fr/alf/notation_phonetique
Les formes obtenues dans les enquêtes et consignées dans l’ALF ne sont transcrites dans cet ouvrage
qu’en nota on phoné que, à la différence des s muli proposés à la traduc on qui sont notés
orthographiquement.
Edmond Edmont et Jules Gilliéron u lisent dans l’ALF la nota on phoné que mise au point et diffusée
par l’Abbé Rousselot et Jules Gilliéron lui-même. Les conven ons qui la définissent sont consignées dans
la Revue des patois gallo-romans (n° 4 1891, p. 5-6) et reprises dans la No ce servant à l’intelligence des
cartes qui accompagne l’ALF (Annexe 1). Pour désigner ce e nota on nous parlons donc indifféremment
dans le présent document de « nota on de l’ALF », de « nota on Rousselot-Gilliéron » ou « nota on RPG
» pour Revue des Patois Gallo-romans.
Dans la base SYMILA, la nota on phoné que de l’ALF est transposée dans une nota on conforme aux
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conven ons de l’API. Les principes de la transposi on (qui n’est pas triviale) sont exposés ci-dessous. Les
rares entorses que nous avons dû faire aux conven ons de l’API sont aussi jus fiées. La transposi on de la
nota on Rousselot-Gilliéron en API que nous adoptons main ent intégralement les dis nc ons présentes
dans le document original. À chaque le re de la nota on phoné que de l’ALF ou à chaque combinaison
d’une le re avec des diacri ques correspondent une le re ou une combinaison le re-diacri que dans la
nota on que nous proposons. Relevons au passage qu’il n’existe pas à ce jour de reconnaissance efficace
par OCR des nota ons de phoné ques de l’ALF et que la saisie doit être manuelle. Après expérimenta on
nous avons opté pour une saisie-transposi on où les opérateurs transcodent directement la nota on de
l’ALF en nota on API selon les conven ons que nous avons établies.(* ())
Ce e nota on phoné que est par ailleurs complétée par des gloses et des lemmes en nota on
orthographique (voir Gloses et lemmes dans l’ALF (/alf/gloses_et_lemmes)).
Ce e transposi on a trois objec fs :
u liser des caractères UNICODE standard disponibles sans créa on de glyphe spécifique,
conserver toute l’informa on des nota ons de l’ALF et proposer donc une transposi on terme à
terme (et de ce fait réversible),
rendre l’ALF plus lisible aux linguistes d’aujourd’hui qui pra quent couramment l’API et bien plus
rarement la nota on RPG-ALF.
La transposi on retenue s’efforce de donner, autant que faire se peut, une nota on API équivalente à la
nota on RPG ini ale pour les sons notés. Toutefois la coïncidence complète est impossible entre des
nota ons dont les logiques sont différentes. La transposi on conserve une part inévitable d’arbitraire à la
marge et pour des études spécifiquement phoné ques il sera toujours nécessaire de se référer à la
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nota on originale et à ses principes. La transposi on proposée ne vise qu’une u lité pra que et courante,
tout en perme ant au besoin le retour au système original.
Nous exposons dans les lignes qui suivent les principes de correspondance. Nous donnons en annexe
(Annexe 3 pour les voyelles et Annexe 4 pour les consonnes) l’inventaire exhaus f des signes u lisés.
a. Longueur
La longueur est indiquée dans la nota on de l’ALF par deux signes : le « breve » (
˘ ) et le « macron » ( ¯ ). Un signe vocalique peut aussi être dépourvu de diacri que
de longueur, soit que la voyelle concernée ait une durée intermédiaire, soit que le
linguiste n’ait pu trancher sur ce e longueur et qu’elle reste indéterminée. La
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nota on API ne marque pas les brèves considérée comme l’état non marqué de la
voyelle, mais seulement l’allongement et, éventuellement, un allongement
intermédiaire. Elle peut noter excep onnellement une brièveté remarquable.
Les voyelles réduites, que Gilliéron et Edmont notent par des le res plus pe tes
sur la ligne, sont rendues par des le res réduites hautes présentes dans la police
UNICODE et non par des signes normaux en mode « suscrit ».(* ())
Malheureusement, tous les signes hauts réduits nécessaires n’existent pas : [ø]
suscrit, faute de mieux, est rendu par [ᶱ].
RPG : a è é ė œ̀ œ́ i u
API : [ᵃ] [ᵋ] [ᵉ] [ᵊ] [ꟹ](* ()) [ᶱ](* ()) [ⁱ] [ᵘ]
Il est naturel de comprendre que les voyelles réduites sont réalisées avec peu
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d’intensité et une durée réduite. En conséquence, les voyelles réduites ne sont pas
accompagnées de signes de longueur. On trouve toutefois au point 855 de la carte
277 « chien » un u bouclé réduit portant un macron. S’il ne s’agit pas d’une erreur
(pour un lde par exemple : il faudra vérifier dans le carnet d’enquête), Edmont a
pu vouloir noter une voyelle longue de faible intensité. Nous transcrivons par [ᵘː] ce
cas pour l’instant isolé et ferons de même pour des cas semblables qui se
présenteraient. On trouve aussi une fois un i réduit et surmonté d’un breve (carte
369, point 641) : en a endant vérifica on, on le transpose par [ⁱ̆], le symbole d’une
voyelle réduite surmonté d’un breve (une voyelle brève et faible, si la nota on est
confirmée et correcte : contextuellement, dans la forme qui a este le symbole, il
s’agit un second élément de diphtongue descendante).
Pour « a, e, o, œ » un signe simple API est affecté aux voyelles qui portent un
accent grave ou aigu dans la nota on de l’ALF (a, ɑ ; ɛ, e ; ɔ, o ; œ, ø). Cela se jus fie
entre autres par le fait qu’Edmont note beaucoup plus souvent « è » ou « é » etc.
que « e » indéterminé. La voyelle sans diacri que est pour lui « douteuse »,
marquée en un sens. C’est donc la voyelle sans diacri que de la nota on de l’ALF
qui en reçoit un dans la transposi on API que nous proposons. Pour noter les
voyelles moyennes sans diacri que de l’ALF, nous ajoutons, en nota on API, un
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diacri que d’ouverture rela ve à la variante plus fermée : [e̜], [o̜ ], [ø̜]. C’est un
choix arbitraire assumé : on aurait pu aussi bien noter la variante ouverte avec un
diacri que de fermeture : [ɛ̣].
Pour les voyelles basses, la RPG et l’ALF présentent la série « à, a, á » comme une
série d’aperture décroissante. On a toutefois des raisons de penser que « á » note
[ɑ] (une voyelle postérieure) et nous le transposons ainsi. (* ()) Pour « a » sans
diacri que, entre « à » et « á » ou entre [a] et [ɑ] nous pouvons hésiter à noter
selon le discours de Rousselot et Gilliéron un « à » [a] plus fermé ([ạ]) ou selon la
réalité de ce qui sépare [a] de [ɑ] un [a] légèrement rétracté [a̠]. Nous choisissons
finalement ce e dernière op on, plus réaliste, si l’on veut.
Pour les voyelles fermées : « i, u bouclé, u sans boucle », le signe sans diacri que
de la RPG est repris par un signe sans diacri que de l’API ([i, u, y] respec vement)
et les formes accentuées de la RPG sont rendues en API par la le re de base
modifiée par un diacri que d’ouverture [ ̜ ̜] ou de fermeture [ ̣]. (* ())
RPG 2 a : « a 3 á : « a fermé
1 à : « a ouvert »
: indéterminé » »
2 [a̠ˑ](* ()) : a 3 [ɑˑ] : a
API : 1 [aˑ](* ()) : a central
rétracté postérieur
RPG 2 e : « e 3 é : « e fermé
1 è : « e ouvert »
: indéterminé » »
2 [e̜ˑ] : e plus 3 [eˑ] : e,
API : 1 [ɛˑ] : ɛ, ouvert »
ouvert fermé
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RPG 2 o : « o 3 ó : « o, fermé
1 ò : « o ouvert »
: indéterminé » »
2 [o̜ ˑ] : o plus 3 [oˑ] : o,
API : 1 [ɔˑ] : ɔ, ouvert »
ouvert fermé
RPG 2 œ : « eu 3 œ́ : « eu
1 œ̀ : « eu ouvert »
: indéterminé » fermé »
2 [ø̜ˑ] : ø plus 3 [øˑ] : ø,
API : 1 [œˑ] : œ, ouvert
ouvert fermé
RPG 2 i : « i
1 ì : « i ouvert » 3 í : « i fermé »
: indéterminé »
API : 1 [i ̜ˑ] : i ouvert 2 [iˑ] : i moyen 3 [ịˑ] : i fermé
RPG 2 u : « ou 3 ú : « ou
1 ù (* ()): « ou ouvert »
: indéterminé » fermé »
API : 1 [u̜ ˑ] : u ouvert 2 [uˑ] : u moyen 3 [ụˑ] : u fermé
RPG 2 u : « u 3 ú : « u fermé
1 ù (* ()): « u ouvert »
: indéterminé » »
API : 1 [yˑ̜ ] : y ouvert 2 [yˑ] : y moyen 3 [ụˑ] : y fermé
RPG ė (Ce signe n’apparaît pas combiné avec
: des nota ons d’aperture)
API : [ə]
c. Voyelles réduites
RPG : 1 à : « a ouvert » 2 a : « a indéterminé » 3 á : « a fermé »
API : 1 [ᵃ] : a central 2 [ᵃ̱ ] : a rétracté 3 [ᵅ] : a postérieur
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d. Voyelles superposées
La No ce pour l’intelligence des cartes se contente de dire : « Les le res
superposées représentent des sons intermédiaires entre les deux sons marqués »
sans exclure aucune combinaison, sans donner de liste, ni même d’exemple, des
combinaisons effec vement observées. Celles-ci sont néanmoins assez récurrentes
et stéréotypée.
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notamment les signes suivants que nous interprétons (avec les réserves générales
déjà dites) et transposons comme suit :
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labialité.
On trouve encore la superposi on de « œ » et de « o » : « œͦ » qui suggère une
voyelle moyenne labialisée et centrale (entre [œ] ou [ø] antérieurs et [ɔ] ou [o]
postérieur) que nous notons, selon l’API, par [ɞ] qui correspond à la variété
rela vement ouverte : on aurait pu choisir [ɵ] (variété fermée). La combinaison « œͦ
» de l’ALF est accompagnée de diacri ques de longueur (breve ou macron), mais
pas de diacri ques d’aperture (accents dans la RPG).
e. Accent
RPG : 1 a̩ : a accentué 2 a : a non accentué
API : 1 [ˈa] : a accentué 2 [a] : a non accentué
Gilliéron et Edmont ne notent pas toujours l’accent. Quand ils le notent (sur
certaines cartes signalées par un A majuscule), ils le font principalement pour les
mots polysyllabiques ou dans des cas de groupes de clise poten els (* ()): verbe et
pronoms cli ques, verbes et néga on. De manière générale, la nota on de l'accent
dans l'ALF demande à être u lisée et interprétée avec beaucoup de précau ons.
La conven on de l’API veut que l’accent se note par un trait ver cal haut [ˈ] (ou
bas [ˌ] pour l’accent secondaire) placé avant la syllabe accentuée. Dans la mesure
où ce e logique de nota on implique d’iden fier la coupe syllabique et que celle-ci
n’est pas toujours trivialement localisée d’une part et peut (en cas de liaison) se
trouver au-delà d’une sépara on de mot (que nous conservons de la nota on de
l’ALF), nous choisissons plutôt (selon une pra que commune dans les études
occitanes) de placer le signe accentuel avant la voyelle accentuée. En l’occurrence,
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la transposi on RPG-API en est facilitée, puisque dans la nota on RPG ce sont les
voyelles qui portent le diacri que accentuel.
Dans les transcrip ons phoné ques de l’ALF apparaît quelquefois la virgule, qui
note une rupture intona ve (devant un élément détaché à droite par exemple). Elle
est transposée par « | » signe API pour un « minor break », dans la mesure où il n’y
a pas de nota on moins forte qui fasse contraste et jus fie d’u liser « || » qui
serait la nota on standard d’une rupture intona ve.
f. Nasalité
RPG : 1 ã : a nasal 2 a͊ : a mi-nasal (* ()) 3 a : a non nasal
API : 1 [ã] : a nasal 2 [a̰] : a mi-nasal (* ()) 3 [a] : a non nasal
La nota on de la nasalité est commune aux deux nota ons, RPG et API. Pour la
nasalisa on par elle, nous transposons le lde enroulé de la RPG par un lde
souscrit. C’est encore un cas d’écart avec la nota on IPA standard qui n’a pas de
symbole de nasalité par elle et où le lde souscrit note la voix craquée (« creaky
voice ») absente des nota ons de l’ALF.
Pour les nasales, Gilliéron et Edmont ne dis nguent que deux degrés de longueur
: long, avec le macron et le lde, et non marqué, avec lde seul : la combinaison
lde et breve n’est pas a estée. Nous transposons donc les nasales sans autres
diacri que de l’ALF par des nasales brèves de l’API (sans diacri que de longueur) (et
non par des voyelles semi-longues comme les voyelles orales sans diacri que de
longueur).
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g. Semivoyelles
RPG : 1 y 2w 3ẅ
API : 1 [j] 2 [w] 3 [ɥ]
On trouve aussi les combinaisons de le res suivantes :
« y » avec « j » combiné (au-dessus) : [ʝ] (soit « ich-laut » sonore)
La nota on de Gilliéron et Edmond n’u lise pas encore la conven on qui apparaît
en par culier dans les Atlas linguis ques par régions plus récents (NALF) et qui
appar ent aussi à l’API, de noter par une cupule-branches-en-bas souscrite le
caractère non syllabique d’une voyelle : [ai ̯], [ae̯ ] etc. Dans l’ALF, les seconds
éléments de diphtongue, quand ils ne sont pas notés par un symbole de semi-
voyelle, le sont par des voyelles sans diacri que ([ai], [ae]…) ou par des voyelles
réduites ([aⁱ], [aᵉ]…). Sur ce point, nous ne modifions pas la nota on de l’ALF
(modulo la nota on des voyelles par culières) et nous laissons le lecteur
interpréter.
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a) Occlusives sourdes
RPG : 1 p 2t 3k
API : 1 [p] 2 [t] 3 [k]
b) Occlusives sonores
RPG : 1 b 2d 3 ḍ(* ()) 4g
API : 1 [b] 2 [d] 3 [d̪ ] 4 [g]
e) Nasales
RPG : 1 m 2n 3 n̮ 4 ṅ(* ())
API : 1 [m] 2 [n] 3 [ɲ] 4 [ŋ]
f) Latérales
RPG : 1 l 2ḷ 3 l̮ 4 l̮ 5(pas de symbole pour l vélaire)
API : 1 [l] 2 [l ̪] 3 [ʎ] 4 [ʎ̪] 5 [ɫ]
Pour Gilliéron et Edmont ḷ et l ̮ notent respec vement l et « l mouillé »
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g) Rho ques
RPG : 1 r 2r̄ 3ȓ 4ṙ
API : 1 [r] 2 [rː] 3 [ʁ] 4 [ʀ]
Comme pour l et l ̮, la no ce de l’ALF évoque un « r interdental », noté ṛ, que nous
transposons en [r̪] sans bien voir quelle réalisa on Gilliéron et Edmont ont en vue
en parlant d’r interdental.
h) Combinaisons de consonnes
v surmonté de b : [β]
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g surmoné de h : [γ]
ẓ (= [ð]) surmonté de d : [δ] symbole absent de l’API, mais u le pour noter une
variété désoccludée de [d], spirante, mais non frica ve (à la différence de [ð]
qui de toute manière est noté par un symbole dis nct dans l’ALF : ẓ)
Gilliéron et Edmond n’u lisent pas de signes spéciaux pour les affriquées. Nous
n’en u lisons pas non plus dans la transposi on et nous conservons le principe de
leur nota on par deux symboles successifs u lisé dans l’ALF, en adaptant chaque
caractère : tc → [tʃ] (et non [ʧ]), dz → [dz] (et non [ʣ]) etc. La dis nc on entre
groupes et segments complexes est plus affaire de phonologie que de phoné que,
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et encore une fois nous transposons la nota on de l’ALF en API pour la rendre plus
lisible, sans tenter de l’interpréter plus avant.
Documents annexes
Annexe 1 : Tableau donné par Gilliéron dans la No ce servant à
l’intelligence des cartes de l’ALF
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