Anda di halaman 1dari 10

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/239523367

Calendrier des spores fongiques de la Martinique Annual variation of


fungal spores in atmosphere of Martinique

Article · October 2006

CITATION READS

1 88

1 author:

Nicole Desbois
University Hospital Centre of Martinique
84 PUBLICATIONS   548 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Angiostrongyliasis View project

All content following this page was uploaded by Nicole Desbois on 01 June 2014.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


This article was originally published in a journal published by
Elsevier, and the attached copy is provided by Elsevier for the
author’s benefit and for the benefit of the author’s institution, for
non-commercial research and educational use including without
limitation use in instruction at your institution, sending it to specific
colleagues that you know, and providing a copy to your institution’s
administrator.
All other uses, reproduction and distribution, including without
limitation commercial reprints, selling or licensing copies or access,
or posting on open internet sites, your personal or institution’s
website or repository, are prohibited. For exceptions, permission
may be sought for such use through Elsevier’s permissions site at:

http://www.elsevier.com/locate/permissionusematerial
Journal de Mycologie Médicale 16 (2006) 189–196

a v a i l a b l e a t w w w. s c i e n c e d i r e c t . c o m

j o u r n a l h o m e p a g e : w w w. e l s e v i e r. c o m / l o c a t e / m y c m e d

ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE

py
Calendrier des spores fongiques de la Martinique

co
Annual variation of fungal spores in atmosphere
of Martinique
N. Desboisa,*, H. Beguind, G. Ruckb, J. Nere3, N. Nolardd

al
a
Laboratoire de parasitologie-mycologie-immunologie, hôpital Pierre-Zobda-Quitman, CHU de Fort de France, BP 632,
97261 Fort de France cedex, France
b
on
Service de santé publique et d’économie de la santé, hôpital Pierre-Zobda-Quitman, CHU de Fort de France, BP 632,
97261 Fort de France cedex, France
c
Service de pneumologie, hôpital Pierre-Zobda-Quitman, CHU de Fort de France, BP 632, 97261 Fort de France cedex,
France
d
Section de mycologie, institut scientifique de santé publique (ISP), 14, rue J.-Wystman, 1050 Bruxelles, Belgique
rs

Reçu le 24 juillet 2006 ; accepté le 3 octobre 2006


Disponible sur internet le 30 novembre 2006
pe

Résumé Un relevé des spores de moisissures présentes dans l’air de la ville de Fort de France
MOTS CLÉS a été réalisé du 1er juillet 2003 au 30 juin 2004, en utilisant un capteur de type Burkard. Parmi
Allergie ; les nombreuses spores retrouvées sur les lames d’aérobiologie, les plus fréquentes appartien-
Alternaria ; nent à cinq genres (Alternaria, Cladosporium, Curvularia, Pithomyces et Torula), à deux
Curvularia ; familles (Aspergillaceae et Basidiomycetaceae) et six groupes (myxomycètes, helminthospo-
Moisissures ; rium, mycélium stérile, ascospores et « Autres spores »). Parallèlement à la réalisation des
r's

Climat tropical lames d’aérobiologie, des prélèvements d’air sur milieux gélosés au Rose Bengale additionnés
de chloramphénicol, ont été réalisés en parallèle grâce au biocollecteur Air IDEAL® (BioMé-
rieux). Les moisissures les plus fréquemment retrouvées appartiennent aux genres Aspergillus
(22,5 %), Cladosporium (13,5 %), Curvularia (9,3 %), Pénicillium (8,8 %), Fusarium (7 %). De
nombreux mycéliums stériles sont également isolés (20 %).
o

© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.


th

Abstract A survey of airborne mould spores in the atmosphere of the town of Fort de France
KEYWORDS
was conducted with a seven-day recording volumetric spore trap (Burkard model) from July
Allergy; 1, 2003 to June 30, 2004. Among the many spore types recorded on the strips, the most com-
Au

Alternaria; mon belonged to 5 genera (Alternaria, Cladosporium, Curvularia, Pithomyces and Torula), 2
Curvularia; families (Aspergillaceae and Basidiomycetaceae), and 6 types (Myxomycetes, Helminthospor-
Moulds; ium, sterile mycelium, Ascospores and ‘Other spores’). At the same time, viable airborne pro-
Tropical aera pagules were isolated with a volumetric air sampler Air IDEAL® (BioMérieux), onto a medium
containing Rose Bengal with Chloramphenicol. The most frequently isolated moulds belonged

* Auteurcorrespondant.
Adresse e-mail : nicole.desbois@chu-fortdefrance.fr (N. Desbois).

1156-5233/$ - see front matter © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.mycmed.2006.10.001
190 N. Desbois et al.

to the following genera: Aspergillus (22.5%), Cladosporium (13.5%), Curvularia (9.3%), Penicil-
lium (8.8%), Fusarium (7%), and sterile Mycelium (20%).
© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Introduction enduit de gélatine glycérinée, mélange adhésif qui piège les


particules présentes dans l’air. Après exposition, le ruban est
Depuis quelques années, nous notons une nette augmenta- récupéré, découpé, monté dans de la glycérine entre lame
tion des pathologies allergiques partout dans le monde, et et lamelle. Le comptage des spores peut alors être réalisé

py
notamment à la Martinique. D’après l’étude ISAAC (Interna- par balayage systématique des lames au microscope optique.
tional Study of Asthma and Allergies in Childhood), réalisée Certaines spores sont typiques, ce qui permet de les identi-
en 1998 dans notre département, la prévalence de l’asthme fier de manière plus ou moins précise. La plupart des autres
chez les adolescents était à cette période de 16,3 %, nette- spores peuvent être regroupées en fonction de caractéristi-

co
ment supérieure à celle retrouvée en France métropolitaine ques communes dans différentes catégories : ascospores,
à la même période (12,9 %) [20]. basidiospores, aspergillaceae, helminthosporium… [8,10–12].
À partir de ces données, il nous a semblé impératif de Le capteur Burkard a été installé sur le toit du CHU de
rechercher les facteurs favorisant le développement de ces Fort de France en janvier 2003, à 25 m par rapport au niveau
pathologies. Parmi ces facteurs, les acariens, dont le rôle du sol (Fig. 1). Le recueil pour l’élaboration du calendrier
n’est plus à démontrer et les moisissures, champignons de des spores fongiques a démarré le 1er juillet 2003. Le tam-
l’environnement, se développant préférentiellement dans bour a été changé deux fois par semaine, à jours et heures

al
les atmosphères chaudes et humides, le climat tropical fixes. Les lames ont été préparées immédiatement après
étant idéal [1,5,15]. chaque changement de tambour et conservées dans des boî-
L’inventaire des spores de champignons atmosphériques a tes hermétiques puis observées au microscope pour identifi-
été entrepris dans beaucoup de régions dans le monde pour cation des spores. Les données ont été recueillies sur le logi-
on
comparer la chronologie des manifestations allergiques de ciel Microsoft Excel à l’aide d’un fichier créé par l’unité de
patients atopiques avec les fluctuations saisonnières [2,3,5, mycologie, ISP de Bruxelles.
22]. Ce travail n’a pas encore été réalisé dans notre région. Parallèlement, au même emplacement, des prélèvements
Les moisissures et les macromycètes s’y développent et spo- d’air ont été effectués au minimum une fois par semaine,
rs

rulent cependant en abondance, sur les substrats les plus grâce à un biocollecteur, le capteur Air IDEAL® (BioMérieux),
variés, et il est logique d’envisager que certaines spores programmé pour prélever 80 l d’air/minute.
puissent jouer un rôle délétère sur la santé.
pe

Principe de l’aérobiologie
C’est l’étude des particules biologiques transportées par
l’air (diamètre compris entre 0,5 et quelques microns).
Parmi ces particules biologiques, nous trouvons les pollens
et les spores de certains micro-organismes produits en très
grand nombre. Les spores sont des unités reproductives qui
r's

assurent la multiplication des individus chez les fougères, les


mousses, les lichens, les myxomycètes et les champignons.
Chez ces organismes dépourvus d’organes de locomotion,
elles assurent la dispersion géographique des espèces (via le
vent, la pluie, les insectes et autres animaux).
o

Le nombre de spores produites par un champignon peut


être énorme (400 millions pour une colonie de Pénicillium
th

de 2,5 cm de diamètre) [17]. La durée d’émission est variable


en fonction des saisons (zones tempérées), du climat. La
période de sporulation du champignon dépend également,
Au

dans certains cas, du développement de sa plante hôte.

Matériel et méthode
La méthode volumétrique des lames, utilisant le plus souvent
le capteur « Burkard volumetric spore sampler », est la
méthode la plus souvent utilisée pour l’élaboration des
calendriers de spores fongiques. Il est généralement installé
sur le toit d’un bâtiment afin d’éviter autant que possible
toute interférence locale. Dix litres d’air par minute sont
aspirés 24 heures sur 24 et projetés sur un tambour animé
d’un mouvement de rotation par un système d’horlogerie. Figure 1 Capteur Burkard.
La surface du tambour est recouverte d’un ruban transparent Figure 1 Seven-day recording volumetric spore trap: Burkard.
Calendrier des spores fongiques de la Martinique 191

Le milieu de culture utilisé a été la gélose au Rose Bengal genres et/ou des espèces connues mais en quantité trop
additionnée de chloramphénicol, coulée en boite de pétri de faible pour nécessiter une rubrique spécifique (Tableau 2).
90 mm de diamètre. Les boites ont été incubées à 30 °C pen-
dant dix jours et observées tous les deux jours. L’identifica-
tion de chaque colonie a été faite sur les critères habituels Nous retrouvons également sur ces lames, des mycéliums
d’identification des champignons filamenteux (examen stériles, qui ne présentent aucune fructification permettant
macroscopique et microscopique des colonies) [7,10,11]. de les identifier et les myxomycètes, qui ne sont pas des
Les souches d’identification difficile ont été repiquées et champignons mais des micro-organismes appartenant au
expédiées au laboratoire de mycologie de l’ISP de Bruxelles règne des protozoaires. Anciennement classés parmi les

py
pour identification. Les données ont été recueillies sur le
logiciel Microsoft Excel. Le recueil des données de tempéra-
tures et de pluviométrie journalières pour la période, nous a Tableau 1 Origine des principales spores fongiques isolées
été transmis par météo France. Table 1 Origin of the most common mould spores isolated

co
Cinq principaux genres
Résultats Alternaria
Le calendrier fongique de la Martinique a été réalisé du 1er Cladosporium
juillet 2003 au 30 juin 2004 (Fig. 2). La première étape s’est Curvularia
déroulée pendant les six premiers mois de l’année 2004. Pithomyces
Pendant cette période, nous avons observé les lames d’aéro- Torula
biologie pour identifier les différents taxons et déterminer Deux familles

al
ceux qui, présents de façon significative, feraient partie du Aspergillaceae
calendrier. Cela nous a permis d’élaborer notre calendrier en Basidiomycetaceae
retenant cinq principaux genres, deux familles et cinq grou- Cinq groupes
Ascospores
pes de moisissures (Tableau 1).
on
Pratiquement toutes les spores composant le calendrier Helminthosporium
sont présentes dans l’air toute l’année, à des concentrations Mycéliums stériles
différentes, à l’exception des spores d’Alternaria, retrou- Myxomycètes
vées sporadiquement et en quantité très faible Autres spores
rs

(<2 spores/mm3 d’air).


Nous retrouvons sur les prélèvements d’aérobiologie deux
catégories de spores fongiques : les spores issues de la repro- Tableau 2 Origine fongique des « Autres spores »
Table 2 Fungal origin of the "Other spores"
pe

duction asexuée (Fungi imperfecti ou deutéromycètes) dont


le rôle en allergologie est reconnu pour certaines [5,6,14] et Acremonium like
les spores issues de la multiplication sexuée (ascomycètes et Arthrinium
basidiomycètes). Arthrospores
Parmi les spores asexuées, nous retrouvons : Beauveria like
Botrytis
● des spores d’Aspergillaceae, qui constituent un grand Cerebella like
groupe, comprenant toutes les petites spores rondes ne Corynospora
r's

pouvant être rattachées à un genre sur les lames d’aéro- Cercospora


biologie. Dans ce groupe sont classées les spores des gen- Corynospora
res Aspergillus, Pénicillium, Paecilomyces et toutes les Entomophtora
autres spores présentant ces caractéristiques. Elles peu- Epicoccum
vent atteindre 1500 spores/m3 d’air ;
o

Erysiphe
● des spores de dematiae, dont la quantité dans l’air est
Fusariella
faible, n’excédant pas 60 spores/m3 d’air : Pithomyces
th

Fusarium
(dont l’espèce la plus représentée est P. chartarum), Cur-
Hormocephalum like
vularia (dont l’espèce prédominante est C. lunata), et
Mucorales
Torula. Le groupe Helmintosporium comprend un grand
Polythrincium
Au

nombre de genres et d’espèces de moisissures différen-


Puccinia
tes. Leurs spores sont caractéristiques, car relativement
Pyricularia
grandes, brunes, et ayant des septa divisant la spore en
Scopulariopsis like
plusieurs cellules. Certains genres sont bien connus, faci-
Spegazzinia deightonii
lement identifiables. Dans le cadre de notre calendrier,
Spegazzinia tessarthra
ces genres n’étaient pas présents en quantité suffisam-
Tetraploa
ment significative pour justifier une catégorisation [10,
Trichothecium
11] ;
Ulocladium
● des spores de Cladosporium, les plus représentées des
Urediniospores
spores asexuées, après les spores d’Aspergillaceae, ne
Ustilago
dépassant pas 2000 spores/m3 d’air ;
● la catégorie « Autres spores » qui regroupe toutes les spo- Zygosporium
res morphologiquement identifiables, appartenant à des Wardomyces like
192 N. Desbois et al.

py
co
al
on
rs
pe
o r's

Figure 2 Calendrier des spores fongiques de la Martinique.


th

Figure 2 Annual variation of fungal spores in atmosphere of Martinique.


Au

Figure 3 Pluviométrie (mm).


Figure 3 Pluviometry (mm).
Calendrier des spores fongiques de la Martinique 193

py
co
al
on
Figure 4 Fréquence des moisissures isolées en culture.
Figure 4 Frequency of isolated moulds in cultures.
rs

champignons, ils s’en rapprochent par la production de spo- les mycéliums stériles (20 %), le genre Cladosporium
res retrouvées dans l’air. Ils comprennent un grand nombre (13,5 %) avec une prédominance probable de C. oxysporum,
d’espèces différentes (à peu près 700) et sont également le genre Curvularia (9,3 %) avec prédominance de Curvularia
présents toute l’année. lunata (33 % des souches de Curvularia isolées), les genres
pe

Il existe trois types de spores sexuées : les zygospores Pénicillium (8,8 %) et Fusarium (7 %) (Fig. 4).
(zygomycètes), les ascospores (ascomycètes) et les basidios-
pores (basidiomycètes). Seules les deux dernières sont Discussion
retrouvées sur nos lames d’aérobiologie.
Les ascospores sont produites à l’intérieur d’une sorte de La nécessité de l’élaboration d’un calendrier des moisissures
sac appelé asque. Les basidiospores sont des spores exogè- est venue de l’importance de la pathologie allergique, parti-
nes, produites dans des éléments allongés appelés basides culièrement l’asthme, à la Martinique [20]. Notre climat
r's

[4]. Ces deux modes de production différents sont à la base étant très favorable à la croissance fongique, les allergolo-
de la différenciation et de l’identification des basidiospores gues de Martinique, Guadeloupe, Guyane, faisant partie de
et des ascospores : les ascospores étant produites dans des l’Association régionale de formation continue en allergologie
asques, elles ne présentent pas de point d’insertion ou de de la Caraïbe (AREFORCAL Caraïbe) se sont posés la question
o

cicatrice à leur surface, contrairement aux basidiospores [8]. de l’impact des moisissures sur la pathologie allergique, et
Les Basidiomycetaceae, rubrique de notre calendrier, se sont intéressés tout d’abord à l’Alternaria, moisissure de
loin la plus importante en allergologie [3,6,25].
th

comprennent des spores sexuées, les basidiospores dont les


plus fréquemment retrouvées sur les lames sont les spores du Nos premiers résultats ne sont que partiels car une année
genre Ganoderma, et des spores asexuées, principalement d’étude est nettement insuffisante pour pouvoir tirer des
des genres Sporobolomyces et Tilletiopsis [12]. Les ascospo- conclusions mais cela nous permet tout de même de faire
Au

res les plus fréquemment retrouvées appartiennent aux gen- une comparaison avec les calendriers des régions tempérées,
res Leptosphéria et Didymella [8,12]. en particulier le calendrier de Bruxelles [21]. Dans ces
Les spores sexuées sont présentes dans l’air en quantité régions, le calendrier des spores fongiques prend toute son
très importante, et surtout sont très diversifiées. Elles sont importance d’avril à novembre, les mois où l’air est le plus
difficiles à compter car le plus souvent hyalines, de petite chargé en spores fongiques étant les mois de juillet et
taille, en « nuage », raison pour laquelle nous avons fait le d’août. Les spores les plus représentées sont les spores de
comptage sur quatre mois. Cladosporium et d’Alternaria [2,9,21,26].
La mise en culture de l’air extérieur est une étape indis- À la Martinique, où le climat est chaud (26 °C de tempé-
pensable pour déterminer les genres et/ou espèces de moi- rature moyenne annuelle) et humide (hygrométrie variant de
sissures présentes dans l’air. Par ordre de fréquence, nous 80 à 87 %), la majorité des spores retrouvées sur nos lames et
retrouvons le genre Aspergillus (22,5 %) avec une prédomi- répertoriées sont perannuelles, à l’exception des spores
nance d’A. niger (35 % des souches d’Aspergillus isolées), d’Alternaria, retrouvées en quantité très faible et de façon
194 N. Desbois et al.

sporadique. Les spores de Cladosporium sont présentes toute Curvularia et Cladosporium. Ils sont en quantité nette-
l’année mais en quantité relativement faible par rapport aux ment inférieure à ce que nous trouvons en Europe à la
calendriers des zones tempérées (moins de 2000 versus pleine saison ;
10 000 à 15 000 spores/m3 d’air en juillet–août). Alors que ● les spores de myxomycètes semblent plus importantes
l’espèce C. herbarum domine sur le calendrier de Bruxelles, dans l’air en Martinique, avec, là encore, une grande
c’est C. oxysporum qui semble prédominant en Martinique diversité d’espèces ;
[21]. ● les ascospores et les Basidiomycetaceae (comprenant les
Les spores regroupées dans la famille des Aspergillaceae basidiospores) ont été comptés sur une période de quatre
constituent un grand groupe comprenant toutes les petites mois, compte tenu de leur présence quasi permanente et

py
spores rondes ne pouvant être rattachées à un genre sur les en quantité abondante sur 12 mois (une estimation semi-
lames d’aérobiologie. Dans ce groupe, nous trouvons les spo- quantitative de ces spores a été effectuée sur toutes les
res d’Aspergillus, de Pénicillium et toutes les autres spores lames). Les ascospores sont en quantité plus importante,
présentant ces caractéristiques. La comparaison de nos avec une grande diversité par rapport au calendrier bru-

co
résultats avec ceux des pays tempérés, en particulier les xellois. Les Basidiomycetaceae présentent les mêmes
résultats des calendriers de Bruxelles, montre que ces spores caractéristiques (abondance et grande variété), avec
sont en quantité plus importantes en Martinique, pouvant une fréquence moindre des spores de Sporobolomyces et
atteindre jusqu’à 1000 spores/m3 d’air [21]. de Tilletiopsis, raison pour laquelle nous ne les avons pas
individualisées.
Quelques éléments particuliers se détachent de l’analyse
de notre calendrier (Fig. 2) :
Nous observons peu de fluctuations saisonnières si ce
● Alternaria, moisissure fréquente dans les pays tempérés, n’est pour les très nombreuses basidiospores (augmentation

al
surtout pendant l’été, et responsable de manifestations nette mi-août), et les Cladosporium pour lesquels un pic très
allergiques saisonnières, n’est retrouvée, sur nos lames net se détache fin mars–début avril 2004, période à laquelle
d’aérobiologie, que très sporadiquement et en quantité nous avons eu quelques jours consécutifs sans pluie. Les
on
négligeable ; conditions météorologiques particulières qui ont sévi durant
● Curvularia, moisissure allergisante plus fréquente dans la période de l’étude expliquent probablement ce phéno-
les pays tropicaux, est présente toute l’année mais en mène (Fig. 3). En effet, la dispersion des spores dépend des
quantité faible (moins de 50 spores/m3 d’air). Elle est, conditions climatiques. Ainsi, la dispersion des spores d’asco-
rs
de plus, très fréquemment isolée comme contaminant mycètes et de basidiomycètes augmente avec la pluie, alors
des cultures de prélèvements pathologiques superficiels que la dispersion des spores asexuées (Alternaria, Cladospo-
en mycologie médicale contrairement à l’Alternaria, et rium, Curvularia…) et, à un degré moindre, des spores
fait donc partie de notre environnement. Ces spores sont d’Aspergillaceae, est conditionnée par l’ensoleillement, le
pe

allergisantes et ont fait l’objet de quelques études dans vent « sec » et se fait fréquemment à la fin d’une journée
certains pays tropicaux notamment à Singapour [1,5,13, ensoleillée, ce que nous avons pu constater à la lecture des
19,24]. Elles sont rares sur les calendriers européens ; lames, bien que n’ayant pu le représenter sur le calendrier
● nous constatons une très grande diversité des spores de
[6]. L’année se divise classiquement à la Martinique, en deux
deutéromycètes, sans périodicité, en quantité faible.
saisons bien distinctes et de durée inégale : la saison sèche
Nous avons fait le choix de ne compter que les plus repré-
(ou « carême »), de novembre à juillet, et la saison humide,
sentées, les autres se retrouvant, selon leur morphologie,
également appelée « hivernage », d’août à octobre. En réa-
r's

dans la rubrique Helminthosporium ou la rubrique « Autres


lité, la saison humide est plus longue, l’« hivernage » étant
spores ». Les Helmintosporium constituent un groupe de
la période de plus fortes pluies, allant de juin à novembre et
champignons comprenant un grand nombre de genres et
se caractérisant par un risque cyclonique important et « le
d’espèces différents. Ce sont des spores caractéristiques
carême » correspondant à une période de grosses chaleurs
car relativement grandes, brunes, et ayant des septa divi-
o

sant la spore en plusieurs cellules. Certains genres sont et de sécheresse, avec un ensoleillement maximal, va de
très facilement reconnus et identifiables [10–12]. Dans le février à avril [27]. Les fluctuations sont en pratique nom-
th

cadre de cette étude, ces genres n’étaient pas présents breuses et, depuis quelques années (y compris l’année de
en quantité suffisamment importante pour justifier une notre étude), le « carême » est plutôt pluvieux (Fig. 3). Ces
catégorisation. La catégorie « Autres spores » regroupe variations climatiques pourraient s’expliquer par l’existence
toutes les spores morphologiquement identifiables, de cycles climatiques à l’échelle humaine, comme le mon-
Au

appartenant à des genres et/ou des espèces connues trent les travaux de Huygues Belrose qui, après avoir com-
mais en quantité trop faible pour que nous ayons fait paré les chiffres annuels de précipitation sur plusieurs
une rubrique spécifique (Tableau 2). Cette grande diver- années (1651 à 1995), émet l’hypothèse de cycles pluvieux
sité de spores ainsi que leur présence toute l’année dans et de cycles secs [18]. Ces variations climatiques ont proba-
l’air, en quantité faible, et l’absence de prédominance blement des conséquences sur notre calendrier : présence de
nette d’une catégorie par rapport à une autre, a été nombreuses ascospores et basidiospores dont l’émission est
retrouvée dans les quelques études réalisées en Amérique favorisée par l’humidité, peu de spores de deutéromycètes,
latine [16] ; dont la dispersion est favorisée par le soleil et la sécheresse.
● les mycéliums stériles regroupent des hyphes hyalins ou Il est possible que, sur une période plus longue d’étude, et
dematiae, ne présentant aucune fructification permet- avec des périodes sèches plus marquées, nous ayons des
tant de les identifier. Il est probable que, dans un certain résultats proches de l’étude de Ho et al., réalisée en Malai-
nombre de cas, ces filaments correspondent aux genres sie qui a mis en évidence, sur une période de deux ans, des
Calendrier des spores fongiques de la Martinique 195

variations tant qualitatives que quantitatives du calendrier fication car, d’une part, de nombreuses spores ne poussent
avec des pics de Cladosporium en février et août et des pas in vitro, d’autre part, les milieux de culture sont souvent
pics de Curvularia en janvier, juin et septembre [15,23]. envahis rapidement par des moisissures qui peuvent inhiber
La végétation de proximité joue également un rôle très partiellement ou totalement la pousse d’autres champi-
important en ce qui concerne la production des spores, en gnons, de culture plus lente.
quantité et en diversité [3,6]. Ainsi, la Martinique, île de Les souches les plus intéressantes sont conservées lyophi-
1128 km2 bénéficie néanmoins d’un relief très varié avec lisées dans la collection IHEM, à l’ISP de Bruxelles, en vue
une grande diversité de végétation : dans le nord, un relief d’études ultérieures.
tourmenté et une végétation tropicale luxuriante, dans le

py
sud, un relief moins important et des zones plutôt sèches. Conclusion
Entre les deux, la plaine du Lamentin, où se trouve Fort de
France. Il est probable que la poursuite de l’étude dans des Le recensement des moisissures atmosphériques en Marti-
conditions climatiques différentes (saisons nettement mar- nique est la première étape d’une démarche visant l’amélio-

co
quées, en particulier un vrai « carême ») et le changement ration du diagnostic de l’allergie fongique en région tropi-
de situation du capteur (en zone plus humide avec une végé- cale. La poursuite du calendrier nous semble nécessaire
tation luxuriante ou en zone sèche), nous fournirait des pour une meilleure appréciation de la situation, compte
résultats différents. tenu des variations climatiques. De plus, des prélèvements
La mise en culture de l’air extérieur a été une étape réalisés à des endroits différents de l’île seraient souhaita-
indispensable pour l’isolement puis l’identification des moi- bles. Les cultures réalisées en parallèle sont indispensables
sissures poussant et fructifiant sur les milieux utilisés. Les pour identifier les souches présentes dans l’air pour, d’une

al
souches isolées sont très variées mais on note une nette pré- part, un diagnostic de genre et/ou d’espèce précis, et
dominance des genres Aspergillus, Cladosporium, Curvula- d’autre part, pour la réalisation d’extraits allergéniques spé-
ria, Pénicillium et Fusarium (Tableaux 3–5). Les autres moi- cifiques des moisissures tropicales allergisantes, aide diag-
nostic indispensable en allergologie. Des prélèvements dans
sissures sont isolées moins régulièrement (Fig. 4). De plus,
on
nous isolons un grand nombre de mycéliums stériles, champi- l’environnement (végétaux, terre…) devront être entrepris à
gnons ne fructifiant pas sur les milieux de cultures usuels, et la recherche des niches écologiques des différentes moisissu-
correspondant probablement, pour la plupart, aux nombreu- res, y compris des ascomycètes et des basidiomycètes.
ses ascospores et basidiospores retrouvées sur les lames La suite logique de cette étude est l’isolement et l’iden-
rs

d’aérobiologie. Cette méthode permet essentiellement de tification des moisissures présentes dans l’habitat, celles-ci
rapprocher les résultats des lames d’aérobiologie aux genres jouant très certainement, dans le contexte tropical, un rôle
et/ou espèces de moisissures les plus fréquemment isolées non négligeable dans la pathologie allergique.
pe

en culture mais ce n’est pas une bonne méthode de quanti-


Remerciements
Tableau 3 Espèces d’Aspergillus isolées
Table 3 Species of Aspergillus isolated Les auteurs tiennent à remercier la Caisse générale de
sécurité sociale (CGSS) de la Martinique, qui leur a fait
Aspergillus aculeatus
confiance ; le personnel de l’unité de mycologie de l’ISP de
Aspergillus flavus
Bruxelles dont l’accueil a toujours été très chaleureux ; Mar-
Aspergillus fumigatus
lène Aurore, technicienne du laboratoire de parasitologie–
r's

Aspergillus niger
mycologie–immunologie du CHU de Fort de France, sans
Aspergillus ochraceus
laquelle ce travail n’aurait pu aboutir, et météo France.
Aspergillus sydowii
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une convention
Aspergillus versicolor
de collaboration de recherche entre l’AREFORCAL Caraïbe
o

(Martinique) et L’ISP (Bruxelles) et a été financée par le


FAQSV (Fond d’aide à la qualité des soins de ville), CGSS de
Tableau 4 Espèces de Cladosporium et de Curvularia isolées
th

la Martinique.
Table 4 Species of Cladosporium and Curvularia isolated

Cladosporium oxysporum
Références
Au

Cladosporium sphaerospermum
[1] Baratawidjaja IR, Baratawidjaja PP, Darwis A, Soo-Hwee L,
Curvularia lunata Fook-Tim C, et al. Prevalence of allergic sensitization to regio-
Curvularia pallescens nal inhalants among allergic patients in Jakarta, Indonesia.
Curvularia senegalensis Asian Pac J Allergy Immunol 1999;17:9–12.
[2] Bagni N, Davies RR, Mallea M, Nolard N, Spireksma FT, Stix E.
Spore concentration un cities of the European Economic Com-
munity. II. Spores of Cladosporium and Alternaria. Acta Allergol
Tableau 5 Espèces de Fusarium isolées 1977;32:118–38.
Table 5 Species of Fusarium isolated [3] Chai SK, Nga NN, Checkoway H, Takaro TK, Redding GJ, et al.
Comparison of local risk factors for children’s atopic symptoms
Fusarium solani
in Hanoi, Vietnam. Allergy 2004;59:637–44.
Fusarium oxysporum
[4] Chabasse D, Guiguen CL, Contet-Audonneau N. In: Mycologie
Fusarium sulfureum médicale. Paris: Masson; 1999 (p. 24–32).
196 N. Desbois et al.

[5] Chew FT, Lim SH, Shang HS, Siti Dahlia MD, Goh DYT, et al. Eva- [16] Hurtado I, Riegles-Goihman M. Air sampling studies in tropical
luation of the allerginicity of tropical pollen and airborne spo- America (Venezuela). Frequency and periodicity of pollen and
res in Singapore. Allergy 2000;65:340–7. spores. Allergol Immunopathol (Madr) 1984;12(6):449–54.
[6] Crisci CD, Ardusso RF. Aeroalergenos relevantes en Argentina de [17] Ingold CT. Spore discharge in Daldinia concentrica. Trans Br
importancia en asma y rinitis alergicas. Archivos Argentinos de Mycol Soc 1946;29:43–51.
Alergia e Immunologia Clinica 2000;32. [18] Huyghues Belrose V. In: Variations et cycles climatiques à la
[7] De Hoog GS, Guarro J, Gené J, Figuerras MJ. Atlas of Clinical Martinique. Études Caribéennes, Dossier spécial environne-
Fungi, 2e edition. Baarn and Deft: Centraalbureau woor Schim- ment. Paris: Publibook; 2006;5:27–43.
melculture; 2000. [19] Mc Aleer R, Kroenert DB, Elder JL, Froudist JH. Allergic bron-
[8] Dennis RWG. British Ascomycetes. BioImages-Virtual Field- chopulmonary disease caused by Curvularia lunata and

py
Guide. http://www.bioimages.org.uk. Dreschslera hawaiiensis. Thorax 1981;36:338–44.
[9] Giuoleka D, Damialis A, Mpalafoutis C, Papakosta D, Giuoleka P. [20] Merle S, et al. Prévalence de l’asthme et des manifestations
Allergenic fungal spore records (15 years) and relationship allergiques chez les enfants et les adolescents de Martinique en
meteorological parameters in Thessaloniki, Greece. Allergy 1998. Observatoire de la santé de la Martinique, OSM Flash
1999;21:1–8.

co
and Clinical Immunology International. Journal of the World
[21] Nolard N, Beguin H, Chasseur C. Mold allergy: 25 years of
Allergy Organisation 2004;16:52–9.
indoor and outdoor studies in Belgium. Allerg Immunol 2001;
[10] Ellis MB. Dematiaceous Hyphomycetes. BioImages-Virtual Field-
33:101–2.
Guide. http://www.bioimages.org.uk.
[22] Oliveira M, Ribeiro H, Abreu I. Annual variation of fungal spores
[11] Ellis MB. More Dematiaceous Hyphomycetes. BioImages-Virtual
in atmosphere of Porto: 2003. Ann Agric Environ Med 2005;12:
Field-Guide. http://www.bioimages.org.uk.
309–15.
[12] Grant Smith E. Sampling and Identifying Allergenic Pollens and [23] Perdomo-Ponce D, Labouriau MS, Hernandez A, Alvarez F, Rull
moulds. San Antonio: Blewstone; 2000. V, et al. Common airborne allergens and their clinical rele-

al
[13] Gupta R, Pratap Singh B, Sridhara S, Nath Gaur S, Chaud- vance in the Caracas valley. Invest Clin 1991;32:157–86.
hary VK, Arora N. Allergens of Curvularia lunata during cultiva- [24] Pumhirun P, Towiwat P, Mahakit P. Aeroallergen sensitivity of
tion in different media. J Allergy Clin Immunol 1999;104:858– Thai patients with allergic rhinitis. Asian Pac J Allergy Immunol
62.
on 1997;15:183–5.
[14] Hasnain SM, Al-Frayh AS, Al-Suwaine A, Gad-El-Rab MO, Fatima [25] Stark PC, Celedon JC, Chew GL, Ryan LM, Burge HA, et al. Fun-
K, Al-Sedairy S. Cladosporium and respiratory allergy: diagnos- gal levels in the home and allergic rhinitis by 5 years of age.
tic implications in Saudi Arabia. Mycopathologia 2004;157:171– Environ Health Perspect 2005;113:1405–9.
9. [26] Vittal BP, Krishnamoorthi K. A census of airborne mould spores
rs

[15] Ho TM, Tan BH, Ismail S, Bujang MK. Seasonal prevalence of air- in the atmosphere of the city of Madras, India. Ann Allergy
borne pollen and spores in Kuala Lumpur, Malaysia. Asian Pac J 1988;60:99–101.
Allergy Immunol 1995;13:17–22. [27] http://fr.wikipedia.org/wiki/Martinique.
pe
o r's
th
Au

View publication stats

Anda mungkin juga menyukai