Sulzberger Max. Ὄνομα ἐπώνυμον. Les noms propres chez Homère et dans la mythologie grecque. In: Revue des Études
Grecques, tome 39, fascicule 183, Octobre-décembre 1926. pp. 381-447;
doi : 10.3406/reg.1926.5277
http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1926_num_39_183_5277
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ
ET DANS LA MYTHOLOGIE
(1) J'ai cité les fragments du Cycle épique d'après l'édition de M. Allen, et
ceux d'Hésiode d'après Rzach3.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΙΙΝΓΜΟΝ 383
(1) P. Linde, Homerische Selbsterlauterungen (Gloita XIII, 1914, pp. 233 sq.).
Ainsi δψ'.μον όψιτέλεστον Β 325 : le second mot semble une glose du premier.
(2) Β 532 et 583.
(3) θ 472.
(4) θ 382, 401 ; ι 2 ; λ 355, 378 ; ν 38,
(8) ζ 12.
(6) θ 8, 13, 56.
(7) η 176, 178; θ 2,4, 385, 421, 423; ν 20, 24, 49, 64/
(8) ζ 17, 196, 213, 299; η 85, 93 ; θ 464.
(9) η 231.
384 MAX SULZBERGER
(1) Schol. I 5C2 ; δ 326 et 630; Eustathe ad IL, pp. 513, 742, 776; ad Od.,
pp. 1390, 1474 etc.... Cf. T. D. Seymour, Classical Revieiv, III, 1889, p. 239;
Leaf, The Iliad, I, 2« edit. Londres, 1900, n. sur 402 sq.; P. Cauer, Grundfragen
der Homer krilik, Leipzig, 2° éd., 1909, pp. 408 sq. Voir aussi, dans le Handbuch
d'Ivan Muller, Gruppe, Griechische Mythologie und Religionsgeschichte, Munich,
1906, II, p. 741, n. 4 ; et dans le Levikon de Roscher-Hofer, s. v. Odysseus, 1II5
col. 649 et, Johannes Schmidt, s. ν. Tisamenos, V, col. 986.
386 MAX SULZBERGER
(1) C'est-à-dire un seul dont le poète ait donné une étymologie explicite ; mais
il faut ajouter les noms qui, sans qu'Homère le dise, ont une origine de même
espèce.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ 389
(1) Bien entendu Αινείας est probablement un mot asianique. Cf. la ville
ά'Αΐνιος Δ 520 et le Péonien Αί'νιος Φ 210 ?
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ 391
(1) Πολυχρύσοιο Μυκήνης Η 180, Λ 46, γ 305. Sur la richesse proverbiale des
Pélopides, cf. δ 45 sq. ; 71-75; Hésiode fr. 94, 25; Thucydide, I 9.
392 MAX SULZBERGER
(1) Hésiode,. Théog., 288, 297, 351, 980 sq. ; Hymne à Dém. 419; cf. καλλίροος
épithète de l'Océan dans les Hymes Orphiques 32, 1 et 420, 1 Abel.
394 MAX SULZBERGEK
(1) A se placer au point de vue d'Homère, car il ne s"agit pas ici d'étymologies
scientifiques. Hector est probablement le plus ancien Dardanide fourni par la
tradition. C'est sans doute d'après son nom, qu'ils ont interprété — à tort, on
va le voir — comme un dérivé de ε/ω, que les poètes épiques ont imaginé
Laomédon, Priam et Astyanax. Pour ce dernier, cependant, une explication toute
différente a été proposée par M. P. Roussel (Rev. Et. gr., XXXII, 1921, .p. ï82
sq.).
(2) Ε 541-549 ; Ζ 154 sq. et 196-206.
(8) Ainsi Sophocle, fils de Sophillos ; Nicias, fils de Nicératos; uémosthène, fils
d'Alcisthène.
(4) Άγήνωρ, fils ά'Άντήνωρ ; Ίππομαχος, fils α'Άντίμαχος Μ 189.
(5) Athénée X, p. 448.
400 MAX SULZBERGER
(1) Κάλχας (de καλχαίνω?); Καλυψώ (« celle qui cache, qui recèle ») ; Εύμαιος
(« le bienveillant » ?) etc. . .
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 401
II
(1) C'est la seule partie de Γ Iliade, — elle est du reste admirable en soi —
qu'il y ait de vrais motifs d'exclure du poème. Quelques passages donnent à
penser qu'elle est de composition récente. Le rassemblement de la flotte à
Aulis (B 301 sqq.) n'est mentionné nulle part ailleurs dans Homère, pas plus que
Je sacrifice d'Iphigénie, qui s'y rattache. Selon la version primitive, chacun des
chefs grecs s'était rendu isolément à Troie (τ 185-202).
(2) Cf. Eustathe, 1669, 41.
(3) Le terme iïéponymie, plus juste peut-être, comme on le verra plus loin,
serait beaucoup moins clair.
402 MAX SULZBERGER
(1) Selon Hérodote dans Schol. Laur. Apoll, Rhod. Arg. Β 1122, Aiètès a pour
fille Χαλκιόπη. Cf. χαλκίς ? nom d'un oiseau de proie dans Homère S 291.
(2) On sait que d'autres considérations avaient depuis longtemps fait admettre
la « jeunesse » de ce passage.
(3) Cf. Cléopàtre.
404 MAX SULZBERGER
(1) J. A. Scott, The Unity of Homer, California, 1921, pp. 225 sq. On y
pourrait ajouter d'autres arguments. Par exemple, Alexandre est seul des fils de
Priam à porter le titre de βασιλεύς Δ 96. 11 habite à part de son père et de ses
frères (Z 242 sq. et 312 sq.). D'après une tradition probablement ancienne,
c'est lui qui tue Ajax {Argument de VAjax de Sophocle, ad finem).
(2) Ε 413.
(3) VoirW. Schultze, Geschichle der lateinische Eigennamen, Berlin, 1904, in-4°,
648 pp.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 405
II n'est pas aisé d'expliquer l'adoption d'un usage à nos
yeux si étrange. Sans doute il faut le rattacher aux rites de
la naissance, que l'on retrouve chez tous les peuples primitifs,
et aux rites de communion entre membres de la même famille.
Aux yeux de la plupart des poètes grecs, il y a une conformité
nécessaire entre le caractère et même la destinée des parents
et des enfants. Ce n'est pas chez Homère, beaucoup plus
« moderne » que ses successeurs, qu'il faut en chercher des
exemples, mais plutôt chez Pindare, Eschyle et Sophocle.
Cependant un vers comme Ζ 127 = Φ 151 :
Δυστήνων δε τε παίδες εριω ι^ένεΐ. άντ(.όωσιν
indique nettement cette conception du malheur attaché à toute
une famille, conception si fortement marquée dans tant de
légendes, comme celles des Labdacides et des Atrides.
D'autre part, la croyance à la vertu du nom, et à son
influence sur le sort de celui qui le porte, était vive en Grèce
même aux temps classiques (1). On ne trouve rien de tel dans
Homère, le moins « primitif » des poètes anciens, mais il n'est
pas douteux que cette idée n'ait existé chez les Grecs comme
chez tous les peuples. Et là est le principe de la patronymie :
elle est un « rite de communion », un moyen de maintenir, de
confirmer et de perpétuer les liens qui unissent les
représentants successifs du γένος.
Il faut ajouter cette idée, si répandue dans toute l'antiquité
et même dans Homère, que le passé est toujours supérieur au
présent, et le père au fils. V. β 276 sq.
Παΰροι γαρ το ι παίδες οποίοι πάτο Ι πέλονται ·
οι πλέονες κακώυς, παϋροι δέ τε πατρός άρείους (2).
« L'âge d'or » est au fond de la pensée de tous les anciens,
philosophes et poètes, et leur idéal, ce n'est pas seulement le
(1) Cf. Hérodote, I 43, VII 80, IX 91 ; Sophocle, Ajax 430 sq.; Aristophane, Nub.
60 sqq. ; etc..
(2) Le second vers peut être interpolé d'après Hésiode; cf. Eustathe ad Horn.
124, 37.
406 MAX STJLZBERftER
(1) Les noms grecs que l'on croit avoir lu sur les tablettes hittites paraissent
ne rien avoir de commun avec la patronymie.
408 MAX SULZBERGER
(Ί) Ou peut-être « qui ose la guerre », mais cette interprétation est moins
probable.
(2) Cf. Genèse XXXV, 18 : Ben-Oni = « fils de la douleur ».
OiN OM A E IK2N V JV1ON 411
(1) Jamblique, Vie de Pythagore, 36. Cf. Genèse IV, 26 : Enosch : « faible ».
(2) Pour les noms dérivés de κόπρος, M. Perdrizet, Rev. Et. Ane. XXIII, 1921,
pp. 85 sq., a proposé une autre explication, très ingénieuse, mais qui ne vaut,
seinble-t-il, que pour certains cas.
(3) II n'e^t donc pas certain que Πολυνείκης ait une origine asiatique, comme
le veut C. Âutran, Introduction à l'élude critique du nom propre grec, Paris,
Geuthner, 1922, p. 1 sq.
(4) II ne serait pas impossible qu'Euripide, Β ace h. 1318 sq., se fût souvenu
d'une scène épique du même genre que τ 399 sqq. et où Πενθεύς était expliqué à
peu près comme Όδυσ«ύς dans Homère.
ΟΝΟΜΑ ΕΙΚίΝΓΜΟΝ 413
patronymie, Bb est le seul où elle se présente à l'état pur et
exempte de tout mélange avec d'autres coutumes.
La seconde patronymie, plus fréquente, et dont les exemples
ne sont jamais expliqués, ce qui indique peut-être qu'elle
était familière aux auditeurs, a dû sortir de la première d'une
façon toute naturelle, par adaptation des vieux usages aux
idées plus simples et plus larges des contemporains d'Homère.
Cependant, on pourrait lui attribuer une tout autre origine,
car la Bible fournit de la deuxième patronymie un exemple
très net et accompagné d'une explication, ce qui n'arrive
jamais dans Homère. On voit dans l'Exode, II 22 et XVIII 4, que
Moïse, ayant deux fils de Séphora, nommele premier Garsam (1)
(« étranger ») « car, dit-il, je suis un étranger sur la terre
étrangère », et le second Eliézer (« protégé de Dieu »), « car,
dit-il, le Dieu de mon père m'a secouru ». Ces deux exemples,
qui n'en font qu'un, n'ont point d'analogues, je crois, dans le
monde sémitique, et l'on serait tenté d'y voir une influence
égyptienne. J'ignore si rien, dans les textes hiéroglyphiques,
autorise une telle supposition.
Il arrive, par un renversement à la fois étrange et assez
naturel, que le père ait pour nom une épithète de son fils (2).
La mère d'Héraclès s'appelle 'Αλκμήνη, cf. Hésiode, Théog. 943 :
Αλκμήνη δ',άρ' έτικτε βίην Ηρακληείην et 526 = 950 : 'Αλκμήνης
καλλισούρου άλκιμος υιός. Celle d'Ajax est Άλκιμάχη (3). Le
brigand Sinis, tué par Thésée, est fils de Πολυπήμων (4), « qui
fait beaucoup de mal ». Le Soleil et l'Aurore sont nés de
Ύπερίων (5) et de Εύρυφάεσσα (6). Nirée, δς κάλλιστος άνήρ υπό
Ίλιον ήλθεν Β 671, est fils de Χάροπος (« aux beaux yeux » ou
(1) Cité par Seymour, loc. cit. La rédaction de V Exode et celle de Γ Iliade
semblent à peu près contemporaines (ixe-vme siècles).
(2) La remarque est de Gruppe, op. cit. II, p. 751, n. 4. Cf. P. Cauer, loc. cit.
(à) Carmen Naupaciium, fr. 1 Kinkel.
(4) Apollodore, III, 218.
(ο) μ 176 ; Hymne hom. au Soleil, ί. Ύπερίων est primitivement utie épithète du
Soleil (Θ 480, Τ 398, α 8 etc.).
(6) Hymne au Soleil, 2, 4.
REG, XXXIX, 192«, n· 183. 27
414 MAX SULZBERGEK
(1) Du moins, tel peut avoir été l'un des sens du mot. Cf. Hésychius s. v.·^
Etym. Magn. 807 ·, Théocrite, XX, 35.
(2) χ 287.
(3) Φήμιος, chanteur des prétendants, est appelé Τερ-πιαδης χ 331. Est-il fils
d'un aède, ou bien le nom du père est-il une épithète du fils? Cf. plus loin les
généalogies d'Homère et de Musée. Théocrite, XXIV 129 : Castor, qui a enseigné
à Héraclès à « commander les cavaliers », ίττπήεσσι κελεϋσαι, est nommé Ί
c'est-à-dire sans douté « fils du cavalier ».
ΟΝΟΜΑ Ε11ί2ΝΓΜΟιΝ 415
(1) II y a un Κήρυξ dans la généalogie de Musée (Schol. Soph. Œd. Col. 1053).
(2) Fr. 156 Diels (Diog. Laert., Vlll, 60).
(3) Anthol., VIII, 60.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 417
(1) ldv ibid., 342. Aux vers suivants, Ton voit que Méné-cratès a un frère
nommé Πραξι-μένης, par application d'une coutume plus récente que la quatrième
patronymie.
(2) Id. ibid., 368.
(3) Id. ibid., 396.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 419
Phronima, fille d'Étéarque (« la sensée », fille du « véridi-
que ») à Axos en Crète (Hérodote IV, 154).
Όπώρα, fille de Στάχυς [IG II 2762).
"Ηδυλος Φιλαΐδης (IG ï 260).
iVlexandre, fils d'Amyntas fils d'Alcète (Hérodote, VIII 139,
etc. cf. Pindare, Encom. 2 Puech.).
Δόλιχος Συύκρωνος, ine siècle (IG VII 2724 c 5). Patronymie
par opposition. Cf. Αψων, « rouge-sang », fils de ΧΧώρος « vert ».
Άγαθίδας Καλλίκράτεος à Ambracie (C1G, 1800, 7).
Άγάθυλλος Αίνησίλα à Delphes, ive siècle (Dittenberger,
Sylloge*, 241 135).
Μέναλκος Άρ-.στομένεος {IG V1 1425, 5).
Τυραννίας Αύτομήδου Θηβαίος (Dittenberger, S'y//3., 690, 1. 6 ;
IIe S.).
Άγάθυμος 'Αδειμάντου [IG II 608, 6 ; ive s.).
Άγαθάρρος Καλλιβίου [IG V2 442, I, 20 ; ne s.).
Mais ces exemples, du reste souvent douteux, sont rares et
clairsemés. Les règles les plus en usage durant la période
classique sont très différentes, bien qu'elles semblent dérivées de
la quatrième patronymie. La plus répandue consiste à donner
au nouveau-né le nom de son grand-père ou d'un autre de ses
parents (1). C'est ce qu'on pourrait appeler la cinquième
patronymie. Elle n'est sans doute qu'une simplification de la
quatrième. Elle se montre déjà dans Y Iliade. Le Lycien Glaucos
porte le nom de son bisaïeul (2). En Ε 541-549 figurent Κρήβων
et Όρσίλοχος ou Όρτίλογος, fils de Dioclès et petit-fils d' Όρσί-
λοχος. La coutume existait donc, bien qu'à peine en germe, à
l'époque homérique. Un peu plus tard, il arrivera que le fils ait
le même nom que son père, ainsi à Olympie (3) ou à Thèbes (4).
Le but de la cinquième patronymie est de faire revivre dans le
(1) M 189.
(2) Slromates, VI, 2, 25, 1.
(3)tDiogène Laërce,|tX, 1. Cf. Suidas, s. v.
(4) Ahijah et Ahimelech, fils cTAhitub.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ 421
(1) Sigfrid, fils de Sigraund; Hagebrand, fils de Hildebrand, fils de Hérébrand, etc.
(2) Ne pas confondre « patronymique » et « patronymie ».
(3) Ω 257.
(4) Cf. Ε 26S, Γ 230 sq.
(5) Cf. Roehl, Inscr, gr. antiquiss., \.
(6) Cf. Eustathe, ad Horn., 1390, 37?
422 MAX SULZBERGER
Δέσποιναν jxèv πρώτα κ'/χήσεαι εν ριεγάροίσιν '
Άρη τη ο' ovofj.' εστίν έπώνυμον, εκ δε τοκήων
55 των αυτών, οι'περ τέκον Άλκίνοον βασιλήα.
La difficulté que soulève τοκήων a été finement résolue par
M. Shewan (1). Mais έπώνυίΛον, que le contexte n'explique ni ne
développe, a paru étrange aux commentateurs, et a suscité
plusieurs hypothèses arbitraires. On a supposé que ον<ψα έπώ-
νυ[Λον signifie simplement « le nom dont elle se nomme », ce
que rien n'autorise. Bergk imagine une lacune entre επώνυμον
ei έκ. M. Bérard, pour rapprocher 54 de 71, λαών oï ριίν ρα θεον
ως είσορόωντες, « athétise » tout le passage intermédiaire, ce qui
lui permet de substituer au vers 146 un vers de sa façon.
Mais il n'est guère probable que le nom d' Άρήτη la
caractérise elle-même, ce qui serait tout à fait exceptionnel dans
l'épopée homérique. Son nom est « significatif », mais non pas
de ses vertus ou de sa gloire à elle. C'est une épithète de son
père, 'Ρηξηνωρ άντίθεος (2), ou mieux encore de son grand-père,
Ναυσίθοος θεοε'.δής, sauveur des Phéaciens et fondateur de leur
ville (3). Le fait qu'au vers 54 έκ δέ τοκήων suit immédiatement
έπώνυριον confirme cette interprétation. "Ονορια επώνιψον, ici
comme ailleurs, est le terme consacré pour désigner le nom
déterminé par la patronymie, et le texte doit se traduire :
« Arètè est son nom selon la patronymie ».
L'histoire de la patronymie peut se résumer, à grands traits,
mais avec assez de vraisemblance, dans le tableau suivant :
Premier stade. — La patronymie n'existe pas encore. Les
noms des divinités ou des héros légendaires sont souvent
inintelligibles à nos yeux. Ceux qui sont grecs ne semblent pas
relever de la patronymie. Beaucoup de personnages divins sont
des abstractions personnifiées et portent donc un nom qui les
(1) Classical Review, 1925, p. 145 sq. Au vers 112 du Bouclier d'Héraclès, le fils
et le petit-fils d'Amphitryon sont appelés δύο παΐδας άμύμονος Άλκεΐδαο, ce qui
n'est pas plus étrange que d'assigner à τοκί,ες le double sens de parents et de
grands-parents.
(2) η 146.
(3) ζ 3-10.
ΟΝΟΜΑ ΕΙΚ2ΝΓΜΟΝ 423
'
était au moins mentionné, un poème ou fragment de poème
dont I 527 sqq., est le résumé, un autre sur Enée.(d), peut-
être une Télémachie, etc..
La première patronymie comporte plusieurs variétés, dues
probablement en partie à l'influence d'autres usages, et dont la
succession chronologique est impossible à établir. Elles peuvent
du reste avoir existé simultanément.
Troisième stade. — L'évolution des mœurs religieuses et de
la vie sociale amène un changement dans l'aspect de la
patronymie. Désormais, le nom de l'enfant est une épithète de son
père ou de son aïeul, aussi bien dans la réalité que dans la
poésie. Quelques divinités secondaires et un grand nombre de
héros viennent grossir la population mythologique. Si l'on
croit à plusieurs rédactions successives des poèmes homériques,
on peut admettre que la composition de Ylliade, à peu près
telle que nous l'avons aujourd'hui, moins le dixième chant et
quelques épisodes, remonte à cette époque.
C'est vers la môme date qu'il faut placer la naissance
d'Hésiode et de son frère Perses. Mais il ne faut pas oublier que la
succession chronologique des différentes formes de la
patronymie n'a sans doute pas été la même dans toutes les régions
grecques. La deuxième patronymie peut n'avoir passé en Grèce
continentale qu'après avoir déjà disparu de l'Asie.
La troisième semble à peu près contemporaine, ou à peine
plus tardive. Mais elle a survécu plus longtemps, et l'on en
surprend encore quelques vestiges dans la période classique.
Quatrième stade. — Le nom du fils est un synonyme
approximatif du nom du père. Cette coutume, transformation
naturelle de la précédente, a fourni le nom de quelques personnages
qui apparaissent dans les parties les plus jeunes de Ylliade et
de l'Odyssée. Archiloque en fournit le plus ancien exemple
historique, qui remonte aux environs de l'an 700. Mais elle est
probablement beaucoup plus ancienne.
111
(1) Cf. Μήτιν... πολυδήνε1 έοΟσαν au vers 6 d'un fragment cité par Chrysippe (dans
Galien, De plac. Hippocr. et Plat., III, 8) et qu'Uesener tenait pour extrait d'une
version ancienne de la Théogonie,
(2) V. 144 sq., 195 sq., 280-284.
(3) V. 207-210. Cf. « Orphée », fr. 13 Diels (Athenag. Leg. 18).
ΟΝΟΜΑ EIIliNTMON 427
doute le poète l'ignore, puisqu'il en donne une autre
explication, v. 262 :
Νημερτης θ' ή πατρός έχει. νόον αθανάτου.
A en juger de ce point de vue, la Théogonie est donc un
ouvrage des plus tardifs. Le vers 1001 nomme Μήδειος le fils de
Μήδεια. Un nom de cette origine, absolument unique à cette
époque, ne peut se rattacher qu'à la « sixième patronymie »,
la plus re'cente (1).
Hésiode, si toutefois la Théogonie est de lui, n'a donc pas
connu la patronymie. Il se pourrait qu'elle n'eût pas existé en
Grèce continentale. Cependant il est probable que le nom de
Perses a été donné au frère d'Hésiode, non par son père, mais
par les habitants d'Ascra, ce qui ferait supposer qu'ils
connaissaient et pratiquaient la patronymie. Le plus naturel est de
penser que cet usage existait encore lors de la naissance
d'Hésiode et de Perses, mais avait disparu, au moins en poésie, à
l'époque où Hésiode, déjà mûr ou vieillissant, écrivait les
Travaux.
Le Bouclier d'Héraclès ne donne rien, sauf un passage assez
curieux, dans la partie du poème que l'Argument I dit
emprunté au « quatrième catalogue ». Vers 48 sqq. :
"H οε θεώ δ|^ηθεΐσα καΐ άνέρι izoWbv άρίστφ
Θήβη εν έπταπύλψ δ·.δυρ.άονε γείνατο παίδε
50 ου καθ' όρ.α φρονέοντε ' κασιγνήτω γε ptiv η στη ν ·
τον jj-έν -^ειρόζερον, τον δ' αύ |Λ·έγ' άρ,είνονα φώτα,
δεί,νόν τε κρατερόν τε, βίην Ηοακληείην ·
τον [Λεν υποδρ,ηθεΐσα κελαινεφέϊ Κρονίωνι,
αύταρ Ίφΐ,κλήα δορυσσόφ. Άυ.ωιτρύων..
Il saute aux yeux que le 'χειρότερος Iphiclès doit son nom à la
bravoure de son père. Mais ce passage, non plus qu'aucun autre
du Bouclier, ne permet de dire si l'auteur connaissait la
patronymie.
(1) Comme on l'a vu, la règle vaut aussi bien quand c'est le père qui doit sou
nom au tils.
(2) C'est-à-dire le temps de la gestation. Cf. Euripide, Bacch., 99 sq. (Weckleiu).
(3) La légende d'io est antérieure môme à VAigimios et à la Danaïde. Cf. A Se-
veryns, Musée Belge, XXX, 1926, p. 119 sq.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 433
Κα! Ζευς γ' έφάπτωρ χεί·ρ! φιτύε». γόνον.
— Τις ουν ό ΔΤος πόρτί,ς ευνεται βοός ;
— "Επαοος αληθώς ρυσίων επώνυμος (1).
(1) Fr. 7.
(2) Cf. par exemple Théognis, 425 sq. avec Œd. Col., 1225 sq.
(3) Athénée, VU, p. 271 E.
(4) οίσεπτος 542, ανόσιος 1054.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΊΓΜΟΝ 435
(1) Athénée, X, 418 d. Se souvenir q\ie dans Homère, "πποι signifie souvent
les chevaux et le char ».
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 441
(1) Cf. dans Eschyle, Agamemnon, 687 sq., l'interprétation de Ελένη, « la perte
des navires », de έλεΐν νχΰς. Sur la compétence maritime de Danaos, v. Eschyle,
Suppl., passim, notamment Π7, 764 sqq.
(2) L'équivalent sémantique de palus, λίμνη, signifie quelquefois « mer » (N 32).
(3) Ε 49.
(4) Δ 296.
(5) Ρ 467.
(6) Schol. Pind., Nem. II 16. On pourrait y corriger ot αστέρες en 6 Άσκραϊος.
Cependant le passage vient peut-être d'un poète cyclique. Cf. Schol. Σ 486.
ΟΝΟΜΑ ΕΠί2ΝΓΜΟΝ 443
Max SlJLZBEKGIiR.
(1) Cf. Vita Romana, éd. Wilamowitz, Bonn, 1916, p. 31, ]. 26.
(2) Cf. le papyrus contenant un extrait du Μουσεΐον d'Alcidaujas, publié par
j. G. Winter, Transactions and Proceedings of the American Philological
Association, LV1, 1925, pp. 120-129. Sur les Vies d'Homère, v. Allen, Homer, The
Origins and the Transmission, p. 11-41.
(3) Κυμαίων ? Mais cf. Pausanias, X, 24, 2.