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Revue des Études Grecques

Ὄνομα ἐπώνυμον. Les noms propres chez Homère et dans la


mythologie grecque
Max Sulzberger

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Sulzberger Max. Ὄνομα ἐπώνυμον. Les noms propres chez Homère et dans la mythologie grecque. In: Revue des Études
Grecques, tome 39, fascicule 183, Octobre-décembre 1926. pp. 381-447;

doi : 10.3406/reg.1926.5277

http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1926_num_39_183_5277

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s£\

ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ

ET DANS LA MYTHOLOGIE

Les pages qui suivent ne prétendent pas à être une étude


générale sur les noms propres dans la mythologie grecque. Je
ne me suis attaché qu'à mettre en lumière un point qui, bien
qu'à peine remarqué des commentateurs anciens ou modernes,
est le plus frappant de l'onomastique d'Homère, le plus
considérable aussi, et, à nos yeux, le plus étrange.
Peut-être en ai-je exagéré l'importance, et en effet, fà voir
que personne n'a sérieusement pris garde à un fait qui pourtant
saute aux yeux, je serais tenté de croire que je l'ai vu plus
grand qu'il n'est. Cependant les exemples sont si nombreux
et d'une telle netteté, et ils permettent d'expliquer tant de
choses, qu'on ne peut guère les révoquer en doute. J'ai tâché
de les présenter dans l'ordre le plus clair et d'en former un
ensemble cohérent et naturel. Cela ne pouvait se faire sans
recourir à un certain nombre de suppositions toutes gratuites,
et il est possible que les coutumes homériques, pour ce qui
est du choix des noms propres, aient suivi l'évolution inverse
de celle que j'ai cru apercevoir.· On pourrait soutenir aussi
qu'elles n'ont pas exactement correspondu aux usages réels,
et se demander dans quelle mesure il est légitime de tenir
l'épopée pour un document d'histoire.
Cependant, là surtout où l'archéologie se tait, l'on en est
réduit à considérer V Iliade et V Odyssée comme un tableau à
peu près fidèle de la vie grecque primitive, ou, tout au moins,
REG, XXXIX, 1926, no in, η
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du passé tel que l'imaginaient les poètes. En attendant que les


découvertes hittites nous aient apporté des renseignements
d'une solidité plus certaine, il est permis de demander à
l'œuvre d'Homère ce qu'elle peut renfermer encore de données
historiques.
La grande difficulté d'une telle recherche consiste en ce que
les civilisations de plusieurs âges et les mœurs de régions très
diverses semblent s'être confondues dans l'épopée d'une
manière indiscernable. L'étude chronologique des institutions
originelles ne repose que sur des indices très légers, souvent-
contradictoires, et, quand les secours extérieurs font défaut, l'on
ne peut se flatter d'arriver à un résultat sûr. Ainsi la coutume
dont il va être question, si elle paraît exister dans ce que nous
possédons des autres ouvrages attribués à Hésiode, ne se
montre ni dans la Théogonie ni dans les Travaux et Jours. Est-
ce parce qu'elle n'a jamais existé en Grèce continentale, ou
parce qu'elle y était abolie au temps d'Hésiode, ou pour une
autre raison encore ? C'est ce qu'on ne peut dire.
Un examen plus approfondi donnerait probablement des
clartés nouvelles sur quelques-uns des problèmes homériques
ou hésiodéens, sur l'ethnographie, sur l'histoire des croyances
religieuses en Grèce. La linguistique aussi pourrait en profiter,
et bien que les usages dont il s'agit concernent seulement la
façon dont lesplus anciens Grecs choisissaient ou formaient les
noms propres, cette étude permettrait de fixer le sens d'un
certain nombre de mots grecs ou même asiatiques.
Je me suis borné ici aux témoignages que l'étymologie des
noms propres, permet de surprendre, touchant le contenu des
légendes archaïques ou des poèmes contemporains d'Homère,
chez les écrivains tardifs, et j'ai à peine touché les autres
points, satisfait si j'ai réussi à en montrer l'intérêt, et
souhaitant que d'autres, plus avertis ou mieux armés, les reprennent
avec plus de science (1).

(1) J'ai cité les fragments du Cycle épique d'après l'édition de M. Allen, et
ceux d'Hésiode d'après Rzach3.
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11 arrive assez souvent, dans Y Iliade ou Γ Odyssée, qu'un


mot soit suivi ou précédé d'un quasi synonyme plus usuel ou
plus clair, comme dans un lexique (1). C'est dans le texte
même d'Homère qu'il faut chercher l'explication de certains
vocables difiiciles. Au vers Ζ 162,
άλλα τον ούτι
πεΐθ' αγαθά φρονέοντα, δαίφρονα Βελλεροώόντην
il semble que le poète n'ait écrit αγαθά φρονέοντα que pour
préciser ce qu'il entend ici par δαίφρονα. En effet, δαίαρων s'emploie
dans deux acceptions différentes et les auditeurs pouvaient s'y
tromper.
Il en est de même pour les noms propres, et parfois l'épi-
thète qui les accompagne éclaire leur signification. Ce n'est
souvent qu'un jeu d'esprit ou un amusement de l'Oreille,
comme dans Πρόθοος θοός Β 758, Χόφις ... καλή Σ 382 sq. Mais si
les deux villes d'Augies, la locrienne et la laconienne, sont
nommées toutes deux Αυγείας έρατεινάς (2), il est à croire que
leur épithète n'est qu'une paraphrase de leur nom, et cela
montre comment Homère comprenait Αύγειαί. Le chanteur
phéacien Démodocos (« reçu par le peuple «) est appelé λαοΐσΐ.
τε-αρ.ένον (3), traduction si fidèle qu'on dirait d'une scholie
interpolée dans le texte. Le nom d'Alkinoos est toujours
accompagné d'adjectifs qui expriment la « puissance» ou
Γ « intelligence » : 'Αλκίνοε κρεΐον (4), θεών άπο μήδεα είδώς (5),
δαΐφρονος (6), μένος Άλκινόοιο (7), μεγάλη τορο ς (8), θεοειδής (9), etc.

(1) P. Linde, Homerische Selbsterlauterungen (Gloita XIII, 1914, pp. 233 sq.).
Ainsi δψ'.μον όψιτέλεστον Β 325 : le second mot semble une glose du premier.
(2) Β 532 et 583.
(3) θ 472.
(4) θ 382, 401 ; ι 2 ; λ 355, 378 ; ν 38,
(8) ζ 12.
(6) θ 8, 13, 56.
(7) η 176, 178; θ 2,4, 385, 421, 423; ν 20, 24, 49, 64/
(8) ζ 17, 196, 213, 299; η 85, 93 ; θ 464.
(9) η 231.
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De même Άρχεπτόλεμον θρασύν Θ 128; Βριαρέων... βίη ου


πατρός άμείνων Α 403 sq. ; Άντιμάχοια δαν,ρρονος Λ 123 et 138;
Πεισηνωρ πεπνυμενα μηοεα ειοως ρ όο ; Λαοοαμαντα ηγεμόνα
πρυλέων Ο 516 sq. ; Βαθυκλήα μεγάθυμον ... δς ... δλβω τε
πλούτφ τε μετέπρεπε Μυρμιδόνεσσιν Π 594-596, etc. ... Il va sans
dire qu'il y a des cas douteux : Ίππόλοχον μενεγάρμην Λ 122
et Ίππόνοον μενεγάρμην Λ 303 ; μενεπτόλεμος θρασυμήοης Κ 255 ;
Πεισίστρατον ορχαμον ανδρών γ 400; Ί;ριδάμας ... ηώς τε μέγας τε
Λ 221 ; cf. Β 823 = Μ 100 : Άρχέλοχός τ' Άκάρς τε, μάχης έύ
είδότε πάσης.
Quelques personnages très obscurs portent des épithètes
glorieuses qu'ils doivent uniquement à leur nom : Σώκος (« le
fort») Ισόθέος (ρώς Λ 428 et δαΐφρων Α 456 ; Βίης Ί«ρικληείης λ 290 ;
Βίη 'Γπερήνορος Ρ 24 ; Ύψήνορα δΐον Ε 76 ; Άρετάονα δΐον Ζ 31 5
"Αρητος θεοει,δής Ρ 494, etc. ... Βίας, Βιήνωρ, Τψήνωρ, 'Τπερήνωρ
et Γπείρων sont tous qualifiés de ποί-αέναλαών (1). Au vers A 248,
l'inconnu Κόων est appelé άριοείκετος ανδρών. En effet, son
nom doit probablement s'expliquer par une glose d'flésychius :
το κόον · μέγας.
Il ne paraît pas qu'il y ait grand chose à tirer de ces amu-
settes philologiques. On en trouve de pareilles chez les poètes
grecs de toutes les époques (2). Eschyle, Perses, 765 sq.
énumère les prédécesseurs de Darius. Arrivé au fils de Médos,
il dit, au lieu de le nommer : « II acheva l'œuvre de son père,
caria sagesse tenait le gouvernail de son âme». En effet, il
s'appelle Άρταφρένης, « intelligence harmonieuse » (3). On
sait que ces badinages abondent dans Euripide (4), qui ne les
donne point pour de véritables etymologies. Néanmoins, un
relevé complet et un examen minutieux des épithètes
homériques ne seraient peut-être pas sans intérêt. On pourrait

(1) Δ 296 ; Λ 92 ; Ν 411 ; & 516 ; Ε 144.


(2) Tyrtée, III, ν. 1 : θεοΐσι φίλφ θεοπόμπω ; Théogais, ν. 881 : θεοΐσι φίλος
θεότιμος, etc. . . .
(3) Cf. les scholies.
(4) Comme aussi dans Shakespeare.
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hésiter sur le sens précis de Πολύκτωρ, s'il n'était éclairci par


les vers Ω 397 sq :
... πατήρ δε |λθί εστί Πολύκτωρ.
Άφνειός fjiv δγ' εστί ...
Cependant c'est ailleurs qu'il faut chercher les véritables
informations qu'Homère a données, non pas à vrai dire sur la
signification des noms propres, mais sur la manière dont les
plus anciens Grecs les choisissaient ou les inventaient, ce qui
est sans doute la préface naturelle et nécessaire d'une élude
linguistique.

On a remarqué depuis longtemps que certains personnages


homériques portent un nom qui pourrait être une épithète de
leur père, quelquefois de leur mère ou de leur grand-père (1).
Les exemples abondent, mais on n'en a relevé que cinq ou six,
et sans leur donner l'attention qu'ils méritent. Iliade, Ζ
399-403 :
"H οι επειτ' ηντητ', αριά δ' άαφίπολος κίεν αύτ^,
400 παίδ' επί κόλπω εγουσ' άταλάφρονα, νήπιον αυτως,
Έκτορίδην άγαπητόν, άλίγκ'.ον αστέρι καλφ,
τόν ρ'
'Εκτο>ρ* οίος
Άστυάνακτ1 καλέεσκε
γαρ ερύετο
Σκαρ-άνδρων,
"Ιλιον Έκτωρ.
αύταρ οί άλλο·.

Plus loin, Χ 505-307, Andromaque dit au cadavre d'Hector :


Νΰν δ' αν πολλά πάθ^σι, φίλου άπο πατρός ά|λαρτών,
Άστυάναξ, δν Τρώες 'επίκλησιν καλέουσι,ν *
οίος γαρ σφιν ερυσο πύλας και τείχεα ρ,ακρά.
Ces deux passages n'ont pas tout à fait le môme sens. Le

(1) Schol. I 5C2 ; δ 326 et 630; Eustathe ad IL, pp. 513, 742, 776; ad Od.,
pp. 1390, 1474 etc.... Cf. T. D. Seymour, Classical Revieiv, III, 1889, p. 239;
Leaf, The Iliad, I, 2« edit. Londres, 1900, n. sur 402 sq.; P. Cauer, Grundfragen
der Homer krilik, Leipzig, 2° éd., 1909, pp. 408 sq. Voir aussi, dans le Handbuch
d'Ivan Muller, Gruppe, Griechische Mythologie und Religionsgeschichte, Munich,
1906, II, p. 741, n. 4 ; et dans le Levikon de Roscher-Hofer, s. v. Odysseus, 1II5
col. 649 et, Johannes Schmidt, s. ν. Tisamenos, V, col. 986.
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second indique assez nettement qu'il s'agit d'un surnom (1).


Mais le premier ne dit rien de tel. Un texte cité plus bas, 1 556-
564, paraît montrer qu'aux temps homériques ce n'est pas le
père qui nomme le nouveau-né (2). Peut-être est-ce l'aïeul (3),
manière"
mais de toute il est au moins possible que ο ί άλλοι,
au vers Ζ 402, comprenne celui ou ceux qui avaient qualité
pour choisir un nom au fils d'Hector. Du reste le poète ne dit
pas : « il l'avait appelé Scamandrios » mais : « il l'appelait
familièrement ainsi » (καλέεσκε, vocitabat). Dès lors, c'est
probablement Scamandrios qui est le surnom. Il est naturel que
le héros modeste et sage par excellence n'aime pas à user
couramment du nom d'Astyanax.
Il se pourrait qu' Άστυάναξ fût en même temps une
appellation d'heureux augure. Mais rien ne l'indique. La croyance à
la vertu du nom, et à son influence sur la destinée ou le
caractère de celui qui le porte, croyance fréquente plus tard
en Grèce (4) et du reste commune à tous les primitifs (5), ne
se trouve nulle part dans Homère. Les vers Ζ 399 sqq. n'y font
pas allusion. Άστύαναξ n'est rien d'autre qu'une épithète d'Hector
devenue le nom de son fils.
11 y a donc divergence entre Ζ 399 sq. et X 505 sqq. Peut-être
le second passage a-t-il été interpolé à une date où ces usages
n'existaient plus ou n'étaient plus compris.
Avant de revenir à ce cas difficile, mieux vaut passera des

(1) Pour la signification de επίκλησις, cf. H 138.


(2) Cf. cependant θ 554. 11 est probable qu'au moins chez l'un des peuples ou à
Tune des époques dont Homère décrit les mœurs, l'enfant recevait son nom d'une
personne étrangère à sa famille, par exemple un prêtre, ou le chef de la tribu;
cf. dans la Bible, Exode II, 10, 11; Sam. XII, 25. Tl en est encore ainsi chez cer
tains sauvages (cf. J. Henry, Y Ame d'un peuple Africain, les Bambara, Munster,
1919, p. 170).
(3) τ 399 sqq.
(4) Hérodote VU 180; Sophocle, Ajax, 430; Aristophane, Nub. 60 sqq. etc..
Cf. chez les tragiques les allusions au sens de Πενθεύς ou Πολυνείκης.
(5) Sur l'importance rituelle du nom chez les primitifs, voir par exemple
R. Kreglinger, Eludes sur Vorigine et le développement de la vie religieuse,
Bruxelles, Lamertin, en cours de publication depuis 1919, passim ; notamment
I pp. 15 sq.
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exemples plus nets. Aux vers I 561-564, il s'agit de Cléopâtre,


femme de Méléagre :
Τήν δε τότ' εν ίλεγάροισι πατήρ και ιτότνια υ-ήτηρ
Άλκυόνην καλέεσκον επώνυ[Λ.ον, ουνεκ' αρ' αυτής
ρ.ήτηρ, άλκυόνος πολυπενθέος οίτον l'y ούσα,
κλαΓ, δτε ρ.ιν έκάεργος άνήρπασε ΦοΤβος '"Απόλλων.
La jeune fille s'appelle en réalité Gléopâtre (1), et l'on ne
sait de qui elle tient ce nom. Ce n'est pas de ses parents,
puisqu'ils lui en ont donné un autre, inspiré par un événement
de leur propre vie, et qui n'est sans doute qu'une sorte de
sobriquet (καλέεσκον). C'est exactement l'inverse du cas
précédent.
Κλεοπάτρα, du reste, pourrait avoir une origine pareille, et
rappeler le « père illustre » de l'héroïne, cf. 556-560 :
. . . καλ^ Κλεοπάτρα ,
κούρ1/] Μαρπήσσης, καλλι,σίρύρου Εύηνίνης,
"Ιδεώ θ', ος κάρτιστος έπ'.χθονίων γένετ' ανδρών
των τότε — καΐ ρα άνακτος εναντίον εϊλετο τόξον
Φοίβου 'Απόλλωνος ...
Les deux passages appartiennent à cet épisode fameux où
Finsler voyait un résumé ou un ressouvenir d'une épopée plus
ancienne que VIliade : la « Colère d'Achille » serait inspirée
d'une « Colère de Méléagre ». Cette hypothèse, que l'on a
récemment reprise, est aussi incertaine qu'ingénieuse (2). Mais
il demeure probable que tout ce récit est l'argument ou la
paraphrase d'un poème archaïque, et il raconte une légende
fort ancienne. Le poète lui-même la donne pour telle, v. 527 :
Μέ|Λνη|λαι τόδε έργον εγώ πάλαι, οΰτι νέον γε,
ως ην.
Puis, au rebours de l'abondante clarté habituelle à Homère,

(1) Vers 556.


(2) Voir sur cette question Howalds, Rhein. Mus., LXXIII, 1924, pp. 402-406 ;
Bethe, ibid., LXXIV, 1925, pp. 1 sq. ; et D. Mulder, Jahresbericht Bursian, LU.
1926, pp. 178 sq.
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tout le passage 527-599 est d'une concision extrême, et plein


d'allusions et de sous-entendus qui le rendent assez obscur. Il
s'y trouve plusieurs endroits que nous n'entendrions guère sans
l'aide des scholiastes et des mythographes. Les vers 559-564,
particulièrement, ne peuvent être qu'un résumé d'événements
depuis longtemps connus de tous. Cette histoire était
familière au public, et il devait suffire qu'on en rappelât les points
principaux. Il est donc vraisemblable que la coutume de donner
pour nom au nouveau-né une épithète de ses parents existait
avant l'apparition de Ylliade.
L·' Odyssée ne fournit qu'un exemple (2), mais bien
significatif, τ 309-409 :

Αυτόλυκος δ' έλθών 'Ιθάκης ες πίονα δήρ,ον,


400 πα'.δα νέον γεγαώτα κΐ/νησατο θυγατέρος ης.
Τον ρά οι Ευρύκλεια ίοίλοις επί γούνασι θηκεν
παυομένω δόρποιο, έπος τ' έ'φατ' εκ τ' ονόμαζεν '
« Αυτόλυκ', αύτος νυν ονομ.' εΰρεο, ό'ττι κε θηα>.
παιοος πα ιό1, φίλω · πολυάρητος ύέ τοί εστίν ».
405 Την δ' αϋτ' Αυτόλυκος άπαιχείβετο φώνησέν τε '
« Γαμβρός έμος θύγατέρ τε, τίΒεσθ' ovoyJ οττι κεν εί'πω ·
.

πολλοϋσιν γαρ εγωγε όδυσσάμενος τόδ' ίκάνω


άνδράσ!.ν ήδέ γυνα'.ξίν ανά γθόνα πουλυβότειραν ■
τω ο' Όδυσεΰς ovout.' έστω επώνυαον ».

« Autolykos, arrivé dans la contrée opulente d'Ithaque, y


trouva le fils nouveau-né de sa fille. Euryclée le lui mit sur
les genoux, comme il finissait de souper, et lui dit :
« Autolykos, à toi maintenant de trouver un nom pour le
fils de ta fille, que tu as tant souhaité ».
Et Autolykos répondit :
— « Mon gendre et ma fille, donnez-lui le nom que je vais
dire. Je viens ici plein de colère contre beaucoup de gens,

(1) C'est-à-dire un seul dont le poète ait donné une étymologie explicite ; mais
il faut ajouter les noms qui, sans qu'Homère le dise, ont une origine de même
espèce.
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hommes et femmes, sur la terre féconde. Qu'il porte donc ce


nom significatif : Odysseus » (1).
Le texte, d'une netteté frappante, appartient à un épisode
qui paraît ancien ou imité d'une source ancienne (2). Les
vers 457 sq.,
έπαοιδή δ' αίυια κελαινον
έ'σχεθον .....
indiquent un usage évidemment primitif, déjà en désuétude à
l'époque de V Iliade (3).
Il est remarquable, ici comme dans le cas précédent et dans
plusieurs de ceux qui vont suivre, que le nom choisi pour le
nouveau-né consacre le souvenir, non pas d'une qualité du
père, ni d'un événement glorieux ou heureux de sa vie, mais
au contraire d'un fait désagréable ou douloureux, et d'ailleurs
à peu près insignifiant, qui a immédiatement précédé la
naissance de l'enfant. Ce dernier point, on le verra, est
caractéristique (4).
Chants Cypriens, fragment 14 (= Pausanias X, 26, 4) : Τοΰ
δε Άχιλλέως τω παιδί "Ου,ηρος ρ.εν Νεοπτόλεαον δνορ.α εν άπάσττ, οι
τίθεται, τη ποιήσει * τα δε Κύπρια έ'πη φησιν υπό Λυκοριήδους fxèv
Πύρρον, Νεοπτόλεαον δε ονορια υπο Φοίνικος αύτω τεθήναι, ότι Άγιλ-
λεύς ετι νέος πολειχεϋν ήρξατο (5).
Le témoignage est d'autant plus significatif que Néoptolème

(1) « L'Irrité, le Haïsseur ». Littéralement : « Qu'il soit Odysseus quant à son


nom ». Cette manière de dire, qui se retrouve, ailleurs (τ 247, u 288; cf. Hésiode,
Théog. 144 sq.) indique la croyance à l'existence réelle du nom, considéré
comme une forme véritable, une hypostase, pour ainsi parler, de l'individu.
(2) Cependant il ne figurait pas, semble-t-il, dans l'édition que lisait Aristote,
cf. Poét. VIII 1451 a.
(3) Cf. Δ 213 sq., Λ 829 sq. et 844-848; Ε 899-904.
(4) 11 n'est pas ici question, cela va sans dire, de l'étymologie réelle α'Όδυσσευς.
(5) Phoenix dit à Achille, 1 438-440 :
Σοι δε μ' έπεμπε γέρων ίππηλάτα ΙΓηλεύς,
ήματι τω, δτε σ' εκ Φθίης Άγαμε μνονι Τϊέμπεν
ντγπιον, οϋπω είδόθ' όμοιου πολέμοιο ... .
On pourrait aussi traduire Νεοπτόλεμος : « Parti récemment (νέον) pour a
guerre ».
390 MAX SULZBERGER
aussi « a commence jeune à faire la guerre » et que son nom
pourrait donc le caractériser lui-même.
Chants Cypriens fr. 20 (=Schol. Lycophr. 570) : Dionysos a
un fils nommé Staphylos (nom qui conviendrait à Dionysos
lui-même ; c'est un exemple de plus) dont la fille s'unit à
Apollon. Staphylos alors la jette à lamer dans un coffre; elle
aborde en Eubée et y met au monde un fils, δν "Ανιόν 'εκάλεσε
δια το άνιαθήναί, αυτήν δι.' αυτόν.
Naturellement cette étymologie naïve a été forgée après
coup. Le poète, cherchant à expliquer ce nom d'Anios, le fait
d'après un épisode de la vie de sa mère. Gela montre à quel
point cet usage était courant.
Hymne homérique à Aphrodite, 198 sq. : Aphrodite dit à
Anchise, à propos du fils qu'il aura d'elle :
Τφ δε καΐ Αινείας ovopt.' εσσεται, ουνεκά ρ.' αίνον
εσγεν αχός, ένεκα βροτοΰ άνέρος εριπεσον εύντ).
Il était aisé au poète de donner Αινείας, « le Terrible »,
pour un nom destiné à protéger celui qui le porte (1). Au
contraire, il y voit un souvenir humiliant pour la mère du héros.
Hésiode, fr. 116 (εν τ^ ηρωική γενεαλογι^). Il s'agit d'Oïleus ou
Ileus, père d'Ajax le Locrien et fils d'Apollon :
Ίλεα, τόν ρ' έφίλησε άναξ Διός υιός 'Απόλλων,
καΐ ρί τοΰτ' ονόρ,ην' ovopi' ερι^εναι, ουνεκα νύΐλφην
ευρόρ-ενος ιλέων [Λ-ίχθη έρατ^ φΐλότητι,
ηριατί. τφ, οτε τείχος εϋδριήτοιο πόληος
υψηλον ποίησε Ποσειδάων και 'Απόλλων.
Enfin, l'on peut citer encore les vers suivants, tirés de
V Iliade. Il s'agit de Tlépolème. Le poète, sans donner
précisément l'origine de ce nom, paraît avoir voulu l'indiquer ou la
rappeler. Β 657 sqq. :
Των piv Τληπόλε|Λος δουρικλυτος ήγερ.όνευεν,
δν τέκεν Άστυόνεί,α βίτ) Έρακληεί·^,

(1) Bien entendu Αινείας est probablement un mot asianique. Cf. la ville
ά'Αΐνιος Δ 520 et le Péonien Αί'νιος Φ 210 ?
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ 391

τήν άγετ' εξ Έφύρης, ποτααοΰ άπο Σελληέντος,


660 πέρσας άστεα πολλά Διοτρεφέων αίζηών.
Τληπόλε[Λος δ' επεί ούν τράα;' ένΐ [Λεγάρω εύπήκτω
αύτίκα πατρός éolo ....
Et il paraît bien que le vers 660 donne la clef de ΤληπόλείΛος
qui suit immédiatement. Les vers 658-660 semblent résumer
un épisode d'une épopée ou d'une légende ancienne : peut-
être Τληπόλεαος y était-il formellement expliqué. On voit que
les exemples sont assez nombreux, et ils le seraient davantage
si nous possédions dans son intégrité la littérature des temps
homériques.
De plus, il y a beaucoup de personnages dont on peut dire,
avec plus ou moins de certitude, qu'ils tiennent leur nom
d'une caractéristique de leurs parents, bien que l'explication
n'en ait pas été donnée par les poètes. Les trois filles d
'Agamemnon (I 145 = 287) s'appellent
ΧρυτόθεμίΛς και Λαοδίκη και Ίχιάνασσα.
Ίφιάνασσα se passe de commentaire ; Χρυσόθεμις convient au
roi de Mycènes, « abondante en or-(l); Λαοδίκη « qui gouverne
le peuple », est aussi le nom d'une fille de Priam (Γ 124, Ζ 252).
ïélémaque, « qui combat au loin », est une épithète d'Ulysse.
Les fils de Nestor, cités γ 413-415, s'appellent Έχέφρων, « qui
possède l'intelligence » θρασυριήδης (« à la sagesse assurée » ?)
et Πεισίστρατος, « qui persuade l'armée ». Peut-être faut-il y
joindre Περσεύς « le saccageur », épithèle qui conviendrait à
Nestor après la prise de Troie, et qu'il faudrait, en ce cas,
rapprocher de Persépolis, Hésiode fr. 17 :
Τηλε[λάχφ δ' άρ' ετικτεν ευζωνος Πολυκάστη,
Νέστορος όπλοτάτη κούρη Νηληϊάδαο,
Περσέπολιν, αινθεΐσα δια χρυσέην Άφροδίτην.
Περσέπολ'.ς n'est qu'une variante de πτολίπορθος, épithète

(1) Πολυχρύσοιο Μυκήνης Η 180, Λ 46, γ 305. Sur la richesse proverbiale des
Pélopides, cf. δ 45 sq. ; 71-75; Hésiode fr. 94, 25; Thucydide, I 9.
392 MAX SULZBERGER

d'Ulysse (1). Selon le vieux poème intitulé Thesprotis, Ulysse,


après son retour, avait eu de Pénélope une fille nommée
Πτολιπόρθη (2),
Le fils aîné du roi des Phéaciens s'appelle Λαοδάριας, « qui
domine le peuple » (3). Le fils de l'Argonaute Jason s'appelle
Έύνηος (H 468, Ψ 747) ; celui de l'Argonaute Iphitos, Σχέδιος(4)
(de σχεδίη « radeau ») ?
Hésiode, Théogonie, 233 sq., dit de Nérée :
Νηρέα δ' άψευδέα και άληθέα γείνατο Πόντος
πρεσβύτατον παίδων · αύταρ καλέουσΐ γέροντα
ουνεκα νη[λερτής τε καΐ ήπιος, ουδέ θεραστέων
λήθεται, άλλα δίκαια καΐ ήπια δηνεα οίδεν.

Or ses filles, citées aux vers suivants et dans Y Iliade Σ 45 sq.


s'appellent Νηρ,ερτής, Άψευδής, Πανόπη (« qui voit tout »),
Πολυνόη, Αύτονόη, Σαώ, Εύκράντη, Ευδώρη, Θεριστώ. De même,
la science prophétique de Protée est rappelée dans le nom de
sa fille Είδοθέη (5).
Admète, dont les troupeaux sont connus dans la légende (6)
a pour fils Εΰιτηλος (Β 764, etc.) et pour fille Περι^ήλη (7). Les
filles du Soleil se nomment Λαριπετίη, Φαέθουσα [\χ 132) et dans
Hésiode, selon Hygin, fab. 154, Relié, Aigle, Aéthériè et Phœbè.
Son fils s'appelle Φαέθων (8), ainsi qu'un fils de l'Aurore dans
la Théogonie 986-991 .
Le roi de Lycie donne à Bellérophon la moitié du pouvoir
royal :
Ζ 193 Δώκε δε οι τια.ής βασ.ιληΐδος ηριισυ πάσης

(1) Β 278; Κ 363, Θ 3, ξ 477, π 442, β 356, χ 283, ω 119.


(2) Pausanias V11I, 12, 5.
(3) θ 119, 130, etc. ...
(4) Β 517.
(5) δ 366. Cf. la scholie.
(6) Hésiode, fr. 153 (= Anton. Lib. 23); Euripide, Alceste, 8, 569 sq. 588 sq.
-ΐΐολυμηλοτάταν έστίαν.
(7) Hésiode, ibid.
(8) Dans ce même passage d'Hygin. — Φαίδων est une épithète habituelle
du Soleil : Λ 755, ε 479, λ 16, τ 441, χ 388 ; Hésiode, Théog., 760 etc.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 393

De là vient que les enfants de Bellérophon (Z 197) se


nomment Λαοδάρ.εί.α, « qui gouverne le peuple », et Ίσανδρός (de
ίσος « égal »).
J'ai cité plus haut Π 594 sqq.
Βαθυκλήα μεγάθυμον
Χάλκωνος φίλον υ ιόν, ος 'Ελλάδι, οικία ναίων
'Ολβω τε πλούτω τε αετέπρεπε Μυρμ',δόνεσσί,ν

en considérant ος comme représentant Bathyclès. Mais il


pourrait aussi bien désigner Chalcon, dont « la richesse et la
prospérité «auraient alors fourni le nom de son fils. Plusieurs
Océanides portent un nom qui conviendrait à leur père :
•Ευρυνόμη, « qui occupe ou qui parcourt un grand espace »
(Σ 399) ; Ώκυρόη (Théogonie 360, Hymne à Démêler 420) ; Καλ-
λ'.ρόη (1) ; Ίάχη [Hymne à Déni. 419) qu'il faut commenter à
l'aide de A 481 sqq. = β 427 sq. :
à[xcpl δε κΰρια
στείρΥ) πορφύρεον ριεγάλ' W-'/J- νηος ίοάσης.

Peut-être y a-t-il une relation entre Εΰδωρος (ΓΙ 179, 186) et


les épithètes de son père Hermès : άκάκητα (Π 185, ω 10) et
δώτωρ έάοιν θ 335. De même, on pourrait rapprocher le nom
de Πολύδωρη, fille de Pelée (Π 175) du vers Ω 534 :
"Ως ριεν και Πηλήϊ θεοί δόσαν άγλαα δώρα
εκ γενετής.

Ε 76 Ευρύπυλος δ' ΕυαιίΛονίδης 'Γψηνορα δ ίο ν


υίον υπερθύρου Δολοπίονος, ος ρα Σκαμάνδρου
άρητήρ ετέτυκτο, θεός δ' ως τίετο δήμω.
Le nom d'Hypsénor semble qualifier son père.
Hésiode, Théogonie, 1017 sq. :
Ναυσίθοον δ' Όδυσήί Καλυψώ δια θεάων
γείνατο Ναυσίνοόν τε μΐ,γείσ' ερατή φιλότητι.

(1) Hésiode,. Théog., 288, 297, 351, 980 sq. ; Hymne à Dém. 419; cf. καλλίροος
épithète de l'Océan dans les Hymes Orphiques 32, 1 et 420, 1 Abel.
394 MAX SULZBERGEK

Ces deux noms sont évidemment inspirés par les aventures


maritimes d'Ulysse,
Hésiode, Boucl., 353 sqq. :
Τρηχϊνα δε το t. παρελαύνω
ες Κήυκα ανακτά * δ γαρ δυνά[χι τε καΐ αΐδοί
Τρηχΐνος προβέβηκε, συ δ' ευ ρ,άλα οίσθα και αυτός ·
τοΰ γαρ όπυίεις παιδα ΘερΛστονόην κυανώπι,ν.
L/αίδώς et la δύνα[Λΐς de Céyx sont commémorées dans le
nom de sa fille.
Hésiode, fr. 12 : les deux Άκτορίωνε Μολίονε, nommés aussi
dans Y Iliade À 750, sont en réalité fils de Poséidon. Or, l'un
d'eux se nomme Εΰρυτος ; « au beau courant » (B 621).
Id. fr. 110 : Τοξεύς, fils de l'archer Eurytos (1).
Id., fr. 226 : Φηρ-ονόη, fille d'Apollon Pythien.
Id., fr. 141 : Εύαίχυ.η, petite-fille de Héraclès.
Id., fr. 120: Dionysos a poui fils Οίνοπίων, « le buveur de vin ».
Epigones, fr. 4 (= schol. Apoll. Rh. I 308) : Μαντώ, fille du
devin Tirésias.
A la même coutume se rattache le cas, assez fréquent, des
personnages dont le nom est un synonyme approximatif du
nom de leur père. Dans Y Odyssée (3 386 et δ 630 sq., figure
un Νοήμων fils de Φρόνιος, et le scholiaste dit avec raison :
πεποίηκεν πλάστα ονόματα (2). Cf. le pilote de Ménélas, Φρόντις
Όνητορίδης « Le Sage », fils du « Bienfaiteur » (3). Le héros
du dixième chant de Y Iliade, Δόλων « le rusé », est fils
άΈύμήδης, « le sage », cf. Γ 202 :
είδώς παντοίους τε δόλους καΐ υ,ήδεα πυκνά
En ω 305, Ulysse se présente à Laerte comme fils α'Άφείδας
(« qui n'épargne pas ») Πολύπημονίδης (« qui a beaucoup de
richesses ») (4). Apollodore, II, ï, 5, semble dire que les

(1) Cf. φ 31 sq.


(2) Cf. Heraclite, Alleg. Horn., 63.
(3) γ 282. A rapprocher de Ν 732-734.
(4) Cf. Πάμμων ou Πάμων « riche », fils de Priam (Ω 250), mais il est vrai qu'on
peut expliquer tout autrement Πολυτιήμων.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΟΝΓΜΟΝ 395

Nostoi donnaient au père de Palamède, Ναύπλιος, deux autres


fils, Οίαξ et Ναυσιριέδων. Dans Hésiode, Théog. 958 sq., Μήδεια,
« la sage », est fille de ΊδυΤα « la savante ». Selon Hésiode
encore (dans Apollodore II, 1, 4), 'Icpt-νόη et Ίφι-άνασσα étaient
filles de Σθενέ-βοια. Il va de soi que beaucoup d'exemples sont
incertains. Toutefois on peut se risquer à citer encore :
Έκα-ρίδη fille d' Άοσί-νοος Λ 626 ;
Μέντωρ (de [Λενος) fils d' "Αλκιμος (de αλκή) y 235 ;
Petite Iliade, fr. 13 : Μέγης fils de Κρέων ;
Αίολος "ίπποτάδης (κ 2, 36) dérive peut-être de l'expression
αίόλος Ιππος Τ 404. Cf. Hésiode, fr. 7, v. 2 : Αίολος ίππιοχάρμης;
Δίωρης Άμαρυγκείδης Β 622 et 617 ; ces deux noms paraissent
signifier « le brillant » ;
Πέρί.[Λος Μεγάδης Π 695 : « le supérieur » fils du « grand » ;
Τήλεαος Εύρρ,ίδηος ι 509;
Εύρύ-πολος Τηλε-οίδης λ 519;
Εύρύ-αλος, fils de Μηκιστεύς Β 566. Il est probable qu'ici
— αλός n'est qu'un suffixe, et ne vient pas de αλς;
Hésiode, fr. 105 : Αίγλη, fille de Πανοπεύς (« qui voit tout »);
Hésiode, fr. 2 et 7 : Εοΰΰος « fauve » petit-fils de Πύρρα
« rouge » ;
OEdïpodie, fr. 1 : la femme d'OEdipe se nomme Ευρυ-γανεία,
fille de Ύπέρ-©ας, et il se peut qu'il y ait uq lien entre ces deux
noms, de même qu'entre ceux de Καλήτωρ et de son père
Κλύτιος Ο 419.
On remarquera par provision qu'en général ces exemples
appartiennent plutôt aux parties de l'épopée supposées
récentes, telles que la Dolonie, la Télémachie et la fin de Y Odyssée.
Ce serait donc là un critérium de plus pour distinguer les
couches successives des poèmes homériques. On peut noter que
Έκα^λήδη figure dans un épisode que B. Niese (1), pour des
raisons ingénieuses et assez fortes, considérait comme une
interpolation destinée à rattacher la Patrocléia au reste de
l'Iliade.
(1) Die Entwicklung der Homerische Poésie, Berlin, 1882, pp. 84 sqq.
396 MAX SULZBERGER

Une troisième coutume, assez rare, semble intermédiaire


entre les deux précédentes. D'après Hérodote VI 60, les Lacé-
démoniens, comme les Egyptiens, exerçaient le même métier
de père en fils. Cela paraît avoir été vrai de tous les Grecs au
temps d'Homère. Eustathe adJL 314 : ότι δε ως είκος κήρυξ ήν
κατά τον πατέρα καΐ ό Δόλων, ή παλαιά συνήθεια δήλοι ■ σύνηθες γαρ
τους παλαιοΐς τας πατρφας τέγνας διαδέχεσθαι. Ad Ρ 323 : κήρυξ
ουν και 6 "Ηπυτος, ου την τέγνην ό υίος διεδέξατο κατά έ'θος άρχαΐον.
Ad β 22 : δτι δε τας πατρφας οι παίδες έξεδέγοντο τέγνας, ώς και εν
τη Ίλιάδι έδηλο')θη, 'Ηρόδοτος ιστορεί ■ αύλητοϋ ναρ αυλητής
και μαγείρου, φησί, μάγειρος καΐ κήρυξ κήρυκος (1).
Et, par une conséquence assez naturelle, il arrive que la
profession exercée de père en fils dans une famille soit
indiquée par une série de noms différents de forme, mais ayant à
peu près le même sens. En ο 225-256, défilent les descendants
du devin Mélampe. Plusieurs sont devins aussi et portent des
noms significatifs : Άντιφάτης (2) et Μάντιος fils de Mélampe ;
'Αμφιάραος, petit-fils d'Antiphatès ; Πολυφείδης (3), fils de
Mantios ; Θεοκλιψενος, fils de Polypheidès. Une légende, connue
par des sources tardives, mais qui peut être ancienne, rattache
à cette famille le divinateur Πολυΐδος et son fils Ευχήνωρ (4)
cités Ν 663. En Ε 148 figurent un autre Πολύϊδος et son frère
"Αβας (de βάζω ? ?), tous deux fils d'un ονειροπόλος.
Eustathe a remarqué que Περίφας Ρ 323, qu'il glose par ώς
περιττώς φωνών, est fils d' 'Ηπυτος « le crieur » (5). De même, le
fils du héraut Goprée, Ο 638, se nomme Περιφήτης. Le héraut
d'Agamemnon (A 320, I 170) et celui d'Ulysse (B 184, τ 247)
s'appellent tous deux Εύρυβάτης ; le θεράπων d'Agamemnon Δ 228,

(1) Cf. les deux médecins, fils du médecin Asclépios, Β 732.


(2) 11 n'est pas aisé de dh*e quel est le vrai sens de αντί' en composition dans
les noms propres. 'Αντιγόνη, nom de la fille incestueuse d'OEdipe, signifie
peut-être «née d'une manière anormale ». P. Cauer, loc. cit., voit un rapport
entre Άντίνοος et Ευ-πείθης.
(3) Qu'il faut peut-être lire IloXuf είδης.
(4) De εύχομαι = « prier »,
(5) Cf. ήιτύτα κήρυξ Η 384.
ΟΝΟΜΑ ΕΓ112ΝΠνΐΟΝ 397

se nomme Ευρυμέδων comme celui de Nestor (Θ 114, Λ 620).


Cf. Εύρυμέδουσα, θαλαμηπόλος d'Alkinoos, η 8.
Ε 59 sq. :
Μη ρ ιόνη ς δε Φέρεκλον ενη'ρατο, τέκτονος (1) υίον
60 Άρμονιδέω, δς γερσιν έπίστατο δαίδαλα πάντα
τεύγειν, έξοχα γάρ μιν εφίλατο Παλλάς Άθήνη.
Ος και Άλεξάνδρω τεκτη'νατο νήας είσας
άρνεκάκους, at πασι κακόν Τρώεσσι γένοντο
οΐ τ' αυτφ, έπει ούτι θεών εκ θέσφατα η δη.
65 Τον μεν Μηριόνης, δτε δη κατεμαρπτε διώκω ν
βεβλήκει
Une scholie dit au vers 60 : Άρμονιδέω · cAp μονίδου παιδος.
Οίκείον δε όνομα τέκτονος, παρά τό συναρμόζειν. Mais dans
Homère les noms en -ίδης sont toujours des
patronymiques. "Άρμονίδης signifie « fils de Αρμών ». Il y a ici trois
générations : 1° "Αρμών, probablement τέκτων, comme son
nom l'indique; 2° son fils, le τέκτων ; 3° son petit-fils Phéréclos,
τέκτων aussi, car les vers 62-65 montrent bien que ος est lui, et
non son père. Le texte, — à moins de lire Τέκτων — est
grammaticalement amphibologique, mais sans doute il était clair
pour les auditeurs, qui savaient que régulièrement l'on était
charpentier de père en fils.
Les Phéaciens, issus de Poséidon et tous marins (2), portent
tous des noms maritimes ou nautiques, sauf ceux qui
exercent un autre métier : le roi ('Ρηξήνωρ (3), Αλκίνοος),
son fils aîné (Λαοδάμας), la reine (Περίβοια, Άρήτη), l'aède
(Δημόδοκος) et l'ouvrier Πόλυβος. Les membres de la famille
royale qui ne sont pas destinés à régner portent des noms
maritimes : "Αλιος, Κλυτόνηος (4) et Ναυσίκαα. Cependant il y a
des exceptions. Les vers 61 sq. montrent qu'Alcinoos n'était

(1) Ou ΐέκτονος, cf. Πολύνηος Τεκτονίδης Θ 114.


(2) Ζ 268, sqq.; η 34 sq., 108 sq. ; 327, sq. etc..
(3) Τηξήνωρ vient peut-être, non de ρήγνυμι, mais du mot indo-européen d'où
dérive le latin rex.
(4) θ 119, etc.
REG, XXXIX, 1926, n» 183. 26
398 MAX SULZBEKGEK

pas le prince héritier; cependant son nom exprime des qualités


royales. D'autre part, le héraut phéacien se nomme Ποντόνοος.
Il est probable que le nom « technique », si je puis ainsi dire,
commémore la profession des ancêtres, plutôt qu'il ne signale
celle où l'on destine les descendants.
Si les exemples précis de cette coutume n'abondent pas,
cela tient à ce que les héros de l'épopée ne sont pas des
artisans, mais des άριστοι ou des άνακτες. La loi se vérifie du reste,
même pour ceux-ci, leurs noms exprimant souvent des
dignités royales ou des vertus aristocratiques : Κοίρανος,
Κρείων, Φύλακος, Μενέλαος, Δαήτωρ, Άμιύντωρ, Πρύτανις,
Άγακλής, Πάλρίυς, Άστύνοος, Άλκιριέδων, Μέδων, etc. On
a vu plus haut Laodikè et Iphianassa, filles d'Agamemnon.
Dans V Hymne à Déméter, v. 109, les filles du roi d'Eleusis
s'appellent Καλλιδίκη, Κλεισιδίκη, Δημώ, et le papyrus y ajoute
Δαα[ω]ν[ά|σσης. Le cas le plus curieux est celui des rois de
Troie. — Λαο-^έδων signifie sans aucun doute « le chef du
peuple ». Son fils s'appelle Πρίαμος, en éolien Πέρατος ou
Πέρραριος (1), synonyme de βασιλεύς selon Hésychius s. v.
Πέρραμος (2). D'après Platon, Cratyle 393 A, Suidas eXYEtym.
Magn. 324, 25, "Εκτωρ n est qu'une variante de εγέτωρ « qui
tient, qui possède, qui gouverne ». Comme on l'a depuis
longtemps remarqué, Homère avait déjà indiqué cette
interprétation dans le vers où Sarpédon dit à Hector :
Ε 473 Φής που άτερ λαών 'πάλιν εξεμεν ήδ' επικούρων.

Et d'après Hésychius y. v. Έκτορες Sapphô avait employé


εκτωρ comme épithète de Zeus, évidemment dans le sens de
« possesseur, maître, roi ». Cf. Ν 54 :
"Εκτωρ, δς Διός ευγετ' έρισθενέος παις είναι.
Dès lors Je nom d'Astyanax est clair. Comme celui de ses
trois ascendants, il signifie «roi ». Cette explication, si simple,

(1) Etyrn. magn., 665,39.


(2) Cf. Περιμος Π 695 ; [Π]έρ:λος dans Koehl, Inscr, Gr. antiqu., 20, 102.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 399

ne paraît pas douteuse (1), et ii est étrange que le poète en ait


donné une un peu différente.
Ces observations permettent de formuler d'une manière assez
précise les lois générales de l'onomastique d'Homère, et même,
— dans la mesure où l'on peut tenir l'épopée pour un
document historique, — d'établir en ses grandes lignes l'évolution
des coutumes qui ont présidé au choix des noms propres dans
la Grèce primitive.
Ces règles sont très différentes de celles qu'on rencontre le
plus communément à l'époque historique. L'habitude de
donner au nouveau-né le nom de son aïeul, ou d'un autre de
ses parents, n'est qu'en germe dans Homère (2). Celle qui
consiste à donner au fils un nom dont la forme rappelle le nom
du père (3) ne paraît pas exister encore, sauf deux exceptions
bien incertaines et qui semblent toutes fortuites (4). Point de
noms « théophores » (5), c'est-à-dire dérivés du nom d'un dieu.
Du moins, il n'y en a pas d'exemple sûr, car on ne peut affirmer
que 'Ηρακλής dérive de "Ηρα, ou les noms en Διο- et Άρη- de
Ζευς -et "Αρης. Les noms « géographiques » sont trop obscurs
pour qu'on en puisse rien tirer. Enfin, si Ton excepte les
simples sobriquets tels que Ύ\ρος (σ 6, etc.) ou Κορυνήτης Η 138,
et les divinités qui sont des abstractions personnifiées, Hypnos,
Eris, Déimos, Hébé, etc., il est très rare qu'un personnage
soit désigné par un nom qui le caractérise lui-même.
Ceci paraît avoir été fréquent au contraire, autant qu'on en
peut juger, vers la tin de l'âge épique. Le héros de la Télê-

(1) A se placer au point de vue d'Homère, car il ne s"agit pas ici d'étymologies
scientifiques. Hector est probablement le plus ancien Dardanide fourni par la
tradition. C'est sans doute d'après son nom, qu'ils ont interprété — à tort, on
va le voir — comme un dérivé de ε/ω, que les poètes épiques ont imaginé
Laomédon, Priam et Astyanax. Pour ce dernier, cependant, une explication toute
différente a été proposée par M. P. Roussel (Rev. Et. gr., XXXII, 1921, .p. ï82
sq.).
(2) Ε 541-549 ; Ζ 154 sq. et 196-206.
(8) Ainsi Sophocle, fils de Sophillos ; Nicias, fils de Nicératos; uémosthène, fils
d'Alcisthène.
(4) Άγήνωρ, fils ά'Άντήνωρ ; Ίππομαχος, fils α'Άντίμαχος Μ 189.
(5) Athénée X, p. 448.
400 MAX SULZBERGER

gonie, œuvre sûrement tardive, était le fils d'Ulysse et de


Gircé ou Calypso, Télégone, « né au loin ». De même dans la
Cercopie, Suidas s. ν. Κέρκωπες : ... Κα! ελέγοντο Κέρκωπες, εκ της
των έργων δεινότητος οΰτως επονομαζόμενοι. Ό μεν γαρ αυτών
Πάσσαλος ελέγετο, 6 δε "Ακμών. On peut y joindre Μαργίτης, dans le
poème qui porte ce titre, et, si Ton veut, les personnages de
la Batrachomyomachie ; cf. Hymne à Apollon, 386 ; Hymne
XIX, 47; XXIV, 1 et 10. Mais dans Homère il n'en est pas
ainsi. Si l'on met à part certains cas douteux (1), la liste des
exemples sera vite close. On peut citer Δαίδαλος Σ 592 et
Άήδων τ 518 sqq. :
"Ως δ' δτε Πανδαρέου κούρη, χλωρηίς Άήδων
καλόν ά
Mais ce sont là des personnages en quelque sorte symboliques,
et il faut les ranger avec les divinités qui sont des abstractions
personnifiées. Un fils naturel de Priam, Λ 101, se nomme ~Ισος,
qu'il faut peut-être expliquer d'après un passage de l'Odyssée,
ξ 202-204 :
έμέ δ' ώνητή τέκε μήτηρ,
παλλακις, αλλά με Ι τον ιθαγενέεσσιν έτίμα
Κάστωρ Ύλακίδης, του εγώ γένος εύχομαι είναι.
Ailleurs, Θ 120, Ήνιοπεύς («qui surveille les rênes») désigne
un cocher : ήνίογον... Ήνιοπήα ίππων ηνι' έχοντα. Mais ici le
poète s'amuse, comme dans les épithètes-synonymes que l'on
a vues plus haut, et dont sans doute il ne faudrait pas tirer de
conclusions rigoureuses. Un seul cas est tout à fait probant.
C'est le Thersite de Ylliade. Il est peu douteux que Θερσίτης ne
dérive de Οέρσος, forme éolienne de §<χρ?ος, et ne signifie
« effronté, impudent ». Certainement rien n'empêche Thersite
d'être un personnage fort ancien, comme on l'a supposé. Mais,
au moins tel qu'Homère l'a montré, il est plus naturel de le
croire d'invention tardive, puisqu'il figure seulement au chant

(1) Κάλχας (de καλχαίνω?); Καλυψώ (« celle qui cache, qui recèle ») ; Εύμαιος
(« le bienveillant » ?) etc. . .
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 401

Β, dans cet inintelligible épisode de Y Épreuve, dont on n'a pu


encore donner une explication satisfaisante (1). D'autre part, la
conformité entre Θερσίτης et Μαργίτης est frappante, et tous
deux jouent un rôle ridicule. Il est assez vraisemblable qu'ils
relèvent du même genre littéraire et sont de la môme époque,
probablement la toute dernière de l'âge épique (2).

II

On voit qu'aux temps homériques, en ce qui concerne les


noms de personnes, la coutume la plus répandue, pour ne pas
dire la règle générale, veut que l'enfant reçoive un nom destiné
à rappeler une caractéristique ou un événement de l'existence
de son père, parfois de sa mère ou de son aïeul. Quelquefois, le
nom du fils est un synonyme approximatif du nom du père.
Qu'on me permette, pour plus de commodité, de désigner
cet usage par le mot « patronymie », bien qu'il prête un peu à
confusion (3).
La « patronymie » a dû exister réellement, et non pas
seulement dans la fable et la littérature. On ne voit pas comment
ni pourquoi les poètes auraient imaginé de toutes pièces un
usage si singulier. Faute d'autres témoignages, force nous
est de considérer l'épopée comme ayant une valeur historique
et comme reflétant, d'une manière plus ou moins fidèle, les
mœurs grecques les plus anciennes. La grande difficulté de ce
genre d'études vient du mélange étroit, dans les poèmes
homériques, de civilisations diverses, qui semblent d'âges et de
pays différents. Cependant, en ce qui concerne les noms de

(1) C'est la seule partie de Γ Iliade, — elle est du reste admirable en soi —
qu'il y ait de vrais motifs d'exclure du poème. Quelques passages donnent à
penser qu'elle est de composition récente. Le rassemblement de la flotte à
Aulis (B 301 sqq.) n'est mentionné nulle part ailleurs dans Homère, pas plus que
Je sacrifice d'Iphigénie, qui s'y rattache. Selon la version primitive, chacun des
chefs grecs s'était rendu isolément à Troie (τ 185-202).
(2) Cf. Eustathe, 1669, 41.
(3) Le terme iïéponymie, plus juste peut-être, comme on le verra plus loin,
serait beaucoup moins clair.
402 MAX SULZBERGER

personnes, on peut arriver à des résultats d'une netteté


relative, et retracer l'histoire de la « patronvmie » à peu près de
la manière suivante.
La patronymie n'existait probablement pas à l'origine. Les
dieux sont sans doute les plus anciens personnages de la
mythologie. Or, sauf ceux qui sont sûrement d'invention
récente, il n'y en a aucun dont le nom paraisse être une
épithète de son père, ni pour lequel une explication de ce
genre ait été donnée par un poète ancien ou un mythographe
tardif. Il n'y a d'exception que pour certaines divinités tard
venues, telles que les Nymphes fi Iles de Nérée, de l'Océan ou
du Soleil. On ne saurait donc objecter que la patronymie
était réservée aux hommes, et ne s'appliquait pas aux dieux.
A l'époque où elle s'est introduite, le panthéon grec était déjà
presque entièrement constitué.
On peut encore se risquer à dire que les héros les plus
anciens — Ajax, Œdipe, Achille, Atrée, Tydée, Tantale, — :
portent un nom le plus souvent inintelligible à nos yeux, mais
qui ne semble pas être une épithète de leur père. En général,
ce n'est pas aux protagonistes de l'épopée, mais plutôt à leurs
épigones, que la patronymie s'applique. Elle a dû paraître
à une date où la mythologie héroïque était déjà fixée en ses
parties les plus anciennes. Même, Y Iliade et Y Odyssée pouvaient
exister déjà sous une forme primitive. Si l'on écarte l'épisode
des Phéaciens (1), la patronymie n'apparaît guère qu'en un
seul endroit du Nostos d'Ulysse, à propos de Gircé. Encore
faut-il admettre avec M. Bérard que Κίρκη veut dire « éper-
vière », et que son épithète Αίαίη et les noms de son frère
Αίήτης (2) et de sa mère Πέρση (3) proviennent des mots
sémitiques aie = « faucon » etpersa = « vautour de mer ». Si l'on

(·!) θα pourrait même, moyennant quelques modifications de détail, le tenir


lui aussi pour antérieur à la patronymie.
(2) κ 137, μ 70; Hésiode, Théog. 957.
(3) κ 139; Hésiode, Théog. 356 et 957, l'appelle Πέρση ίς.
ΟΝΟΜΑ ΕΙΙΩΝΓΜΟΝ- 403

accepte ces etymologies, du reste séduisantes (1), on ne peut


y voir qu'une application de l'aspect le plus tardif de la
patronymic Dès lors, tout cet épisode de Circé doit être expulsé du
Nostos archaïque (2).
Ail Nostos original faisait suite, peut-être, une première
ébauche de la Vengeance. Mais Télémaque (τηλέραχος épithète
d'Ulysse) n'y figurait pas, non plus que Mentor, et Ulysse tuai
seul, les Prétendants. Cette absence de Télémaque dans la
légende ancienne est peut-être vaguement indiquée par
quelques vers du chant ω. Au moment de combattre contre les
pères des prétendants morts, Ulysse dit à son fils, ω 506-509 :
Τηλέ^αχ', η δη {Λεν τόδε γ' ε ίσε at, αυτός έπελθών
άνορών {λαρναΐλένων Ινα τε κρίνοντα!, άριστοι,
υιήτ!. καταισ'/ύνειν πατέρων γένος, οι το πάρος περ
τε κεκάσίΛεθα πα σαν έπ' αΐαν.
ce qui est assez étrange, si Télémaque a pris part à la « mnes-
térophonie ». Et au lieu de répondre qu'il a fait ses preuves,
il dit seulement, 511 sq. :
Όψεαι, αϊ κ' έθέλησθα, πάτερ φίλε, τωδ' επί θυμω
ούτι καταΐσγύνοντα τεον γένος, ώς αγορεύεις.
Il est donc permis de supposer une Odyssée sans Télémachie,
et n'ayant de la Vengeance qu'une première esquisse,
antérieure à la patronymie. Pour Y Iliade, la difficulté est plus
grande, car il faudrait « athétiser » Patrocle (3), Priam,
Laomédon, et peut-être Hector. Cependant on peut observer que
Priam ne se montre en personne dans aucun des passages que
l'on s'accorde à tenir pour anciens. Ses fils et ses filles tiennent
peu de place dans le poème, sauf Paris et Hector,. M. Scott a
démontré que dans la tradition primitive, c'est Paris qui est

(1) Selon Hérodote dans Schol. Laur. Apoll, Rhod. Arg. Β 1122, Aiètès a pour
fille Χαλκιόπη. Cf. χαλκίς ? nom d'un oiseau de proie dans Homère S 291.
(2) On sait que d'autres considérations avaient depuis longtemps fait admettre
la « jeunesse » de ce passage.
(3) Cf. Cléopàtre.
404 MAX SULZBERGER

le héros et le vrai chef des Troyens (1), et c'est ce que


confirmerait l'histoire, s'il était certain que Alaksandus, roi de
Vilusa, fût le même qu' 'Αλέξανδρος, roi de Fîawv. Mais, à se
placer au seul point de vue onomastique, il n'est pas nécessaire
de considérer Hector comme un personnage tardif. Ceux qui
ont forgé la généalogie des Priamides, et Homère lui-même (2),
ont compris 'Έκτωρ comme synonyme de εχέτωρ, et sont partis
de là pour créer les noms de ses ascendants et de son fils,
d'après la patronymie. Mais le vrai sens de Έκτωρ, qui devait
échapper aux Grecs, a été conservé par Hésychius : Δαρείος,
υπο Περσών ό cppoviuoç, υπο δε Φρυγών "Εκτωρ. C'est donc un mot
phrygien, qui n'a rien de commun avec έχέτωρ. Rien n'empêche
qu'il ait figuré dans la tradition même la plus primitive.
Reste Patrocle, qui n'aurait donc pas eu sa place dans les
premières légendes ni dans VUr-Ilias. Encore pourrait-on se
demander si le nom de Πατροκλής ou Πάτροκλος est précisément
une « épithète de son père ».
Quoi qu'il en soit, la patronymie ne s'est introduite qu'assez
tard, à une époque déjà proche d'Homère. Elle n'appartient
sans doute ni aux Indo-Européens, ni aux populations « égéen-
nes ». Son origine pourrait être sémitique, car la Bihle en
fournit deux ou trois exemples. D'autre part, on sait que chez
les Romains la famille est régulièrement et officiellement
désignée par le cognomen individuel de son ancêtre. Cette
coutume, assez comparable à l'un des aspects de la patronymie,
est peut-être un emprunt, par l'entremise des Étrusques, à un
peuple asiatique. On pourrait confirmer cette hypothèse en
notant que beaucoup de cognomina latins sont d'origine
étrusque (3).

(1) J. A. Scott, The Unity of Homer, California, 1921, pp. 225 sq. On y
pourrait ajouter d'autres arguments. Par exemple, Alexandre est seul des fils de
Priam à porter le titre de βασιλεύς Δ 96. 11 habite à part de son père et de ses
frères (Z 242 sq. et 312 sq.). D'après une tradition probablement ancienne,
c'est lui qui tue Ajax {Argument de VAjax de Sophocle, ad finem).
(2) Ε 413.
(3) VoirW. Schultze, Geschichle der lateinische Eigennamen, Berlin, 1904, in-4°,
648 pp.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 405
II n'est pas aisé d'expliquer l'adoption d'un usage à nos
yeux si étrange. Sans doute il faut le rattacher aux rites de
la naissance, que l'on retrouve chez tous les peuples primitifs,
et aux rites de communion entre membres de la même famille.
Aux yeux de la plupart des poètes grecs, il y a une conformité
nécessaire entre le caractère et même la destinée des parents
et des enfants. Ce n'est pas chez Homère, beaucoup plus
« moderne » que ses successeurs, qu'il faut en chercher des
exemples, mais plutôt chez Pindare, Eschyle et Sophocle.
Cependant un vers comme Ζ 127 = Φ 151 :
Δυστήνων δε τε παίδες εριω ι^ένεΐ. άντ(.όωσιν
indique nettement cette conception du malheur attaché à toute
une famille, conception si fortement marquée dans tant de
légendes, comme celles des Labdacides et des Atrides.
D'autre part, la croyance à la vertu du nom, et à son
influence sur le sort de celui qui le porte, était vive en Grèce
même aux temps classiques (1). On ne trouve rien de tel dans
Homère, le moins « primitif » des poètes anciens, mais il n'est
pas douteux que cette idée n'ait existé chez les Grecs comme
chez tous les peuples. Et là est le principe de la patronymie :
elle est un « rite de communion », un moyen de maintenir, de
confirmer et de perpétuer les liens qui unissent les
représentants successifs du γένος.
Il faut ajouter cette idée, si répandue dans toute l'antiquité
et même dans Homère, que le passé est toujours supérieur au
présent, et le père au fils. V. β 276 sq.
Παΰροι γαρ το ι παίδες οποίοι πάτο Ι πέλονται ·
οι πλέονες κακώυς, παϋροι δέ τε πατρός άρείους (2).
« L'âge d'or » est au fond de la pensée de tous les anciens,
philosophes et poètes, et leur idéal, ce n'est pas seulement le

(1) Cf. Hérodote, I 43, VII 80, IX 91 ; Sophocle, Ajax 430 sq.; Aristophane, Nub.
60 sqq. ; etc..
(2) Le second vers peut être interpolé d'après Hésiode; cf. Eustathe ad Horn.
124, 37.
406 MAX STJLZBERftER

passé lointain et à demi fabuleux, mais aussi le passé lout


proche et comme vivant encore — naguère autant que jadis.
Hésiode, dans son tableau d'une société idéale et parfaitement
heureuse, donne ce Irait (1) :
Τίκτουσιν δε γυναίκες έοικότα τέκνα νονευσιν.
C'est à dire que ce qu'on peut souhaiter de mieux à un
enfant, c'est de ressembler à son père. Homère dit plusieurs
fois que « des hommes d'aujourd'hui, même très forts, n'en
feraient pas autant » (2). Dans la Dolonie, Agamemnon dit à
Ménélas, Κ 66-68 :
Φθέγγεο δ1 f(i κεν νιρσθα, καΐ έγρηγόρθαι άνωχ(Η,
π ατ ρ όθεν εκ γενεής όνο^χάζων άνδρα εκαστον,
πάντας κυδαίνων.
Le texte le plus frappant est au quatorzième chant de
V Iliade. Agamemnon a proposé d'abandonner la guerre et de
fuir. Sous les rudes reproches d'Ulysse, il se rétracte et
ajoute (3) : « Maintenant, si quelqu'un peut donner un conseil
meilleur, qu'il parle. Jeune ou vieux, il me remplira de joie ».
Et Diomède répond : « Cet homme est près de vous, et il n'y
aura pas à chercher longtemps, si vous voulez m'écouter, et ne
pas me repousser avec colère, parce que je suis beaucoup plus
jeune que vous. Moi aussi je nie glorifie d'être né d'un père
héroïque, Tydée, que recouvre la terre thébaine. Portheus
engendra trois fils irréprochables, qui habitèrent Pleuron et la
haute Kalydon. C'étaient Mêlas et Agrios (4), et le troisième
était le cavalier Oineus, le père de mon père et le plus brave
des trois Et mon père habita Argos et sa maison
regorgeait de richesse. Il avait beaucoup de campagnes fertiles en
froment, de vergers et de bétail, et il surpassait tous les Achéens

(1) Trav. 235.


(2) Ε 302 sq. ; M 381 sq. ; Γ 285 sq. Il y a autant de mérite à avoir des
ancêtres glorieux qu'à être eminent par soi-mAme.
(3) S 107 sqq.
(4) On a remarqué que Agrios et Mêlas paraissent provenir chacun d'une
moitié de Μελέ-αγρος.
,
ΟΝΟΜΑ ΕΠϋΝΓΜΟΝ 407

par la lance, et c'est ce que vous devez savoir, si c'est la vérité.


Donc, n'ayez pas cette pensée que ma race est médiocre et
vile, et ne dédaignez pas l'avis bienveillant que je vais donner.
Allons à la bataille ».
Nulle part n'éclate mieux que dans ce passage l'esprit
aristocratique et « gérontocratique », si je puis ainsi dire, des
contemporains d'Homère. Diomède, un des plus brillants
parmi les guerriers grecs, est aussi sage et aussi éloquent que
brave, et jamais il n'ouvre la bouche sans être applaudi et
admiré de toute l'armée. Ici pourtant, et bien que le temps
presse et qu'on l'ait invité à parler — car c'est évidemment
lui que visait η νέος — il n'ose pas s'y résoudre avant d'avoir
étalé sa généalogie, et montré que sa race ne le cède à aucune.
Rien de plus naturel selon les idées anciennes, et, si l'on
combine cette notion avec la croyance à la valeur efficace et à la
nature quasi matérielle du nom, l'on concevra aisément que la
patronymie a pour but, non seulement de resserrer les
nœuds entre parents et enfants, et de garder intactes, au cours
du temps, l'unité et la personnalité du γένος, mais aussi de
maintenir et de raviver chez le nouveau-né les qualités des
ancêtres.
Mais il vaut mieux laisser ces essais d'explication, forcément
sommaires et vagues, et décrire en ses très grandes lignes
l'évolution de la patronymie. Apparue vers une époque que,
l'on peut faire remonter au xue siècle au plus tôt (1) elle s'est
montrée tour à tour sous différents aspects, dont on peut
tâcher de retrouvera peu près l'ordre chronologique. Ceci sous
toutes sortes de réserves, dont voici les principales. D'abord,
beaucoup de noms mythologiques ne sont pas grecs, et n'ont
aucun sens à nos yeux. Si les langues de l'ancienne Asie-
Mineure étaient connues, la question se présenterait sans
doute sous un tout autre jour. Puis, la patronymie ne nous
apparaît que dans des textes à peu près contemporains les uns

(1) Les noms grecs que l'on croit avoir lu sur les tablettes hittites paraissent
ne rien avoir de commun avec la patronymie.
408 MAX SULZBERGER

des autres, où elle n'est souvent qu'une survivance, et Ton ne


peut donc fonder l'étude de ses transformations que sur des
indices bien légers. Il se peut encore, surtout si elle est
d'origine étrangère, quelle n'ait pas eu la même évolution dans
toutes les régions du monde grec et, par exemple, qu'elle ait
existé en Grèce d'Asie d'abord, et longtemps avant de passer
en Grèce continentale. Dès lors, les divisions chronologiques
que l'on s'imagine entrevoir deviennent tout à fait incertaines,
étant peut-être, au moins en partie, d'ordre géographique. Au
reste, en cette matière, une coutume nouvelle n'abolit pas
nécessairement la précédente, et au contraire il est peu douteux
que plusieurs des variétés de la patronymie n'aient longtemps
coexisté. Enfin, l'absence de documents antérieurs à Y Iliade,
et la maigreur de ceux que l'on possède pour la période qui a
suivi Hésiode et Homère, achèvent la difficulté du problème.
Cependant, en se guidant moitié sur les faits, moitié sur la
logique et la vraisemblance, on peut se risquer à proposer le
classement suivant.
Première patronymie : L'enfant reçoit un nom qui rappelle
un événement qui, dans la vie de ses parents, a précédé de très
peu sa naissance.
Deuxième patronymie : L'enfant reçoit un nom qui pourrait
être une épithète d'un de ses parents.
Troisième patronymie : Identique à la deuxième, à cela près
que le nom du nouveau-né exprime la profession — ou une
qualité requise dans la profession — exercée par ses parents.
Quatrième patronymie : Le nom de l'enfant est à peu près
synonyme du nom de son père.
Si j'estime que la « première patronymie » est en effet la plus
ancienne en date, ce n'est pas seulement parce que plusieurs
des textes où elle apparaît, I 561 sq., Β 657 sq. et peut-être
τ 399 sq., semblent provenir d'épopées disparues. Car on
pourrait répondre qu'elle est fréquente aussi dans des poèmes
beaucoup plus tardifs. Mais il y a d'autres raisons de croire
que cette forme est en effet primitive. D'abord les exemples en
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ 409

sont peu nombreux, et ne vont pas à plus d'une dizaine, tandis


que la « deuxième patronymie », plus fréquente, semble
d'usage courant au temps de Y Iliade. Puis, sauf le cas de
Tlépolème, les noms qui relèvent de cette coutume sont
toujours expliqués tout au long, comme si déjà elle risquait de
n'être plus comprise. Enfin et surtout, si la « première
patronymie » n'était pas la plus ancienne, on serait contraint de la
considérer comme une sorte de jeu d'esprit pénible et bizarre,
tout à fait opposé au genre d'imagination d'Homère, partout si
franc, si limpide, si naturel jusque dans le monstrueux, et si
éloigné, — j'y reviens — de la mentalité qu'on est convenu
d'appeler « primitive », et qui, partout subtile et singulière,
a produit dans toutes les races humaines des rites et des
usages comparables à celui dont il est ici question.
Le plus probable est que la « première patronymie » avait
déjà disparu au temps où Y Iliade fut écrite. Elle n'existait
plus qu'en poésie, et seulement à titre de survivance ou
d'archaïsme. Sans doute elle avait jadis fait partie des mœurs
réelles, durant la période préhomérique, lorsque la religion
grecque en était encore à ce stade, commun à tous les peuples
enfants, où le culte se compose principalement de pratiques
minutieuses et rigoureuses, à la fois puériles et compliquées,
fondées sur des croyances obscures, et que seuls les initiés
connaissent avec précision. La première patronymie doit avoir
été Tune de ces pratiques, et son but était de consacrer et de
confirmer le lien qui rattache le nouveau-né à ses parents. En
rappelant par son nom l'épisode le plus récent de leur
existence, on croit sans doute faire en sorte qu'il les continue
directement, qu'il parte de l'endroit précis où ils sont parvenus,
et qu'il reprenne le fil de la vie au point même où ils le lui ont
légué.
Mais lorsqu'à cet état sévère et sacerdotal, qui emprisonne
toute la société dans des rites impérieux, a succédé la religion
d'Homère, si libre, si humaine, si peu théologique, on conçoit
aisément que la première patronymie ait paru étrange et ait
410 MAX SULZBERGER
cessé d'être comprise. Elle est tombée en désuétude, pour
faire place à la deuxième, beaucoup plus naturelle, et où le
nom du fils est une sorte de titre de noblesse commémorant
les vertus ou les actions glorieuses du père. C'est à peu près
ainsi qu'ont dû se passer les choses. Du moins l'évolution
inverse me semblerait inintelligible.
Il faudrait peut-être aller plus loin encore. A. l'intérieur
même de la première patronymie on peut discerner plusieurs
nuances, et introduire un double classement, selon que le nom
rappelle un événement heureux ou malheureux, et selon que
cet événement a trait ou non à la naissance de l'enfant et à
l'union de ses parents. Mais ici, vu la rareté des documents, il
n'est guère possible de proposer un ordre chronologique. On
doit s'en tenir à distinguer les différents aspects de la
première patronymie, et les voici à peu près, dans un tableau
qu'il ne faudrait pas prendre à la lettre, et dont on voudra
bien excuser le pédantisme.
Première patronymie Aa: L'événement rappelé dans le nom
de l'enfant concerne sa propre naissance, ou bien c'est une
circonstance qui a accompagné ou caractérisé Funion de ses
parents. Exemple : Ileus.
Première patronymie Ab : Identique à Aa , mais l'événement
en question est malheureux ou humiliant : Aineias.
Première patronymie Ba : L'événement commémoré est sans
rapport avec la naissance de l'enfant et avec le rapprochement
des parents. Mais, comme dans Ay,, cet événement est
douloureux ou regrettable. Exemples : Alkyonê, Tlépolémos (« qui
subit la guerre » (!)_, Anios, Odysseus (2).
Première patronymie Bb : Identique à Ba, à cela près que
l'événement dont il s'agit est indifférent, heureux ou glorieux :
Néoptolème, Télémaque.
Les textes paraissent indiquer que Ba est la plus ancienne

(Ί) Ou peut-être « qui ose la guerre », mais cette interprétation est moins
probable.
(2) Cf. Genèse XXXV, 18 : Ben-Oni = « fils de la douleur ».
OiN OM A E IK2N V JV1ON 411

de ces quatre coutumes, si tant est qu'il faille y voir autre


chose que des variantes légères d'un usage unique. Leur
filiation est à peu près impossible à établir, d'autant plus
qu'elles peuvent avoir été contemporaines. Même si la
classification qui précède ne correspond à rien de réel, elle n'est
cependant pas inutile, car elle fait voir nettement que deux
usages communs, peu s'en faut, à tous les peuples du monde,
se sont combinés avec la première patronymic Le premier
consiste à nommer l'enfant d'après une particularité de sa
naissance, et il se retrouve dans Aa et Ab, mais comme
superposé au principe fondamental de la patronymie, qui veut que
le nom qualifie les parents de celui qui le porte. Un passage
de Γ Iliade est frappant à cet égard, Δ 473 sq. :
Ένθ' εβαλ' Άνθεριίωνος υ ιόν Τελαρ,ώνι,ος Αίας,
ήΐΟεον θαλερόν, Σψοείσιον, ον ποτέ [τητηρ,
475 Ίοηθεν κατιοΰσά, παρ' οχθτ)σί.ν Σ'.αοέντος
γείνατ", έπεί ρ α τόκε υ σ w au' έ'σπετο ριήλα ίδ'εσθα!,,
τουνεκα αιν κάλεον Σιι/.οείσιον.
C'est la seule étymologie homérique qui soit, ou du moins
qui paraisse d'abord, étrangère à la patronymic. Mais, si l'on
y prend garde, on verra que le poète ne dit pas : « II
s'appelait Simoïsios parce qu'il était né au bord du Simoïs », mais
bien « parce que sa mère l'y avait mis au monde », et la
nuance peut paraître subtile, mais je la crois véritable. Le
mot Σΐ·ρ.οείτΐ.ος concerne la mère plus que l'enfant, et ces vers
sont une illustration de la première patronymie Aa. Dans le
cas contraire, la façon dont Homère s'est exprimé ici serait
singulière, et l'on concevrait mal la raison de ce détail
étrangement superflu, τοκεΰσιν au' εσπετο ρ.ήλα ίδέσθοα.
Tout pareil, bien qu'un peu moins explicite, est le passage
suivant, Ε 442-445 :
Ένθα πολύ πρώτιστος Όϊληος ταγύς Αίας
Σάτνί.ον ουτασε δουρί αετάλριενος όςυοέντί.,
Ήνοπίδην, δν άρα νύμιρη τέκε νηΐς ά^ύριων
βουκολέοντι παο' ο^θας Σατνιοέντος.
412 MAX SULZBERGER

Ce second exemple est moins circonstancié, en ce sens que


l'origine de Σάτνιος n'y est pas expressément donnée. Mais,
d'autre part, il est plus net que le précédent, car, à l'examiner,
on voit que Σάτνιος s appelle ainsi, non qu'il soit né près du
Satnioïs, ni que sa mère l'y ait enfanté, mais parce que « la
nymphe l'avait conçu (τέκε ne peut avoir ici d'autre sens)
d'Enops qui paissait ses bœufs sur les rives du Satnioïs ». Et
le nom de Satnios ne désigne pas le lieu de sa naissance, mais
l'endroit où ses parents se sont unis. Première patronymie Aa.
Le second trait commun à tous les peuples primitifs et qui,
chez les Grecs, se trouve tantôt isolé, tantôt fondu avec la
première patronymie, est moins connu. Quelques ethnographes
l'ont signalé incidemment, mais on ne lui a pas encore ^consacré
l'étude approfondie qu'il mérite. Il est à la fois assez rare et
presque universel. Il consiste à donner au nouveau-né, comme
protection contre le mauvais œil, ou pour éviter la jalousie des
puissances supérieures, un nom défavorable, grotesque ou de
mauvais augure. On a proposé de désigner cet usage par le
mot cacophémisme, par opposition à l'euphémisme. Mais comme
il n'est pas sûr que cette opposition soit réelle, mieux vaut
peut-être user du terme caconymie . La caconymie n'est pas rare
en Grèce classique, comme le montrent des noms humiliants
ou ridicules, tels que Αίσχρος et ses dérivés, Χώλος, Στράβων,
"Αδικος (1), Χοίρος, etc. (2)...
Aux époques plus anciennes, elle s'était ajustée à la première
patronymie pour constituer les noms de groupes Ab (Aineias)
et Ba (Alkyonè, Anios, Odysseus), où peut être il faut ranger
Πολυνείκης (3) et Πενθεύς (4). Des quatre aspects de la première

(1) Jamblique, Vie de Pythagore, 36. Cf. Genèse IV, 26 : Enosch : « faible ».
(2) Pour les noms dérivés de κόπρος, M. Perdrizet, Rev. Et. Ane. XXIII, 1921,
pp. 85 sq., a proposé une autre explication, très ingénieuse, mais qui ne vaut,
seinble-t-il, que pour certains cas.
(3) II n'e^t donc pas certain que Πολυνείκης ait une origine asiatique, comme
le veut C. Âutran, Introduction à l'élude critique du nom propre grec, Paris,
Geuthner, 1922, p. 1 sq.
(4) II ne serait pas impossible qu'Euripide, Β ace h. 1318 sq., se fût souvenu
d'une scène épique du même genre que τ 399 sqq. et où Πενθεύς était expliqué à
peu près comme Όδυσ«ύς dans Homère.
ΟΝΟΜΑ ΕΙΚίΝΓΜΟΝ 413
patronymie, Bb est le seul où elle se présente à l'état pur et
exempte de tout mélange avec d'autres coutumes.
La seconde patronymie, plus fréquente, et dont les exemples
ne sont jamais expliqués, ce qui indique peut-être qu'elle
était familière aux auditeurs, a dû sortir de la première d'une
façon toute naturelle, par adaptation des vieux usages aux
idées plus simples et plus larges des contemporains d'Homère.
Cependant, on pourrait lui attribuer une tout autre origine,
car la Bible fournit de la deuxième patronymie un exemple
très net et accompagné d'une explication, ce qui n'arrive
jamais dans Homère. On voit dans l'Exode, II 22 et XVIII 4, que
Moïse, ayant deux fils de Séphora, nommele premier Garsam (1)
(« étranger ») « car, dit-il, je suis un étranger sur la terre
étrangère », et le second Eliézer (« protégé de Dieu »), « car,
dit-il, le Dieu de mon père m'a secouru ». Ces deux exemples,
qui n'en font qu'un, n'ont point d'analogues, je crois, dans le
monde sémitique, et l'on serait tenté d'y voir une influence
égyptienne. J'ignore si rien, dans les textes hiéroglyphiques,
autorise une telle supposition.
Il arrive, par un renversement à la fois étrange et assez
naturel, que le père ait pour nom une épithète de son fils (2).
La mère d'Héraclès s'appelle 'Αλκμήνη, cf. Hésiode, Théog. 943 :
Αλκμήνη δ',άρ' έτικτε βίην Ηρακληείην et 526 = 950 : 'Αλκμήνης
καλλισούρου άλκιμος υιός. Celle d'Ajax est Άλκιμάχη (3). Le
brigand Sinis, tué par Thésée, est fils de Πολυπήμων (4), « qui
fait beaucoup de mal ». Le Soleil et l'Aurore sont nés de
Ύπερίων (5) et de Εύρυφάεσσα (6). Nirée, δς κάλλιστος άνήρ υπό
Ίλιον ήλθεν Β 671, est fils de Χάροπος (« aux beaux yeux » ou

(1) Cité par Seymour, loc. cit. La rédaction de V Exode et celle de Γ Iliade
semblent à peu près contemporaines (ixe-vme siècles).
(2) La remarque est de Gruppe, op. cit. II, p. 751, n. 4. Cf. P. Cauer, loc. cit.
(à) Carmen Naupaciium, fr. 1 Kinkel.
(4) Apollodore, III, 218.
(ο) μ 176 ; Hymne hom. au Soleil, ί. Ύπερίων est primitivement utie épithète du
Soleil (Θ 480, Τ 398, α 8 etc.).
(6) Hymne au Soleil, 2, 4.
REG, XXXIX, 192«, n· 183. 27
414 MAX SULZBERGEK

« beau à voir ») (1) et d' Άγλαίη. L'un des prétendants de


Pénélope, Ctésippe, άνήρ ά^εμίστια είδώς υ 287, estiils de ΠοΛυθέρτης(2)
/« effronté, impudent », cf. θερσίτης). Cf. Θ 128 : Ίφνάδην Άρχε-
πτόλεριον θρασύν : l'épithète du héros a peut-être inspiré le nom
de son père.
Le cas le plus curieux est celui de Télamon, père d'Ajax.
Dans l'Iliade, Télamon, au contraire de Tydée, Atrée, Pelée,
etc. n'a pas encore de légende et n'est guère qu'un nom.
Il est probable que Τελαρ-ώνιος est à l'origine une épithète
d'Ajax « porteur de baudrier » (cf. Εύρυσάκης), qui a fini par
désigner le père du héros (3).
Ce phénomène singulier s'explique peut-être par un
sentiment de solidarité entre les générations successives, et l'idée
qu'il y a conformité entre elles et que l'épithète qui convient
au fils doit avoir été vraie du père. C'est ainsi que les
Cypriaques fr. 7, donnent Némésis pour mère à- Hélène. Dans
la satire fameuse de Sémonide, chaque espèce de femme est
censée issue de l'animal ou de l'objet dont elle a le caractère.
Un passage d'Euripide, Troy. 766-771, semble confirmer cette
interprétation. Andromaque y dit à Hélène :
ΤΩ Τυνδάρειον 'έρνος, οΰποτ' ει Διός,
πολλών δε πατέρων οηριί σ' έκπεφυκέναι,
Άλάστορος [Λεν πρώτον, είτα δε Φθόνου,
Φόνου τε Θανάτου θ' όσα τε νή τρέπει κακά.
Ου γάρ ποτ' αύχώ Ζήνά γ' έκφΟται σ' εγώ,
πολλο^σι κήρα βαρβάροις Έλλτ,σί τε.
Quelquefois la deuxième patronymie s'applique à un autre
parent du héros « éponyme », par exemple son frère, sa femme,

(1) Du moins, tel peut avoir été l'un des sens du mot. Cf. Hésychius s. v.·^
Etym. Magn. 807 ·, Théocrite, XX, 35.
(2) χ 287.
(3) Φήμιος, chanteur des prétendants, est appelé Τερ-πιαδης χ 331. Est-il fils
d'un aède, ou bien le nom du père est-il une épithète du fils? Cf. plus loin les
généalogies d'Homère et de Musée. Théocrite, XXIV 129 : Castor, qui a enseigné
à Héraclès à « commander les cavaliers », ίττπήεσσι κελεϋσαι, est nommé Ί
c'est-à-dire sans douté « fils du cavalier ».
ΟΝΟΜΑ Ε11ί2ΝΓΜΟιΝ 415

etc.. La femme de Prométhée s'appelle Προνόη dans Hésiode,


fr. 3. Celle de Poséidon se nomme Εύρυάλη selon
l'Astronomie, fr. 182. Ίφθίμη, épithète de Pénélope (1), devient le nom
de sa sœur, δ 797. 11 y a un Πεισίστρατος frère de JNestor (Schol.
Λ 692).
La réalité historique offre de la deuxième patronymie — ou
de la première Bb — , un exemple qui fera peut-être sourire les
linguistes, mais qui me semble irrécusable. Gomme l'explique
très bien YEtymoÎogicum Magnum, 38, 24, le nom d'Hésiode
signifie « Le Voyageur », παρά το ^σω μέλλοντα και το οδός. Or,
Hésiode n'avait sans doute guère quitté la Béotie, puisqu'il dit
lui-même, Travaux 650 sq. :
Ου γαρ πώ ποτέ νηΐ γ' έπέπλων ευρέα πόντον
ει μή ες Ευβο^αν εξ Αυλίδος.
Mais il n'en était pas de même de son père, Travaux 633 sqq. :
"Ως περ έμός τε πατήρ και σος, μέγα νήπιε Πέρση,
πλωίζεσκ' εν νηυσί βίου κεχρημενος έσθλοΰ *
635 ος ποτέ καΐ τ^δ' ήλθε, πολύν (2) διά πόντον άνΰσσας,
Κύμην Αίολίδα προλιπών, εν νηΐ μελαίνη '
ουκ ά©ενος φεύγων ούδε πλοϋτόν τε καΐ δλβον,
αλλά κακήν πενίην, τήν Ζευς άνδρεσσι δίδωσιν.
Hésiode porte donc pour nom une épithète de son père, qui
sans doute méritait d'être appelé « voyageur », puisqu'il avait
l'habitude de naviguer, πλωΐζεσκε, et qu'il était venu d'Asie en
Grèce continentale, πολύν δια πόντον, ce qui n'était pas une petite
expédition, comme on le voit assez par Y Odyssée.
Quant à Πέρσης, il signifie peut-être « Le Perse », c'est-à-
dire « l'Asiatique », et serait donc aussi une application de la
patronymie. Il est permis de supposer que ce nom lui a été
donné par les habitants d'Ascra, selon la coutume primitive
de faire nommer l'enfant par un personnage étranger à sa
famille. Si l'on prend garde qu'Hésiode et Perses sont les seuls

(1) it 332, etc..


(2) βαθύν varia lectio.
416 MAX SULZBEKGER
personnages antérieurs au vne siècle dont l'existence soit
attestée par des sources grecques contemporaines et sûres, et que
la traversée accomplie par le père d'Hésiode est un fait garanti
par un texte irrécusable et se trouve être le plus ancien
événement certain de Γ histoire grecque et même européenne, on
estimera peut-être ces explications moins fantaisistes qu'elles ne
semblent d'abord.
Je ne vois pas d'autres exemples. Toutefois, on pourrait
imaginer que Νεοβούλη, dans Archiloque, est une sorte de sobriquet
inspiré par le « changement d'avis » de son père Lycambès.
La troisième patronymie est sans doute de peu postérieure
à la seconde, dont elle n'est qu'une variante. La réalité
historique en fournit quelques exemples, comme celui du poète
Terpandre, si l'on admet qu'il était fils de poète, ou de Κηρυ-
κίδης (1), dans Archiloque. Jusqu'à la fin de l'antiquité, on
trouve un certain nombre de dénominations « techniques »,
sans qu'il soit possible de dire si ce sont là des survivances de
la troisième patronymie. Ainsi les noms d'artistes indiquent
assez fréquemment l'habileté ou le talent (Χειρίσοφος, Δαίδαλος,
Εΰχεί,ρ, Ευγραρ.[Λος). Mais d'abord, ce peuvent être des
pseudonymes. Puis, il est bien naturel de donner aux enfants un
nom indiquant la profession où on les destine, surtout si l'on
croit à l'influence du nom sur la destinée, et il n'est nullement
nécessaire, pour expliquer ces coutumes, d'y voir une
application de la troisième patronymie. Cependant certains cas, à la
vérité très rares, semblent s'y rattacher. Ainsi l'on trouve à
l'époque historique Μαντίδωρος fils de Βλεπυρος (« le voyant »)
à Erétrie au 11e siècle (IG Xll9, 249 Β 441). Noms de devins
sans doute. Μνησίθεος fils de Μαντίας à yEgialé (IG ΧΙΓ, 394, 3).
Παυσανίας, « qui fait cesser les douleurs », fils de 2ώ<πς, «
sauveur » et Σώσις, fils de Παυσανίας (IG XIV, 209 et 212). Noms
de médecins? Cf. Πα^σανίαν ίητρον έπώνυριον dans une épigramme
d'Empédocle (2) ou de Simonide (3).

(1) II y a un Κήρυξ dans la généalogie de Musée (Schol. Soph. Œd. Col. 1053).
(2) Fr. 156 Diels (Diog. Laert., Vlll, 60).
(3) Anthol., VIII, 60.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 417

Λεωχίδης Άναςιάδου à Chios (Dittenberger, Sylloge3, 545" ;


me s.). Λόγαγος Άγήτα (Id., ibid., 63612; me s.).
Ces quelques exemples sont d'ailleurs bien incertains. Il est
impossible de dire si la troisième patronymie a réellement
survécu, et sans doute on sera plus près de la vérité en admettant
en principe qu'elle a disparu au cours du vne siècle.
La quatrième, au contraire, a subsisté jusqu'au me siècle
après Jésus-Christ, et peut-être plus tard. Le plus ancien
exemple historique en est fourni par Archiloque :
Έρασ^αονίδη Χαρίλαε, γρηρ,ά τοι γε\ο~.ον
εοέω, πολύ φίλταθ' εταίρων, τέρψεαι δ' άκούων.
Il semble qu'il y ait plus qu'une ressemblance fortuite entre
Χαρίλαος (« gracieux envers le peuple » ou « la grâce du
peuple ») (1) et 'Βράσεων, « aimable ». Archiloque appelle ce
Charilaos « le plus cher de ses amis », on ne risque donc guère
de se tromper en supposant qu'il était à peu près exactement
son contemporain (2). Or, on place avec vraisemblance la
naissance d'Archiloque aux dernières années du vme siècle ou aux
premières du viie (3). C'est vers la même date que serait né
Charilaos, et qu'il aurait reçu ce nom à peu près synonyme de
celui de son père. Il est donc probable que la quatrième
patronymie était encore d'usage courant, au moins à Paros ou à
Thasos, aux environs de l'année 700.
Les doutes que pourrait soulever cet exemple paraîtront
moins graves, si l'on considère qu'il n'est pas isolé. On peut
y joindre l'épitaphe suivante, trouvée à Corcyre (4) :
Στάλα Ξεν/άρεος τοΰ Μείξιός ε'^α/ επί τύριφ.
c'est-à-dire « l'hospitalier » fils du « sociable », cf. Μείξιλλα
Ξενώνδου, IG XIP, 669 (à Ërétrie).

(1) Cf. Plutarque, Vie de Lycurgue, 3.


(2) Cependant Hauvette, Archiloque, p. 210, pense que ce nom de Charilao
n'a aucune réalité.
(3) Vers 708, selon Hauvette. Archiloque , pp. 36 sq. La date de 680 adoptée par
Crusius dans Pauly-Wissowa II, col. 488-490, est certainement trop basse.
(4) Roehl, Inner, gr. antiquiss., 344.
418 MAX SULZBERGER

Peut-être faut-il citer aussi l'inscription suivante, de Corcyre


également (1) :
Υίοΰ Τλασ^ο Μενεκράτεος τόδε σαρ.α.
et Άντιστάτης υιός Άτάρβου, Athénien àEgine (2). Cf. Κλεινο-γενης
Κυδ'.-γένεος à Géos (3).
Enfin, il y a peut-être un rapport entre le nom de Sappho
(de ψτ,φος ?) et celui de son frère Gharaxos, ou du poète Alcée
et de ses frères Antimenidas etKikys.
La quatrième patronymie a, du reste, survécu passé l'âge
épique, et l'on en trouve encore des exemples jusqu'à la fin de
l'antiquité, bien qu'en très petit nombre, et de plus en plus
rares à mesure qu'on approche de l'ère chrétienne. En voici
une liste qui n'est pas très loin d'être complète :
Φιλώτας Μστιείω, à Héraclée (IG XIV 645 I, cl. 6, 9 et 98).
'Ιστιαίος Ξένωνος, à Érétrie, ine siècle (IG XII9 249 A 50).
Χαιροντίδης Ευθυριίδου et deux Ευθυρίδης Χαιρόντίδου dans la
même inscription (ibid., B 162, 78 et 82).
'Αντί [Λαγός Χαρρύδου (de γ άρμη — « combat ») à Erétrie, au
me siècle (ibid., A 187).
Εύκτείδης Κτημάγρου (ibid., A 194).
Εύφημος fils de Κλεώνυ[Λος (IG XII9 245 A 86). Cf. Eupha-
midas fils d'Aristonymos, Gorinthien, dans Thucydide II 33 et
IV 119.
Άριστόβιος Εύτύχου^ Érétrie au me siècle (IG ΧΙΓ, 246 A 35).
Ά[Λφικλείδης·Κλεαινέτου à Thespies (fG VII 1760).
'Αγαθοκλής Κλεαινέτου (ibid., 2871).
'Εμπεδοκλής Έξοανέτου (Satyros dans Diogène Laërce, VIII 53).
Alcaménès, fils de Sthénélaïdas, à Sparte (Thucydide, VIII 5).
Άλκι-Λέδων, fils d' Ίφίων, Éginète (Pindare, 01. VIII 81).
Άγαθίων Ευήνορος, Naxos (IG XIP 223, 10).

(1) ldv ibid., 342. Aux vers suivants, Ton voit que Méné-cratès a un frère
nommé Πραξι-μένης, par application d'une coutume plus récente que la quatrième
patronymie.
(2) Id. ibid., 368.
(3) Id. ibid., 396.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 419
Phronima, fille d'Étéarque (« la sensée », fille du « véridi-
que ») à Axos en Crète (Hérodote IV, 154).
Όπώρα, fille de Στάχυς [IG II 2762).
"Ηδυλος Φιλαΐδης (IG ï 260).
iVlexandre, fils d'Amyntas fils d'Alcète (Hérodote, VIII 139,
etc. cf. Pindare, Encom. 2 Puech.).
Δόλιχος Συύκρωνος, ine siècle (IG VII 2724 c 5). Patronymie
par opposition. Cf. Αψων, « rouge-sang », fils de ΧΧώρος « vert ».
Άγαθίδας Καλλίκράτεος à Ambracie (C1G, 1800, 7).
Άγάθυλλος Αίνησίλα à Delphes, ive siècle (Dittenberger,
Sylloge*, 241 135).
Μέναλκος Άρ-.στομένεος {IG V1 1425, 5).
Τυραννίας Αύτομήδου Θηβαίος (Dittenberger, S'y//3., 690, 1. 6 ;
IIe S.).
Άγάθυμος 'Αδειμάντου [IG II 608, 6 ; ive s.).
Άγαθάρρος Καλλιβίου [IG V2 442, I, 20 ; ne s.).
Mais ces exemples, du reste souvent douteux, sont rares et
clairsemés. Les règles les plus en usage durant la période
classique sont très différentes, bien qu'elles semblent dérivées de
la quatrième patronymie. La plus répandue consiste à donner
au nouveau-né le nom de son grand-père ou d'un autre de ses
parents (1). C'est ce qu'on pourrait appeler la cinquième
patronymie. Elle n'est sans doute qu'une simplification de la
quatrième. Elle se montre déjà dans Y Iliade. Le Lycien Glaucos
porte le nom de son bisaïeul (2). En Ε 541-549 figurent Κρήβων
et Όρσίλοχος ou Όρτίλογος, fils de Dioclès et petit-fils d' Όρσί-
λοχος. La coutume existait donc, bien qu'à peine en germe, à
l'époque homérique. Un peu plus tard, il arrivera que le fils ait
le même nom que son père, ainsi à Olympie (3) ou à Thèbes (4).
Le but de la cinquième patronymie est de faire revivre dans le

(1) Cf. Démosthène, O. Macart , p, 10"îo. Sur la cinquième patronymie et la


sixième, voir Runes, Wiener Studien, 44, pp. 110-Π8.
(2) Ζ 154 sq.
(3) Roehl, Insc. gr. anfiquiss., 99.
(4) Id., ibid., 304, 305. Selon Runes, le plus ancien exemple daté est Μεγακλής
Μεγακλέους, à Athènes, en 429 (IG 1 122, 3).
420 MAX SULZBERCtER
petit-tils les vertus de l'aïeul. C'est ce que montre nettement
Pindare, 01., IX 62 sq. Zeus s'unit à la fille d'Opous, puis la
marie à Locros, qui nomme Opous le fils de sa femme :
εύφράνθη τε ίδών
ήρως θετον υίον
|λάτρωος δ' εκάλεσσέ νιν
ίσώνυμον ε ρ. μεν,
65 ύπέρίρατον άνδρα μορφα τε και
εργοισι.
C'est à dire que, ayant le même nom, l'enfant sera, comme
son grand-père, « eminent par la beauté et les actions ».
Une autre coutume, fréquente à partir du vie et du ve siècles,
conserve dans le nom du fils une partie du nom du père. Ainsi
Nicias, fils de Nicératos, Démosthène fils d'Alcisthène, Hippar-
que et Hippias, petits-fils d'Hippocrate. Les exemples qu'on
trouve dans Homère, Άγήνωρ, fils d' Άντηνωρ, ou Μππόμαχος, fils
d' Άντίριαγος (1) ne sont probablement que des coïncidences.
Les plus anciens cas historiques, d'ailleurs douteux, sont
ΙΙείσανδρος, fils de Ιΐε!.σίνος, cité par Clément d'Alexandrie comme
auteur de X Héracleia (2), et Héracôn, nom que certains
biographes donnaient au père du philosophe Heraclite (3).
Cette sixième patronymie semble issue aussi de la quatrième,
et un vers d'Homère fait voir avec précision comment s'est
produit le passage de l'une à l'autre :
Δ 395 υιός τ' Αύτο-φόνοιο, [λενεπτόλεμος Πολυ-ίρόντης.
La synonymie est devenue peu à peu une demi-homonymie.
Cette évolution paraît toute naturelle, mais elle soulève
quelques difficultés. La cinquième patronymie, que l'on appelle
aussi papponymie, est commune, peu s'en faut, à tous les
peuples. La sixième, bien que moins répandue, se rencontre
ailleurs qu'en Grèce, et par exemple dans la Bible (4) ou dans les

(1) M 189.
(2) Slromates, VI, 2, 25, 1.
(3)tDiogène Laërce,|tX, 1. Cf. Suidas, s. v.
(4) Ahijah et Ahimelech, fils cTAhitub.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΤΜΟΝ 421

légendes germaniques ou Scandinaves (1). Or, nulle part ces


deux institutions ne dérivent de coutumes plus anciennes, et
partout elles semblent réellement primitives. Cela donnerait à
penser que l'évolution qui s'est produite en Grèce est plus
compliquée que les textes ne paraissent l'indiquer. La papponymie
et la « sixième patronymie » étaient peut-être les usages
originels, qui, étouffés quelque temps par l'apparition de la
« patronymie » proprement dite, auraient reparu plus tard,
grâce à leur ressemblance avec les modification du quatrième
aspect de cette coutume nouvelle.
Enfin, l'on pourrait rattacher à une « septième patronymie »
les noms en -ίδης etc. . . c'est-à-dire à forme de patronymiques (2).
On n'en trouve pas encore, sembie-t-il, dans Homère.
Cependant ϊρωίλος (3) pourrait signifier « fils de Τρως » (4) ; cf. dans
Hérodote I, 7, Μυρσίλος fils de Μύρσος. Le plus ancien exemple
historique est probablement le nom du poète Sémonide d'Amor-
gos (5).
Il ne serait pas impossible que la patronymie fut désignée
dans Homère par le terme (δνορια) επώνιψον (6). Dans Hésiode et
les Hymnes homériques, επώνυμος veut dire « significatif » ou
« convenable », ou encore « nommé d'après », et se dit du nom
qui qualifie celui même qui le porte. Dans V Iliade et Y Odyssée,
le mot se rencontre trois fois. L'on en a vu plus haut les deux
premiers exemples, tous deux à propos de la première
patronymie Ab :
l 561 Άλκυόνην καλέεσκον έπώνυμον, οΰνεκ' άρ' αυτής
{χήτηρ, άλκυόνος —
τ 410 Τφ δ' Οδυσεύς ονο|χ' έστω έπώνυίλον.
Le troisième, η 53 sq. est moins explicite :

(1) Sigfrid, fils de Sigraund; Hagebrand, fils de Hildebrand, fils de Hérébrand, etc.
(2) Ne pas confondre « patronymique » et « patronymie ».
(3) Ω 257.
(4) Cf. Ε 26S, Γ 230 sq.
(5) Cf. Roehl, Inscr, gr. antiquiss., \.
(6) Cf. Eustathe, ad Horn., 1390, 37?
422 MAX SULZBERGER
Δέσποιναν jxèv πρώτα κ'/χήσεαι εν ριεγάροίσιν '
Άρη τη ο' ovofj.' εστίν έπώνυμον, εκ δε τοκήων
55 των αυτών, οι'περ τέκον Άλκίνοον βασιλήα.
La difficulté que soulève τοκήων a été finement résolue par
M. Shewan (1). Mais έπώνυίΛον, que le contexte n'explique ni ne
développe, a paru étrange aux commentateurs, et a suscité
plusieurs hypothèses arbitraires. On a supposé que ον<ψα έπώ-
νυ[Λον signifie simplement « le nom dont elle se nomme », ce
que rien n'autorise. Bergk imagine une lacune entre επώνυμον
ei έκ. M. Bérard, pour rapprocher 54 de 71, λαών oï ριίν ρα θεον
ως είσορόωντες, « athétise » tout le passage intermédiaire, ce qui
lui permet de substituer au vers 146 un vers de sa façon.
Mais il n'est guère probable que le nom d' Άρήτη la
caractérise elle-même, ce qui serait tout à fait exceptionnel dans
l'épopée homérique. Son nom est « significatif », mais non pas
de ses vertus ou de sa gloire à elle. C'est une épithète de son
père, 'Ρηξηνωρ άντίθεος (2), ou mieux encore de son grand-père,
Ναυσίθοος θεοε'.δής, sauveur des Phéaciens et fondateur de leur
ville (3). Le fait qu'au vers 54 έκ δέ τοκήων suit immédiatement
έπώνυριον confirme cette interprétation. "Ονορια επώνιψον, ici
comme ailleurs, est le terme consacré pour désigner le nom
déterminé par la patronymie, et le texte doit se traduire :
« Arètè est son nom selon la patronymie ».
L'histoire de la patronymie peut se résumer, à grands traits,
mais avec assez de vraisemblance, dans le tableau suivant :
Premier stade. — La patronymie n'existe pas encore. Les
noms des divinités ou des héros légendaires sont souvent
inintelligibles à nos yeux. Ceux qui sont grecs ne semblent pas
relever de la patronymie. Beaucoup de personnages divins sont
des abstractions personnifiées et portent donc un nom qui les

(1) Classical Review, 1925, p. 145 sq. Au vers 112 du Bouclier d'Héraclès, le fils
et le petit-fils d'Amphitryon sont appelés δύο παΐδας άμύμονος Άλκεΐδαο, ce qui
n'est pas plus étrange que d'assigner à τοκί,ες le double sens de parents et de
grands-parents.
(2) η 146.
(3) ζ 3-10.
ΟΝΟΜΑ ΕΙΚ2ΝΓΜΟΝ 423

caractérise eux-mêmes, ce qui est aussi le cas d'une partie


au moins des demi-dieux et des héros (i). C'est durant cette
période que se constitue, outre le panthéon grec presque tout
entier, le fonds originel de la mythologie héroïque. Il est
probable qu'il existe déjà une abondante littérature épique. On
peut, entre autres poèmes, supposer un Nostos d'Ulysse, où
manquaient peut-être les Phéaciens et l'épisode de Gircé, une
Vengeance où ne figuraient ni Télémaque ni Mentor (2), et sinon
une première Iliade, du moins un poème sur la Guerre de Troie,
où il n'y avait pas d'autres Troyens proprement dits que Paris
et peut-être Hector, la généalogie des Priamides n'étant pas
encore inventée. Mais pour ce qui est des Grecs, on y pouvait
trouver déjà presque tous les acteurs de YIHade, Patrocle
excepté.
Deuxième stade. — La patronymie, venue d'Orient ou d'Asie-
Mineure, ou apportée par l'une des populations qui ont constitué
la race grecque, apparaît, sous sa première forme, au moins
en Grèce d'Asie. Dès lors, l'enfant reçoit un nom destiné à fixer
le souvenir d'un événement, souvent insignifiant ou même
pénible, qui, dans la vie d'un de ses ascendants (généralement
son père) a précédé immédiatement sa naissance. Cette coutume,
qui se rattache aux rites de la naissance et aux rites de
communion, a probablement pour objet d'assurer et de confirmer
le lien qui unit les générations successives.
C'est d'après cet usage nouveau que l'on a forgé les noms
des personnages fabuleux dont l'invention remonte à cette
époque. Mais il- n'est pas aisé de dire lesquels. La première
patronymie avait disparu au temps d'Homère et de ses
successeurs. Mais ils la connaissaient par la tradition, et ont pu fonder
sur elle des explications de noms propres dont la véritable
origine est tout autre. Sous cette réserve, il est permis
d'attribuer à cette période une épopée sur Héraclès, où Tlépolème

(1) Cf. schol. M 93.


(2) Dans cette hypothèse, Eumée serait antérieur à la patronymie, et rien
n'empêcherait son nom de signifier « le bienveillant ».
424 MAX SULZBERGER

'
était au moins mentionné, un poème ou fragment de poème
dont I 527 sqq., est le résumé, un autre sur Enée.(d), peut-
être une Télémachie, etc..
La première patronymie comporte plusieurs variétés, dues
probablement en partie à l'influence d'autres usages, et dont la
succession chronologique est impossible à établir. Elles peuvent
du reste avoir existé simultanément.
Troisième stade. — L'évolution des mœurs religieuses et de
la vie sociale amène un changement dans l'aspect de la
patronymie. Désormais, le nom de l'enfant est une épithète de son
père ou de son aïeul, aussi bien dans la réalité que dans la
poésie. Quelques divinités secondaires et un grand nombre de
héros viennent grossir la population mythologique. Si l'on
croit à plusieurs rédactions successives des poèmes homériques,
on peut admettre que la composition de Ylliade, à peu près
telle que nous l'avons aujourd'hui, moins le dixième chant et
quelques épisodes, remonte à cette époque.
C'est vers la môme date qu'il faut placer la naissance
d'Hésiode et de son frère Perses. Mais il ne faut pas oublier que la
succession chronologique des différentes formes de la
patronymie n'a sans doute pas été la même dans toutes les régions
grecques. La deuxième patronymie peut n'avoir passé en Grèce
continentale qu'après avoir déjà disparu de l'Asie.
La troisième semble à peu près contemporaine, ou à peine
plus tardive. Mais elle a survécu plus longtemps, et l'on en
surprend encore quelques vestiges dans la période classique.
Quatrième stade. — Le nom du fils est un synonyme
approximatif du nom du père. Cette coutume, transformation
naturelle de la précédente, a fourni le nom de quelques personnages
qui apparaissent dans les parties les plus jeunes de Ylliade et
de l'Odyssée. Archiloque en fournit le plus ancien exemple
historique, qui remonte aux environs de l'an 700. Mais elle est
probablement beaucoup plus ancienne.

(1) Cf. Γ 306-308, et la scholie, qui cite Akousilaos.


ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 425
Autant que la rareté des exemples permet d'en juger, la
quatrième patronymie, assez fréquente encore au vne siècle,
s'atténue ensuite et tombe en désuétude, sans jamais
disparaître entièrement.
La papponymie ou cinquième patronymie, déjà en germe
dans Ylliade, n'est peut-être qu'une simplification de la
quatrième.
Cinquième stade. — Les deux dernières formes de la
patronymie, issues également de la quatrième, sont postérieures à
Homère, et même, selon toute apparence, aux plus anciens
poètes cycliques. Elles ne se montrent pas, semble-t-il, avant
le viie siècle.
C'est la fin de l'âge épique. Les quelques noms
mythologiques que l'on invente encore ne sont plus inspirés de la
patronymie, mais, par une sorte de retour aux habitudes anciennes,
qualifient ceux mêmes qui les portent.

111

Dans ce schéma, d'ailleurs tout provisoire et approximatif,


ne figurent pas les poèmes attribués à Hésiode. Les Travaux et
Jours ne renferment aucune allusion à la patronymie. Un seul
passage intéresse l'étude des noms propres. Vers 80-82 :
όνόριηνε δε τήνδε γυναίκα
Πανδώρην, οτί, πάντες Όλύριπί,α δώυ.ατ' έχοντες
δώρον έδώρησαν, πηυ.' άνδοάσ'-ν άλΦηστήσιν.
Sans doute on ne peut rien conclure de ces vers, à cause de
la naissance exceptionnelle de Pandore, qui du reste est une
sorte de divinité plutôt qu'un être humain. Si l'on y tenait, et
en s'amusant un peu, l'on pourrait trouver une lointaine
influence de la patronymie dans le fait que le poète a dit, non
pas « parce qu'elle avait reçu tous les présents », mais bien
« parce que tous les dieux lui avaient donné », en sorte que
le nom de Pandore qualifie ceux qui l'ont créée, et non elle-
426 MAX SULZBERGER

même. Mais ce serait une vue un peu bien subtile. Il est


impossible de savoir si l'auteur des Travaux connaissait la
patronymie.
A cet égard, la Théogonie est plus intéressante. On y trouve
assez souvent, comme dans Homère, des noms propres glosés
par des épithètes. Ainsi Όιζυν άλγινόεσσαν 214, Πόνον αλγινόεντα
226, "Αλγεα δακρυόεντα 227, Ευρυβίην τ' αδάμαντος ένί α>ρεσΙ θίιρ.ον
έ'·χουσαν 239, Προμηθέα πουαλόβουλον 521, Ποοριηθέα ποικίλον αίολό-
ριητιν άμαρτίνοόν τ' 'Επιμηθέα 510 sq., Μητιν πλείστα θεών είδυϊαν
Ίδέ θνητών ανθρώπων 886 sq. (1), Φόβον καΐ Δεΐαον... δεινούς 934 sq.,
φαίδιμον Φαέθοντα 986 sq., Γραίας... πολιάς 270 sq.
Mais ce ne sont là, on l'a vu plus haut, que des amusements
sans aucune portée.
La Théogonie fournit une liste abondante de divinités qui
sont des abstractions personnifiées, et dont le nom est étranger
à la patronymie. On peut noter qu'elles sont ici plus
nombreuses que clans Homère. Cf. les noms des Muses, 75 sq. et
des Grâces,, 907 sq. Mais ces exemples n'intéressent pas la
question, et il vaut mieux considérer les etymologies
expressément données par Hésiode. Elles sont assez nombreuses. 11 a
expliqué les noms des Cyclopes, d'Aphrodite, de Gythérée, de
Gypris ou Gyprogénie, de Ghrysaor, de Pégase (2) et des
Titans (3), toujours à l'aide de particularités qui leur sont
propres, et sans aucune allusion à leurs parents.
Ces etymologies tendraient à faire descendre la Théogonie,
au moins dans sa forme actuelle, à l'extrême fin de l'âge épique.
L'auteur ne semble pas connaître la patronymie. Il a recueilli
dans son poème quelques noms issus de cette coutume, mais
probablement sans les comprendre. Le nom de la Néréide
Νημερτής est une épithète de son père, cf. v. 235. Mais sans

(1) Cf. Μήτιν... πολυδήνε1 έοΟσαν au vers 6 d'un fragment cité par Chrysippe (dans
Galien, De plac. Hippocr. et Plat., III, 8) et qu'Uesener tenait pour extrait d'une
version ancienne de la Théogonie,
(2) V. 144 sq., 195 sq., 280-284.
(3) V. 207-210. Cf. « Orphée », fr. 13 Diels (Athenag. Leg. 18).
ΟΝΟΜΑ EIIliNTMON 427
doute le poète l'ignore, puisqu'il en donne une autre
explication, v. 262 :
Νημερτης θ' ή πατρός έχει. νόον αθανάτου.
A en juger de ce point de vue, la Théogonie est donc un
ouvrage des plus tardifs. Le vers 1001 nomme Μήδειος le fils de
Μήδεια. Un nom de cette origine, absolument unique à cette
époque, ne peut se rattacher qu'à la « sixième patronymie »,
la plus re'cente (1).
Hésiode, si toutefois la Théogonie est de lui, n'a donc pas
connu la patronymie. Il se pourrait qu'elle n'eût pas existé en
Grèce continentale. Cependant il est probable que le nom de
Perses a été donné au frère d'Hésiode, non par son père, mais
par les habitants d'Ascra, ce qui ferait supposer qu'ils
connaissaient et pratiquaient la patronymie. Le plus naturel est de
penser que cet usage existait encore lors de la naissance
d'Hésiode et de Perses, mais avait disparu, au moins en poésie, à
l'époque où Hésiode, déjà mûr ou vieillissant, écrivait les
Travaux.
Le Bouclier d'Héraclès ne donne rien, sauf un passage assez
curieux, dans la partie du poème que l'Argument I dit
emprunté au « quatrième catalogue ». Vers 48 sqq. :
"H οε θεώ δ|^ηθεΐσα καΐ άνέρι izoWbv άρίστφ
Θήβη εν έπταπύλψ δ·.δυρ.άονε γείνατο παίδε
50 ου καθ' όρ.α φρονέοντε ' κασιγνήτω γε ptiv η στη ν ·
τον jj-έν -^ειρόζερον, τον δ' αύ |Λ·έγ' άρ,είνονα φώτα,
δεί,νόν τε κρατερόν τε, βίην Ηοακληείην ·
τον [Λεν υποδρ,ηθεΐσα κελαινεφέϊ Κρονίωνι,
αύταρ Ίφΐ,κλήα δορυσσόφ. Άυ.ωιτρύων..
Il saute aux yeux que le 'χειρότερος Iphiclès doit son nom à la
bravoure de son père. Mais ce passage, non plus qu'aucun autre
du Bouclier, ne permet de dire si l'auteur connaissait la
patronymie.

(1) 11 se pourrait du reste que le passage où apparaît Médeios (1000-1002) fût


interpolé d'après Kinaethon, fr. 2 Kinkel (= Pausanias, II, 3, 9).
428 MAX SULZBERGER

Les fragments des autres poèmes hésiodéens fournissent


quelques données contradictoires. On a vu les vers si
caractéristiques sur Ίλεύς. Un épisode des Grandes Ee'es, imité par
Pindare dans la VIe Isthmique (1) 41 sq., racontait comment
Héraclès, reçu par Télamon, avait prié Zeus pour la naissance
du fils de son hôte. Un aigle apparaissant, en signe que cette
prière devait être exaucée, Héraclès avait dit, 51 sq. :
Έσσεταί το ι παις, δν αιτείς, ώ Τελάρων,
και νιν opvtyoç ωανέντος
κέκλε' έπώνυρ.ον εύρυβίαν Αϊαντα
En l'absence du texte d'Hésiode, on ne peut décider si Ajax,
d'après cette étymologie, est choisi comme nom de bon augure
pour celui qui va le porter, ou s'il se rattache plus ou moins
étroitement à la première patronymie Aa.
Un texte que l'on rapporte aux Eéea est au contraire
nettement étranger à la patronymie. Schol. Théocrit., XVI 49 :
Ησίοδος δε ©ησιν αύτον (scil. Κύκνον) την κεφαλήν έ'χεί,ν λευκήν "
δ to και ταύτης της κλήσεως έ'τυχεν (2). Une telle étymologie semble
contemporaine de la Télégonie ou de Y Hymne à Pan ; du reste,
le témoignage est trop sommaire pour qu'on en puisse rien
conclure.

Si l'on retrouve jusqu'à la fin de l'antiquité quelques


vestiges de la troisième patronymie et de la quatrième, les deux
premières avaient disparu dès les derniers temps de l'âge épique,
et au plus tard au milieu du vne siècle. Le souvenir même ne
semble pas s'en être conservé, et ceux des anciens qui ont
parlé de la signification ou du choix des noms de personnes
paraissent ignorer absolument ces coutumes (3). Dans le Cra-

(1) Cf. Schol. Isthm., VJ, 53.


(2) Hésiode, fr. 119.
(3) Hérodote, I 43; IV 149; λ' 92; VI 63; Aristophane, Nub., 60 sq.; Platon,
Laches, 179; Démosthène, G. Macart.,p. 1075 ; Plutarque, Def. orac. ,21; Athénée,
X, p. 448 c.
ΟΝΟΜΑ ΕίΙίίΝΓΜΟΝ 429

tyle, Platon semble parfois y faire allusion. Il a remarque' la


conformité de sens entre Έκτωρ et Άστυάναξ, et il dit du nom
d'Hector (1) : ΚαΙ τούτο παραπλήσιόν τι είναι τφ Άστυάνακτι... ό γαρ
« άναξ » καΐ ό « εκτωρ » σχεδόν τι ταύτον σημαίνει, βασιλικά αμφότερα
είναι τα ονόματα. De même le texte suivant, 397b, en même temps
qu'une coutume très différente, définit assez nettement la
quatrième patronymie : πολλά μεν γαρ αυτών κείται κατά προ^ονω^
επωνυμίας, ουδέν προσήκον ένίοις.. . πολλά δε ώσπερ ευχόμενοι
τίθενται, οίον Εύτυχίδην και Σωσίαν και θεόφιλον και άλλα πόλλα. Mais
Platon ignore la première patronymie et la deuxième. A partir
de 394 c, il cite une multitude d'étymologies, — fantaisistes,
cela va sans dire, — de noms de dieux et de héros, qui tous
les caractérisent eux-mêmes et non leurs ascendants. Il lui
paraît désirable que le nom, autant que possible, convienne à
celui qui le porte (2). En un seul endroit, 392 e, il paraît avoir
entrevu la deuxième patronymie. Ayant rappelé le vers X 507,
il ajoute : δια ταϋτα δη, ώς εοΐκεν, ορΰώς έχει καλειν τον του σωτήρος
υίον Άστυάνακτα τούτου, δ Ισωζεν ό πατήο αύτου. Mais le texte
même montre que c'est là une observation qu'il a faite sur le
vers homérique, et non pas qu'il connaissait d'ailleurs la
deuxième patronymie. Du reste, il ne presse pas cette idée,
n'en tire rien, et l'oublie aussitôt.
Sauf ce court passage, trop vague pour être probant, tout le
Cratyle, et notamment 392-406, montre que Platon, s'il
n'ignorait pas absolument la quatrième patronymie, ni peut-être la
troisième, n'avait aucune notion des deux premières.
De même le commentaire de Proclus sur le Cratyle n'y fait
aucune allusion, sauf un seul mot (47, LXXXVI1I) : Ol μεν γαρ
πατέρες προς μνή μην ή ελπίδα η τι τοιούτο βλέποντες ονόματα τίθεν-
τα ι τοις παΐσιν.
.

Les anciens commentateurs d'Homère ne les ont pas


mentionnées non plus, ce qui est très significatif. On trouve à la

(1) 393 a; cf. 393 c, 394 c.


(2) A joindre au fragment 14 des Cypriaques. Pour Mégapenthès et EurysakèS)
voir plus bas.
REG, XXXIX, 1926, u" 183. tH
430 MAX SULZBERGER

vérité quelques observations sur la patronymie chez les scho-


liastes d'Homère, mais elles ne paraissent pas remonter à
l'époque alexandrine, et semblent dues aux commentateurs byzantins.
Scholia minora à I, 562 (à propos d' Αλκυόνη) : Οι ούν γονείς
από των συαβεβηκότων ούτως έκάλουν αυτήν την Κλεοπάτραν · ώς
Μεγαπένθην, καΐ Εύρυσάκην, καΐ Νεοπτόλευ.ον. "Εκλαιεν ουντον άνδρα
"Ιδαν, δτε αυτήν ήρπασεν 'Απόλλων...-. Τήν Κλεοπάτραν ούν, φησι,
ϊ)ερωνύυ.ως καΐ Άλκυόνην έκάλουν, δια το τήν μητέρα Μάρπησσαν
δίκην άλκυόνος κλαϋσαι, δτε άφηρείτο αυτήν 'Απόλλων (Première
patronymie).
Schol. δ 326 : Ε'ιδοθέη · άπ6 της είδησέως καΐ επιστήμης τοϋ
πατρός το δνου.α (Explication empruntée peut-être à un poème
cyclique ou hésiodéen).
Schol. δ 630 (à propos de υιός Φρονίοιο Νοήρνων) : Ότι καΐ έν τη
Ίλιάδι ή αυτή ευστοχία της των όνου,άτων Οεσέως (quatrième
patronymie).
Eustathe 513, 18 (à Ζ 403) : Ίστέον δε δτι καΐ δι,α των πατέρων
και προγόνων έργα ετίθετο ποτέ όνόυ,ατα τοις επίγονο ι,ς. Et il cite
'Αλκυόνη et 'Οδυσσεύς, ce qui prouve que c'est là une remarque
inspirée par la lecture d'Homère, et qu'il n'a pas d'autre source
d'information.
Eustathe 776, 46 [Iliad. I 558) : Kal on ου oik πάθος olxelov ή
Κλεοπάτρα τήν της 'Αλκυόνης εσγεν έπωνυράαν, άλλα δια τήν μητέρα
πενθούσαν δίκην πολυπενθοΰς άλκυόνος · ούτω καΐ 'Οδυσσεύς
Eustathe 1390, 37 (//. Χ 506) : 'Ως είναι το έπώνυυ,ον 0'νου.α τω
■βρέφει ου δ',' εαυτόν, άλλα δια τόν πατέρα, ώς και 'Οδυσσεύς... και ώς
ή Κλεοπάτρα.
Eustathe 1474, 28 sq. (Od. γ 413) : Ότι τα ονόματα των υιών του
Νέστορος ταΐς του πατρός άρεταΐς παρωνόυ-ασται. 'Ο υ.έν Έχέφρων
έκαλειτο, παρά το εχειν (ρρόνησιν... έτερος, Περσεύς, δια το κατά τον
γέροντα ήν δτε πτολίπορθον · άλλος, "Α ρητός, παρά τον "Αρην, έν φ
εύοοκιυ.ών ήν ό πατήρ (1).. . .
Ces textes, et les quelques autres que l'on pourrait y joindre,

(1) Deuxième patronymie.


ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 431

sont tardifs, et ne paraissent pas dériver de sources bien


anciennes, car on ne trouve rien de pareil dans celles des scholies
qu'il est raisonnable d'attribuer aux commentateurs alexandrins.
La patronymie a donc disparu dès une époque très reculée,
et rien ne permet de croire que les anciens en aient gardé
aucun souvenir. Les nombreux exemples que fournissaient les
vieilles épopées semblent avoir échappé aux lecteurs les plus
attentifs, et rien n'indique que Zénodote, Aristarque ou
Aristophane de Byzance aient fait à ce sujet la plus légère remarque.
On trouverait, s'il en était besoin, un surcroît de preuve dans
le fait qu'il n'y a presque pas un nom de héros légendaire ou
de divinité dont les anciens poètes ou commentateurs n'aient
inventé une ou plusieurs explications qui ne doivent absolument
rien à la patronymie. Les exemples sont si nombreux qu'il est
inutile d'en citer. En voici un cependant, assez curieux, tiré de
la Vie de Sophocle : παρετυμολογει δε καθ' Όριηρον και το όνθ[Λα του"
'Οδυσσέως ·
δ' Οδυσσεύς ε ψ.'
ορθώς επώνυμος κακοΐς ·
πολλοί γαρ ώδύσσαντο ουσσεβεΤς έιχο1.
d'où il semble résulter que ni Sophocle ni son biographe
n'avaient accepté ni môme compris l'étymologie homérique
τ 399 sq. (1).
Enfin, les nombreux noms inventés par les poètes même les
plus archaïsants, tels que les Alexandrins, Virgile ou Quintus
de Smyrne, ne relèvent jamais de la patronymie, sans doute
parce qu'elle leur était inconnue.
Il suit de là que si, dans un texte postérieur au vne siècle, se
rencontre un personnage dont le nom est expliqué, ou
pourrait l'être, par un événement de la vie ou une qualité de son
père, de son grand-père ou de sa mère, ce nom et, s'il y a lieu,
l'étymologie qui l'accompagne, sont nécessairement empruntés
à une source très ancienne, contemporaine au plus tard des
poètes cycliques ou des successeurs directs d'Homère et d'Hé-

(1) D'autres expliquaient encore autrement le même nom (Schol. α 21).


432 MAX SULZBERGER

siode. Il en est de même lorsque deux personnages, père et fils,


portent des noms de signification voisine (1).
Cette observation permet de déceler chez des auteurs même
très tardifs des noms mythologiques ou parfois des fragments
de légendes que l'on peut presque avec certitude tenir pour
provenant des Catalogues hésiodéens ou des épopées cycliques.
On en recueillerait aisément de nombreux exemples. Λ7οίϋΐ
quelques-uns des plus curieux.
Eschyle, Suppliantes, 41, sqq.

Νυν δ' επικεκλου-ένα


Δ"ϊον πόρτιν ύπερ-
πόντ'.ον τΐΐλάοο' ίνιν τ' (γ'
?) άν9ονό|λου
τάς προγόνου βοος εξ έπιπνοίας
Ζηνος ε'ίοαψι,ν · επωνυμία δ' έπε-
κραίνετο ρ.όρσιυ.ος αιών
ευλόγως, Έπαψον δ' έγέννασεν.

« Maintenant, j'invoquerai le jeune taureau né de Zeus, mon


protecteur d'au-delà des mers, le fils de la Vache qui paissait
des fleurs, mon aïeule. Au souffle et au loucher de Zeus, d'où
il tient son nom, s'accomplissait heureusement le temps fatal (2),
et lo mit au monde Épaphos ».
Le texte est incertain, et d'autant plus obscur qu'il s'y trouve
peut-être une allusion à la valeur vivifiante ou salutaire du
nom (επωνυμία... ευλόγως). Du moins est-il clair qu'Epaphos
est ainsi nommé à cause de Γ έ'φαψις de Zeus. Cette étymologie,
d'espèce unique dans Eschyle, relève de la première patro-
nymie A, et vient d'un ancien poème, Théogonie ou Titano-
machie (3). Elle reparaît plus loin, v. 312-314 :

(1) Comme on l'a vu, la règle vaut aussi bien quand c'est le père qui doit sou
nom au tils.
(2) C'est-à-dire le temps de la gestation. Cf. Euripide, Bacch., 99 sq. (Weckleiu).
(3) La légende d'io est antérieure môme à VAigimios et à la Danaïde. Cf. A Se-
veryns, Musée Belge, XXX, 1926, p. 119 sq.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 433
Κα! Ζευς γ' έφάπτωρ χεί·ρ! φιτύε». γόνον.
— Τις ουν ό ΔΤος πόρτί,ς ευνεται βοός ;
— "Επαοος αληθώς ρυσίων επώνυμος (1).

De même dans le Prométhée, ν. 848 sq. :

Ενταύθα δη σε Ζευς τίθησιν eucooova


επαφών άταρβεΐ χειρ! καΐ Βΐ,γών μόνον '
850 έπώνυμον δε των Διός γεννημάτων
τέξε',ς κελαινόν "Επαφον.

On sait qu'Eschyle, en ce qui concerne l'histoire d'Io, semble


avoir puisé à deux sources différentes, dont l'une lui a fourni
les allusions des Suppliantes, et l'autre la scène magnifique du
Prométhée. Mais toutes deux comportaient la même explication
du nom d'Épaphos, probablement d'après un récit plus ancien
encore.
Dans YAjax de Sophocle, 574 sq. le héros dit à son fils, en
lui léguant son bouclier :

Αλλ' αυτό jjlos. συ. παΐ, λαβών, έπώνυμον,


Εύρύσακες, '-V/ε, οώ. πολυρρ'άφου στρέφων
πόρπακος έπτάβο'.ον άρρηκτον σάκος.
Eurysakès figurait probablement dans la Petite Iliade ou
Ylliou per sis. Quintus de Smyrne, V, 527, dit de Tecmessa :
Ευρυσάκην τέκεθ' υίον, έο;.κότα πάντα τοκήι.

Cette Τέκ^ησσα est fille du Phrygien Τελεύτας (Ajax, 210 et


331). On ne peut pas ne pas être frappé de ce que ces deux
noms ont le même sens, l'un dérivant de τέκυ,αρ ou τέκμωρ, et
l'autre de τελευτή. Il est probable que le vieux poète dont
Sophocle s'inspire ici, Leschès ou tout autre, ayant reçu Τέκ-
μησσα de la tradition, a vu dans ce nom asiatique le mot grec
τέκυ,αρ, et a inventé Τελεύτας d'après un synonyme, selon la
quatrième patronymie.

(1) Cf. 18 : βοός έξ επαφής et 535 : (ZsO). . . εφαπτορ Μοΰς.


434 MAX SULZBERCtER

Œdipe à Colone, 1320-1322 :


"Εκτος δε Ιϊαρθενοπαΐος 'Αρκάς δρνυται,
επώνυμος της πρόσθεν αδ^η'της χρόνω
μητρός λογευθείς πιστός 'Αταλάντης γόνος.
Ces vers sont probablement la paraphrase d'un passage de
la Thébaïde cyclique, où Parthénopée avait un rôle (1).
Sophocle aimait à reprendre d'anciens vers dans un mètre nouveau (2) ,
et l'on sait qu'il s'inspirait souvent du Cycle (3).
Euripide, Hélène, 4 sq. :
Πρωτεΰς δ' oV εζη τήσδε γης τύραννος ήν,
5 Φάρον [χέν οίκων νήσον, Αιγύπτου δ' άναξ,
ος των κατ' οιδ[λα παρθένων [λίαν γααεί,
Ψαυ.άθην, επειδή λέκτρ' άφήκεν Αίακοΰ.
Τίκτει δε τέκνα δισσα τοισδε οώ[λασιν,
Θεοκλύαενον αοσεν', ότι δή θεούς σέβων
10 ^ίον διήνεγκ', ευγενή τε παρθένον
Είδώ, το μητρός άγλάϊσμ', οτ" ήν Spécpoç.
Έπει δ' ες ήβην ήλθεν ώραίαν γά[Λων,
καλουσιν αυτήν θεονόην · τα θεία γαρ
τά τ' δντα και μέλλοντα πάντ' ήπίστατο,
15 προγόνου λαβοΰσα Νηρέως τιριας πάρα.
Par une distraction étrange, on a jugé incorrecte la métrique
du vers 9. Il se scande très bien :

θεο|κλύ|Λ.ενον άρσεν', ο|τι δή | θεούς | σεβων


avec un tribraque au deuxième pied et un dactyle au troisième,
ce qui est régulier.
Mais il y a une raison plus sérieuse de suspecter la fin du
vers 9 et le début du vers 10. Les mots θεούς σέβων βίον διήνεγκε
ne conviennent pasau caractère de Théoclymène et s'accordent
mal avec les épithètes qu'il reçoit dans la tragédie (4). Puis,

(1) Fr. 7.
(2) Cf. par exemple Théognis, 425 sq. avec Œd. Col., 1225 sq.
(3) Athénée, VU, p. 271 E.
(4) οίσεπτος 542, ανόσιος 1054.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΊΓΜΟΝ 435

βίων διήνεγκε ne peut guère se dire d'un nouveau-né ! Aussi,


depuis Nauck, tous les éditeurs (1) suppriment les mots οτι...
διήνεγκ' et raccordent άρσεν' à ευγενή.
Seulement, le passage qu'ils rejettent est d'une absurdité et,
l'on peut dire, d'une démence telles, qu'il paraît difficile de
l'attribuer même au plus niais des interpolateurs. Mieux vaut donc
le conserver tel quel, et lui chercber un sens acceptable.
Il suffit, pour rendre le texte parfaitement clair, de donner
pour sujet à διήνεγκε non pas θεοκλύμενος mais Πρωτεύς. L'épi-
thète de βεοκλύριενος, c'est à dire τα εκ θεών κλύων (2) convient à
Protée, si l'on se rappelle la science prophétique qu'il montre
au quatrième chant de Y Odyssée (3).
On s'accorde généralement à penser qu'Euripide a inventé le
personnage de Théoclymène. Wilamowitz a noté justement
que son nom gêne le mètre iambique, et croit qu'il vient
d'une source en prose (4). Mais on peut aller plus loin et dire
que, comme la plupart des héros du drame attique, il est
emprunté à l'épopée. En effet, la manière dont les vers 9 sq.
expliquent son nom, selon la deuxième patronymie, est la
seule étymologie de cette sorte que l'on trouve dans Euripide.
Elle n'est pas de lui, et il la tient d'un poème antérieur au
vne siècle.
Or, on ne voit guère en quel endroit des légendes épiques on
pourrait loger ce Théoclymène, fils de Protée. Pourtant, il
devait tenir un rôle assez considérable, puisque l'ancien poète

(1) Quelques-uns adoptent la correction de Geel, ούτι pour δτι.


(2) Ëustathe, ad Horn., p. Π80, 19 (à propos de son homonyme dans Y Odyssée),
cf. 271, etc.. : Θεοκλυμενος θεοειδής, qu'il ne faut pas traduire, comme le fait
M. Bérard, « au visage de dieu », mais bien « savant comme un dieu », ou « qui
voit les choses divines », et qu'on doit sans doute accentuer θεοείδης. Pindare,
01. VI 41, appelle le divinateur lamos θεόφρονα κοϋρον.
(3) Cet exemple m'a été signalé par M. Roger Goossens, qui se souvenait que
M. Henri Grégoire avait depuis longtemps, contre tous les éditeurs, admis
l'authenticité des deux hémistiches 9b ioa. J'ai consulté à ce sujet M. Grégoire, qui
maintient en effet ce passage dans le texte, et en a le premier découvert
l'explication que je propose ici, mais sans la tenir pour certaine, parce que le sujet
de τίκτει pourrait être Ψαμάθην, ce qui renverserait toute l'argumentation.
(4) Griechische Trngœdie, IV.
436 MAX SULZBERGER

avait jugé nécessaire d'expliquer son nom. L'hypothèse la plus


naturelle sans doute est qu'il figurait dans un récit relatif à
Γ ε^δωλον d'Hélène. Et précisément, un texte que Ton a
suspecté sans motif dit à ce propos : πρώτος Ησίοδος, περί της
Ελένης, το εϊδωλον παρήγαγε (1) (Schol. Lycophr. 822 = Hésiode
fr. 266). Il n'y a aucune raison de supposer, comme le voulait
Marckscheffel, qu'Hésiode soit nommé par erreur au lieu de
Stésichore. Au contraire, le fait que Stésichore a traité cette
légende donne à penser qu'il la tient d'un poète antérieur, car
les lyriques du vie siècle ou du vfi, autant qu'on en peut juger,
inventent parfois dans le détail, mais ne modifient pas les
grands traits des thèmes épiques, et n'en apportent jamais
d'entièrement nouveaux. Et l'on ne saurait objecter que le
mythe du fantôme d'Hélène, si beau, mais d'un symbolisme
un peu raffiné (2), n'est pas dans le ton de la mythologie
primitive, car on en trouve de tout pareils précisément dans les
fragments d'Hésiode, par exemple l'histoire d'Iphigénie (3), ou
celle d'Endymion et du fantôme d'Héra (fr. 148). On peut citer
aussi le passage de Y Iliade, Ε 449 sqq., où Apollon enlève Enée
et le remplace par son image :
Αύταρ 6 ειοωλον τευξ' άργυρότοξος 'Απόλλων
αυτώ τ' Αινεία ί'κελον καΐ- τεύγεσι ζο~.ον '
450 à|jicpl δ? αρ' είδώλω Τρώες καΐ οίοι Αχαιοί.

Si, d'autre part on admet comme démontrée la présence de


I héoclymène dans un poème du vne siècle au plus tard, il n'y
a rien que de très naturel à rapprocher ces deux faits, et à
imaginer que ce Théoclymène avait un rôle dans l'épisode où
« Hésiode » avait parlé de Γ είδωλον d'Hélène, dans les Eées ou
ailleurs. Ce n'est là qu'une hypothèse, mais il me semble qu'on
ne pourrait en imaginer de plus simple, de plus logique et de
plus vraisemblable.

(1) Cette ponctuation permet, ce me semble, de ne rien changer au texte.


(2) Cf. Platon, Républ. , 586 c.
(3) Fr. 100.
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 437
On pourrait du reste la compléter et dire, en sortant un
instant des raisonnements fondés sur la patronymie, que le nom
de Théonoé, lui aussi, entre malaisément dans le vers iambique,
mais convient parfaitement, sous la forme Θειονόη (1), à
l'hexamètre. Puis, on voit mal pourquoi Euripide a mis en scène ce
personnage « à peu près inutile » (2), et l'on comprend moins
encore pourquoi il aurait tenu à dépayser ses spectateurs en
changeant son nom d' Είδοθένι (3), déjà employé par Eschyle,
fr. 212, sous la forme hypocoristique Είδώ.
11 est donc au moins vraisemblable que Théonoé, comme
Théoclymène, vient d'une source épique. C'est ce que paraît
confirmer le vers 14, imitation d'Homère (4), et le fait qu'Hygin,
Fab. 190, nomme une autre Théonoé, sœur du devin Calchas^
dont le nom a sans doute une origine analogue et provient
aussi de l'épopée. Et Fidée la plus plausible et la plus naturelle
est sans doute que la Théonoé d'Euripide est empruntée au
même récit où figurait Théoclymène. On est donc amené à
penser que la fable d'Hélène, loin d'être une invention
d'Euripide, est prise à un passage des Catalogues hésiodéens, à peu
près, si l'on veut, comme le Phœnix était le développement du
récit d'Homère en I 447 sq.
Ce nom de θεονόη, à peu près synonyme d'ElooQéï}, relève de la
patronymie comme celui de Théoclymène. C'est une épithète
de Protée et peut-être aussi de Nérée (5), père de Ψα^άθη. Telle
était probablement l'explication donnée par « Hésiode ». Mais
Euripide Ta jugée absurde ou même ne l'a pas bien comprise,
et y en a substitué une autre. Il le pouvait aisément, puisque
Théonoé porte un nom conforme à son caractère, ce qui n'est

(1) Cf. Théiodamas, Theioménès, etc..


(2) Patin, Euripide, II, p. 83 sq. 11 se peut que Théonoé ait eu un rôle actif et
utile danse Hésiode », et que les modifications apportées par Euripide au plan
de son devancier l'aient rendue superflue.
(3) δ 366.
(4) A 70.
(5) Cf. Hésiode, Théog., 233 sq. De même Persépolis, petit-fils d'Ulysse et de
Nestor, a pour nom une épithète de ses deux grands-pères (Hésiode, fr. 17).
438 MAX SULZBERGER
pas le cas de Théoclymène. Du reste, à supposer que l'ancien
poète eut écrit quelque chose comme :
Αύταρ έπεί ρ' ήβης ώραίης ικετο μέτρον,
την δε γέρων Νηρεύς (vel Πρωτεύς) νημέρτεα δη'νεα είδώς,
Θειονόην κίκλησκεν επώνυαον, ουνεκα θείων
πάντων ϊδρις εην...
Euripide a pu croire que le sujet de εην était, non pas Protée,
mais Théonoé. Quoi qu'il en soit, il me paraît infiniment
probable que Théonoé et son frère, et peut-être, par conséquent
tout l'intrigue de Y Hélène, viennent d'une épopée perdue (4).
A propos de Mégapenthès, fils de Ménélas, déjà nommé par
Homère δ 11, ο 100 sq., Eustathe écrit (2) : Ώνομάσθαι δια το
« μέγα πένθος » είναι τότε τφ Μενελάου οίκω. Et un peu plus bas,
p. 1480, 4, il dit de Mégapenthès fils de Proitos (3) : Κληθείς
ούτω δια το πενθήσαι τον ΠροΊ/cov επί τ^ μανία των θυγατέρων. Or,
la folie des filles deProitos était mentionnée par Hésiode, fr. 27,
et c'est probablement du môme endroit des Éécs qu'est extraite
l'étymologie de Μεγαπένθης.
Ptolém. Héphestion dans Photius, Bibl., 140, A 36 : ότι
'Αμφιάραος εκλήθη, έπε Ι ά'μφω οι της μητρός γονείς ήράσαντο αυτήν
άνευ τεκεΐν μόγου. Emprunt à la Théba'idel
Polysen., VI, 1,6: Μηριόνης δε, επειδή τις ήγγειλεν αύτω πεπορ-
θήσθαι την οίκίαν, δεξάμενος το οίώνισμα, όνομα εθετο τω παιδίω
Πορθάονα. Tisamenos, « le vengé » ou « celui qui a vengé ou
qui a puni », surnom d'Oreste (Cramer, Anecd. Oxon., II, 321,
8) devient le nom de son fils dans Sophocle, Hermione (Nauck,

(1) On sait que Y Hélène et VIphigénie en Tauride se ressemblent fort et sont


construites sur le même plan. On admet aujourd'hui que c'est VIphigénie qui a
précédé. Mais les raisons qu'on en donne se réduisent toutes à celle-ci, qu'on
entrevoit assez bien, dans la légende et dans les débris du Chrysès de Sophocle,
les origines de VIphigénie, tandis qu'on n'aperçoit nulle part, sauf pour la donnée
générale, celles de VHélène. Les considérations qui précèdent renverseraient les
éléments du problème, et donneraient à penser au contraire que c'est, pour
l'Hélène seulement qu'il existait une source précise et détaillée. Llphigénie aurait
donc été écrite en second lieu.
(2) P. 1480.
(3) D'après Porphyre (κατά Πορφύρων).
ΟΝΟΜΑ ΕΠίίΝΓΜΟΝ 439

2, ρ. 176), probablement d'après un poème cyclique hésio-


déen, qui le faisait suivre d'une explication que trois
témoignages nous ont conservée. Bekker, Anecd. Gr., 868, 27 :
Όρέττης, επειδή τήν Κλυταιμήστραν ετίτατο, Τισαμενον τον παΤδα
αυτού εκάλεσε. Etym. Magn., 760, 1 : Τισαμενός · λέγεται εκ τοΰ
τον πατέρα αυτού (λέγω δή τον Όρέστην) τιμωρήσαι τήν μητέρα αύτου
Κλυταιμήστραν δια τον φόνον τοΰ πατρός 'Αγαμέμνονος. Eustathe
ad Horn., 1749, 16 sq. ." Τισαμενον φερωνύμως ούτω κληθέντα παρά
τήν μετά μένους τίσιν (ceci est sans doute d'Eustathe lui-même)
ε,πεί ό πατήρ 'Ορέστης έτίσατο τους φο.νέας τοΰ 'Αγαμέμνονος.
Ces trois textes sont peut-être une paraphrase de quelques
vers des Nos toi (1).
Il y a un autre Tisaménos, fils de Thersandre et petit-fils de
Polynice, nommé par Hérodote IV 147 et VI 52. Son nom a
sans doute une origine analogue.
Schol. Β 740 : Ό δε Πολυποίτης ήν τοΰ Πειριθόου παις, ον «ρασι
Πολυποίτην ώνομάσθαι ύπο τοΰ πατοός, οιονεί πολυποινίτην, κατά
συνκοπήν, δια το πολλοίς των Κενταύρων επιθεΐναι ποινήν, ο έστι
τιμωρίαν, οπότε εις τους γάμους της μητρός αύτοΰ Μελανίππης ύβρίσαι
έπεγείρησαν.
D'autres noms nous ont été transmis sans explication, mais
il est peu douteux qu'il ne faille les joindre aux précédents.
Parmi les tragédies perdues de Sophocle figurait un Euryalos.
Ce personnage, à propos duquel aucun témoignage plus ancien
ne s'est conservé, est un fils d'Ulysse, et tient évidemment de
son père son nom maritime (2) ; cf. Nausinoos et Nausithoos
dans Hésiode. Il est a priori fort probable qu'Euryale vient de
l'épopée, puisque son histoire a fourni le sujet d'un drame
attique, mais le fait que son nom relève de la patronymie fait
de cette vraisemblance une quasi certitude (3).
Pindare, Pyth., IX 65. Le fils de Cyrène s'appelle Agreus,

(1) Cf. le résumé de Proclos, in fine.


(2) Un Euryalos figure parmi les Phéaciens au chant 6 de l'Odyssée.
(3)11 va, sans dire que tous ces noms peuvent aussi bien, provenir des plus
anciens poètes lyriques.
440 MAX SULZBERGER
Nomios (épithète de son père Apollon) ou Aristée (épithète de
Zeus, son grand-père). Emprunt aux Eées, cf. schol. Pyth., IX.
'Αγγελία fille du messager Hermès (Pindare, 01., VIII 81 sq.).
Φράστωρ « l'ingénieux », fils d'CEdipe (Phérécyde dans schol.
Eurip., Phén., 53).
Έλεκτρυώνη, fille du Soleil (Diodore II, 56).
θύας (de θύω « sacrifier »), frère de Rriséis et fils du
sacrificateur Brisés (Jo. Malal., V, p. 126 = p. 101, 5 éd. Bonn).
Troisième patronymie.
Asclépiade dans Schol. Pindare, Ném., VII, 62 : Μαχαιρεύς
« qui porte le couteau », fils de Δαίτας, « qui fait les parts »,
ce dernier cité déjà par Mimnerme (dans Athénée IV, 174 A).
Άφείδας, « qui n'épargne pas », fils de la Nymphe Χρυτοπέλεια
(Eumelos fr. 15 Kinkel, dans Apollodorc II, 9, 1).
'Αλήτης, « l'errant », surnom du héros Hippotès (Diodore, V,
9; Ttzetzès ad Lycophr. 1388) devient le nom de son fils
{Etym. Magn., s. v. ; cf. déjà Pindare, 0/., XIII, 15).
Schol. Pindare, 0/., XI, 83 : Άλφρόθιος est une épithète de
Poséidon et le nom d'un de ses fils. Cf. GIG, 2374 Ζ, 5 sq.
Πεισι/Ηκη, fille de Nestor (Apoll.od.ore, I, 9, 9).
Ίππόνοος, fils d'Adraste (Hygin, Fab. 242) doit peut-être son
nom au cheval de son père, le « divin Arion », déjà célébré
dans Y Iliade Ψ 246 sq.
Hellanicos dans Schol. Β 105, etc. : Chrysippe fils de
Pélops. Cf. Pindare, 0/., I, 86^ sq. :
τον [Λεν (scil. Πέλοπα) άγάλλ(ον θεός
εδωκεν δίφρον τε χρύσεον πτεροΤ-
σίν τ' άκάρ.αντας Ιππους

et Sophocle, Electre, 510.


Gapanée est fils de Hipponoos (Apollodore III, 6, 3 ; Hygin,
Fab. 70) ; or, il se pourrait que Καπανεύς vînt du thessalien
καπάνη = αμιαςα (1).

(1) Athénée, X, 418 d. Se souvenir q\ie dans Homère, "πποι signifie souvent
les chevaux et le char ».
ΟΝΟΜΑ ΕΠΩΝΓΜΟΝ 441

Le grand-père du devin Calchas s'appelle Idmon, « celui qui


sait » (Phérécyde dans Schol. Apoll. Rhod. I, 139).
Αίγί,αλεύς, fils d'une Océanide (Apollodore, II, 1, 1 ; Steph.
Byz. s. ν. Αιγιαλός).
"Αλκών, « fort », fils d'Ares (Hygin., Fab. 173).
Γοργοαόνος, surnom de Persée (Nonnos, XVIII, 305 ; XXXI,
12) fournit le nom de son petit-fils (Apollodore, II, 4, 5) et de
sa fille Γοργοφόνη (Apoliod., I, 9, 5; II, 4, 5 ; III, 10, 3;
Pausanias, II, 21, 8; III, 1, 4 ; IV, 2, 3).
Historis, fille de Tirésias (Pausanias, IX, 11, 3).
Astyanax ou un autre fils d'Hector s'appelle Laodamas dans
Dictys, III, 20 et IV, 12.
Héraclès porte le surnom de 'Ανίκητος (Tyrtée, IX, 1 ; CIG,
2385), qui devient le nom de son fils (Baton dans schol. Pind.,
Isthm., III, 104 H ; Apoliod., II, 7, 7). 'Αλκαίος, ancien nom ou
surnom d'Héraclès (Diod., I, 24; IV, 10; CIG, 1759, 5984 D),
devient le nom de son grand-père (Hésiode, Boucl. 26) et de
son fils (Hérodote, I, 7). Deux autres de ses fils se nomment
Άλεξιάρης « qui écarte le lléau » et "Ατρομος (Apollodore, II, 7,
7 et 8).
Nauplios fils de Poséidon (Pausanias II, 38, 2 etc.). Cf.
Suidas : ναύπλί,ος · ή εν θαλάτση πρόοδος.
L'on a vu que probablement les Nostoi, fr. 1, donnaient Oiax
et Nausimédon pour frères à Palamède, fils de Nauplios. Selon
Apollonius de Rhodes, A 133 sq. les aïeux de Nauplios auraient
également porté des noms maritimes :
Τ φ δ' επί δη θείοιο κίεν Δαναοΐο γενέθλη,
Ναύπλιος · ή γαρ εην Κλυτονήου Ναυβολίδαο *
155 ' Ναύβολος αυ Αερνου · Αέρνον γε ριέν ιδριεν εοντα
Προίτου Ναυπλιάδαο · Ποσειδάωνι δε y.oùprt
πριν ποτ' Ά[Λΐψώνη Δαναίς τέκεν εύνηθείσα
Ναύπλ'.ον, ος περί πάντας έκαίνυτο ναυτιλίησιν.
Sans doute Glytonèos et Naubolos viennent aussi des Nostoi,
sinon des Cypriaques ou de la mystérieuse Palamèdeia. Peut-
être Δάναος a-t-il aussi été considéré comme un nom nautique
442 MAX SULZBERGER

(de δαήναΐ. et ναΰς?) (1). Par parenthèse, Palamède est presque


seul de cette famille à n'avoir pas de nom de ce genre. La
terminaison -[Αηδής donne à penser que πάλα- devait avoir un sens
en grec primitif ou dans une autre langue. Peut-être pala
signifiait-il « mer ». Cf. Παλαβών, dieu marin, latin palus (2),
sanscrit palvalami Dans Παλαι^ών on pourrait retrouver l'hapax
aiuuov (3) dont le vrai sens est inconnu. Mais on trouve dans
Homère un Αί'ΐλων, qualifié de κρείων (4), et un "Αλκψ,ος ou
Άλκιμέδων, petit-fils de Αί'^ων (5). L'OEdipodéia fr. 2, nommait
déjà ΑΊ!ρ.ων fils de Κρείων. Il est vraisemblable que ces deux
noms sont quasi synonymes et que αίσιων signifie « fort », ce qui
convient parfaitement en Ε 49. D'autre part, Μαίων Αψονίδης
Δ 394, et Μαίριων ou Μαίων, fils de Αψων dans l'argument d'An-
tigone donneraient à croire que αΐριων signifie aussi «. ardent ».
Le sens primitif pourrait avoir été « plein de sang », ou « qui
a du sang », d'où « fort » et « ardent ». Si l'on accepte ces
hypothèses, Παλαβών veut dire « puissant sur mer », ce qui peut-
être sied mieux à une divinité marine que « le lutteur ». Je
ne donne pas ces fantaisies pour des certitudes, mais on voit
qu'une étude attentive de la patronymie intéresserait la
linguistique.
En voici un autre exemple. D'après Hygin, Fab. 154,
Hésiode (fr. 199) donnait pour lilies au Soleil Méropè, Héiiè,
Aeglè, Lampetiè, Phoebè, Aetheriè. Sauf le premier, tous ces
noms reviennent au même sens : « la brillante ». D'autre part,
trois vers cités par un scholiaste de Pindare (β) et que l'on a
attribués à Hésiode (fr. 275) nomment parmi les filles d'Atlas
Μερόπη, Άστερόπη et Ήλέκτρη. Ces trois noms ont tout l'air d'être

(1) Cf. dans Eschyle, Agamemnon, 687 sq., l'interprétation de Ελένη, « la perte
des navires », de έλεΐν νχΰς. Sur la compétence maritime de Danaos, v. Eschyle,
Suppl., passim, notamment Π7, 764 sqq.
(2) L'équivalent sémantique de palus, λίμνη, signifie quelquefois « mer » (N 32).
(3) Ε 49.
(4) Δ 296.
(5) Ρ 467.
(6) Schol. Pind., Nem. II 16. On pourrait y corriger ot αστέρες en 6 Άσκραϊος.
Cependant le passage vient peut-être d'un poète cyclique. Cf. Schol. Σ 486.
ΟΝΟΜΑ ΕΠί2ΝΓΜΟΝ 443

synonymes. Dès lors, Μερόπη signifie « la brillante », et le


mystérieux [Λέροψ devrait se traduire « au regard lumineux » (1),
de l'indo-européen « mer » ; cf. άααρύσσω, ρ.αρρ*ίρω, sanscrit
maricih, latin merus.
La généalogie des Amythaonides, telle qu'elle figurait dans
la Mélampodie ou dans un autre ancien poème, peut se
reconstituer d'après des témoignages plus tardifs. Le nom du frère
d'Amythaon, Αί'σων (λ 239) est peut-être à rapprocher de
αίσια = αληθής φωνή (2). La femme d'Amythaon s'appelle Είδο-
αενη (Apollodore, I, 9, 41 ; II, 2, 2); ses petits-enfants Anti-
phatès, Mantios (o 233), "Αβας (3) (Apollod., I, 9, 13 ; Paus., I,
43, 5), Μαντώ et Προνόη (Diodore, IV, 68, S). Mantios ou Abas
est le père de Polyidos, père d'Euchénor et de Μαντώ (Paus., I,
43, 5). On voit que la plupart de ces personnages portent des
noms qui expriment la science prophétique héréditaire dans
leur famille.
Plusieurs fleuves ont une tille du nom de Καλλφόη. L'Aché-
loos (Apollod., III, 7, 5 sq. ; Pausan., VIII, 24, 4), le Scaman-
dre (Schol. r 232; Apollod., III, 12, 2), le Méandre (Stéph.
Byz. s. ν. Άλάβανδα).
Γαλήνη et Μυραίνα lilies de Ίγθυς et de Έσυγία (Mnaseas dans
Athénée VII, 62, p. 301 d.). Schol. Β 499 : "Ερυθρά fille de
Πορφυρίων.
Aithiops, fils d'Héphaistos (Pline, VI, 187).
Αιθοψ, compagnon de Memnon, fils de Πύρρασος (Quintus de
Smyrne, II, 247), vient probablement de YEthiopide.
Asclépios est fils du Soleil et porte les épithètes d' αίγλη εις
ou αίγλάηρ (Hésychius, s. υ.). Ses filles s'appellent Αίγλη (Schol.
Aristoph., Plut. 701 ; Pline, XXXV, 137), Άκεσώ, Ίασώ, Ύγιεία,
(1) Ou peut-être « au visage clair», par opposition à Αιθίοπες.
(2) Clément Alex., Strom., V, 8, 45; Hésychius s. ν. Έφέσια γράμματα.
(3) Ce nom parait particulier aux familles de devins. En Ε 148 figure un autre
"Αβας fils d'un ονειροπόλος. Le plus célèbre des "Αβας roi d'Argos, est gendre de
Μαντινεΰς et père ά'Είδομένη (Apollod., II, 2, 2); son fils Χαλκώδων porte un nom
qui ressemble tort à Χαλκήδων fils du devin Calchas (Hesych. Mil., IV, 21). Le fils
de Chalcodon, roi des Abantes (B S40) s'appelle Έλεφήνωρ (« le trompeur»; cf.
schol.) ; serait-ce là un exemple de « patronymie comique » ? (v. plus haut).
444 MAX SULZBERGER

Πανάκεια (ibid., et CIG, add. 541 ; Pausan,, I, 34, 2 et II, H,


7; Suidas, s. ν. Ήπιόνη).
Schol. Pind., Οι. Vil, 131, ab; 132 ac, 135 : du Soleil sont
nés Άκτίς, Τριόπης, Φαέθων ό νεώτερος, "Οχιμος (« qui mène un
char ») et Χρύσιππος (cf. Diodore, V, 56 sq., Plutarque, Quest,
gr., 27).
Στερόπη, fille du Soleil (Akesandros dans Schol. Pind., Py/h.,
IV, 57).
Αυγείας, « le rayonnant », est fils du Soleil dans Apollonius de
Rhodes, I, 172 et Théocrite, XXV, 54.
Πασιφάης, épithète du Soleil (Orph. Hymn., VIII ; cf. παμωάης
Pind., Ném. X 49), devient le nom de sa fille (Apollonius de
Rhodes, III, 999). Πασιφάη est aussi un ancien nom de la lune
(Pausanias, II, 26, 1)', elle a pour fille Φαίδρα, déjà nommée
par Homère λ 321 (cf. φαιδρας σελήνης dans Eschyle, Again. 298).
Idoménée est un descendant du Soleil. Or, d'après une glose
d'Hésychius (1), on a conjecturé (2) qu' 'Ιδομενεύς (ou Ιδομενεύς?)
est synonyme ou en rapport avec un synonyme de ήλιος.
Pausanias, V, 25, 9 : Οτου δε ό άλεκτρυών έστιν επίθημα τβ άσπίδι
'Ιδομενεύς έστιν ο o.izàvovoç Μίνω · τω δε Ίδομενει γένος άπο Ήλιου
του πατρός Πασκράης, Ήλιου δε 'ιερόν φασιν είναι τον όρνιθα ή άγγελ-
λειν άνιέναι μέλλοντος του ηλίου.
D'autre part Eustathe ad Horn., p. 862, 7 et Suidas, s. v.
nomment Αίθων, « le brûlant », un fils du Soleil, (le
personnage était sans doute le héros du Αίθων, drame satyrique
d'Achaios. 11 est donc probable, même indépendamment de la
patronymie, qu'il vient de l'épopée. Or, c'est sous ce même
nom d'A'-θων que, dans l'Odyssée, τ 183, Ulysse se présente à
Pénélope comme frère d'Idoménée (3).

(1) S. ν. 'Εφέσια γράμματα; cf. Clément Alex. (Stromates, V, 8, p. 356' Stahlin).


(2) Gruppe, op. cil., I,p. 641 et 11, p. 884, n. 1 — On pourrait noter ici
qu'Hésiode, fr. 30 (= Schol. M 292), connaît un 'Αστερίων roi de Crète.
(3) 11 est probable que Δευκαλίων dérive de λευκός « le brillant » (cf. ΙΙολυδεύκης,
« le resplendissant », fils de Zeus). Voir dans Rzach les variantes de VEtym.
Gudianum au vers 3 du fragment 115 d'Hésiode.
ΟΝΟΜΑ ΕΠϋΝΓΜΟΝ 445

On en citerait bien d'autres, mais il serait fastidieux


d'allonger cette liste.
On peut en quelque sorte retourner la règle, et dire, bien
qu'avec moins de certitude : tout personnage légendaire, connu
par des sources tardives, qui porte le nom d'un de ses
ascendants — ou de ses descendants — peut être considéré. comme
inventé assez récemment, et au plus tôt vers la fin de l'âge
épique. Tout personnage dont le nom n'est qu'une variante du
nom d'un de ses ascendants, ou qui conserve dans son nom
une partie du nom d'un de ses ascendants, est probablement de
création postérieure à l'âge épique. Ainsi Leukopeus, petit-fils
de Porthaon, ayant le même nom que son oncle ; Ilos, ancêtre
inventé plus tard à Ilos, frère d'Assarakos; Hellé, arrière-petite-
fille deHellen; 'Αρπάλυκος, fils de Λυκάων (Apollodore, III, 8, 1);
Hippè, fille d'Anthippos (Hygin, Fab., 14), et quelques autres.
La même méthode permet de déceler, dans des textes récents,
des personnages non plus fabuleux, mais réels et historiques,
antérieurs au vu" siècle. Le poète Musée porte un nom qui
relève de la troisième patronymic, et Suidas, s. ν. Μουσαίος,
dit : υίος Άντιφήμου (Άντ'.οφημου dans Pausanias, X, 5) του
Εύφημου του Έκφάντου (« celui qui dévoile, qui fait
apparaître ») (Ι).·, και έ'γραψεν Ευμόλπω τφ υίφ ; cf. Diogène Laërce, 1,
prooem § 3. Anti(o)phèmos et Euphémos relevant de la « sixième
patronymie », il est probable que l'un de ces deux noms a été
intercalé à une date assez récente, de même que l'Eumolpe,
père de Musée, selon l'épitaphe citée par Diogène Laërce, ibid.
Mais les autres remontent beaucoup plus haut et l'on peut tenir
pour assuré, sinon précisément que Musée a existé, du moins
que sa légende, comportant les noms de ses aïeux et de son fils,
existait au vin6 siècle.
Certamcn Horn, et Hés.y 44 sq.... Όρψέως δε Δρην, τοΰ δε
'Αρμονί,δην (2), τοΰ δε Φί,λοτέρπην, του δε Εΰφημον, τοΰ δε Έπιφρά-

(1) Cf. un "Εκφαντος à Naxos (Roehl, Insc. gr. antiquiss., 412).


(2) Άρμονίδης ne doit pas être corrigé. C'est aussi un nom de poète.
Rapprocher Ε 59 sq. de Pindare, Pyth. III 113 sq. : ίξ επέων κελαδεννών τέκτονες οία σοφοί
άρμοσαν.
REG, XXXIX, 1926, η· 183. 29
446 MAX SULZBERGER

δην, τοΰ δε Μελάνωπον, τούτου δε ΔΤον καΐ Άπελλην,, Δίου δε καΐ


ΓΙυκι,ριήδης (« la sage ») της Απόλλωνος θυγάτρος Ήσίοδον και. ΪΤέρ-
σην · Άπελλού δε Μαίονα, Μαίονος δε καΐ θυγάτρος Μέλητος του
ποταμού Όμηρον. Cf. Plut., Vit. Horn., I, 2, Allen : l'autre nom
d'Homère, Μελητιγένης ne signifie pas « né au bord du Mélès » (1 ),
mais bien « né dans la poésie » (2).
Cette généalogie d'Hésiode a été, comme celle de Musée,
imaginée au vme, siècle ou peut-être au début du vne.
Hellanikos et Phérécyde dans Proclos [Chrestom. A II, p. 231
Westph.) : Homère est fils de Maion τοΰ Άπελλίδος τοΰ Μελανωποΰ
τοΰ Έπΐίοραδέος τοΰ Χαρίδημου τοΰ Φιλοτερπέος τοΰ Ίδμονίδα τοΰ
Ευκλέους τού Δωρίωνος τοΰ Όρφέως.
Charax dans Suidas s. ν. "Ορ,ηρος : Μαίονος η Μητίου καΐ Εύυ.ή-
τιδος μητρός Όρφεύς, τοΰ οϊ Δρής, τοΰ δ' Ευκλέης, τοΰ δ' Ίδρ.ο-
νίδης, τοΰ δε Φιλοτέρπης, τοΰ δ' Εύφημος, τοΰ δ' Έπιφράδης,... τοΰ
δε Μαίων, δς... γήριας Ευριητιν τήν Εύέπους τοΰ Μνη ι (.γένους εποίησεν
"Ου,ηρον.
Hellanikos et Phérécyde dans Proclus (Chr., A II, p. 231
Westph. p. 100 Allen) : Μαίονα γάρ cpaat. τού Όμηρου πατέρα καΐ
Δίου τοΰ Ησιόδου γενέσθαι Άπέλλιδος τοΰ Μελανωποΰ τοΰ Έπίφρα-
δέος τοΰ Χαριφήμου τοΰ Φιλοτέρπεος τού Ίδμονίοα τοΰ Ευκλέους....
Démocrite de Trézène cité par le Certamen, 1. 20 : Δαήρ,ων
père d'Homère. Etc. ..
Ces généalogies, où tous les noms relèvent de la troisième
patronymie, de la deuxième ou de la quatrième, sont donc fort
anciennes et ont dû être établies au plus tard au début du
vne siècle. De plus, il faut noter que si ces listes avaient été
imaginées plus tard, on y trouverait des personnages portant le
nom de leur aïeul, ou un nom voisin par la forme du nom de
leur père, conformément à ce que j'ai appelé les cinquième et
sixième patronymies. Or, sauf Antiphémos fils d'Euphémos et
Eumolpe père de Musée, il n'en est rien, et ces noms de signi-

(1) Proclus, Chreslom., A 11.


(2) Fick, Die hom. IL, p. 17.
ΟΝΟΜΑ ΕΙΙΩΝΓΜΟΝ 447
fîcation à peu près pareille sont tous différents et ne se
ressemblent pas.
Il y a mieux. Selon Proclus et Suidas, Homère portait ce
nom pour avoir été donné en « otage » aux habitants de Chios
ou de Colophon (1). Mais c'est là une altération du
renseignement authentique, conservé par le Certarnen, 1. 26 sq. très
probablement d'après Alcidamas (2) : ονορ.ασθήναί. δε αύτον ωασί
τίνες "Ου,ηρον δια το* τον πατέρα αυτό ΰ δ|χηρον δοθηναι υπο Κυπρίων (3)
Πέρσαις. Le trait vient certainement d'une Vie homérique écrite
au vine siècle, et sa conformité frappante avec l'origine du
nom d'Hésiode donne à penser qu'il pourrait bien être véritable.
Je m'arrête, n'ayant voulu donner qu'une esquisse rapide.
Mais on voit assez que l'étude de la patronymie peut fournir
des résultats plus intéressants et d'une plus grande portée qu'il
ne semble à première vue. En reprenant cet examen d'une
manière plus complète, et en examinant l'origine de tous les
noms propres que présente la mythologie, l'on arrivera sans
doute à jeter quelques lueurs nouvelles sur la religion, la
civilisation, la langue et la poésie de la Grèce primitive.

Max SlJLZBEKGIiR.

(1) Cf. Vita Romana, éd. Wilamowitz, Bonn, 1916, p. 31, ]. 26.
(2) Cf. le papyrus contenant un extrait du Μουσεΐον d'Alcidaujas, publié par
j. G. Winter, Transactions and Proceedings of the American Philological
Association, LV1, 1925, pp. 120-129. Sur les Vies d'Homère, v. Allen, Homer, The
Origins and the Transmission, p. 11-41.
(3) Κυμαίων ? Mais cf. Pausanias, X, 24, 2.

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