Anda di halaman 1dari 23

L'élimination des définitions par abstraction chez Frege

Author(s): Jules Vuillemin


Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 156 (1966), pp. 19-40
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41090223
Accessed: 22-05-2018 17:31 UTC

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
http://about.jstor.org/terms

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend
access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
L'élimination des définitions

par abstraction chez Frege

§ 1. Objections fregéennes concernant les définitions par abstraction

Dans les Fondements de V arithmétique1, Frege écarte d'abord2


les théories qui ou bien font des formules numériques de l'arithmé-
tique, avec Kant des indémontrables, avec Mill des vérités induc-
tives, avec certains « formalistes » des vérités analytiques entendues
au sens de tautologies infécondes et inutiles et, fort de l'intention
d'établir les vérités de l'arithmétique sur les seules vérités de la
logique, il montre que les nombres ne sont des propriétés ni des
choses de l'univers ni de notre faculté de représentation, comme le
pensent les divers empiristes, mais des objets autonomes (sebst-
ständig), bien qu'ils soient proposés à la pensée pure indépendam-
ment de toute expérience externe ou interne.
La quatrième partie de la recherche a pour objet d'examiner
comment ces objets purs sont introduits dans la science et quelle
définition convient à leur nature purement logique. On voit que cet
examen ne fait qu'un avec le problème apparemment plus général
du logicisme ; comment les concepts de l'arithmétique peuvent-ils
être réduits aux seuls concepts logiques ?
Constatons d'abord qu'en attribuant un nombre notre énoncé,
s'il est pourvu de signification, l'attribue toujours à un concept.
Pour introduire logiquement la notion de nombre cardinal (Anzahl),
nous avons alors besoin d'un critère nous assurant de l'égalité de
deux nombres3. En effet, en vertu des précédentes réfutations,
nous ne disposons ni d'une représentation, ni d'une intuition du
nombre, en sorte qu'il est vain de chercher à le définir absolument,

1. Gottlob Frege, Die Grundlagen der Arithmetik, Eine logisch-Mathematische


Untersuchung über den Begriff der Zahl, lre éd., Breslau, 1889 ; Georg Olm, Hil-
dersheim, 1961.
2. Dans les trois premières parties du livre.
3. Op. cit., § 62, p. 73.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
20 REVUE PHILOSOPHIQUE

par un mot qui serait, à lui seul, pourvu d


si définition du nombre il y a, cette définit
les mots désignant les nombres ne signifia
proposition. Cette condition ne peut êtr
que si nous disposons d'un critère capable
non, le nombre qui convient au concept F e
qui convient au concept G, et, sous peine d
dans la proposition définissante l'expres
convient au concept F. » Frege remarque
une telle définition : « Si deux nombres sont combinés en sorte

qu'à chaque unité de l'un corresponde une unité de l'autre, nous les
regardons comme égaux2. » C'est là la définition par abstraction et
elle s'applique non seulement au nombre à partir de la correspon-
dance biunivoque de classes, mais, par exemple, à la direction de
droites en vertu de leur parallélisme. Dans de tels jugements, on
substitue au signe d'une équivalence particulière le signe plus
général de l'égalité. On divise le contenu particulier en deux autres
et l'on obtient ainsi un nouveau concept.
Mais on peut élever trois objections concernant la formation
de ce nouveau concept.
En premier lieu3, on interprète souvent - et c'est ainsi qu'on
opère lorsqu'on admet le primat du jugement de prédication -
cette définition comme si le nouveau concept, celui de direction
ou celui de nombre cardinal, permettait de définir celui de droites
parallèles ou d'ensembles équivalents. Dans le premier cas, on
substitue à l'élément intuitif qui doit dominer la géométrie un
élément conceptuel tel qu'il est impossible d'en avoir l'intuition.
Comment d'une droite donnée abstraire la direction de cette même
droite ? Il y faut une activité intellectuelle, mais l'intervention de
cette dernière risque, si l'on n'y prend garde, de restituer les pres-
tiges du subjectivisme et de transformer la notion objective de
nombre en une représentation psychologique. Il est, en somme,
nécessaire que des notions telles que la direction d'une droite, la
forme d'un triangle, le nombre cardinal d'un ensemble puissent
correspondre à une interprétation objective et non pas subjective.

1. Ceci oppose Frege à Russell première manière.


2. Hume, Treatise of Human Nature, liv. I, 3e partie, section 1.
3. Frege, op. cit. i § 64, p. 75.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 21

En second lieu1, la définition par abstraction s'écarte des d


nitions ordinaires en ce qu'elle semble définir l'égalité (de
nombres) et seulement secondairement ces nombres, et qu
suscite alors des objections contre ce nouveau sens de l'éga
Comme le notait Russell, ces objections ne disparaîtront q
nous réduisons l'identité d'un certain point de vue (l'égalit
une identité entière, c'est-à-dire si, en toute occurrence, nous
pouvons substituer au nombre de a le nombre de b et réciproquement
ou à la direction de a celle de b lorsque a et 6 sont respectivement
des ensembles équivalents ou des droites parallèles.
Enfin2 la définition par abstraction introduit un objet et un
critère pour le reconnaître lorsqu'il apparaît sous un autre revê-
tement. Or, ce critère n'est défini que lorsque, par exemple, « la
direction de 6 » a la même forme logique que l'objet « la direction
de a ». Quand notre proposition est du type :
« la direction de a est égale à q »

et que q n'a pas la forme « la direction de - », la décision devient


impossible, ce qui prouve que le concept de direction nous manque,
puisque, si nous en disposions, nous disposerions aussi du critère
de décision. Si nous disons, d'autre part, que q est une direction
quand il y a une droite b dont q est la direction, nous commettons
un cercle.

Frege aboutit donc à une constatation voisine de celle de Russell ;


entendue comme elle l'a été jusqu'ici, la définition par abstraction
ne peut nous donner un concept bien déterminé ni de la direction,
ni du nombre cardinal. Il faut tenter une autre méthode de
définition.

§ 2. La définition « extensionnelle » de Frege


dans les « Grundlagen »

Cette seconde méthode consiste8 à substituer respectivement


aux expressions : « la direction de la droite a », « la forme du
triangle a », « le nombre cardinal de l'ensemble a » ; les expressions :
« l'extension du concept : parallèle à la droite a », « l'extension du

1. Op. cit., § 65, pp. 76-77.


2. Op. cit., § 66, pp. 77-78.
3. Op. cit., § 68, pp. 79-80.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
22 REVUE PHILOSOPHIQUE

concept : semblable au triangle a », « l'ext


potent (gleichzahlig) à l'ensemble a ». De ce
aisément que si les droites a et b sont paral
identiques, en tant que l'extension du concept « parallèle à la
droite a » est identique à l'extension du concept « parallèle à la
droite b », etc.
Pour déterminer avec plus de précision ces nouvelles définitions,
Frege introduit d'abord la notion de relation, qu'il compte au
nombre des notions primitives de la logique1. De même que le
jugement de prédication : « a tombe sous le concept F » représente
la forme générale du contenu d'un jugement qui porte sur un
objet a, de même le jugement de relation : « a a la relation cp à b »
représente la forme générale du contenu d'un jugement qui porte
sur l'objet a et sur l'objet b. Soient alors2 deux concepts F et G et
une relation 9 entre les objets qui tombent sous F et ceux qui
tombent sous G. Nous pouvons, en ne faisant usage que de concepts
logiques, exprimer que 9 est une correspondance biunivoque. On
définira, par exemple, d'abord le prédicat de biuniformité3 pour
une fonction cp (cette fonction et sa réciproque ne devant,
par conséquent, avoir qu'une seule valeur quand elles sont
définies) :

Biun (cp) = df
(*) [y) (z) ([? fay)-<p [x,*)^y = *)]•[? (*.*)•? («/,*)=>* = y])-

Les concepts F et G sont mis en correspondance biunivoque ou


sont isomorphes en vertu de la définition suivante :

Is(F,G)=d/(39){(;r)[F(z)=>
(3y) (9 (x, y). G (y))]. (y) [G (y)^(3x) (9 (*, y). F (a:))]. Biun (9)}

On définira alors de façon purement logique la propriété pour les


concepts F et G d'être équipotents : « II y a une relation 9 biuni-
voque entre les objets qui tombent sous F et ceux qui tombent
sous G. » De même, le nombre convenant au concept F sera l'exten-
sion du concept « équipotent au concept F ».
On utilisera enfin ces définitions pour introduire les divers

1. Op. cit., § 71, pp. 83-84, et § 72, pp. 84-85.


2. Op. cit., § 74, p. 87.
3. D'après Hilbert et Ackermann, Principles of mathematical Logic, trad,
anglaise, Chelsea, New York, 1950, p. 142.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 23

concepts nécessaires à l'arithmétique : celui1 de 0 (nombre


convient au concept : inégal avec soi-même), celui de successeu
celui de nombre cardinal fini3, celui de nombre cardinal infini4.

§ 3. Jugement de récognition et extension du concept0


Pour amender de leurs défauts les définitions par abstraction, il
faut donc et il suffit de les convertir en égalités portant sur des
extensions.

La notion d'égalité, entendue au sens d'identité, offre une


difficulté en ce qu'elle fournit, dans tous les cas intéressants, une
information synthétique à la connaissance. Lorsque nous disons :
« L'étoile du matin est la même que l'étoile du soir »,
ou :

« Dans un triangle, le point d'intersection de d


est le même que le point d'intersection de deux méd
ou :

«2 + 2 = 2x2»,

ces trois égalités dont le fondement est respectivement l'expér


l'intuition et le raisonnement logique font connaître un m
objet par deux modes de détermination différents. Après
d'abord soutenu - dans la Begriffschrift de 1879 - que le s
de l'identité se rapportait aux noms et non aux contenus, F
mécontent de ce que cette interprétation conservait de nomina
introduisit en 1892 la distinction du sens (Sinn) et de la référ
(Bedeutung), le jugement d'identité ayant pour fonction de dé
miner une même référence par deux sens différents.
Or Frege n'a pas immédiatement aperçu toutes les implication
sa théorie. En particulier, dans les Grundlagen der Arithmetik (
il adopte, pour corriger et légitimer les définitions par abstraction
principe qui semble, d'une part, répondre à la polémique contre

1. Frege, od. cit.* S 74, p. 87.


2. « n suit m = il y a un concept F et un objet x qui tombe sous lui en sorte
que le nombre qui convient à F est n et que le nombre qui convient au concept
tombant sous F, mais non égal à x, est m » (op. cit., § 76, p. 89).
3. n est un nombre cardinal fini = n appartient à la série naturelle des nombres
commençant avec 0 (op. cit., § 83, p. 96).
4. Nombre qui convient au concept « nombre fini » (§ 84, p. 96).
5. J. Vuillemin, Sur le jugement de récognition (Wiedererkennungsurteil)
chez Frege, Archiv für Geschichte der Philosophie, Band 46, Heft 3, pp. 310-32

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
24 REVUE PHILOSOPHIQUE

et, de l'autre, hériter des traits « psychologist


la Begriffschrifl. Ce principe est celui du « ju
On peut l'analyser en trois moments :
Io Pas plus que l'existence, le nombre ne
objets. Il est une propriété des concepts. Lorsque nous disons :
« Pierre, Jean, Judas, etc., sont les apôtres du Christ »,
et « Arthur, Lancelot, etc., sont les chevaliers de la Table ronde »,
nous subsumons des objets, dont la référence est fournie par l'histoire
ou la légende, sous des concepts, parmi lesquels ne peut apparaître
le nombre.

2° Nous pouvons à présent comparer les concepts : apôtres du


Christ, chevaliers de la Table ronde. Cette comparaison a lieu lorsque
nous découvrons une relation qui, portant sur les concepts eux-
mêmes, a nécessairement trait au genre de subsomption que ces
concepts déterminent eu égard à leurs éléments. L'un des concepts
peut subsumer plus ou moins d'éléments que l'autre. Dans le cas
des jugements que nous avons choisis, nous constatons que chacun
des concepts subsume autant d'éléments que l'autre, et qu'une
correspondance biunivoque peut donc être établie entre eux.
Grâce à cette relation de correspondance biunivoque, une
équivalence s'établit entre les concepts d'apôtre du Christ et de
chevalier de la Table ronde. L'équivalence est caractérisée par les
trois propriétés de réilexivité, de symétrie et de transitivité, mais
elle difiere de l'égalité ou identité, en ce qu'elle ne permet pas de
substituer, généralement, l'un des concepts à l'autre. Par exemple,
dans le jugement :
« Le concept des apôtres du Christ est équivalent au concept
des Tables des décemvirs »,
je puis, salva veritate, substituer au concept des apôtres du Christ
celui des chevaliers de la Table ronde. Mais il est absurde de dire
que le concept des douze tables est le même que celui des apôtres.
Le nombre est donc bien une propriété des concepts, mais c'est
une propriété qui demeure pour ainsi dire enveloppée dans le concept.
Elle permet de comparer et non d'identifier, et elle ne suffît donc
pas à expliquer qu'entre deux nombres puisse avoir lieu l'équation
de laquelle nous sommes partis. C'est ce que Frege indique, lorsqu'il
exige du nombre qu'il soit non seulement un attribut, mais un
véritable objet, afin que le jugement de référence, nécessairement
impliqué par le signe de l'égalité, se trouve entièrement déterminé.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 25

3° Le deuxième moment fregéen utilisait la notion de fonctio


pour établir une équivalence entre les concepts. Il reste à change
cette équivalence en identité.
Or, les mathématiques nous fournissent, hors de l'arithmétique
des exemples d'une telle transformation.
Soit par exemple les deux jugements :
« La droite a est parallèle à la droite 6 » ;
« La figure A est semblable à la figure B. »
Le parallélisme et la similitude sont des relations d'équivalence
Pour obtenir à leur place de véritables identités, il suffît de considére
dans le pkn toutes les droites parallèles à a et toutes les figu
semblables à A, puis de considérer ce qu'ont en commun, d'u
part, toutes ces droites, de l'autre, toutes ces figures. On obtien
ainsi de nouveaux objets, qui n'étaient pas contenus dans les deux
jugements dont nous sommes partis : la direction de la droit
et la forme de la figure A. Or, ces objets entrent dans des jugeme
d'identité et sont réciproquement substituables ; ce sont, au sen
leibnizien, de véritables indiscernables en sorte que nous pouvon
dire, salva veniale :
« La direction de la droite a est identique à la direction de
droite b. »

« La forme de la figure A est la même que la forme de la figure B. »


Mais nous sommes fondés à appliquer aux équivalences de
concepts le même procédé. Considérons alors tous les concepts équi-
valents au concept d'apôtres du Christ : à tous ces concepts convient
une nature commune, qui est leur nombre. C'est cette reconnais-
sance que Frege appelle un jugement de recognition : « La possi-
bilité d'établir une correspondance biunivoque entre les objets qui
tombent sous un concept F et ceux qui tombent sous un concept G,
c'est ce que nous avons reconnu comme le contenu d'un jugement
de récognition des nombres. »
Mais le jugement de récognition n'est autre que l'identification
de deux nombres dans une équation. En effet : 1) on peut substituer
le membre gauche au membre droit de l'égalité et réciproquement
dans toutes les occurrences où figure l'une de ces expressions ;
2) le jugement :
« Le nombre qui convient au concept F est le même que celui
qui convient au concept G »,
n'a de sens que si les deux membres de l'égalité ont la même forme

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
26 REVUE PHILOSOPHIQUE

sans quoi le jugement de récognition n'a


sens ; cette condition est la raison d'être d
« Le nombre qui convient au concept F est
concept équivalent au concept F, puisque nous avons déclaré un
concept F équivalent à un concept G, lorsque la possibilité existe
de les mettre en correspondance biunivoque. »
Lorsque, dans les Grundgesetze der Arithmetik (1893), il exami-
nera les « définitions créatrices » et la « construction de nouveaux

objets » en mathématiques, Frege réduira donc tout naturellement


ces deux procédés à des jugements de récognition. « S'il existe des
objets logiques - et les objets de l'arithmétique sont de tels objets -
alors il doit y avoir un moyen de les appréhender, de les reconnaître.
Ce service nous est rendu par la loi fondamentale de la logique qui
permet la transformation d'une égalité valable généralement en une
équation. Sans ce moyen, il serait impossible de fonder scientifi-
quement l'arithmétique w1.
L'auteur reconnaît alors explicitement que sa théorie « construit
de nouveaux objets » ; ce sont les parcours de valeurs. De tels
domaines ne sont pas introduits par l'énumération de propriétés
et la construction d'un objet qui posséderait de telles propriétés :
lorsque deux fonctions sont telles qu'elles ont toujours la même
valeur pour le même argument, nous pouvons dire que le parcours
des valeurs (Wertverlauf) de la première est identique à celui de la
seconde. « Nous reconnaissons alors quelque chose de commun aux
deux fonctions, et nous appelons cet élément commun le domaine de
valeurs de la première fonction et aussi le domaine de valeurs de la
seconde. Nous devons tenir pour une loi fondamentale de la logique
le droit que nous avons alors de reconnaître ainsi quelque chose de
commun à ces deux fonctions et de pouvoir conséquemment trans-
former une équivalence valable généralement en une équation
(identité) »2.
L'utilité de l'introduction des extensions de concepts comme
objets nouveaux provient précisément du rôle fondamental des
équations en mathématiques. Un concept est prédicatif et la copule
d'appartenance indique une relation irréversible entre un objet
et un prédicat. Au contraire, la relation d'identité est symétrique

1. Grundgesetze, § 147, p. 181.


2. Ibid., § 146, pp. 179-180; Russell, Principles of Mathematics, p. 511.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 27

et a lieu entre deux objets1. L'identité est le moyen unique d


disposons pour définir un objet, puisque définir c'est ide
Deux figures égales A et B sont distinctes par leur position
la surface de A est égale à la surface de B. De même, soit :
/(*)=*■- 1 et g(x) = (x-l)(x+ 1)
II est impossible d'écrire rigoureusement :
f = g,
ne serait-ce d'ailleurs que parce que les symboles de fonctions ne
sont pas saturés. Mais il est légitime d'écrire :
è(ea- l) = è(s- l)(e+l),
où le symbole « è » sert à former le parcours de valeurs de la fonctio
sur laquelle il porte.
Il existe donc une différence de nature entre objets et foncti
(les concepts étant des fonctions propositionnelles). Les fonctio
se répartissent en différents niveaux, qui se distinguent absolum
Sont de premier niveau les fonctions qui s'appliquent à des obje
proprement dits (« être un apôtre du Christ », « être un cheva
de la Table ronde »). L'existence et le nombre sont des fonction
second niveau, puisqu'ils s'appliquent à des concepts, ce qui r
vaine la preuve ontologique pour des raisons logiques pour a
dire opposées à celles qu'invoque Kant. Au contraire, tous le
objets sont de même niveau et un parcours de valeurs a même
niveau qu'un objet individuel.
Cette caractéristique, qui empêche dans la doctrine de Frege
d'étendre aux classes les types entre lesquels se répartissent les
fonctions, résulte du principe de récognition. Chez Kant, ce principe,
qui est celui de l'unité synthétique de l'aperception transcendan-
tale, a pour seul effet de relier dans une conscience le divers du
donné pour en faire un objet et une nature. D'une part, il reste, dans
cette mesure, psychologique ou du moins subjectif. De l'autre, il
ne permet pas de donner à l'abstraction un pouvoir créateur d'objets
et il est lié à une conception empiriste des mathématiques, même
si cet empirisme est raffiné. Au contraire, le principe de récognition
chez Frege est à la fois objectif et créateur. « La force collectivisante
(sammelnde) du concept dépasse de loin la force unifiante de

1. Translations from the Philosophical Writings of Gottlob Frege, by P. Geagh


and M. Black, Oxford, Blackwell, 1952, pp. 44 et 115.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
28 REVUE PHILOSOPHIQUE

Taperception synthétique. Si nous ne dis


nous ne pourrions pas réunir en un tout les
allemand ; mais nous pouvons fort bien les
« ressortissant de l'Empire allemand » et les
Les doctrines de Frege et de Kant s'opp
platonisme à l'empirisme et le jugement de
semble détruire le psychologisme à sa sourc
jugement analytique peut être fécond. A
introduire dans les choses des concepts q
coup, de découvrir, comme quand nous tir
que nous y avons mis. Les objets nouveaux
des équations sont indépendants des opé
permettent de les poser, et ils s'offrent à
pays neuf découvert par un navigateur. Ob
le jugement de récognition, ces natures int
leur tour, une nouvelle théorie du conce
Cette théorie est qualifiée par Frege d'organ
au lieu de consister dans les termes subsume
une unité plus intime qui rend possibles les
son et d'équivalence. Enfin, la déduction
aux prémisses ne peut plus être regardée c
éléments qui préexistent dans un tout : elle
image qui a dominé toute la logique des néo
à la préformation de l'être vivant dans la «
Toutefois, à l'époque des Grundlagen c
Begriffschrift, Frege ne dispose pas d'un s
exprimer les parcours de valeurs (le ê).
moyens d'expression de sa logique semb
philosophique. Si chacun sait ce qu'est le pa
fonction - dans la langue commune, l'ext
sens de cette notion n'est pas évident lorsq
au sens de Frege, c'est-à-dire d'une fonctio
est le parcours de valeurs de l'égalité x2 =
Dans ses premiers écrits, Frege répond q
jugement et que, dans le cas d'une égali
parcours de valeurs de concepts, l'égalité p
jugements. Mais comment assigner mathém

1. Grundlagen, § 47, p. 61.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 29

nus de jugements ». Avec Brentano (Urtheilsinhalt), Bolz


(Satz an sich), Stumpf (Sachverhalt) et Meinong (das Objek
Frege distingue le contenu (beurlheilbare Inhalt) et l'assertion
jugement1. On ne voit pas comment la logique peut traite
contenus. Certes, une philosophie transcendental telle que
Phénoménologie de Husserl croira trouver dans l'analyse inten
nelle de ces « objets » de quoi la départager des entreprises ps
logiques. Mais, comme Ta prouvé révolution du système, c
une illusion. Si les contenus du jugement sont susceptible
fournir matière à une théorie logique, c'est à la condition de t
les identités légitimes qu'il est possible d'établir entre les par
de valeurs correspondant aux significations. Ce sera la voi
suivront Wittgenstein et Carnap. Pour l'ouvrir, Frege dut d'a
substituer au contenu de jugement le parcours de valeur q
correspond dans le calcul propositionnel et reléguer le « conte
lui-même dans la « pensée » (Gedanke). Tant que cette substitu
n'est pas faite, la théorie de la récognition reste incomplè
suspendue à une notion ambiguë, mi-logique, mi-psycholog
incapable de fonder objectivement l'abstraction.

§ 4. La théorie fregéenne du « parcours de valeurs » (Wertver


Si seules sont légitimes les définitions par égalité, com
pouvons-nous donc définir l'égalité de deux fonctions en expri
symboliquement l'identité de leurs parcours de valeurs ?
Si -'&r- O (a) = *F (a) est le vrai, nous pouvons... dire égalem
que la fonction O (£) a le même parcours de valeurs que la fon
*F (£), c'est-à-dire : nous pouvons transformer la généralité d
égalité en une égalité de parcours de valeurs et réciproque
Cette possibilité doit être regardée comme une loi logique, don
d'ailleurs toujours déjà fait usage, quoique tacitement, lorsqu'o
parlé d'extensions de concept. Toute la logique de Leibniz-
repose sur ce principe. On pourrait peut-être tenir pour sans i
tance et pour superflue cette transformation. Contre cette id
rappelle que, dans mes Fondements de V arithmétique, j'ai déf
le nombre cardinal comme extension d'un concept et que j'

1. Paul F. Linke, Gottlob Frege als Philosoph, Zeitschrift für philosop


Forschung, I, 1946 (pp. 75-99), p. 94. Cette opposition est marquée symb
quement, dans la Begriffschrift par le trait horizontal de contenu : « - » (In
strich) et le trait vertical de jugement : « | » (Urtheilsstrich).

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
30 REVUE PHILOSOPHIQUE

indiqué alors que les nombres négatifs, ir


nombres, doivent être définis comme de
Nous pouvons poser pour un parcours d
et c'est ainsi, par exemple, que le nombre
Au contraire, dans -vg/- O a = T a, no
pour O (a) un signe simple, parce que la let
une occurrence dans ce qui est posé pour
à la place de
« -^2)-- x2 - x = x (x - 1 ) »
« è (s2 - e) =à(a(a- 1)) ».

Dans cette dernière expression, « è (s2 - e) » désigne le parcours de


valeurs de la fonction « ¿c2 - x », et « à (a (a - 1 ) ) » le parcours de valeurs
de la fonction « x (x - 1) ». Le signe « è » (ou toute lettre grecque
minuscule avec l'esprit doux ) est donc comparable, au point de vue
symbolique, aux quantificateurs, en ce que dans les expressions
qu'il gouverne ne figure pas la variable e et Frege considère cette
innovation comme le principal enrichissement qu'il a apporté à
son système depuis la Begriffschrift2.
De même, si l'on a affaire à des concepts proprement dits (fonc-
tions qui, lorsqu'elles sont saturées, donnent les fonctions propo-
sitionnelles), par exemple aux concepts :
x2 = 1 et (x + l)2 =2{x + 1)

qui ont toujours même valeur pour un même argument : le vrai


si x = ± 1 et le faux pour tout autre argument, on dira que
ces fonctions-concepts ont même parcours de valeurs ou même
extension :

è(e2 = l) =à((oc + l)2=2(a + l))

L'extension d'un concept n'est donc que le parcours de valeurs


d'une fonction dont la valeur, pour tout argument, est une valeur
de vérité3.

Mais, en définissant le parcours des valeurs par rapport à l'impli-


cation formelle, nous nous sommes donnés aussi le moyen de
reconnaître ce parcours quand il est exprimé par son nom (s ( . . . )),

1. Ibid., § 9, p. 14 ; B.G., pp. 9-10.


2. Ibid., §9, p. 16.
3. Ueber Begriff und Gegenstand, Vierteljahrschrift für wissenschaftlische
Philosophie, t. XIV, 2, 1892, p. 16.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 31

sans déterminer toutefois complètement sa référence1. Cette d


mination revient à examiner, puisqu'on a jusqu'ici introduit
comme seuls objets les valeurs de vérité et les parcours de valeurs,
si l'une des valeurs de vérité est un parcours de valeurs. Cette der-
nière question ne peut pas être décidée « à partir du fait que
, s O (s) = à Y (a)' doit avoir même référence que -v&r- O (a) =Y(a).
Il est possible d'établir en général que , r¡ O (y¡) = à *F (a) doit se
référer à la même chose que , -'fir~ G* (à) = *P (a)*, sans qu'on puisse
conclure l'égalité de è O (s) avec 9jO (y)). On aurait alors, pour ainsi
dire, une classe d'objets, dont les noms auraient la forme , yjO (y))'
et pour lesquels on disposerait des mêmes critères de distinction
et de récognition que pour les parcours de valeurs. Nous pour-
rions maintenant déterminer la fonction X (£), en disant que sa
valeur doit être le vrai pour yjA(y)) comme argument et qu'elle
doit être yj A (y)) pour le vrai comme argument ; de plus la valeur
de la fonction X (£) devra être le faux pour l'argument r¡ M (y¡) et
elle devra être yjM (y¡) pour le faux comme argument ; pour tout
autre argument, la valeur de la fonction O (Ç) devra coïncider avec
celui-ci même. Or, si les fonctions A (Ç) et M (£) n'ont pas toujours
pour le même argument la même valeur, notre fonction X (Ç) n'a
jamais la même valeur pour des arguments distincts et par consé-
quent aussi , X (yjO (y))) = X (aO (a))e doit avoir toujours même
référence que , -va/- O a =Ta. Les objets, dont les noms auraient
la forme X (yjO (y))) seraient donc reconnus par le même moyen que
les parcours de valeurs et X (yj A (y))) serait le vrai et X (yjM (yj)) le
faux. Donc sans contredire l'identification de , s O (s) = ê'F (e)'
avec , -vfir- O (a) =XV (a)*, il est toujours possible de déterminer qu'un
parcours de valeurs quelconques doit être le vrai et qu'un autre
quelconque doit être le faux. Établissons donc que è ( - s) doit être
le vrai et que è (e = ( t'ö^ - a = a)) doit être le faux ! ê ( - s) est le
parcours de valeurs de la fonction - £, dont la valeur n'est donc
que le vrai, lorsque l'argument est le vrai et dont la valeur est pour
tous les autres arguments le faux. Toutes les fonctions auxquelles
s'applique cette assignation ont même parcours de valeurs et celui-ci
est d'après notre postulat le vrai. Donc - è O (s) n'est le vrai que
si la fonction O (£) est un concept, sous lequel ne tombe que le vrai ;
dans les autres cas, - è O (e) est le faux. De plus, è (s = ( -ngr- a = a))

1. Grundgesetze, § 10, pp. 16 sq.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
32 REVUE PHILOSOPHIQUE

est le parcours de valeurs de la fonction


valeur n'est alors que le vrai, si l'argument
valeur pour tous les autres arguments est
tions qui répondent à ces conditions ont m
et celui-ci est d'après notre postulat le faux
lequel tombe le faux et uniquement le fa
conceptuelle le faux »x.
Ce texte éclaire les raisons pour lesquelle
Grundlagen der Arithmetik2, critiqué les dé
mais, en même temps, il corrige le prin
l'on désigne par O le prédicat « être parallè

(1) h : O(a, c).<D(c, 6).=^O(a, 6)

en vertu de la transitivité propre à la relation de parallél


définitions par abstraction transformaient cette prop
lui donnant la forme d'une équation :
(2) h : D (a) = D(c).D(6) =D(c)oD(a) = D (6),

où D désigne le foncteur : « la direction de ». Or, notait Frege, p


passer légitimement de (1) à (2), une activité spirituelle d'abstra
tion semble nécessaire, qui réintroduit la psychologie au princip
de la logique. Mais passer de (1) à (2), c'est répartir le conten
indissociable de la relation.

(3) -<S>(a,b)

dans les deux éléments de


(4) - D (a) = D (6).

Une telle conception est conforme à l


jugement » ( beurtheilbare Inhalte) de l
Pour Frege, la distinction du sujet
proposition est étrangère au conten
psychologique : elle appartient à la rep
à la fonction communicative de la langue et non à son contenu
conceptuel3. Pour isoler ce contenu conceptuel du jugement - qui

1. Grundgesetze, § 10, pp. 17-18.


2. Voir plus haut, § 3.
3. Translations..., p. 3.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 33

correspond à V Annahme de Meinong - et le distinguer de l'assert


du même jugement, Frege fait précéder le premier par un tr
horizontal (Wagerechter) et indique l'assertion par un trait verti
(Urtheilsstrich) qui vient s'y ajouter.
« Toutes les fonctions propositionnelles, c'est-à-dire toutes les
fonctions qui deviennent des propositions quand elles sont compl
tées, ont pour valeur une valeur de vérité. C'est la notion de
fonction propositionnelle qui est la notion de base de la logiq
moderne. Or, remarquons-le, Frege rend toutes les fonctions
fonctions propositionnelles par le procédé que nous avons exposé
toutes les fonctions deviennent des fonctions propositionnel
quand on les fait précéder d'un signe qui les rend sujet du
prédicat vrai d1. Soit, par exemple, la fonction 3 + £. Si, à la
place de la variable £ nous introduisons la constante 5, la valeur
résultante de la fonction est 8, donc n'est pas une proposition.
Si j'écris :
- 8

j'obtiendrai, du fait du trait horizontal, une proposition, ayan


valeur de vérité le faux.

La seconde objection consistait à se demander si (4), qui suppose


déjà connue la relation d'égalité, est compatible avec elle. Cette
relation spécifie, d'après le principe leibnizien des indiscernables
que, dans toute occurrence, on doit pouvoir, salva ventate, substituer
les termes de l'égalité. Il faudrait donc, pour répondre à l'objection,
démontrer une sorte de théorème de remplacement, en vertu duquel
on peut, en (4), substituer l'un des termes à l'autre et obtenir par
conséquent les jugements :
(5) h D (a) s D (a) h D (b) s D (b)

conformément au huitième axiome de la Begriffschrift

VIIIB h (c s c)

(« Le contenu de c est égal au conte


substituer également dans des conte

1. Ch. Per elm an, Étude sur Frege, di


l'Université libre de Bruxelles (1938), p. 4
2. Begriffschrift, p. 50 ; c'est, dans les
de I(a=> (6z>a)) (§ 18, p. 34).
TOMB CLVI.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
34 REVUE PHILOSOPHIQUE

contenues comme éléments1, conformém


la Begriffschrift2 :

vnB i- |

(c'est-à-dire : (c
tion ne peut pa
légitimée, elle en
La troisième objection3 naissait de ce que, en (2), 'D (a)'
paraît être un objet. La définition nous donne le moyen de
le reconnaître lorsqu'il apparaît sous un autre déguisement, par
exemple dans l'expression 'D (b)' Mais ce moyen ne suffisait
pas toujours.
Introduire l'expression « q est une direction » par la définition4 :
« q est une direction, s'il y a une droite 6, dont q est la direction »,
c'était traiter la manière d'introduire l'objet q comme une propriété
de cet objet, alors que la définition énonce la référence du signe
de l'objet. Cette confusion implique qu'on ne peut introduire un
objet que d'une seule façon, ce qui rendrait toute récognition
inutile.

Il fallait donc trouver une autre issue et poser :


« La direction de la droite a est l'extension du concept « parallèle
à la droite a » »

conformément au principe de récognition, reconnu comme fonda


mental par les Grundlagen.
Le texte de Grundgesetze correspond à celui des Grundlage
quand on conçoit le trait horizontal comme déterminant non
plus un « contenu de jugement » mais une fonction de vérité,
le symbole :
- A

1. Grundlagen, § 65, p. 77.


2. Begriffschrifi, p. 50. Cet axiome est, sous une forme transformée, le 3e des
Grundgesetze (§ 20, pp. 35-36).
3. Grundlagen, § 66, pp. 77-78.
4. Grundlagen, § 67, p. 78.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 35

étant un nom de foncteur qui désigne le vrai lorsque A est le


et le faux lorsque A n'est pas le vrai1. En effet, le jugeme
récognition, dont parlent les Grundlagen, n'est possible à son
que si l'extension des concepts est définie. Comme le note Rus
dans le cas contraire, on aurait une classe d'objets de la fo
'7)0(7))' sans pouvoir décider si cette classe forme elle-mêm
objet. En d'autres termes, tant que nous faisons correspond
trait horizontal un « contenu de jugement », l'implication for
< -^-O(a) =T(a)'

ne détermine que l'équivalence des deux concepts O et *F pour


objet auquel l'un d'eux convient. Par exemple, « pour tout x, ê
un bipède sans plume, c'est être un homme ».
Si je traduis alors, en vertu du principe de récognition ce con
en l'égalité :
,*0(e) =àY(a)t
cette identité forme à son tour une proposition et je puis l'écrire :
,-èO(£)=àY(a)'
Or, le principe de récognition affirme que la référence de cett
sition est la même que celle de l'implication formelle. Le
de valeurs de la fonction « être un bipède sans plume » n
identique au parcours de valeurs de la fonction « être un
que si la proposition « les parcours de valeurs de ces deux
sont identiques » à la même référence que la propositio
tout îc, être un bipède sans plume, c'est être un homm
tant qu'on définit la référence des propositions par le « c
jugement », cette identité de référence des propositions d
tout à fait douteuse, puisque, au sens strict, la premièr
équivalence, et la seconde, seule, une identité. En consé
la théorie des Grundlagen est non fondée. En maintenant l
tion du trait horizontal, héritée de la Begriffschrift, elle e
principe de récognition de jouer son rôle véritable.

1. Grundgesetze, § 5, pp. 9-10. « Le signe horizontal n'exerce aucune


sur les propositions et transforme en propositions fausses tout autr
n'exerce non plus aucune influence sur les fonctions proposi tionnelles, mais
transforme en fonction propositionnelle tout autre fonction. Ces dernières fonctions
se caractérisent par un fait, à savoir qu'aucun argument ne pourra les satisfaire »
(Perelman, op. cit., p. 53).

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
36 REVUE PHILOSOPHIQUE

Pour que ce rôle soit assuré, il faut ajout


l'identité de toute référence des propositi
de vérité. Le trait horizontal détermine al
du jugement, mais la référence de ce ju
vérité1, le trait vertical d'assertion indi
vrai est affirmé2, et consistant à stipuler
doctrine leibnizienne des indiscernables, qu
dans le principe de récognition, vérifie le bien
conception : « La valeur de vérité d'un juge
quand une expression est remplacée par
référence ; mais nous n'avons pas encor
lequel l'expression, qui doit être rempla
jugement. Or, si notre théorie est correct
jugement qui en contient un autre comm
inchangée lorsque la partie est remplacé
ayant la même valeur de vérité »8.
En d'autres termes, une équivalence form
en une égalité de deux parcours de valeurs
cipe de récognition. Mais cette analyse, à s
que si, lorsque je remplace dans une pro
argument l'équivalence formelle par l'id
de valeurs, la référence de cette propos
même. Cette référence doit être fixée. (Co
prendra, par exemple, pour le faux le p
fonction propositionnelle dérivée de la fon
tique avec soi-même ».) Ainsi le principe d
donné au principe de V universalité des réf
référence d'une proposition est une valeur de
C'est l'importance de ce dernier principe
Frege revient souvent sur l'extension que
en mathématiques : Io par l'extension d
mathématiques (par exemple : imaginer un
est 1 pour les arguments rationnels et 0
2° par l'extension du champ des argum

1. Translations..., p. 63.
2. Translations..., p. 156.
3. Translations..., p. 65.
4. Allusion à la courbe de Lejeune Dirichlet (Vuillemin, Introduction à la
philosophie de Valgèbre, § 21, p. 184).

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 37

fonctions (fonctions complexes) ; 3° par une nouvelle extension


opérations, auxquelles Frege ajoute : =, <, >, qui détermine le
valeurs de vérité, procédé fondamental pour assigner les fonctio
logiques1 ; 4° par l'assimilation des propositions aux équation
et aux inégalités2.

§ 5. Uaxiome logique de transformation des équivalences formell


en identités de parcours de valeurs
La définition fregéenne du nombre cardinal Ne convenant à u
concept 9 est donc la suivante :
(6) Nc< 9 = Df GÏz cp,
où « Glz » (= gleichzahlig) désigne la relation « avoir le même
nombre que » ou « pouvoir être mis en relation biunivoque avec »
et où, conformément aux conventions des notations actuelles de
la logistique « Glz » désigne l'extension ou parcours de valeurs du
concept « de même nombre que »8.
Or, on peut se demander ce qui légitime formellement l'intro-
duction du signe nouveau contenu dans cette définition. Dans les
Grundgesetze, « tous les signes nouveaux n'apparaissent que comme
des abréviations, dans des définitions explicites. Mais l'introduction
des parcours de valeurs en (6) - c'est-à-dire de l'è - n'est pas
conforme à cette loi. Elle a lieu en vertu d'un postulat (Festsetzung)
et doit donc être justifiée axiomatiquement. Cette justification doit
faire que les noms des parcours de valeurs deviennent des noms
pourvus de référence, donc recevables dans l'idéographie. A cet
effet, il est nécessaire et suffisant de fixer dans quels cas les noms
d'objet qui proviennent des noms des fonctions primitives , £ = Ç* ;
, ' £c ; ,Xr* Par l'introduction de noms de parcours de valeurs et de
noms du vrai, respectivement du faux, doivent être des noms
pour le vrai, respectivement le faux »4.
On se bornera, ici, à l'examen du cas de la première fonction,
examinée aux §§ 3 et 10 du premier tome des Grundgesetze. Les
postulats correspondants pour les deux autres fonctions sont établis

1. Translations..., p. 28 et p. 154 ; Ueber Begriff und Gegenstand, pp. 12 sq.


2. Translations..., p. 31.
3. H. Scholz und H. Schweitzer, Die sogenannten Definitionen durch Abstrak-
tion, Eine Theorie der Definitionen durch Bildung von Gleichheitsverwandtschaf-
ten, F. Meiner, Leipzig, 1935, p. 27.
4. Ibid., p. 100.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
38 REVUE PHILOSOPHIQUE

respectivement aux §§ 11 et 12. Il faut don


ì £ == Çf, quand les expressions des troi
avoir même référence que les noms pour
pour le faux) :
1. , nom de parcours de valeurs d'une fonc
de valeurs d'une fonction* (exemple : , s
2. , nom de parcours de valeurs d'une fonc
(exemple : , è O (s) = 2 + 2 = 4f), ou réc
3. , nom de parcours de valeurs d'une fo
faux* (exemple : , èO (s) = 3 < 2*), ou r
Les cas 2. et 3. peuvent être ramenés a
sans entrer en contradiction avec le postul
remplacer chaque nom pour le vrai par
valeurs d'une fonction fixée et déterminée
faux par le nom du parcours de valeurs d'u
et déterminée. Si on fait cette substitution
du signe d'identité, il n'y a plus que des
valeurs1, et on n'aura plus qu'à décider l
fondamental :

A) , èO(e) =àO(af a même référence que , -vgr~ Q> (a) , c'est-à-


dire : « L'expression , le parcours de valeurs de la fonction O (£)
est identique avec le parcours de valeurs de la fonction *F (S;)'
est un nom pour le vrai, lorsque les fonctions O (£), T (Ç) sont
formellement équivalentes ; un nom pour le faux, lorsqu'elles ne
sont pas formellement équivalentes »2.
Or, lorsqu'on aura constaté que l'équivalence formelle est un
genre d'égalité, ne sera-t-on pas tenté de prendre A) pour une
définition par abstraction du genre peanien ? On a montré comment,
au point de vue matériel ou philosophique, cette question ne pouvait
recevoir de réponse avant les Grundgesetze. Mais il en va de même
au point de vue symbolique3. Or, en premier lieu, le texte des
Grundgesetze que nous avons cité4 montre que le principe d'abstrac-

1. Frege, Grundgesetze. I, § 10 : voir plus haut, § 4.


2. Scholz et Schweitzer, op. cit., p. 101.
3. Ibid., p. 102 : « Le mot que Frege emploie souvent dans les Grundlagen
< expliquer > (erklären) ne reçoit un sens précis que par les Grundgesetze. Expliquer
une expression signifie; trouver les postulats grâce auxquels elle obtient d'avoir la même
référence qu'un nom déjà reconnu comme ayant une référence dans Vidéographie. »
4. Voir plus haut, § 4 (§ 10).

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
J. VUILLEMIN. - L'ÉLIMINATION DES DÉFINITIONS 39

tion peanien - qui soutient les définitions par abstraction


faux pour l'équivalence formelle. En effet, des « fonctions for
lement équivalentes, sous la supposition qu'elles ont au moin
objet en commun, ont plusieurs objets en commun : deux fonct
formellement équivalentes O (£), T (£), qui ont en commun
parcours de valeurs èO(s),àT(a), ont en effet également en com
les objets ^ (s O (e)), ^ (<* Of* (a)), lorsque ^ (£) est une fonctio
obéit à certaines exigences a1. En d'autres termes, comme l'ava
Russell2, les définitions par abstraction fondées sur l'exist
d'une équivalence sont toujours ambiguës.
La légitimité du passage de l'équivalence formelle à une équa
est reçue par Frege en vertu d'un axiome ou principe fondame
de la logique3.
L'axiome A) n'est donc pas une définition pour 'èO (e)',
pour 'a Y (a)'. Dans les Grundlagen, Frege considère que les
de parcours de valeurs appartiennent aux noms ayant une référ
en sorte qu'on peut les utiliser dans des définitions explicites. A
il définit la direction de la droite a comme l'extension du conc
« parallèle à a » et le nombre, qui convient au concept F, co
l'extension du concept « équinumérique au concept F »4.
Dans les Grundgesetze, les noms de parcours de valeurs n'ap
tiennent plus au domaine primitif des noms ayant une référe
Frege postule A) et ce postulat permet de vérifier les trois réqu
imposés par les Grundlagen à l'introduction d'un nom do
référence n'est assurée que par le contexte propositionnel :
« a) Montrer la substituabilité de 's O (e)c par 'a Y (a)*, qu
O (£) est formellement équivalent à Y (£) ;
« ß) Expliquer toutes les expressions idéographiques du t
è O (s) = q' où , q* est un nom qui est reconnu comme ayan
une référence ;

1. Scholz et Schweitzer, op. cit., p. 103.


2. B. Russell, The Logic of relation, in Logic and Knowledge, éd. by
R. G. Marsh, London, 1956, p. 16; Principles of Mathematics, chap. XI, § 110,
pp. 114-115.
3. Voir le texte cité plus haut, § 4. De même, Funktion und Begriff, p. 10 :
« Qu'il soit possible de concevoir l'égalité d'une équation entre les valeurs de
fonctions comme une équation, à savoir comme une équation entre des parcours
de valeurs, cela ne peut pas, me semble-t-il, être prouvé, mais doit être tenu pour
une loi logique fondamentale. »
4. Scholz et Schweitzer, p. 104.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms
10 REVUE PHILOSOPHIQUE

« y) Expliquer toutes les expressions idé


pas la forme d'une équation et dans lesquelles
Or, l'idéographie de Frege permet de vérifi
grâce à son caractère constructif.

§ 6. Conclusions
Io Les définitions par abstraction ne so
En particulier, la possibilité de convertir un
en identité de parcours de valeurs n'équivau
par abstraction.
2° Cette possibilité est une loi logique fo
peut s'analyser en deux éléments : a) elle co
qui exprime logiquement le principe de réc
tout ce qui pouvait demeurer en lui de trans
logique ; b) elle suppose la théorie des valeur
rences des propositions et, par là, l'extensio
3° Le postulat A) est irréductible au « pr
de Russell, « car l'objet qui est associé en ve
fonctions formellement équivalentes en v
par les cercles d'égalité est la classe des f
équivalentes les unes aux autres, tandis que
doivent être interprétés matériellement
valeurs d'argument »8. En tout cas, il doit ê
constructif de l'idéographie, s'il doit être p
noms de parcours de valeurs comme des
rence4. Ceci permet de définir explicitemen
et réels. Mais ce caractère « constructif »
l'ensemble des axiomes de l'idéographie et,
possibilité d'associer à toute proposition u
laquelle seule elle intervient dans le calcul
Jules Vuillemin.

1. Ibid., p. 105.
2. Elles sont « impossibles », dit Frege en 1892.
3. Scholz et Schweitzer, op. cit., p. 103. Cette affirmation n'est vraie que du
principe d'abstraction tel qu'il figure dans les Principia Mathematica. A l'époque
des Principles (1903), lorsque les classes sont interprétées de façon réaliste, il
semble que le principe de Russell ait à peu près la même portée que le postulat
de Frege.
4. Ibid., p. 105.

This content downloaded from 168.176.5.118 on Tue, 22 May 2018 17:31:09 UTC
All use subject to http://about.jstor.org/terms

Anda mungkin juga menyukai