-------------------- Travail-Liberté-Patrie
MINISTERE DE LA FONCTION
PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
………………..
ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION
BP. 64 - Lomé (Togo)
Email : enatogo@ids.tg
INTRODUCTION…………………………………….………………………..……….….….1
Je dédie ce mémoire à :
- mon père DOGBEVI Kodjo et ma défunte mère AKOVI Kossiwa, pour les
principes de vie acquis ;
- mes frères, sœurs et nièces pour la chaleur familiale dont j’ai été toujours
entouré ;
- mademoiselle ABIFARIM Tawakaritou pour sa présence, son assistance et ses
conseils qui me sont d’un grand réconfort et me déterminent à aller de l’avant ;
REMERCIEMENTS
Nous exprimons enfin toute notre reconnaissance et notre profonde gratitude à tous
ceux qui nous ont aidé de quelque manière que ce soit dans ce travail.
AVERTISSEMENT
En ce qui concerne la pauvreté humaine4, elle traduit une absence des capacités
humaines de base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé
maternelle, etc. Les mesures indirectes de cette pauvreté sont le non accès aux biens,
services et infrastructures (l’énergie, l’assainissement, l’éducation, la communication,
l’eau potable) qui sont nécessaires pour maintenir les capacités humaines de base.
1
Le Nouveau Petit Robert de langue française, 2009.
2
PNUD, rapport sur la pauvreté : « Vaincre la pauvreté humaine », Encadré1.1 : Quelques définitions de base de la
pauvreté, 2000, p.20.
3
L’extrême pauvreté est encore appelée pauvreté absolue et la pauvreté générale, pauvreté relative.
4
La pauvreté humaine désigne également l’aspect multidimensionnel de la pauvreté.
5
Le SMIG qui était de 13757 FCFA est porté à 28000 FCFA dès le 1er septembre 2008 (V. Arrêté
n°009/MTSS/DGTLS du 13 Août 2008 disponible à la DGTLS).
6
Voir infra Dynamique du chômage au Togo, p.25.
Dans ce contexte alarmant de pauvreté et de crise sociale généralisée marquée
par le chômage des jeunes, la faillite des structures étatiques et privées, point n’est
besoin de continuer sans avoir préalablement assaini les structures et établi un plan de
redressement et de croissance économique, compris ici comme l’aboutissement au
bien-être général de toutes les couches de la population togolaise.
Quel peut donc être, au regard de cette situation, les apports de l’administration
du travail7 ? Et comment se présenteront ces apports ?
7
Le terme « administration du travail » dans cette étude désigne le système d’administration du travail.
L’administration du travail, en marge de ses actions dans le domaine social est
très active dans le domaine économique car « de nos jours, il est impossible de
dissocier l’évolution économique de l’évolution sociale ou d’améliorer le domaine social
sans un fondement économique solide. De même, nul ne peut perdre de vue que les
programmes de développement économique doivent être exécutés dans les conditions
sociales appropriées »8. Le rôle de l’administration du travail transparaît donc
clairement du fait qu’elle se situe entre les entreprises et les travailleurs. Cette dernière
ne peut favoriser les entreprises au dépend des travailleurs, de peur d’atterrer le
« social », accentuant ainsi la pauvreté, ni sacrifier l’économie sur l’autel du social.
Les études ont de tout temps montré que tout essor ou développement socio-
économique visant à réduire la pauvreté doit nécessairement passer par une
croissance économique et un développement humain, gages d’un bien être et d’un
équilibre social durable de toute la population. Ainsi, l’administration du travail doit-elle,
eu égard aux attributions à elle dévolues par les textes en vigueur et aux défis actuels
des administrations du travail de par le monde, s’atteler à promouvoir la croissance et le
développement humain des populations. Ceci aura pour finalité, la réduction de la
pauvreté.
Cependant, force est de constater qu’ « il existe une contradiction flagrante entre
la faiblesse de l’administration du travail à travers le monde et l’ampleur des besoins qui
relèvent de son champ d’intervention…»9. De plus, la tendance générale au Togo est
que la réduction de la pauvreté passe par l’initiative Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE) avec la rédaction d’un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP). Toutes les politiques nationales convergent vers cette initiative qui, pour notre
part, comporte d’énormes insuffisances et ne traduit qu’un simulacre de réduction de la
pauvreté.
8
AKUETE Tékpoh : Cours de déontologie et pratiques de l’inspection du travail, ENA Cycle III, Option :
Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009.
9
BIT, Rapport du Directeur Général, Activités de l’OIT 1998-1999, Conférence internationale du travail, 88è
Session 2000, p.21.
entreprises »10. La croissance économique et le développement humain ne peuvent
véritablement aboutir sans l’entremise de l’administration du travail. La réduction de la
pauvreté au Togo ne pourrait donc être efficace qu’avec l’implication étroite de
l’administration du travail.
Par une analyse documentaire et des entretiens avec les responsables des
différents organes du système d’administration du travail en l’occurrence la DGTLS, la
DPNE, la CNSS et l’inspection du travail, nous essayerons de montrer comment
l’administration du travail peut contribuer à réduire la pauvreté au Togo.
Il conviendra ainsi dans notre étude, de faire une vue d’ensemble sur la pauvreté
au Togo (Première partie) avant d’analyser les apports de l’administration du travail à la
réduction de cette pauvreté (Deuxième partie).
10
BIT, op. cit.
PREMIERE PARTIE :
VUE D’ENSEMBLE SUR LA PAUVRETE AU TOGO
Une vue d’ensemble sur la pauvreté au Togo suppose une étude détaillée de
toutes les couches de la population qui se traduira par des statistiques et enquêtes
appropriées. Le DSRP du Togo fournit en la matière un diagnostic de la pauvreté. Son
analyse (Chapitre I) s’avère nécessaire dans la suite de notre étude. Le diagnostic de la
pauvreté élude les seuils de pauvreté et les différentes caractéristiques socio-
démographiques des ménages, sans manquer de présenter l’incidence de la pauvreté
au Togo. Toutefois, le DSRP recèle quelques insuffisances en terme de résultats parce
que calqué sur les anciennes politiques d’ajustements structurelles appliquées par les
Institutions de Breton Woods (IBW)11 et dont l’impopularité n’est plus à démontrer.
Notre étude permettra d’appréhender les insuffisances que recèle le DSRP et
d’analyser les alternatives que pourrait offrir l’administration du travail pour une véritable
réduction de la pauvreté. Dans cette optique, l’évolution récente du marché du travail
(Chapitre II) permettra également de faire ressortir les caractéristiques et les
manifestations diverses de la pauvreté.
11
IBW désigne dans le cadre de notre étude le FMI et la Banque mondiale.
Chapitre 1 CHAPITRE I : ANALYSE DU DOCUMENT DE STRATEGIE DE
REDUCTION DE LA PAUVRETE (DSRP)
Chapitre 2
Chapitre 3 Suite au constat que l’endettement extérieur des PED est un obstacle
majeur à leur croissance et à la réduction de la pauvreté, l’initiative PPTE fut proposée
par les IBW pour résoudre ce problème. Les pays candidats doivent selon le FMI
« avoir un degré d’endettement intolérable » et « établir des antécédents positifs dans
la mise en œuvre de réformes et de bonnes politiques économiques au moyen de
programmes appuyés par le FMI et la Banque mondiale ». Tout pays reçu pour
l’initiative doit rédiger un DSRP et suivre un processus à quatre étapes12.
Chapitre 4 Le DSRP togolais comme tous les autres, fait ressortir un diagnostic de
la pauvreté (Section I) ainsi que des mesures proposées en vue d’une réduction de la
pauvreté dont l’analyse critique (Section II) permet de cerner les insuffisances de ce
document.
12
V. Encadré 1 : Le processus de l’initiative PPTE.
Source : Arnaud Zacharie, La stratégie DSRP-PPTE en R. D. Congo, Bruxelles - Juillet 2003.
Chapitre 5 SECTION I : Diagnostic de la pauvreté au Togo
Chapitre 6
Compte tenu de l’ancienneté des données de l’Enquête Budget Consommation
(EBC) réalisée en 1987-89, il est procédé en juillet et août 2006 à une enquête
Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien être (QUIBB) sur un échantillon de
7500 ménages. C’est sur les résultats de cette enquête que se fondent les statistiques
nationales sur la pauvreté au Togo (Paragraphe I) telles que résultant du DSRP, de
même que les aspects de la vulnérabilité et les caractéristiques socio-
démographiques des ménages (Paragraphe II).
Chapitre 7
Paragraphe I : Les statistiques nationales sur la pauvreté au Togo
Les seuils de pauvreté13 sont calculés pour les cinq (05) régions du Togo et pour la
capitale Lomé suivant les méthodes fondées sur les besoins alimentaires (2400 kilo
calories par équivalent adulte et par jour) et les besoins non alimentaires. Le niveau de
vie est souvent mesuré par le niveau de consommation privée et les besoins
alimentaires comme non alimentaires permettent d’appréhender respectivement la
pauvreté absolue et la pauvreté relative.
Ce tableau montre des seuils variant entre 154 853 FCFA et 179 813 FCFA par
équivalent adulte et par an, pour les régions administratives, contre 242 094 FCFA à
13
V. Tableau 1 : Seuils de la pauvreté par région.
14
Région maritime à l’exception de Lomé.
15
Le seuil à Lomé est considéré comme seuil national de pauvreté.
Lomé et sa périphérie. Les disparités régionales en terme de prix expliquent les écarts
constatés au niveau des seuils de pauvreté dans les différentes régions.
Il résulte de ces chiffres qu’un adulte, au seuil de la pauvreté dans les régions
administratives, exclusion faite de Lomé pour la région maritime, consomme en
moyenne 458 FCFA par jour. Ce seuil est de 663 FCFA à Lomé. Ces seuils nationaux
de pauvreté ne sont pas loin des seuils internationaux de 1 dollar et 2 dollars par jour
(dollars aux Parités de Pouvoir d’Achat (PPA) de 1985)16. Les personnes qui vivent en
dessous de ces seuils nationaux et internationaux sont considérées « pauvres ».
Toutefois, il est à noter que les seuils tant nationaux qu’internationaux comportent des
marges d’erreur qui n’entachent pas pour autant la fiabilité des résultats.
Outre les seuils de pauvreté, l’enquête QUIBB permet d’évaluer l’incidence de la
pauvreté au Togo.
16
Aux taux de change PPA, un dollar international a le même pouvoir d’achat par rapport au PNB de tel ou tel pays
qu’a le dollar des Etats-Unis par rapport au PNB des Etats-Unis ; CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper
au piège de la pauvreté, 2002, p.44. Ces taux permettent la comparaison internationale de la pauvreté et il est
largement reconnu que le seuil de 1 dollar correspond à une situation d’ « extrême pauvreté ». La référence à l’année
1985 résulte du fait que les taux de change PPA officiellement disponibles sont de 1985.
17
V. Tableau 2 : Incidence de la pauvreté monétaire par milieux de résidence selon les régions (en %).
18
La pauvreté est généralisée lorsque plus de la moitié de la population (plus de 50%) sont sous le seuil de pauvreté.
population rurale est pauvre.
Elle reste moins marquée dans les milieux urbains avec une incidence de 24.5% à
Lomé et 36.5% dans la région des plateaux. Hormis Lomé et la région des plateaux, les
autres régions n’en demeurent pas moins touchées, avec des incidences respectives
de 54.3%, 60.2%, 60.9% et 76.8% pour les régions Maritime, Centrale, de la Kara et
des Savanes.
Ces chiffres fournis par l’enquête QUIBB permettent d’avoir une vue d’ensemble
sur l’incidence de la pauvreté dans les différentes régions du Togo. Aussi, ressort il du
rapport de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement
(CNUCED)19 que dans la plupart des Pays Moins Avancés (PMA), la pauvreté absolue
est une caractéristique générale de la société. De plus, l’incidence et la gravité de la
pauvreté sont particulièrement fortes dans les PMA africains. En effet, dans la seconde
moitié des années 90, 65% de la population dans les PMA africains vivaient avec moins
de 1 dollar par jour et dans la majorité de ces PMA africains, 87% de la population
vivaient avec moins de 2 dollars par jour. Le Togo faisant partie des PMA africains, les
chiffres de la CNUCED confortent dans une certaine mesure ceux de l’enquête QUIBB
estimant l’incidence de la pauvreté au Togo à 61,7% même si les proportions d’extrême
pauvreté et de pauvreté relative n’ont pas été retracées.
Le diagnostic de la pauvreté au Togo serait complet si la vulnérabilité et les
caractéristiques socio-démographiques des ménages sont appréhendées.
19
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, 2002, aperçu général-III ; disponible
au Centre d’Information des Nations Unies (CINU).
Paragraphe II : La vulnérabilité et les caractéristiques socio-démographiques
des ménages
A- Pauvreté et vulnérabilité
Le DSRP, comme dans toute politique pertinente sur la pauvreté met en lumière le
lien entre la pauvreté et la vulnérabilité. Les perspectives individuelles ont été évaluées
en matière de risque de : « devenir pauvre », ou « de durer dans la pauvreté ». Cette
analyse fondée sur la notion de vulnérabilité est définie comme la probabilité présente,
indépendamment de la situation actuelle, de demeurer ou de devenir pauvre à l'avenir.
L’analyse de l’incidence de la pauvreté reflète la situation de la pauvreté au moment de
l’enquête et ne permet pas une vision sur l’évolution de la pauvreté à moyen et long
terme. L’analyse du lien entre la pauvreté et la vulnérabilité permet de dissocier :
- les pauvres durables : les pauvres qui présentent une probabilité supérieure à
50% de « demeurer pauvres » à l’avenir;
- les pauvres transitoires : les pauvres qui présentent une probabilité inférieure à
50% de « demeurer pauvres » à l’avenir;
- les non pauvres vulnérables : les non pauvres qui présentent une probabilité
supérieure à 50% de « basculer dans la pauvreté » à l’avenir;
- les non pauvres non vulnérables : les non pauvres qui présentent une probabilité
inférieure à 50% « de basculer dans la pauvreté » à l’avenir.
Tenant compte de cette classification, le DSRP fait ressortir au vu des résultats de
l’enquête QUIBB, le taux de vulnérabilité face à la pauvreté au Togo. La pauvreté
toucherait donc 81,8% des individus, répartis entre les pauvres durables (39,6%), les
pauvres transitoires (22,0%) et les non pauvres vulnérables (20,2%). Ainsi, si aucune
action n’est entreprise pour améliorer les conditions de vie des togolais, l’incidence de
la pauvreté pourrait atteindre 81,8%.
Toutefois, la vulnérabilité des individus est facteur de leurs catégories socio-
démographiques.
B- Pauvreté et caractéristiques socio-démographiques des ménages
L’expérience désastreuse des PAS a poussé les IBW à mettre en œuvre les
DSRP, et ceci à plusieurs égards : les DSRP se veulent être un document propre au
pays candidat, qui le rédige selon un processus participatif intégrant tous les acteurs de
la société (gouvernement, parlement, société civile). Les mesures y édictées devraient,
comme le nom du document l’indique, permettre de réduire la pauvreté. Cependant,
toute analyse faite, il ressort que tant dans le processus d’élaboration (Paragraphe I)
que dans les mesures de réduction de la pauvreté proposées (Paragraphe II), le DSRP
comporte de nombreuses limites.
Le DSRP recèle des ambiguïtés dans la conception du document (A), et fait l’objet
d’un contrôle a posteriori (B).
Les DSRP sont, d’après les discours officiels, rédigés dans un large processus
participatif intégrant tous les acteurs de la société. Pour les IBW, les PAS des années
80 avaient échoué parce que les autorités nationales ne les avaient pas considérés
comme leurs. Il faudrait donc que les DSRP recueillent un grand nombre d’acteurs à
leur cause. Cependant, « un grand nombre de travaux convergents ont démontré
l’impossibilité d’« acheter les réformes ». Dans ces conditions, continuer à miser sur
une minorité de réformateurs pour impulser les réformes, comme le faisaient les IBW à
l’époque de l’ajustement structurel, ne faisait plus de sens. Aider au contraire ces
réformateurs à faire partager leurs vues pour obtenir un soutien plus large devenait
donc une option intéressante»20. Voilà l’idée sous-jacente du processus participatif du
DSRP. Une minorité de réformateurs acquis à la cause, en l’occurrence les
gouvernements, devraient faire partager leurs vues pour obtenir un soutien plus large
de toute la société. Les gouvernements, ayant besoin de l’aide, essayeront de ménager
les IBW en respectant à la lettre leurs recommandations.
20
Marc RAFFINOT, l’appropriation des politiques de développement : de la théorie à la mise en pratique,
Université Paris Dauphine, Développement Institutions et Analyse de Long terme (DIAL), Document de travail
DIAL, mars 2009, p.7.
J. Wolfensohn alors président de la Banque Mondiale affirmait dans un discours
prononcé en 1998, qu’il fallait désormais « mettre le gouvernement dans le siège du
conducteur ». Aujourd’hui, le gouvernement est, par le biais du DSRP, dans le siège du
conducteur mais ce n’est pas lui qui conduit. Il se contente d’ « approprier » le code de
conduite imposé par les IBW.
L’appropriation des politiques de développement, autre concept du processus
DSRP, est devenue la base du nouveau consensus international. Elle s’est donc
progressivement imposée comme la clé de voûte de la nouvelle architecture de l’aide.
Cependant, il est unanimement admis qu’on ne peut s’approprier que ce qui n’est pas à
soi. Les DSRP censés être rédigés par les pays récipiendaires dans un large processus
participatif doivent paradoxalement être appropriés par ces mêmes pays. Il ressort dès
lors que si les DSRP ne sont pas rédigés par les cadres des IBW, ils sont du moins
fortement influencés par ces derniers.
Dans cette optique, la promotion de l’appropriation peut-être vue comme une
volonté de mettre en oeuvre le « Consensus de Washington » 21 de façon plus efficace,
voire de faire porter la responsabilité des échecs éventuels sur les gouvernements, en
disculpant à l’avance les IBW qui n’auraient fait que financer des politiques décidées
par les gouvernements eux-mêmes.
Outre le supposé processus participatif et l’obligation d’appropriation, les IBW
exercent un contrôle a posteriori sur le DSRP.
21
Le Consensus de Washington est encore le nom donné aux programmes d’ajustements structurels.
22
CNUCED, Le développement économique en Afrique : De l’ajustement à la réduction de la pauvreté : qu’a-t-il de
nouveau ? Genève, 2002, p.11 ; disponible au CINU.
Ils disposent ainsi d’un double statut et apparaissent comme conseillers techniques en
tant que producteurs d’un ensemble considérable de travaux de recherche, mais aussi
comme financeurs et créanciers. Cela peut conduire à des recommandations de
politiques économiques destinées plutôt à assurer la soutenabilité de la dette que le
développement, mais aussi à distordre l’information pour que les recommandations de
politique apparaissent avisées23.
Outre les recommandations dont font l’objet les DSRP, les IBW et les bailleurs de
fond imposent nombre de conditionnalités qui dissuadent les gouvernements désireux
de bénéficier de l’aide, à se conformer strictement aux recommandations à eux faites.
Les pays récipiendaires doivent donc s’inscrire dans le cadrage prédéfini par les IBW
afin de bénéficier de l’allégement de dette promis au terme de l’initiative PPTE. Le
processus participatif tant prôné par le DSRP prend alors un coup avant même d’être
effectif. Ainsi, « même si leur rédaction est effectuée au niveau des Etats, les DSRP
restent étonnamment proches les uns des autres, et des orientations générales des
IBW »24. Il est donc clair que les DSRP sont des documents dont les orientations sont
fortement influencées par les IBW et ceci par le truchement de conditionnalités,
recommandations et contrôles a posteriori du document.
Somme toute, les pays candidats à l’initiative PPTE, contrairement aux discours
officiels saluant un processus national, libre et participatif, ne disposent pas d’assez
grande marge de manœuvre. Le processus est entaché de multiples insuffisances qui
ne sont sans incidences sur les mesures de réduction de la pauvreté proposées.
Les mesures de réduction de la pauvreté édictées par le DSRP se fondent sur des
axes tels : le renforcement de la gouvernance, la consolidation des bases d’une
croissance forte et durable, le développement du capital humain, le développement à la
base et la réduction des déséquilibres régionaux. Notre étude s’attellera aux axes de
croissance économique et de développement du capital humain puisqu’il s’agit
d’appréhender la contribution de l’administration du travail à la réduction de la pauvreté.
23
Meier et Raffinot 2005 cité par Marc RAFFINOT, op. cit., p.17.
24
Mouelhi et Rückert 2007 cité par Marc RAFFINOT, op. cit., p.12.
Nous analyserons les mesures de croissance économique prônées par le DSRP
(A), de même que la marge octroyée à l’emploi décent (B) dans ce document, tant
l’emploi est un levier majeur pour la réduction de la pauvreté.
25
DSRP-I, p.73 et s.
Aux termes des mesures édictées par le DSRP-I, il sera question de privatiser
les banques togolaises puisqu’elles sont caractérisées, aux dires du DSRP-I par « une
forte présence de l’Etat et une faible participation étrangère »26. Cette mesure de
privatisation ne sait pas fait attendre. Le 3 mars 2009, date de validation du DSRP
complet, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé un don de six
(06) milliards en faveur de la restructuration du secteur bancaire au Togo, par un Projet
Secteur Financier et Gouvernance (PSFG). Cette restructuration concerne les trois
banques à capitaux publics (la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie
(BTCI), la Banque Internationale pour l’Afrique (BIA-Togo) et l’Union Togolaise de
Banque (UTB)) mais l’Etat doit à terme se désengager de toutes les banques à capitaux
publics du Togo. Ainsi selon Guillemette Jaffrin, responsable dudit projet à la Banque
mondiale, « Il s’agit d’entreprendre une restructuration pérenne qui passe par un
désengagement de l’Etat de ce secteur » 27.
Le renforcement des réformes structurelles prôné par le DSRP ne peut être une
solution à la croissance économique du Togo car, la méthode qui consiste à poser la
croissance comme indispensable à la lutte contre la pauvreté et l’ajustement structurel
comme préalable à la croissance est mise en difficulté28. Quid de l’excessive
libéralisation de l’économie togolaise ?
Cette mesure est prônée aussi bien dans le secteur commercial qu’agricole.
S’agissant du secteur commercial, le DSRP-I rapporte que l'Accord de Partenariat
Economique (APE) entre l'UE et la CEDEAO représente des perspectives pour le
développement économique national29. Toute analyse faite, l’objectif des IBW à ce
niveau est l’ouverture du commerce et la suppression des barrières tarifaires. Ainsi, un
rapport de l’OMC30 a d’ailleurs fait remarquer que depuis le premier examen de sa
politique commerciale, le Togo a poursuivi sa politique commerciale libérale
caractérisée par des mesures de libéralisation généralisée des activités économiques et
commerciales, prises antérieurement. Ces mesures de libéralisation qui sont encore en
26
DSRP-I, p75.
27
Site officiel de la République togolaise : www.republicoftogo.org, 2 avril 2009.
28
Mamadou KOULIBALY (sous la direction), La pauvreté en Afrique de l’Ouest, Collège africain de socio-
économétrie, 2001, p. 136, disponible au CINU.
29
DSRP-I, p.80.
30
Rapport de l’OMC sur l’examen des politiques commerciales du Togo, mai 2006 ; disponible sur le site officiel de
l’OMC : www.wto.org.
vigueur, selon le même rapport, portent entre autres sur les suppressions du commerce
d’Etat sous monopole, des licences et autorisations d’importation, des licences
d’exportation des produits industriels locaux, céréales et autres produits vivriers et des
produits de rente, des contingentements et des prohibitions.
Si les filets de protection des produits locaux sont entièrement supprimés à l’issue
de la libéralisation, comme il apparaît dans le présent rapport de l’OMC, il est clair que
le pays entrera en concurrence avec de puissantes firmes du Nord, ce qui le rendra très
vulnérable dans la mesure où les produits de ces firmes bénéficient d’énormes
subventions. « La logique qui veut que l’accès aux marchés favorise le développement
est dans l’impasse. La libéralisation n’est pas la clé. La preuve : on a beaucoup ouvert
nos marchés, et la situation s’est aggravée»31.
En ce qui concerne le secteur agricole, la principale mesure consacrée par le
DSRP-I à ce niveau est le parachèvement de la libéralisation du secteur. En effet, les
IBW ont toujours fait la promotion des cultures d’exportation malgré que l’autosuffisance
alimentaire soit loin d’être atteint dans les PED. Ceci entraîne une dépendance des
PED de ces produits. Ainsi, comme l’a montré la récente crise économique mondiale,
toute récession au Nord aura indubitablement des répercussions sur les économies des
pays du Sud, du fait que ces pays sont essentiellement tributaires des produits
d’exportation.
La promotion des cultures d’exportation devant alimenter les industries du Nord au
détriment des produits de première nécessité, entraîne une cherté de la vie chez les
populations du Sud, ce qui accentue la pauvreté. Et comme le déclarait John Block,
secrétaire à l’Agriculture des Etats-Unis : « L’idée selon laquelle les pays en
développement doivent s’auto alimenter est un anachronisme, vestige d’une époque
révolue. Ils feraient mieux d’assurer leur sécurité alimentaire en comptant sur les
produits agricoles des Etats-Unis, qui pour la plupart du temps coûtent bien moins
cher »32.
Selon un rapport de la CNUCED, « Il est aujourd’hui nécessaire d’aller au-delà de
l’ajustement. Le désengagement de l’Etat et l’ouverture de l’économie au reste du
monde ne permettront pas d’atteindre les résultats escomptés en matière de réduction
de la pauvreté. Ce type de politique n’est pas adapté dans les pays où la pauvreté est
31
S. B. Chekitan Servansing, représentant permanent de l’île Maurice auprès de l’ONU à Genève, cité par Damien
Millet et Eric TOUSSAINT, 60 questions 60 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale (2008), p.135.
32
John Block cité par Damien Millet et Eric TOUSSAINT op. Cit., p.134.
généralisée »33. Nos précédentes analyses34 ont permis de montrer que la pauvreté est
généralisée au Togo.
Somme toute, les mesures de croissance économique formulées dans le DSRP
comportent d’énormes insuffisances. Il ressort de tout bilan objectif des programmes de
stabilisation, de libéralisation et de privatisation menés depuis 25 ans que la majeure
partie du continent africain n’est pas parvenue à la trajectoire de la croissance
escomptée35.
Il serait opportun d’analyser dans la suite de notre étude, la marge octroyée à
l’emploi décent dans le DSRP, tant l’emploi est un levier majeur pour la réduction de la
pauvreté.
Aux termes des DSRP-I et du DSRP-C36, il ressort que l’emploi est le levier majeur
pour la réduction de la pauvreté. Cependant le DSRP-C, document final qui doit
concrétiser toutes les mesures proposées au cours du processus, n’a pas cru
nécessaire d’intégrer la question de l’emploi et de la protection sociale dans les
secteurs prioritaires37.
L’analyse de l’enveloppe globale de cadrage entre secteurs prioritaires et « autres
secteurs » montre que les investissements prévus pour 2010 et 2011 pour les secteurs
prioritaires s’élèvent respectivement à 112,75 et 141,89 milliards de francs CFA tandis
que les « autres secteurs » (dont fait partie l’emploi et la protection sociale) ne
recueillent que 4,93 et 5,13 milliards pour les mêmes périodes. Pour ce qui est des
investissements additionnels susceptibles d’être faits pour une accélération vers les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)38, on remarque là également une
marginalisation de l’emploi.
Contrairement au DSRP, lors de la récente crise financière qui a entraîné des
fermetures d’entreprises et des pertes massives d’emplois, la solution préconisée par
33
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, op.cit., p.191.
34
V. supra p.10, Incidence de la pauvreté au Togo.
35
CNUCED, rapport sur le développement de l’Afrique, 2006, cité par Damien MILLET et Eric TOUSSAINT,
op.cit, p.140.
36
Le DSRP-C est le document complet de stratégie de réduction de la pauvreté du Togo. Il est adopté par le
parlement en juin 2009.
37
V. Annexe II : Répartition de l’enveloppe globale du cadrage entre secteurs prioritaires et autres secteurs (en
milliards de F CFA).
38
V. Annexe II : Investissements additionnels pour une accélération vers les OMD (% du PIB). Les OMD sont huit
objectifs que les Etats membres de l’ONU ont convenu d’atteindre d’ici à 2015. La déclaration fut signée en 2000 et
le premier objectif est de réduire l’extrême pauvreté et la faim.
nombre de pays résidait dans des plans de relance destinés à impulser la croissance et
créer beaucoup d’emplois afin de palier au chômage des populations. Ainsi le Président
français, Nicolas SARKOZY dans son discours au lendemain de la crise financière
affirmait que : « Savoir si la relance est une affaire d'offre ou de demande, de
consommation ou d'investissement, n'a pas beaucoup d'intérêt […] La seule vraie
question est de savoir si c'est efficace et si cela a un effet sur l'emploi. C'est l'objet
même des 26 Mds€ du plan de relance»39. L’objet des vingt six milliards d’euro (26
Mds€) du plan de relance, selon Nicolas SARKOZY est donc la consolidation de
l’emploi. Cela montre la place capitale qu’occupe l’emploi dans les politiques de relance
économique et de réduction de la pauvreté. Pour ce qui est de la protection sociale, le
Président SARKOZY ajoute dans le même discours que la couverture sociale française
qui représente 31% du PIB joue un rôle crucial lorsque les difficultés surviennent grâce
aux filets de sécurité et aux stabilisateurs automatiques. Cependant telle ne semble pas
être la position du DSRP qui a marginalisé ce rôle cardinal de l’emploi et de la sécurité
sociale dans les mesures de réduction de pauvreté proposées.
L’emploi décent dont les vertus semblent être appréhendées par les acteurs du
DSRP a été, contre toute attente, relégué à un plan secondaire et avec des moyens
dérisoires. On ne saurait comprendre cette position du DSRP40. Elle peut néanmoins
trouver un sens dans le cadre des PAS dont les incidences négatives ne sont plus à
démonter. En effet, à l’issue des PAS, le constat était clair et « on peut considérer que
ce sont les mesures adoptées dans des domaines comme l’agriculture, le commerce, le
financement, les entreprises publiques, la déréglementation et la privatisation qui sont
en soit incapables de promouvoir la croissance économique et de réduire la pauvreté
dans des situations où elle est généralisée »41. Il faut par conséquent appliquer de
nouvelles politiques distinctes de celles appliquées dans le cadre des PAS pour aider
les PED à sortir du cercle vicieux de la pauvreté. C’est dans ce cadre que les DSRP ont
été mis en œuvre. Cependant, « un examen détaillé des mesures macroéconomiques
et d’ajustement structurel figurant dans les DSRP permet de constater qu’il n’y a pas de
39
Discours de Nicolas SARKOZY au lendemain de la crise financière internationale suite à la rencontre avec les
partenaires sociaux, Site officiel de la Présidence de la République française : www.elysee.fr, 18 février 2009.
40
« Si l’on examine le FMI comme si son objectif est de servir les intérêts de la communauté financière, on trouve
un sens à des actes qui, sans cela, paraîtraient contradictoires et intellectuellement incohérents » Joseph Stiglitz, la
grande désillusion, cité par Damien MILET et Eric TOUSSAINT, 60 questions 60 réponses sur la dette, le FMI et la
Banque mondiale, 2008, p.103.
41
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, op.cit., p.188.
remise en cause fondamentale des conseils formulés dans le cadre de ce que l’on
appelle le Consensus de Washington »42.
Face à ces insuffisances du DSRP, une prise de conscience est nécessaire
surtout avec la récente crise financière dont les tentatives de résorption ont nécessité,
d’un pays à l’autre de par le monde, des « Plans de relance » intégrant la valeur
« Travail » au cœur des politiques de croissance économique.
Notre étude se poursuivra dans ce sens, en se fondant sur l’évolution récente du
marché du travail au Togo afin de déceler les liens entre la pauvreté et la situation sur
le marché du travail et d’en déduire les déterminants des échecs sur ce marché.
42
CNUCED, Le développement économique en Afrique : De l’ajustement à la réduction de la pauvreté : qu’a-t-il de
nouveau ? Genève, 2002, p.6 ; disponible au CINU.
CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DU MARCHE DU TRAVAIL AU TOGO
43
V. Encadré 2 : Indicateurs clés du marché du travail (ICMT), 5e édition.
SECTION I : Liens entre pauvreté et situation sur le marché du travail
Paragraphe I : Le chômage
Nous éluderons ici la définition (1) du chômage avant de cerner sa typologie (2)
1- Définition
44
La structure de la population active distingue : i- les employeurs, salariés, travailleurs indépendants, travailleurs
familiaux, membres de coopératives de production, ii- les membres des forces armées, iii- les personnes inoccupées
en quête d’emploi, iv- les travailleurs à temps partiel, KLOUVI Ayi, Cours de statistiques du travail, ENA Cycle III,
Option : Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009.
chômeur au sens du BIT n’est pas forcement inscrit à l’Agence Nationale Pour l’Emploi
(ANPE) et inversement.
N’est donc pas chômeur, toute personne sans emploi mais occupée dans un
emploi non salarié. De même, toute personne sans emploi, disponible à en occuper,
mais qui n’entreprend aucune démarche en vue d’en trouver, ne peut être considérée
comme un chômeur. Les conditions résultant de la définition du BIT sont cumulatives.
Le taux de chômage est un indicateur économique très important. Plus le taux de
chômage est élevé, mal va l’économie. Il est obtenu par la formule :
Mis à part cette définition qui nous a permis de connaître la notion de chômage,
la typologie du chômage permet de cerner les divers aspects ou manifestations du
chômage.
2- Typologie du chômage
Le chômage est l’un des principaux maux dont souffre l’économie togolaise. En
2008, le taux de chômage était de 7,9% dans la partie subsaharienne du continent
africain45. Ce taux ne reflète pas la réalité du quotidien togolais parce que, ne pouvant
se permettre d’être au chômage, la masse de population sans emploi se replie dans
des activités précaires où l’on est payé soit à l’heure, à la journée ou à la tâche, ou se
réfugie simplement dans le secteur informel. Ainsi, selon les données de l’enquête
QUIBB, le taux de chômage au Togo (sous-emploi y compris) est estimé à plus de 30%
en 2006.
Un chômeur au Togo reste à la quête de l’emploi pendant une durée moyenne de
deux (02) ans. C’est un phénomène très inquiétant parce que « le chômage de longue
durée est étroitement associé à la pauvreté et à l’exclusion sociale »46. En effet, une
personne au chômage est privée de revenu. Sa subsistance est hypothéquée et
subordonnée à une plausible découverte d’emploi. La précarité et le dénuement feront
son quotidien.
45
BIT, rapport sur le chômage dans le monde, 2008, disponible sur le site officiel de l’OIT : www.ilo.com
46
Alexandre KOLEV, Chômage, qualité de l’emploi et pauvreté, Revue internationale du travail, vol. 144 (2005),
n°1, p.90 ; disponible au CINU.
Les jeunes diplômés à la quête de leur premier emploi ont plus de difficultés que
ceux qui ont une fois travaillé. Leur situation est d’autant plus compliquée dans la
mesure où il leur est souvent demandé des expériences professionnelles alors qu’il faut
avoir travaillé au moins une fois pour en acquérir. Nombre de jeunes, découragés par la
quête infructueuse d’emploi, finissent par abandonner toute recherche et se résignent
dans une situation d’inactivité. « Le coût du chômage des jeunes pour le
développement économique et social est extrêmement élevé. Il perpétue la
transmission de la pauvreté entre les générations et est associé à une forte criminalité,
à la violence, à l’abus de drogues et à la montée de l’extrémisme politique »47.
Le taux de chômage au Togo varie d’une région à une autre et cette variation peut
s’expliquer par des différences dans la capacité de créer des emplois. Le déséquilibre
entre les zones urbaines et rurales en terme de pauvreté en est une preuve : la
pauvreté urbaine est estimée à 36,8%, tandis que la pauvreté rurale est de 74,3%.
Dans l’impossibilité des zones rurales de créer des emplois, la population de ces
zones se résout à l’agriculture, quand bien même la production est très basse et les
méthodes très traditionnelles. Le fort taux de pauvreté rurale peut donc être assimilé
pour partie au chômage déguisé dans la mesure où l’agriculture qui occupe plus d’actifs
et essentiellement rurale, détient au même moment le plus fort taux de pauvreté. Cela
veut dire que les actifs ruraux sont sous-employés dans l’agriculture.
La structure de l’emploi est un autre indicatif non des moindres, qui permet de
cerner le lien entre la pauvreté et le marché du travail.
Le lien entre la pauvreté et la situation sur le marché du travail peut être également
appréhendé eu égard à la structure de l’emploi. L’emploi au Togo est majoritairement
atypique (A) et informel (B). L’étude de ces types d’emplois permettra de lever le voile
sur les risques du marché du travail et de faire le lien entre ce dernier et la pauvreté.
A- Emploi atypique
47
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, 91e session de la Conférence Internationale du Travail, 2003,
p.26 ; disponible sur le site officiel de l’OIT : www.ilo.com
durée indéterminée. Au plan juridique, il s’agit d’un contrat à durée indéterminée (CDI),
c'est-à-dire un emploi qui dans son principe est prévu pour être de longue durée et dont
la rupture ne peut se faire qu’en suivant des règles définies par le droit du travail.
Les emplois atypiques sont des emplois qui s’éloignent du modèle normal, soit
parce qu’ils ne sont pas à plein temps, soit parce que leur durée est limitée dans le
temps. Ils sont aussi qualifiés de formes particulières d’emploi. Les principales formes
d’emplois atypiques sont les emplois temporaires et les emplois à temps partiel.
Les emplois temporaires sont en vogue au Togo. Nombre d’employeurs font
passer sur des postes permanents, des travailleurs temporaires. Un poste de
secrétariat, dont le profil est par essence celui d’un emploi permanent, peut servir à
occuper des travailleurs de façon temporaire. Un autre aspect de l’emploi temporaire au
Togo est le stage. Beaucoup de sociétés occupent des diplômés sans emplois sous ce
label, pour une assez longue durée et dans des conditions dérisoires. Le stage est
devenu une courroie d’occupation de jeunes cadres, sans couverture sociale, et
souvent de façon bénévole mais sur une longue période.
Les emplois à temps partiel sont pour leur part, des emplois dont la durée
hebdomadaire est inférieure à la durée légale de référence (exemple d’un travail de 10
heures par semaine alors que la durée de référence est de 40 heures). Ces emplois ne
permettent pas à leurs occupants de subvenir à leurs besoins et faire face aux diverses
charges du ménage.
Les emplois atypiques au Togo, sont caractérisés par leur excessive précarité et la
permanente vulnérabilité dans laquelle se retrouvent les travailleurs. Seules la fonction
publique et une petite partie du secteur formel offrent des emplois permanents.
La structure de l’emploi au Togo présente une autre caractéristique qu’est
l’informalité.
B- Emploi informel
Tableau 3 : Répartition des actifs du secteur informel suivant leur statut socio-
professionnel et les variables socio-démographiques
Catégorie Répartition Femme Jeunes de Age Nombre Ancienneté
Socio par statut (%) moins moyen d’années (années)
professionnelle (%) 26 ans (années) d’études
Patron 3,5 39,7 4,4 40,7 7,3 6,3
Travailleur à propre 65,1 66,3 20,2 34,9 4,9 5,2
compte
Salarié 7,4 42,8 47,4 25,9 5,6 2,1
Apprenti payé 2,4 23,4 92,0 20,7 4,7 1,9
Apprenti non payé 10,9 43,0 89,2 20,3 4,5 1,2
Aide familiale 8,6 75,7 80,5 21,8 3,5 2,5
Associé 2,2 12,6 31,2 33,4 7,5 5,4
Total 100 59,6 36,3 31,4 4,9 4,3
Source : DGSCN, 2008.
48
V. Tableau 3: Répartition des actifs du secteur informel suivant leur statut socio-professionnel et les variables
socio-démographique.
La main d’œuvre informelle est diversement repartie d’après les chiffres de la
DGSCN. On note, une forte concentration dans le commerce qui représente 48,5%,
28,5% pour les services et 23% pour l’industrie.
Le secteur informel est aussi caractérisé par son hétérogénéité. On y remarque de
véritables entreprises viables exerçant en marge de la réglementation nationale à côté
de micro-entreprises sans local professionnel exerçant soit à domicile, soit à un poste à
attache fixe ou mobile sur le marché ou sur la voie publique. Une autre catégorie est
constituée de travailleurs ambulants et à domicile.
Ce secteur est marqué par des conditions de travail très précaires avec à la fois
des travailleurs très pauvres au bas de l’échelle et des défaillances multiples en matière
de permanence du revenu, de santé et sécurité au travail, de perspective de carrière et
de protection sociale.
Au vu de tout ce qui précède, il est clair que des liens étroits existent entre la
pauvreté et le marché du travail. Il conviendra donc d’entrevoir les déterminants des
échecs sur le marché du travail afin d’appréhender tous les aspects de la vulnérabilité
sur ce marché, de même que les catégories vulnérables pour une meilleure action en
leur faveur.
Les causes des échecs sur le marché du travail doivent être recherchés tant sur le
plan économique (Paragraphe I) que sur le plan social (Paragraphe II).
Le tissu économique togolais est caractérisé par des entreprises de petite taille, de
faible productivité et ayant des difficultés à créer des emplois.
La structure internationale des entreprises distingue selon la taille :
- les petites entreprises : 10 à 49 travailleurs ;
- les moyennes entreprises : 50 à 499 travailleurs ;
- les grandes entreprises : 500 et plus.
Au Togo, les grandes entreprises sont très rares. Le tissu économique est
constitué fondamentalement de Petites et Moyennes Entreprises (PME). Aussi, la
création de nouvelles entreprises rencontre d’énormes difficultés du fait de l’hostilité de
l’environnement économique comme le démontrent les statistiques de ‘’Doing
Business’’ 49 sur les affaires dans le monde.
Fermeture d’entreprise 97 97
Source : Banque mondiale, ‘’Doing business’’ 2009 et 2010. Classement effectué sur 183 économies.
49
‘’Doing business’’ est un rapport de la Banque mondiale qui fourni chaque année des statistiques sur les affaires
dans le monde en retenant un classement par mérite de tous les pays. V. Tableau 4.
productivité des entreprises, les raisons de la chute de l’économie peuvent être
recherchées dans la faible productivité des entreprises.
L’emploi étant une valeur cardinale du marché du travail. Une entreprise à faible
productivité aura grande difficulté à créer des emplois. La difficulté des entreprises
togolaises à créer des emplois est un des aspects des échecs sur le marché du travail.
Ceci entraîne un nombre sans cesse croissant de chômeurs qui, dans l’impossibilité de
trouver un emploi dans le secteur formel, se confinent dans l’économie informelle d’où
la constante progression de cette dernière.
50
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.16.
51
Soulèye KANTE, Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : Vers la promotion du travail
décent. Document de travail du BIT, 2001, p.11.
Un autre aspect de l’informalité au Togo est l’activité de taxi moto communément
appelée « Zémidjan », qui occupe une grande couche de la tranche masculine. Selon
l’Union Syndicale des Conducteurs de Taxi-moto (USYNTACT), les Zémidjan sont en
2008, plus de 45.000 dans les rues de Lomé et plus de 150.000 au Togo soit environ
quatre (04) fois le nombre total52 des fonctionnaires togolais à la date du 18 août 2009.
En effet les jeunes chômeurs en quête effrénée d’emploi se résolvent à ce travail.
Les adultes retraités qui gèrent difficilement leur quotidien soit parce que la pension
reçue est insuffisante, soit parce qu’elle est inexistante, recourent également au
« Zémidjan ». Les jeunes fonctionnaires et autres employés du secteur formel dont les
revenus sont insuffisants, n’en sont pas du reste. Ces derniers renouent avec le
« Zémidjan » chaque soir à la fin de l’activité formelle.
Mis à part les « Zémidjan », une bonne tranche de la population se retrouve dans
les métiers artisanaux tels que : la coiffure, la plomberie, la maçonnerie, la peinture,
l’électricité, l’orfèvrerie, la tapisserie, la menuiserie, le jardinage, la poterie, la
blanchisserie, la teinturerie, etc.53
Les causes sociales, comme les causes économiques, entraînent des échecs sur
le marché du travail.
Les causes sociales mettent en lumière la vulnérabilité dont sont victimes les
travailleurs sur le marché du travail. Les aspects de cette vulnérabilité (A) ainsi que les
groupes vulnérables (B) permettront de formuler des solutions idoines pour la résorption
de la pauvreté.
Les échecs sur le marché du travail se traduisent sur le plan social par de
mauvaises conditions de travail : non respect de la réglementation en matière de
sécurité et santé au travail, bas salaires, non respect des droits fondamentaux au
travail, absence de protection sociale etc.
52
V. Annexe II : Effectif des agents de l’Etat au 18 août 2009.
53
V. Annexe II : Classification des métiers artisanaux togolais : Décret n°84-46 du 8 février 1984 portant
réglementation de l’exercice de l’artisanat au Togo. JORT n °8 du 16 mars 1984, p.185.
S’agissant des mauvaises conditions de travail, le non respect de la
réglementation en matière de sécurité et santé au travail a des effets désastreux sur la
qualité de vie des travailleurs et de leurs familles. Au Togo, la plupart des travailleurs
exercent leur activité dans des conditions malsaines et dangereuses où les risques
d’accidents et de maladies sont très fréquents. Les problèmes les plus fréquemment
rencontrés dans les entreprises sont les suivants : mauvais éclairage, mauvaise
ventilation, désordre et saleté, place insuffisante, équipement de protection inexistant,
substances ou poussières dangereuses, longue durée du travail, etc. Les répercussions
sur la santé sont souvent les troubles de l’appareil locomoteur et les douleurs
lombaires, les allergies et les autres troubles respiratoires, la fatigue, l’épuisement et le
stress. Les cas de blessures causées par des outils sont aussi fréquents. Les
exigences de rendement, la mauvaise organisation du travail, l’insuffisance de
l’outillage et du matériel de levage et de transport sont parmi les principales causes des
problèmes de santé. Les conditions d’exécution du travail sont souvent dures :
mouvements répétitifs, positions pénibles, port de lourdes charges. Tout ceci épuise les
ouvriers et les expose aux accidents. Préjudiciables à la santé, les mauvaises
conditions de travail réduisent aussi la productivité, ce qui se répercute sur le revenu
des travailleurs.
Le Togo est l’un des pays de l’Afrique de l’Ouest où les salaires des travailleurs
sont dérisoires. Ce constat général de la réduction des travailleurs togolais à une
portion congrue de salaire, a suscité chez les autorités publiques une augmentation des
salaires minima54 qui jusque là étaient de 13757 FCFA. Malgré cette augmentation,
force est de constater que les travailleurs perçoivent toujours en deçà de l’ancien SMIG
(moins de 13757 FCFA). L’insuffisance du salaire engendre une précarité chez nombre
de travailleurs togolais. Ceci entraîne leur plus grande vulnérabilité face aux diverses
charges de la vie quotidienne. Il est cependant remarquable que l’emploi informel soit
significativement associé aux bas salaires. Le niveau élevé du chômage exerce
également un effet modérateur sur les salaires.
Un autre aspect de la vulnérabilité des travailleurs est l’absence d’effet
d’ancienneté. La stabilité de l’emploi étant perçu par l’ancienneté du travailleur, cette
dernière peut être considérée comme une bonne chose du fait de son association avec
le revenu et la satisfaction au travail. Au Togo, en dépit de la réglementation en vigueur,
54
Arrêté n °009/MTSS/DGTLS du 13 Août 2008 fixant le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) et le
Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG) à 161,54F/heure soit 28000FCFA/mois ; disponible à la DGTLS.
l’augmentation du revenu ne suit pas toujours l’ancienneté. Une longue ancienneté peut
donc refléter la rareté des possibilités de changement d’emploi plutôt qu’une grande
satisfaction dans l’emploi actuel.
L’absence de protection sociale est une importante cause de vulnérabilité des
travailleurs au Togo. Un grand nombre d’entreprises togolaises ne s’acquitte pas des
versements aux termes des cotisations sociales. L’évasion sociale en est la règle et elle
a souvent cours dans le secteur formel. Le secteur informel n’en est pas du reste.
Seules 8834 entreprises sont immatriculées à la CNSS55 en 2008 avec un effectif total
de 68063 salariés. La majorité des travailleurs togolais sont donc privés des filets de
protection offerts par la CNSS même si ces derniers semblent être très poreux56.
L’analyse des aspects de la vulnérabilité chez les travailleurs montre le degré de
fragilité du marché du travail togolais et le fort risque d’être enfermé dans un cercle
vicieux de pauvreté. Les groupes vulnérables ne doivent donc être occultés dans notre
analyse.
Les groupes vulnérables sur le marché du travail togolais sont les jeunes, les
femmes et les enfants, les personnes handicapées.
Dans la plupart des PED, les jeunes (15-25ans) ont le choix entre un travail
informel et le chômage. Ceux qui recherchent activement un emploi ont deux à trois fois
moins de chances d’y parvenir que leurs aînés. Au Togo, le cas est plus accentué du
fait de la dégradation des acquis économiques au lendemain des diverses crises socio-
politiques qu’a connu le pays. Les jeunes sont donc à la traîne, surtout ceux en quête
de leur premier emploi. Et comme l’a bien noté le Directeur Général du BIT : « Le coût
du chômage des jeunes pour le développement économique et social est extrêmement
élevé. Il perpétue la transmission de la pauvreté entre les générations et il est associé à
une forte criminalité, à la violence, à l’abus de drogues et à la montée de l’extrémisme
politique » 57. La criminalité est en légère croissance au Togo. N’eût été la venue des
« Zémidjan » le phénomène se serait très vite amplifié.
55
V. Tableau 6 infra p.57.
56
Les taux des diverses prestations fournies par la CNSS sont très dérisoires et datent de 1973 (Ordonnance n
°39/73 du 12 novembre 1973 instituant un Code de sécurité sociale, JORT n °31 du 16 décembre 1973, p.579).
57
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.26.
Les jeunes femmes ont encore plus de peine à trouver du travail que les jeunes
hommes. Leur situation est plus précaire que celle des hommes, notamment en termes
de revenus et de protection sociale. Les deux tiers environ de la main-d’oeuvre féminine
du monde en développement travaillent (en dehors de l’agriculture) dans l’économie
informelle ; le chiffre atteignant 84% en Afrique subsaharienne58. La plupart de ces
femmes sont à leur compte et exercent leur activité à domicile ou dans la rue, où elles
se retrouvent dans les formes de travail informel généralement les moins sûres et les
moins rémunérées. Ceci entraîne une féminisation accrue de la pauvreté. La situation
est plus grave chez les femmes chefs de ménage dont les maris n’ont aucun revenu et
dont les enfants sont à leur charge. Ceci aggrave la pauvreté dans le ménage et le
principal corollaire est le travail des enfants, dû au fait que la plupart des chefs de
ménage ne sont pas en mesure d’assurer les besoins de leur famille. Les enfants se
retrouvent en grande majorité dans le secteur informel et dans des branches d’activité
comme le textile, l’agro-industrie, l’artisanat qui utilisent beaucoup de main-d’oeuvre
enfantine sous qualifiée. Ils sont également présents dans des marchés où ils sont
porteurs de différentes charges, laveurs de voitures, cireurs de chaussures, vendeurs
ambulants, etc. Les travaux qu’ils effectuent sont trop pénibles pour leur âge, les
horaires très contraignants et les rémunérations faibles et irrégulières. Ils ne bénéficient
d’aucune protection sociale et sont exposés à toutes sortes de risques. Les différentes
réglementations qui interdisent le travail des enfants ne sont pas toujours respectées
puisque les employeurs fautifs ne sont souvent pas inquiétés. Les enfants sont donc
laissés à leur compte et sont de ce fait très vulnérables sur le marché du travail.
Les personnes handicapées sont aussi marginalisées sur le marché du travail et la
plupart sont réduites à la mendicité. Elles n’ont aucune perspective viable d’insertion
professionnelle à cause de l’implacable discrimination nourrie à leur encontre en dépit
des dispositions de la convention n°111 de l’OIT59 relative à la discrimination en matière
d’emploi et de profession. Ces personnes handicapées ont d’énormes difficultés à
satisfaire leurs besoins de base. Ils mènent une vie précaire et dépendent pour la
majeure partie du temps, des aides des Organisations Non Gouvernementales (ONG)
et des oeuvres de bienfaisance. Quelques unes parmi elles ont pu s’insérer dans le
secteur informel notamment dans les activités artisanales (tricotage, vannerie etc.), ce
qui leur permet d’avoir une ponction pour leur subsistance.
58
BIT, op.cit., p.27.
59
Les conventions de l’OIT sont disponibles sur le site officiel de l’OIT : www.ilo.com.
Les caractéristiques socio démographiques du ménage influent également sur la
situation des personnes. Ainsi, la présence d’enfants dans le ménage augmente
sensiblement le risque de pauvreté des travailleurs, tant le faible niveau des allocations
familiales ne permet pas de subvenir aux besoins des enfants ; encore faut il que ces
travailleurs aient été préalablement déclarés à la CNSS. Aussi, la présence d’adultes
inactifs et de chômeurs dans le ménage, a-t-elle des effets significatifs sur le risque de
pauvreté des personnes pourvues d’un emploi dans le ménage. La composition du
ménage et la situation de leurs membres sur le marché du travail sont des déterminants
importants de la pauvreté des individus, quelle que soit leur propre situation
professionnelle60.
60
Alexandre KOLEV, Chômage, Qualité de l’emploi et pauvreté : le cas de la Bulgarie, RIT, Vol. 144 (2005), n°1,
p.106 ; disponible au CINU.
DEUXIEME PARTIE :
APPORTS DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA REDUCTION DE
LA PAUVRETE AU TOGO : LA PROMOTION DU TRAVAIL DECENT
« Il ne fait aucun doute que c’est précisément le monde du travail qui détient la clé
d’une limitation véritable, progressive et durable de la pauvreté. C’est par le travail que
chacun peut élargir sa gamme de choix et accéder à une vie meilleure. C’est le travail
qui crée la richesse, rend possible sa diffusion et son accumulation. Le travail est le
moyen de sortir dignement de la pauvreté […] Les objectifs de développement pour le
millénaire ne sauraient être atteints si la "communauté du travail" n’est pas associée à
la formulation et à la mise en oeuvre des politiques »61.
Il est donc d’avis général que le travail est la meilleure et vraie issue pour réduire
la pauvreté. Le travail est la principale source de revenu de la grande majorité de
populations de par le monde. Agir sur le travail notamment le marché du travail et ses
différents acteurs, aura un effet retentissant sur les autres variables du "labyrinthe"
pauvreté. Les causes économiques et les causes sociales des échecs sur le marché du
travail togolais telles qu’analysées dans la présente étude62 trouveront des solutions
dans nos prochains développements, solutions qui permettront de réduire la pauvreté,
tant il est acquis que le travail est le principal moyen pour sortir dignement de la
pauvreté.
D’après les analyses statistiques résultant d’une abondante doctrine63, il existe un
lien étroit entre le travail décent et la croissance économique d’une part, et entre le
travail décent et le développement humain d’autre part. la poursuite de l’objectif du
travail décent peut contribuer à la fois à la croissance économique et au développement
humain. Cependant il ne saurait y avoir d’emplois décents que s’il existe préalablement
d’emplois. De même, l’économie ne saurait créer d’emplois que si elle est en
croissance ou si elle a une bonne assise.
La nécessité d’une croissance économique (Chapitre I) et d’un développement
humain (Chapitre II) se trouve donc au cœur du paradigme du travail décent devant
contribuer à la réduction de la pauvreté.
61
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.5.
62
V. supra p.29 et s.
63
Iftikhar AHMED, Travail décent et développement humain, Revue International du Travail (RIT), Vol. 142
(2003), n°2, p. 287 ; Gary S. FIELDS, Travail décent et stratégie de développement, RIT, Vol. 142 (2003), n°2,
p.277 et s.
Chapitre 8 CHAPITRE I : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA
Chapitre 9 CROISSANCE ECONOMIQUE DU TOGO
64
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, 2002, p.79 et 193, disponible au CINU
65
Iyanatul ISLAM, A l’encontre du conservatisme économique : Un projet pour la croissance, l’emploi et la
réduction de la pauvreté. Revue Internationale du Travail, Vol.144 (2005), n °1, disponible au CINU.
Paragraphe I : La productivité des entreprises
66
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.62.
67
V. BIT, Les grands défis mondiaux de l’inspection du travail, 2005, p. 29 ; Sammy T. Nyambari est directeur
exécutif du centre régional africain de l’administration du travail sis à Harare en Ouganda.
confondus. Les conséquences économiques de cette situation sur la compétitivité et la
productivité des entreprises sont très désastreuses68.
68
V. Tableau 4 : Répartition des victimes d’Accidents de Travail (AT) et Maladies Professionnelles (MP) selon la
gravité.
69
AKUETE Tékpoh : Cours de déontologie et pratiques de l’inspection du travail, ENA Cycle III, Option :
Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009.
.
état de santé, les conditions d’hygiène du travail et les risques de contagion que
peuvent occasionner les activités qu’ils exercent.
Ces actions de l’inspection du travail ont des incidences indéniables sur la
productivité des entreprises. Toutefois, l’intervention de l’inspection du travail dans le
secteur informel est plus complexe.
B- Le secteur informel
Les coûts des accidents et maladies liés au travail tels analysés dans les
précédents développements et représentant 1 à 6% du PIB, sont supportés par les
entreprises et les travailleurs mais aussi par l’Etat.
Les entreprises, outre les dépenses en vue d’une remise en l’état des lieux,
l’indemnisation de la victime et la réorganisation du travail par recyclage, formation ou
recrutements, assistent à une chute verticale de leurs chiffres d’affaires. Ceci a des
répercussions sur les recettes de l’Etat notamment en ce qui concerne l’impôt sur le
chiffre d’affaires des sociétés. Qui plus est, les ressources de la CNSS, chargée
d’indemniser les victimes des accidents et maladies du travail, sont pour partie
constituées de subventions de l’Etat. L’indemnisation régulière par la CNSS des
victimes d’accidents ou maladies professionnelles aura des répercussions sur le
« portefeuille » de l’Etat. De plus, les nombreux jours de travail perdus constituent un
manque à gagner, non seulement pour l’entreprise mais aussi pour l’Etat.
La promotion en amont de la sécurité et santé au sein des entreprises par
l’inspection du travail, palliera aux pertes financières subies par l’Etat et induira une
croissance de l’économie.
Les souffrances humaines inhérentes aux accidents et maladies du travail sont
immenses et ne sont pas sans conséquences sur les finances de l’Etat. La victime d’un
70
Isabelle HOFERLIN, l’Inspection du travail à l’heure de l’austérité, BIT : les grands défis mondiaux de
l’inspection du travail, 2005, p.26 ; disponible à la DGTLS.
accident du travail ou maladie professionnelle subit d’énormes pertes pécuniaires
surtout lorsqu’il est dans le secteur informel ou lorsqu’il n’est fait l’objet d’aucune
immatriculation à la CNSS. La perte de revenu et l’incapacité d’effectuer ultérieurement
une activité rémunératrice pèse lourdement sur son foyer et entraîne une l’immense
précarité du ménage. La baisse du pouvoir d’achat du ménage résultant de cette
situation nuit gravement à l’économie nationale, d’où l’impérieuse nécessité d’améliorer
la consommation privée par habitant.
71
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.12.
72
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, op.cit., p.77.
Hormis l’assainissement du cadre des entreprises qui est un préalable nécessaire
pour toute productivité et croissance économique dans un pays, la politique de l’emploi
est un maillon indéniable pour une croissance durable et soutenue.
La convention n° 122 de l’OIT sur la politique de l’emploi dispose en son article 1er
que tout membre doit formuler et appliquer, comme objectif essentiel, une politique
active visant à promouvoir le plein emploi en vue de stimuler la croissance et le
développement économiques, d'élever les niveaux de vie, de répondre aux besoins de
main-d'oeuvre et de résoudre le problème du chômage et du sous-emploi.
Les parties à la convention n°150 de l’OIT sur l’administration du travail, après
avoir rappelé les termes de la convention n° 122 de l’OIT sur la politique de l'emploi, de
la convention n°142 sur la mise en valeur des ressources humaines et l'objectif du plein
emploi convenablement rémunéré, estiment être « convaincues de la nécessité
d'adopter une politique d'administration du travail qui soit de nature à permettre la
poursuite de cet objectif et à donner effet aux buts desdites conventions ». Ainsi,
l’article 6 de ladite convention prévoit que les organes compétents au sein du système
d'administration du travail devront, selon le cas, être chargés de la préparation, de la
mise en oeuvre, de la coordination, du contrôle et de l'évaluation de la politique
nationale du travail, ou participer à chacune de ces phases, et être, dans le cadre de
l'administration publique, les instruments de la préparation et de l'application de la
législation qui la concrétise.
Une autre norme internationale sur le rôle cardinal de l’emploi fut la
recommandation n°189 de l’OIT sur la création d’emplois dans les PME. Cette
recommandation souligne que les PME offrent aux femmes et aux autres groupes
traditionnellement défavorisés, le moyen d’accéder dans de meilleures conditions à des
emplois productifs, durables et de qualité. Elle préconise l’adoption de politiques
budgétaires, monétaire et d’emploi appropriées, le développement d’une culture
d’entreprise, la mise en place de services efficaces notamment l’assistance au
démarrage d’entreprises, les services d’informations etc.
L’administration du travail a donc expressément, aux termes de l’article 6 de la
convention n°150 de l’OIT, reçue mission de conduire la politique nationale de l’emploi.
Elle est ainsi mise au centre de cette politique dans la mesure où elle est chargée selon
les cas de préparer, de mettre en œuvre, de coordonner, de contrôler et d’évaluer cette
politique de l’emploi.
Nous verrons à présent ce que la législation nationale prévoit en la matière.
73
Décret n °69-25/PR du 14 janvier 1969 fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement des services de
l’administration du travail. JORT n °406 du 1er février 1969 p.63 disponible à la DGTLS.
En 1994, un autre décret74 institua en lieu et place de la Direction Générale du
Travail, de la Main d’œuvre et de la Sécurité Sociale, une Direction Nationale Pour
l’Emploi (DNPE) ayant pour mission de :
- conduire la politique nationale en matière d’emploi, telle que définie et élaborée par
le gouvernement ;
- constituer une banque de données fiables sur l’emploi et la main d’œuvre en
relation avec toutes les banques de données existantes dans d’autres départements ou
organismes ;
- créer l’observatoire togolais de l’emploi, de la main d’œuvre et des métiers et un
cadre de dialogue entre les acteurs du marché du travail ;
- promouvoir l’emploi et lutter contre le chômage.
En 2006, la DNPE est muée en Direction de la Politique Nationale de l’Emploi
(DPNE) par décret n°2006-034/PR75. La nouvelle structure a pour mission de :
- concevoir la politique nationale de l’emploi ;
- assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de cette politique ;
- élaborer la législation en matière d’emploi ;
- assurer le contrôle de l’application de la législation de l’emploi.
La DPNE est donc dotée de plein pouvoir dans la conception de la politique
nationale de l’emploi contrairement à la DNPE qui est simplement chargé de conduire la
politique définie et élaborée par le gouvernement.
Dans la même année, la Loi n° 2006-01076 institue en ses articles 202 et suivants,
l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) qui a pour mission entre autres de :
- contribuer à l’élaboration de la politique nationale en matière d’emploi ;
- constituer une banque de données fiables sur l’emploi et la main d’œuvre en
relation avec toute banque de données existantes dans d’autres départements ou
organismes ;
- promouvoir l’emploi et lutter contre le chômage ;
- prospecter les emplois disponibles et développer les relations en entreprise ;
- régler les problèmes de compensation de main-d’œuvre entre les régions.
74
Décret n°094-060/PR du 14 septembre 1994 portant attribution et organisation du Ministère de la Fonction
publique, du Travail et de l’Emploi. JORT n°29 bis du 26 octobre 1994, p.7 ; disponible à la DGTLS.
75
Décret n°2006-034/PR du 18 avril 2006 portant attribution et organisation du Ministère du Travail, de l’Emploi et
de la Fonction publique ; disponible à la DGTLS
76
Loi n° 2006-010 du 13 décembre 2006 portant code du travail, JORT n°38 du 13 décembre 2006, p.1.
Toutes ces structures en charge de la politique nationale de l’emploi sont des sous
systèmes de l’administration du travail.
Les fondements matériels, à l’instar des normes internationales et nationales qui
ont fixé le cadre juridique de la politique de l’emploi, mettent en avant la valeur
cardinale de l’emploi dans la croissance économique des pays.
77
Iyanatul ISLAM, op.cit., p58
78
BIT : Activités de l’OIT en 1998-99, Conférence Internationale du Travail, 88e session 2000, p.33.
nécessité de placer l’emploi au centre de toute politique de croissance qui se veut
durable et soutenue.
La crise qui était économique et financière au début, s’est rapidement muée en
une crise de l’emploi. « Le marché du travail a continué de se détériorer depuis le début
de la crise financière […] Les projections actuelles suggèrent que le nombre de
chômeurs augmentera de 39 à 59 millions de personnes en 2009 par rapport à 2007 ; le
nombre total de chômeurs enregistrés sur la planète pourrait atteindre 210 à 239
millions de personnes à la fin de l'année, constituant un record absolu », a expliqué lors
d'une conférence de presse79 le Directeur Général du BIT, Juan Somavia.
Le Togo doit tirer leçon de cette crise et faire siennes les solutions proposées,
lesquelles solutions reconnaissent l’échec historique du capitalisme et prônent une
croissance économique fondée sur la création d’emplois. Le Directeur Général du BIT a
en ce sens rappelé la nécessité d'orienter les plans de relance des divers pays sur le
marché du travail et placer la création d'emplois et la protection sociale au centre des
politiques de reprise. C’est l’objectif que se donne le Pacte mondial pour l’emploi
adopté à l'assemblée annuelle du BIT démarrée le 3 juin 2009 à Genève et lors de
laquelle le Président de la République togolaise a, dans son discours, affirmé l’adhésion
totale du Togo audit pacte.
Si le Togo, de par son Président de la République, reconnaît que l’emploi est le
garant d’une croissance durable et soutenue en adhérant au Pacte mondial pour
l’emploi, il n’en demeure pas moins que l’emploi est un préalable à une réduction
efficiente de la pauvreté.
79
Conférence de presse du Directeur Général du BIT sur les nouvelles prévisions du chômage du BIT, révisées à la
hausse suite à l’ampleur avérée de la crise financière mondiale, jeudi 28 mai 2009, disponible sur le site de l’OIT :
www.ilo.com.
politiques macroéconomiques sont certes déterminantes pour assurer une croissance
suffisante, mais que, pour faire véritablement reculer la pauvreté, la croissance doit être
à forte intensité d’emploi »80. L’emploi doit donc être en amont de toute politique
efficiente de réduction de la pauvreté parce qu’il soutient la croissance en dotant les
individus d’un pouvoir d’achat leur permettant de consommer. La capacité de réduction
de la pauvreté est améliorée dès lors que la croissance est stable.
Il ressort du Sommet social de Copenhague81 qu’un travail décent est la première
étape pour sortir de la pauvreté et un pas important sur la voie de l’intégration sociale.
Si le travail décent contribue à l’efficace réduction de la pauvreté, il est clair qu’il ne
saurait y avoir de travail décent que dans la mesure où il y a du travail. La possibilité de
travail pour chaque homme et chaque femme est donc un préalable à une efficiente
réduction de la pauvreté.
Somme toute, l’emploi est une variable cardinale pour une croissance durable et
soutenue. Cependant la création d’emplois, si elle participe à la croissance économique
n’induit pas automatiquement la réduction de la pauvreté. Elle n’est qu’un préalable à
cette réduction. Seul un emploi productif, fondement du travail décent, permet une
réduction substantielle de la pauvreté. « La rareté des emplois productifs pour les
femmes et les hommes est une cause originelle de la pauvreté [...] C’est aussi cela qui
empêche d’obtenir les autres éléments du travail décent, les droits, la protection sociale
et l’expression au travail »82. Il s’ensuit à l’évidence que la croissance économique sans
développement humain n’est pas réductrice de pauvreté.
80
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.13.
81
Sommet mondial pour le développement social, tenu à Copenhague en 1995.
82
"Le défit mondial de l’emploi" dans Le magazine "TRAVAIL" de l’OIT, n°62, Avril 2008, disponible au CINU.
CHAPITRE II : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL AU
DEVELOPPEMENT HUMAIN DES TOGOLAIS
Lorsque la croissance est relancée et que des possibilités d’emplois sont offertes
aux populations, l’administration du travail devra veiller à la décence des emplois
octroyés car, des personnes peuvent bien être dotées d’emplois sans pour autant sortir
des mailles de la pauvreté.
Le développement humain des populations apparaît essentiel pour une effective
réduction de la pauvreté. Ainsi la Déclaration de Philadelphie83 reconnaît-elle le droit de
tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, de
poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la
dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.
Il est donc nécessaire que les populations puissent avoir une source de revenu, un
emploi en occurrence, encore faut-il que cet emploi leur offre une possibilité
d’épanouissement, et ceci par le biais des critères de productivité, de liberté, d’équité,
de sécurité et de dignité. Ces critères, qui ne sont autres que ceux d’un emploi décent,
offrent une certaine qualité à l’emploi et permettent à celui qui l’exerce d’atteindre un
développement humain.
Nous analyserons ici l’incidence de la qualité de l’emploi sur la réduction de la
pauvreté (Section I) et formulerons des recommandations pour une efficiente action de
l’administration du travail sur l’effectivité du travail décent au Togo (Section II).
Les caractéristiques les plus importantes d’un emploi de qualité sont la liberté,
l’équité, la dignité, la productivité et la sécurité telles qu’il ressort des objectifs du travail
décent. Nous étudierons la liberté, l’équité et la dignité qui sont des droits
fondamentaux au travail (Paragraphe I) avant de cerner la productivité et la sécurité du
travail, qui représentent des conditions minima de travail (Paragraphe II).
83
La Déclaration de Philadelphie est adoptée en 1944 par l’OIT en annexe à sa Constitution.
Paragraphe I : Les droits fondamentaux au travail
A- La liberté et la dignité
La liberté est la possibilité pour une personne d’agir sans contrainte. La liberté du
travail est la faculté pour le travailleur de choisir en toute indépendance son travail et de
s’affilier à toute organisation ayant pour but de promouvoir les intérêts professionnels
des travailleurs.
Sur le plan mondial, les données fournies par le BIT signalent plus de douze (12)
millions de gens occupés à un travail forcé et deux cent (200) millions d’enfants ayant
un travail rémunéré84.
Consciente de l’incidence négative de l’absence de liberté sur le bien-être des
travailleurs et leur épanouissement, l’OIT a retenu certaines conventions dites « normes
fondamentales du travail » qui condamnent toutes les formes de travail qui s’assimilent
à l’esclavage, à la servitude ou encore aux pires formes de travail des enfants. Il s’agit
de :
- la convention n° 29 sur le travail forcé ;
- la convention n° 105 sur l’abolition du travail forcé;
- la convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical;
- la convention n° 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective;
- la convention n° 138 sur l’âge minimum;
- la convention n° 182 sur les pires formes de travail des enfants;
Ces conventions imprègnent une certaine décence au travail et constituent des
minima nécessaires, applicables même en l’absence de toute ratification.
Le travail forcé est une forme de travail imposé au travailleur sous la menace de
privation de nourriture, confiscation des terres ou de papiers d’identités, non versement
de salaires, violence physiques, sévices sexuels etc. L’absence de liberté rend
84
BIT, rapport conjoint sur l’emploi 2006-2007 disponibles sur le site de l’OIT : www.ilo.com.
unilatérale la relation économique entre le travailleur et son employeur et induit de
médiocres conditions de travail insusceptibles de faire sortir le travailleur de son état de
pauvreté.
La liberté syndicale et la négociation collective offrent aux travailleurs la possibilité
de défendre leurs droits et de promouvoir leurs intérêts professionnels en vue d’un bien-
être au travail.
Le travail des enfants est une cause et une conséquence de la pauvreté. Il occulte
l’éducation des enfants, affecte leur santé et leur intégrité et hypothèque tout
développement endogène car l’enfant est le père de l’homme et l’éducation, la base de
tout développement. La pauvreté et le chômage des parents de leur côté poussent les
enfants à la rue en quête d’un gagne pain.
B- L’équité
Outre les droits fondamentaux au travail, l’agenda pour le travail décent prône un
travail productif, exécuté dans les conditions de sécurité.
S’agissant de la productivité, la condition la plus importante pour nombre de
travailleurs notamment dans les pays pauvres est la rémunération. La durée du travail
est également un aspect non moins important du travail.
En ce qui concerne la sécurité du travail, elle suppose la sécurité et santé au
travail (déjà analysée dans nos précédents développements)85 et la protection sociale.
Notre étude à ce niveau s’appesantira donc sur la rémunération et la durée du
travail (A) et la protection sociale (B).
85
V. supra : l’assainissement du cadre des entreprise, p.40 et s.
Aussi, le niveau du chômage au Togo exerce-t-il un effet modérateur sur les
salaires. Les employeurs sont convaincus que les salaires dérisoires qu’ils octroient
accueilleront l’agrément d’un nombre important de demandeurs, du fait de la précarité
ambiante dans laquelle gît la majeure partie des ménages et de la disponibilité accrue
de main d’œuvre bon marché.
Le secteur informel (l’agriculture y compris) est pour sa part, considérablement
associé aux bas salaires de même que l’emploi temporaire dans le secteur formel.
L’administration du travail notamment l’inspection du travail doit oeuvrer pour
qu’une rémunération décente soit octroyée aux travailleurs parce qu’une bonne
rémunération permet aux travailleurs d’améliorer leur niveau de vie, de prendre en
charge les besoins de leur ménage, d’accroître leurs chances de vivre à l’abri du
besoin, ce qui contribue énormément à la réduction de la pauvreté.
La durée du travail est un autre aspect non des moindres des conditions décentes
du travail. Elle a été l’œuvre de la première convention internationale86 qu’a adoptée
l’OIT, d’où l’importance qui lui est attachée. Anormalement longue, la durée du travail
révèle souvent l’insuffisance de la rémunération. Dans bien des cas, elle est
préjudiciable aussi (comme le sont les horaires atypiques de travail) à la santé physique
et mentale ainsi qu’à l’équilibre entre le travail et la vie familiale. Réduite, elle est
souvent le signe de l’insuffisance des possibilités d’emploi.
L’inspection du travail doit une fois encore, exercer ici, ses prérogatives en matière
de contrôle des horaires légales de travail, en vue de sortir les travailleurs du cercle
vicieux de la pauvreté.
Si la rémunération est très importante pour une vie décente du travailleur, le
travailleur qui a pour unique revenu son salaire n’est pas autant à l’abri de la
vulnérabilité, d’où la nécessité d’une protection sociale.
B- La protection sociale
Les travailleurs togolais sont dans leur grande majorité privés de protection
sociale. La marginalisation dont ils sont victimes et le manque de systèmes
d’assistance réduisent à néant leur capacité de gains. Faute de protection sociale, ils
sont confrontés à plusieurs risques. Décimés par les accidents du travail, le chômage,
la vieillesse, les maladies professionnelles, ils deviennent très vulnérables. « La classe
86
Convention n°1 de l’OIT sur la durée du travail (1919).
ouvrière vit dans une insécurité économique exceptionnelle dans la mesure où ses
membres tirent leur unique revenu de la location de leur force de travail : tous les
événements d’ordre physique ou économique qui empêchent cette location les privent
de leurs moyens d’existence »87. Ainsi les travailleurs tombent dans une grande
précarité, une pauvreté profonde, en l’absence de tout système de protection sociale.
Les systèmes de protection sociale contribuent indubitablement à réduire la pauvreté.
De douze (12) à treize (13) millions de personnes échapperaient, en France, à la
pauvreté ou à la précarité financière grâce aux différents mécanismes de protection
sociale dont le coût s’élèverait à environ trente (30) milliards d’euros88.
La Déclaration de Philadelphie et plusieurs normes internationales du travail
notamment la convention n°102 de l’OIT sur la sécurité sociale, consacrent le droit de
tous à une protection sociale suffisante. Mais, dans beaucoup de pays, la réalité est
très éloignée de cet idéal. Moins de 10% de la population des pays les plus pauvres
bénéficient d’une protection sociale adéquate et cela a des conséquences incalculables
sur la vie et le travail89. Au Togo, le nombre de personnes immatriculées à la CNSS est
très infime, de même que les dépenses de prestations sociales90. Cependant, les
études montrent que dans les pays où les dépenses de prestations sociales sont
relativement élevées, le taux de pauvreté est faible et inversement91.
Tableau 6 : Répartition des employeurs et des salariés assujettis la CNSS par région
économique et par secteur juridique : Année 2008
87
J. DUPEYROUX, M. BORGETTO et R. LAFORE, Droit de la sécurité sociale, 16° édition, Dalloz 2008, p.102.
88
J. DUPEYROUX, M. BORGETTO et R. LAFORE op.cit., p.166.
89
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.11.
90
V. Tableau 6 et 7.
91
A. MATH, La mise sous condition de ressources en Europe occidentale : ses effets en termes de lutte contre la
pauvreté ; P. Concialdi, Les politiques anti-pauvreté ont-elles réussi ? Cités par J. DUPEYROUX, M.
BORGETTO et R. LAFORE op. cit., p.166.
Tableau 7 : Dépenses de prestations sociales (en millions de franc)
Type de prestations Prestations Risques Pensions Action Total
Année familiales Professionnels sociale
2007 1.127,3 310,3 11.085,2 31,8 12.554,6
2008 1.179,0 307,4 12.408,0 34,0 13.928,4
Source : Service statistique de la CNSS.
92
V. annexe : Effectif des fonctionnaires togolais à la date du 19 octobre 2009. Les fonctionnaires togolais sont
automatiquement assujettis à la Caisse de Retraite du Togo (CRT).
Les composantes de l’Indicateur du Développement Humain (IDH)93 tels fournies
annuellement par le rapport mondial sur le développement humain peuvent être ainsi
optimisées par le travail décent. En effet, une personne qui a des conditions décentes
de travail et une rémunération acceptable peut facilement scolariser ses enfants, avoir
un niveau de vie décent et de surcroît, une vie longue et en bonne santé.
La DGTLS est l’organe de gestion technique des questions relatives au travail. Elle
élabore et met en œuvre la politique nationale en matière de travail, de sécurité sociale
et de relations professionnelles. Elle est composée de directions centrales du dialogue
sociale et des relations professionnelles ; de la prévoyance sociale ; des études, de la
recherche et des statistiques ; de la santé et de la sécurité au travail ; des normes et
des relations internationales. Fort de cette envergure, elle a besoin de moyens de tous
ordres pour son fonctionnement mais tel n’est pas le cas.
93
Les composantes de l’IDH sont : une vie longue et en bonne santé (mesurée par l’espérance de vie à la naissance),
les connaissances (mesurées par les taux d’alphabétisation chez les adultes et le taux d’enrôlement primaire,
secondaire et tertiaire) et un niveau de vie décent (mesuré par le PIB par personne).
De notre entretien avec le DGTLS, il ressort que cette direction manque de
ressources tant matériels, financières qu’humaines. Elle ne dispose ainsi pas d’outils de
gestion, de documents de politiques et de manuels de procédure. Les rares ressources
humaines dont elle dispose manquent de spécialisation pour une effective couverture
géo-stratégique du pays.
Les inspecteurs du travail dont la coordination est assurée par la DGTLS ont
également des moyens très limités. Ils ne sont ni doter de statut particulier, ni de
moyens matériels et de ressources financières nécessaires à leur indépendance et à
l’exercice de leurs fonctions tel qu’il ressort de l’alinéa 2 de l’article 182 du code du
travail togolais. Ils ne disposent pas de locaux conséquents et sont, à Lomé, logés dans
le bâtiment abritant officiellement la DGTLS. Ce bâtiment comporte, en plus de la
DGTLS, les trois inspections du travail de Lomé (Lomé-Est, Lomé-Ouest et Lomé-
Nord), de même que toutes les sous directions de la DGTLS. Le matériel roulant
disponible pour la DGTLS, ses sous directions et les inspections du travail à ce jour est
au nombre de trois (03).
La situation de l’inspection du travail au Togo est en contradiction flagrante avec
les objectifs à elle assignés par les normes nationales et internationales et surtout face
aux défis mondiaux de l’heure.
Aussi, la coopération à l’échelle mondiale des inspecteurs du travail est-elle
nécessaire pour la promotion des formes d’inspection du travail les plus efficaces.
L’Association Internationale de l’Inspection du Travail (AIIT), en tant que forum actif et
bien établi pour l’inspection du travail, constitue, à cet effet, l’un des piliers principaux
de la plate-forme d’échange d’informations. Elle travaille à la mise au point d’un code
d’éthique mondial à l’intention des inspecteurs du travail. Cependant, le Togo à ce jour,
n’est pas membre de cette association et donc non intégré à la plate forme d’échange.
Le Togo doit revoir sa position par rapport à son inspection du travail parce
qu’« avec les inspections du travail, les Etats disposent d’une autorité compétente pour
le contrôle des normes fondamentales du travail, pour les questions de sécurité et de
santé et pour bien d’autres aspects du marché du travail et de l’emploi. Il est
indispensable de les doter de moyens adéquats»94.
94
Sylvie SIFFERMANN et Paul WEBER, L’inspection du travail et la mondialisation durable, Association
Internationale de l’Inspection du Travail (AIIT), Genève (SUISSE), 2008, p.44.
B- La CNSS et les services en charge de l’emploi
1- La CNSS
95
Ordonnance n°39 du 12 novembre 1973 portant code de sécurité sociale, JORT n°31 du 16 décembre 1973, p.579.
96
V. Annexe II : Liste des maladies professionnelles.
travailleurs et les employeurs n’étaient donc pas bien informés de leurs droits et
obligations. Ce n’est qu’en 2007 qu’un Bureau des relations publiques a été mis en
place pour sensibiliser la population sur le bien fondé de la sécurité sociale mais ce
bureau n’est composé, à ce jour, que d’un seul technicien en communication.
Notre recommandation à l’endroit de la CNSS serait une reforme générale de la
sécurité sociale qui prendra en compte tous les aspects de vulnérabilité des travailleurs
et les divers risques auxquels ils sont confrontés tels l’accident, la maladie, la vieillesse,
la perte d’emploi et sa quête. Cette réforme doit prévoir une bonne politique de
financement et mettre l’accent sur l’extension de la protection sociale dont la finalité
serait de briser l’engrenage de la pauvreté.
La DPNE telle analysée dans le présent document, a des attributions très nobles
dans la conception, le suivi et l’évaluation de la politique nationale de l’emploi, de même
que l’élaboration et le contrôle de la législation en matière d’emploi. L’ANPE pour sa
part doit contribuer à concevoir la politique nationale de l’emploi, constituer une banque
de données fiables sur l’emploi et la main d’œuvre, lutter contre le chômage, prospecter
les emplois disponibles et développer les relations en entreprise. Ces institutions, vu
leurs attributions et la place prépondérante de l’emploi dans toute politique de réduction
de la pauvreté, doivent pouvoir fournir entre autres, des chiffres réels sur le nombre de
demandeurs d’emplois au Togo, le taux de chômage, le nombre d’emplois disponibles
dans les sociétés aussi privées, publiques que parapubliques etc. Mais, elles sont
comme les autres sous systèmes de l’administration du travail très limitées tant en
ressources humaines, qu’en disponibilités matérielles et techniques pour l’organisation.
Ces insuffisances induisent l’improductivité ces institutions dont les projets ne sont pas
suivis d’effet comme en témoigne le Document Cadre de Politique de l’Emploi et de
Lutte contre la Pauvreté97 mis au point avec l’appui du BIT depuis 2004 mais jamais
mis en oeuvre.
97
V. encadré 3 : Document Cadre de Politique de l’Emploi et de Lutte contre la Pauvreté.
Encadré 3 : Extrait du Document Cadre de Politique de l’Emploi et de Lutte contre la Pauvreté
98
Dago YABRE, Le droit du travail togolais, 1ère édition, 2008, p.13.
valablement à la croissance économique qui est un préalable nécessaire, sans pour autant
occulter le développement humain des populations qui demeure un nécessaire
aboutissement.
Il serait très loisible de rappeler ici que les actions de l’administration du travail lors de la
récente Conférence Internationale du Travail (CIT), confortées par le discours du Président
de la République affirmant l’adhésion totale du Togo au Pacte mondial pour l’emploi, ont valu
le choix du Togo comme un des pays pilote dudit pacte99. Ce pacte, qui intègre les principes
fondamentaux du travail décent, est une chance inouïe pour le Togo, dans son processus de
réduction de la pauvreté. Le Togo doit donc saisir cette opportunité, pour renforcer son
administration du travail afin de tirer sa population du dénuement, du chômage, du sous-
emploi, de l’exclusion sociale et en définitive, de la pauvreté.
Somme toute, le travail décent vivement prôné par l’OIT et relégué dans chaque pays
membre par les administrations du travail, est le levier majeur pour sortir dignement de la
pauvreté. Tous les partenaires sociaux (employeurs, employés et Etat) ont tout à gagner,
encore faut-il qu’ils aient un cadre de concertation et de négociation approprié.
L’administration du travail, une fois encore, n’offre-t-elle pas aux partenaires sociaux, un
cadre tripartite de concertation et de négociation qu’est le dialogue social ?
99
Site officiel de la Présidence du Togo : www.presidencetogo.com, 15 septembre 2009.
ANNEXES
ANNEXE I :
GUIDES D’ENTRETIEN
FICHE D’ENTRETIEN AVEC L’INSPECTION DU TRAVAIL
4- Quel est selon vous l’impact de l’inspection du travail sur les conditions de
travail et le bien-être des travailleurs ?
NB: - Dans les cas n°2 et 3, répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
FICHE D’ENTRETIEN AVEC LA DIRECTION GENERALE DU TRAVAIL ET
DES LOIS SOCIALES (DGTLS)
NB: - Dans le cas n°4, répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
FICHE D’ENTRETIEN AVEC LA DIRECTION DE POLITIQUE NATIONALE
DE L’EMPLOI (DPNE)
NB: - Dans les cas n°1 et 3, répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
FICHE D’ENTRETIEN AVEC LA CAISSE NATIONALE DE SECURITE
SOCIALE (CNSS)
NB: - Répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ pour toutes les questions ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
ANNEXE II :
AUTRES DOCUMENTS
Répartition de l’enveloppe globale du cadrage entre secteurs prioritaires et autres secteurs (en milliards de F CFA)
Réalisation Projection
2005-2007 2008 2009 2010 2011
Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total
Secteurs
59,67 24,59 84,26 75,94 37,52 113,46 80,52 88,83 169,35 86,70 112,75 199,45 93,66 141,89 235,56
prioritaires
Education 40,31 3,03 43,33 51,36 1,63 53,00 54,60 9,65 64,25 58,99 13,38 72,37 64,22 17,94 82,16
Santé 11,90 6,43 18,34 13,92 12,43 26,35 14,94 26,47 41,41 16,41 33,01 49,42 17,80 40,99 58,79
Agriculture 3,65 1,82 5,47 5,06 16,31 21,37 5,21 23,88 29,10 5,37 27,42 32,78 5,53 31,72 37,25
Eau/assain. 2,37 3,60 5,97 0,38 1,50 1,89 0,40 8,20 8,60 0,41 11,32 11,73 0,42 15,13 15,55
Infrastructures 1,44 9,71 11,15 5,21 5,64 10,86 5,37 20,63 26,00 5,53 27,61 33,14 5,70 36,12 41,82
Transport 1,10 9,67 10,77 0,96 5,61 6,57 0,99 19,21 20,21 1,02 25,56 26,58 1,05 33,28 34,34
Energie 0,34 0,04 0,39 4,25 0,04 4,29 4,37 1,41 5,79 4,51 2,05 6,56 4,64 2,84 7,48
Télécom. - - - - - - - - - - - - - - -
Autres secteurs 78,33 7,61 85,93 90,98 4,56 95,54 93,71 4,74 98,45 96,52 4,93 101,45 99,42 5,13 104,54
Dette 15,01 - 15,01 32,52 - 32,52 33,40 0,00 33,40 33,30 0,00 33,30 9,30 0,00 9,30
Total 153,0 32,20 199,4 42,08 241,5 207,6 93,57 301,2 216,5 117,68 202,3 147,0 349,40
185,19 334,2
Source : DSRP-C ; Fonc.=Fonctionnement et Inv.=Investissement.
CATEGORIES EFFECTIFS
A1 3221
A2 5772
B 7790
C 7909
D 4118
AGENTS PERMANENTS 3451
DECISIONNAIRES 402
CONTRACTUELS 97
ASSISTANTS TECHNIQUES 51
GARDIENS DE PREFECTURE 556
SAPEURS POMPIERS 210
ENSEIGHANTS CONFESSIONNELS 2536
TOTAL 36113
Source : Direction de la Gestion Informatique du Personnel de l’Etat/Août 2009
CLASSIFICATION DES METIERS ARTISANAUX TOGOLAIS
(Annexe au Décret N°84-46 du 8 février 1984 portant réglementation de l’exercice de l’artisanat au Togo)
A- Liste de tableaux
Tableau N°2 : Incidence de la pauvreté monétaire par milieux de résidence selon les
régions (en %) (Page 10).
Tableau N°3 : Répartition des actifs du secteur informel suivant leur statut socio-
professionnel et les variables socio-démographiques (Page 28).
Tableau N°4 : Statistiques sur la réglementation des affaires au Togo (Page 30).
Tableau N°6 : Répartition des employeurs et des salariés assujettis la CNSS par région
économique et par secteur juridique : Année 2008 (Page 57).
Tableau N°7 : Dépenses de prestations sociales (en millions de franc) (Page 58).
I- OUVRAGES GENERAUX
INTRODUCTION…………………………...…………………………….…..……….….….1