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est devenu connu au niveau national, laissant entrevoir


quelle pourrait être sa manière de gérer le pays :
Avec l'élection de López-Obrador, un
un accommodement avec les structures économico-
espoir de gauche au Mexique financières établies, la volonté de réduire la corruption,
PAR THOMAS CANTALOUBE
ARTICLE PUBLIÉ LE LUNDI 2 JUILLET 2018 et des programmes sociaux ou améliorant la vie des
gens. Dans la capitale, il a mis en place un système de
retraites et entrepris des travaux d’infrastructures pour
désengorger le trafic routier.
Pour de nombreux observateurs, il s’apparente
davantage à Lula, l’ancien président du Brésil, qu’aux
Zapatistes mexicains, dont il n’a jamais été proche,
ou à Hugo Chavez et ses alliés de la « révolution
Andrés Manuel López-Obrador célébrant sa victoire à la bolivarienne ». Dans son discours télévisé à l’issue
présidence du Mexique dimanche 1er juillet 2018 © Reuters
Élu très largement à la tête du pays, Andrés de la proclamation de sa victoire, dimanche 1er juillet,
Manuel López-Obrador est porteur d’un vrai projet López-Obrador a promis d’opérer « de profonds
progressiste pour un pays habitué au centrisme changements » et de donner son attention à tous les
néolibéral. Il n’est pas pour autant le « gauchiste » ou Mexicains – mais d’agir « de préférence pour les
le « populiste » que ses détracteurs dénoncent. oubliés et les plus pauvres ». Sachant que la moitié de
la population vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est-
La victoire d’Andrés Manuel López-Obrador, à-dire environ 65 millions de personnes, cela l’engage
surnommé AMLO, est sans appel. Avec 53 % des auprès de la majorité de ses concitoyens.
voix contre 22 % et 16 % pour ses deux principaux
adversaires, il devient président du Mexique grâce à
une marge d’avance définitive (il n’y a qu’un seul
tour) et une participation record de l’électorat. Même
si, depuis plusieurs semaines, AMLO faisait la course
en tête des sondages, son accession à la présidence,
après deux tentatives ratées (2006 et 2012), reste
éclatante et marque le désir des Mexicains de rompre Andrés Manuel López-Obrador célébrant sa victoire à la
avec les candidats habituels des deux grands partis : présidence du Mexique dimanche 1er juillet 2018 © Reuters
le PRI, formation attrape-tout issue de la Révolution Dans le même discours, il s’est engagé à respecter
mexicaine qui a dominé la vie politique pendant 70 l’autonomie de la banque centrale, à ne pas
ans, et le PAN, mouvement de centre droit néolibéral. augmenter les impôts et à respecter les « canaux
Pour autant, l’équation López-Obrador demeure légaux », s’agissant de la révision des contrats
compliquée et ne peut pas se réduire aux deux pétroliers attribués à des firmes étrangères par son
qualificatifs qu’on lui attribue généralement : prédécesseur. Tout en critiquant la privatisation de
gauchiste et populiste. Si son parcours est clairement larges pans de l’économie ou le traité de libre-
marqué à gauche, il ne s’éloigne pas des normes échange nord-américain (l’Alena), AMLO a assuré
traditionnelles de la politique mexicaine. AMLO a qu’il n’engagerait pas de campagne de nationalisation
démarré sa carrière au vieux PRI, s’en est éloigné et qu’il ne sortirait pas de l’Alena. Même si
quand celui-ci, dans les années 1980, s’est rapproché ces assurances peuvent apparaître stratégiques,
des sirènes néolibérales anglo-saxonnes. Il a alors afin de rassurer les marchés financiers et les
intégré le PRD, issu d’une scission du PRI, pour lequel investisseurs étrangers, elles correspondent assez bien
il a été élu maire de Mexico en 2000. C’est là qu’il au « pragmatisme » revendiqué par López-Obrador.

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C’est en cela qu’il se rapproche de Lula qui, tout pour lui. Malgré plusieurs décennies de vie publique,
en préservant les infrastructures établies du Brésil, qui, au Mexique, s’accompagnent généralement
s’est arrangé pour réorienter la manne financière vers d’un enrichissement proportionnel, López-Obrador
les plus démunis à coup de programmes sociaux continue de résider dans la même maison de banlieue
(bourses scolaires, assistance aux plus pauvres, de Mexico et de maintenir un train de vie modeste.
logements), plutôt que d’en faire profiter les plus Quant à ses engagements à lutter contre la corruption
riches, comme cela se faisait auparavant (réduction et la violence, considérables dans la société mexicaine,
d’impôts, conditions d’investissement peu encadrées). ils ne divergent guère de ceux des autres candidats
AMLO a promis des augmentations de salaire pour qu’il a défaits. La seule différence tient dans le fait
les fonctionnaires les moins payés, une revalorisation que le PRI comme le PAN ont alterné au pouvoir
des pensions de retraite, des bourses d’études pour la depuis vingt ans sans se montrer capable de résoudre
jeunesse et un soutien aux petits agriculteurs. ces problèmes (auparavant il n’existait pas de réelle
Lula s’est également appuyé sur une politique alternance et donc pas de véritable démocratie). Les
extractiviste très développée pour financer ses projets. sondages durant la campagne indiquaient tous que les
Tout signale qu’AMLO entend faire de même, ce principales préoccupations des Mexicains étaient la
qui explique l’attention portée à l’industrie pétrolière sécurité et la corruption. L’économie de la drogue
avec son souhait d’auditer les contrats passés avec rivalisant avec les plus gros secteurs de production du
des sociétés étrangères, soupçonnés d’être entachés pays, elle a entraîné un nombre record de meurtres : au
de corruption, et son intention de bâtir de nouvelles sein des cartels, bien entendu, mais aussi à l’extérieur,
raffineries. Le nouveau président a également promis journalistes, politiciens et parfois simples passants
d’investir dans un réseau national de chemins de fer. tombant sous les balles ou victimes de traitements
Avant que la présidence de Lula ne soit inhumains (les décapitations, les mutilations ou les
rétrospectivement noircie par des affaires de bains d’acide faisant partie de l’arsenal ordinaire des
corruption et par les défaillances de sa successeure barons de la drogue).
Dilma Roussef, tout le monde s’accorde pour vanter le Si la victoire d’AMLO reflète une tendance globale à
succès de sa politique qui a permis à des millions de l’élection de leaders que l’on qualifie habituellement
Brésiliens de sortir de la pauvreté la plus abjecte, sans de « populistes » ou « d’antisystème » (de Donald
pour autant remettre en cause les fondamentaux de Trump à Rodrigo Dutertre en passant par l’actuel
l’économie brésilienne – ce que la gauche lui reproche gouvernement italien), elle s’ancre avant tout dans
aujourd’hui. le contexte mexicain. Après être confronté encore
L’accusation de « populiste » à l’encontre de López- et encore aux mêmes problèmes (pauvreté, violence,
Obrador n’est pas plus fondée. Non seulement parce corruption, anémie économique) et après avoir élu des
que, dans le contexte mexicain, tous les candidats et partis et des dirigeants promettant de les éradiquer sans
partis recourent aux expédients populistes : achats de y parvenir, voire en les aggravant, les Mexicains se
voix avec des “cadeaux” (sacs de farine, ballons de sont tournées vers celui qu’ils n’avaient pas encore
foot, etc.), appels au peuple contre les « élites » de essayé.
la capitale, promesses de lutte contre la corruption. Si la victoire de López-Obrador est éclatante, il semble
Mais surtout parce qu’AMLO a, jusqu’ici, toujours également qu’il soit parvenu à faire élire de nombreux
accordé son discours avec ses actes. En annonçant candidats de sa coalition (Morena, le Mouvement de
qu’il réduirait son salaire, qu’il n’occuperait pas le régénération nationale) aux postes de gouverneurs des
palais présidentiel, qu’il vendrait la flotte pléthorique États du pays et au Congrès. Il est encore trop tôt pour
d’avions et de véhicules gouvernementaux, il flatte savoir s’il obtiendra la majorité dans cette dernière
certes les sentiments populaires, mais son passé plaide instance, mais la vague en sa faveur garantit qu’il

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ne rencontrera pas d’opposition trop frontale à ses officiellement chef d’État avant décembre 2018. Il a
réformes. Néanmoins, en raison d’une particularité de donc encore cinq mois pour affiner son programme et
la Constitution mexicaine, AMLO ne deviendra pas ses promesses.

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