CRÉDIT prêt hypothécaire | crédit à la consommation
Quand le Belge peine à rembourser
Lorsqu’un consommateur ne parvient pas à rembourser son crédit
dans les délais, le prêteur a souvent une part de responsabilité, car il aurait pu savoir que l’intéressé n’avait pas les moyens de payer. Les chiffres de la Banque nationale ne nous démentent pas.
Danièle Bovy et Nadine Vanhee
e Belge est un emprunteur. Selon la Le crédit n’a rien de
mauvais en soi. Tant qu’il formes de crédits destinés à l’achat d’autre Centrale des crédits aux particuliers, un est octroyé de manière responsable, et tant chose qu’un bien immobilier (auto, appareil organisme hébergé par la Banque na- que sa charge financière est supportable par le électroménager, voyage, fête de mariage, etc.), tionale de Belgique (BNB), près de sept consommateur. Mais ce n’est pas toujours le cas, ou même sans but spécifique. La formule de adultes sur dix ont au moins un crédit surtout pour la forme la plus populaire de crédit l’ouverture de crédit reste dominante : en 2016, L en cours. Dans la catégorie d’âge 35-54 ans, on à la consommation, l’ouverture de crédit. elle concernait plus de la moitié de tous les cré- en est même à neuf Belges sur dix. Nombre de dits en cours, même si leur part dans ce total a consommateurs ont plus d’un crédit sur le dos. Surtout des crédits à la consommation reculé de 2,1% par rapport à 2015. Et les ventes à En 2016, 11 millions de contrats de crédit étaient En 2016, la plupart des contrats de crédit en tempérament sont toujours moins nombreuses. enregistrés, une légère augmentation par rap- cours étaient du type “crédit à la consomma- Pour les crédits hypothécaires, il est frappant port à 2015. tion”. Cette appellation recouvre différentes de constater que le pourcentage de nouveaux
contrats dépasse celui des contrats en cours.
Ceci s’explique par le grand nombre de refi-
nancements, qui sont enregistrés comme de
LES CONTRATS DE CRÉDIT EN 2016 nouveaux contrats.
En 2016 également, la faiblesse des taux d’in-
Ê Le nombre élevé de refinancements explique pourquoi la part des crédits hypothécaires conclus en térêt a donc encore incité les consommateurs à 2016 est supérieure à celle des contrats en cours.
remplacer un emprunt à taux élevé par un autre,
moins cher, bien que cette tendance soit un peu
emprunts 26,3 % moins prononcée qu’en 2015. hypothécaires 32,3 %
Ouverture de crédit, principale
55,2 % source de problèmes ouvertures de crédit 21,9 % Les consommateurs ne parviennent pas tou-
jours à rembourser leur emprunt à temps. En
1,5 % 2016, 555 936 contrats de crédit ont donné lieu ventes à tempérament 4,8 % à des défauts de paiement. C’est la neuvième
année consécutive qu’on constate une aug-
16,9 % mentation. Maigre consolation : la hausse n’est prêts à tempérament 41 % que de 1,5 %, un rien moins forte que les années
précédentes. Le crédit à la consommation reste
contrats en cours
la principale pierre d’achoppement : il concerne
contrats conclus en 2016 plus de 9 défauts de paiement sur 10, avec en
championne absolue l’ouverture de crédit. CONTRATS AVEC DÉFAUT DE
PAIEMENT EN 2016 Rien d’étonnant à cela, vu l’attrait que lui confère la souplesse de cette formule. Vous Ê Les contrats hypothécaires donnent proportionnellement beaucoup moins lieu à des défauts de disposez d’une réserve de capital dans laquelle paiement que les trois formes de crédit à la consommation. C’est heureux car, en euros, les montants dus vous pouvez puiser selon vos besoins, souvent sont évidemment beaucoup plus importants. avec une carte, et vous n’êtes pas tenu de rem- bourser un montant fixe chaque mois. Ce crédit
part des contrats arriéré moyen
est accordé non seulement par des banques, mais aussi par des chaînes de magasins. Cette emprunts hypothécaires 5,9 % 41 373 € souplesse attire en particulier une clientèle vulnérable financièrement, en quête d’argent "facile". Mais ce crédit est extrêmement cher et dangereux, en raison même de sa souplesse, qui entraîne le risque d’être aspiré dans une
ouvertures de crédit 57,8 % 1 562 €
spirale de dettes. Ce que confirment une fois de plus les chiffres de la Centrale des crédits. Les emprunts hypothécaires occasionnent propor- tionnellement beaucoup moins de défauts de paiement, mais, en euros, le montant des arrié- rés de paiement est bien plus important. Bien ventes à tempérament 7,7 % 1 019 € sûr, le crédit hypothécaire porte sur de grosses sommes. Mais le montant moyen des arriérés a plus que doublé en huit ans, alors qu’il est prêts à tempérament 28,6 % 7 597 € resté quasi stable pour le crédit à la consom- mation. Les consommateurs contractent donc des crédits hypothécaires plus importants que naguère.
Les prêteurs pas toujours innocents OUVERTURES DE CRÉDIT EN
2016: INSTITUTIONS Quand il consent un crédit, le prêteur doit le faire de manière responsable, et notamment BANCAIRES VS NON BANCAIRES s’assurer que le consommateur pourra suppor- ter la charge de cet emprunt. En 2016, cette obli- Ê Les ouvertures de crédit accordées par une institution non bancaire sont minoritaires, mais ces contrats gation ne s’appliquait pas encore aux contrats n’en donnent pas moins lieu à plus de la moitié des défauts de paiement. hypothécaires (mais ce sera le cas à partir d’avril 2017). Mais tous les prêteurs ne mettent pas le contrats avec défaut même soin à respecter cette obligation légale. contrats en cours de paiement Nos enquêtes montrent que cette constatation vaut surtout quand le prêteur n’est pas une banque. De quoi s’agit-il alors ? Nous visons par exemple les innombrables ouvertures de crédit consenties par des chaînes de magasins. Idem pour les ventes à tempérament effectuées par un vendeur lors de l’achat d’un bien (voiture, cuisine…) et pour les prêts à tempérament oc- troyés par un vendeur ou un intermédiaire de crédit. Il y a longtemps que nous demandons un 37,7 % contrôle accru des pouvoirs publics à cet égard. Car en accordant des crédits à tort et à travers, ces institutions ont une part de responsabilité dans la dette démesurée supportée par certains consommateurs. Et ce n’est pas un hasard si les 55,8 % crédits accordés par des institutions non ban- caires sont sur-représentés dans les crédits avec problèmes de défauts de paiement. Ce n’est pas pour le plaisir que la BNB col- lecte les données sur les crédits des Belges. Cela s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le suren- dettement. Les prêteurs sont en effet tenus de consulter la Centrale des crédits avant d’accor- der un crédit, afin de se faire une bonne idée de la situation financière d’un client potentiel. Si les chiffres révèlent un réel problème, ils 62,3 % 44,2 % institution non bancaire doivent en outre inciter les pouvoirs publics institution bancaire à prendre le taureau par les cornes et à agir concrètement pour y remédier. n Source : pour tous les graphiques, rapport statistique 2016 de la centrale des crédits aux particuliers (BNB)