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Bulletin de l'Association

Guillaume Budé

Urguza fi't Tibb [Cantica (Poème de la Médecine) d'Avicenne]


Cantica (Poème de la Médecine) d'Avicenne
Henri Jahier, Abdelkader Noureddine

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Jahier Henri, Noureddine Abdelkader. Urguza fi't Tibb [Cantica (Poème de la Médecine) d'Avicenne]. In: Bulletin de
l'Association Guillaume Budé, n°3, septembre 1954. pp. 95-97 ;

doi : 10.3406/bude.1954.4629

http://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1954_num_1_3_4629

Document généré le 17/03/2016


Chronique Bibliographique

URGUZA FÏ'T TIBB — CANTICA


(POÈME DE LA MÉDECINE)
D'AVICENNE

par M. M. Henri Jahier et Abdelkader Nourreddine (Alger).

Le mois de mai 1954 a vu célébrer avec un faste légitime l'œuvre


d'Avicenne. Tandis qu'en Iran les savants délégués du monde entier
apportaient l'hommage de leurs travaux lors de l'inauguration du
mausolée élevé à son souvenir, la Sorbonne, dans une séance
entendait les plus pertinentes conférences sur les facettes
diverses de l'esprit de cet homme universel.
Et tout cela est bien et tout cela est juste. Mais l'esprit « Guillaume
Budé » demande autre chose pour l'hommage qu'il entend rendre à
un grand maître de la pensée humaine ; il exige la publication des
textes mêmes d'Avicenne pour que tout honnête homme puisse s'y
reporter lui-même et se forger lui-même son opinion sur leur valeur.
Or, lorsqu'on fait le bilan des œuvres d'Avicenne rendues par la
traduction accessibles dans une langue moderne, la liste est
brève. En face des 276 ouvrages que comporte la bibliographie
publiée par le P. Anawati (Mu'Allâfât ibn Sina, Dar el Maaref, Le
Caire, 1950), le lecteur français n'a pour le servir que quelques
travaux dont la grande valeur et les horizons qu'ils ouvrent ne
peuvent que laisser regretter le petit nombre* Encore ne s'adressent-
ils qu'à son e»uvre philosophique et poétique. Ses productions
— à part quelques extraits parcellaires — ne comportent guère
comme traduction en notre langue que l'ouvrage déjà ancien de
De Koning sur VAnatomiedans le Canon, Leyden, 1903, la précieuse
plaquette de Meyerhof et Joannides sur L'obstétrique et la
d'Avicenne, et la thèse de médecine de Soubeyran (Paris, 1935),
l'auteur des Hommes en blanc, travail de valeur pour la
du premier des cinq volumes du Canon (encore cette thèse
n'est-elle pas une traduction littérale).
Et pourtant, l'œuvre du prince des médecins comporte un poème,
le Poème de la Médecine, en arabe Urguza fi't Tibb, qui, d'après la
préface même d'Avicenne, contient « tout ce qu'il savait de cette
science ». Ce retard inexplicable ne peut se concevoir que par la
difficulté du texte arabe, extrêmement concis dans la métrique
« radjaz » adoptée et qui nécessitait pour sa traduction une
médico-linguistique. Cette lacune est comblée maintenant que
« Les Belles Lettres » sont en train de réaliser dans leur Collection
Arabe le travail de MM. Jahier et Noureddine, fruit de cette rai-
contre d'un historien de la médecine, arabisant lui-même, et d'un
linguiste chevronné.
En 1326 vers, Avicenne expose dans ce poème et suivant un plan
parfait du point de vue didactique ce qu'il a présenté en détail dans
les cinq livres du Canon. De dimensions réduites, cet abrégé de la
se ence médicale a servi à l'enseignement pendant des siècles, tant
en Orient qu'en Europe à travers sa traduction latine.
Les manuscrits1 en langue arabe ne sont pas rares tant en pays
d'Islam que dans les grandes bibliothèques d'Europe et non plus
ceux du commentaire qu'en fit Averroès. Deux éditions du XIXe siècle
faites aux Indes (Calcutta, 1829 ; Lucknow, 1845) montrent
du monde musulman à son enseignement.
Traduit en latin au XIIe siècle par Gérard de Crémone, traduction
reprise avec celle de son Commentaire à" Averroès par Armengaud
de Biaise de Montpellier sous le nom de Cantica, ce poème a été
édité avec le Canon et d'autres pièces mineures tout au cours des
XVe et XVIe siècles, tant à Venise qu'à Lyon et à Bâle, une édition
de la traduction en vers qu'en fit Jean Faucher à Nîmes en 1530 fut
réalisée en 1630 et Deusingius donna la dernière à Groningue, en 1649.
On peut de cela tirer notion de l'importance de cette œuvre au
cours des siècles d'étude de la médecine.
L'ouvrage publié par « Les Belles Lettres » contient le texte arabe
entièrement vocalisé (aucun manuscrit, aucune édition ne Test), établi
d'après l'étude comparée de nombreux manuscrits de toute
des deux éditions de l'Inde ainsi que des Commentaires
d'Averroès et de Muhammad ibn Ismail.
La traduction française est donnée avec la plus grande précision
et en ménageant absolument la correspondance avec chaque vers
du texte arabe.
Pour permettre aux latinistes de lire et de tirer profit de la
latine du moyen âge, le texte est donné d'après l'édition de
Bâle, de 1556, incontestablement une des meilleures qui aient été
réalisées ; la correspondance du texte latin est ménagée selon chaque
paragraphe avec les textes arabe et français.
La présentation de ces trois documents permet aux auteurs
d'apporter bien des clartés sur de nombreux points de haute valeur
scientifique, grâce aux chapitres qui y sont adjoints.
Une introduction en français donne toutes les précisions sur la
position de ce poème dans l'évolution de la science médicale et sur
la place éminente qu'il occupe dans la médecine arabe.
De plus, comme le lecteur non-familiarisé avec les doctrines
médicales antérieures et postérieures à Avicenne pourrait se trouver
en difficulté, les auteurs ont donné un exposé détaillé de ces
conceptions.
Une seconde introduction, en arabe, et qui n'est pas la traduction
de la première, est destinée plus particulièrement aux arabisants. Le
texte latin est introduit par une étude des traductions latines et des
éditions du moyen âge, les auteurs ayant eu communication ou
ayant consulté dans les grandes bibliothèques d'Europe la majorité
de ces ouvrages.
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Alors se place une étude se rapportant aux difficultés que les
du moyen âge ont rencontrées dans cette transmission,
par l'intermédiaire du latin traduisant l'arabe, de la science grecque
à la médecine de la Renaissance.
Les auteurs ont suivi à travers le grec, voir l'hébreu, l'arabe, le
latin, le vieux français et le français moderne quelques exemples du
passage au cours des siècles du vocabulaire scientifique médical. Il
est passionnant, et pourquoi ne pas le dire émouvant, de voir
comment les savants ont tenté, et le plus souvent réussi, cette gageure,
utilisant la traduction littérale quand elle était réalisable, à son défaut
la transposition sémantique dans bien des cas des « mots-images » si
fréquents en séméiologie, ou la transcription phonétique, malgré ses
possibilités de graves erreurs, quand ils ne pouvaient faire autrement.
Ces difficultés sont celles qu'ont rencontrées les traducteurs de
l'âge d'or de l'Iran du vme et ixe siècle, quand ils ont fait passer du
grec en syriaque et en arabe les trésors de la pensée grecque ; elles
ont été celles de l'école de Tolède quand elle entreprit de donner
à l'Europe du moyen âge ces trésors conservé» et mûris au creuset
de l'esprit des «avants de l'Islam du x8 siècle.
Cette étude réalise un beau voyage dans les siècles, les civilisations,
les langues variées et donne une vue panoramique de l'histoire de
la médecine à travers les mots qu'elle utilise, Les notes critiques
détaillées se rapportant aux textes utilisés constituent un chapitre
important de l'ouvrage de MM. Jahier et Noureddine, et l'index
portant sur plus de six cents mots permet de se reporter facilement
aux vers mêmes où ils sont employés.
« Les Belles Lettres », en éditant cet ouvrage, encouragé
par l'Algérie et le Centre National de la Recherche
apportent une contribution bien dans la ligne de leur tradition
de culture universelle en rendant accessible et intéressante pour tous
une œuvre méconnue du grand penseur, et du grand médecin
que fut Avicenne.

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