exercée, qu’elle soit donc éteinte lorsque
surviennent certains évènements de fait ou de droit qui constituent un obstacle à sa mise en
mouvement. Ces obstacles peuvent être classés en 2 catégories en fonction de leur nature
générale ou spéciale, les premiers mettant fin à l’action publique s’agissant de la plupart des
infractions, alors que les seconds n’ont pour effet d’éteindre l’action publique que dans le cas
de certaines infractions particulières.

Para 1 : causes générales d’extinction de l’action publique

Lorsque l’une de ces causes générales se présente, elle met un terme à l’action publique quelle
que soit la nature de la sanction, les principales causes sont constituées par :

- la prescription
- l’abrogation de la loi
- l’amnistie
- l’autorité de la chose jugée
- le décès de l’auteur de l’infraction

Les 3 premières causes citées ont pour dénominateur commun d’être liées directement à la
volonté du législateur puisque c’est en vertu des dispositions légales que l’action est éteinte à
la survenance de l’une entre elles. Quant à la chose jugée, elle est plutôt rattachée à la volonté
du juge dont la décision peut avoir pour conséquence de paralyser l’exercice de l’action
publique. Enfin, la mort du délinquant est une cause favorable qui relève simplement du
hasard.

A- la prescription

C’est le laps de temps à l’expiration duquel l’action publique ne peut plus être intentée, parce
que ce délai prévu par la loi se sera la prescription est un concept qui n’est pas propre à la
procédure pénale, puisqu’on le retrouve dans la plupart des branches du droit fiscal. Le DOC
dans son article 387, le décret de prescription des actions civiles est fixé à 15 ans.

En matière de prescription, il existe en fait 2 sortes de prescriptions : il y a d’une part


prescription de la peine c’est à dire celle qui profite est une personne déjà condamnée mais
qui réussit néanmoins à se soustraire à la prescription ce qui peut se justifier de différentes
manières en particulier par le fait que le temps amène l’oubli. Il y a l’usure du sentiment de
révolte ou d’injustice provoqué par une infraction. Après plusieurs années, l’opinion publique
n’est plus sensibilisée. Au fond, elle n’est plus intéressée par le sort du délinquant.

Il y a ensuite un argument d’ordre humanitaire fixé des souffrances qu’a pu endurer le


coupable pour échapper à la justice pendant des années, se priver de toute vie publique pour
précisément fuir la répression, ces souffrances peuvent tenir lieu de punition à laquelle il ne
serait pas nécessaire d’ajouter une autre sanction d’ordre pénal.

Et d’ailleurs, l’appareil répressif a sa part de responsabilité à assumer dans le fait que le


déclinquant ait réussi à échapper à la poursuite, il y a en plus un argument d’ordre pratique
tiré de la possibilité de commettre une erreur judiciaire, car après l’écoulement d’un délai
relativement long, les preuves de l’infraction ont pu s’estomper voire disparaître.

81
Selon que cette série d’arguments qui milite en faveur de l’admission de la prescription dans
la plupart, sinon toutes les législations, il y a explication selon le CPP, la prescription
s’applique de manière générale à l’ensemble des infractions pénales quelle que soit leur
gravité mais sous réserve des crimes les plus odieux, les plus graves qui demeurent
imprescriptibles par application soit des conventions internationales liant le Maroc, soit en
vertu des principes généraux des lois internationales soit enfin, conformément à certains
textes spéciaux (ex : code de justice militaire : la désertion est imprescriptible).

Si la prescription est donc applicable à toute infraction, sa durée est par contre variable. Elle
diffère en effet selon la gravité de l’infraction puisqu’elle est de 20 ans pour les crimes, 5 ans
pour les délits et 2 ans pour les contraventions. En dehors de ces délais de droit commun, il y
a des délais spéciaux prévus pour des infractions particulières ex : les infractions au code de la
presse de 1958 : diffamations par la presse.

Le départ de la prescription est en principe le moment même de la commission de l’infraction,


sauf pour les actes délictueux qui se prolongent dans le temps ; comme les infractions
d’habitude ou les infractions continues. Dans ces infractions, c’est le dernier acte qui fait
courir la prescription. Ces délais sont pareils soit interrompus, soit suspendus.

La prescription est interrompue aux termes de l’article du code, chaque fois qu’un acte de
poursuite ou d’instruction est ordonné ou accompli par l’autorité judiciaire. Ainsi, une citation
directe, un réquisitoire introductif ou une opération d’instruction conduisent à l’interruption
de la prescription

Dans une décision de la cour suprême du 19 juillet 1962, la notion d’interruption a été
précisée en ces termes : « Par actes d’instruction ou de poursuite interruptifs de la
prescription, il faut entendre ceux qui ont pour objet de constater l’infraction, d’en découvrir
ou d’en convaincre les auteurs. Ne présentent pas ce caractère, ni un procès verbal résumant et
appréciant les faits déjà consignés dans les PV de police qui constatent l’infraction et ne
relatent aucune investigation supplémentaire, ni un avertissement aux fins de transaction
notifié par les administrations des eaux et forêts aux délinquants ». Cette décision fait la
différence entre les actes d’instruction ou de poursuite et les PV qui sont généralement des
rapports. (De même, un avertissement fait par une action n’est pas un acte de poursuite ou
d’instruction).

L’interruption a pour effet d’annuler le temps déjà écoulé de sorte que la prescription se remet
à courir à partir de l’acte interruptif. Cette interruption produit ses effets non seulement à
l’égard des personnes concernées par l’acte interruptif mais encore vis-à-vis de toutes les
personnes concernées par l’infraction

D’un autre coté, la prescription peut être suspendue aux termes de l’article 6 du code « en cas
d’impossibilité » d’agir provenant de la loi elle-même « cette impossibilité est généralement
interprétée par une analogie avec la maxime du droit civil, selon laquelle « la prescription ne
court pas contre celui qui ne peut valablement agir » ce qui revient à dire que lorsqu’un
obstacle quelconque se dresse devant les autorités judiciaires pour l’exercice de l’action
publique, un tel obstacle peut avoir pour effet de suspendre la prescription. Il peut s’agir d’un
obstacle de droit commun l’existence d’une question préjudicielle, comme il peut s’agir d’un
obstacle de fait, comme l’interruption de la communication à cause d’une catastrophe
naturelle ou d’une guerre.

82
La suspension ne produit pas de conséquences aussi importantes que celles de l’interruption,
puisque le temps déjà écoulé n’est pas effacé, il reste acquis. Seulement, la prescription ne
recommence à courir que lorsque l’obstacle ayant motivé la suspension est effectivement levé.
Lorsque la prescription est acquise, elle a pour effet d’éteindre définitivement l’action
publique, cette prescription est considérée comme étant d’ordre public.

Il s’ennuie que l’auteur de l’infraction en bénéficie automatiquement même s’il omet d’en
réclamer le bénéfice. Le juge est donc tenu de relever l’office la prescription s’il la constate.
De plus, l’exception de prescription peut être invoquée à tous les stades de la procédure que
ce soit pendant l’instruction ou bien aux étapes ultérieures du jugement.

B- l’abrogation de la loi pénale

Il peut arriver entre le moment de la commission de l’infraction et celui du jugement, que la


loi pénale en vertu de laquelle les poursuites devaient être exercées soit abrogée totalement ou
partiellement, et que de cette manière, il n’existe plus de base légale servant à intenter l’action
publique.

Cette dernière est alors éteinte et l’auteur de l’infraction ne peut être poursuivi, si la loi n’est
que partiellement abrogée, la poursuite pourra se faire uniquement dans la mesure des termes
utilisés par la nouvelle loi.

De même, si les sanctions prévues par la nouvelle loi sont plus clémentes que celles de
l’ancienne loi, les poursuites ne pourront s’exercer que sur la base des sanctions atténuées.
Dans ces 2 derniers cas, on peut parler d’une abrogation partielle et partant, d’une prescription
partielle.

C- l’amnistie

Les articles 51 et 95 du CP la régissent. L’amnistie est une cause d’extinction de l’action


publique, elle est aussi rare que l’abrogation de la loi pénale. En pratique, le pouvoir exécutif
a plus souvent recours à la grâce qui n’a pas pour effet de prescrire l’action mais de mettre un
terme à l’exécution de la peine. La pratique offre aussi des ex de grâce amnistiante, c’est à
dire de mesures prises par le pouvoir exécutif et qui rappellent la grâce mais qui ont l’effet de
l’état et qui donc rappellent cette dernière.

L’amnistie intervient au moment d’une loi et elle a pour effet d’éteindre l’action publique si
elle intervient avant le jugement de l’auteur de l’infraction, l’amnistie peut d’ailleurs être
partielle et réserver une partie de la sanction ex : elle peut conditionner l’extinction de l’action
publique par paiement d’une amende si en revanche la loi d’amnistie intervient à la suite
d’une condamnation, elle n’a d’effet que sur l’exécution de la peine cette dernière étant alors
éteinte.

83
D- l’autorité de la chose jugée

Dés lors qu’une infraction a été jugée de façon définitive par une juridiction pénale, il n’est
plus possible d’exercer une nouvelle action publique dans la même affaire, c’est à dire contre
le même délinquant et pour les mêmes faits, autrement dit, une fois que la chose est jugée et
définitivement jugée, l’action publique est éteinte.

A cela il y a bien sur des conditions, et notamment le jugement doit être irrévocable donc
insusceptible de voies de recours ordinaires ou extraordinaires, soit parce que ces recours ont
déjà été effectivement mis en œuvre, soit parce que les délais impartis pour les exercer se sont
écoulés.

E- le décès du délinquant

Il ressort de l’article 3 du code que la mort du prévenu met un terme définitif à l’action
publique, solution de bon sens qui découle du principe de la responsabilité pénale individuelle
et de la personnalité des peines. L’action ne peut être intentée ni contre la mémoire du défunt
même si certaines législations anciennes ont permis une telle action, ni contre les héritiers du
défunt, car cela reviendrait à mettre les infractions dans le patrimoine du successeur. Par
conséquent, le décès du prévenu est un obstacle soit à l’exercice des poursuites si elles ne sont
pas encore engagées, soit à la continuation des poursuites si l’action est déjà engagée.

Para 2 : causes particulières d’extinction de l’action


publique

Pour certaines catégories d’infractions, il existe des causes particulières d’extinction de


l’action publique qui s’ajoutent aux causes générales d’extinction et qui ont un caractère
exceptionnel qui tient à la nature de l’infraction concerné ou de la victime d’une telle
infraction. Ces causes particulières sont d’un coté : le retrait de plainte et de l’autre la
transaction.

Contrairement à l’action civile pour laquelle le désistement est un procédé normal


d’extinction, l’action publique ne peut être éteinte au moyen du retrait de plainte que de façon
exceptionnelle et notamment dans les cas où la plainte est nécessaire pour engager des
poursuites pénales, on sait en effet que l’exercice de l’action publique requiert une plainte
lorsqu’on se trouve en présence par ex de certaines infractions contre l’ordre de famille (tel
que l’adultère ou l’abandon de famille ou les infractions entre proches parents).

Dans ces situations où la poursuite est subordonnée au port d’une plainte, il va de soi que
lorsque cette dernière est retirée après avoir été déposée, l’action publique s’en trouvera
forcement éteinte. Par ailleurs, un tel retrait n’a pas d’effet en principe sur le libre cours de
l’action publique qui continue à s’exercer même si la victime de l’infraction prend l’initiative
de retirer sa plainte, ex la jurisprudence a eu l’occasion de préciser que le retrait de plainte est
inopérant en matière d’abus de confiance, cette infraction ne nécessitant pas une plainte pour
l’exercice des poursuites. Toutefois, en pratique, le retrait de ce genre de situation peut avoir
pour effet de modérer la sanction prononcée par les juges (sorte de circonstances atténuantes
indirectes).

84
La transaction, comme le retrait de plainte, est un mode très courant d’extinction de l’action
civile étant donné que cette dernière vise à la réparation d’un préjudice de nature civile et
qu’elle protège un intérêt privé dont le bénéficiaire peut disposer librement en transigeant
avec l’auteur du dommage.

En revanche, la transaction n’éteint qu’exceptionnellement l’action publique étant donné le


caractère d’ordre public de cette dernière et l’impossibilité qui en découle pour le ministère
public d’en disposer librement en transigeant éventuellement avec le coupable comme cela est
possible en matière civile.

Néanmoins, le législateur autorise l’extinction par transaction dans les cas expressément
prévus par le code ou les textes spéciaux : par la transaction est souvent utilisée en matière
d’infraction à la législation des douanes, des changes, de la chasse, de la pêche, des forêts.

Pour ce genre d’infractions, la poursuite selon les procédures judiciaires habituelles est soit
trop longue, soit trop onéreuse comparée aux résultats qui peuvent en être attendus. Et c’est
pourquoi les agents auxquels la loi reconnaît un pouvoir de police en cette matière se voient
également reconnaître le droit de transiger et donc mettre un terme aux poursuites.

La jurisprudence conforte d’ailleurs ces règles exceptionnelles notamment en ce qui concerne


le contentieux douanier, c’est ainsi que dans un arrêt du 22 octobre 1975, la cour suprême
avait jugé qu’en matière d’infraction à la réglementation des douanes, la transaction passée
sans réserve au cours de poursuites entre l’administration des douanes et le prévenu éteint
l’action publique, ainsi que l’action de l’administration.

Dans un autre arrêt du 15 février 1962, la cour suprême avait jugé que la transaction conclue
entre l’administration des douanes et un fraudeur n’a d’effet qu’à l’égard de la seule infraction
qui en est l’objet. Dès lors, un prévenu ne saurait se prévaloir comme moyen de défense de la
transaction dont il a bénéficié antérieurement à la réalisation de l’infraction pour laquelle il est
poursuivi.

Section 2 : l’action civile

Cette action est définie par l’article 7 du CPP comme étant celle qui vise à repérer le
dommage causé par l’infraction. Cette définition met en relief le coté réparateur de l’action
civile qui est un aspect essentiel, mais elle omet un autre objet secondaire celui de la
restitution de certains objets saisis ou volés à l’occasion de l’infraction. C’est donc dire que
l’action civile a un double objet dont le 1er consiste dans l’allocation de dommages-intérêts
pour dédommager la victime du préjudice causé par l’infraction.

Cette action civile peut dans certains cas se confondre avec l’action en responsabilité civile
délictuelle, telle qu’elle est réglementée par les articles 77 et suivants du DOC. En effet, la
confusion vient de ce que les 2 actions tendent à réparer un dommage privé, mais la différence
vient de ce que l’action civile définie par l’article 7 cherche à réparer un dommage dont la
source est une infraction à la loi pénale, alors que l’action purement civile, elle concerne un
dommage qui a sa source dans un délit au sens civil du terme.

85
C’est dire que l’action civile répare un dommage pénal, alors que l’action purement civile
répare un dommage civil. Dans ce sens, la cour suprême avait précisé dans un arrêt du 21 juin
1962 que la juridiction répressive est incompétente pour connaître de l’action civile de la
victime en réparation du dommage causé à son automobile, dés lors qu’elle n’est saisie
d’aucune infraction au code de la route et qu’elle ne condamne le prévenu que pour blessures
involontaires.

Le dommage pénal qui peut motiver l’exercice d’une action civile peut-être soit un dommage
corporel, soit un dommage moral, soit un dommage matériel. A coté de cet objet réparateur, il
y a un objet accessoire consistant dans la fourniture de certaines infractions et en particulier la
restitution des objets saisis, volés ou détournés d’une part et d’autre part le remboursement
des frais de justice.

Sous section 1 : l’exercice de l’action civile

Para 1 : les parties à l’action civile

A- le sujet actif

Dans cette action, le parquet joue un rôle très effacé contrairement à celui qui est le sien au
cours de l’action publique, cela vient dès que l’action civile est d’intérêt privé et qu’il
n’appartient aux représentants du parquet de défendre les intérêts des parties.

De même, toujours en raison du caractère privé de cette action, le juge ne peut pas statuer
d’office sur une réparation civile sans que la victime lui en fasse une demande expresse. Ce
sont donc essentiellement les personnes directement concernées par l’action qui l’intentent et
plus particulièrement la victime d’une part et ses ayants droit d’autre part.

- la victime de l’infraction : est naturellement appelée à exercer l’action civile parce qu’elle
est la 1ère à subir le dommage causé par l’infraction, mais pour qu’elle puisse agir
valablement, il faut qu’elle ait un intérêt et qu’elle soit capable, la condition de l’intérêt est
visée par l’article 7 du code selon lequel, le dommage n’est réparable que s’il a été
personnellement souffert par la victime. En outre, il doit être actuel et direct, le dommage est
personnel lorsqu’il touche la personne dans sa personne, son honneur, il est actuel lorsqu’il
existe au moment de l’infraction, ce qui exclut le dommage éventuel.

Le dommage est direct lorsqu’il existe un lien causal entre lui et l’infraction, ce qui n’est pas
le cas par ex un préjudice qui serait subi par une compagnie d’assurance tenue de réparer le
dommage causé à son client, car dans ce cas ce n’est pas l’infraction qui est à l’origine de la
somme versée par l’assureur, mais le contrat d’assurance qui le lie à son client.

La cour suprême dans un arrêt du 10 mai 1960 avait jugé que l’action civile exercée devant
les juridictions répressives par une compagnie d’assurances pour le remboursement de
sommes versées à son assuré en vertu d’un contrat d’assurance à tous risques, est irrecevable
car le préjudice subi par cette compagnie d’assurance ne résulte pas directement de
l’infraction mais du contrat d’assurance.

86
Outre l’intérêt à agir, la victime doit avoir la capacité pour agir. En principe, toute personne
physique ou morale est juridiquement apte à ester en justice mais encore faut-il avoir la
capacité d’exercer le droit d’action en justice, la capacité étant refusée à certaines personnes
comme un malade mental ou bien le mineur qui doivent être représentés pour leur action en
justice.

- les ayants droits de la victime : ils sont normalement habilités à exercer l’action civile dans
la mesure où cette dernière a un caractère patrimonial ce qui la rend transmissible aussi bien à
cause de la mort que du vivant de la victime, de sorte que ces ayants droit peuvent être soit les
héritiers, soit encore les cessionnaires ou les créanciers.

- les héritiers : bien que le code n’envisage pas expressément leur cas, la jurisprudence leur
reconnaît néanmoins le droit de demander la réparation du dommage causé à la victime
décédée. Mais alors, se pose la question de savoir si ces héritiers exercent l’action civile de la
victime elle-même ou bien s’ils exercent une action qui leur est propre en leur qualité
d’héritiers. Cette question rajoute des personnes différentes selon que le décès de la victime a
été ou n’a pas été instantané lorsque le décès n’a pas été instantané, là encore 2 hypothèses
peuvent se présenter : celle où la victime avait déjà intenté une action et celle où elle ne
l’avait pas encore fait :

Dans le 1er cas, une fois que la victime meurt, l’action qu’elle avait engagée se transmet à ses
héritiers et ces derniers ne font que continuer son exercice.

Dans le 2ème cas, l’action qui n’est pas encore déclenchée ne passe aux mains des héritiers que
si elle est de nature patrimoniale. En revanche, si elle a un caractère moral, elle n’est pas
transmissible. Lorsque le décès a été instantané, l’action civile n’a pas pu naître par
conséquent elle n’est pas entrée dans le patrimoine du défunt et elle n’est pas transmissible
aux héritiers. Néanmoins, ces derniers peuvent intenter une action qui leur est propre qui est
fondée non pas sur un dommage pénal mais sur préjudice qu’ils ont subi du fait du décès
(Action purement..)

- les cessionnaires : la cession de créance est en principe possible en vertu de l’article 194 du
DOC et elle peut concerner un droit et les actions. Il s’ennui que la victime de l’infraction
peut éventuellement céder son action civile tout librement à titre gratuit ou à titre onéreux. En
pareil cas, le cessionnaire est substitué de plein droit au cédant. Le cessionnaire peut exercer
l’action civile, mais il ne peut pas le faire exactement dans les mêmes conditions que le
cédant. En effet, on estime que l’action cédée ne peut être intentée que devant la juridiction
civile par ex un assureur qui est subrogé dans les droits d’une victime de blessures par
imprudence s’adresser qu’au juge civil et cela pour 2 raisons :

La 1ère, c’est que s’il exerce l’action devant le juge répressif par le même occasion mettre en
mouvement l’action publique, une telle prérogative n’appartient qu’au ministère public et la
victime de l’infraction.

La 2ème raison, c’est parce que le cessionnaire ne peut invoquer un intérêt personnel et direct à
agir, donc il ne peut s’adresser qu’au civil

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- les créanciers : leur cas n’est pas visé par le code non plus, on leur reconnaît généralement la
possibilité d’exercer l’action civile de leur débiteur lorsque ces derniers négligent de le faire
eux-mêmes tient au fait que l’action civile a pour objet de faire entrer une somme d’argent
dans le patrimoine du débiteur et que donc les créanciers sont directement intéressés d’une
telle opération.

Toutefois, si l’action civile ne concerne qu’un dommage moral et strictement personnel à la


victime, les créanciers ne peuvent agir. Enfin, étant donné que les créanciers se contentent
d’exercer l’action de leurs débiteurs, on estime qu’ils peuvent emprunter la voie pénale au
même titre que la victime.

B- les sujets passifs

Contrairement à l’action publique dont l’aspect répressif fait qu’elle ne peut être exercée que
contre le délinquant, l’action civile peut quant à elle, étant donné sa nature patrimoniale, être
dirigée à la fois contre le responsable direct du dommage mais contre ses héritiers ou contre
les personnes qui doivent en répondre, voire même contre l’administration.

1- le délinquant

En 1er lieu, l’action civile s’exerce naturellement contre le délinquant parce qu’il en est le
responsable le plus direct et il peut s’agir de l’auteur principal de l’infraction, des co-auteurs
ou des complices de l’action pouvant être en cas de pluralité de responsables dirigé soit
simultanément contre eux tous, soit contre l’un seulement d’entre eux.

En outre, pour que le délinquant puisse être mis en cause, il faut qu’il soit capable, si bien que
le mineur ou le dément doivent être mis en cause ou la personne de leur représentant légal.
Cette formalité est prévue à l’article 548 du code et doit être respectée tant devant le juge civil
que devant le juge pénal.

2- les héritiers

Contrairement à la solution retenue pour ce qui est de l’action pénale où l’action publique est
éteinte à la mort du délinquant, l’action civile peut continuer à s’exercer après son décès et à
l’encontre de ses héritiers, article 8 du code, et se justifie par la nature patrimoniale de l’action
civile, une telle action est généralement intentée devant le tribunal civil, seulement aux termes
de l’article 12 du code « lorsque l’action avait déjà été engagée devant la juridiction pénale en
même temps que l’action publique du vivant du délinquant, elle demeure de la compétence du
tribunal répressif ».

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3- les personnes civilement responsables

La responsabilité civile pour autrui est largement admise en droit civil, mais elle est écartée
par le droit pénal qui ignore la responsabilité pénale pour autrui. D’ailleurs, même en matière
civile, cette responsabilité du fait d’autrui ne peut être engagée qu’en vertu d’un texte légal
précis. C’est ainsi que le DOC prévoit la responsabilité des parents du fait de leurs enfants
mineurs ou celle de l’artisan du fait de ses apprentis.

Le code pénal retient lui aussi, l’article 362, la responsabilité civile des hôteliers pour les
dommages causés par leurs pensionnaires qui sont logés de manière irrégulières. Dans des
hypothèses, l’action civile dirigée contre le civilement responsable peut être exercée soit
devant le juge civil, soit devant le juge pénal.

4- l’administration

Dans certains cas, le législateur prévoit la responsabilité civile de l’administration du fait de


ses agents. Par ex l’article 226 du CPP retient conjointement la responsabilité civile du
délinquant et celle de l’administration pour certaines infractions commises par les
fonctionnaires au préjudice des particuliers.

Dans ces hypothèses, l’article 514 du CPC prévoit que chaque fois que l’état ou une
administration publique sont susceptibles d’être déclarés débiteurs et ce peut être le cas
lorsque une action civile est engagée à leur encontre, l’agent judiciaire du trésor doit être
appelé en cause sans peine d’irrecevabilité.

Para 2 : modes d’exercice de l’action civile

Etant donné que cette action vise la réparation d’un dommage de nature civile, on aurait pu
concevoir que son exercice se fasse uniquement auprès de la juridiction civile. Mais étant
donné que cette action a pour origine une infraction pénale, le code autorise son exercice
également devant la juridiction répressive, de sorte que le demandeur à l’action a le choix
entre 2 voies et c’est ce qu’on exprime par le « droit d’option » l’option entre les voies est en
principe libre, en ce sens que la victime fait son choix selon ses convenances.

Cependant, il arrive que l’une des 2 voies soit obligatoire. Par exemple la juridiction
d’exception étant incompétente pour se prononcer sur les réparations civiles, la seule
possibilité qui reste est celle des juridictions civiles. Un autre ex se trouve à l’article 73 du
code de la presse selon lequel l’action civile résultant du délit de diffamation doit être
poursuivie séparément de l’action publique juge civil.

En outre, l’option est irrévocable selon l’adage « una via electa », en se sens que le
demandeur ne peut revenir sur son choix et cela afin d’éviter au coupable de faire les frais des
lenteurs de la procédure, seulement l’irrecevabilité de l’option ne joue que si c’est la voie
civile qui a été d’abord empruntée et non pas l’inverse. De plus, il faut que la 1ère juridiction
soit compétente. A l’inverse, si le choix a d’abord porté sur la juridiction répressive, la
victime peut abandonner cette voie pour ensuite s’adresser au juge civil, la raison en est que
généralement les juridictions civiles sont plus favorables que les juridictions pénales.

89
A- l’exercice de l’action civile devant le tribunal
civil

D’un point de vue formel, l’action civile est en principe jugée conformément aux règles de la
procédure civile, en ce sens que le dommage qu’il s’agit de réparer est un préjudice privé
semblable à celui qui fait l’objet d’une action purement civile. Cependant, même si c’est la
procédure civile qui est suivie, le jugement de l’action civile n’est pas pour autant tout à fait
indépendant par rapport à celui de l’action publique.

Effectivement, il y a généralement à coté de l’instance civile une instance pénale qui s’exerce
soit simultanément, soit successivement. Dans ces conditions, il importe que les décisions
rendues en matière civile et en matière pénale ne soient pas contradictoires puisqu’elles
portent sur les mêmes faits de la même infraction.

En d’autres termes, la solution de l’instance civile doit dépendre de la solution de l’instance


pénale. Pour que cette conformité des 2 instances soit respectée, 2 règles ont été imposées par
le législateur :

Celle selon laquelle « la chose jugée au criminel doit avoir autorité sur le civil »,
Celle selon laquelle « il doit être sursis au jugement de l’action civile tant que l’action
publique n’a pas été tranchée ».

1ère règle : l’autorité sur le civil de la chose jugée au criminel

Lorsqu’une décision est rendue par un tribunal civil, elle n’a plus forcément une influence
directe sur le sort de l’action publique qui serait lié, en ce sens que le juge pénal peut
parfaitement s’écarter de son homologue civil et même statuer en sens opposé.

Cependant, l’inverse n’est pas vrai car le juge civil lorsqu’il a à se prononcer sur l’action
civile, doit nécessairement se conformer à la décision pénale qui a été rendue au terme de
l’action publique, autant que les 2 actions soient liées. Ainsi, lorsque le délinquant est
condamné au pénal, il n’appartient pas au juge civil de remettre en question une telle
condamnation par le refus d’indemniser le préjudice subi.

En sens contraire, si la personne jugée au pénal a été acquittée, le tribunal civil n’a pas la
possibilité de condamner la personne à réparer un préjudice qui n’a pas sa source dans une
infraction pénale, que le juge répressif n’a pas retenu c’est cette règle qui explique l’autorité
du criminel sur le civil et qui s’exprime par l’adage selon lequel le criminel emporte le civil,
cette règle a pour corollaire un autre principe qui en découle logiquement celui du sursis au
jugement de l’action civile et qui s’exprime par l’idée selon laquelle le criminel tient le civil
en l’état.

Cette formule évoque naturellement que le juge civil avant de se prononcer sur la demande en
réparation civile doit attendre qu’intervienne une décision définitive sur l’action publique,
cela en vue de ne pas se mettre en contradiction éventuellement avec le juge pénal qui se
prononcerait après lui, c’est en ce sens que l’article 10 du CPP précise que « tant que le juge
pénal n’a pas statué, le juge civil doit surseoir à statuer ».

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On voit donc que cette règle du sursis au jugement de l’action civile apparaît comme une
conséquence directe du principe de la primauté du criminel sur le civil, l’ordre pénal étant
jugé en priorité par rapport à l’ordre civil et l’intérêt social par rapport à l’intérêt individuel.
C’est pourquoi aussi, la règle du sursis au jugement de l’action civile est considérée comme
d’ordre public, qu’il appartient au juge de soulever d’office, même si le plaideur néglige,
omet de la soulever. Néanmoins, pour que cette règle soit respectée, il faut que 2 conditions se
trouvent réunies : d’un coté, l’action publique doit avoir était engagée, d’un autre coté l’action
civile doit être fondée sur les mêmes agissements délictueux que l’action publique c’est à dire
que les 2 actions doivent avoir la même cause juridique

2- exercice de l’action civile devant le tribunal répressif

On sait que le juge naturel de l’action civile est le juge civil, mais on sait aussi que cette
action peut être intentée dans certaines conditions devant le tribunal répressif, on estime
même que cette voie pénale présente certains avantages pour la vie de l’infraction c’est
pourquoi elle est souvent tout tant de l’emprunter. Ainsi, les mérites de la voie répressive
peuvent être d’ordre procédural.

La justice répressive est généralement plus rapide que la justice civile. Cette voie est en
principe moins coûteuse, et enfin cette action met à la disposition du demandeur des moyens
de preuve plus efficaces et plus déterminants puisque le demandeur va bénéficier des
investigations menées soit par la police judiciaire, soit par le juge d’instruction, soit encore
par le juge de jugement. D’un autre coté, en vertu du principe de … , si plusieurs personnes se
trouvent condamnées de manière conjointe pour la même infraction, la victime peut demander
des réparations à l’une d’entre elles seulement, celle qui serait la plus solvable et non pas
contre l’ensemble des condamnés.

Parallèlement à ces avantages, il y a aussi des inconvénients. Ainsi, dans certains cas
exceptionnels, il est plus difficile de rapporter la preuve pénale que la preuve civile par ex
certaines fautes sont présumées en matière civile alors qu’en matière pénale la faute ne peut
être présumée. De plus, en cas de non lieu ou d’acquittement, la partie civile risque de
s’exposer à une condamnation civile voire même pénale si par son action inter positive, elle a
causé un préjudice à la partie adverse.

Cela étant, l’action civile s’exerce devant le juge répressif selon certaines modalités. Il faut
d’abord rappeler que l’option pour la voie pénale est a la fois libre et unilatérale et est exclue
devant une juridiction répressive d’exception qui sont incompétentes pour statuer sur l’action
civile. Par ailleurs, la partie lésée par l’infraction, si elle opte pour la voie pénale, peut agir de
2 façons soit au moyen d’une action, soit au moyen d’une intervention.

Le recours à l’action se fait lorsque l’action publique n’est pas encore engagée et que pour la
faire déclencher, la victime décide d’introduire une action civile. Là encore, 2 modalités se
présentent soit la citation directe du prévenu devant la juridiction de jugement soit la
constitution de partie civile ce qui a pour effet de mettre en mouvement l’action publique
automatiquement.

91
Par contre, lorsque l’action publique est déjà déclenchée, la partie ne fait que prendre le train
en marche, elle y intervient en se joignant au procès et en se constituant partie civile. Une telle
intervention est possible en tout état de la procédure, que ce soit au niveau de l’instruction
préparatoire ou au stade du jugement définitif mais elle est exclue au stade ultérieur des voies
de recours et ceci afin de respecter le principe du double degré de juridiction qui serait
indirectement écarté si on permettait à la victime de se joindre à l’instance au niveau de
l’appel.

Sous section 2 : extinction de l’action civile

Les 2 actions publique et civile ne s’éteignent pas selon les mêmes procédés, même si elles
sont fondées sur les mêmes agissements délictueux, le législateur a posé le principe de
l’autonomie de l’extinction de l’action civile par rapport à l’action pénale, de sorte que
l’action civile a ses propres causes d’extinction qui tantôt s’apparentent à celle de l’action
pénale, tantôt s’en écartent.

La règle de l’autonomie de l’extinction de l’action civile n’est pas universellement admise, en


comparé, plusieurs législations par exemple le CPP français consacrent au contraire le
principe de la solidarité d’extinction des 2 actions, en partant de l’idée qu’il faut éviter la
situation anormale qui consisterait d’un coté à cesser les poursuites sur le plan pénal, d’autre
part à autoriser la continuation de l’action sur le plan civil, puisque les causes d’extinction ne
sont pas légales.

Le législateur marocain n’a pas été sensible à ces arguments et il est dit associe l’action civile
et l’action publique quant à leur extinction, probablement parce que la règle de solidarité
comporte à son tour certains inconvénients en particulier, elle permet au délinquant
d’échapper à la condamnation plus rapidement que le débiteur civil, parce que la prescription
en matière civile est souvent plus longue qu’en matière pénale.

Toujours est-il que selon l’article 12 du CPP, la règle de l’autonomie est exprimée par le fait
que la survenance d’évènement qui éteint l’action publique laisse subsister l’action civile par
ex en ce qui concerne la prescription, l’action civile ne prend pas fin dans les mêmes délais
que l’action publique mais selon les règles admises en matière civile.

De même, si le décès du délinquant met un terme à l’action publique, il laisse subsister


l’action civile qui peut être exercée contre les héritiers du défunt. Les mêmes remarques sont
faites à propos de la chose jugée, l’abrogation de la loi pénale, l’amnistie lorsque seul l’aspect
pénal est concerné c’est pourquoi l’action civile s’éteint selon les modes qui lui sont propres.

Les causes d’extinction de l’action civile se rattachent à la volonté de la victime elle-même,


en ce sens que cette action est d’intérêt privé et que son titulaire peut y mettre fin par une
décision de sa propre volonté. Ainsi, la victime est libre de disposer de l’action civile comme
elle l’entend. L’article 13 du CPP le lui permet par le biais de la renonciation, du désistement
de la transaction et enfin, de l’acquiescement. Les différentes modalités d’extinction évoquant
la même idée, à savoir l’intérêt de la part de la victime. Mais il existe des nuances qui
permettent de les distinguer.

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La renonciation consiste de la part de la partie lésée à faire une déclaration expresse en vertu
de laquelle, elle renonce à demander une réparation du dommage subi du fait de l’infraction,
la renonciation intervient avant la mise en mouvement de l’action publique.

Par contre, le désistement n’intervient qu’après que cette dernière ait été engagée. En effet,
lorsque la victime se désiste, elle n’a pas pour effet de stopper le déroulement de l’action
publique, mais en agissant de la sorte, la victime s’interdit de réclamer des dommages-intérêts
devant le juge répressif ce qui revient à dire qu’elle perd la qualité de partie civile.
Néanmoins, elle garde la possibilité de demander réparation devant le tribunal civil aux
termes de l’article 340 du CPP.

Quant à la transaction, elle est toujours permise, le demandeur peut en effet transiger avec le
prévenu et convenir amicalement avec lui les conditions de la réparation du dommage. C’est
donc un mode relativement courant d’extinction qui permet notamment d’éviter les lenteurs
procédurales.

Enfin, l’acquittement consiste à laisser volontairement s’écouler les délais impartis pour
l’exercice des voies de recours contre une décision ayant rejeté une demande en réparation, on
considère dans ce cas que l’intéressé acquiesce, c’est à dire qu’il admet le verdict du tribunal
puisqu’il ne le conteste pas en exerçant les voies de recours disponibles.

D’un autre coté, l’action civile peut aussi s’éteindre par la chose jugée, dès lors en effet
qu’une décision définitive est acquise, elle acquiert autorité de la chose jugée, qu’elle ait ou
qu’elle n’ait pas accordé une réparation au demandeur. Celui-ci n’a plus la possibilité
d’introduire une autre action que ce soit devant le tribunal civil ou pénal.

Enfin, on rappela que l’action civile s’éteint également par l’effet de la prescription qui est
acquise selon les règles admises en matière civile. Concrètement, le délai de prescription de
droit commun est de 15 ans (Article 387 DOC). Il y a des délais spéciaux prévus par certains
textes comme le code de la presse dont l’article 78 prévoit que l’action civile résulte des délits
de diffamation se prescrit par 5 mois. L’article 14 du CPP indique que la prescription de
l’action publique lorsqu’elle est déjà acquise, interdit l’exercice de l’action civile devant le
juge répressif, c’est à dire que seule la voie civile reste ouverte en pareil cas.

93
Chapitre 2 : les procédures de jugement

Le CPP ainsi que les textes découlant de la reforme de 1974 réglementent la procédure devant
être suivie au cours du procès pénal devant les différentes juridictions ordinaires quant aux
juridictions spécialisées, la procédure à suivre est contenue dans les textes spéciaux qui leurs
sont consacrés, de sorte que la procédure de jugement est loin d’être uniforme pour
l’ensemble des juridictions et qu’il convient de ce fait d’examiner séparément la procédure
suivie auprès de chacune d’elles.

Néanmoins, on retrouve un certain nombre de règles d’applications générales devant la plus


part des juridictions et en particulier 3 principes essentiels de la procédure pénale à savoir : le
caractère public, oral et contradictoire de la procédure à l’audience, le principe de la publicité
se traduit par la possibilité qui est normalement donnée au public d’être admis à l’audience, et
ceci afin d’assurer la transparence de la justice répressive et de permettre une espèce de
contrôle populaire du jugement rendu des magistrats professionnels.

Le caractère public du jugement est en outre favorisé par la possibilité de publier par voie de
presse des comptes rendus d’audience, ce qui permet de donner un écho beaucoup plus large
au sein de l’opinion publique. Néanmoins, la publicité peut être écartée dans certains cas, soit
pour des raisons d’ordre public, soit pour le respect des bonnes mœurs auxquels cas le huis
clos peut être prononcé par la juridiction saisie.

Il y a en plus des limitations d’ordre matériel à la publicité, assurées par la presse notamment
l’utilisation des appareils d’enregistrement audio visuel mais autorisés généralement assez
rarement. La règle de la publicité a été réaffirmée par la jurisprudence de la cour suprême en
particulier dans un arrêt du 13 juin 1963, il a été jugé qu’à défaut de dispositions légales
contraires, tout jugement doit être rendu en audience publique et en faire mention sous peine
de nullité. La cour apporte une précision sur la nature de la publicité en disant que l’audience
publique entraîne un libre accès au prétoire qui permet à chacun d’assister au débat et au
prononcé des décisions. Bien entendu, en pratique, une telle possibilité est plus souvent
réduite à sa plus simple expression étant donné l’ex équité des locaux.

Le 2ème principe est celui de l’oralité des débats qui est motivé essentiellement par le souci de
permettre au juge de se faire une idée personnelle et directe de l’affaire en écoutant de vive
voix toutes les personnes appelées à la barre que ce soit le prévenu, la victime ou les témoins.

De cette manière, on évite l’automaticité et la routine de la procédure purement écrite où le


juge se contente du dossier et des actes d’instructions. Il faut dire que cette règle est elle aussi
en pratique écartée par la rapidité avec laquelle certaines instances sont liquidées, en
particulier dans les affaires de flagrant délit où le juge n’a pas matériellement le temps
d’approfondir les débats, de sorte que le jugement se fait beaucoup plus sur pièces que sur la
base des déclarations orales.

En revanche, la règle de l’oralité est suivie avec plus de rigueur devant la juridiction
criminelle étant donné la garantie de la sanction encourue.

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La procédure de jugement est contradictoire, ce qui veut dire que les parties sont présentes ou
représentées et que la possibilité leur est donnée de discuter librement et sur un pied d’égalité,
de redonner la contradiction en échangeant leurs arguments et leurs moyens de défenses. En
définitive, tout jugement doit être en principe rendu à l’issue d’une procédure au cours de
laquelle l’instruction définitive se fait publiquement, oralement et contradictoirement.

En dehors de ces caractères généraux de la procédure à l’audience, la réglementation diffère


de matière plus ou moins notable d’une juridiction à l’autre.

Section 1 : la procédure de jugement auprès des juridictions


communales

Para 1 : la saisine

Les juridictions communales et d’arrondissement font l’objet d’un dahir et d’un décret
d’application de juillet 1974, mais ces textes ne sont pas très explicites en ce qui concerne les
modalités de saisine. Ainsi, aux termes de l’article 14 « l’autorité administrative locale est
chargée de la transmission immédiate aux juridictions communales et d’arrondissement des
procès verbaux établis par les officiers de la police judiciaire et les agents verbalisateurs ».

Cette disposition est complétée par l’article 32 du même dahir aux termes duquel le
contrevenant une fois qu’il comparait devant le juge, celui-ci doit l’interroger sur son identité
et s’assurer qu’elle est bien conforme à celle qui est indiquée dans le procès verbal.

Il ressort de ces dispositions combinées qu’apparemment le juge communal doit être saisi par
l’autorité locale, cette dernière étant chargée de lui transmettre les procès verbaux établis par
la police judiciaire.

En outre, la pratique a tendance à simplifier des procédures de saisine puisque bien souvent,
le contrevenant peut être conduit directement devant le juge par l’agent qui constate
l’infraction. On observe d’un autre coté que le législateur n’a pas prévu la saisine du tribunal
directement par la victime de l’infraction, c’est à dire que la victime au lieu de s’adresser au
juge devrait d’abord porter plainte à la police et c’est cette dernière qui prendrait les mesures
destinées à le saisir. La saisine du tribunal est garantie puisqu’elle ne donne pas lieu à la
perception de la taxe judiciaire ni des droits d’enregistrement. Article 16 du dahir de 1974.

Para 2 : l’audience

Le dahir de 74 confirme les règles générales posées par le CPP en ce qui concerne le respect
du caractère public, oral et contradictoire de l’audience. Il réserve cependant le cas où le
contrevenant ne comparait et où il est dérogé à la règle de la contradiction.

Dès lors que l’affaire est enrôlée, une convocation doit être envoyée au contrevenant par
laquelle il lui est demandé de comparaître devant le juge dans les 3 jours qui suivent la
réception de la convocation. Si le contrevenant s’abstient de comparaître dans le délai légal, le
juge s’assure qu’il a bien été touché par la convocation et dans l’affirmative, il prononce sans
attendre le jugement. Il n’y a donc pas lieu de renvoyer le jugement à une audience ultérieure
et ceci afin de respecter l’esprit du dahir de 74 en matière de rapidité de la justice.

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Si le contrevenant comparait, il est interrogé par le juge d’abord sur son identité, ensuite sur
les faits délictueux qui lui sont reprochés. Le juge doit également entendre des témoins ou
même faire procéder à des actes d’instruction s’il estime qu’il n’est pas suffisamment éclairé
pour prendre une décision.

Para 3 : la décision

Toujours dans l’esprit d’assurer la célérité de la procédure devant le juge communal, la


décision doit être rendue immédiatement sans qu’il soit nécessaire de la faire précéder d’un
délibéré comme c’est le cas pour les autres juridictions. Il n’est fait exception à cette règle que
dans les cas où le juge procède de lui-même ou fait procéder à des recherches supplémentaires
pour former sa conviction.

Par ailleurs, le jugement ne doit pas nécessairement être notifié aux parties lorsque ces
dernières sont présentes lors du prononcé de jugement. Ce n’est que lorsque l’une d’elles a
fait défaut que le jugement doit lui être notifié. Dans l’un et l’autre cas, l’exécution doit avoir
lieu dans les plus brefs délais. A cette fin, il est prévu qu’une copie du jugement doit être
remise à l’autorité locale pour que celle-ci poursuive le recouvrement de l’amende.

En tout cas, la rapidité de la procédure même si elle a été critiquée et même si elle si elle n’est
pas toujours justifiée, obéit à des considérations matérielles et pratiques. Il s’agit d’éviter la
bureaucratisation des jugements les plus simples et cela pour éviter le formalisme excessif et
les lenteurs inévitables qu’il entraîne.

Le faste aussi que la décision puisse être exécutée sans tarder s’explique par l’absence de voie
de recours contre les jugements des juridictions communales et d’arrondissement, si ce n’est
dans des cas exceptionnels. Par conséquent, il y a lieu de respecter les délais qui sont
normalement accordés pour exercer les voies de recours.

Section 2 : la procédure de jugement devant le TPI

Même si ces juridictions ont été réorganisées en 1974, la procédure applicable devant elles
demeure celle qui était prévue pour les anciens tribunaux régionaux par le CPP.

Para 1 : la saisine (article 419 du code)

Ce texte envisage 3 procédés de saisine qui sont :

1- la citation directe de l’auteur de l’infraction soit à l’initiative du parquet, soit à la diligence


des parties.

2- la décision de renvoi prononcée par une juridiction d’instruction s’il y a eu instruction


préparatoire ou par une juridiction de jugement.

3- la conduite immédiate du prévenu à l’audience dans le cas particulier des infractions


flagrantes, on sait que dans pareil cas, la personne apprêteuse doit être immédiatement
interrogée par le représentant du ministère public, et aussitôt après, traduite en jugement sauf
s’il n’y a pas d’audience le jour même auquel cas, l’inculpé est cité à comparaître autour
d’une audience qui doit se tenir dans 3 jours.

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Para 2 : l’audience (Article 420 du code)

Devant le tribunal de première instance, les parties sont tenues de comparaître


personnellement ou de se faire représenter par un conseil. L’absence de comparution ou de
représentation alors que l’intéressé a été régulièrement cité, est sanctionnée par le fait que le
prévenu est jugé par défaut. Néanmoins, cette règle est atténuée dans certaines circonstances,
par ex si l’intéressé souhaite être jugé en son absence et que le tribunal fait droit à sa
démarche.

Le jugement qui est rendu dans ce cas est réputé contradictoire, parallèlement de comparaître
sans faire valoir aucune excuse valable, alors il est jugé par décision réputée contradictoire
quant au déroulement proprement dit des débats, il ne fait pas l’objet d’un formalisme très
rigoureux même si en pratique, il est d’usage de respecter un certain ordre dans la conduite
des débats.

Ainsi, il est d’abord procédé à l’interrogatoire du prévenu par le juge, ensuite il est donné
lecture des procès verbaux puis vient l’audition des témoins éventuels, puis la parole est prise
successivement par les différentes parties au procès à savoir le parquet, la partie civile et le
prévenu.

Même si cet ordre n’est pas toujours suivi, il y a au moins une règle qui est impérative, celle
qui oblige à toujours donner la parole au prévenu en dernier lieu. Enfin, il est admis que le
déroulement des opérations d’instruction définitive est indicatif et n’est pas prescrit à peine de
nullité, ce qui laisse au juge une certaine marge de manœuvre pour conduire les débats dans le
sens qu’il juge opportun. Lorsque l’instruction est terminée, l’affaire est mise en délibéré
avant le prononcé de la décision.

Para 3 : la décision (Article 421 et 422 du CPP)

Cette décision est rendue soit immédiatement après la clôture des débats, soit repoussée à une
audience ultérieure :

Dans le 1er cas, le juge rend sa décision sur le siège après s’être donné quelques moments de
réflexion, une sorte de bref délibéré qui n’est en réalité qu’une méditation puisque le juge
siège seul et il n’a donc pas de collègues pour discuter de la décision à prendre.

Dans le 2ème cas, si le juge décide de remettre à une audience à posteriori la prise de décision,
c’est parce qu’il estime qu’un délibéré plus long est nécessaire et dans ce cas, il met l’affaire
en délibéré et fixe la date de l’audience à laquelle le tribunal devra se prononcer.

Quel que soit le choix du juge, il devra rendre une décision de condamnation ou
d’acquittement ou d’absolution de jugement de condamnation s’impose lorsque le prévenu est
reconnu coupable des faits qui lui sont imputés. Le jugement précise non seulement la preuve
principale mais aussi le cas échéant les peines accessoires et les mesures de sûreté si la loi le
permet. Enfin, le juge statue éventuellement sur les demandes en réparation ainsi que les
restitutions sûretés des objets saisis.

Dans le cas contraire, c’est à dire lorsque le juge estime que les faits poursuivis ne sont pas
imputables au prévenu ou qu’ils ne constituent pas une infraction à la loi pénale, il prononce
un jugement d’acquittement.

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Enfin, le tribunal est tenu de prendre une décision d’absolution lorsqu’il s’avère que le
prévenu bénéficie d’une excuse absolutoire (134 du CP) et en pareille hypothèse, le prévenu
est dispensé de peine principale mais il peut être condamné à des mesures de sûreté et il peut
le cas échéant engager sa responsabilité civile.

En toute hypothèse, le jugement doit être prononcé en audience publique.

Section 3 : la procédure de jugement devant la juridiction criminelle

Depuis 1974, la juridiction criminelle de droit commun est désormais la chambre criminelle
de la cour d’appel et auprès de cette cour, c’est la procédure prévue par le CPP pour les
anciens tribunaux criminels qui continue de recevoir application, la reforme de 74 n’ayant pas
apporté de modification particulière sur ce point.

La juridiction criminelle est saisie dans les formes qui s’apparentent largement à celles qui
sont utilisées pour la saisine des TPI, c’est une question qui ne soulève pas de commentaires
particuliers. En effet, la chambre criminelle peut être saisie soit par le parquet, soit par la
décision de renvoi.

Par ailleurs, ce qui singularise la procédure suivie devant la chambre criminelle, c’est
l’existence d’un coté d’une procédure normale qui s’applique dans le généralité des cas, c'est
à dire lorsque l’accusé est présent à l’audience, d’un autre coté d’une procédure
exceptionnelle dite « de contumace » à laquelle la chambre a recours lorsque l’accusé est en
état de fuite.

Para 1 : la procédure normale

A- l’audience

Les opérations devant être accomplies au cours de l’audience sont relativement longues et
formalistes. En effet, il y a d’abord des formalités préalables à l’audience, ensuite des
formalités qui doivent être prises pour l’ouverture de l’audience et enfin un formalisme à
respecter pour la conduite et la clôture des débats.

1- les formalités préalables à l’audience (Article


449 et 460).

Lorsque la juridiction d’instruction renvoie l’accusé devant la chambre criminelle de


jugement ou bien lorsque l’accusé est directement cité auprès de la chambre, l’ensemble du
dossier ainsi que les pièces à conviction éventuelles doivent être transmis à la juridiction
criminelle.

Le procureur général rédige un acte d’accusation qui doit comporter une série d’indications en
particulier l’exposé des faits poursuivis, les circonstances concrètes de la cause, la
qualification juridique retenue et les articles de loi qui leur sont applicables. Cet acte
d’accusation doit être notifié à l’accusé pour que celui-ci puisse prendre connaissance des
charges retenues à son encontre et préparer sa défense en conséquence. L’accusé dispose d’un
délai de 10 jours à dater de la notification pour se pourvoir en cassation contre l’acte
d’accusation.

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A l’expiration de ce délai, l’accusé doit être interrogé par le président de la juridiction
criminelle et doit être informé de son droit de choisir un conseil étant donné que l’existence
d’un avocat est obligatoire devant la chambre criminelle. Le président doit d’ailleurs nommer
d’office un avocat si l’accusé n’a pas les moyens de payer ses représentants.

Ces formalités sont considérées comme étant d’ordre public et sont prescrites à peine de
nullité de la procédure. C’est la raison pour laquelle elle doit être constatée par un procès
verbal qui est soigné par le président, le greffier et l’accusé avant que l’audience ne
commence, le président doit vérifier la mise en état de l’affaire pour se rendre compte si elle
est en état d’être jugée. Il peut par exemple à l’occasion de cette vérification, prescrire un
complément d’information tel l’audition de témoins.

Enfin, dans les 24 heures au moins qui précèdent l’ouverture le l’audience, l’accusé doit être
informé de la liste complète des témoins qui seront appelés à déposer.

2- les formalités concernant l’ouverture de


l’audience

Dès le début de l’audience, le président qui est chargé de police s’assure que l’ensemble des
formalités prescrites par la loi sont bien respectées, en particulier que la séance est publique.
Les membres de la cour prennent place en présence des représentants du parquet et du greffier
et le président déclare séance ouverte. L’accusé est introduit dans la salle, les mains libres
mais escorté de gardes. Le président s’assure de la présence de l’avocat de l’accusé et procède
à l’interrogatoire d’identité.

Le président demande au greffier de donner lecture de l’arrêt de renvoi s’il y a lieu, ainsi que
l’acte d’accusation. Le président appelle à la barre les témoins et fait préciser par le greffier
ceux qui seront entendus à la requête du parquet et ceux qui le seront à la demande de
l’accusé ou de la partie civile. Les témoins se retirent dans une salle qui leur est réservée et ne
la quittent qu’à leur appel à la barre.

3- les formalités de la conduite des débats

Les débats commencent par l’interrogatoire de l’accusé par le président qui procède selon
l’ordre qu’il estime opportun, donc avec une relative liberté, mais avec cette réserve qu’il ne
doit nullement révéler sa propre opinion ou faire preuve de partialité.

Lorsque l’interrogatoire est terminé, les autres parties au procès peuvent poser des questions à
l’accusé pour approfondir ou éclaircir certaines questions soulevées par l’interrogatoire du
président

A un 2ème stade, il est procédé à l’audition des témoins qui prêtent serment avant de déposer,
ils sont entendus parements dans l’ordre qui a été établi par la partie qui les acuités. En
principe, les témoins de l’accusation sont entendus les premiers, les témoins déposent
oralement et lorsqu’ils achèvent leur déposition, les parties peuvent leur poser des questions
par l’intermédiaire du président, puis les témoins restent dans la salle d’audience jusqu’à la
clôture des débats.

99
En 3ème lieu, il est procédé à l’audition des experts (comme pour les témoins). Enfin, vient
l’étape ultime des plaidoiries celle d’abord de la partie civile, celle ensuite du parquet qui
prononce son requis, celle enfin, de l’avocat de la défense lequel prend la parole en dernier, ce
qui n’empêche pas que les autres parties puissent répliquer à cette plaidoirie mais il garde la
possibilité de leur répondre à son tour.

4- les formalités de la clôture des audiences

A l’issue des plaidoiries, le président prononce la clôture des débats et donne ses instructions
pour que l’accusé se retire de la salle d’audience, puis la séance est suspendue. La cour se
retire dans la salle des délibérations pour se prononcer sur le sort de l’accusé, se retire de la
salle d’audience. Puis la séance est suspendue la cour se retire dans la salle des délibérations
pour se prononcer sur le sort de l’accusé.

B- la décision

Dès que les juges s’introduisent dans la salle de délibération, ils ne peuvent pas la quitter sans
avoir délibéré, ce qui veut dire que les délibérations ne peuvent pas être remises à une date
ultérieure et ceci pour éviter que les juges ne soient influencés par l’opinion publique. Il est
même précisé par le code que par mesure de précaution, personne n’est autorisé à pénétrer
dans la salle sans l’accord du président.

Les délibérations elles-mêmes portent sur 2 questions : la culpabilité et la sanction


applicable :

Les juges se prononcent d’abord sur le point de savoir si l’accusé est coupable, si oui, ils
délibèrent sur la peine à lui appliquer, la fabrication de la peine se fait en fonction des
prescriptions légales, mais aussi en tenant compte des circonstances de la cause, atténuations,
aggravations, mesures de sûreté, peines accessoires.

Enfin, les juges décident du caractère ferme de la peine ou du sursis qui pourrait être
consenti : les juges prennent la décision, la voix du président est prépondérante lorsqu’il s’agit
des décisions prises à l’égalité de voix.

Au terme de la délibération, la cour peut être amenée à prendre une décision dès lors que les
juges regagnent leur place dans la salle. L’accusé est à nouveau introduit et le président
prononce la sanction et ce en audience publique. Si l’accusé est condamné, le président
l’avertit de son droit de se pourvoir en cassation.

100
Para 2 : la procédure par contumace (Article 499) 510)

Pour que l’accusé soit jugé conformément à la procédure par contumace, il faut au préalable
que certaines formalités soient remplies et c’est alors seulement que l’audience peut se
dérouler.

A- formalités préalables à l’audience

Il est essentiel pour la juridiction de s’assurer que l’accusé se trouve en état de contumace, car
cette procédure comporte des conséquences graves pour la personne jugée. Selon l’article
499, il y a consume dans 2 situations :

- lorsque l’accusé ne se présente pas auprès de la juridiction criminelle dans les 10 jours qui
suivent l’arrêt de renvoi, ou bien s’il n’a pas pu être saisi.

- lorsque l’accusé après avoir été saisi, il prend la fuite.

Dans l’un et l’autre cas, l’accusé se soustrait à la justice et dans cette situation, il est considéré
comme rebelle et le président du tribunal rend une ordonnance de contumace par laquelle il
demande à l’accusé de se présenter dans un nouveau délai de 10 jours. Ainsi, on lui donne une
2nde chance de se présenter.

Cette ordonnance doit être affectée au dernier domicile de l’accusé pour qu’il puisse en
prendre connaissance. Si son dernier domicile est inconnu, l’ordonnance est affichée sur la
porte de la juridiction de la cour. L’ordonnance peut être diffusée à la radio, si l’accusé ne se
présente pas dans le 2ème délai, il est suspendu dans l’exercice de ses droits civils. Les biens
sont séquestrés et toute action en justice lui est interdite.

B- le déroulement de l’audience

L’accusé qui ne comparait pas et qui n’invoque aucune excuse valable pour justifier son
absence dans 10 jours qui suivent l’affichage l’accusé est jugé selon une procédure
extrêmement sommaire et très peu respectueuse des droits de la défense. En effet, dans un
premier temps, le greffier donne lecture de la décision de renvoi et l’acte d’accusation, ainsi
que l’ordonnance de contumace, et le ou les procès verbaux constatant l’affichage de cette
ordonnance.

En 2ème lieu, la partie civile éventuellement fait délibération, puis le ministère public prononce
ses réquisitions, quant au contumax, il ne bénéficie d’aucune défense, l’avocat lui est interdit,
de même qu’il n’a pas d’audition de témoin, aussitôt après, la cour statue sur l’affaire en se
prononçant sur l’accusation et sur les regrattières civiles. Lorsque le contumax est condamné
la décision confirme le maintien sous séquestre de ses biens.

Néanmoins, secours peuvent être accordés aux parents de l’accusé qui seraient dans le besoin,
la décision de condamnation est publiée en extrait au BO et elle est affichée dans les mêmes
conditions que l’ordonnance de contumace. A compter de cette publication, le condamné est
déchu de tous ses droits. De plus, la décision rendue par contumace est insusceptible de
recours sauf le pourvoi en cassation formé par la représentation du parquet ou la partie civile
pour ce qui est de ses intérêts propres.

101
Néanmoins, il reste pour le contumax une possibilité d’échapper à une sanction aussi grave au
moyen de la purge de la contumace. Pendant la durée de l’exécution de la peine, si le
contumace se présente spontanément pour se constituer prisonnier ou bien s’il arrêté, la
décision rendue par contumace est anéantie. Il en va de même pour toute la procédure
antérieure à la décision, donc on considère que l’ordonnance de contumace, sa publication
sont anéanties. Ainsi, la contumace est purgée et l’accusé est à nouveau jugé dans les formes
ordinaires.

A l’issue du second jugement si l’accusé est acquitté ou absolu, la juridiction criminelle a la


possibilité d’ordonner la publication pour l’affichage de la décision, la juridiction peut en
outre condamner l’accusé aux frais de la contumace.

102
Titre 3 : l’après jugement

Le jugement n’est pas l’étape finale du procès, en ce sens qu’un grand nombre de décisions ne
sont pas rendues en premier et dernier ressort et peuvent comporter des prolongements sous la
forme de voies de recours. Le procès n’est clos que lorsque la décision devient définitive et
exécution. Et pour cela il faut qu’elle acquiert l’autorité de la chose jugée après que les
recours ouverts aient été formés ou que les délais impartis pour les exercer se soient écoulés.

Chapitre 1 : les voies de recours

De manière générale, une voie de recours est un moyen dont disposent les parties au procès
pour contester une décision les concernant en vue de provoquer sa modification ou son
annulation. Ces voies de recours sont non seulement l’expression d’une forme de démocratie
sur le plan judiciaire, mais aussi un moyen de rendre une justice de meilleure qualité. En ce
sens qu’un contrôle technique s’exerce sur les juges par l’intermédiaire de la juridiction
supérieure.

La voie de recours est donc l’occasion d’un réexamen de l’affaire au cours duquel des erreurs
peuvent être décelées et des injustices corrigées, c’est pourquoi le législateur leur attache une
grande importance et il considère qu’elles sont d’ordre public. Par conséquent, les parties au
procès ne peuvent pas renoncer par convention à cette garantie que leur offre la loi, toutefois
la voie de recours n’est pas une obligation et les 2 parties peuvent (s’abstenir ?) de faire valoir
leurs droits aux recours.

Il existe différentes voies de recours :

On distingue les voies de réformation, c’est à dire celles qui ont pour objet de reformer une
décision par l’intermédiaire de la juridiction supérieure ex l’appel.

Il y a aussi les voies de rétraction c’est à dire celles par lesquelles on demande à la juridiction
de revenir sur sa décision, de se rétracter et dans ce cas c’est la même juridiction qui est saisie
ex l’opposition.

Une autre distinction consiste à séparer les voies de recours ordinaires et les voies de recours
extraordinaires : les premières étant offertes aux plaideurs dans la généralité des cas, les
secondes n’étant ouvertes que dans les cas limitativement énumérés par la loi et le plus
souvent après apaisement des voies de recours ordinaires.

103
Section 1 : les voies de recours ordinaires

Para 1 : l’opposition

C’est une voie de recours de réaction qui est formée à l’encontre d’une décision rendue par
défaut. Pratiquement, il s’agit donc d’un recours contre les jugements rendus en matière
délictuelle donc essentiellement les jugements émanant du tribunal de 1ère instance et du
tribunal militaire statuant en matière délictuelle.

En revanche, l’opposition n’est pas recevable contre les arrêts de la chambre criminelle car
l’accusé qui serait absent serait jugé par contumace et la purge de la contumace n’est pas du
tout assimilable à l’opposition.

A- les conditions de l’opposition

Ces conditions concernent tout d’abord les décisions susceptibles de faire l’objet
d’opposition, ensuite les personnes qui sont habilitées à former l’opposition, enfin, la forme et
les délais de l’opposition.

1- quelles sont les décisions opposables ?

Le CPP ne prévoit pas, sauf exception, la possibilité de former opposition contre le jugement
rendu en matière contraventionnelle. Donc l’opposition n’est ouverte que contre les jugements
délictuels du tribunal militaire, ainsi que les arrêts de défaut. (Chambre correctionnelle de la
cour d’appel).

Parallèlement, les arrêts de la chambre criminelle qu’ils soient rendus par contumace ou selon
la procédure ordinaire, ne peuvent jamais faire l’objet d’une opposition reste à préciser la
notion de défaut puisqu’elle est la condition.

L’article 71 considère que la décision a été prise par défaut lorsqu’elle a été rendue en
l’absence du prévenu et alors que ce dernier a été régulièrement convoqué et a néanmoins
omis de comparaître. Cette acception étroite du défaut a été progressivement élargie à des
situations similaires, si bien que certaines décisions sont réputées contradictoires alors qu'une
fait elles ont toute l’apparence du défaut, c’est le cas par ex lorsque le prévenu demande que
les débats se déroulent en son absence et que le tribunal fait droit à cette requête, c’est aussi le
cas lorsque le prévenu est physiquement présent à l’audience mais garde le silence.

Autre ex c’est celui d’un prévenu qui est régulièrement cité à personne et qui refuse de
comparaître sans fournir d’excuse valable (cours suprême 14 nov. 1963), la cour a estimé que
le prévenu régulièrement cité à personne qui ne comparait pas, ne peut être jugé par décision
réputée contradictoire que si les juges du fond constatent qu’il n’a fait valoir aucun motif
légitime et que l’excuse ne lui a pas été accordée.

La décision qui se borne à mentionner la non comparution du prévenu et le fait qu’il a été
régulièrement cité à personne, est rendue par défaut à son encontre.

104
2- les personnes habilitées à faire opposition

Toute partie au procès pénal peut faire défaut à l’exception du ministère public par
conséquent, l’opposition est ouverte à toutes les parties, qu’il s’agisse du prévenu, de la partie
civile ou du civilement responsable sauf si le parquet. Quant à la forme qui doit être suivie
pour former l’opposition, elle est décrite à l’article 272 du code.

Le jugement du défaut est notifié à la partie défaillante, et dans l’acte de notification lui-
même, le délai d’opposition doit être mentionné le prévenu peut former opposition au moment
de la notification du jugement en faisant une déclaration au bas de l’acte de notification, il
peut aussi faire une déclaration d’opposition au greffe du tribunal qui a rendu le jugement par
défaut.

Enfin s’agissant des délais d’opposition, c’est généralement un délai uniforme de 8 jours qui
commence à courir à compter de la notification, sauf le cas où l’opposition est faite sur l’acte
de notification, il y a aussi un délai court de 5 jours pour former opposition contre les
jugements du tribunal militaire.

Pour les cas où le prévenu n’a pas pu être touché par l’acte de notification, il garde la
possibilité de former opposition tant que la prescription de la peine à laquelle il a été
condamné n’a pas été acquise.

B- les effets de l'opposition

L’opposition a d’abord pour effet d’entraîner la suspension de l’exécution de la décision qui a


fait l’objet de recours, ensuite elle comporte un effet extinctif et enfin, un effet dévolutif.

- s’agissant de l’effet suspensif, il se traduit par le fait que l’exécution du jugement rendu par
défaut est retardée en raison de l’opposition qui est faite contre lui. Une telle suspension est
genre et peut concerner même un jugement qui aurait par ex ordonné la mise en liberté
provisoire du prévenu. Dans ce cas, il n’est pas passé outre la suspension que si le tribunal le
décide expressément.

L’effet extinctif quant à lui traduit l’originalité de cette voie de recours, puisque l’opposition
consiste à anéantir le jugement rendu par défaut, l’article 374 prévoit l’effet extinctif de
l’opposition formée par la partie civile ou par le civilement responsable. Elle se limite aux
inserts en jeu et par conséquent laisse de coté les dispositions pénales du jugement qui elles,
ne sont pas anéanties par l’opposition.

Enfin, l’opposition comporte un effet dévolutif article 374 aux termes duquel « le jugement
rendu par défaut qui fait l’objet d’une opposition donne lieu à un réexamen de l’affaire par la
même juridiction qui a été saisie initialement ».

A la suite de ce réexamen de l’affaire, la décision qui est rendue peut être différente de la
première, dans le sens de la rigueur ou de l’indulgence, dans la mesure où le principe de
l’interdiction de l’aggravation de la peine n’est pas applicable en matière d’opposition, si
l’opposition ne comparait pas à l’occasion du second jugement, son opposition est jugée
irrecevable, l’article 374 interdit de réitérer le défaut ou ce qu’on appelle « itératif défaut »
conformément à l’adage « opposition sur opposition ne vaut ».

105
En pareil cas, la juridiction saisie rejette l’opposition par un jugement de « bouter
l’opposition » et ce jugement redonne effet au premier jugement qui avait été rendu par défaut
et qui avait été provisoirement anéanti.

Para 2 : l’appel

C’est une voie de recours ordinaire de réformation qui a pour objet de réexaminer une
décision rendue en 1er ressort en la portant devant une juridiction supérieure.

A- les conditions de l’appel

Ces conditions différent selon qu’il s’agit d’un appel formé contre les décisions différentes
selon qu’il s’agit d’un appel formé contre les décisions rendues par les juridictions
d’instruction et celles qui le sont pas les juridictions de jugement.

Le contrôle de l’instruction préparatoire ayant déjà été étudié, il ne s’agit ici que des décisions
de juridictions de jugement du TPI rendues en matière contraventionnelle ou délictuelle. En
revanche, les décisions rendues par les juridictions communales et d’arrondissement ne
peuvent faire l’objet d’appel, de la même manière, les arrêts rendus par les juridictions
criminelles qu’il s’agisse des chambres criminelles, des cours d’appel ou de la cour spéciale
de justice ou le tribunal militaire sont également inattaquables par voie d’appel et ne peuvent
faire l’objet que d’un pourvoi en cassation.

Par ailleurs, l’article 386 du code précise : l’appel des jugements préparatoires ou
interlocutoires ou statuant sur des incidents, doit être fait en même temps que l’appel sur le
fond (pour éviter les lenteurs de la procédure).

Pour ce qui est des personnes habilitées à former l’appel, on distingue selon qu’il s’agit de
délit ou de contravention :

En matière contraventionnelle (Article 383), l’appel peut être interjeté par le prévenu, par le
civilement responsable et par le ministère public.

En matière délictuelle, l’article 405 mentionne outre le prévenu, le civilement responsable et


le ministère public, la partie civile, l’administration des eaux et forêts lorsqu’elle a exercé
l’action publique.

D’un point de vue procédural, l’article 385 prévoit que l’appel est formé par une déclaration
au greffe du tribunal ayant rendu la décision attaquée ou bien au greffe de la juridiction
d’appel.

Au cas où l’appelant se trouve en détention préventive, l’article 406 donne la possibilité


d’interjeter appel au greffe de l’établissement pénitentiaire où il est détenu.

S’agissant des délais, la partie appelante dispose normalement d’un délai uniforme de 10 jours
pour faire appel, et cela quelle que soit la matière dans laquelle le jugement a été rendu.
De plus, l’article 385 précise que dans le cas où une partie a interjeté appel autour du délai de
10 jours, les autres parties au procès qui voudraient également faire appel disposent d’un délai
supplémentaire de 5 jours.

106
B- les effets de l’appel

Cette voie de recours comporte un double effet : suspensif et dévolutif.

La suspension de l’exécution de la décision attaquée est prescrite par l’article 384 aussi bien
au cours du délai d’appel, que par la suite parce que l’appel a été effectivement formé.
Néanmoins, cet effet suspensif comporte des dérogations, par ex : le ministère public peut
demander au juge de décider que le sentence soit exécutée nonobstant appel, l’article 407
précise également que le détenu qui fait l’objet d’un acquittement ou d’une absolution voire
être mis en liberté même si un appel a été formé contre la décision. Il en va de même si le
détenu a déjà purgé l’intégralité de sa peine.

L’effet dévolutif c’est l’effet le plus important de l’appel puisque cette voie de recours a été
conçue pour permettre un 2ème examen de l’affaire. Effectivement, le jugement attaqué est
transmis à la juridiction d’appel qui en pratique, depuis 1974, est la chambre correctionnelle
de la cour d’appel.

Contrairement à ce qui se passe en matière d’opposition, la juridiction d’appel n’est saisie que
dans les limites fixées par l’acte d’appel et elle n’est pas habilitée à anéantir l’intégralité de la
décision attaquée. Par conséquent, le juge d’appel ne peut statuer que dans les limites qui lui
sont assignées, ces limites sont rappelées par l’article 408 du code et concernent différentes
limites.

- limites relatives à l’objet de l’appel, par ex lorsque l’appelant ne vise dans son acte d’appel
qu’un seul chef de condamnation, la juridiction d’appel ne peut pas se prononcer sur les autres
chefs de condamnation.

- 2ème limite : les juges ne peuvent pas tenir compte des demandes formulées pour la 1ère fois
en appel. En outre, l’étendue de l’appel diffère selon la qualité de l’appelant. Ainsi, le
ministère public lorsqu’il saisit la cour d’appel pour reformer le jugement attaqué cette
dernière peut reconstituer la décision soit à l’avantage, soit au détriment du prévenu. En
revanche, lorsque l’appel émane du prévenu, la juridiction d’appel ne peut pas aggraver la
condamnation.

- enfin, si l’appel est formé par la partie civile ou le civilement responsable, la cour d’appel ne
peut se prononcer que sur les inserts civils de l’appelant et sans que cette décision puisse
influer sur l’action publique. De toute façon en pratique, il est fréquent que plusieurs parties
au procès forment appel, ce qui ouvre toutes les possibilités à la cour d’appel. Également à ces
limites assignées par le code, le législateur a permis une extension des pouvoirs de la
juridiction d’appel. Article 415 code.

En effet, lorsque la cour d'appel constate que le jugement qui lui est différé a violé ou omis les
dispositions légales prescrites à peine de nullité, elle annule la décision variée et elle statue
elle-même au lieu de renvoyer l’affaire pour être à nouveau jugée cette possibilité est conférée
à la cour en vertu du droit d’évocation.

107
Il existe un autre cas pour lequel la juridiction d’appel fait usage du droit d’évocation, c’est
lorsque la juridiction inférieure s’étant déclarée à tort incompétente et que la cour confirme
cette décision (Article 415). A l’issue de l’examen de l’affaire, la cour d'appel peut soit
infirmer, soit confirmer la décision attaquée, si la décision est conformée, l’appelant ne peut
plus se pourvoir en cassation, si par contre la cour d'appel constate que le premier jugement a
fait une mauvaise application de la loi, elle informe donc la décision attaquée. Elle peut aussi
confirmer en partie et infirmer en partie la décision qui lui est différée.

Section 2 : les voies de recours extraordinaires

Les voies de recours ne sont recevables que dans des cas limitativement énumérés par la loi
contrairement aux voies de recours ordinaires qui sont offertes aux plaideurs dans la
généralités des cas ; Les 2 voies de recours extraordinaires sont :

- le pourvoi en cassation
- le pourvoi en révision

De plus, depuis la reforme de 74, il existe un secours spécial contre les décisions des
juridictions communales et d’arrondissement qui s’apparente à une voie de recours
extraordinaire.

Para 1 : le pourvoi en cassation

Cette voie de recours extraordinaire qui s’exerce devant la chambre pénale de la cour suprême
dans un nombre limité de cas qui se ramènent à une violation de la loi pénale, le but certain de
cette voie de recours est de permettre une interprétation rigoureuse et judicieuse de la loi
pénale, ainsi qu’une information de la jurisprudence dans la mesure où les juridictions
inférieures sont tenues de se conformer aux arrêts rendus par la cour suprême.

Le pourvoi en cassation comporte une double dimension : individuelle et sociale, et c’est


pourquoi le législateur a prévu 2 catégories de pourvois : d’un coté le pourvoi dans l’intérêt
des parties qui est le pourvoi ordinaire droit commun et d’un autre coté, le pourvoi dans
l’intérêt de la loi qui ne s’exerce que dans des cas particuliers.

A- le pourvoi en cassation ordinaire

L’article 570 le définit ainsi : « c’est à lui qui tente à obtenir l’annulation effective d’une
décision de justice ». Cette définition est quelque peu laconique, car elle ne met pas en valeur
le fait que le pourvoi est conçu dans l’insert des particuliers.

1- les conditions de ce pourvoi

L’article 586 du code énumère les cas de pourvois c’est à dire causes sur lesquelles un
pouvoir peut être fondé, ils sont au nombres de 5 :

1- la violation des formes substantielles de la procédure


2- l’incompétence
3- l’excès de pouvoir
4- la violation de la loi du fond
5- le manque de base légale ou le défaut de motif

108
Dans l’ensemble, ces différents cas de cassation se ramènent soit à la méconnaissance d’une
loi de fond, soit à la violation d’une loi de forme. S’agissant des décisions susceptibles de
pourvoi et en dehors des décisions rendues dans le cadre de l’instruction préparatoire : ce sont
d’une part les jugements et arrêts rendus en dernier ressort, soit sur appel, soit parce qu’ils
sont insusceptibles d’appel.

D’autres part, les jugements avant dire droit peuvent aussi être frappés de pourvoi en
cassation, mais seulement au moyen du pourvoi formé contre la décision au fond. Concernant
les personnes habilitées à ce pouvoir : ce sont toutes les parties au procès auxquelles la
décisions fait grief à condition qu’elles aient un insert à la cassation.

Ainsi, le parquet ne peut se pourvoir qu’à l’encontre des décisions statuant sur l’action
publique et non pas celles qui concernent l’action civile. Pareillement, le parquet ne peut se
pourvoir contre les décisions d’acquittement au d’absolution en matière criminelle et ne peut
s’attaquer qu’à la décision statuant sur l’action civile. Quant au prévenu, il ne peut se pouvoir
que contre les décisions de condamnation qu’elles soient civiles ou pénales.

Pour ce qui est du délai imparti pour se pourvoir, il est normalement de 8 jours à dater du
prononcé de la décision attaquée mais en cas exceptionnels le point de départ du délai ne
commence à courir qu’à dater de la notification de décision dans 3 cas :

1- lorsque la partie n’a pas été présentée ni représentée à l’audience alors que les débats ont
été contradictoires
2- lorsque le prévenu a été jugé en son absence et à sa demande
3- lorsque le prévenu a été jugé par itératif défaut.

Pour ce qui est de la forme, le pourvoi en cassation est fait par une déclaration au greffe de la
juridiction ayant rendu la décision attaquée par le procureur ou par son mandaté. La
déclaration peut être aussi faite au greffe de l’établissement pentecôte si le demandeur est
détenu. La demande est accompagnée de la consignation d’une somme d’argent au greffe de
la juridiction saisie.

2- les effets du pourvoi en cassation ordinaire

Le pourvoi produit comme l’appel un effet dévolutif et un effet suppressif. Dès lors que le
pourvoi est formé et au moment où la cour rend son arrêt, il est sursis à l’exécution de la
décision attaquée.

Cet effet suspensif comporte néanmoins des dérogations tel que celles qui ont été examinées à
propos de l’appel. De plus selon l’article 584, l’effet suspensif ne joue pas pour ce qui est de
la partie de la décision concernant la réparation civile.

Pour ce qui est de l’effet dévolutif, il est plus limité en matière de pourvoi en cassation dans la
mesure où la cour suprême contrairement à la cour d’appel, ne procède pas à un réexamen, ne
juge pas le fait mais seulement le droit. Elle ne se penche pas sur l’ensemble du procès, mais
plus particulièrement sur la décision.

109
En plus de cette limite à l’effet dévolutif, il est possible que le pourvoi en cassation ne soit
que partiel et que donc seuls certains chefs de la décision soient visés. En pareil cas, la cour
suprême ne statue que sur les moyens soulevés par le demandeur. Et même dans les cas où le
pourvoi est général, l’effet dévolutif sublime limitation qui tient à la qualité du demandeur.
On sait par ex que le ministère public ne peut se pourvoi que contre les décisions statuant sur
l’action publique.

3- la procédure du pourvoi

Le demandeur au pourvoi doit déposer un mémoire dans lequel il expose ses moyens de
cassation, soit au moment même où il forme le pourvoi, soit dans les 20 jours qui suivent, ce
mémoire est déposé au greffe de la juridiction ayant rendu la décision attaquée et qui doit être
signé par un avocat agréé auprès de la cour suprême. Toutefois, le noir est facultatif en
matière criminelle et il peut être signé par tout avocat même non agréé près la cour suprême.

Dans tous les cas, le ministère public et l’Etat peuvent déposer le mémoire, le dossier de la
procédure est adressé à la cour suprême. Lorsque l’affaire est envoyée, le président de la cour
suprême transmet le dossier au président de la chambre pénale, ce dernier désigne un
conseiller rapporteur chargé de diriger la procédure. Le conseiller notifie aux parties une
copie du mémoire ou de la déclaration de pourvoi. A leur tour, les parties peuvent fournir un
mémoire en défense dans les mois qui suivent. Lorsque ces premières opérations sont
effectuées, le conseiller établit son rapport et saisit le ministère public par une ordonnance de
soit communiquer le parquet soit retourner le dossier de la procédure au conseiller dans les 30
jours qui suivent en y joignant ses conclusions, c’est alors que l’affaire est inscrite au rôle et
que la date de l’audience est fixée.

La date doit être notifiée aux parties concernées 5 jours au moins avant le jour de l’audience.
Autour de l’audience qui est normalement publique, la procédure se déroule selon le schéma
suivant :

D’abord, le conseiller donne lecture de son rapport, ensuite les avocats des parties peuvent
présenter leurs observations éventuelles. Le MP développe lui aussi ses conclusions, enfin
l’affaire est mise en délibéré. Lors des délibérations, c’est le président de la cour qui est
chargé de recueillir les opinions des conseillers, ces derniers interviennent dans l’ordre de leur
nomination, donc c’est le conseiller le plus ancien qui formule d’abord son avis. Mais le
conseiller rapporteur opine toujours le premier et le président peut terminer. La cour rend son
arrêt en audience publique et doit toujours le motiver selon une formalité assez stricte (Article
599).

La décision de la cour peut être selon les cas une décision de cassation ou une décision de
rejet. L’article de cassation entraîne l’annulation de la décision attaquée dans la généralité des
cas sauf si la cour ne casse la décision que partiellement. Elle y recourt au moyen « de la
cassation par retranchement ». En pareille hypothèse, seule une disposition accessoire de la
décision est cassée, le reste étant confirmé.

Après cassation, la cour peut soit renvoyer l’affaire pour un nouveau jugement, soit ne pas la
renvoyer. Le renvoi se fait en principe devant une juridiction de même nature et de même
degré que celle qui a rendu la décision cassée. Il peut même se faire devant la même
juridiction autrement composée.

110
De plus, lorsque la cassation a été motivée par l’incompétence de la juridiction censurée, alors
le renvoi doit se faire devant la juridiction compétente, quelle que soit la juridiction de renvoi,
elle doit nécessairement trancher dans le sens indiqué par la cour suprême. Par ailleurs, la
cour ne renvoie plus les parties devant la juridiction inférieure lorsqu’il ne reste plus rien à
juger au fond par ex si la cour suprême constate que l’action publique est éteinte, elle se
contente de casser sans renvoi.

En revanche, lorsque la cour suprême estime que le pourvoi est non fondé, elle le rejette,
l’arrêt de rejet peut être motivé par différentes considérations par ex que l’erreur invoquée à
l’appui du pourvoi bien qu’ayant été commise, ne pose pas effectivement préjudice au
demandeur. Après rejet du pourvoi, la décision attaquée devient définitive à l’encontre du
demandeur. De plus, si la décision de la cour suprême estime que le pourvoi a été abusif, le
demandeur peut être condamné à des amendes civiles au profit du trésorier.

B- les pourvois en cassation particuliers

Alors que le pourvoi ordinaire s’exerce principalement pour faire valoir l’intérêt privé des
parties, les pourvois particuliers visent plutôt le respect de l’intérêt général, et c’est pourquoi
le code les qualifie de « pourvois dans l’intérêt de la loi ». Ce sont d’une part le pourvoi
exercé d’office par le procureur général de la cour suprême et d’autre part le pourvoi exercé
sur ordre du ministre de la justice. En réalité, seul le premier de ces pourvois est dans l’intérêt
de la loi, alors que le second ne l’est pas forcement.

1- pourvoi en cassation dans l’intérêt de la loi (Ar. 608)

Seul le procureur général de la cour suprême est habilité à former ce pourvoi qui est ouvert
contre les décisions ayant acquis l’autorité de la chose jugée, mais qui sont entachées d’un
vice de fond ou de forme. Ce pourvoi, étant donné son caractère exceptionnel, ne peut ni
profiter, ni porter préjudice aux parties au procès. En effet, quelle que soit la décision rendue
par la cour, qu’elle casse ou qu’elle rejette, la décision attaquée continue à produire ses effets.
La cassation n’intervient par conséquent que dans le seul intérêt de la loi à des fins purement
théoriques de respect de la légalité. La décision aura valeur de principe et pourra inspirer la
jurisprudence ultérieure. Quant aux parties, elles ne peuvent s’en prévaloir pour s’opposer à la
décision cassée. D’ailleurs, la cassation se fait sans renvoi.

2- pourvoi en cassation sur ordre du ministre de la justice


(Article 609)

Ce type de pourvois n’est pas uniquement un pourvoi dans l’intérêt de la loi en ce sens qu’il
peut profiter aux condamnés, mais il se singularise de la cour suprême sur ordre du ministère
de la justice. Une autre particularité de ce pourvoi réside dans le fait qu’il ne concerne pas
uniquement les décisions judiciaires mais aussi les arrêtés au règlement intervenus en
violation de la loi et des formes substantielles de procédure.

L’objet du pouvoir est donc plus large puisqu’il est ouvert contre tout acte judiciaire même de
nature non juridictionnelle : ex ordonnance du juge d’instruction lors d’une perquisition.
Lorsqu’elle est saisie d’un tel pourvoi, la cour suprême annule l’acte ou la décision attaquée si
elle estime qu’il y a violation de la loi. Cette annulation peut profiter au condamné si elle est
dans son intérêt, mais elle ne lui est pas opposable si elle nuit à ses intérêts.

111
Para 2 : le pourvoi en révision (Articles 612 à 621)

Cette voie de recours extraordinaire qui est ouverte contre les décisions de condamnation
ayant acquis l’autorité de la chose jugée mais qui sont entachées d’une erreur de fait, c’est la
chambre criminelle de la cour suprême qui est saisie et qui pour la circonstance joue le rôle de
juridiction de fait alors qu’en fait elle ne juge qu’en droit.

A- les conditions du pourvoi en révision

Pour que la demande en révision soit recevable, il faut que les conditions très précises soient
réunies en ce qui concerne les décisions susceptibles d’être révisées ainsi que le cas
d’ouverture en révision et les personnes habilitées à se pourvoir.

- pour ce qui est des décisions révisables il doit s’agir :

1- d’une décision de condamnation, de sorte que la révision n’est pas recevable contre les
décisions d’acquittement ou de relaxe même si elles ont été prononcées à tort. Par contre, la
révision demeure possible en cas d’absolution car cette dernière n’exclut pas la culpabilité de
l’absolu.

2- d’une décision prononçant une condamnation pour crime ou délit, ce qui exclut la révision
en matière contraventionnelle. De plus, la révision reste possible même si la condamnation a
cessé d’être exécutée à la suite d’une grâce ou d’une amnistie.

3- d’une décision comportant une erreur contre laquelle aucune voie de recours ne reste
ouverte à l’exception de la révision.

- pour ce qui est des cas où il y a renvoi à révision : ils sont au nombre de 4 :

1- en cas de condamnation pour homicide lorsqu’il s’avère que la prétendue victime est
toujours en vie.

2- en cas de contrariété de jugement, ce qui suppose 2 ou plusieurs décisions inconciliables


parce qu'elles condamneraient au même titre et pour le me méfait 2 ou plusieurs individus. Il
en résulte forcément que l’un au moins de ces individus est innocent.

3- en cas de condamnation sur la base d’un témoignage qui s’est révélé avoir été faux, et le
témoin est condamné pour faux témoignage en l’espèce.

4- en cas de découverte de faits nouveaux qui innocentent le condamné, c’est le cas le plus
fréquent d’ouverture à révision car il est possible par la notion vague générale de fait nouveau
d’élargir la révision.

112
- Pour ce qui est des personnes pouvant se pourvoir en révision, les listes peuvent
changer selon les motifs de la révision :

1- s’il s’agit d’un fait nouveau seul, le ministère de la justice peut introduire une demande en
révision.

2- dans les autres cas de révisons, la demande peut émaner soit du ministère de la justice de sa
propre initiative soit du condamné soit de ses parents s’il est décédé ou absent.

B- les effets du pourvoi en révision

La saisine de la cour suprême d’un pourvoi en révision produit un effet suspensif et un effet
évolutif.

- effet suspensif : il convient de différencier selon que la condamnation est en cours


d’exécution ou qu’elle ne l’est pas encore. Dans ce dernier cas, elle est suspendue de plein
droit et le condamné reste en liberté jusqu’à ce que la cour suprême se prononce. Si
l’exécution est en cours, elle peut être suspendue par le ministre de la justice ou par la cour
suprême, mais la suspension n’est pas de droit.

- effet d’évolutif : il se traduit par le fait que la chambre criminelle est saisie de l’ensemble du
dossier, qu’elle réexamine l’affaire qu’elle mène l’enquête sur le fond et non pas seulement
sur la question de droit. Et c’est de cette manière qu’elle peut déceler l’erreur judiciaire
éventuelle et procéder à sa révision.

- Au niveau de la procédure suivie par la cour, la saisine se fait toujours par le soin du
procureur général près la cour suprême, quelle que soit la personne qui prend l’initiative de
former le pourvoi.

- Dès qu’elle est saisie, la cour suprême se prononce d’abord sur la recevabilité de la
demande. Et si la cour estime que la demande n’est pas recevable, elle la rejette dans son arrêt
sur la recevabilité.

- Dans le cas contraire, elle procède à l’examen de l’affaire au fond.

- A ces effets, elle peut recourir à toutes sortes d’enquêtes et investigations pour faire
découvrir la vérité. A cette fin, elle peut agir soit directement soit par commission rogatoire à
l’image du juge d’instruction, lorsque l’affaire est en état d’être jugée, la cour rend sa
décision.

- Pour ce qui est de la décision, la cour rend selon le cas soit un arrêt de rejet, soit un arrêt
d’annulation. Si cette dernière est justifiée, elle se solde par un arrêt d’annulation, cette
dernière peut se faire avec ou sans renvoi. En principe, lorsque la cour estime que de
nouveaux débats s’imposent, elle renvoie l’affaire devant une juridiction de même ordre et de
même degré que celle qui a rendu la décision annulée, la juridiction de renvoi procède alors à
un nouvel examen de l’affaire dans les formes ordinaires.

113
Par contre dans les cas où de nouveaux débats s’avèrent impossibles en cas de datés du
condamné, la cour constate cette impossibilité de renvoi et celle statue elle-même.
Quoiqu’il en soit, lorsque la décision attaquée est annulée, cela entraîne l’anéantissement
rétroactif de la condamnation que cette décision aurait prononcé, de sorte que les effets
produits par le passé sont effacés par l’annulation.

De plus, la personne qui a été injustement condamnée peut prétendre à une double réparation :
d’abord une réparation pécuniaire consistant dans l’allocation de dommages-intérêts en raison
des préjudices subis par la condamnation, ensuite une réparation morale consistant dans
l’affichage de la décision de révision et sa publication du BO et dans 5 journaux au choix du
demandeur.

Para 3 : recours spécial contre des décisions de juridictions


communales et d’arrondissement.

L’article 20 du dahir de 74, relatif aux juridictions communales et d’arrondissement précise


que « les jugements émanant de ces tribunaux ne sont susceptibles d’aucun recours ni
ordinaire ni extraordinaire ». En effet, ces décisions sont inattaquables au moyen des recours
habituellement offerts aux plaideurs. Néanmoins, le même article 20 tempère la règle qu’il
énonce dans la mesure où il prévoit un recours spécial qui ne peut être travaillé que dans les
cas énumérés à l’article 21 Ces cas sont au nombre de 4 et se ramènent essentiellement à des
vices de fourni, il s’agit en effet du :

- non respect par le juge de sa compétence


- cas où le juge statue après avoir été récusé à bon droit
- cas où le juge statue sans avoir préalablement vérifié l’identité des parties
- cas où le juge prend une décision de condamnation sans la certitude que le défendeur a bien
été touché par la convocation ou la notification.

Dans ces derniers cas, le législateur a tenu à corriger les erreurs grossières que le juge commet
au détriment des justiciables. Le recours qui leur est offert doit être introduit auprès du
tribunal de 1ère instance et il peut être intenté aussi bien par les parties privées au procès que
par le représentant du parquet.

Le délai prévu pour former ce recours est très bref, il est de 3 jours à compter du prononcé ou
de la notification du jugement vicié. Aux termes de l’article 21 du dahir de 74, la saisine du
tribunal de 1ère instance est suspensive de l’exécution de jugement attaqué, donc le recours
produit un effet suspensif.

Le président du tribunal ou son devancier doit statuer sur le recours dans les 15 jours qui
suivent et sa décision est définitive, insusceptible de recours.
Le dahir de 74 ne précise pas le sort d’un jugement dont l’irrégularité aura été constatée par le
président du tribunal de 1ère instance, mais il semble qu’en pratique, le président renvoie
l’affaire à nouveau jugée par la même juridiction.

114
Chapitre 2 : l’autorité de la chose jugée

Lorsqu’on dit qu’une décision est associée de l’autorité de la chose jugée, cela signifie qu’elle
n’est plus susceptible d’aucune voie de recours ordinaire ou extraordinaire sauf
éventuellement d’un pourvoi en révision. L’autorité de la chose jugée peut prendre la forme
positive ou la forme négative.

L’aspect positif se traduit par le fait que la chose jugée au criminel s’impose au tribunal civil,
cela tient au fait que la décision répressive est considérée par une sorte de présomption
irréfragable de la loi, comme étant l’expression de la vérité, de sorte que le juge civil est
obligé d’en tenir compte dans sa décision

L’aspect négatif réside dans le fait qu’une personne déjà jugée pour un fait déterminé ne peut
être poursuivie une 2ème fois sur la base de ce me fait.

Section 1 : l’autorité de la chose jugée au criminel sur le criminel

Dès lors qu’une décision répressive est définitive, l’autorité qui est attachée s’impose à
l’égard de toutes les juridictions répressives. Celles-ci ne sont plus habilitées à connaître des
mêmes faits … à propos des mêmes plaideurs. Cette règle reflète le principe de l’autorité de la
chose jugée au criminel sur le criminel, principe consacré par l’article 3 du code et qui
reprend l’adage « non bis in idem ». Cette interdiction d’un 2e jugement est d’ordre public, en
ce sens qu’une 2ème poursuite engagée malgré l’acquisition de l’autorité de la chose jugée,
devait être déclarée d’office irrecevable par la juridiction saisie même si les parties au procès
négligent d’invoquer l’exception de la chose jugée.

De plus, cette exception peut être soulevée en état de la procédure (en appel, en cassation…)
toutefois la chose jugée au criminel sur le criminel n’est pas revêtue de la même autorité selon
que la décision émane d’une juridiction d’instruction ou d’une juridiction de jugement.

Para 1 : l’autorité de la chose jugée au criminel sur le criminel


attachée aux décisions des juridictions d’instruction

A ce niveau, il convient de faire une double distinction entre d’une part les décisions de non
lieu et d’autre part les décisions de renvoi.

A- les décisions de non lieu

Elles peuvent être motivées en droit, en fait lorsque la motivation est tirée de considérations
de droit ; ex du fait de la prescription de l’action publique, cette décision est revêtue d’une
autorité absolue, une fois qu’elle devient définitive. Parcellement, de nouvelles poursuites sur
la base de même fait est en principe impossible.

Lorsque la décision est motivée en fait, ex en raison de l’insuffisance de charges, elle


n’attaquera qu’une autorité provisoire dans la mesure où la découverte de nouvelles charges
permettrait la réouverture de l’instruction sur la base des nouveaux éléments découverts ;

115
B- décisions de renvoi

La décision de renvoi devant la juridiction de jugement a une autorité limitée à l’objet même
de la décision. Autrement dit, son autorité ne concerne que la conclusion tirée par le juge de
l’instruction de son information et tendent au renvoi du jugement, mais elle n’a aucune
autorité sur la décision ultérieure qui sera rendue par la juridiction de jugement. Cette dernière
est libre d’apprécier les charges retenues contre la personne poursuivie et peut parfaitement
prononcer l’acquittement ou l’absolution.

1- autorité de la chose jugée au criminel sur le criminel


attachée aux juridictions de jugement

Se sont les décisions émanant des juridictions de jugement qui sont véritablement investies de
l’autorité de la chose jugée d’une manière plus forte que celle qui est attachée à la juridiction
d’instruction. En effet, lorsqu’une personne est irrévocablement jugée et quelle que soit la
sentence rendue a son encontre, elle ne peut plus être acquittée par une nouvelle poursuite
fondée sur les mêmes faits délictueux, cette règle a un caractère d’ordre public et est
subordonnée à la réunion de 3 conditions qui ont été dégagées par la juridiction criminelle qui
s’est elle-même inspirée des dispositions de l’article 451 relatif à l’exception de la chose
jugée.

Ce texte subordonne l’exception à une triple identité, d’objet, de parties et de cause.


L’identité d’objet en matière pénale se réfère à l’identification de la peine encourue en vertu
de la loi et pour que la chose jugée interdise une 2ème fois, il faut que cette dernière soit fondée
exactement sur le même objet que la première.

Quant à l’identité des parties, elle s’explique par la relativité de la chose jugée qui fait que la
décision n’a d’autorité qu’entre les parties à l’égard desquelles celle-ci a été rendue. De ce
fait, pour qu’un deuxième procès soit possible, il faut qu’il mette en cause les mêmes parties
au procès, la question ne se pose pas en ce qui concerne le demandeur car c’est toujours le
parquet.

Mais pour ce qui est des autres parties au procès, il doit s’agir de l’auteur de l’infraction déjà
poursuivi ou de la partie civile déjà constituée ou du civilement responsable déjà cité, cela
n’empêche nullement qu’un 2ème procès puisse se faire à l’égard d’autres personnes qui n’ont
pas été impliquées dans la 1ère instance mais qui sont intéressées par la même infraction.

Enfin, s’agissant de l’identité de cause, elle concerne les mêmes faits délictueux qui ont
motivé la cour suprême, on considère qu’un même fait ne peut donner lieu à la même affaire
pénale.

D’après l’article 351, un 2ème procès ne peut être intenté sur la base d’un même fait même
sous une qualification juridique différente par ex une personne acquittée après avoir été
poursuivie pour meurtre ne peut être jugée pour un 2ème fois qui serait cette fois qualifiée de
contravention

116
Section 2 : l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil

Cette catégorie d’autorité de la chose jugée s’exprime de manière positive, en ce sens que le
juge civil lorsqu’il est saisi d’une affaire qui a déjà trouvé sa solution au plan pénal, est tenu
de statuer conformément à la décision rendue par le juge pénal pour autant que certaines
conditions se trouvant réunies, c’est là le principe de base devant être suivi dans la généralité
des cas. Mais le domaine de cette règle est relativement plus restreint que celui de la chose
jugée au criminel sur le criminel.

Para 1 : le principe de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le


civil

Cette règle faisant obligation au juge civil de se plier à la sentence pénale n’est pas
expressément prévue par le CPP, mais elle a été dégagée par la jurisprudence qui s’est fondée
sur un autre principe bien établi qui est celui de la primauté de l’instance pénale sur l’instance
civile. En effet, la procédure suivie par le juge répressif que ce soit au stade de l’instruction
préparatoire pour l’administration de la perçue au cours du jugement à l’audience, ainsi que
les moyens qui sont mis à la disposition de ce juge, notamment pour entreprendre ces
investigations, l’ensemble de ces éléments sont de nature à faire découvrir la réalité des
choses beaucoup plus efficacement et rapidement que les méthodes utilisées par le juge civil
qui sont beaucoup plus lentes et formalistes.

Un autre facteur qui milite en faveur de la primauté de la décision pénale sur la décision
civile, c’est la gravité de l’enjeu puisque l’instance pénale risque de porter atteinte à la liberté
et à l’honneur de l’individu, alors que l’instance civile ne touche qu’à leurs intérêts
pécuniaires.

Pour toutes ces raisons et afin d’éviter les contrariétés éventuelles entre un jugement rendu au
pénal et un jugement du civil, la chose jugée au criminel doit en principe poser au tribunal
civil, ce sont d’ailleurs ces mêmes raisons qui sont à l’origine de la règle bien connue selon
laquelle « le criminel tient le civil en l’état », règle qui suppose que le juge civil doit surseoir
à statuer jusqu'à ce que le juge pénal puisse « prononcer en vue précisément d’éviter que les 2
décisions ne soient contradictoire » (Article 10 du CPP).

Par ailleurs, on peut s’interroger sur le caractère d’ordre public ou d’insert privé du principe
de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil et par la même occasion on peut se
demander si l’exception de la chose jugée doit être soulevée d’office par la juridiction saisie et
invoquée par toute partie au procès comme c’est le cas pour l’exception de la chose jugée au
criminel sur le criminel, la réponse à cette question ne fait pas l’unanimité ni en doctrine, ni
en jurisprudence.

Certains auteurs estiment que la règle doit avoir un caractère absolu de manière que le
principe de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le criminel. D’autres auteurs ainsi que
la jurisprudence dominante, considèrent que cette règle est d’intérêt privé et que par
conséquent elle ne peut être soulevée d’office et en tout état de la procédure, ce qui voudrait
dire que les parties peuvent renoncer à se prévaloir de l’exception de la chose jugée quant à
Mr Driss Alami, il adopte une position nuancée, il considère d’un coté que le principe est
d’ordre public et que les parties ne peuvent y renoncer par convention. Mais d’un autre coté,
étant donné que l’intérêt protégé est d’ordre privé, le juge n’est pas obligé de soulever
l’exception d’office.

117
Para 2 : domaine de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le
civil

A quoi et à qui s’applique cette règle de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil,
autrement dit quelles sont les décisions investies de l’autorité, quelles sont les instances
auxquelles s’impose cette autorité et quelles sont les personnes qui la subissent concernant le
1er point concernant les décisions, seules les décisions émanant des juridictions répressives de
jugement sont assorties de l’autorité de la chose jugée, c’est là une différence avec l’autorité
de la chose jugée au criminel sur le criminel qui vaut pour toute décision définitive quelle soit
rendue par une juridiction de jugement ou par une juridiction d’instruction. De plus, pour que
la décision répressive de jugement ait l’autorité de la chose jugée, il faut que certaines
conditions soient satisfaites à savoir que :

1- il doit s’agir d’une décision définitive et irrévocable

2- il faut que la décision ait un caractère pénal. Inversement, si la décision répressive est
relative aux intérêts civils, elle a un caractère civil même si elle a été rendue par une
juridiction répressive

3- il faut que la décision contienne des énonciations nécessaires et certaines. Elles sont
nécessaires lorsqu’on peut en déduire indubitablement la culpabilité et l’innocence, la
participation ou la non participation ;

Elles sont certaines lorsqu’elles ne sont pas formulées comme de simples hypothèses ou
lorsque leur interprétation ne prête pas à équivoque.

Lorsque ces 3 conditions sont remplies cumulativement alors, la décision est investie de
l’autorité de la chose jugée.

En pratique, comment s’exerce cette autorité ? Si le juge pénal a rendu une décision de
condamnation, il est évident que le juge civil ne peut pas prendre le contre pied de cette
décision et déclarer qu’il y a absence de faute de la part du condamné dont il est tenu sur le
plan civil pour autant que la victime de l’infraction ait subi un dommage. A l’opposé, si le
prévenu a été acquitté au criminel, le tribunal civil ne peut retenir aucune faute pénale à sa
charge, néanmoins sa responsabilité civile peut être engagée sur le fondement du DOC
(Article 88).

En ce qui concerne les instances civiles qui peuvent être de 2 sortes : Soit celles qui ont pour
objet l’action civile proprement dite, donc l’action en réparation d’un dommage pénal (Article
7 du CPP). Soit les actions qui sont nées d’une infraction mais qui ne sont pas véritablement
des actions civiles au sens étroit du terme par ex une action en divorce pour adultère c’est une
action qui a fin civile.

Pour ce qui est des personnes qui subissent l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil,
il s’agit de l’ensemble des personnes qui sont partie au procès civil qu’elles aient ou non
participé à l’instance répressive qui a précédé. Il en résulte qu’une partie au procès civil peut
ne pas avoir intérieur autour de l’instance pénale mais néanmoins, subit autorité de la chose
jugée rendue au criminel. Cette solution peut paraître anormale mais elle est la conséquence
de la primauté du criminel sur le civil.

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