INTRODUCTION GENERALE
Contexte de la recherche
1
Art.1 de la Convention des Nations-Unies sur le transport multimodal international de marchandises du 24 mai
1980.
UFR Stratégie et Gouvernance des Organisatons Année universitaire 2007-2008 1
Le transport multimodal
A la lumière de ces définitions nous pouvons affirmer que le transport multimodal est « un
processus de transport qui nécessite l’intervention d’au moins deux modes de transport
différents dont la gestion est assurée par un opérateur « unique » qui sera le lien entre les
différents transports et à qui l’entière responsabilité du transport incombe ».
Sur cette base, le transport multimodal met donc l’accent sur l’organisation du transport de
marchandises sans rupture de charge et met en interaction plusieurs modes de transport, et
par conséquent, il se situe dans un environnement très complexe.
Au Maroc, il y a une grande atomisation du secteur de transport, aussi bien routier, maritime,
ferroviaire ou aérien. Chaque secteur essaye, et ce de manière isolée, de trouver des solutions
à ses problèmes spécifiques. Il n’y’a pas de concertation entre les acteurs pour la résolution
des problèmes, ainsi, la plupart des opérateurs ont pris l’habitude de regarder tout d’abord
vers l’administration de tutelle. L’administration dans son ensemble tente d’organiser les
secteurs de transport sans concertation avec les opérateurs. De ce fait, il y a une cacophonie
qui se traduit par un manque de vision commune et intégrée favorable au transport
multimodal.
En effet, cette atomisation engendre un coût élevé, un service médiocre, des lenteurs dans la
fluidité du flux des marchandises aussi bien à l’import qu’à l’export. Il faut noter que les
investisseurs marocains n’étaient pas attirés par le secteur, jusqu’au début des années 80. Le
secteur était dominé par les français. A part de rares exceptions et des opérateurs
internationaux du transport routier, le secteur du transport est à la traîne en ce qui concerne les
plates-formes et les dépôts sous douanes. Le secteur maritime subit un cloisonnement de la
chaîne entre armateurs, consignataires, « freight fowarders », transitaires et entreposeurs de
marchandises. Le transport ferroviaire n’est pas intégré dans l’acheminement des
marchandises vers le port.
De ce constat, naît une mobilisation constante, pour attirer l’attention des opérateurs sur les
avantages qu’offrent la logistique du transport multimodal, et cela pousse tous les acteurs du
secteur des transports à se rendre compte que sans concertation et support mutuel qui
permettront l’émergence d’un environnement favorable au transport multimodal, le Maroc
restera à la traîne pour faire face à la mondialisation.
Mais, pour relever ce défi, le Maroc a opté pour une série de réformes touchant tous les modes
de transport. Cependant de nombreuses questions se posent :
Les différentes réformes entreprises ont-elles conduit à la mise en place d’une chaîne de
transport multimodal au Maroc ? Sinon quelle stratégie adoptée?
L’objet de notre recherche est donc la mise en place d’une chaîne de transport multimodal.
En effet, les différentes réformes entreprises permettront la mise en place d’une chaîne
ininterrompue de transport multimodal. Et cette chaîne de transport multimodal permettra au
Maroc d’occuper sa place dans les échanges internationaux de marchandises
Méthodologie de la recherche
Plan de la recherche
Notre travail sera divisé en deux parties. La première partie qui traitera le transport
multimodal au niveau mondial nous permettra d’analyser l’évolution historique de la
conteneurisation et du transport multimodal dans un premier chapitre, les alliances
stratégiques contractées par les acteurs pour faire face aux nouvelles exigences du secteur
dans un deuxième chapitre, et enfin le cadre légal international du transport multimodal dans
un troisième chapitre.
Dans la deuxième partie, nous analyserons le transport multimodal au Maroc en soulevant les
obstacles qui lui sont liés dans un premier chapitre et en exposant ses enjeux et perspectives
dans un deuxième chapitre.
Première partie :
Le Bureau International des Container2 ou BIC3 le définit comme « un récipient conçu pour
contenir des marchandises en vrac ou légèrement emballées, spécialement en vue de leur
transport sans manipulations intermédiaires, ni rupture de charge, par un moyen de
locomotion quelconque ou la combinaison de plusieurs d’entre eux.4»
La Convention douanière de 1972 relative aux conteneurs (CCC) définit quant à elle le
conteneur comme un engin de transport (qu’il s’agisse de cadre, d’une citerne ou d’un autre
engin analogue) constituant un compartiment, totalement ou partiellement clos, destiné à
contenir des marchandises. Il a un caractère permanent et est de ce fait suffisamment résistant
pour permettre un usage répété. Spécialement conçu pour faciliter le transport de
marchandises, sans rupture de charge, par un ou plusieurs modes de transport, il est étudié de
manière à être aisément manipulé, notamment lors de son transbordement d’un transport à un
autre. Il est par ailleurs conçu de façon à être facile à remplir et à vider et doit être d’un
volume intérieur d'au moins un mètre cube5.
La conteneurisation est le nom du processus qui a débuté dans les années 1950 et s’est
globalisé dans les années 80 ; elle généralise l'usage du conteneur dans le transport de
marchandises, principalement dans le transport maritime.
C’est durant le vingtième siècle et après la deuxième guerre mondiale que l’accroissement de
l’utilisation du conteneur est apparu grâce notamment au rôle joué par deux armateurs US
SEA land et MATSON en 1955, SEALAND qui était un opérateur de transport routier à
l’origine expérimenta des chargements entre NEW YORK et PUERTO RICO en 1956.
Après SEALAND, MATSON rentrera dans le transport conteneurisé avec la ligne cote ouest
US HAWAI, pendant environ dix (10) ans, SEALAND et MATSON furent les seuls à jouer
dans l’industrie des transports maritimes en rôle de premiers dans le processus de la
conteneurisation. En 1964, le premier navire porte conteneurs : le KOORINGA commence
son service.
La conteneurisation est une innovation majeure, comparable sans doute par l’ampleur de ses
conséquences à la révolution maritime qui s’est produite au cours du XIXe siècle. Là aussi,
les évolutions ont à l’origine paru purement techniques : la propulsion à vapeur, la
substitution du fer au bois pour les coques et l’hélice… Mais ces « grappes » d’innovations,
une fois appropriées par les acteurs du transport, ont bouleversé leurs métiers respectifs et
suscité une offre de transport totalement renouvelée. Aujourd’hui, c’est au tour de la
conteneurisation de pousser au bout la logique des transformations du transport maritime des
marchandises amorcée dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec les vracs, avec
comme résultat ultime, dans la suite du mouvement ébauché au siècle précédent, une
intégration mondiale accrue. En quarante années d’existence, la conteneurisation n’a cessé
d’ouvrir le champ des possibles pour participer à dessiner sur la carte du monde les nouvelles
frontières issues de la mondialisation.
S'il existe des conteneurs de plusieurs tailles, une normalisation internationale est intervenue
avec le développement des conteneurs de vingts pieds (on parle alors d'équivalent vingt pieds
ou EVP, en anglais Twenty-foot Equivalent Unit ou TEU ce qui est devenu une nouvelle unité
de mesure) et des conteneurs de 40 pieds. Ce mode de transport a entrainé une baisse des
coûts en diminuant la manutention, la casse des produits et le vol. Le plus important est la
réduction de l’ensemble des délais, parce que les conteneurs peuvent être transférés très
rapidement du navire au train et au camion, et inversement. La chaine logistique en a été
simplifiée, le produit ne quittant pas le conteneur entre l'industriel et le client final. C'est le
conteneur qui va être manipulé, de manière souvent très automatisée et ce grâce à la
standardisation de la taille et des accroches des "boites". Ces conteneurs sont principalement
destinés aux transports des produits manufacturés mais peuvent aussi transporter d'autres
produits : fruits et légumes, produits alimentaires finis, liquides ou voitures en utilisant alors
des conteneurs spécialisés - citernes, réfrigérées ou autres - mais toujours aux dimensions
standards.
C'est en fait une chaine logistique du conteneur qui s'est mise en place à travers le monde. Les
grands ports se sont adaptés à ce nouveau mode de transport en créant des terminaux dédiés
au chargement et déchargement des porte-conteneurs, au stockage et au transfert des
conteneurs vers des trains ou des camions. Le conteneur est devenu un mode de transport
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Le transport multimodal
multimodal concernant aussi les transports routier et ferroviaire même si pour ces deux
derniers modes de transport, il est en concurrence avec la caisse mobile encore dominante en
Europe dans le transport continental. Certains ports internationaux sont devenus ce que l'on
appelle des hubs, c'est à dire des zones de concentration et d'éclatement des conteneurs à
l'échelle d'un pays voire d'un continent. On y charge et décharge des portes-conteneurs géants
qui assurent des lignes régulières entre quelques grands ports sur différents continents,
principalement l'Asie du Sud-Est, l'Europe et l'Amérique du Nord. Les conteneurs sont
apportés ou enlevés de ces hubs de ou vers d'autres ports par des porte-conteneurs plus petit
qui assurent le cabotage, par des péniches, par des trains ou par des camions. Les ports de
Singapour, Hong-Kong, Rotterdam, Anvers ou Los Angeles sont ainsi devenus les principaux
centres mondiaux de transit des conteneurs, en traitant plusieurs millions par an. Le coût
réduit des échanges conteneurisés a stimulé le commerce mondial, et l’on a attribué à
l’utilisation des conteneurs la croissance à deux chiffres du commerce avec les économies
émergentes.
Elle rend techniquement possible une gestion de ces flux, contrôlés en termes de temps,
d’espace et de coût. De ce fait, l’interdépendance entre la conteneurisation, qui est au service
du commerce international, et l’économie mondiale, devient croissante ; les deux alimentant
la globalisation.
autres. Dans son évolution la plus aboutie, le système de transport repose aujourd’hui sur la
mise en place d’une chaîne intégrée qui, bien au-delà de la simple activité transport, participe
à une logistique globale. Ainsi, le choix d’itinéraires, la combinaison des différents modes de
transport, le suivi en temps réel de la marchandise, l’intervention à tout moment pour des
opérations d’étiquetage, de reconditionnement, de mise aux normes… sont devenus possibles.
Le transport, à l’époque de l’économie de masse, avait une valeur très réduite car le pilotage
de la production par l’amont n’interférait pas sur les conditions de l’offre de transport et
n’exerçait aucune contrainte sur le marché. Cela revient à dire que le transport ne ressentait
pas de contraintes du côté de la demande des services.
Le transport est limité aux importations des matières premières et aux exportations des
produits finis ; il est placé aux extrémités du processus de production. Il est donc considéré
comme un coût plutôt qu’un moyen de valorisation de la production.
On observe également des blocages à chaque phase du transport. Ils correspondent à des
durées importantes de ruptures de charges et à des temps d’attentes aux interfaces entre modes
de transport.
Ce modèle cloisonne par ailleurs les divers modes de transport : maritime, fluvial, routier,
ferroviaire et aérien. Il renvoie à une vision fractionnée du transport assimilé à une logique
modale.
Pour analyser le changement de la logique modale du transport, nous nous fonderons sur
l’évolution du transport maritime des lignes régulières, dans la mesure où il s’agit du domaine
qui légitime la substitution d’une approche multimodale à une approche modale.
Les lignes régulière, apparues aux environs de 1870, se distinguent du transport à la demande
(= tramping) par un mode particulier d’exploitation, basé sur :
De ce fait, l’organisation du transport maritime de lignes régulières se basait, avant les années
1960, sur le plan de chargement du navire selon lequel une alimentation optimale du navire
reposait sur le transport d’une quantité maximale de marchandises par rapport à la distance
parcourue.
Dans ces conditions, la question du groupage de fret à chaque escale du navire devient
essentielle ; elle vise à optimiser la rotation des navires et à bénéficier d’économies d’échelle.
C. Fiore et J. Collin définissent une conférence comme « l’entente existante entre plusieurs
compagnies de navigation battant différents pavillons pour une zone de trafic déterminée.
Dans cette zone, les compagnies établissent un tarif commun et prévoient les départs et les
escales de leurs différents navires, de manière à répondre exactement aux besoins des
chargeurs tout en obtenant une exploitation rentable et régulière. »1
On observe donc que les conférences alimentent les cargos conventionnels, de manière
optimale, en masses probables de marchandises à transporter à chaque escale, pour réaliser
une rotation régulière de leurs navires.
Cela revient à rendre adéquat les plans de chargement et les rotations de navires sous « la
contrainte de réduire au minimum le temps de non-utilisation des navires ». Cette adéquation
sous contrainte coïncide aux principes du modèle de production de masse qui consiste à
produire une masse croissante de produits pour réduire le temps d’immobilisation de l’outil de
production (des machines) dans le but de réaliser des gains de productivité et des économies
d’échelles.
La réalisation des économies d’échelles a connu une crise dans le transport maritime des
lignes régulières. La mise en place de navires spécialisés adaptés en mases de vrac liquides et
solides entraîna la réduction des capacités des cargos conventionnels. Une quantité non
négligeable des marchandises ne sont plus prises en charge par les lignes régulières.
Il en résulta une baisse de productivité du secteur de transport maritime des lignes régulières,
du fait de la baisse du coefficient de remplissage des navires et des temps morts d’escale
importante (2/3 au port et 1/3 en mer). Dès lors, la recherche de solution à la crise du
transport maritime s’impose.
Les navires de poids ne peuvent plus compter sur le tonnage pour être rentables, ils doivent
mettre l’accent sur les navires de « volume ».
La priorité est toujours accordée au remplissage du navire et à leur rotation. Dans cette
optique, il s’agit de structurer le transport en alimentant les navires en flux massifs de
conteneurs et en réduisant les ports d’escale afin d’optimiser le taux d’utilisation des capacités
des porte-conteneurs. Cette optimisation impose une rationalisation de la manutention
(réduction du temps de chargement et de déchargement) par l’introduction des unités de
charge (conteneurs, semi-remorques, camions…) et la substitution des navires porte-
conteneurs et Ro-Ro aux navires volumes conventionnels. Précisons ici que ces unités de
charges sont conçues comme des outils modaux.
Ces nouveaux navires cherchent des gains de productivité sous l’effet d’économies d’échelle
dans le but de baisser le coût unitaire du transport. Cela revient à dire que « plus le navire
transporte des conteneurs, plus il sera aisé d’abaisser le coût d’exploitation par unité. » La
recherche d’économie d’échelle et la réduction du temps d’escale reste toujours le premier
souci des armateurs. La réduction aux ports d’escale consiste à utiliser le feedering pour
desservir les petits ports où les conférences sont absentes. De ce fait, le rapport d’utilisation
des nouveaux navires (porte-conteneurs et Ro-Ro) s’inverse (1/3 au port et 2/3 du temps en
mer).
Toutefois, la limitation des ports touchés à conduit à une concurrence exacerbée des outsiders
qi se sont positionnés sur les ports non desservis par les conférences, en multipliant les
escales, au détriment de la productivité du navire. Il en résulta une baisse de la productivité.
Cette situation a provoqué la crise du transport maritime à laquelle la mise en place d’une
ligne autour du monde prétend trouver une solution. Il s’agit d’une configuration maritime
fondée sur le principe d’économies d’échelle et sur la limitation des ports touchés ; le but est
d’améliorer la rentabilité du navire.
L’avantage présenté par cette configuration, selon C. Fiore, est que «les navires, en tournant
autour de la planète, donc, en passant d’un segment à un autre, 2 absorbent les variations du
marché et, de ce fait, améliore très nettement leur coefficient de remplissage. »3
Toutefois, le système de ligne autour du monde, bien qu’il ait tenté de pallier la crise à travers
une réorganisation interne du transport maritime, n’apporte pas de solution satisfaisante : on
lui reproche d’avoir négligé les surcoûts engendrés par le déplacement terrestre des
conteneurs ; or la compétition entre armements, selon J. Colin, « se gagnera à terre dans
l’organisation des pré-et post-acheminements. »4
Les déplacements terrestres sont intégrés dans une logique qui met l’accent sur l’utilisation
rationnelle du navire ; la conception du transport qui sous-tend cette logique est celle du
transport intermodal. Il s’agit d’une conception qui considère le transport maritime comme le
maillon principal auquel sont connectés en amont et en aval des segments secondaires jouant
le rôle dans l’organisation terrestre du pré- et post-acheminement.
C’est la raison pour laquelle, il apparaît important de voir comment l’économie de diversité a
mis en place une autre logique de transport prenant en compte la dimension logistique.
Autrement dit, dans quelle mesure les exigences de l’économie de singularité peuvent
substituer la logique de circulation physique à la logique de transport ?
Le remplacement de la logique du pilotage par l’amont, basé sur la prévision de l’état futur de
la demande, par une logique du pilotage par l’aval, fondé sur une réponse en temps réel aux
sollicitations de la demande, génère des transformations dans les structures productives,
caractérisées par des flux diffus fortement différenciés et fréquemment renouvelés.
La logistique qui suppose une coordination entre les trois séquences approvisionnement –
production – distribution, cherche à assurer la continuité et la fluidité de l’écoulement des
marchandises. Cette coordination suppose une liaison entre les séquences et évite le stockage
coûteux. Ces économies faites dans les flux de séquences ont des effets marqués sur les
transports (tractions et activité connexes) en tant qu’élément de liaison.
Pour assurer cette liaison, le transport doit s’insérer dans la logique de chaînes. Cette insertion
est conditionnée par le développement des chaînes logistiques. Cela revient à dire que le
transport en s’insérant dans les chaînes logistiques se dissocie progressivement du mode de
transport duquel il est issu, pour assurer une cohérence de la circulation physique des
marchandises, agir sur les ruptures de traction et de charge et offrir des prestations
multiservices. Il se détache des contraintes de chaque mode et introduit le développement du
transport multimodal ou circulation a-modal conforme à la logique de chaînes.
Les premières ententes inter-enreprises dans le transport maritime résultent des accords
commerciaux entre états visant à réserver aux compagnies maritimes nationales une partie
définie des volumes de transport au départ et à destination de leurs pays respectifs. Outre les
quotas de volumes attribués aux compagnies membres, les trafics sont régulés par des
ententes sur le prix de transport ainsi que sur la qualité de service maritime.
L’avènement du conteneur, dans les années 1955-1960, a bouleversé le monde du transport
maritime en lignes régulières. Le conteneur permet des gains de productivité énormes dans la
manutention des marchandises. Ainsi, en très peu de temps les armateurs soumis à ce type de
transport ont dû se mettre au diapason de ce nouvel outil de transport de marchandises.
Le système des partages de trafics est révolu et les compagnies maritimes ont du adopter à
une concurrence très vive.
Dans une situation ou elles ne bénéficient plus de l’effet protecteur des accords de répartition
de trafic, les compagnies maritimes ont dû adopter des stratégies de croissance très forte et de
réduction des coûts de transport par la recherche d’économie d’échelle. De plus, dans un
contexte de mondialisation, il est devenu nécessaire de pouvoir offrir à la clientèle une offre
de service maritime très large comprenant si possible des points de départs et de destination
maritimes dans le monde entier.
La recherche des économies d’échelle ainsi que le grand développement des courants
d’échange ont pour effet d’augmenter sans cesse la taille de ces navires.
Exploité en propriété ou en affrètement, le coût du navire et de son exploitation constitue de
loin le premier poste de dépense pour une compagnie maritime. Outre le risque qu’il
comporte, l’investissement en navire est par ailleurs très long à rentabiliser du fait de prix
d’achats très élevés.
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Le transport multimodal
Devant cette difficulté majeure, les compagnies ont cherché à faire des alliances stratégiques
entre elles, lesquelles se sont concrétisées soit sou la forme de fusion/acquisition, ou sous la
forme de joint ventures contractuels ou le plus souvent sur la base d’accord de partage des
capacités de navire ou de formation de flotte en commun. Les mutations du transport maritime
se sont donc traduites par la constitution d’alliances techniques ou commerciales et/ou le
rapprochement ou fusion de compagnies maritimes.
Ces accords de partenariat visent donc soit à exploiter une ou plusieurs lignes maritime en
commun, soit à la cession/acquisition d’une partie de l’espace à bord des navires mis en ligne,
ou encore au partage direct du coût d’exploitation d’un ou plusieurs navire. Dans tous les cas
ça revient à partager le coût de l’investissement global des navires ainsi que les risques liés à
ce commerce pour offrir des services maritimes réguliers de qualité dans une situation de forte
concurrence.
D’une part, une concentration financière qui se traduit par des fusions ou prises de contrôle :
Ex. : en 1996, CMA-CGM
en 1997, P&O Neddloyd
Ces « alliances stratégiques » ont le même but que les consortiums (ce que nous allons voir),
la différence résultant dans leur vocation à assurer une desserte mondiale, alors que les
consortiums « classiques » sont spécialisés sur une desserte particulière.
Le premier objectif des consortiums est d’exploiter des navires en commun en vue de
diminuer les coûts d’exploitation par la réalisation d’économie d’échelle (amélioration du
coefficient de remplissage)…
Les parties contractantes optent donc pour un type de contrat en fonction de leurs objectifs
mutuels dans la création, le développement et l’exploitation de la ligne régulière. Il y a
différents types de contrat de partenariat.
Une grande majorité des « slots agreements » sont dédiés au développement et la gestion de
lignes maritimes régulières. Il est possible de distinguer les accords tendant à permettre aux
partenaires d’assurer ensemble l’exploitation de la ligne (section 1), et des accords par
lesquels une des parties va adhérer à l’exploitation d’une ligne par l’autre (section 2).
Ces deux formes d’accords se différencient quant à la responsabilité des armateurs pour la
gestion des navires mis en service.
Alors que dans le Vessel Sharing Agreement (II), chaque partenaire reste responsable de
l’exploitation de son ou de ses navires, dans le Tonnage pool (I), l’exploitation est partagée
entre les parties.
Le Tonnage Pool est un contrat par lequel les parties s’engagent à partager directement les
coûts d’exploitation d’un ou plusieurs navires et les risques inhérents à leur déploiement.
Les parties au Tonnage pool sont co-responsables financièrement et juridiquement de la flotte
mise en service.
Il y aura en général un partage de la capacité de transport déployée entre les partenaires à part
égale ou proportionnellement à leurs participations dans les frais d’exploitation. Cette part de
capacités de transports détenues par chaque partie est appelée allocation. La responsabilité des
parties pour la gestion du navire est elle aussi partagée entre les parties en fonction de leur
participation respective. Ce contrat de tonnage pool permet ainsi à plusieurs armateurs
d’exploiter ensemble un ou plusieurs navires opérant une ligne maritime donnée.
Parfois, les partenaires vont créer une structure commerciale commune et émettre un
connaissement identique pour tous les chargeurs ayant leurs marchandises transportées sur le
ou les navires déployés en Tonnage pool. Le plus souvent chaque partie reste
commercialement indépendante pour la gestion de son allocation et délivre son propre
connaissement à destination de ses clients.
Le Tonnage pool agreement est un accord particulièrement intégré dans la mesure où les
parties assurent de façon conjointe la gestion et la responsabilité des navires en service,
caractéristique qui ne retrouve pas dans le Vessel Sharing Agreement.
Le VSA est une technique de coopération « armatoriale » par laquelle deux ou plusieurs
transporteurs s’engagent à mettre en commun du tonnage sur un service de ligne maritime
régulière. Chaque partenaire va déployer un nombre de navires définis sur lesquels il s’oblige
à partager avec les partenaires une partie ou la totalité de l’espace ainsi mis en service.
En pratique, chaque partie obtient en échange de son apport de slots, une allocation sur
chacun des navires de la flotte exploitée sur la ligne. Cette allocation sur les navires des
partenaires sera fonction de l’espace offert à ces derniers. Il peut s’agir par exemple de trois
parties apportant chacun un navire de 2100 TEU6 pour former un service maritime régulier.
Ce service suppose une rotation de trois semaines et touche trois ports. La formation d’un
VSA va permettre un passage hebdomadaire de l’un des navires dans chacun des ports.
Sur chacun des navires, chaque armateur peut charger et décharger librement entre les
différents ports dans les limites de son allocation, soit 700 TEU par navire. L’originalité de cet
accord de slots se situe dans le fait que chacune des parties est tour à tour et réciproquement
vessel provider et charterer. Quand un des armateurs frète des slots sur son navire,
parallèlement il en affrète sur celui de son partenaire.
L’objectif est de créer, à moindre coût, une ligne maritime régulière composée de navires sur
lesquels chaque partenaire peut charger les marchandises de ses clients. Chaque armateur
n’apportant qu’une fraction des navires nécessaires, son investissement est considérablement
allégé et les risques répartis entre les partenaires. Chaque armateur conserve le contrôle et la
responsabilité de la gestion nautique de ses navires. En revanche, les parties doivent se
soumettre à l’organisation du service définie par le contrat.
Enfin, comme en matière de Tonnage Pool il peut exister des VSA très intégrés et pouvant
aller jusqu’à la constitution d’une identité commerciale commune et l’émission d’un
connaissement unique. Dans cette hypothèse les chargeurs ne connaissent pas l’identité des
partenaires du VSA mais seulement le groupement d’armateurs. Cependant, le plus souvent
chaque partie conserve son indépendance et émet son propre connaissement à l’égard de ses
chargeurs, peu importe que la marchandise soit en fait transportée sur son navire ou sur celui
d’un partenaire.
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TEU = Twenty Equivalent Unit ou EVP en français pour Equivalent Vingt Pieds – Cela correspond à la capacité
d’un conteneur.
Le SCA est un contrat par lequel une compagnie maritime cède, contre paiement d’un prix,
une partie de la capacité de transport dont elle dispose sur une ligne régulière. L’exploitant de
la ligne maritime ou la personne disposant d’espaces sur cette ligne est le vendeur ou fréteur
de slots, il est aussi appelé vessel provider. L’autre partie est l’acheteur ou le charterer.
Ce charterer va bénéficier d’espaces sur une ligne maritime qu’il n’exploite pas. Il n’a pas à sa
charge la gestion opérationnelle du service. Il se limite à bénéficier d’un certain nombre de
slots sur les navires déployés par son cocontractant sur une ligne maritime donnée.
Le charterer, disposant d’une allocation sur les navires, pourra vendre un service de transport
maritime sur cette ligne à ses chargeurs. Ce charterer aura recours à l’achat de slots pour
vendre un nouveau service ou pour augmenter ses capacités sur un service qu’il exploite déjà
mais pour lequel son offre de transport était insuffisante par rapport à la demande de ses
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Le fonds de commerce du NVOCC, « véritables réseaux mondiaux, basés sur la vente « au détail » de
transports conteneurisés », c’est l’offre au chargeur d’un transport de bout en bout transmaritime.
Le NVOCC peut disposer de moyens de pré ou post-acheminements terrestres mais il n’est ni propriétaire ni
gestionnaire de navire et donc de moyens de transport maritime. Pour faire son offre de transport, le NVOCC
doit conclure des contrats (par exemple, contrat de slot charter qui est une mise à disposition d’espace sur un
navire) avec ceux qui détiennent la gestion des navires : armateurs, affréteurs, consortia, conférences, etc.
clients. Enfin, le charterer va disposer d’espaces sur les navires de son partenaire tout en
gardant son indépendance commerciale. Il va se présenter à ses clients comme étant lui-même
l’exploitant de la ligne et émettre son propre connaissement.
Le Swap Agreement est un contrat par lequel deux ou plusieurs armateurs s’engagent à
s’échanger des slots sur des navires opérés sur des services indépendants.
Un armateur opérant des navires sur une ligne A va échanger des slots avec un autre opérateur
dont les navires interviennent sur une ligne B. Ce type d’accord permet aux armateurs
d’optimiser la couverture des ports desservis via un échange de leurs capacités de transports
respectives.
Ils vont ainsi accéder à un marché sans avoir à ouvrir un nouveau service ou à acheter des
slots à un tiers. Là aussi, le charterer émettra son propre connaissement à destination de ses
clients, peu importe que le transport effectif soit confié à un tiers. Ces échanges d’espaces
peuvent être accompagnés d’une valorisation d’espaces, si les armateurs en présence jugent
qu’un slot sur le service A n’est pas équivalent à un slot sur le service B (ex : 1 slot sur A = 2
slots sur B). Comme en matière de SCA, le Swap agreement va permettre au charterer de
bénéficier d’espaces sur une ligne maritime sur laquelle il n’exploite aucun navire. Il n’y aura
pas de partage de l’exploitation de la ligne entre les parties. De même comme en matière de
VSA, le contrat est fondé sur un échange des espaces entre les parties.
Ces différents modèles peuvent se retrouver mélangés dans un même ensemble contractuel.
L’objectif des accords de slots est de permettre aux partenaires d’offrir un service régulier de
transport maritime sans avoir à supporter seul les coûts et les risques liés à l’ouverture et
l’exploitation d’une ligne maritime, le tout en restant commercialement indépendant. En effet,
chacun des transporteurs va émettre ses propres connaissements à destination de ses chargeurs
respectifs et ce, que leurs marchandises soient en fait transportées sur son navire ou celui d’un
partenaire.
Cependant, tout cela ne va pas sans mal, et si les changements techniques, technologiques, les
modes de pensée industriels et commerciaux évoluent de façon plus ou moins naturelle, il est
loin d’en être de même en ce qui concerne le cadre juridique correspondant.
En effet, la réponse offerte par le législateur, que ce soit au niveau national, communautaire
ou international n’est pas toujours à la hauteur des attentes des acteurs économiques, que l’on
se place du côté des divers transporteurs, des chargeurs, voire des destinataires.
Le transport multimodal relève en effet d’un paradoxe : son apparente complexité venant de la
combinaison de différents modes de transport nécessite pour soutenir son développement un
cadre juridique unifié, stable, transparent et le plus simple possible.
Les textes applicables concernant le transport multimodal correspondent également assez mal
dans la réalité à ce que les divers gouvernements ou instances internationales prétendent
offrir. Qui n’a pas en tête telle ou telle déclaration des pouvoirs publics ventant les mérites du
transport multimodal au sens large? Les Instances Communautaires ne cessent de préconiser
le développement du « short sea shipping » qui n’est rien d’autre qu’une application
particulière et locale du transport multimodal.
Nous allons donc présenter ici les textes souvent isolés et parcellaires traitant du transport
multimodal. Ces textes, provenant le plus souvent de conventions internationales, même si ils
ne sont que peu satisfaisants, sont parfois applicables depuis fort longtemps. Les textes
réellement dédiés au transport multimodal, nous le verrons, sont eux soient en attente de
ratifications suffisantes pour entrer en vigueur soit encore à l’état de projet.
La convention de Berne règle les rapports entre les ayants droit à la marchandise et le
transporteur, l’organisateur du transport se trouve lui garant du transporteur ferroviaire qu’il a
choisi. Nous avons ici le premier exemple de tentative de réglementation des transports
mixtes par le législateur.
La CIM impose depuis 1924 à la compagnie ferroviaire qui effectue une opération de
transport multimodal fer/mer un cadre très précis. Dans la situation fréquente, celle où la ligne
de navigation sur laquelle le transport maritime postérieur au transport ferroviaire est
effectuée est inscrite à l’Office de Berne qui gère les transports ferroviaires internationaux, le
transporteur ferroviaire pourra se prévaloir, pour le dommage subi par la marchandise pendant
le trajet maritime, des clauses d’exonérations spécifiques aux transports maritimes. En
revanche, les limites de responsabilité du transport ferroviaire s’appliqueront même à un tel
dommage.8
Les états signataires peuvent demander, lorsque l’évènement causant l’avarie ou la perte est
intervenue sur la phase maritime, le bénéfice de la convention de Bruxelles 1924. Dans tous
les autres cas c’est la CIM qui s’appliquera. Pour le multimodal terrestre route/fer c’est la
convention ferroviaire qui s’appliquera sous réserve d’un accord entre les parties
contractantes, et pour le route/fleuve la convention CIM s’appliquera sur les lignes inscrites
avec l’accord des parties.
Cette convention a été plusieurs fois complétée, notamment par Convention de Guadalajara
en 1961 et plus récemment par la convention de Montréal de 1999.
Elle prévoit cependant des dispositions relatives au transport combiné mais de façon très
limitée, la convention s’appliquant uniquement à la phase aérienne du transport multimodal et
autorisant dans le titre de transport des stipulations relatives aux autres modes de transport.
L’article 31 de la convention de Varsovie sur les transports aériens envisage le statut des
« transports combinés effectués en partie par air et en partie par tout autre moyen de
transport »,9 ce qui inclut les transports multimodaux transmaritimes mer/air ou air/mer.
Comme nous l’avons dit plus haut, la Convention de Varsovie consacre la liberté des parties
en n’interdisant pas, dans le cas d’un transport combiné, d’insérer dans le titre de transport
aérien des conditions relatives à d’autres modes de transport.
9
Voir « Le transport Multimodal Transmaritime », par le Professeur Pierre Bonassies, Annales de l’IMTM, 1988
Voir également le texte de la convention de Varsovie de 1929, document de Travail du cours de Droit Aérien de
monsieur Bernard Pestel
La convention est souvent utilisée dans les transports RO/RO 10 dans les relations
méditerranéennes et trans-manche. Cette convention est inspirée de la CIM dans son article 2
où elle envisage le transport multimodal. En effet, si le véhicule contenant la marchandise est
transporté par fer, mer, air ou voie navigable sur une partie du trajet sans rupture de charge, la
CMR s’appliquera de bout en bout. Le seul interlocuteur des ayants droit de la marchandise
sera le transporteur routier sauf si le dommage se produit dans une phase non routière sans
responsabilité personnelle du transporteur routier, il sera alors appliqué les dispositions
impératives de la réglementation propre au mode concerné.
Les conditions d’application de le CMR doivent cependant être précisées, seules certaines
opérations étant soumises à celle-ci.
-
Le dommage s’est produit au cours d’un transport routier
-
Une partie du transport fut faite avec un autre moyen de transport
-
Aucune rupture de charge ne fut constatée.
-
Le dommage s’est produit au cours d’un transport autre que routier
-
Le dommage n’est pas la conséquence d’une faute du transporteur routier
-
Le dommage a pour cause un fait qui n’a pu se produire qu’au cours ou en raison du
transport non routier.11
Les conditions d’application de la CMR semblent donc bien précises, mais il convient
cependant de rappeler la notion de Rupture de charge qui, aussi bien pour la CMR que pour le
transport multimodal en général présente une importance primordiale.
10
RO/RO : Roll on, roll off
11
Voir « La CMR », par Daniel Hoenig, cours de droit terrestre routier, année 2004-2005
UFR Stratégie et Gouvernance des Organisatons Année universitaire 2007-2008 24
Le transport multimodal
Dans une optique plus large, la rupture de charge au sens de la CMR c’est tout simplement le
débarquement de la marchandise du véhicule. Ainsi par exemple pour un conteneur qui arrive
au port sur un camion, si le conteneur est débarqué et mis sur une remorque esclave pour
embarquer sur le navire, il y a rupture de charge. Si le conteneur arrive au port sur une
remorque routière qui est dételée et mise à bord, la semi-remorque étant un véhicule, il n’y a
pas rupture de charge.13
Nous voyons que la CMR constitue un outil juridique relativement bien adapté au transport
multimodal international de marchandise.
12
Voir « Le transport Multimodal Transmaritime », par le Professeur Pierre Bonassies, Annales de l’IMTM,
1988
13
Voir « Le Transport Multimodal et la Logistique », par Jacques Bonnaud et Bernard Legal, Revue de Droit
Commercial, Maritime, Aérien et des Transport, 2001
La politique globale des transports doit également favoriser leur complémentarité et leur
coopération, notamment dans le choix d’infrastructures et par le développement des transports
combinés.
Cependant, cette longue maturation ne fut pas un gage d’application pour la convention de
Genève qui n’est toujours pas entrée en vigueur, 25 ans après son élaboration…, loin d’avoir
rassemblé les 30 pays signataires que nécessite cette adoption.
Pourtant, nombreux sont les praticiens du transport ou les juristes spécialisés s’accordant à
décrire la convention comme (potentiellement) satisfaisante. Les raisons des difficultés de sa
ratification se trouvent dans les articles qu’elle accorde non pas à des questions de transport,
mais à des questions douanières annexes. Le corps du texte est donc victime de sa périphérie,
ce qui est fort ennuyeux. Ces freins sont d’autant moins justifiés que comme le fait remarquer
le Professeur Bonassies, « la convention de 1980 n’entraînera pas cependant un
bouleversement total du paysage juridique en matière de transport multimodal ». Aux termes
de l’alinéa 4 de son article 30, elle ne s’appliquera pas, en effet, aux transports soumis à la
CIM ou à la CMR . En revanche elle s’appliquera à toutes les autres opérations de transport
multimodal, transport mer-fer, mer-route, ou même transport air-mer.
Mais avant même d’entamer le premier article, les rédacteurs de la convention mettent
l’accent sur l’importance du transport multimodal et de son développement. A leurs yeux le
transport multimodal est « un moyen de faciliter l’expansion ordonnée du commerce
mondial », il permet de « répondre aux besoins du trafic considéré », le développement du
transport multimodal est nécessaire « dans l’intérêt de tous les pays ».
Les rédacteurs posent ensuite en principe que la convention ne doit « porter atteinte à
l’application d’aucune convention ni d’aucune législation nationale concernant la
réglementation et le contrôle des opérations de transport ». La souveraineté étatique est encore
UFR Stratégie et Gouvernance des Organisatons Année universitaire 2007-2008 27
Le transport multimodal
affirmée lorsqu’il est écrit que « chaque état a le droit de réglementer et de contrôler au niveau
national les entrepreneurs et les opérations de transport multimodal ».
Enfin, c’est un principe d’équité entre pays riches et pays moins avancés qui est posé : «il est
nécessaire de tenir compte des intérêts et des problèmes particuliers des pays en
développement (….) ». L’équité entre les intérêts des fournisseurs et des utilisateurs des
services de transport multimodal est également reconnue, de même que la nécessité de
faciliter les formalités douanières.
Nous présenterons tout d’abord les parties introductrices relatives aux dispositions générales :
les articles 1 à 4.
Nous allons évoquer ces 4 articles qui cernent les définitions, le champ d’application, les
applications obligatoires, réglementation et contrôle du transport multimodal.
● L’article 1 est ainsi consacré aux définitions des différents termes et concepts du monde du
transport multimodal.
Nous y trouvons par exemple la définition du « transport multimodal international » qui est
caractérisé par : « le transport de marchandises effectué par au moins deux modes de transport
différents, en vertu d’un contrat de transport multimodal à partir d’un lieu situé dans un pays
où les marchandises sont prises en charge par l’entrepreneur de transport multimodal jusqu’au
lieu désigné pour la livraison dans un pays différent. Les opérations de ramassage et de
livraison des marchandises qui sont effectuées en exécution d’un contrat prévoyant un
transport par un seul mode de transport, telles qu’elles sont définies dans ce contrat, ne sont
pas considérées comme un transport multimodal. »14
Par « entrepreneur de transport multimodal » il faut donc entendre : « toute personne qui
conclut un contrat de transport multimodal pour son propre compte ou par l’intermédiaire
Voir texte de la « Convention des Nations Unies sur le Transport Multimodal International de Marchandises,
14
d’un tiers et qui n’agit pas en tant que préposé ou mandataire de l’expéditeur ou des
transporteurs participant aux opérations de transport multimodal, et qui assume la
responsabilité de l’exécution du contrat ».
Enfin par «contrat de transport multimodal » il faut entendre un contrat par lequel un
entrepreneur de transport multimodal s’engage, moyennant paiement d’un fret à exécuter ou à
faire exécuter un transport multimodal.
Cette double condition ne présente pas de grande originalité si ce n’est l’importance du fait
que les lieux de prise en charge et de destination doivent expressément être prévus, à l’avance,
dans le contrat de transport multimodal pour pouvoir se prévaloir de la présente convention.
Le deuxième point est particulièrement intéressant pour un lecteur ayant une approche
critique et comparative du transport multimodal par rapport au transport fractionné plus
classique. En effet l’article 3 prévoit que « aucune disposition de la présente convention ne
porte atteinte au droit de l’expéditeur de choisir entre le transport multimodal et le transport
fractionné ». Ce point nous semble primordial pour les chargeurs/expéditeurs qui pourraient
être préoccupés par un accroissement excessif du poids des transporteurs dans le rapport de
forces qui les oppose. Il ne faudrait pas en effet que l’avancée technique considérable
représentée par le transport multimodal ne se fasse qu’au profit des transporteurs en leur
donnant l’occasion de mettre en place une situation de quasi oligopole.
préexistantes ni les souverainetés nationales, souci préalablement exprimé dans les points
introductifs exposés ci-dessus. La convention ne porte ainsi nullement atteinte à l’application
d’autres conventions internationales ou lois nationales, de même qu’elle ne porte pas atteinte
au « droit de chaque état de réglementer et de contrôler au niveau national les opérations et les
entrepreneurs de transport multimodal…». Enfin le dernier point prévoit que l’entrepreneur de
transport multimodal « se conforme à la législation applicable du pays où il opère et aux
dispositions de la présente convention ».
Nous n’étudierons pas en détail la convention, évoquant simplement les points les plus
importants. Nous rappellerons cependant les sujets traités dans les différentes parties.
-
La seconde partie est consacrée au Document de Transport Multimodal (articles 5 à 13).
-
La troisième partie traite de la responsabilité de l’entrepreneur de transport multimodal
(articles 14 à 21)
-
La quatrième partie concerne la responsabilité de l’expéditeur (articles 22 et 23).
-
La cinquième partie traite des droits et actions (articles 24 à 27).
-
La sixième partie est elle dédiée aux « dispositions supplémentaires » (articles 28 à 31).
-
La septième partie concerne les questions douanières (article 32).
-
Enfin, la huitième partie est consacrée aux « clauses finales » (articles 33 à 40).
Puis nous trouvons les annexes concernant les questions douanières relatives au transport
multimodal international de marchandises.
Lorsqu’un document, négociable est créé, ses mentions font preuve de la prise en charge des
marchandises telles qu’elles y sont décrites. Et, « à moins qu’il n’y ait porté sur le document
UFR Stratégie et Gouvernance des Organisatons Année universitaire 2007-2008 30
Le transport multimodal
des réserves motivées, l’entrepreneur de transport multimodal ne peut faire la preuve contraire
à l’égard de tout tiers qui a agit de bonne foi en se fondant sur la description de la
marchandise (…). Et l’entrepreneur de transport ne peut remettre la marchandise qu’au
dernier endossataire du document négociable, et contre remise de ce document ».15
multimodal) ne devrait pas offusquer outre mesures les pays développées. L'élaboration de ces
deux projets de texte qui ont été à l'origine des deux conventions précitées avec la
contribution de la CNUCED, organe des Nations Unies plutôt que par le Comité Maritime
International réputé être plutôt sensible à la tradition maritimiste occidentale ne devrait pas
toucher la susceptibilité des pays occidentaux qui ont eu aussi leur mot à dire au niveau des
travaux préparatoires de la CNUCED et de la CNUDCI. L'Allemagne en particulier devrait,
avant tout autre Etat, ratifier la Convention des Nations Unies de 1978 dont-elle a proclamé
l'appellation Règles de Hambourg. Le boycott des Règles de Hambourg et de la Convention
de 1980 sur le transport multimodal a ébranlé sérieusement la confiance des Etats membres de
la communauté internationale dans le système international et remet en doute l'avenir de toute
concertation et de toute discussion relative à l'adoption de règles uniformes dans l'avenir.
"Loi impérative: Les présentes Règles ne prennent effet que dans la mesure où elles ne sont
pas contraires aux dispositions obligatoires des conventions internationales ou de la loi
nationale applicable au contrat de transport multimodal. "
Le contrat-type de la CCI contient en lui même une supercherie, car il est diffusé en tant que
document de la CNUCED–CCI. L'imposture est encore plus grave en raison de la réticence
(silence) de la CNUCED qui diffuse le document en mentionnant qu'il est "reproduit par son
secrétariat tel qu'il est parvenu". Le secrétariat de la CNUCED se fait ainsi le complice d'une
déstabilisation des Règles de Hambourg et des règles de responsabilité du transporteur
multimodal signées sous l'égide des Nations Unies. La réticence de la CNUCED est aggravée
le fait que son attitude est en contradiction avec le fait qu'en 1991, son secrétariat savait que
les Règles de Hambourg allaient entrer en vigueur le 1er novembre 1992. Le contrat-type de
la CCI suggère l'introduction de règles-types auxquelles les parties adhèrent.
Ainsi, d'après la CCI, le contrat de transport multimodal serait soumis à la loi d'autonomie
exprimée à travers l'adhésion des parties au contrat-type. Or, ce type de raisonnement remet
en cause des acquis de plus d'un siècle. En effet, la loi d'autonomie a été considérée depuis le
Harter Act de 1893 au moins au Etats Unis, depuis la loi Rabier en 1904 en France et depuis
1906 en Tunisie… comme incompatible avec la protection du consommateur du service
transport. C'est ainsi que les toutes conventions internationales sur le transport de
marchandises sont des conventions qui contiennent des règles matérielles à caractère impératif
qui s'imposent comme les lois d'application nécessaire (loi de police). Ce système s'intègre
aux règles générales communément admises en droit international privé qui prennent en ligne
de compte la mise en œuvre des lois d'application nécessaire qui ont le lien le plus étroit avec
le transaction. L'article 7 de la Convention de Rome de 1980 sur le droit applicable aux
obligations contractuelles édicte : "1- Lors de l'application, en vertu de la présente
Convention, de la loi d'un pays déterminé, il pourra être donné effet aux dispositions
impératives de la loi d'un autre pays avec lequel la situation présente un lien étroit, si et dans
la mesure où, selon le droit de ce dernier pays, ces dispositions sont applicables quelle que
soit régissant le contrat. Pour décider si effet doit être donné à ces dispositions impératives, li
sera tenu compte de leur nature et de leur objet ainsi que des conséquences qui découleraient
de leur application ou de leur non-application. (loi de police étrangère).
2- Les dispositions de la présente Convention ne pourront porter atteinte à l'application des
règles de la loi du pays du juge qui régissent impérativement la situation quelle que soit la loi
applicable au contrat". (loi de police du for).
A l'instar des dispositions de la Convention de Rome de 1980 qui lie tous les Etats Européens,
l'article 38 du Code de droit international privé tunisien dispose : "Sont directement
applicables quel que soit le droit désigné par la règle de conflit, les dispositions du droit
tunisien dont l'application est indispensable en raison des motifs de leur promulgation.
Le juge donne effet aux dispositions d'un droit étranger non désigné par les règles de conflit
s'il s'avère que ce droit a des liens étroits avec la situation juridique envisagée et que
l'application desdites dispositions est indispensable, eu égard à la fin poursuivie.
Le caractère de droit public de la loi étrangère n'empêche pas son application ou sa prise en
considération". C'est donc dans la loi de police qui a le lien le plus étroit avec l'opération de
transport qu'il faut rechercher la solution juridique de la responsabilité du transporteur
maritime1. Or cette loi ne peut être que la loi qui est celle du lieu d'exécution de l'obligation
finale du transporteur (lieu de livraison de la marchandise). Seule une règle de conflit de loi
laissant à chaque Etat, le droit souverain de régir la responsabilité du transporteur qui opère à
destination de points situés sur son territoire, est susceptible de résoudre définitivement le
problème de conflit de lois et de conventions internationales de droit matériel, problème qui
ne connaît pas de solution aujourd'hui en raison de la résistance de certains Etats qui veulent
imposer à tous des règles uniformes sur lesquels ils n'arriveront jamais à s'entendre. Ce n'est
pourtant pas là, la démarche suivie par la CNUDCI, dans son projet d'élaboration d'un
«instrument sur le transport de marchandises [effectué entièrement ou partiellement][par
mer]».
I. Le cadre règlementaire
Avant la loi n°16.99 les camions de moins de 8 tonnes proliféraient étant donné la lourdeur du
système en place et constituaient un marché du transport parallèle. Les transporteurs de cette
catégorie de camions pouvaient développer leurs activités sans contraintes d’autorisation et
s’adressaient a priori aux petits chargeurs non organisés. Ces transporteurs font partie du
transport informel. Les estimations du trafic détenu par cette flotte informelle à l’heure
actuelle sont de l’ordre de 85%. Traditionnellement le transport des fruits et légumes pour
marché intérieur est couvert par cette flotte informelle. Ce type de transport a pris une
ampleur sans précédent depuis la publication de la loi n°16.99 qui n’est entrée en application
que le 13.3.2003.
- la forte atomicité des entreprises (85% ont moins de deux véhicules), ce qui, en l’absence
d’une réglementation anti-dumping, a plongé le marché du transport routier de marchandises
dans une situation de concurrence prédatrice acharnée.
Le décret n°2-03-169 du 22 moharem 1424 (26 mars 2003) relatif au transport routier de
marchandises pour compte d’autrui ou pour compte propre (B.O. n°5096-30 moharem 1424
(3.4.2003) est venu pour préciser les modalités d’application de la loi 16.99 au niveau de
l’inscription au registre spécial de transporteur de marchandises pour compte d’autrui ou pour
compte propre, au registre spécial de commissionnaire de transport de marchandises ou au
registre spécial de loueur de véhicules automobiles de transport de marchandises avec ou sans
conducteur (chapitre I). Ce décret a précisé les titres et documents de marchandises pour le
compte d’autrui (chapitre II) et pour le transport pour compte propre (chapitre III). Un arrêté
ministériel n°664-03 du 22 moharem 1424 (26 mars 2003) précise les modalités d’application
du décret cité auparavant.
Ces textes sont clairs mais leur application dans le secteur se heurte à des résistances
inhérentes aux structures du transport routier au Maroc, à la non maîtrise des nouveaux textes
par les instances de tutelle, et à la difficulté à réguler le secteur de transport pour le mettre au
niveau de ce secteur pour le préparer à l’ouverture à la Zone de Libre Echange avec l’UE.
La route et les transporteurs routiers de marchandises vivent des problèmes qui entravent
véritablement leur développement et remettent souvent en question l’existence même de
certaines entreprises. On peut citer :
- vieillissement de parc de véhicules routiers ;
UFR Stratégie et Gouvernance des Organisatons Année universitaire 2007-2008 36
Le transport multimodal
- intégrateur de flux logistique de moins en moins développé dans certains créneaux porteurs
(la confection par exemple).
Le Maroc a opté pour des réformes réglementaires dans les transports de marchandises par
route (et terrestre). Toutefois une mise à niveau des entreprises marocaines de transport
international routier est nécessaire et urgente. Elle se situe à plusieurs niveaux :
organisationnel, technique, financier, facilitations et leur environnement institutionnel
(mesures d’accompagnement pour appliquer les règles de bonne gouvernance et éviter les
situations chaotiques).
Certes, le développement du TIR est au centre des préoccupations des responsables publics.
En effet des actions concrètes ont été prises récemment :
- l’extension par la douane des avantages des entrepôts sous douane aux entrepôts des
entreprises de transport (délocalisation des formalités douanières au terminal de l’entreprise),
Pour remédier à cette situation, un contrat programme 2003-2006 entre le Ministère de tutelle
et la FNTR a établi des actions pour assainir le marché et le rendre contestable sans
l’implication de la puissance publique comme régulateur.
Il faut ajouter un ensemble de problèmes concrets : non application des textes réglementaires
et institutions inadaptées à ce type de transport international, trafic de drogue, comportements
antiéconomiques des opérateurs portuaires au Maroc et en Espagne, coûts élevés des passages
portuaires, blocage des camions provenant du Maroc par les pêcheurs et agriculteurs
espagnols, constituent autant d’entraves au développement du TIR marocain.
Des investissements très importants ont été réservés au cours des vingt dernières années pour
améliorer et diversifier l’infrastructure portuaire. Actuellement, le Maroc dispose de 29 ports
dont 12 de commerce, 12 de pêche et 5 de plaisance. Le transport maritime joue un rôle vital
dans le développement économique du Maroc, la quasi totalité du commerce extérieur
Marocain s'effectue par voie maritime.
I. Le cadre règlementaire
Le cadre juridique inhérent à l’activité du transport maritime est constitué d’un ensemble de
lois, d’arrêtés et de décrets dont la pièce maîtresse est l’annexe I du dahir du 28 joumada ii
1337 (31 mars 1919) formant code de commerce maritime (DCCM).
En effet, le livre III de l’annexe I du DCCM intitulé « Des transports maritimes, des risques
de mer et des assurances maritimes » traite, entres autres, du contrat de transport maritime et
de certains contrats particuliers, de l'affrètement, du transport des passagers, du remorquage et
du contrat d’assurance. En outre, il y a les textes juridiques pris pour l’application de DCCM.
Il s’agit notamment pour:
Le courtage maritime :
Toutefois on n’a pas moins intérêt à faire en sorte que le coût du transport maritime soit le
plus faible possible. On doit pour cela, réaliser le niveau d'équipement qui permet d’optimiser
le coût de port à port. Pour avoir ce niveau il faut adopter un mode d'exploitation qui
minimise les coûts portuaires et ceci bien sûr avec l’aide de l’Etat. Or le coût à prendre en
considération, c’est celui qui est supporté par la marchandise, qui constitue le véritable client
du port: le coût est constitué par la somme des prix demandés aux chargeurs pour les services
rendus directement ou indirectement au trafic.
Aussi, il faut prendre en considération les frais portuaires qui sont très élevés, sans oublier la
taxe de la traversée du détroit, considérée comme étant la plus élevé au monde en
comparaison avec les autres taxes. Elle représente une fraction significative du coût du
transport maritime. Dans le coût de passage, celui de la manutention est majoritaire par ses
divers produits exportés de la région. En fait elle constitue un handicap majeur pour le
transport maritime. On peut aussi recenser d'autres limites à ce dernier :
- La vétusté de la flotte nationale, et son insuffisance pour le trafic maritime: avec de vieux
navires on ne peut guère dire compétitif sur les délais ni sur la qualité de la marchandise
transportée.
Mais le problème le plus marquant, c’est que ces navires ne sont pas renouvelables.
- L'absence d'infrastructure d'accueil, du fait qu'on ne possède pas d'entrepôts frigorifiques sur
place capables de supporter tous les produits destinés à l’export.
- La mauvaise circulation de l'information, qui a des retombées très graves sur la compétitivité
des produits, sur les délais et sur les coûts du fait qu'on assiste à une mauvaise rotation, à une
grande file d'attente des navires sur les quais (une attente par exemple d’une journée pour un
bateau coûte pour le chargeur environ 50 millions de centimes).
En plus, ce mode de transport souffre encore d'un ensemble d'handicaps qu’on résume ainsi :
- Au niveau de l'investissement :
absence d'un système d'immatriculation (ou double immatriculation), qui empêche les
armateurs nationaux de pouvoir réellement accéder au financement extérieur.
absence "des affrètements" (coque-nue). · absence de conditions préférentielles de
crédits accordées par la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) aux secteurs
fruitiers.
- Au niveau de l’armement : Pour pouvoir optimiser les résultats d'exploitation de la flotte les
problèmes suivants ont été recensés :
la concertation entre les chargeurs et les armateurs est faiblement renforcée, et ceci ne
peut être fait que par une meilleure adéquation entre les prévisions selon les
spécificités des différents marchés, ce qui mènera à un surcoût de fret dû aux attentes
des navires.
la gestion de la flotte par une grande implication de la région n’est pas globalisée dans
son exploitation.
enfin, il y a absence de coordination pour développer la couverture des programmes
par ligne et rotation régulière, ceci afin de redéfinir le mode d’ouverture par le marché
dit à "contrats".
Organisationnel et Opérationnel
Critiques des instances nationales et internationales
Monopole de fait de l’ODEP et oligopole organisationnel des sociétés de manutention
de bord
Dualité dans les opérations qui renchérit les coûts, freine la compétitivité, la
modernisation et l’ouverture
Forte demande de la vérité des prix
Forte protestation des opérateurs au niveau des coûts et des prestations
I. Le cadre règlementaire
Textes et conventions
Le transport ferroviaire au Maroc est régi par plusieurs textes :
- Le Cahier des Charges de l’ONCF approuvé par Décret Royal n°23-67 du 25 avril 1967.
· le contrat de transport ferroviaire intérieur est régi par le Code Marocain de Commerce (loi
n°15- 95 promulguée le 15 août 1996) et le Dahir formant code des obligations et contrats
du 12 août 1913.
En vue de développer les échanges commerciaux par rail entre les pays du Maghreb, l’ONCF
a signé avec les autres réseaux maghrébins les conventions ci-après :
- Le Tarif Commun Maghrébin Marchandises (TCMM) signé est entré en vigueur en Mars
1990.
Cependant, en raison des considérations purement politiques ayant entraîné la fermeture des
frontières entre le Maroc et l’Algérie, les échanges commerciaux de et pour le Maroc par voie
ferrée ont été suspendus à partir du mois d’août 1994.
Le Port de Casablanca est relié à la voie ferrée. Mais, du fait de l’exigence de célérité pour les
opérations de déchargement/chargement des navires, il est évident que les évacuations des
marchandises vers les entrepôts, magasins, plates-formes de stockage se font principalement
par camions et reprises par camions pour les acheminer vers leur destination finale.
Par ailleurs plusieurs obstacles se dressent au trafic ferroviaire marocain vers l’Europe.
Trafic Maroc-Europe
En effet, les résultats ne sont pas encourageants eu égard aux difficultés et obstacles
rencontrés pour lancer le trafic ferroviaire avec l’Europe et ce au niveau de 2 axes : Tanger -
Algeciras et Casablanca - Marseille.
L’inscription des lignes ferroviaires dans la liste des lignes soumises à la CIM n’a entraîné
pour l’ONCF que des changes financiers sans contrepartie commerciale.
En effet, les efforts déployés depuis 1972 pour l’élaboration d’un tarif direct devant régir les
transports entre le Maroc et certains pays européens n’ont pas aboutit, ce qui a poussé
l’ONCF à reconsidérer son attitude sur le principe de l’inscription de ses lignes à la CIM.
- Un accord a été conclu entre le Maroc et l’Espagne en 1978 mais il n’a pas été ratifié par le
parlement espagnol sous l’influence des organismes syndicaux en Espagne ;
- Une commission technique maroco-espagnole s’est réunie à Madrid en 1985 pour arrêter la
liste des produits dont le transit ne pose aucun problème à l’Espagne.
Cependant, cette question demeure à nos jours sans suite de la part des espagnols.
Le chemin de fer pourrait se positionner dans le marché des conteneurs. Pour cela, il serait
nécessaire que le déchargement des conteneurs se fasse directement sur les wagons ou qu’ils
soient acheminés sur des camions sous contrôle de l’ONCF (camions propres, loués, ou en
sous-traitance) vers des lieux d’entreposage branchés sur les voies ferrées afin de les
réexpédier par fer vers les destinations finales.
UFR Stratégie et Gouvernance des Organisatons Année universitaire 2007-2008 46
Le transport multimodal
Le chemin de fer ne pourra ainsi s’intégrer valablement dans la chaîne de transport que si les
opérations de chargement/déchargement s’effectuaient directement sur wagon et que leur
acheminement s’opérait à destination de zones embranchées. La stratégie en la matière doit
intégrer les opérations ferroviaires dans le processus général notamment par la réalisation de
plates-formes logistiques embranchées et judicieusement implantées.
C’est vers cette stratégie que s’oriente l’ONCF avec l’acquisition de moyens de transport
routier, création des plates-formes logistiques multimodales seul ou en association avec les
opérateurs privés et/ou les collectivités locales, construction de la ligne Taourirt-Nador et de
la desserte du futur Port Tanger Med.
porteurs et dans les marchés traditionnellement acquis au rail, mais tente surtout de drainer de
nouveaux segments moyennant des offres de service attractives et présentant des avantages
indéniables pour le client. C'est dans ce sens que l'Office développe des actions de
massification du trafic permettant de réaliser des économies conséquentes, des services
complets et de "porte à porte" évitant les ruptures de charge et délivrant les clients des
tracasseries logistiques… D'ailleurs, il encourage la promotion des embranchements
particuliers et la mise à disposition des clients de parcelles de terrain en occupation
temporaire au sein des gares tout en améliorant la qualité des prestations offertes sur les plans
délai, conditions d'acheminement, flexibilité, coût. » (Site de l’ONCF).
Les conventions internationales relatives au transport routier dont le Maroc est Partie
Contractante (en fin décembre 1996) sont les suivantes :
2) Convention relative au régime fiscal des véhicules routiers effectuant des transports
internationaux de marchandises, établie à Genève, le 14 décembre 1956. Elle est entrée en
vigueur le 29 août 1962.
3) Convention sur la circulation routière en date du 8 novembre 1968 ; elle a été ratifiée par le
Maroc le 8 avril 1981.
4) Convention sur la signalisation routière en date 8 novembre 1968 ; le Maroc l’a ratifié en
même temps que celle relative à la circulation routière.
ratification le 21 janvier 1993. Promulguée le 10 septembre 1993, elle est entrée en vigueur
pour le Maroc le 22 janvier 1994. Un projet de loi marocaine sur le transport multimodal a été
publié. Les dispositions de ce projet sont dans une large mesure la transcription des
dispositions de la convention des Nations Unies sur le transport multimodal international de
marchandises en date du 24 mai 1980. L’objectif de ces dispositions est de faciliter les
échanges extérieurs, les transports multimodaux et de régler le problème de la responsabilité
en cas d’utilisation de plusieurs modes de transport au niveau d’une chaîne des transports. Le
premier chapitre de ce projet est consacré à la définition des concepts et notions utilisés
(marchandise, entrepreneur de transport, expéditeur, destinataire...), le chapitre II, dont une
section est consacrée au contenu du document du transport multimodal, précise les
fondements de la responsabilité de l’entrepreneur du transport multimodal. Le chapitre III a
précisé la responsabilité de l’expéditeur ; le chapitre IV est consacré au contentieux et traite
les délais de préavis de perte, de dommage ou de retard et la prescription des réclamations et
actions. Les chapitres V, VI, VII sont consacrés respectivement aux clauses contractuelles,
avaries communes personnes habilitées à exercer le transport multimodal international.
Pour le Maroc, cette diversité est a priori prometteuse, mais elle risque de se solder par des
gaspillages de ressources face à une carence des compétences et des besoins en capitaux.
Cette diversité peut même conduire au discrédit du concept plates-formes logistiques.
Des arbitrages s’imposent donc, par le biais d’axes directeurs de planification des sites
logistiques pour assurer la cohérence des structures logistiques de plates-formes.
Le choix de plates-formes ouvertes aux opérateurs constitue la garantie de service public sans
discrimination. De telles plates-formes généreraient des activités multiservices sous forme de
« pools de services » (bourse de fret, douane, banques, assurances, services logistiques à
valeur ajoutée…).
Elles permettraient un accès plus aisé aux outils modernes de circulation physique et
informationnelle aux Petites et Moyennes Entreprises industrielles et de transport (surtout en
conformité avec l’esprit de la loi 16.99 qui intègre dans le transport formel des camions de
plus de 3,5 tonnes, les micro-entreprises de transport et le transport international routier et
multimodal).
Le pavillon marocain du TIR réalise 5% des exportations par voie routière de bout en bout. Sa
part atteint 19% grâce à la traction des semi-remorques européens des ports vers l’arrière
pays. Cette faiblesse consacre néanmoins la dépendance des exportations nationales par route
vis-à-vis notamment de la flotte routière espagnole (40%), française (20%) et les autres pays
de l’UE (21%).
En effet en 2002, les 200 véhicules marocains du TIR ont assuré le transport de 800.000
tonnes à l’export notamment des produits agricoles (agrumes et primeurs) et ceux du textile.
Cette faiblesse du pavillon marocain est due à des handicaps qu’il faut supprimer pour que la
flotte du TIR marocain contribue au développement des échanges transméditerranéens. Ces
handicaps sont de nature endogène et exogène.
- la supériorité des charges d’amortissement des engins de transport qui atteint près de 30%
par rapport à l’entreprise française ;
- un service dont la qualité est tributaire d’un manque de formation des conducteurs pour
garantir le transport avec une valeur d’usage optimale (fragilité, disponibilité, rapidité et
sécurité). De plus les quelques conducteurs que les entreprises nationales arrivent à former
sont attirés par de meilleures conditions de travail des entreprises européennes concurrentes ;
- les prix TTC prohibitifs des pièces détachées et notamment des organes de sécurité rendant
la maintenance plus chère ;
- l’émigration clandestine qui cause des avaries et manquants des produits du textile et des
retards dans les livraisons, ce qui entraîne la fuite de la clientèle ;
- la très petite taille des entreprises marocaines de TIR : une centaine exploitant près de 200
véhicules ;
- l’existence d’un accord bilatéral de TIR avec chacun des pays de l’UE entraînant
l’épuisement des contingents des autorisations et la multiplication des mesures de contrôle;
- les procédures laborieuses et souvent lentes pour l’octroi des visas aux conducteurs ;
- la forte concurrence des PECO et de la Chine pour les produits du textile et celle de
l’Espagne et de la Belgique pour les produits agricoles (agrumes, tomates…) se traduit déjà
par la diminution des tonnages exportés notamment par la flotte des véhicules marocains.
L’AMTRI a sensibilisé les pouvoirs publics à ces handicaps et proposé des solutions pour la
mise à niveau de l’entreprise de transport routier en général et celle de TIR en particulier, et
ce dans le cadre, d’une part, du contrat programme 2003-2006 passé entre la ENTR et le
Ministère de l’Equipement et du Transport et d’autre part, du Pôle de la libéralisation de
l’économie nationale auprès du Ministère en charge de la Mise à Niveau dans la perspective
de l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne en 2010.
Ceci étant, dans un souci de rationalisation, le transport routier devrait être intégré dans la
chaîne du transport multimodal car il constitue un élément essentiel en amont en aval du
transport maritime qui assure à lui seul le flux de 95% des échanges commerciaux du Maroc.
Les développements qui suivent s’inspirent des travaux du groupe TM de la Commission des
Transports du Plan de Développement Economique et Social 2000/2004.
Le TM devrait jouer le rôle qui lui revient après l’arrimage du Maroc à l’économie
internationale et son engagement ferme dans le processus de libre-échange appuyé par la
perspective de la réalisation des opérations suivantes :
- la perspective de réalisation à très long terme du tunnel sous le détroit de Gibraltar, réalisant
la liaison entre l’Europe occidentale et l’Afrique du nord d’une part et l’Afrique
subsaharienne d’autre part.
Les points faibles liés à cette absence de vision globale concernent plusieurs paramètres
constituant les éléments fondamentaux du développement du TM, dont notamment :
- les infrastructures et les équipements des différents modes sont insuffisamment harmonisés ;
- l’incitation des clients industriels et gros chargeurs à s’installer dans des zones accessibles
par chemin de fer pour être facilement desservis par ce mode.
CONCLUSION GENERALE
Le secteur des transports est au carrefour de la vie économique et sociale. C’est un intrant
important et crucial pour la compétitivité des produits et services marocains à l’export. Les
secteurs productifs ont besoin d’un appui logistique soutenu, aussi bien en amont pour les
pourvoir en matières premières qu’en aval pour la commercialisation et la distribution de leurs
produits finis.
Les transports, tous modes confondus, ont le devoir d’assumer ces fonctions essentielles qui
conditionnent la pérennité de l’activité économique et la compétitivité du label marocain sur
le marché international.
Le transport multimodal n’est pas très développé au Maroc. Il est quasi nul en tous cas pour
les transports intérieurs marocains. Il n’est mentionné qu’à l’export ou l’import. Cette
situation est le résultat de l’absence d’une vision globale du transport au Maroc :
- absence de normalisation des unités de charge aux ports, aéroports et gares ferroviaires ;
- faible réglementation des métiers des intervenants de la chaîne multimodale ;
- absence de dessertes ferroviaires dans la plupart des ports ;
- faiblesse de la conteneurisation des marchandises ;
- engorgement des ports et absence de fluidité de la circulation routière dans les hinterlands ;
- sous-exploitation des équipements de traitement du fret international dans les gares routières
et ferroviaires ;
- défaut d’information et de transmission de données.
Le problème de fond est l’absence de motivation de ceux qui devraient être les moteurs de
l’évolution de ce nouveau transport : les agents d’intégration ou les groupeurs censés avoir la
maîtrise de toutes les composantes de la chaîne logistique et de la chaîne des transports. C’est
un problème de compétence qui montre le manque de qualification des professionnels pour
affronter avec succès l’entrée dans ce marché porteur pour les échanges marocains.
Conscient de cette importance, le Gouvernement marocain accorde la priorité absolue à la
mise à niveau et au développement du secteur des transports pour lui permettre
d’accompagner l’ouverture de l’économie nationale et de répondre aux exigences nouvelles
de l’économie mondiale.
Cette volonté de réforme se veut globale et concerne tous les modes de transport aussi bien
dans leur composante réglementaire et institutionnelle que celle relative aux infrastructures et
autres plateformes, réforme primordiale pour le développement d’une fonction et d’un service
logistique performants aptes à faciliter les opérations de commerce extérieur et de stimuler les
échanges avec les pays européens et notamment ouest méditerranéens.
Ainsi, les sous-secteurs du transport, routier, maritime et ferroviaire, ont subi d’importantes
reformes. Le Gouvernement entend, ainsi, apporter son soutien au secteur et créer
l’environnement propice à la mise à niveau des entreprises nationales de transport afin de leur
permettre d’intégrer le marché international et réduire ainsi progressivement le déséquilibre
vis-à-vis de la flotte européenne sur les opérations de transport des produits marocains à
destination des pays européens.
Il est certain que tous les efforts déployés par le Gouvernement marocain dans le secteur
maritime, ferroviaire et terrestre seront renforcés et consolidés par le programme
d’investissement dans le secteur du transport actuellement en cours de réalisation et
notamment par la construction annuelle de 100 Km d’autoroutes, le doublement de la voie
ferrée entre Kénitra et Fes, la réalisation du projet de liaison ferroviaire Taourirt-Nador qui
desservira également le port de Béni Ansar et la réalisation du port Tanger-Méditerranée sur
un site particulièrement stratégique jouissant d’une proximité optimale de l’Europe.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
www.sescoma.sn
www.amicale-ensta.org
www.lexmaritima.net
www.jseinc.org
www.lawtel.com
www.admitalylawguide.com
Chapitre 1 :.........................................................................................................................................4
II.Conventon de Budapest........................................................................................................31
II.Contributon de la C.C.I..........................................................................................................32
CONCLUSION GENERALE......................................................................................................................56
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................................................58