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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE TOGOLAISE

-------------------- Travail-Liberté-Patrie
MINISTERE DE LA FONCTION
PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
………………..
ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION
BP. 64 - Lomé (Togo)
Email : enatogo@ids.tg

POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE L’ENA CYCLE III


SECTION : ADMINISTRATION PUBLIQUE
OPTION : ADMINISTRATION DU TRAVAIL ET DES LOIS SOCIALES

CONTRIBUTION DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL


A LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU TOGO

Présenté et soutenu par : Sous la direction de :

DOGBEVI Koffi M. GBEDZE Kwami Emmanuel


Inspecteur du travail et des lois sociales,
Consultant en gestion des ressources
humaines

Promotion : 2007 – 2009


SOMMAIRE

Liste des sigles et abréviations….………….………………………………...……….…...iii


Dédicace………………………………………....…...………………………..….………….iv
Remerciement…………………………………..…………………...…...……….............…v
Avertissement………………………………………...…………………...………....…...….vi

INTRODUCTION…………………………………….………………………..……….….….1

PREMIERE PARTIE : VUE D’ENSEMBLE SUR LA PAUVRETE AU TOGO

CHAPITRE I : ANALYSE DU DOCUMENT DE STRATEGIE DE REDUCTION DE


LA PAUVRETE (DSRP)…………………………………..……….………………….……..7
SECTION I : Diagnostic de la pauvreté au Togo…………………....……………….……8
Paragraphe I - Les statistiques nationales sur la pauvreté au Togo…………….….…8
Paragraphe II - La vulnérabilité et les caractéristiques socio-démographiques
des ménages………………………………………………………………………….….….11
SECTION II : Analyse critique du cadre DSRP…….………………………..………..…13
Paragraphe I : Les limites du processus d’élaboration du DSRP……………….….…13
Paragraphe II : Les limites des mesures de réduction de la pauvreté du DSRP…... 15
CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DU MARCHE DU TRAVAIL AU TOGO…..22
SECTION I : Liens entre pauvreté et situation sur le marché du travail……………....23
Paragraphe I : Le chômage…………………………………………………………...…..23
Paragraphe II : La structure de l’emploi…………………………………………...…….26
SECTION II : Déterminants des échecs sur le marché du travail………………..…….29
Paragraphe I : Les causes économiques………………………………………..……....29
Paragraphe II : Les causes sociales………………………………………………..……32

DEUXIEME PARTIE : APPORTS DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA


REDUCTION DE LA PAUVRETE AU TOGO : LA PROMOTION DU TRAVAIL DECENT

CHAPITRE I : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA


CROISSANCE ECONOMIQUE DU TOGO…………………………………….…………39
SECTION I : L’assainissement du cadre des entreprises, un préalable nécessaire…39
Paragraphe I : La productivité des entreprises…………………………………………..40
Paragraphe II : L’émergence de l’économie nationale………………………….………43
SECTION II : La politique de l’emploi, un nécessaire aboutissement…………….…..45
Paragraphe I : Les Fondements juridiques…………………………………..………….45
Paragraphe II : Les fondements matériels………………………………………...…....48
CHAPITRE II : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL AU
DEVELOPPEMENT HUMAIN DES TOGOLAIS…………………………………….…..51
SECTION I : Incidence de la qualité de l’emploi sur la réduction de la pauvreté…….51
Paragraphe I : Les droits fondamentaux au travail…………………………….……….52
Paragraphe II : Les conditions minima de travail…………………….………………….55
SECTION II : Recommandations pour une efficiente action de l’administration du
travail sur l’effectivité du travail décent au Togo………………………….…………..….59
Paragraphe I : Recommandations à l’endroit des organes de l’administration
du travail…………………………………………………………………………………..….59
Paragraphe II : Recommandations pour une bonne collaboration entre les organes
de l’administration du travail……………………………………………………….……….63
CONCLUSION………………………………………………………………………......…..66
Annexe...……………………………………………………………………………...……..69
Bibliographie………………………………………………………………………………..71
Table des matières………………………………………………………………...……....75
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

BIT : Bureau International du Travail


CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CINU : Centre d’Information des Nations Unies
CNSS : Caisse Nationale de Sécurité Sociale
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement
DGSCN : Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
DGTLS : Direction Générale du Travail et des Lois Sociales
EBC : Enquête Budget Consommation
FMI : Fonds Monétaire International
IBW : Institution de Breton Woods
ICMT : Indicateurs Clés du Marché du Travail
JORT : Journal Officiel de la République Togolaise
OIT : Organisation Internationale du Travail
op. cit. : Opere citato (ouvrage cité)
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PED : Pays En Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites Moyennes Entreprises
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PPA : Parité du Pouvoir d’Achat
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
QUIBB : Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien être
SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
s. : Suivant
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain
V. : Voir
DEDICACE

Je dédie ce mémoire à :

- mon père DOGBEVI Kodjo et ma défunte mère AKOVI Kossiwa, pour les
principes de vie acquis ;
- mes frères, sœurs et nièces pour la chaleur familiale dont j’ai été toujours
entouré ;
- mademoiselle ABIFARIM Tawakaritou pour sa présence, son assistance et ses
conseils qui me sont d’un grand réconfort et me déterminent à aller de l’avant ;
REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail, nous exprimons nos remerciements à Monsieur GBEDZE


Kwami Emmanuel qui a accepté de tout cœur la direction de ce travail malgré ses
multiples occupations professionnelles.

Nous lui exprimons toute notre reconnaissance.

Nos remerciements vont également à :

- tout le personnel de la Direction Générale du Travail et des Lois Sociales


(DGTLS), de la Direction de la Politique Nationale de l’Emploi (DPNE) et de la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour toutes les informations mises
à notre disposition dans le cadre de cette étude ;
- madame KOURA-NAPO Awoussi, Assistante de références et responsable de la
bibliothèque du Centre d’Information des Nations Unies de Lomé (Togo), pour sa
disponibilité et sa franche collaboration lors de nos recherches au sein de sa
noble institution ;
- monsieur et madame BARKOLA Akilou pour leur soutien tant moral que
matériel ;
- tous nos professeurs pour nous avoir cédé une partie de leur connaissance ;
- mes camarades de classe pour leur solidarité agissante à mon endroit.

Nous exprimons enfin toute notre reconnaissance et notre profonde gratitude à tous
ceux qui nous ont aidé de quelque manière que ce soit dans ce travail.
AVERTISSEMENT

« L’ENA N’ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI


IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE. ELLES
DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES A LEUR AUTEUR »
INTRODUCTION

Le Togo, au lendemain de son indépendance, a connu une période de prospérité


allant de 1965 à 1977, marquée par une relative amélioration du niveau de vie des
populations. Cette période n’a été que de courte durée car elle est très vite interrompue
par la chute des cours des principaux produits d’exportation mais surtout par les
Programmes d’Ajustements Structurels (PAS) du Fonds Monétaire International (FMI)
et de la Banque mondiale des années 1980.

Ces programmes, loin de résoudre le problème de pauvreté et rétablir la


croissance dans les Pays En Développement (PED), ont entraîné des compressions
massives d’effectifs dans tous les secteurs d’activité, des fermetures d’entreprises, des
licenciements de personnel pour n’en citer que ceux là, et avec toutes les
conséquences de crises généralisées que peuvent entraîner ces mesures. A cela s’est
ajoutée la grève générale illimitée avec son cortège de déstabilisation et de destruction
des biens et édifices publics. Cette grève, cède place non seulement à la dévaluation
du franc CFA qui eut une influence non négligeable sur l’économie des pays de
l’Afrique subsaharienne en générale, celle du Togo en particulier, mais aussi à la
suspension pendant quinze (15) années par la communauté internationale, de la
coopération avec le Togo.
L’ampleur de la pauvreté au Togo, eu égard aux situations ci-dessus décrites est
très criarde. Il n’existe cependant pas une définition fixe de la pauvreté. Plusieurs
approches divisent les auteurs. Selon le dictionnaire1, la pauvreté est l’état d’une
personne qui manque de moyens matériels, d’argent. Le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD)2, pour sa part retient deux (02) approches de la
pauvreté : la pauvreté monétaire et la pauvreté humaine.

S’agissant de la pauvreté monétaire, elle peut être appréhendée sous deux


angles. L’extrême pauvreté, qui est la situation dans laquelle une personne ne dispose
pas de revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels
(habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux) d’une part, et la
pauvreté générale, qui désigne la situation dans laquelle une personne n’a pas les
revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires (exemple :
l’habillement, l’énergie et le logement) ainsi que ses besoins alimentaires d’autre part3.

En ce qui concerne la pauvreté humaine4, elle traduit une absence des capacités
humaines de base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé
maternelle, etc. Les mesures indirectes de cette pauvreté sont le non accès aux biens,
services et infrastructures (l’énergie, l’assainissement, l’éducation, la communication,
l’eau potable) qui sont nécessaires pour maintenir les capacités humaines de base.

Dans le cadre de notre étude, l’approche monétaire de la pauvreté est celle


retenue.

La pauvreté au Togo se manifeste par plusieurs déterminants. Le Salaire


Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) était, jusqu’à une période récente5, le plus
bas de la sous région mais nombreux sont les travailleurs qui perçoivent en deçà de
l’ancien SMIG (13757 FCFA). Les entreprises des secteurs privé, public et parapublic
ont connu des baisses fulgurantes de leurs chiffres d’affaires sans compter toutes celles
qui ont été liquidées. Le chômage et le sous emploi ont atteint des niveaux jamais
soupçonnés6 et un grand nombre de togolais vivent dans la précarité et le dénuement.

1
Le Nouveau Petit Robert de langue française, 2009.
2
PNUD, rapport sur la pauvreté : « Vaincre la pauvreté humaine », Encadré1.1 : Quelques définitions de base de la
pauvreté, 2000, p.20.
3
L’extrême pauvreté est encore appelée pauvreté absolue et la pauvreté générale, pauvreté relative.
4
La pauvreté humaine désigne également l’aspect multidimensionnel de la pauvreté.
5
Le SMIG qui était de 13757 FCFA est porté à 28000 FCFA dès le 1er septembre 2008 (V. Arrêté
n°009/MTSS/DGTLS du 13 Août 2008 disponible à la DGTLS).
6
Voir infra Dynamique du chômage au Togo, p.25.
Dans ce contexte alarmant de pauvreté et de crise sociale généralisée marquée
par le chômage des jeunes, la faillite des structures étatiques et privées, point n’est
besoin de continuer sans avoir préalablement assaini les structures et établi un plan de
redressement et de croissance économique, compris ici comme l’aboutissement au
bien-être général de toutes les couches de la population togolaise.

Quel peut donc être, au regard de cette situation, les apports de l’administration
du travail7 ? Et comment se présenteront ces apports ?

Au nombre des principales mesures de lutte contre la pauvreté figurent la


croissance économique (qui constitue un préalable pour toute politique de réduction de
la pauvreté), la création d’emplois, l’amélioration des moyens de subsistance ou
revenus des populations, l’octroi de couverture sociale pour tous etc.

Notre étude : « Contribution de l’administration du travail à la réduction de la


pauvreté au Togo » s’attellera à démontrer que le meilleur interlocuteur pour
l’aboutissement de ces mesures se trouve être l’administration du travail.

En effet, l’administration du travail est un système composé de plusieurs sous


systèmes interdépendants, en étroite relation les uns par rapport aux autres et avec
l’environnement. Le système d’administration du travail au Togo est composé de
services centraux : la Direction Générale du Travail et des Lois Sociales (DGTLS) et la
Direction de la Politique Nationale de l’emploi (DPNE), de services extérieurs : les
directions régionales et les inspections préfectorales du travail et des lois sociales,
d’institutions et organismes rattachés : la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS)
et l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE).

Chacune des mesures de lutte contre la pauvreté précitées, entre en ligne de


compte des attributions des sous systèmes de l’administration du travail. Les services
de l’emploi ont donc pour mission de définir et conduire la politique nationale de
l’emploi, la CNSS prend en charge la protection sociale des personnes pourvues d’un
emploi, les inspections du travail prodiguent des conseils aux partenaires sociaux sur
les meilleures manières d’appliquer la réglementation en matière du travail et contrôlent
les conditions de travail des employés. La DGTLS et la DPNE assurent la coordination
du système et ceci sous le regard du ministère en charge du travail, de l’emploi et de la
sécurité sociale.

7
Le terme « administration du travail » dans cette étude désigne le système d’administration du travail.
L’administration du travail, en marge de ses actions dans le domaine social est
très active dans le domaine économique car « de nos jours, il est impossible de
dissocier l’évolution économique de l’évolution sociale ou d’améliorer le domaine social
sans un fondement économique solide. De même, nul ne peut perdre de vue que les
programmes de développement économique doivent être exécutés dans les conditions
sociales appropriées »8. Le rôle de l’administration du travail transparaît donc
clairement du fait qu’elle se situe entre les entreprises et les travailleurs. Cette dernière
ne peut favoriser les entreprises au dépend des travailleurs, de peur d’atterrer le
« social », accentuant ainsi la pauvreté, ni sacrifier l’économie sur l’autel du social.

Les études ont de tout temps montré que tout essor ou développement socio-
économique visant à réduire la pauvreté doit nécessairement passer par une
croissance économique et un développement humain, gages d’un bien être et d’un
équilibre social durable de toute la population. Ainsi, l’administration du travail doit-elle,
eu égard aux attributions à elle dévolues par les textes en vigueur et aux défis actuels
des administrations du travail de par le monde, s’atteler à promouvoir la croissance et le
développement humain des populations. Ceci aura pour finalité, la réduction de la
pauvreté.

Cependant, force est de constater qu’ « il existe une contradiction flagrante entre
la faiblesse de l’administration du travail à travers le monde et l’ampleur des besoins qui
relèvent de son champ d’intervention…»9. De plus, la tendance générale au Togo est
que la réduction de la pauvreté passe par l’initiative Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE) avec la rédaction d’un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP). Toutes les politiques nationales convergent vers cette initiative qui, pour notre
part, comporte d’énormes insuffisances et ne traduit qu’un simulacre de réduction de la
pauvreté.

Ainsi s’attellera-t-on à démontrer dans notre étude que la vraie politique de


réduction de la pauvreté passe d’abord par les togolais eux-mêmes et que
l’administration du travail a un rôle important à jouer en ce sens car « les
administrations du travail peuvent et doivent être étroitement associées à tout effort
visant à permettre à l’Etat de mieux répondre aux besoins des travailleurs et des

8
AKUETE Tékpoh : Cours de déontologie et pratiques de l’inspection du travail, ENA Cycle III, Option :
Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009.
9
BIT, Rapport du Directeur Général, Activités de l’OIT 1998-1999, Conférence internationale du travail, 88è
Session 2000, p.21.
entreprises »10. La croissance économique et le développement humain ne peuvent
véritablement aboutir sans l’entremise de l’administration du travail. La réduction de la
pauvreté au Togo ne pourrait donc être efficace qu’avec l’implication étroite de
l’administration du travail.

Par une analyse documentaire et des entretiens avec les responsables des
différents organes du système d’administration du travail en l’occurrence la DGTLS, la
DPNE, la CNSS et l’inspection du travail, nous essayerons de montrer comment
l’administration du travail peut contribuer à réduire la pauvreté au Togo.

Il conviendra ainsi dans notre étude, de faire une vue d’ensemble sur la pauvreté
au Togo (Première partie) avant d’analyser les apports de l’administration du travail à la
réduction de cette pauvreté (Deuxième partie).

10
BIT, op. cit.
PREMIERE PARTIE :
VUE D’ENSEMBLE SUR LA PAUVRETE AU TOGO
Une vue d’ensemble sur la pauvreté au Togo suppose une étude détaillée de
toutes les couches de la population qui se traduira par des statistiques et enquêtes
appropriées. Le DSRP du Togo fournit en la matière un diagnostic de la pauvreté. Son
analyse (Chapitre I) s’avère nécessaire dans la suite de notre étude. Le diagnostic de la
pauvreté élude les seuils de pauvreté et les différentes caractéristiques socio-
démographiques des ménages, sans manquer de présenter l’incidence de la pauvreté
au Togo. Toutefois, le DSRP recèle quelques insuffisances en terme de résultats parce
que calqué sur les anciennes politiques d’ajustements structurelles appliquées par les
Institutions de Breton Woods (IBW)11 et dont l’impopularité n’est plus à démontrer.
Notre étude permettra d’appréhender les insuffisances que recèle le DSRP et
d’analyser les alternatives que pourrait offrir l’administration du travail pour une véritable
réduction de la pauvreté. Dans cette optique, l’évolution récente du marché du travail
(Chapitre II) permettra également de faire ressortir les caractéristiques et les
manifestations diverses de la pauvreté.

11
IBW désigne dans le cadre de notre étude le FMI et la Banque mondiale.
Chapitre 1 CHAPITRE I : ANALYSE DU DOCUMENT DE STRATEGIE DE
REDUCTION DE LA PAUVRETE (DSRP)
Chapitre 2
Chapitre 3 Suite au constat que l’endettement extérieur des PED est un obstacle
majeur à leur croissance et à la réduction de la pauvreté, l’initiative PPTE fut proposée
par les IBW pour résoudre ce problème. Les pays candidats doivent selon le FMI
« avoir un degré d’endettement intolérable » et « établir des antécédents positifs dans
la mise en œuvre de réformes et de bonnes politiques économiques au moyen de
programmes appuyés par le FMI et la Banque mondiale ». Tout pays reçu pour
l’initiative doit rédiger un DSRP et suivre un processus à quatre étapes12.
Chapitre 4 Le DSRP togolais comme tous les autres, fait ressortir un diagnostic de
la pauvreté (Section I) ainsi que des mesures proposées en vue d’une réduction de la
pauvreté dont l’analyse critique (Section II) permet de cerner les insuffisances de ce
document.

Encadré 1 : Le processus de l’initiative PPTE


Pour être éligible pour un allégement de dette, un Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) doit suivre un
véritable parcours du combattant qui se divise en quatre étapes :
1- La première phase : un pays doit d'abord adopter un programme triennal de réformes avalisé par le FMI
et la Banque mondiale. Pendant ce temps, il reçoit un allégement bilatéral (Club de Paris), selon les
termes de Naples (67%), et a accès aux prêts « concessionnels » du FMI, de la Banque mondiale et des
Etats créanciers.
2- Le point de décision : à la fin de la première phase, une analyse de « soutenabilité » de la dette du pays
endetté, effectuée par le FMI et la Banque mondiale, détermine le montant de l’allégement octroyé au
terme de l’initiative. Si la dette du pays est jugée « soutenable », il n'est pas éligible pour l'allégement
multilatéral. Si sa dette est toujours « insoutenable », il est élu pour la seconde phase et bénéficie d’une
aide intérimaire.
3- La seconde phase : une fois élu pour l'initiative, un pays doit se lancer dans une nouvelle phase de
réformes avalisées par le FMI et la Banque mondiale. Cette période est « flottante », c’est-à-dire qu’elle
peut être plus courte ou plus longue selon qu’un pays enregistre ou non de bonnes performances de
manière soutenue. Durant cette phase, le pays endetté peut se voir accorder une restructuration de
créances bilatérales ou un prêt de la Banque mondiale.
4- Le point d'achèvement : au point d'achèvement, le pays endetté se voit accorder l’allégement calculé
dès le point de décision. Ces allégements consistent essentiellement en remises d'intérêts et en dons
destinés à financer le service de la dette. Ils sont octroyés annuellement et étalés tout au long des
échéances, c’est-à-dire sur plusieurs décennies.

12
V. Encadré 1 : Le processus de l’initiative PPTE.
Source : Arnaud Zacharie, La stratégie DSRP-PPTE en R. D. Congo, Bruxelles - Juillet 2003.
Chapitre 5 SECTION I : Diagnostic de la pauvreté au Togo
Chapitre 6
Compte tenu de l’ancienneté des données de l’Enquête Budget Consommation
(EBC) réalisée en 1987-89, il est procédé en juillet et août 2006 à une enquête
Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien être (QUIBB) sur un échantillon de
7500 ménages. C’est sur les résultats de cette enquête que se fondent les statistiques
nationales sur la pauvreté au Togo (Paragraphe I) telles que résultant du DSRP, de
même que les aspects de la vulnérabilité et les caractéristiques socio-
démographiques des ménages (Paragraphe II).
Chapitre 7
Paragraphe I : Les statistiques nationales sur la pauvreté au Togo

Les statistiques nationales permettent de connaître les seuils de pauvreté au Togo


(A), de même que l’incidence de la pauvreté (B).

A- Seuils de pauvreté au Togo

Les seuils de pauvreté13 sont calculés pour les cinq (05) régions du Togo et pour la
capitale Lomé suivant les méthodes fondées sur les besoins alimentaires (2400 kilo
calories par équivalent adulte et par jour) et les besoins non alimentaires. Le niveau de
vie est souvent mesuré par le niveau de consommation privée et les besoins
alimentaires comme non alimentaires permettent d’appréhender respectivement la
pauvreté absolue et la pauvreté relative.

Tableau 1 : Seuils de pauvreté par Région


Lomé Maritime14 Plateaux Centrale Kara Savanes National15
Seuil de pauvreté
par équivalent
242 094 156 115 154 853 179 813 155 026 157 294 242 094
adulte et par an
en F CFA
Source: DGSCN : Seuils de Pauvreté 2006 établis à partir de l'enquête QUIBB.

Ce tableau montre des seuils variant entre 154 853 FCFA et 179 813 FCFA par
équivalent adulte et par an, pour les régions administratives, contre 242 094 FCFA à

13
V. Tableau 1 : Seuils de la pauvreté par région.
14
Région maritime à l’exception de Lomé.
15
Le seuil à Lomé est considéré comme seuil national de pauvreté.
Lomé et sa périphérie. Les disparités régionales en terme de prix expliquent les écarts
constatés au niveau des seuils de pauvreté dans les différentes régions.
Il résulte de ces chiffres qu’un adulte, au seuil de la pauvreté dans les régions
administratives, exclusion faite de Lomé pour la région maritime, consomme en
moyenne 458 FCFA par jour. Ce seuil est de 663 FCFA à Lomé. Ces seuils nationaux
de pauvreté ne sont pas loin des seuils internationaux de 1 dollar et 2 dollars par jour
(dollars aux Parités de Pouvoir d’Achat (PPA) de 1985)16. Les personnes qui vivent en
dessous de ces seuils nationaux et internationaux sont considérées « pauvres ».
Toutefois, il est à noter que les seuils tant nationaux qu’internationaux comportent des
marges d’erreur qui n’entachent pas pour autant la fiabilité des résultats.
Outre les seuils de pauvreté, l’enquête QUIBB permet d’évaluer l’incidence de la
pauvreté au Togo.

B- Incidence de la pauvreté au Togo

L’analyse de l’incidence17 de la pauvreté permet d’avoir la situation (le taux) de la


pauvreté au moment de l’enquête. Elle est estimée selon les résultats de l’enquête
QUIBB à 61,7% de la population, soit près de 3 242 257 individus répartis dans 535 486
ménages. Il s’agit d’une pauvreté généralisée18. La pauvreté est essentiellement rurale
où l'incidence est de 74,3%, représentant 79,9% des pauvres. En milieu urbain,
l’incidence de la pauvreté est de 36,8% correspondant à 20,1% des pauvres.
D’une manière générale, la région des Savanes est la plus pauvre avec une
incidence de 90,5 %, suivie des régions Centrale (77,7%), Kara (75,0%), Maritime
(69,4%), Plateaux (56,2%) et enfin Lomé (24,5%). Compte tenu de leur poids
démographique, la région Maritime et la région des Plateaux concentrent à elles seules
44,6% de la population pauvre totale.
La pauvreté monétaire est très prononcée dans les milieux ruraux, comme en
témoignent les régions des Savanes, Centrale et de la Kara avec des incidences
respectives de 92,4%, 84,0% et 80,0%. Elle est relativement modérée dans la région
des Plateaux avec une incidence de 60,2% et dans la région Maritime où 71,1% de la

16
Aux taux de change PPA, un dollar international a le même pouvoir d’achat par rapport au PNB de tel ou tel pays
qu’a le dollar des Etats-Unis par rapport au PNB des Etats-Unis ; CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper
au piège de la pauvreté, 2002, p.44. Ces taux permettent la comparaison internationale de la pauvreté et il est
largement reconnu que le seuil de 1 dollar correspond à une situation d’ « extrême pauvreté ». La référence à l’année
1985 résulte du fait que les taux de change PPA officiellement disponibles sont de 1985.
17
V. Tableau 2 : Incidence de la pauvreté monétaire par milieux de résidence selon les régions (en %).
18
La pauvreté est généralisée lorsque plus de la moitié de la population (plus de 50%) sont sous le seuil de pauvreté.
population rurale est pauvre.
Elle reste moins marquée dans les milieux urbains avec une incidence de 24.5% à
Lomé et 36.5% dans la région des plateaux. Hormis Lomé et la région des plateaux, les
autres régions n’en demeurent pas moins touchées, avec des incidences respectives
de 54.3%, 60.2%, 60.9% et 76.8% pour les régions Maritime, Centrale, de la Kara et
des Savanes.

Tableau 2 : Incidence de la pauvreté monétaire par milieux de résidence selon les


régions (en %)
Lomé Maritime Plateaux Centrale Kara Savanes
Milieu Urbain 24,5 54,3 36,5 60,2 60,9 76,8
Milieu rural - 71,1 60,2 84,0 80,0 92,4
Ensemble 24,5 69,4 6,2 77,7 75,0 90,5
Source: DGSCN, Profil de Pauvreté 2006 établi à partir de l'enquête QUIBB.

Ces chiffres fournis par l’enquête QUIBB permettent d’avoir une vue d’ensemble
sur l’incidence de la pauvreté dans les différentes régions du Togo. Aussi, ressort il du
rapport de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement
(CNUCED)19 que dans la plupart des Pays Moins Avancés (PMA), la pauvreté absolue
est une caractéristique générale de la société. De plus, l’incidence et la gravité de la
pauvreté sont particulièrement fortes dans les PMA africains. En effet, dans la seconde
moitié des années 90, 65% de la population dans les PMA africains vivaient avec moins
de 1 dollar par jour et dans la majorité de ces PMA africains, 87% de la population
vivaient avec moins de 2 dollars par jour. Le Togo faisant partie des PMA africains, les
chiffres de la CNUCED confortent dans une certaine mesure ceux de l’enquête QUIBB
estimant l’incidence de la pauvreté au Togo à 61,7% même si les proportions d’extrême
pauvreté et de pauvreté relative n’ont pas été retracées.
Le diagnostic de la pauvreté au Togo serait complet si la vulnérabilité et les
caractéristiques socio-démographiques des ménages sont appréhendées.

19
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, 2002, aperçu général-III ; disponible
au Centre d’Information des Nations Unies (CINU).
Paragraphe II : La vulnérabilité et les caractéristiques socio-démographiques
des ménages

Il conviendra ici d’analyser les liens entre la pauvreté et la vulnérabilité des


populations (A) et entre la pauvreté et les caractéristiques socio-démographiques des
ménages (B).

A- Pauvreté et vulnérabilité

Le DSRP, comme dans toute politique pertinente sur la pauvreté met en lumière le
lien entre la pauvreté et la vulnérabilité. Les perspectives individuelles ont été évaluées
en matière de risque de : « devenir pauvre », ou « de durer dans la pauvreté ». Cette
analyse fondée sur la notion de vulnérabilité est définie comme la probabilité présente,
indépendamment de la situation actuelle, de demeurer ou de devenir pauvre à l'avenir.
L’analyse de l’incidence de la pauvreté reflète la situation de la pauvreté au moment de
l’enquête et ne permet pas une vision sur l’évolution de la pauvreté à moyen et long
terme. L’analyse du lien entre la pauvreté et la vulnérabilité permet de dissocier :
- les pauvres durables : les pauvres qui présentent une probabilité supérieure à
50% de « demeurer pauvres » à l’avenir;
- les pauvres transitoires : les pauvres qui présentent une probabilité inférieure à
50% de « demeurer pauvres » à l’avenir;
- les non pauvres vulnérables : les non pauvres qui présentent une probabilité
supérieure à 50% de « basculer dans la pauvreté » à l’avenir;
- les non pauvres non vulnérables : les non pauvres qui présentent une probabilité
inférieure à 50% « de basculer dans la pauvreté » à l’avenir.
Tenant compte de cette classification, le DSRP fait ressortir au vu des résultats de
l’enquête QUIBB, le taux de vulnérabilité face à la pauvreté au Togo. La pauvreté
toucherait donc 81,8% des individus, répartis entre les pauvres durables (39,6%), les
pauvres transitoires (22,0%) et les non pauvres vulnérables (20,2%). Ainsi, si aucune
action n’est entreprise pour améliorer les conditions de vie des togolais, l’incidence de
la pauvreté pourrait atteindre 81,8%.
Toutefois, la vulnérabilité des individus est facteur de leurs catégories socio-
démographiques.
B- Pauvreté et caractéristiques socio-démographiques des ménages

Les caractéristiques socio-démographiques n’ont pas été occultées dans l’analyse


de la pauvreté aux termes du DSRP. Elles retracent les causes de la pauvreté selon la
composition des ménages, la profession exercée par le chef de ménage et aussi son
niveau d’instruction. Il en ressort que les ménages sont de plus en plus pauvres au fur
et à mesure que leur taille augmente. Plus de 90% des ménages de plus de dix (10)
personnes sont pauvres contre seulement 24,5% des ménages de trois (03) personnes.
Aussi, lorsque le chef de ménage est-il moins instruit, le ménage est susceptible d’être
pauvre. Dans les ménages où le chef n’a aucune instruction, on dénombre 63,9% de
pauvres. Par contre, l'incidence est de 44,9% pour les ménages dont le chef a achevé
le cours primaire, 20,5% pour les ménages dont le chef a achevé le cours secondaire et
seulement 8,5% pour les ménages dont le chef a effectué des études supérieures.
L’analyse de la pauvreté par catégorie socio-professionnelle a montré que, ce sont
les individus vivant dans les ménages gérés par les indépendants agriculteurs qui sont
les plus touchés par la pauvreté avec une incidence de 78,8 %, suivi des individus
vivant dans les ménages gérés par les « inactifs ou chômeurs » (avec une incidence de
pauvreté égale à 55,2%) et ensuite les autres indépendants (avec une incidence de
44,4%). Les moins touchés par la pauvreté sont les salariés des secteurs publics et
privés (avec des taux de pauvreté respectifs de 38% et 37%).
L’incidence de la pauvreté est plus élevée chez les ménages dirigés par les
hommes que chez ceux dirigés par les femmes. En effet, 51% des ménages dirigés par
les hommes sont pauvres contre 34,8% des ménages dirigés par les femmes.
Les ménages dirigés par des jeunes sont relativement moins exposés à la
pauvreté que ceux dirigés par des personnes plus âgées. L’incidence de la pauvreté est
ainsi de 27,7% chez les ménages dont le chef est âgé de 15-30 ans contre 49,8% pour
les ménages dont le chef est âgé de 31-55 ans et 56,6% pour ceux dont le chef est âgé
de plus de 55 ans. Cela s’explique par la taille du ménage. Plus la taille est faible moins
le ménage est pauvre.
Le DSRP fournit un diagnostic non moins important sur la pauvreté au Togo.
Cependant, il recèle de nombreuses insuffisances qui ressortiront de notre analyse
critique.
SECTION II : Analyse critique du cadre DSRP

L’expérience désastreuse des PAS a poussé les IBW à mettre en œuvre les
DSRP, et ceci à plusieurs égards : les DSRP se veulent être un document propre au
pays candidat, qui le rédige selon un processus participatif intégrant tous les acteurs de
la société (gouvernement, parlement, société civile). Les mesures y édictées devraient,
comme le nom du document l’indique, permettre de réduire la pauvreté. Cependant,
toute analyse faite, il ressort que tant dans le processus d’élaboration (Paragraphe I)
que dans les mesures de réduction de la pauvreté proposées (Paragraphe II), le DSRP
comporte de nombreuses limites.

Paragraphe I : Les limites du processus d’élaboration du DSRP

Le DSRP recèle des ambiguïtés dans la conception du document (A), et fait l’objet
d’un contrôle a posteriori (B).

A- Un cadre conceptuel ambigu

Les DSRP sont, d’après les discours officiels, rédigés dans un large processus
participatif intégrant tous les acteurs de la société. Pour les IBW, les PAS des années
80 avaient échoué parce que les autorités nationales ne les avaient pas considérés
comme leurs. Il faudrait donc que les DSRP recueillent un grand nombre d’acteurs à
leur cause. Cependant, « un grand nombre de travaux convergents ont démontré
l’impossibilité d’« acheter les réformes ». Dans ces conditions, continuer à miser sur
une minorité de réformateurs pour impulser les réformes, comme le faisaient les IBW à
l’époque de l’ajustement structurel, ne faisait plus de sens. Aider au contraire ces
réformateurs à faire partager leurs vues pour obtenir un soutien plus large devenait
donc une option intéressante»20. Voilà l’idée sous-jacente du processus participatif du
DSRP. Une minorité de réformateurs acquis à la cause, en l’occurrence les
gouvernements, devraient faire partager leurs vues pour obtenir un soutien plus large
de toute la société. Les gouvernements, ayant besoin de l’aide, essayeront de ménager
les IBW en respectant à la lettre leurs recommandations.

20
Marc RAFFINOT, l’appropriation des politiques de développement : de la théorie à la mise en pratique,
Université Paris Dauphine, Développement Institutions et Analyse de Long terme (DIAL), Document de travail
DIAL, mars 2009, p.7.
J. Wolfensohn alors président de la Banque Mondiale affirmait dans un discours
prononcé en 1998, qu’il fallait désormais « mettre le gouvernement dans le siège du
conducteur ». Aujourd’hui, le gouvernement est, par le biais du DSRP, dans le siège du
conducteur mais ce n’est pas lui qui conduit. Il se contente d’ « approprier » le code de
conduite imposé par les IBW.
L’appropriation des politiques de développement, autre concept du processus
DSRP, est devenue la base du nouveau consensus international. Elle s’est donc
progressivement imposée comme la clé de voûte de la nouvelle architecture de l’aide.
Cependant, il est unanimement admis qu’on ne peut s’approprier que ce qui n’est pas à
soi. Les DSRP censés être rédigés par les pays récipiendaires dans un large processus
participatif doivent paradoxalement être appropriés par ces mêmes pays. Il ressort dès
lors que si les DSRP ne sont pas rédigés par les cadres des IBW, ils sont du moins
fortement influencés par ces derniers.
Dans cette optique, la promotion de l’appropriation peut-être vue comme une
volonté de mettre en oeuvre le « Consensus de Washington » 21 de façon plus efficace,
voire de faire porter la responsabilité des échecs éventuels sur les gouvernements, en
disculpant à l’avance les IBW qui n’auraient fait que financer des politiques décidées
par les gouvernements eux-mêmes.
Outre le supposé processus participatif et l’obligation d’appropriation, les IBW
exercent un contrôle a posteriori sur le DSRP.

B- Un contrôle dissuasif a posteriori

Les acteurs du « large processus participatif » ayant accouché le DSRP ne


disposent pas pour autant d’une assez grande marge de manœuvre parce que le
document rédigé est contrôlé a posteriori par les IBW avant toute libération d’aide. Les
DSRP, censés traduire la volonté de toutes les couches de la population des pays
concernés sont « approuvés » en fin de compte par les IBW. En effet, « les DSRP
intérimaires puis les DSRP définitifs, font l’objet d’une évaluation conjointe des services
de la Banque mondiale et du FMI avant d’être approuvés par les conseils
d’administration respectifs des deux institutions comme base du programme d’aide
correspondant » 22. Le FMI et la Banque mondiale deviennent à la fois juges et parties.

21
Le Consensus de Washington est encore le nom donné aux programmes d’ajustements structurels.
22
CNUCED, Le développement économique en Afrique : De l’ajustement à la réduction de la pauvreté : qu’a-t-il de
nouveau ? Genève, 2002, p.11 ; disponible au CINU.
Ils disposent ainsi d’un double statut et apparaissent comme conseillers techniques en
tant que producteurs d’un ensemble considérable de travaux de recherche, mais aussi
comme financeurs et créanciers. Cela peut conduire à des recommandations de
politiques économiques destinées plutôt à assurer la soutenabilité de la dette que le
développement, mais aussi à distordre l’information pour que les recommandations de
politique apparaissent avisées23.
Outre les recommandations dont font l’objet les DSRP, les IBW et les bailleurs de
fond imposent nombre de conditionnalités qui dissuadent les gouvernements désireux
de bénéficier de l’aide, à se conformer strictement aux recommandations à eux faites.
Les pays récipiendaires doivent donc s’inscrire dans le cadrage prédéfini par les IBW
afin de bénéficier de l’allégement de dette promis au terme de l’initiative PPTE. Le
processus participatif tant prôné par le DSRP prend alors un coup avant même d’être
effectif. Ainsi, « même si leur rédaction est effectuée au niveau des Etats, les DSRP
restent étonnamment proches les uns des autres, et des orientations générales des
IBW »24. Il est donc clair que les DSRP sont des documents dont les orientations sont
fortement influencées par les IBW et ceci par le truchement de conditionnalités,
recommandations et contrôles a posteriori du document.
Somme toute, les pays candidats à l’initiative PPTE, contrairement aux discours
officiels saluant un processus national, libre et participatif, ne disposent pas d’assez
grande marge de manœuvre. Le processus est entaché de multiples insuffisances qui
ne sont sans incidences sur les mesures de réduction de la pauvreté proposées.

Paragraphe II : Les limites des mesures de réduction de la pauvreté du DSRP

Les mesures de réduction de la pauvreté édictées par le DSRP se fondent sur des
axes tels : le renforcement de la gouvernance, la consolidation des bases d’une
croissance forte et durable, le développement du capital humain, le développement à la
base et la réduction des déséquilibres régionaux. Notre étude s’attellera aux axes de
croissance économique et de développement du capital humain puisqu’il s’agit
d’appréhender la contribution de l’administration du travail à la réduction de la pauvreté.

23
Meier et Raffinot 2005 cité par Marc RAFFINOT, op. cit., p.17.
24
Mouelhi et Rückert 2007 cité par Marc RAFFINOT, op. cit., p.12.
Nous analyserons les mesures de croissance économique prônées par le DSRP
(A), de même que la marge octroyée à l’emploi décent (B) dans ce document, tant
l’emploi est un levier majeur pour la réduction de la pauvreté.

A- Les mesures de croissance économique formulées dans le DSRP

Les mesures de croissance économique résultant du DSRP comprennent le


renforcement des réformes structurelles (1) et d’autres mesures qui, après analyse, se
révèlent être des mesures d’excessive libéralisation de l’économie togolaise (2).

1- Le renforcement des réformes structurelles

Le « renforcement des réformes structurelles » nommément cité dans le DSRP


intérimaire (DSRP-I)25, concerne essentiellement les entreprises publiques et le secteur
financier.
S’agissant des entreprises publiques, le DSRP-I indique que : « Pour assurer plus
d’efficacité à l’économie nationale, le Gouvernement a engagé depuis le début des
années 80, dans le cadre de l’ajustement structurel, la réforme du secteur des
entreprises publiques à travers notamment la refonte du cadre juridique et institutionnel
et le désengagement de l’Etat du secteur productif au profit des opérateurs privés
nationaux et internationaux. […] Cette politique se poursuivra dans le cadre de la
présente stratégie ». Cette mesure n’est qu’une suite logique des programmes
d’ajustements structurels des années 1980 comme le précise bien le DSRP-I. Le
désengagement de l’Etat des secteurs productifs entraînera une chute des recettes
publiques, qui demeurent très cardinales dans tout Etat du monde. L’Etat sera ainsi
obligé de dépendre de l’aide des IBW avec toutes les contraintes inhérentes qui finiront
par l’engloutir dans un cercle vicieux de l’endettement.
En ce qui concerne le secteur financier, il ressort du DSRP-I que la structure du
système financier togolais représentait, au 31 décembre 2004, en terme d’actifs,
62,14% pour les banques, 27,19% pour les compagnies d'assurance et les fonds de
pension et 10,67% pour les autres institutions financières. Par ailleurs, l'actif total du
système financier représentait 51% du PIB, dont 32% pour ce qui concerne l'actif des
banques. Ceci démontre l’importance du secteur financier notamment le secteur
bancaire dans le PIB togolais.

25
DSRP-I, p.73 et s.
Aux termes des mesures édictées par le DSRP-I, il sera question de privatiser
les banques togolaises puisqu’elles sont caractérisées, aux dires du DSRP-I par « une
forte présence de l’Etat et une faible participation étrangère »26. Cette mesure de
privatisation ne sait pas fait attendre. Le 3 mars 2009, date de validation du DSRP
complet, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé un don de six
(06) milliards en faveur de la restructuration du secteur bancaire au Togo, par un Projet
Secteur Financier et Gouvernance (PSFG). Cette restructuration concerne les trois
banques à capitaux publics (la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie
(BTCI), la Banque Internationale pour l’Afrique (BIA-Togo) et l’Union Togolaise de
Banque (UTB)) mais l’Etat doit à terme se désengager de toutes les banques à capitaux
publics du Togo. Ainsi selon Guillemette Jaffrin, responsable dudit projet à la Banque
mondiale, « Il s’agit d’entreprendre une restructuration pérenne qui passe par un
désengagement de l’Etat de ce secteur » 27.
Le renforcement des réformes structurelles prôné par le DSRP ne peut être une
solution à la croissance économique du Togo car, la méthode qui consiste à poser la
croissance comme indispensable à la lutte contre la pauvreté et l’ajustement structurel
comme préalable à la croissance est mise en difficulté28. Quid de l’excessive
libéralisation de l’économie togolaise ?

2– L’excessive libéralisation de l’économie togolaise

Cette mesure est prônée aussi bien dans le secteur commercial qu’agricole.
S’agissant du secteur commercial, le DSRP-I rapporte que l'Accord de Partenariat
Economique (APE) entre l'UE et la CEDEAO représente des perspectives pour le
développement économique national29. Toute analyse faite, l’objectif des IBW à ce
niveau est l’ouverture du commerce et la suppression des barrières tarifaires. Ainsi, un
rapport de l’OMC30 a d’ailleurs fait remarquer que depuis le premier examen de sa
politique commerciale, le Togo a poursuivi sa politique commerciale libérale
caractérisée par des mesures de libéralisation généralisée des activités économiques et
commerciales, prises antérieurement. Ces mesures de libéralisation qui sont encore en

26
DSRP-I, p75.
27
Site officiel de la République togolaise : www.republicoftogo.org, 2 avril 2009.
28
Mamadou KOULIBALY (sous la direction), La pauvreté en Afrique de l’Ouest, Collège africain de socio-
économétrie, 2001, p. 136, disponible au CINU.
29
DSRP-I, p.80.
30
Rapport de l’OMC sur l’examen des politiques commerciales du Togo, mai 2006 ; disponible sur le site officiel de
l’OMC : www.wto.org.
vigueur, selon le même rapport, portent entre autres sur les suppressions du commerce
d’Etat sous monopole, des licences et autorisations d’importation, des licences
d’exportation des produits industriels locaux, céréales et autres produits vivriers et des
produits de rente, des contingentements et des prohibitions.
Si les filets de protection des produits locaux sont entièrement supprimés à l’issue
de la libéralisation, comme il apparaît dans le présent rapport de l’OMC, il est clair que
le pays entrera en concurrence avec de puissantes firmes du Nord, ce qui le rendra très
vulnérable dans la mesure où les produits de ces firmes bénéficient d’énormes
subventions. « La logique qui veut que l’accès aux marchés favorise le développement
est dans l’impasse. La libéralisation n’est pas la clé. La preuve : on a beaucoup ouvert
nos marchés, et la situation s’est aggravée»31.
En ce qui concerne le secteur agricole, la principale mesure consacrée par le
DSRP-I à ce niveau est le parachèvement de la libéralisation du secteur. En effet, les
IBW ont toujours fait la promotion des cultures d’exportation malgré que l’autosuffisance
alimentaire soit loin d’être atteint dans les PED. Ceci entraîne une dépendance des
PED de ces produits. Ainsi, comme l’a montré la récente crise économique mondiale,
toute récession au Nord aura indubitablement des répercussions sur les économies des
pays du Sud, du fait que ces pays sont essentiellement tributaires des produits
d’exportation.
La promotion des cultures d’exportation devant alimenter les industries du Nord au
détriment des produits de première nécessité, entraîne une cherté de la vie chez les
populations du Sud, ce qui accentue la pauvreté. Et comme le déclarait John Block,
secrétaire à l’Agriculture des Etats-Unis : « L’idée selon laquelle les pays en
développement doivent s’auto alimenter est un anachronisme, vestige d’une époque
révolue. Ils feraient mieux d’assurer leur sécurité alimentaire en comptant sur les
produits agricoles des Etats-Unis, qui pour la plupart du temps coûtent bien moins
cher »32.
Selon un rapport de la CNUCED, « Il est aujourd’hui nécessaire d’aller au-delà de
l’ajustement. Le désengagement de l’Etat et l’ouverture de l’économie au reste du
monde ne permettront pas d’atteindre les résultats escomptés en matière de réduction
de la pauvreté. Ce type de politique n’est pas adapté dans les pays où la pauvreté est

31
S. B. Chekitan Servansing, représentant permanent de l’île Maurice auprès de l’ONU à Genève, cité par Damien
Millet et Eric TOUSSAINT, 60 questions 60 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale (2008), p.135.
32
John Block cité par Damien Millet et Eric TOUSSAINT op. Cit., p.134.
généralisée »33. Nos précédentes analyses34 ont permis de montrer que la pauvreté est
généralisée au Togo.
Somme toute, les mesures de croissance économique formulées dans le DSRP
comportent d’énormes insuffisances. Il ressort de tout bilan objectif des programmes de
stabilisation, de libéralisation et de privatisation menés depuis 25 ans que la majeure
partie du continent africain n’est pas parvenue à la trajectoire de la croissance
escomptée35.
Il serait opportun d’analyser dans la suite de notre étude, la marge octroyée à
l’emploi décent dans le DSRP, tant l’emploi est un levier majeur pour la réduction de la
pauvreté.

B- La marge de l’emploi décent dans le DSRP

Aux termes des DSRP-I et du DSRP-C36, il ressort que l’emploi est le levier majeur
pour la réduction de la pauvreté. Cependant le DSRP-C, document final qui doit
concrétiser toutes les mesures proposées au cours du processus, n’a pas cru
nécessaire d’intégrer la question de l’emploi et de la protection sociale dans les
secteurs prioritaires37.
L’analyse de l’enveloppe globale de cadrage entre secteurs prioritaires et « autres
secteurs » montre que les investissements prévus pour 2010 et 2011 pour les secteurs
prioritaires s’élèvent respectivement à 112,75 et 141,89 milliards de francs CFA tandis
que les « autres secteurs » (dont fait partie l’emploi et la protection sociale) ne
recueillent que 4,93 et 5,13 milliards pour les mêmes périodes. Pour ce qui est des
investissements additionnels susceptibles d’être faits pour une accélération vers les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)38, on remarque là également une
marginalisation de l’emploi.
Contrairement au DSRP, lors de la récente crise financière qui a entraîné des
fermetures d’entreprises et des pertes massives d’emplois, la solution préconisée par
33
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, op.cit., p.191.
34
V. supra p.10, Incidence de la pauvreté au Togo.
35
CNUCED, rapport sur le développement de l’Afrique, 2006, cité par Damien MILLET et Eric TOUSSAINT,
op.cit, p.140.
36
Le DSRP-C est le document complet de stratégie de réduction de la pauvreté du Togo. Il est adopté par le
parlement en juin 2009.
37
V. Annexe II : Répartition de l’enveloppe globale du cadrage entre secteurs prioritaires et autres secteurs (en
milliards de F CFA).
38
V. Annexe II : Investissements additionnels pour une accélération vers les OMD (% du PIB). Les OMD sont huit
objectifs que les Etats membres de l’ONU ont convenu d’atteindre d’ici à 2015. La déclaration fut signée en 2000 et
le premier objectif est de réduire l’extrême pauvreté et la faim.
nombre de pays résidait dans des plans de relance destinés à impulser la croissance et
créer beaucoup d’emplois afin de palier au chômage des populations. Ainsi le Président
français, Nicolas SARKOZY dans son discours au lendemain de la crise financière
affirmait que : « Savoir si la relance est une affaire d'offre ou de demande, de
consommation ou d'investissement, n'a pas beaucoup d'intérêt […] La seule vraie
question est de savoir si c'est efficace et si cela a un effet sur l'emploi. C'est l'objet
même des 26 Mds€ du plan de relance»39. L’objet des vingt six milliards d’euro (26
Mds€) du plan de relance, selon Nicolas SARKOZY est donc la consolidation de
l’emploi. Cela montre la place capitale qu’occupe l’emploi dans les politiques de relance
économique et de réduction de la pauvreté. Pour ce qui est de la protection sociale, le
Président SARKOZY ajoute dans le même discours que la couverture sociale française
qui représente 31% du PIB joue un rôle crucial lorsque les difficultés surviennent grâce
aux filets de sécurité et aux stabilisateurs automatiques. Cependant telle ne semble pas
être la position du DSRP qui a marginalisé ce rôle cardinal de l’emploi et de la sécurité
sociale dans les mesures de réduction de pauvreté proposées.
L’emploi décent dont les vertus semblent être appréhendées par les acteurs du
DSRP a été, contre toute attente, relégué à un plan secondaire et avec des moyens
dérisoires. On ne saurait comprendre cette position du DSRP40. Elle peut néanmoins
trouver un sens dans le cadre des PAS dont les incidences négatives ne sont plus à
démonter. En effet, à l’issue des PAS, le constat était clair et « on peut considérer que
ce sont les mesures adoptées dans des domaines comme l’agriculture, le commerce, le
financement, les entreprises publiques, la déréglementation et la privatisation qui sont
en soit incapables de promouvoir la croissance économique et de réduire la pauvreté
dans des situations où elle est généralisée »41. Il faut par conséquent appliquer de
nouvelles politiques distinctes de celles appliquées dans le cadre des PAS pour aider
les PED à sortir du cercle vicieux de la pauvreté. C’est dans ce cadre que les DSRP ont
été mis en œuvre. Cependant, « un examen détaillé des mesures macroéconomiques
et d’ajustement structurel figurant dans les DSRP permet de constater qu’il n’y a pas de

39
Discours de Nicolas SARKOZY au lendemain de la crise financière internationale suite à la rencontre avec les
partenaires sociaux, Site officiel de la Présidence de la République française : www.elysee.fr, 18 février 2009.
40
« Si l’on examine le FMI comme si son objectif est de servir les intérêts de la communauté financière, on trouve
un sens à des actes qui, sans cela, paraîtraient contradictoires et intellectuellement incohérents » Joseph Stiglitz, la
grande désillusion, cité par Damien MILET et Eric TOUSSAINT, 60 questions 60 réponses sur la dette, le FMI et la
Banque mondiale, 2008, p.103.
41
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, op.cit., p.188.
remise en cause fondamentale des conseils formulés dans le cadre de ce que l’on
appelle le Consensus de Washington »42.
Face à ces insuffisances du DSRP, une prise de conscience est nécessaire
surtout avec la récente crise financière dont les tentatives de résorption ont nécessité,
d’un pays à l’autre de par le monde, des « Plans de relance » intégrant la valeur
« Travail » au cœur des politiques de croissance économique.
Notre étude se poursuivra dans ce sens, en se fondant sur l’évolution récente du
marché du travail au Togo afin de déceler les liens entre la pauvreté et la situation sur
le marché du travail et d’en déduire les déterminants des échecs sur ce marché.

42
CNUCED, Le développement économique en Afrique : De l’ajustement à la réduction de la pauvreté : qu’a-t-il de
nouveau ? Genève, 2002, p.6 ; disponible au CINU.
CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DU MARCHE DU TRAVAIL AU TOGO

L’étude du marché du travail, outre le diagnostic sur la pauvreté, permet d’identifier


les facteurs de la pauvreté qui agissent par l’intermédiaire du marché du travail et de
cerner les caractéristiques des catégories exposées aux risques d’échecs sur ce
marché. L’Organisation Internationale du Travail (OIT), pour une étude détaillée et
approfondie du marché du travail, a institué des Indicateurs Clés du Marché du Travail
(ICMT)43 permettant d’avoir des données réelles et fiables sur le marché du travail.
Cependant, les statistiques existantes au Togo ne permettent pas d’avoir des chiffres
exacts sur ces indicateurs. Ce chapitre fera ressortir les liens entre la pauvreté et la
situation sur le marché du travail (Section I), de même que les déterminants des échecs
sur ce marché (Section II).

Encadré 2. Indicateurs clés du marché du travail (ICMT), 5e édition


1. Taux de participation au marché du travail
2. Ratio emploi-population
3. Situation d’emploi
4. Emploi par secteur
5. Emploi à temps partiel
6. Heures de travail
7. Emploi dans l’économie informelle
8. Chômage
9. Chômage des jeunes
10. Chômage à long terme
11. Chômage par niveau d’instruction
12. Sous-emploi temporel
13. Taux d’inactivité
14. Niveau d’instruction et alphabétisation
15. Indices des salaires dans le secteur manufacturier
16. Salaires professionnels et indices de rémunération
17. Coûts de rémunération horaires
18. Productivité du travail et coûts unitaires de la main d’oeuvre
19. Élasticités de l’emploi
20. Pauvreté, pauvreté au travail et répartition des revenus
Source : OIT, 5ème édition des ICMT – Résumé analytique, 2008.

43
V. Encadré 2 : Indicateurs clés du marché du travail (ICMT), 5e édition.
SECTION I : Liens entre pauvreté et situation sur le marché du travail

Le marché du travail est le lieu où se confrontent l’offre et la demande de travail. Il


est généralement segmenté en deux : le secteur formel ou structuré et le secteur
informel auquel est souvent assimilé le secteur traditionnel agricole. Les personnes
intervenant sur le marché du travail sont qualifiées de population active44. Les liens
entre la pauvreté et la situation sur le marché du travail au Togo sont très visibles au
travers du chômage (Paragraphe I) et de la structure de l’emploi (Paragraphe II).

Paragraphe I : Le chômage

Appréhender le chômage, revient à cerner d’abord sa définition et sa typologie (A)


avant d’entrevoir sa dynamique (B).

A- Définition et typologie du chômage

Nous éluderons ici la définition (1) du chômage avant de cerner sa typologie (2)

1- Définition

En application de la définition internationale adoptée en 1982 par le Bureau


International du Travail (BIT), un chômeur est une personne en âge de travailler (et
ayant les capacités nécessaires pour en occuper) qui :
- est sans emploi durant une période de référence ;
- est disponible pour prendre un emploi ;
- recherche activement un emploi.
Les chômeurs comprennent donc toutes les personnes qui, passé un âge spécifié
au cours de la période de référence, n’étaient pourvues ni d’un emploi salarié ni d’un
emploi non salarié, étaient disponibles pour travailler dans un emploi salarié ou non
salarié durant la période de référence et avaient pris des dispositions pour chercher cet
emploi. Ces dispositions sont entre autres : l’inscription à un bureau de placement, la
candidature à un employeur, les démarches sur les lieux de travail. Cependant, un

44
La structure de la population active distingue : i- les employeurs, salariés, travailleurs indépendants, travailleurs
familiaux, membres de coopératives de production, ii- les membres des forces armées, iii- les personnes inoccupées
en quête d’emploi, iv- les travailleurs à temps partiel, KLOUVI Ayi, Cours de statistiques du travail, ENA Cycle III,
Option : Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009.
chômeur au sens du BIT n’est pas forcement inscrit à l’Agence Nationale Pour l’Emploi
(ANPE) et inversement.
N’est donc pas chômeur, toute personne sans emploi mais occupée dans un
emploi non salarié. De même, toute personne sans emploi, disponible à en occuper,
mais qui n’entreprend aucune démarche en vue d’en trouver, ne peut être considérée
comme un chômeur. Les conditions résultant de la définition du BIT sont cumulatives.
Le taux de chômage est un indicateur économique très important. Plus le taux de
chômage est élevé, mal va l’économie. Il est obtenu par la formule :

Nombre de chômeurs (au cours d’une période) x 100


Taux de chômage (TC) =
Population active (même période)

Mis à part cette définition qui nous a permis de connaître la notion de chômage,
la typologie du chômage permet de cerner les divers aspects ou manifestations du
chômage.

2- Typologie du chômage

On distingue différents types de chômage :


- Le chômage frictionnel : Il est dû à l’entrée de demandeurs d’emploi sur le
marché du travail. C’est une forme inévitable dans toutes les économies capitalistes.
Difficilement solvable, il se présente comme étant le temps de passage de la formation
à l’intégration dans l’emploi. Ce type de chômage existe au Togo. En effet, de
nouveaux diplômés sont déversés chaque année sur le marché du travail déjà saturé
du fait de la pénurie des structures d’accueil que sont les entreprises.
- Le chômage structurel : Il est relatif aux structures mises en place et se
caractérise par l’inadéquation entre les offres et les demandes d’emploi. Sa résorption
passe par la correction ou le perfectionnement du système en place. Le Togo n’est pas
épargné par ce type de chômage dans la mesure où les formations de base ne tiennent
pas souvent compte des disponibilités sur le marché du travail. Ceci entraîne une réelle
inadéquation entre les offres et les demandes de travail.
- Le chômage conjoncturel ou technique : Il est, comme son nom l’indique, lié à la
conjoncture économique du moment et rend matériellement et économiquement
impossible le fonctionnement de l’entreprise. Il peut être résorbé avec l’amélioration de
la conjoncture.
- Le chômage saisonnier : Il résulte des variations d’activités liées aux différentes
saisons. Passagère, cette forme de chômage est beaucoup plus solvable. Il a souvent
court dans les entreprises à cycle saisonnier en l’occurrence la Société Togolaise du
Coton (SOTOCO).
- le chômage déguisé ou sous-emploi : Il existe lorsque des personnes pourvues
d’un emploi ne travaillent pas à plein temps et pourraient effectuer un travail
complémentaire de celui qu’elles fournissent effectivement ou lorsque le revenu ou le
rendement de ces personnes se trouveraient augmenté si, compte tenu de leurs
aptitudes professionnelles, elles travaillaient dans de meilleures conditions de
production ou changeaient de profession. Au Togo, ce type de chômage est légion.
Dans l’impossibilité de trouver un emploi correspondant à son profil, la majorité de la
population en âge de travailler se résigne dans des sous métiers moins valorisant.
La définition et la typologie du chômage cernées, l’étude de sa dynamique
s’avère nécessaire pour une meilleure appréhension des liens entre la pauvreté et le
marché du travail.

B- Dynamique du chômage au Togo

Le chômage est l’un des principaux maux dont souffre l’économie togolaise. En
2008, le taux de chômage était de 7,9% dans la partie subsaharienne du continent
africain45. Ce taux ne reflète pas la réalité du quotidien togolais parce que, ne pouvant
se permettre d’être au chômage, la masse de population sans emploi se replie dans
des activités précaires où l’on est payé soit à l’heure, à la journée ou à la tâche, ou se
réfugie simplement dans le secteur informel. Ainsi, selon les données de l’enquête
QUIBB, le taux de chômage au Togo (sous-emploi y compris) est estimé à plus de 30%
en 2006.
Un chômeur au Togo reste à la quête de l’emploi pendant une durée moyenne de
deux (02) ans. C’est un phénomène très inquiétant parce que « le chômage de longue
durée est étroitement associé à la pauvreté et à l’exclusion sociale »46. En effet, une
personne au chômage est privée de revenu. Sa subsistance est hypothéquée et
subordonnée à une plausible découverte d’emploi. La précarité et le dénuement feront
son quotidien.

45
BIT, rapport sur le chômage dans le monde, 2008, disponible sur le site officiel de l’OIT : www.ilo.com
46
Alexandre KOLEV, Chômage, qualité de l’emploi et pauvreté, Revue internationale du travail, vol. 144 (2005),
n°1, p.90 ; disponible au CINU.
Les jeunes diplômés à la quête de leur premier emploi ont plus de difficultés que
ceux qui ont une fois travaillé. Leur situation est d’autant plus compliquée dans la
mesure où il leur est souvent demandé des expériences professionnelles alors qu’il faut
avoir travaillé au moins une fois pour en acquérir. Nombre de jeunes, découragés par la
quête infructueuse d’emploi, finissent par abandonner toute recherche et se résignent
dans une situation d’inactivité. « Le coût du chômage des jeunes pour le
développement économique et social est extrêmement élevé. Il perpétue la
transmission de la pauvreté entre les générations et est associé à une forte criminalité,
à la violence, à l’abus de drogues et à la montée de l’extrémisme politique »47.
Le taux de chômage au Togo varie d’une région à une autre et cette variation peut
s’expliquer par des différences dans la capacité de créer des emplois. Le déséquilibre
entre les zones urbaines et rurales en terme de pauvreté en est une preuve : la
pauvreté urbaine est estimée à 36,8%, tandis que la pauvreté rurale est de 74,3%.
Dans l’impossibilité des zones rurales de créer des emplois, la population de ces
zones se résout à l’agriculture, quand bien même la production est très basse et les
méthodes très traditionnelles. Le fort taux de pauvreté rurale peut donc être assimilé
pour partie au chômage déguisé dans la mesure où l’agriculture qui occupe plus d’actifs
et essentiellement rurale, détient au même moment le plus fort taux de pauvreté. Cela
veut dire que les actifs ruraux sont sous-employés dans l’agriculture.
La structure de l’emploi est un autre indicatif non des moindres, qui permet de
cerner le lien entre la pauvreté et le marché du travail.

Paragraphe II : La structure de l’emploi

Le lien entre la pauvreté et la situation sur le marché du travail peut être également
appréhendé eu égard à la structure de l’emploi. L’emploi au Togo est majoritairement
atypique (A) et informel (B). L’étude de ces types d’emplois permettra de lever le voile
sur les risques du marché du travail et de faire le lien entre ce dernier et la pauvreté.

A- Emploi atypique

La forme d’emploi considérée aujourd’hui comme normale ou typique, est un


emploi à plein temps, stable et protégé par la législation sociale. C’est un emploi à

47
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, 91e session de la Conférence Internationale du Travail, 2003,
p.26 ; disponible sur le site officiel de l’OIT : www.ilo.com
durée indéterminée. Au plan juridique, il s’agit d’un contrat à durée indéterminée (CDI),
c'est-à-dire un emploi qui dans son principe est prévu pour être de longue durée et dont
la rupture ne peut se faire qu’en suivant des règles définies par le droit du travail.
Les emplois atypiques sont des emplois qui s’éloignent du modèle normal, soit
parce qu’ils ne sont pas à plein temps, soit parce que leur durée est limitée dans le
temps. Ils sont aussi qualifiés de formes particulières d’emploi. Les principales formes
d’emplois atypiques sont les emplois temporaires et les emplois à temps partiel.
Les emplois temporaires sont en vogue au Togo. Nombre d’employeurs font
passer sur des postes permanents, des travailleurs temporaires. Un poste de
secrétariat, dont le profil est par essence celui d’un emploi permanent, peut servir à
occuper des travailleurs de façon temporaire. Un autre aspect de l’emploi temporaire au
Togo est le stage. Beaucoup de sociétés occupent des diplômés sans emplois sous ce
label, pour une assez longue durée et dans des conditions dérisoires. Le stage est
devenu une courroie d’occupation de jeunes cadres, sans couverture sociale, et
souvent de façon bénévole mais sur une longue période.
Les emplois à temps partiel sont pour leur part, des emplois dont la durée
hebdomadaire est inférieure à la durée légale de référence (exemple d’un travail de 10
heures par semaine alors que la durée de référence est de 40 heures). Ces emplois ne
permettent pas à leurs occupants de subvenir à leurs besoins et faire face aux diverses
charges du ménage.
Les emplois atypiques au Togo, sont caractérisés par leur excessive précarité et la
permanente vulnérabilité dans laquelle se retrouvent les travailleurs. Seules la fonction
publique et une petite partie du secteur formel offrent des emplois permanents.
La structure de l’emploi au Togo présente une autre caractéristique qu’est
l’informalité.

B- Emploi informel

L’emploi informel constitue le problème majeur du marché du travail des PED,


celui du Togo en particulier. Les tendances actuelles ne sont pas encourageantes.
Dans la plupart des PED, les jeunes n’ont de choix qu’entre un travail informel et le
chômage. Le travail informel désigne les activités de petite taille, essentiellement
destinées à procurer des revenus de subsistance aux travailleurs et se déroulant en
marge du marché officiel.
Selon la Résolution adoptée à la 15e session de la Conférence Internationale des
Statisticiens du Travail (CIST) en janvier 1994, la main-d’oeuvre du secteur informel se
répartit en trois catégories :
- les propriétaires ou exploitants de micro-entreprises qui occupent quelques
salariés avec ou sans apprentis ;
- les personnes travaillant à leur propre compte, à savoir les travailleurs
indépendants proprement dit, les marchands et les petits paysans ;
- les salariés occasionnels ou à plein temps comprenant les travailleurs non
rémunérés, les travailleurs à domicile et les domestiques.
Au Togo, toutes ces catégories se retrouvent dans le secteur informel48. La
majorité des actifs du secteur informel sont des opérateurs travaillant pour leur propre
compte. Ces derniers sont estimés à 68,6% dont 3,5% de propriétaires ou exploitants
de micro entreprises communément appelés « patrons ». La main d’œuvre non
salariale est estimée à 19,5% des actifs, au nombre desquels on note 10,9%
d’apprentis non payés et 8,6% d’aides familiaux. Les actifs salariés du secteur informel
représentent 7,4%.

Tableau 3 : Répartition des actifs du secteur informel suivant leur statut socio-
professionnel et les variables socio-démographiques
Catégorie Répartition Femme Jeunes de Age Nombre Ancienneté
Socio par statut (%) moins moyen d’années (années)
professionnelle (%) 26 ans (années) d’études
Patron 3,5 39,7 4,4 40,7 7,3 6,3
Travailleur à propre 65,1 66,3 20,2 34,9 4,9 5,2
compte
Salarié 7,4 42,8 47,4 25,9 5,6 2,1
Apprenti payé 2,4 23,4 92,0 20,7 4,7 1,9
Apprenti non payé 10,9 43,0 89,2 20,3 4,5 1,2
Aide familiale 8,6 75,7 80,5 21,8 3,5 2,5
Associé 2,2 12,6 31,2 33,4 7,5 5,4
Total 100 59,6 36,3 31,4 4,9 4,3
Source : DGSCN, 2008.

48
V. Tableau 3: Répartition des actifs du secteur informel suivant leur statut socio-professionnel et les variables
socio-démographique.
La main d’œuvre informelle est diversement repartie d’après les chiffres de la
DGSCN. On note, une forte concentration dans le commerce qui représente 48,5%,
28,5% pour les services et 23% pour l’industrie.
Le secteur informel est aussi caractérisé par son hétérogénéité. On y remarque de
véritables entreprises viables exerçant en marge de la réglementation nationale à côté
de micro-entreprises sans local professionnel exerçant soit à domicile, soit à un poste à
attache fixe ou mobile sur le marché ou sur la voie publique. Une autre catégorie est
constituée de travailleurs ambulants et à domicile.
Ce secteur est marqué par des conditions de travail très précaires avec à la fois
des travailleurs très pauvres au bas de l’échelle et des défaillances multiples en matière
de permanence du revenu, de santé et sécurité au travail, de perspective de carrière et
de protection sociale.
Au vu de tout ce qui précède, il est clair que des liens étroits existent entre la
pauvreté et le marché du travail. Il conviendra donc d’entrevoir les déterminants des
échecs sur le marché du travail afin d’appréhender tous les aspects de la vulnérabilité
sur ce marché, de même que les catégories vulnérables pour une meilleure action en
leur faveur.

SECTION II : Déterminants des échecs sur le marché du travail

Les causes des échecs sur le marché du travail doivent être recherchés tant sur le
plan économique (Paragraphe I) que sur le plan social (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les causes économiques

Le marché du travail est caractérisé par l’offre et la demande de travail. L’offre


d’emploi, acte par lequel un employeur exprime la disponibilité d’un ou plusieurs postes
d’emplois dans une entreprise est très fondamentale pour l’équilibre du marché.
Cependant, la faiblesse des entreprises (A) au Togo ne permet pas de réaliser cet
équilibre. Aussi, la progression du secteur informel (B) est un crucial aspect de l’échec
sur le marché du travail.
A- La faiblesse des entreprises

Le tissu économique togolais est caractérisé par des entreprises de petite taille, de
faible productivité et ayant des difficultés à créer des emplois.
La structure internationale des entreprises distingue selon la taille :
- les petites entreprises : 10 à 49 travailleurs ;
- les moyennes entreprises : 50 à 499 travailleurs ;
- les grandes entreprises : 500 et plus.

Au Togo, les grandes entreprises sont très rares. Le tissu économique est
constitué fondamentalement de Petites et Moyennes Entreprises (PME). Aussi, la
création de nouvelles entreprises rencontre d’énormes difficultés du fait de l’hostilité de
l’environnement économique comme le démontrent les statistiques de ‘’Doing
Business’’ 49 sur les affaires dans le monde.

Tableau 4 : Statistiques sur la réglementation des affaires au Togo

Facilité de : Classement Classement


Doing business 2009 Doing business 2010
Création d’entreprise 170 181

Embauche des travailleurs 159 148

Protection des investisseurs 147 143

Fermeture d’entreprise 97 97

Source : Banque mondiale, ‘’Doing business’’ 2009 et 2010. Classement effectué sur 183 économies.

Le tableau 4 retrace les classements 2009 et 2010 de Doing business. Ces


classements se fondent sur les chiffres des années ayant précédé l’année de parution
du rapport. Ainsi le rapport de 2009 se fonde sur les chiffres de 2008 et celui de 2010
sur les chiffres de 2009. Ces chiffres décrivent la position des entreprises togolaises par
rapport aux cent quatre vingt trois (183) autres économies du monde. Le bilan est très
négatif.
Les entreprises du Togo sont également caractérisées par une faible productivité
résultant de la longue dégradation du tissu économique suite aux diverses crises socio-
politiques qu’a connu le pays. La croissance économique ayant pour corollaire la

49
‘’Doing business’’ est un rapport de la Banque mondiale qui fourni chaque année des statistiques sur les affaires
dans le monde en retenant un classement par mérite de tous les pays. V. Tableau 4.
productivité des entreprises, les raisons de la chute de l’économie peuvent être
recherchées dans la faible productivité des entreprises.
L’emploi étant une valeur cardinale du marché du travail. Une entreprise à faible
productivité aura grande difficulté à créer des emplois. La difficulté des entreprises
togolaises à créer des emplois est un des aspects des échecs sur le marché du travail.
Ceci entraîne un nombre sans cesse croissant de chômeurs qui, dans l’impossibilité de
trouver un emploi dans le secteur formel, se confinent dans l’économie informelle d’où
la constante progression de cette dernière.

B- La progression de l’économie informelle

Lorsque le chômage, le sous-emploi et la pauvreté sont très répandus et que


l’économie formelle n’offre guère de possibilités, l’économie informelle est l’unique
source de travail. La majorité de la population des PED vit et travaille en marge du
marché formel, c'est-à-dire dans l’économie informelle. Ce sont près des deux tiers de
la population mondiale, soit quatre milliards de personnes, qui vivent en dehors des
systèmes juridiques officiels, principalement dans les PED où la pauvreté sévit le plus50.
Dans les huit (08) pays de l’UEMOA, le secteur informel représenterait en fonction des
définitions nationales entre le quart et la moitié du PIB51.
En Afrique francophone, notamment au Togo, les femmes font partie des couches
sociales les plus défavorisées. Ceci se traduit par une féminisation accrue de la
pauvreté, aggravée par certaines discriminations en matière d’accès à l’emploi et à
l’éducation. L’issue de sortie est bien le secteur informel. Les femmes s’y investissent le
plus massivement, davantage par manque d’alternative que par choix délibéré. Elles
ont ainsi contribué à la croissance rapide de ce secteur, notamment par des activités
qui se développent dans des marchés et coins de rue et se manifestent par des
achalandages de fortune constituées de divers produits : alimentaires (boîtes de
conserve, fruits, légumes), pharmaceutiques, vestimentaires etc. Elles sont aussi
présentes dans la restauration, les travaux domestiques, les activités artisanales
(confection, teinture, vannerie). Les revenus générés par ces activités des femmes
complètent généralement ceux des maris pour la satisfaction des besoins familiaux,
mais nombreux sont les ménages gérés uniquement par des femmes au Togo.

50
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.16.
51
Soulèye KANTE, Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : Vers la promotion du travail
décent. Document de travail du BIT, 2001, p.11.
Un autre aspect de l’informalité au Togo est l’activité de taxi moto communément
appelée « Zémidjan », qui occupe une grande couche de la tranche masculine. Selon
l’Union Syndicale des Conducteurs de Taxi-moto (USYNTACT), les Zémidjan sont en
2008, plus de 45.000 dans les rues de Lomé et plus de 150.000 au Togo soit environ
quatre (04) fois le nombre total52 des fonctionnaires togolais à la date du 18 août 2009.
En effet les jeunes chômeurs en quête effrénée d’emploi se résolvent à ce travail.
Les adultes retraités qui gèrent difficilement leur quotidien soit parce que la pension
reçue est insuffisante, soit parce qu’elle est inexistante, recourent également au
« Zémidjan ». Les jeunes fonctionnaires et autres employés du secteur formel dont les
revenus sont insuffisants, n’en sont pas du reste. Ces derniers renouent avec le
« Zémidjan » chaque soir à la fin de l’activité formelle.
Mis à part les « Zémidjan », une bonne tranche de la population se retrouve dans
les métiers artisanaux tels que : la coiffure, la plomberie, la maçonnerie, la peinture,
l’électricité, l’orfèvrerie, la tapisserie, la menuiserie, le jardinage, la poterie, la
blanchisserie, la teinturerie, etc.53
Les causes sociales, comme les causes économiques, entraînent des échecs sur
le marché du travail.

Paragraphe II : Les causes sociales

Les causes sociales mettent en lumière la vulnérabilité dont sont victimes les
travailleurs sur le marché du travail. Les aspects de cette vulnérabilité (A) ainsi que les
groupes vulnérables (B) permettront de formuler des solutions idoines pour la résorption
de la pauvreté.

A- Les aspects de la vulnérabilité

Les échecs sur le marché du travail se traduisent sur le plan social par de
mauvaises conditions de travail : non respect de la réglementation en matière de
sécurité et santé au travail, bas salaires, non respect des droits fondamentaux au
travail, absence de protection sociale etc.

52
V. Annexe II : Effectif des agents de l’Etat au 18 août 2009.
53
V. Annexe II : Classification des métiers artisanaux togolais : Décret n°84-46 du 8 février 1984 portant
réglementation de l’exercice de l’artisanat au Togo. JORT n °8 du 16 mars 1984, p.185.
S’agissant des mauvaises conditions de travail, le non respect de la
réglementation en matière de sécurité et santé au travail a des effets désastreux sur la
qualité de vie des travailleurs et de leurs familles. Au Togo, la plupart des travailleurs
exercent leur activité dans des conditions malsaines et dangereuses où les risques
d’accidents et de maladies sont très fréquents. Les problèmes les plus fréquemment
rencontrés dans les entreprises sont les suivants : mauvais éclairage, mauvaise
ventilation, désordre et saleté, place insuffisante, équipement de protection inexistant,
substances ou poussières dangereuses, longue durée du travail, etc. Les répercussions
sur la santé sont souvent les troubles de l’appareil locomoteur et les douleurs
lombaires, les allergies et les autres troubles respiratoires, la fatigue, l’épuisement et le
stress. Les cas de blessures causées par des outils sont aussi fréquents. Les
exigences de rendement, la mauvaise organisation du travail, l’insuffisance de
l’outillage et du matériel de levage et de transport sont parmi les principales causes des
problèmes de santé. Les conditions d’exécution du travail sont souvent dures :
mouvements répétitifs, positions pénibles, port de lourdes charges. Tout ceci épuise les
ouvriers et les expose aux accidents. Préjudiciables à la santé, les mauvaises
conditions de travail réduisent aussi la productivité, ce qui se répercute sur le revenu
des travailleurs.
Le Togo est l’un des pays de l’Afrique de l’Ouest où les salaires des travailleurs
sont dérisoires. Ce constat général de la réduction des travailleurs togolais à une
portion congrue de salaire, a suscité chez les autorités publiques une augmentation des
salaires minima54 qui jusque là étaient de 13757 FCFA. Malgré cette augmentation,
force est de constater que les travailleurs perçoivent toujours en deçà de l’ancien SMIG
(moins de 13757 FCFA). L’insuffisance du salaire engendre une précarité chez nombre
de travailleurs togolais. Ceci entraîne leur plus grande vulnérabilité face aux diverses
charges de la vie quotidienne. Il est cependant remarquable que l’emploi informel soit
significativement associé aux bas salaires. Le niveau élevé du chômage exerce
également un effet modérateur sur les salaires.
Un autre aspect de la vulnérabilité des travailleurs est l’absence d’effet
d’ancienneté. La stabilité de l’emploi étant perçu par l’ancienneté du travailleur, cette
dernière peut être considérée comme une bonne chose du fait de son association avec
le revenu et la satisfaction au travail. Au Togo, en dépit de la réglementation en vigueur,

54
Arrêté n °009/MTSS/DGTLS du 13 Août 2008 fixant le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) et le
Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG) à 161,54F/heure soit 28000FCFA/mois ; disponible à la DGTLS.
l’augmentation du revenu ne suit pas toujours l’ancienneté. Une longue ancienneté peut
donc refléter la rareté des possibilités de changement d’emploi plutôt qu’une grande
satisfaction dans l’emploi actuel.
L’absence de protection sociale est une importante cause de vulnérabilité des
travailleurs au Togo. Un grand nombre d’entreprises togolaises ne s’acquitte pas des
versements aux termes des cotisations sociales. L’évasion sociale en est la règle et elle
a souvent cours dans le secteur formel. Le secteur informel n’en est pas du reste.
Seules 8834 entreprises sont immatriculées à la CNSS55 en 2008 avec un effectif total
de 68063 salariés. La majorité des travailleurs togolais sont donc privés des filets de
protection offerts par la CNSS même si ces derniers semblent être très poreux56.
L’analyse des aspects de la vulnérabilité chez les travailleurs montre le degré de
fragilité du marché du travail togolais et le fort risque d’être enfermé dans un cercle
vicieux de pauvreté. Les groupes vulnérables ne doivent donc être occultés dans notre
analyse.

B- Les groupes vulnérables

Les groupes vulnérables sur le marché du travail togolais sont les jeunes, les
femmes et les enfants, les personnes handicapées.
Dans la plupart des PED, les jeunes (15-25ans) ont le choix entre un travail
informel et le chômage. Ceux qui recherchent activement un emploi ont deux à trois fois
moins de chances d’y parvenir que leurs aînés. Au Togo, le cas est plus accentué du
fait de la dégradation des acquis économiques au lendemain des diverses crises socio-
politiques qu’a connu le pays. Les jeunes sont donc à la traîne, surtout ceux en quête
de leur premier emploi. Et comme l’a bien noté le Directeur Général du BIT : « Le coût
du chômage des jeunes pour le développement économique et social est extrêmement
élevé. Il perpétue la transmission de la pauvreté entre les générations et il est associé à
une forte criminalité, à la violence, à l’abus de drogues et à la montée de l’extrémisme
politique » 57. La criminalité est en légère croissance au Togo. N’eût été la venue des
« Zémidjan » le phénomène se serait très vite amplifié.

55
V. Tableau 6 infra p.57.
56
Les taux des diverses prestations fournies par la CNSS sont très dérisoires et datent de 1973 (Ordonnance n
°39/73 du 12 novembre 1973 instituant un Code de sécurité sociale, JORT n °31 du 16 décembre 1973, p.579).
57
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.26.
Les jeunes femmes ont encore plus de peine à trouver du travail que les jeunes
hommes. Leur situation est plus précaire que celle des hommes, notamment en termes
de revenus et de protection sociale. Les deux tiers environ de la main-d’oeuvre féminine
du monde en développement travaillent (en dehors de l’agriculture) dans l’économie
informelle ; le chiffre atteignant 84% en Afrique subsaharienne58. La plupart de ces
femmes sont à leur compte et exercent leur activité à domicile ou dans la rue, où elles
se retrouvent dans les formes de travail informel généralement les moins sûres et les
moins rémunérées. Ceci entraîne une féminisation accrue de la pauvreté. La situation
est plus grave chez les femmes chefs de ménage dont les maris n’ont aucun revenu et
dont les enfants sont à leur charge. Ceci aggrave la pauvreté dans le ménage et le
principal corollaire est le travail des enfants, dû au fait que la plupart des chefs de
ménage ne sont pas en mesure d’assurer les besoins de leur famille. Les enfants se
retrouvent en grande majorité dans le secteur informel et dans des branches d’activité
comme le textile, l’agro-industrie, l’artisanat qui utilisent beaucoup de main-d’oeuvre
enfantine sous qualifiée. Ils sont également présents dans des marchés où ils sont
porteurs de différentes charges, laveurs de voitures, cireurs de chaussures, vendeurs
ambulants, etc. Les travaux qu’ils effectuent sont trop pénibles pour leur âge, les
horaires très contraignants et les rémunérations faibles et irrégulières. Ils ne bénéficient
d’aucune protection sociale et sont exposés à toutes sortes de risques. Les différentes
réglementations qui interdisent le travail des enfants ne sont pas toujours respectées
puisque les employeurs fautifs ne sont souvent pas inquiétés. Les enfants sont donc
laissés à leur compte et sont de ce fait très vulnérables sur le marché du travail.
Les personnes handicapées sont aussi marginalisées sur le marché du travail et la
plupart sont réduites à la mendicité. Elles n’ont aucune perspective viable d’insertion
professionnelle à cause de l’implacable discrimination nourrie à leur encontre en dépit
des dispositions de la convention n°111 de l’OIT59 relative à la discrimination en matière
d’emploi et de profession. Ces personnes handicapées ont d’énormes difficultés à
satisfaire leurs besoins de base. Ils mènent une vie précaire et dépendent pour la
majeure partie du temps, des aides des Organisations Non Gouvernementales (ONG)
et des oeuvres de bienfaisance. Quelques unes parmi elles ont pu s’insérer dans le
secteur informel notamment dans les activités artisanales (tricotage, vannerie etc.), ce
qui leur permet d’avoir une ponction pour leur subsistance.

58
BIT, op.cit., p.27.
59
Les conventions de l’OIT sont disponibles sur le site officiel de l’OIT : www.ilo.com.
Les caractéristiques socio démographiques du ménage influent également sur la
situation des personnes. Ainsi, la présence d’enfants dans le ménage augmente
sensiblement le risque de pauvreté des travailleurs, tant le faible niveau des allocations
familiales ne permet pas de subvenir aux besoins des enfants ; encore faut il que ces
travailleurs aient été préalablement déclarés à la CNSS. Aussi, la présence d’adultes
inactifs et de chômeurs dans le ménage, a-t-elle des effets significatifs sur le risque de
pauvreté des personnes pourvues d’un emploi dans le ménage. La composition du
ménage et la situation de leurs membres sur le marché du travail sont des déterminants
importants de la pauvreté des individus, quelle que soit leur propre situation
professionnelle60.

La vue d’ensemble sur la pauvreté au Togo a permis de cerner la situation de la


pauvreté en terme de chiffres et d’analyser les aspects de la vulnérabilité sur le marché
du travail, de même que les groupes vulnérables. Il convient alors d’entrevoir les
apports de l’administration du travail à la réduction de la pauvreté au Togo.

60
Alexandre KOLEV, Chômage, Qualité de l’emploi et pauvreté : le cas de la Bulgarie, RIT, Vol. 144 (2005), n°1,
p.106 ; disponible au CINU.
DEUXIEME PARTIE :
APPORTS DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA REDUCTION DE
LA PAUVRETE AU TOGO : LA PROMOTION DU TRAVAIL DECENT
« Il ne fait aucun doute que c’est précisément le monde du travail qui détient la clé
d’une limitation véritable, progressive et durable de la pauvreté. C’est par le travail que
chacun peut élargir sa gamme de choix et accéder à une vie meilleure. C’est le travail
qui crée la richesse, rend possible sa diffusion et son accumulation. Le travail est le
moyen de sortir dignement de la pauvreté […] Les objectifs de développement pour le
millénaire ne sauraient être atteints si la "communauté du travail" n’est pas associée à
la formulation et à la mise en oeuvre des politiques »61.
Il est donc d’avis général que le travail est la meilleure et vraie issue pour réduire
la pauvreté. Le travail est la principale source de revenu de la grande majorité de
populations de par le monde. Agir sur le travail notamment le marché du travail et ses
différents acteurs, aura un effet retentissant sur les autres variables du "labyrinthe"
pauvreté. Les causes économiques et les causes sociales des échecs sur le marché du
travail togolais telles qu’analysées dans la présente étude62 trouveront des solutions
dans nos prochains développements, solutions qui permettront de réduire la pauvreté,
tant il est acquis que le travail est le principal moyen pour sortir dignement de la
pauvreté.
D’après les analyses statistiques résultant d’une abondante doctrine63, il existe un
lien étroit entre le travail décent et la croissance économique d’une part, et entre le
travail décent et le développement humain d’autre part. la poursuite de l’objectif du
travail décent peut contribuer à la fois à la croissance économique et au développement
humain. Cependant il ne saurait y avoir d’emplois décents que s’il existe préalablement
d’emplois. De même, l’économie ne saurait créer d’emplois que si elle est en
croissance ou si elle a une bonne assise.
La nécessité d’une croissance économique (Chapitre I) et d’un développement
humain (Chapitre II) se trouve donc au cœur du paradigme du travail décent devant
contribuer à la réduction de la pauvreté.

61
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.5.
62
V. supra p.29 et s.
63
Iftikhar AHMED, Travail décent et développement humain, Revue International du Travail (RIT), Vol. 142
(2003), n°2, p. 287 ; Gary S. FIELDS, Travail décent et stratégie de développement, RIT, Vol. 142 (2003), n°2,
p.277 et s.
Chapitre 8 CHAPITRE I : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA
Chapitre 9 CROISSANCE ECONOMIQUE DU TOGO

Dans les situations de pauvreté généralisée, une croissance économique soutenue


contribue normalement beaucoup à réduire la pauvreté, en particulier l’extrême
pauvreté64. Ce chapitre permettra de mettre en évidence les facteurs sur lesquels
l’administration du travail doit influer pour impulser une croissance soutenue et durable
au Togo. Et, comme l’a d’ailleurs fait remarquer une partie de la doctrine65, l’orthodoxie
macroéconomique, qui vante les vertus de la rigueur budgétaire et une inflation basse
pour favoriser la croissance économique et réduire la pauvreté, est quelque peu
exagérée. Il faut donc rechercher d’autres solutions crédibles qui amènent à insister sur
la nécessité d’intégrer l’emploi dans la gestion macroéconomique, et d’établir un nouvel
équilibre entre les objectifs et priorités des décideurs. La démarche de l’administration
du travail s’inscrira dans cette logique en intégrant l’emploi au centre de la politique de
croissance économique car selon le BIT, l’emploi et la promotion de l’entreprise qui le
crée, demeure la voie la plus efficace pour éliminer la pauvreté. On ne saurait donc
créer d’emploi sans entreprises viables et économiquement solides. L’assainissement
du cadre des entreprises se révèle donc comme un préalable nécessaire (Section I) et
la politique de l’emploi, un nécessaire aboutissement (Section II).

SECTION I : L’assainissement du cadre des entreprises, un préalable


nécessaire

L’assainissement du cadre des entreprises passe par une action de l’inspection du


travail, maillon essentiel de l’administration du travail dans ce domaine. L’inspection du
travail, de par les attributions à elle confiées par les dispositions en vigueur, doit
conseiller les employeurs et procéder à divers contrôles qui auront des effets non
négligeables sur la productivité des entreprises (Paragraphe I) mais aussi sur
l’émergence de l’économie nationale (Paragraphe II).

64
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, 2002, p.79 et 193, disponible au CINU
65
Iyanatul ISLAM, A l’encontre du conservatisme économique : Un projet pour la croissance, l’emploi et la
réduction de la pauvreté. Revue Internationale du Travail, Vol.144 (2005), n °1, disponible au CINU.
Paragraphe I : La productivité des entreprises

La productivité du travail est l’ensemble des facteurs liés au travail et qui


contribuent à l’accroissement du rendement de l’entreprise. La productivité du travail est
différente de la productivité globale des facteurs, qui englobe des aspects autres que le
travail proprement dit, tels que la qualité de la gestion, le progrès technique, le mode de
gouvernance etc. L’analyse de l’incidence des actions de l’inspection du travail sur la
productivité des entreprises prendra en compte aussi bien le secteur privé structuré (A)
que le secteur informel (B).

A- Le secteur privé structuré

L’action de l’inspection du travail ici, s’appesantira fondamentalement sur le


respect de la réglementation en matière de sécurité et santé au travail. Le défaut
d’application de cette réglementation par les entreprises entraîne pour ces dernières
beaucoup de désagréments qui ne sont pas sans incidence sur la productivité. Il en est
ainsi des accidents du travail et des maladies professionnelles qui sapent tout le
potentiel de l’entreprise lorsqu’ils surviennent et induisent d’énormes coûts pour la
remise en l’état des lieux et la prise en charge des victimes. Selon les estimations du
BIT66, les accidents et les maladies liés au travail font chaque année plus de deux (2)
millions de morts dans le monde ; le taux de mortalité chez les travailleurs est dans bien
des pays en développement cinq ou six fois plus élevé que dans les pays développés ;
on enregistre annuellement plus de 160 millions de cas de maladie imputables au
travail. Ces situations entraînent des pertes de journées de travail, des interruptions de
la production, des recyclages de personnels, des recrutements et formation d’employés
intérimaires, des dépenses médicales etc.
Les coûts des accidents et maladies liés au travail d’après le rapport du BIT
précité, représentent 1 à 6% du PIB de chaque pays et selon Sammy T. Nyambari67,
dans son article : « Inspection du travail en Afrique : vers la promotion des droits du
travail », ces coûts représentent plus de 4% du PIB de tous les pays du monde

66
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.62.
67
V. BIT, Les grands défis mondiaux de l’inspection du travail, 2005, p. 29 ; Sammy T. Nyambari est directeur
exécutif du centre régional africain de l’administration du travail sis à Harare en Ouganda.
confondus. Les conséquences économiques de cette situation sur la compétitivité et la
productivité des entreprises sont très désastreuses68.

Tableau 5 : Répartition du nombre des victimes d’Accidents de Travail (AT) et Maladies


Professionnelles (MP) selon la gravité

Nombre /Gravité Accidents avec Accidents Journées de


AT / MP arrêts de travail mortels travail perdues
Année
2003 1167 707 10 5568
2004 1033 295 10 5387
2005 1147 274 5 5568
2006 1183 309 5 11032
2007 1167 285 6 11052
2008 1303 295 6 5492
Source : Service statistique de la CNSS.

Le tableau 5 illustre les répercussions des AT et MP sur la productivité des


entreprises notamment en ce qui concerne les arrêts de travail et les nombreuses
journées de travail perdues sans oublier les cas mortels, très lourdes de conséquences.
L’intervention de l’inspection du travail est donc nécessaire voire vitale pour les
entreprises. Elle fournira des conseils sur la meilleure manière d’appliquer les
dispositions législatives et réglementaires en matière de sécurité et santé au travail. A
la constatation d’une infraction, l’inspecteur du travail devra proposer des solutions
positives pour remédier à la défectuosité, exposer le but de la disposition à laquelle il a
été contrevenue, les raisons des mesures qui en résultent sur le plan de
l’accroissement de la productivité69.
Cette action de l’inspection du travail est corrélée par celle du médecin inspecteur
du travail qui dispose de compétences appropriées pour déceler et éviter toute
altération de la santé des salariés, du fait de leur travail, notamment en surveillant leur

68
V. Tableau 4 : Répartition des victimes d’Accidents de Travail (AT) et Maladies Professionnelles (MP) selon la
gravité.
69
AKUETE Tékpoh : Cours de déontologie et pratiques de l’inspection du travail, ENA Cycle III, Option :
Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009.
.
état de santé, les conditions d’hygiène du travail et les risques de contagion que
peuvent occasionner les activités qu’ils exercent.
Ces actions de l’inspection du travail ont des incidences indéniables sur la
productivité des entreprises. Toutefois, l’intervention de l’inspection du travail dans le
secteur informel est plus complexe.

B- Le secteur informel

Au Togo, comme dans nombre de pays en développement, c’est surtout dans le


secteur informel que l’on assiste à des violations flagrantes des droits essentiels des
travailleurs. Ceci n’est plus un secret pour personne, le secteur informel évolue en
marge de la législation en vigueur au vu et au su des autorités compétentes. Les
risques inhérents au travail dans l’informel sont plus accentués et très fréquents. Le non
respect de la législation en matière de sécurité et santé au travail a de graves
incidences sur la santé et l’intégrité physique des travailleurs et par voie de
conséquence, sur la productivité des entreprises. La quasi absence de dispositifs de
sécurité, la vétusté des équipements de production et leur dangerosité sont autant de
facteurs génératrices de graves risques pour les travailleurs, notamment dans les
activités telles que la soudure, la menuiserie métallique, la mécanique auto, la fonderie,
les Bâtiments et Travaux Publics (BTP) etc.
L’action de l’inspection du travail dans le secteur informel se heurte à beaucoup de
difficultés tenant à l’hétérogénéité des activités, à l’identification des entreprises très
souvent sans local professionnel et exerçant à domicile, à l’impossibilité d’accès aux
travailleurs domestiques (gens de maison).
Le secteur agricole étant souvent assimilé au secteur informel, la convention
n°129 de l’OIT sur l’inspection du travail dans l’agriculture légalise la nécessité pour
l’inspection du travail d’accéder à ce secteur. Au Togo comme dans la majeure partie
des PED, le secteur agricole est le siège de la précarité et de multiples risques
inhérents au travail. Il est donc impérieux que l’inspection du travail togolaise prenne en
compte ce secteur qui, d’après les statistiques de la DGSCN, occupe plus de 60% de la
population active et réalise en moyenne 30% du PIB togolais ; la croissance
économique du pays en dépend.
Le grand défit de l’inspection du travail sera donc d’investiguer et de démasquer
les espaces où ne prévaut pas le travail décent, et cela, dans tous les interstices de la
société70. L’objectif principal des Etats face à l’informel étant une conduite progressive
vers la formalisation, l’inspection du travail doit à ce niveau faire preuve de tact et de
professionnalisme, tout en mettant l’accent sur la prévention des risques, la
sensibilisation et les conseils.
La promotion par l’administration du travail, de la sécurité et santé au sein des
entreprises induit aussi des signaux positifs sur l’économique nationale.

Paragraphe II : L’émergence de l’économie nationale

Le respect de la réglementation en matière de sécurité et santé au travail permet


d’éviter d’énormes pertes financières pour l’Etat (A) et d’améliorer la consommation
privée par habitant (B), induisant ainsi la croissance économique du pays.

A- L’éviction des pertes financières pour l’Etat

Les coûts des accidents et maladies liés au travail tels analysés dans les
précédents développements et représentant 1 à 6% du PIB, sont supportés par les
entreprises et les travailleurs mais aussi par l’Etat.
Les entreprises, outre les dépenses en vue d’une remise en l’état des lieux,
l’indemnisation de la victime et la réorganisation du travail par recyclage, formation ou
recrutements, assistent à une chute verticale de leurs chiffres d’affaires. Ceci a des
répercussions sur les recettes de l’Etat notamment en ce qui concerne l’impôt sur le
chiffre d’affaires des sociétés. Qui plus est, les ressources de la CNSS, chargée
d’indemniser les victimes des accidents et maladies du travail, sont pour partie
constituées de subventions de l’Etat. L’indemnisation régulière par la CNSS des
victimes d’accidents ou maladies professionnelles aura des répercussions sur le
« portefeuille » de l’Etat. De plus, les nombreux jours de travail perdus constituent un
manque à gagner, non seulement pour l’entreprise mais aussi pour l’Etat.
La promotion en amont de la sécurité et santé au sein des entreprises par
l’inspection du travail, palliera aux pertes financières subies par l’Etat et induira une
croissance de l’économie.
Les souffrances humaines inhérentes aux accidents et maladies du travail sont
immenses et ne sont pas sans conséquences sur les finances de l’Etat. La victime d’un

70
Isabelle HOFERLIN, l’Inspection du travail à l’heure de l’austérité, BIT : les grands défis mondiaux de
l’inspection du travail, 2005, p.26 ; disponible à la DGTLS.
accident du travail ou maladie professionnelle subit d’énormes pertes pécuniaires
surtout lorsqu’il est dans le secteur informel ou lorsqu’il n’est fait l’objet d’aucune
immatriculation à la CNSS. La perte de revenu et l’incapacité d’effectuer ultérieurement
une activité rémunératrice pèse lourdement sur son foyer et entraîne une l’immense
précarité du ménage. La baisse du pouvoir d’achat du ménage résultant de cette
situation nuit gravement à l’économie nationale, d’où l’impérieuse nécessité d’améliorer
la consommation privée par habitant.

B- L’amélioration de la consommation privée par habitant

L’accident ou la maladie du travail qui occasionne une incapacité permanente ou


temporaire chez la victime, entraîne pour cette dernière une difficulté à subvenir aux
besoins de sa famille. La précarité s’invite ainsi dans le ménage. D’un autre côté, la
baisse de la productivité entraîne une réduction des revenus des salariés. La résultante
de ces facteurs reste la chute de la consommation privée par habitant.
Le revenu des consommateurs est l’un des principaux facteurs de la structure de
la demande sur le marché des produits. Ce n’est que lorsque les pauvres deviendront
des consommateurs à part entière qu’il pourra y avoir une véritable croissance
économique. Aussi, lorsque le revenu par habitant augmente, les goûts des
consommateurs s’orientent vers des biens et services de luxe, ce qui donne un coup
d’accélérateur à l’économie.
Une économie stable et prospère ne peut exister que dans un monde où tous les
citoyens sont à même de déployer leur potentiel de productivité et de consommation71.
Selon la CNUCED72, « dans les pays où la consommation privée moyenne est
d’environ 400 dollars (PPA de 1985), on peut normalement estimer qu’environ 65% de
la population vit avec moins de 1 dollar. Si la consommation privée moyenne par
habitant doublait pour passer à 800 dollars par an, ce pourcentage devrait tomber à
moins de 20% ». L’amélioration de la consommation privée par habitant permet ainsi la
diminution du taux de pauvreté. Elle entraîne aussi l’extension des marchés et par voie
de conséquence, la croissance économique. Cette amélioration du pouvoir d’achat n’est
possible qu’avec l’action pérenne et efficiente de l’inspection du travail en matière de
sécurité et santé du travail. Cette action de l’inspection du travail induit des gains de
productivité à l’entreprise, ce qui permet d’améliorer les revenus des travailleurs.

71
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.12.
72
CNUCED, Les pays les moins avancés : Echapper au piège de la pauvreté, op.cit., p.77.
Hormis l’assainissement du cadre des entreprises qui est un préalable nécessaire
pour toute productivité et croissance économique dans un pays, la politique de l’emploi
est un maillon indéniable pour une croissance durable et soutenue.

SECTION II : La politique de l’emploi, un nécessaire aboutissement

La nécessité de mettre l’emploi au centre des politiques de croissance économique


repose sur des fondements juridiques (Paragraphe I) et matériels (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les Fondements juridiques

Au plan juridique, les normes internationales (A) et nationales (B) abordent la


question.

A- Les normes internationales

La convention n° 122 de l’OIT sur la politique de l’emploi dispose en son article 1er
que tout membre doit formuler et appliquer, comme objectif essentiel, une politique
active visant à promouvoir le plein emploi en vue de stimuler la croissance et le
développement économiques, d'élever les niveaux de vie, de répondre aux besoins de
main-d'oeuvre et de résoudre le problème du chômage et du sous-emploi.
Les parties à la convention n°150 de l’OIT sur l’administration du travail, après
avoir rappelé les termes de la convention n° 122 de l’OIT sur la politique de l'emploi, de
la convention n°142 sur la mise en valeur des ressources humaines et l'objectif du plein
emploi convenablement rémunéré, estiment être « convaincues de la nécessité
d'adopter une politique d'administration du travail qui soit de nature à permettre la
poursuite de cet objectif et à donner effet aux buts desdites conventions ». Ainsi,
l’article 6 de ladite convention prévoit que les organes compétents au sein du système
d'administration du travail devront, selon le cas, être chargés de la préparation, de la
mise en oeuvre, de la coordination, du contrôle et de l'évaluation de la politique
nationale du travail, ou participer à chacune de ces phases, et être, dans le cadre de
l'administration publique, les instruments de la préparation et de l'application de la
législation qui la concrétise.
Une autre norme internationale sur le rôle cardinal de l’emploi fut la
recommandation n°189 de l’OIT sur la création d’emplois dans les PME. Cette
recommandation souligne que les PME offrent aux femmes et aux autres groupes
traditionnellement défavorisés, le moyen d’accéder dans de meilleures conditions à des
emplois productifs, durables et de qualité. Elle préconise l’adoption de politiques
budgétaires, monétaire et d’emploi appropriées, le développement d’une culture
d’entreprise, la mise en place de services efficaces notamment l’assistance au
démarrage d’entreprises, les services d’informations etc.
L’administration du travail a donc expressément, aux termes de l’article 6 de la
convention n°150 de l’OIT, reçue mission de conduire la politique nationale de l’emploi.
Elle est ainsi mise au centre de cette politique dans la mesure où elle est chargée selon
les cas de préparer, de mettre en œuvre, de coordonner, de contrôler et d’évaluer cette
politique de l’emploi.
Nous verrons à présent ce que la législation nationale prévoit en la matière.

B- Les normes nationales

La politique nationale de l’emploi au Togo est assurée par l’administration du


travail comme l’ont d’ailleurs reconnues les normes internationales.
En 1969, cette politique était assurée par la Direction Générale du Travail, de la
Main d’œuvre et de la Sécurité Sociale, notamment la division main d’œuvre, emploi et
formation professionnelle d’une part, le service de la main d’œuvre d’autre part.
La division de la main d’oeuvre est chargée entre autres, aux termes de l’article 8
du décret n°69-25/PR73, de :
- l’étude des problèmes relatifs à l’emploi des travailleurs, au mouvement de main
d’œuvre, aux orientations et formation professionnelle, au placement ;
- l’étude des besoins en main d’œuvre dans tous les différents secteurs de
l’économie nationale et des problèmes de débouchés ;
- l’élaboration d’une documentation permanente sur l’état du marché du travail, en
collaboration avec la Direction de la Statistique et de la Documentation (actuelle
DGSCN).
Le service de la main d’œuvre est pour sa part chargé, aux termes de l’article 17
du décret précité de la réception des demandes et offres d’emploi, du placement des
demandeurs d’emploi, du visa et de l’enregistrement des contrats d’apprentissage, de
l’orientation et de la sélection professionnelle.

73
Décret n °69-25/PR du 14 janvier 1969 fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement des services de
l’administration du travail. JORT n °406 du 1er février 1969 p.63 disponible à la DGTLS.
En 1994, un autre décret74 institua en lieu et place de la Direction Générale du
Travail, de la Main d’œuvre et de la Sécurité Sociale, une Direction Nationale Pour
l’Emploi (DNPE) ayant pour mission de :
- conduire la politique nationale en matière d’emploi, telle que définie et élaborée par
le gouvernement ;
- constituer une banque de données fiables sur l’emploi et la main d’œuvre en
relation avec toutes les banques de données existantes dans d’autres départements ou
organismes ;
- créer l’observatoire togolais de l’emploi, de la main d’œuvre et des métiers et un
cadre de dialogue entre les acteurs du marché du travail ;
- promouvoir l’emploi et lutter contre le chômage.
En 2006, la DNPE est muée en Direction de la Politique Nationale de l’Emploi
(DPNE) par décret n°2006-034/PR75. La nouvelle structure a pour mission de :
- concevoir la politique nationale de l’emploi ;
- assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de cette politique ;
- élaborer la législation en matière d’emploi ;
- assurer le contrôle de l’application de la législation de l’emploi.
La DPNE est donc dotée de plein pouvoir dans la conception de la politique
nationale de l’emploi contrairement à la DNPE qui est simplement chargé de conduire la
politique définie et élaborée par le gouvernement.
Dans la même année, la Loi n° 2006-01076 institue en ses articles 202 et suivants,
l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) qui a pour mission entre autres de :
- contribuer à l’élaboration de la politique nationale en matière d’emploi ;
- constituer une banque de données fiables sur l’emploi et la main d’œuvre en
relation avec toute banque de données existantes dans d’autres départements ou
organismes ;
- promouvoir l’emploi et lutter contre le chômage ;
- prospecter les emplois disponibles et développer les relations en entreprise ;
- régler les problèmes de compensation de main-d’œuvre entre les régions.

74
Décret n°094-060/PR du 14 septembre 1994 portant attribution et organisation du Ministère de la Fonction
publique, du Travail et de l’Emploi. JORT n°29 bis du 26 octobre 1994, p.7 ; disponible à la DGTLS.
75
Décret n°2006-034/PR du 18 avril 2006 portant attribution et organisation du Ministère du Travail, de l’Emploi et
de la Fonction publique ; disponible à la DGTLS
76
Loi n° 2006-010 du 13 décembre 2006 portant code du travail, JORT n°38 du 13 décembre 2006, p.1.
Toutes ces structures en charge de la politique nationale de l’emploi sont des sous
systèmes de l’administration du travail.
Les fondements matériels, à l’instar des normes internationales et nationales qui
ont fixé le cadre juridique de la politique de l’emploi, mettent en avant la valeur
cardinale de l’emploi dans la croissance économique des pays.

Paragraphe II : Les fondements matériels

Les fondements matériels, nous offrent l’occasion de mettre en lumière le rôle de


l’emploi pour une croissance durable et soutenue (A) et sa place dans la réduction de la
pauvreté (B).

A- L’emploi, garant d’une croissance durable et soutenue

Selon Iyanatul ISLAM77, les bases empiriques du conservatisme économique sont


fragiles et un mouvement intellectuel se dessine en faveur d’une solution de rechange
viable à l’orthodoxie actuelle ; celle-ci suppose un engagement plus fort en faveur de la
création d’emplois, objectif fondamental de la politique économique.
L’emploi est le principal moyen de subsistance et d’insertion sociale des
populations. Il est un important stimulateur de croissance économique dans la mesure
où il offre à tout détenteur, un moyen d’élever son niveau de vie. Sa promotion est donc
nécessaire pour une croissance durable et soutenue. Ainsi, dans le rapport du Directeur
Général du BIT78, les quatre (04) réunions régionales de suivi du sommet mondial pour
le développement social, organisées à Abidjan, Bangkok, Beyrouth et Budapest, ont
toutes reconnu la nécessité d’intégrer les préoccupations sociales et économiques dans
la prise de décisions et de faire de l’emploi la priorité suprême de toute stratégie
économique.
Les stratégies de développement du passé ont souvent favorisé des
investissements à forte intensité de capital au détriment de ceux à forte intensité de
main d’œuvre. La récente crise financière mondiale a montré les limites des
investissements à forte intensité de capital. L’écroulement de grands empires financiers
et de grandes entreprises au lendemain de cette crise a une fois encore prouvé la

77
Iyanatul ISLAM, op.cit., p58
78
BIT : Activités de l’OIT en 1998-99, Conférence Internationale du Travail, 88e session 2000, p.33.
nécessité de placer l’emploi au centre de toute politique de croissance qui se veut
durable et soutenue.
La crise qui était économique et financière au début, s’est rapidement muée en
une crise de l’emploi. « Le marché du travail a continué de se détériorer depuis le début
de la crise financière […] Les projections actuelles suggèrent que le nombre de
chômeurs augmentera de 39 à 59 millions de personnes en 2009 par rapport à 2007 ; le
nombre total de chômeurs enregistrés sur la planète pourrait atteindre 210 à 239
millions de personnes à la fin de l'année, constituant un record absolu », a expliqué lors
d'une conférence de presse79 le Directeur Général du BIT, Juan Somavia.
Le Togo doit tirer leçon de cette crise et faire siennes les solutions proposées,
lesquelles solutions reconnaissent l’échec historique du capitalisme et prônent une
croissance économique fondée sur la création d’emplois. Le Directeur Général du BIT a
en ce sens rappelé la nécessité d'orienter les plans de relance des divers pays sur le
marché du travail et placer la création d'emplois et la protection sociale au centre des
politiques de reprise. C’est l’objectif que se donne le Pacte mondial pour l’emploi
adopté à l'assemblée annuelle du BIT démarrée le 3 juin 2009 à Genève et lors de
laquelle le Président de la République togolaise a, dans son discours, affirmé l’adhésion
totale du Togo audit pacte.
Si le Togo, de par son Président de la République, reconnaît que l’emploi est le
garant d’une croissance durable et soutenue en adhérant au Pacte mondial pour
l’emploi, il n’en demeure pas moins que l’emploi est un préalable à une réduction
efficiente de la pauvreté.

B- L’emploi, préalable à une efficiente réduction de la pauvreté

L’emploi est la principale source de revenu de la grande majorité de gens de par le


monde. Lorsque les pauvres pourront avoir une source de revenu, cela arrangerait
énormément leur situation. Trouver de l’emploi aux populations est donc nécessaire
pour réduire la pauvreté. Cependant, « la plupart des prescriptions proposées pour
réduire la pauvreté n’envisagent pas la création d’emplois comme un objectif explicite
des politiques économiques et sociales, mais plutôt comme le résultat espéré de
politiques macroéconomiques saines. Le BIT est convaincu pour sa part que de bonnes

79
Conférence de presse du Directeur Général du BIT sur les nouvelles prévisions du chômage du BIT, révisées à la
hausse suite à l’ampleur avérée de la crise financière mondiale, jeudi 28 mai 2009, disponible sur le site de l’OIT :
www.ilo.com.
politiques macroéconomiques sont certes déterminantes pour assurer une croissance
suffisante, mais que, pour faire véritablement reculer la pauvreté, la croissance doit être
à forte intensité d’emploi »80. L’emploi doit donc être en amont de toute politique
efficiente de réduction de la pauvreté parce qu’il soutient la croissance en dotant les
individus d’un pouvoir d’achat leur permettant de consommer. La capacité de réduction
de la pauvreté est améliorée dès lors que la croissance est stable.
Il ressort du Sommet social de Copenhague81 qu’un travail décent est la première
étape pour sortir de la pauvreté et un pas important sur la voie de l’intégration sociale.
Si le travail décent contribue à l’efficace réduction de la pauvreté, il est clair qu’il ne
saurait y avoir de travail décent que dans la mesure où il y a du travail. La possibilité de
travail pour chaque homme et chaque femme est donc un préalable à une efficiente
réduction de la pauvreté.
Somme toute, l’emploi est une variable cardinale pour une croissance durable et
soutenue. Cependant la création d’emplois, si elle participe à la croissance économique
n’induit pas automatiquement la réduction de la pauvreté. Elle n’est qu’un préalable à
cette réduction. Seul un emploi productif, fondement du travail décent, permet une
réduction substantielle de la pauvreté. « La rareté des emplois productifs pour les
femmes et les hommes est une cause originelle de la pauvreté [...] C’est aussi cela qui
empêche d’obtenir les autres éléments du travail décent, les droits, la protection sociale
et l’expression au travail »82. Il s’ensuit à l’évidence que la croissance économique sans
développement humain n’est pas réductrice de pauvreté.

80
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.13.
81
Sommet mondial pour le développement social, tenu à Copenhague en 1995.
82
"Le défit mondial de l’emploi" dans Le magazine "TRAVAIL" de l’OIT, n°62, Avril 2008, disponible au CINU.
CHAPITRE II : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL AU
DEVELOPPEMENT HUMAIN DES TOGOLAIS

Lorsque la croissance est relancée et que des possibilités d’emplois sont offertes
aux populations, l’administration du travail devra veiller à la décence des emplois
octroyés car, des personnes peuvent bien être dotées d’emplois sans pour autant sortir
des mailles de la pauvreté.
Le développement humain des populations apparaît essentiel pour une effective
réduction de la pauvreté. Ainsi la Déclaration de Philadelphie83 reconnaît-elle le droit de
tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, de
poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la
dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.
Il est donc nécessaire que les populations puissent avoir une source de revenu, un
emploi en occurrence, encore faut-il que cet emploi leur offre une possibilité
d’épanouissement, et ceci par le biais des critères de productivité, de liberté, d’équité,
de sécurité et de dignité. Ces critères, qui ne sont autres que ceux d’un emploi décent,
offrent une certaine qualité à l’emploi et permettent à celui qui l’exerce d’atteindre un
développement humain.
Nous analyserons ici l’incidence de la qualité de l’emploi sur la réduction de la
pauvreté (Section I) et formulerons des recommandations pour une efficiente action de
l’administration du travail sur l’effectivité du travail décent au Togo (Section II).

SECTION I : Incidence de la qualité de l’emploi sur la réduction de la pauvreté

Les caractéristiques les plus importantes d’un emploi de qualité sont la liberté,
l’équité, la dignité, la productivité et la sécurité telles qu’il ressort des objectifs du travail
décent. Nous étudierons la liberté, l’équité et la dignité qui sont des droits
fondamentaux au travail (Paragraphe I) avant de cerner la productivité et la sécurité du
travail, qui représentent des conditions minima de travail (Paragraphe II).

83
La Déclaration de Philadelphie est adoptée en 1944 par l’OIT en annexe à sa Constitution.
Paragraphe I : Les droits fondamentaux au travail

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dispose


que toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions
équitables et satisfaisantes de travail. La liberté et la dignité (A) ainsi que l’équité (B),
en contribuant à la qualité de l’emploi tel qu’il ressort de l’agenda pour le travail décent,
ont des incidences non négligeables sur la réduction de la pauvreté.

A- La liberté et la dignité

La liberté est la possibilité pour une personne d’agir sans contrainte. La liberté du
travail est la faculté pour le travailleur de choisir en toute indépendance son travail et de
s’affilier à toute organisation ayant pour but de promouvoir les intérêts professionnels
des travailleurs.
Sur le plan mondial, les données fournies par le BIT signalent plus de douze (12)
millions de gens occupés à un travail forcé et deux cent (200) millions d’enfants ayant
un travail rémunéré84.
Consciente de l’incidence négative de l’absence de liberté sur le bien-être des
travailleurs et leur épanouissement, l’OIT a retenu certaines conventions dites « normes
fondamentales du travail » qui condamnent toutes les formes de travail qui s’assimilent
à l’esclavage, à la servitude ou encore aux pires formes de travail des enfants. Il s’agit
de :
- la convention n° 29 sur le travail forcé ;
- la convention n° 105 sur l’abolition du travail forcé;
- la convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical;
- la convention n° 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective;
- la convention n° 138 sur l’âge minimum;
- la convention n° 182 sur les pires formes de travail des enfants;
Ces conventions imprègnent une certaine décence au travail et constituent des
minima nécessaires, applicables même en l’absence de toute ratification.
Le travail forcé est une forme de travail imposé au travailleur sous la menace de
privation de nourriture, confiscation des terres ou de papiers d’identités, non versement
de salaires, violence physiques, sévices sexuels etc. L’absence de liberté rend

84
BIT, rapport conjoint sur l’emploi 2006-2007 disponibles sur le site de l’OIT : www.ilo.com.
unilatérale la relation économique entre le travailleur et son employeur et induit de
médiocres conditions de travail insusceptibles de faire sortir le travailleur de son état de
pauvreté.
La liberté syndicale et la négociation collective offrent aux travailleurs la possibilité
de défendre leurs droits et de promouvoir leurs intérêts professionnels en vue d’un bien-
être au travail.
Le travail des enfants est une cause et une conséquence de la pauvreté. Il occulte
l’éducation des enfants, affecte leur santé et leur intégrité et hypothèque tout
développement endogène car l’enfant est le père de l’homme et l’éducation, la base de
tout développement. La pauvreté et le chômage des parents de leur côté poussent les
enfants à la rue en quête d’un gagne pain.

La dignité pour sa part, est un corollaire du principe de liberté. Elle implique la


considération des travailleurs dans l’exercice de leurs professions. Et comme le dirait
un employé de bâtiment interrogé dans le cadre de notre étude : « je travaille pour
payer un mouton et non pour devenir un mouton ». Ceci dénote les pitoyables
conditions dans lesquelles évoluent nombre d’employés et le non respect de leur dignité
dans la relation professionnelle.
L’absence de dignité entraîne une assimilation du travailleur à un animal prêt à
tous besognes, des plus dangereux aux plus insalubres, ce qui entame la santé de ce
dernier et le maintient dans un cercle vicieux de pauvreté.
L’équité est un autre principe de l’agenda pour le travail décent qui fait partie des
droits fondamentaux au travail.

B- L’équité

Aux termes du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et


culturels, toute personne a droit de jouir de conditions de travail justes et favorables qui
assurent un salaire équitable, une existence décente pour elle et sa famille, une
sécurité et une hygiène du travail.
Les travailleurs doivent donc bénéficier de possibilités justes et équitables dans
l’exercice de leur activité. Ils ne doivent être l’objet d’aucune discrimination ni dans
l’accès à l’emploi, ni dans l’exercice de la profession.
La question de l’équité en matière du travail est réglée par les conventions n° 100
et 111 de l’OIT respectivement sur l’égalité de rémunération et la discrimination en
matière d’emploi et de profession.
La convention n° 100 prône une rémunération égale à travail de valeur égale. La
convention n° 111 pour sa part réfute toute distinction, exclusion ou préférence fondée
sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l’opinion politique, l’ascendance nationale ou
l’origine sociale et qui a pour effet de détruire ou d’altérer l’égalité de chance ou de
traitement en matière d’emploi et de profession. Il s’ensuit que nul ne peut refuser
d’embaucher une personne, prononcer une mutation, résilier ou refuser de renouveler
le contrat d’un salarié en considération du sexe ou de la situation de famille ou sur la
base d’autres critères non déterminants pour l’exercice de la profession.
Le principe d’équité, outre l’égalité de chance offerte à toute personne en quête ou
exerçant un emploi, vise à assurer au travailleur un équilibre « travail - vie familiale ».
En effet, ce principe prône la protection de l’emploi lorsque les travailleurs doivent
interrompre leur activité pour des raisons d’ordre familiale telles la maternité ou la
nécessité de prendre soin des enfants. L’égalité effective de chances et de traitement
pour les travailleurs des deux sexes est une des préoccupations majeures de la
convention n° 156 de l’OIT sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales.
Cette convention vise à ce que des mesures compatibles avec les conditions et
possibilités nationales soient prises pour permettre aux travailleurs ayant des
responsabilités familiales d'exercer leur droit au libre choix de l’emploi. Elle tient
également compte de leurs besoins en ce qui concerne les conditions d'emploi et de
sécurité sociale.
Le code togolais du travail reconnaît à cet effet à la femme salariée, outre le congé
maternité de quatorze (14) semaines, son droit à des repos pour l’allaitement. La durée
des repos pour allaitement équivaut à une (01) heure par jour de travail et ceci pendant
une période de quinze (15) mois consécutive à la naissance de l’enfant.
Somme toute, le soubassement de ces dispositions est que le travail ne devienne
pas un instrument d’asservissement et d’exploitation des travailleurs mais un outil
d’épanouissement offrant aux populations, de réelles possibilités de sortir dignement de
la pauvreté.
Mis à part la liberté, la dignité et l’équité qui représentent des droits fondamentaux
au travail, le travail décent met l’accent sur les conditions minima de travail qui
favorisent une réduction effective de la pauvreté.
Paragraphe II : Les conditions minima de travail

Outre les droits fondamentaux au travail, l’agenda pour le travail décent prône un
travail productif, exécuté dans les conditions de sécurité.
S’agissant de la productivité, la condition la plus importante pour nombre de
travailleurs notamment dans les pays pauvres est la rémunération. La durée du travail
est également un aspect non moins important du travail.
En ce qui concerne la sécurité du travail, elle suppose la sécurité et santé au
travail (déjà analysée dans nos précédents développements)85 et la protection sociale.
Notre étude à ce niveau s’appesantira donc sur la rémunération et la durée du
travail (A) et la protection sociale (B).

A- La rémunération et la durée du travail

La rémunération est un facteur qualitatif du travail. Une rémunération insuffisante


met les travailleurs dans des conditions très précaires et entraîne leur extrême
vulnérabilité, dans la mesure où ils ont moins de possibilités pour faire face aux
diverses charges. Une bonne rémunération concourt au cercle vertueux de réduction de
la pauvreté. Le préambule de la Constitution de l’OIT, en ce sens, met l’accent sur la
garantie d’un salaire assurant des conditions d’existence convenables aux travailleurs.
Selon le rapport annuel du BIT de 2008 sur les tendances mondiales de l’emploi, le
nombre de travailleurs pauvres, les personnes qui ne gagnent pas de quoi se hisser
eux et leurs familles au-dessus du seuil de 2 dollars par personne et par jour, pourrait
atteindre 1,4 milliard, soit près de 45% de la population active mondiale ayant un
emploi.
Au Togo, compte tenu du dénuement excessif des populations, le SMIG a été
doublé, passant de 13757 à 28000 FCFA en 2008. Cette augmentation n’eût
malheureusement pas d’effet sur la vie des populations parce qu’elle n’est que formelle.
Dans la pratique, on assiste toujours aux rémunérations en deçà de l’ancien SMIG
parce que les agents de l’Etat chargés de contrôler l’effectivité des mesures édictées,
en l’occurrence les inspecteurs du travail, n’ont pas les moyens de leur politique. Le
minimum requis pour un contrôle sur le terrain qu’est le matériel roulant est quasi
inexistant.

85
V. supra : l’assainissement du cadre des entreprise, p.40 et s.
Aussi, le niveau du chômage au Togo exerce-t-il un effet modérateur sur les
salaires. Les employeurs sont convaincus que les salaires dérisoires qu’ils octroient
accueilleront l’agrément d’un nombre important de demandeurs, du fait de la précarité
ambiante dans laquelle gît la majeure partie des ménages et de la disponibilité accrue
de main d’œuvre bon marché.
Le secteur informel (l’agriculture y compris) est pour sa part, considérablement
associé aux bas salaires de même que l’emploi temporaire dans le secteur formel.
L’administration du travail notamment l’inspection du travail doit oeuvrer pour
qu’une rémunération décente soit octroyée aux travailleurs parce qu’une bonne
rémunération permet aux travailleurs d’améliorer leur niveau de vie, de prendre en
charge les besoins de leur ménage, d’accroître leurs chances de vivre à l’abri du
besoin, ce qui contribue énormément à la réduction de la pauvreté.
La durée du travail est un autre aspect non des moindres des conditions décentes
du travail. Elle a été l’œuvre de la première convention internationale86 qu’a adoptée
l’OIT, d’où l’importance qui lui est attachée. Anormalement longue, la durée du travail
révèle souvent l’insuffisance de la rémunération. Dans bien des cas, elle est
préjudiciable aussi (comme le sont les horaires atypiques de travail) à la santé physique
et mentale ainsi qu’à l’équilibre entre le travail et la vie familiale. Réduite, elle est
souvent le signe de l’insuffisance des possibilités d’emploi.
L’inspection du travail doit une fois encore, exercer ici, ses prérogatives en matière
de contrôle des horaires légales de travail, en vue de sortir les travailleurs du cercle
vicieux de la pauvreté.
Si la rémunération est très importante pour une vie décente du travailleur, le
travailleur qui a pour unique revenu son salaire n’est pas autant à l’abri de la
vulnérabilité, d’où la nécessité d’une protection sociale.

B- La protection sociale

Les travailleurs togolais sont dans leur grande majorité privés de protection
sociale. La marginalisation dont ils sont victimes et le manque de systèmes
d’assistance réduisent à néant leur capacité de gains. Faute de protection sociale, ils
sont confrontés à plusieurs risques. Décimés par les accidents du travail, le chômage,
la vieillesse, les maladies professionnelles, ils deviennent très vulnérables. « La classe

86
Convention n°1 de l’OIT sur la durée du travail (1919).
ouvrière vit dans une insécurité économique exceptionnelle dans la mesure où ses
membres tirent leur unique revenu de la location de leur force de travail : tous les
événements d’ordre physique ou économique qui empêchent cette location les privent
de leurs moyens d’existence »87. Ainsi les travailleurs tombent dans une grande
précarité, une pauvreté profonde, en l’absence de tout système de protection sociale.
Les systèmes de protection sociale contribuent indubitablement à réduire la pauvreté.
De douze (12) à treize (13) millions de personnes échapperaient, en France, à la
pauvreté ou à la précarité financière grâce aux différents mécanismes de protection
sociale dont le coût s’élèverait à environ trente (30) milliards d’euros88.
La Déclaration de Philadelphie et plusieurs normes internationales du travail
notamment la convention n°102 de l’OIT sur la sécurité sociale, consacrent le droit de
tous à une protection sociale suffisante. Mais, dans beaucoup de pays, la réalité est
très éloignée de cet idéal. Moins de 10% de la population des pays les plus pauvres
bénéficient d’une protection sociale adéquate et cela a des conséquences incalculables
sur la vie et le travail89. Au Togo, le nombre de personnes immatriculées à la CNSS est
très infime, de même que les dépenses de prestations sociales90. Cependant, les
études montrent que dans les pays où les dépenses de prestations sociales sont
relativement élevées, le taux de pauvreté est faible et inversement91.

Tableau 6 : Répartition des employeurs et des salariés assujettis la CNSS par région
économique et par secteur juridique : Année 2008

Secteur juridique Public Para-public Mixte Privé Ensemble


E S
Région E S E S E S E S Effectif % Effectif %
Economique
MARITIME 160 9647 45 4971 42 27 7661 42509 7908 89,4 5983 88,
10 7 0
PLATEAUX 29 1434 4 1085 - - 221 1115 254 2,9 3643 5,3
CENTRALE 16 634 3 66 2 4 199 546 220 2,5 1250 1,8
KARA 23 1358 4 46 - - 216 659 243 2,8 2063 3,0
SAVANES 11 510 - - - - 198 769 209 2,4 1279 1,9
Total 239 3583 56 6168 44 2714 8495 45598 8834 100,0 68063 100,0
Source : Service statistique de la CNSS, E= Employeurs et S= Salariés.

87
J. DUPEYROUX, M. BORGETTO et R. LAFORE, Droit de la sécurité sociale, 16° édition, Dalloz 2008, p.102.
88
J. DUPEYROUX, M. BORGETTO et R. LAFORE op.cit., p.166.
89
BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, op.cit., p.11.
90
V. Tableau 6 et 7.
91
A. MATH, La mise sous condition de ressources en Europe occidentale : ses effets en termes de lutte contre la
pauvreté ; P. Concialdi, Les politiques anti-pauvreté ont-elles réussi ? Cités par J. DUPEYROUX, M.
BORGETTO et R. LAFORE op. cit., p.166.
Tableau 7 : Dépenses de prestations sociales (en millions de franc)
Type de prestations Prestations Risques Pensions Action Total
Année familiales Professionnels sociale
2007 1.127,3 310,3 11.085,2 31,8 12.554,6
2008 1.179,0 307,4 12.408,0 34,0 13.928,4
Source : Service statistique de la CNSS.

Le tableau 6 montre un effectif total de 68.063 salariés immatriculés à la CNSS.


Ajouté au nombre total des fonctionnaires92 qui est de 36.113, nous avons un total
d’environ 104.176 personnes ayant une couverture sociale quoique partielle au Togo.
La protection sociale est donc en crise au Togo. Si telle est la situation du secteur
formel, le secteur informel serait donc le siège d’insécurité et d’énormes risques pour
les travailleurs.
En 2001, lors de la Conférence Internationale du Travail (CIT), les gouvernements
et les organisations d'employeurs et de travailleurs se sont accordés sur le fait que la
protection sociale est un instrument essentiel pour lutter contre la pauvreté et
promouvoir le développement social et économique.
Le Togo doit donc revoir sa politique de protection sociale dans sa dynamique de
réduction de la pauvreté et la CNSS, composante de l’administration du travail est
l’interlocuteur privilégié. Aussi, le système de protection sociale togolaise doit-il :
- contribuer à une approche globale et intégrée de la lutte contre l'exclusion sociale,
associant toutes les politiques et tous les acteurs concernés ;
- se concentrer sur la prévention, en privilégiant les mesures actives sur le marché
du travail ;
- s’étendre à un grand nombre (voire à toute la population) parce qu’aux termes de
la Déclaration de Philadelphie, la pauvreté, où qu’elle existe, constitue un danger pour
la prospérité de tous.
Toute analyse faite, la protection sociale contribue à réduire la pauvreté et
l’exclusion sociale de ceux qui en bénéficient.

92
V. annexe : Effectif des fonctionnaires togolais à la date du 19 octobre 2009. Les fonctionnaires togolais sont
automatiquement assujettis à la Caisse de Retraite du Togo (CRT).
Les composantes de l’Indicateur du Développement Humain (IDH)93 tels fournies
annuellement par le rapport mondial sur le développement humain peuvent être ainsi
optimisées par le travail décent. En effet, une personne qui a des conditions décentes
de travail et une rémunération acceptable peut facilement scolariser ses enfants, avoir
un niveau de vie décent et de surcroît, une vie longue et en bonne santé.

Tous les organes compétents de l’administration du travail au Togo ont été


identifiés, chacun selon ses rôles dans la réduction de la pauvreté. Cependant des
insuffisances sont relevées à divers niveaux qui appellent des recommandations de
notre part.

SECTION II : Recommandations pour une efficiente action de l’administration du


travail sur l’effectivité du travail décent au Togo

Nos recommandations permettront d’améliorer le rôle de chaque acteur de


l’administration du travail (Paragraphe I), et la collaboration nécessaire entre ces divers
acteurs (Paragraphe II) pour une véritable réduction de la pauvreté au Togo.

Paragraphe I : Recommandations à l’endroit des organes de l’administration du


travail

Ces recommandations iront à l’endroit de la DGTLS et de l’inspection du travail


(A) et à l’endroit de la CNSS et des services en charge de l’emploi (B).

A- La DGTLS et l’inspection du travail

La DGTLS est l’organe de gestion technique des questions relatives au travail. Elle
élabore et met en œuvre la politique nationale en matière de travail, de sécurité sociale
et de relations professionnelles. Elle est composée de directions centrales du dialogue
sociale et des relations professionnelles ; de la prévoyance sociale ; des études, de la
recherche et des statistiques ; de la santé et de la sécurité au travail ; des normes et
des relations internationales. Fort de cette envergure, elle a besoin de moyens de tous
ordres pour son fonctionnement mais tel n’est pas le cas.

93
Les composantes de l’IDH sont : une vie longue et en bonne santé (mesurée par l’espérance de vie à la naissance),
les connaissances (mesurées par les taux d’alphabétisation chez les adultes et le taux d’enrôlement primaire,
secondaire et tertiaire) et un niveau de vie décent (mesuré par le PIB par personne).
De notre entretien avec le DGTLS, il ressort que cette direction manque de
ressources tant matériels, financières qu’humaines. Elle ne dispose ainsi pas d’outils de
gestion, de documents de politiques et de manuels de procédure. Les rares ressources
humaines dont elle dispose manquent de spécialisation pour une effective couverture
géo-stratégique du pays.
Les inspecteurs du travail dont la coordination est assurée par la DGTLS ont
également des moyens très limités. Ils ne sont ni doter de statut particulier, ni de
moyens matériels et de ressources financières nécessaires à leur indépendance et à
l’exercice de leurs fonctions tel qu’il ressort de l’alinéa 2 de l’article 182 du code du
travail togolais. Ils ne disposent pas de locaux conséquents et sont, à Lomé, logés dans
le bâtiment abritant officiellement la DGTLS. Ce bâtiment comporte, en plus de la
DGTLS, les trois inspections du travail de Lomé (Lomé-Est, Lomé-Ouest et Lomé-
Nord), de même que toutes les sous directions de la DGTLS. Le matériel roulant
disponible pour la DGTLS, ses sous directions et les inspections du travail à ce jour est
au nombre de trois (03).
La situation de l’inspection du travail au Togo est en contradiction flagrante avec
les objectifs à elle assignés par les normes nationales et internationales et surtout face
aux défis mondiaux de l’heure.
Aussi, la coopération à l’échelle mondiale des inspecteurs du travail est-elle
nécessaire pour la promotion des formes d’inspection du travail les plus efficaces.
L’Association Internationale de l’Inspection du Travail (AIIT), en tant que forum actif et
bien établi pour l’inspection du travail, constitue, à cet effet, l’un des piliers principaux
de la plate-forme d’échange d’informations. Elle travaille à la mise au point d’un code
d’éthique mondial à l’intention des inspecteurs du travail. Cependant, le Togo à ce jour,
n’est pas membre de cette association et donc non intégré à la plate forme d’échange.
Le Togo doit revoir sa position par rapport à son inspection du travail parce
qu’« avec les inspections du travail, les Etats disposent d’une autorité compétente pour
le contrôle des normes fondamentales du travail, pour les questions de sécurité et de
santé et pour bien d’autres aspects du marché du travail et de l’emploi. Il est
indispensable de les doter de moyens adéquats»94.

94
Sylvie SIFFERMANN et Paul WEBER, L’inspection du travail et la mondialisation durable, Association
Internationale de l’Inspection du Travail (AIIT), Genève (SUISSE), 2008, p.44.
B- La CNSS et les services en charge de l’emploi

La CNSS (1) et les services en charge de l’emploi (2) seront respectivement


analysés.

1- La CNSS

La CNSS, institution en charge de la protection sociale au Togo, recèle plusieurs


insuffisances qui entachent son bon fonctionnement et du coup les prestations
octroyées aux personnes immatriculées.
Tout d’abord, les textes la régissant ne sont pas actualisés en fonction des
nécessités et des évolutions de la société togolaise. Les prestations sociales fournies
par la CNSS doivent, à cet effet, être revues à la hausse en tenant compte de la cherté
de la vie, car elles ont une significative incidence sur la pauvreté.
Selon l’alinéa 2 de l’article 32 de l’Ordonnance n°39 du 12 novembre 197395, il doit
être procédé périodiquement à la mise à jour des maladies professionnelles pour tenir
compte des nouvelles techniques de production et des progrès dans la connaissance
médicale des maladies professionnelles. La liste des maladies professionnelles en
vigueur au Togo96 n’a jamais fait l’objet d’une quelconque mise à jour depuis quarante
cinq (45) années d’application. Les données y contenues sont donc dépassées. Malgré
que des voix autorisées révèlent une prochaine mise à jour de cette liste, nous
pensons, pour notre part, qu’on ne doit pas lésiner sur les moyens et prendre en otage
la santé, le ménage et la vie des assurés victimes de maladies liées à l’exercice de
leurs activités professionnelles. Le BIT estime à ce niveau qu’on enregistre
annuellement dans le monde, plus de 160 millions de cas de maladie imputables au
travail. Notre étude nous a également permis de voir qu’une mauvaise santé des
travailleurs a des effets négatives sur la productivité du travail, sur l’économie nationale,
sur le ménage des travailleurs et donc sur la réduction de la pauvreté. Il est donc
impératif que la liste des maladies professionnelles soit actualisée et que des mesures
préventives soient mises en oeuvre pour le bien être des populations.
Un autre problème de la CNSS est la sensibilisation des partenaires sociaux
privilégiés que sont les travailleurs et les employeurs. Avant l’année 2007, la CNSS
n’avait pas de politique de communication ouverte sur ses partenaires sociaux. Les

95
Ordonnance n°39 du 12 novembre 1973 portant code de sécurité sociale, JORT n°31 du 16 décembre 1973, p.579.
96
V. Annexe II : Liste des maladies professionnelles.
travailleurs et les employeurs n’étaient donc pas bien informés de leurs droits et
obligations. Ce n’est qu’en 2007 qu’un Bureau des relations publiques a été mis en
place pour sensibiliser la population sur le bien fondé de la sécurité sociale mais ce
bureau n’est composé, à ce jour, que d’un seul technicien en communication.
Notre recommandation à l’endroit de la CNSS serait une reforme générale de la
sécurité sociale qui prendra en compte tous les aspects de vulnérabilité des travailleurs
et les divers risques auxquels ils sont confrontés tels l’accident, la maladie, la vieillesse,
la perte d’emploi et sa quête. Cette réforme doit prévoir une bonne politique de
financement et mettre l’accent sur l’extension de la protection sociale dont la finalité
serait de briser l’engrenage de la pauvreté.

2- Les services en charge de l’emploi

La DPNE telle analysée dans le présent document, a des attributions très nobles
dans la conception, le suivi et l’évaluation de la politique nationale de l’emploi, de même
que l’élaboration et le contrôle de la législation en matière d’emploi. L’ANPE pour sa
part doit contribuer à concevoir la politique nationale de l’emploi, constituer une banque
de données fiables sur l’emploi et la main d’œuvre, lutter contre le chômage, prospecter
les emplois disponibles et développer les relations en entreprise. Ces institutions, vu
leurs attributions et la place prépondérante de l’emploi dans toute politique de réduction
de la pauvreté, doivent pouvoir fournir entre autres, des chiffres réels sur le nombre de
demandeurs d’emplois au Togo, le taux de chômage, le nombre d’emplois disponibles
dans les sociétés aussi privées, publiques que parapubliques etc. Mais, elles sont
comme les autres sous systèmes de l’administration du travail très limitées tant en
ressources humaines, qu’en disponibilités matérielles et techniques pour l’organisation.
Ces insuffisances induisent l’improductivité ces institutions dont les projets ne sont pas
suivis d’effet comme en témoigne le Document Cadre de Politique de l’Emploi et de
Lutte contre la Pauvreté97 mis au point avec l’appui du BIT depuis 2004 mais jamais
mis en oeuvre.

97
V. encadré 3 : Document Cadre de Politique de l’Emploi et de Lutte contre la Pauvreté.
Encadré 3 : Extrait du Document Cadre de Politique de l’Emploi et de Lutte contre la Pauvreté

Le Gouvernement Togolais, avec l’appui du BIT et du PNUD, a mis en place un cadre de


formulation et de mise en œuvre d’une Politique de Promotion de l’Emploi et de Lutte contre la
Pauvreté. Les objectifs globaux régissant ce document cadre élaboré en 2004, sont de : (i)
instaurer une plus grande visibilité sur le marché du travail et de l’emploi ; (ii) instaurer un
environnement juridique et institutionnel propice à l’emploi productif ; (iii) accroître divers
systèmes de crédit pour les rendre accessibles à tous les promoteurs, de la micro et petite, de
la moyenne et de la grande entreprises ; (iv) améliorer la qualité des services d’encadrement,
d’appui et de conseil aux promoteurs et aux entreprises et ; (v) créer et assurer le
fonctionnement de diverses formes de protection sociale pour les différentes catégories de
travailleurs. Pour atteindre ces objectifs, les axes stratégiques ci-après ont été définis : (i) le
renforcement des capacités des institutions de promotion de l’emploi ; (ii) la restructuration de la
direction nationale de la promotion de l’emploi ; (iii) le renforcement des systèmes d’information
sur le marché de l’emploi ; (iv) le renforcement des formations qualifiantes ; (v) l’amélioration du
cadre juridique ; (vi) la promotion des droits au travail ; (vii) la volonté et l’engagement
politiques; (viii) le développement de l’auto-emploi et ; (ix) le renforcement du dialogue social.
Source : Ministère de la fonction publique, du travail et de l’emploi (2004).

Ce document formule des recommandations pour une bonne politique de l’emploi


et de lutte contre la pauvreté. Il serait donc opportun de l’actualiser et de prendre en
considération ses mesures pour une efficace politique d’emploi visant à terme, la
réduction de la pauvreté au Togo.
Les organes de l’administration du travail, outre leurs respectives actions en vue
d’une croissance économique et d’un développement humain des togolais, ont besoin
d’entretenir une nécessaire collaboration qui serait bénéfique pour eux-mêmes, pour les
employeurs, les travailleurs et pour l’Etat.

Paragraphe II : Recommandations pour une bonne collaboration entre les


organes de l’administration du travail

La collaboration doit exister entre les services en charge de l’emploi et


l’inspection du travail (A) mais aussi entre cette dernière et la CNSS (B).

A- Inspection du travail et services en charge de l’emploi

L’inspection du travail et les services en charge de l’emploi doivent


nécessairement collaborer pour plusieurs raisons.
En matière d’élaboration de la législation de l’emploi, l’inspection du travail dispose
de cadres compétents en législation sociale dont la législation de l’emploi n’est qu’une
partie intégrante. Aussi, le fait pour l’inspecteur du travail d’être en permanent contact
avec les travailleurs et employeurs, tant au travers des consultations et conciliations
que lors des contrôles dans les entreprises, lui offre t-il une parfaite maîtrise des
questions liées à l’emploi et aux difficultés rencontrées par les acteurs du monde du
travail.
La DPNE doit aux termes de ses attributions, assurer le contrôle de l’application
de la législation de l’emploi. Doter la DPNE d’inspecteurs ou agents chargés de ce
contrôle serait un véritable gaspillage de ressources dans la mesure où ces ressources
pourraient être utilisées pour renfoncer l’inspection du travail qui a reçu une formation
adéquate et qui déjà essaie, avec les dérisoires moyens à elle accordés, de contrôler
les entreprises et la main d’œuvre y employée.
Aux termes de l’article 202 alinéa 2-4 du code du travail togolais, l’ANPE doit
développer les relations en entreprise. L’inspection du travail, aux termes de l’article
183 du code du travail est chargée de veiller à l’application des dispositions édictées en
matière du travail, de rapports professionnels individuels et collectifs. Nous remarquons
ici une imbrication voire un chevauchement des attributions de l’ANPE à celles de
l’inspection du travail. Une efficiente action consisterait simplement à renforcer les
moyens de l’inspection du travail à ce niveau et établir une parfaite collaboration entre
les deux services.
L’ANPE doit également constituer une banque de données fiables sur l’emploi et la
main d’œuvre en relation avec toute banque de données existantes dans d’autres
départements ou organismes et régler les problèmes de compensation de main-
d’œuvre entre les régions. Cette attribution dénote une fois encore, la nécessité de
renforcer la collaboration entre ces institutions et cela pour plusieurs raisons. Mis à part
le permanent contact avec les entreprises et leurs employés, l’inspection du travail,
contrairement à l’ANPE, dispose d’agents à l’intérieur du pays notamment dans les
régions et préfectures, ce qui aidera l’ANPE dans sa mission de compensation de main
d’œuvre entre les régions. Il ne reste qu’à doter ces deux institutions de moyens leur
permettant de jouer pleinement leur rôle, contribuant ainsi à l’établissement d’une
bonne politique de l’emploi et de lutte contre la pauvreté.

B- Inspection du travail et CNSS

Aux termes de l’article 47 de l’Ordonnance n°39 précitée, la CNSS organise dans


le cadre de son programme d’action sanitaire et sociale, une prévention des risques
professionnels en vue notamment de concourir à l’application des mesures d’hygiène et
sécurité en faveur des travailleurs. Cette prévention s’apparente à celle qu’organise
l’inspection du travail, à la seule différence que les inspecteurs de la CNSS ne sont pas
habiletés tel qu’il ressort de l’article 75-2 de l’Ordonnance précitée, à donner des mises
en demeure ni dresser des procès verbaux au cours de leurs visites et enquêtes. Ils se
contentent de faire des rapports de contrôle qu’ils adressent au Directeur général de la
Caisse et à l’inspecteur du travail avec mention des infractions et irrégularités
constatées lors des visites et enquêtes.
Les inspecteurs de la CNSS ont ainsi un pouvoir limité et donc une efficacité
limitée dans la mesure où ils ne disposent pas de pouvoir de coercition pour amener les
employeurs récalcitrants à remédier aux défectuosités par eux constatées.
Aussi, nos investigations ont-elles révélé que la CNSS ne dispose que de cinq (05)
agents de prévention pour 8834 entreprises effectivement immatriculées en 2008. Cela
fait montre d’une relégation de la prévention au second plan. Toutefois, un début de
collaboration entre la CNSS et l’inspection du travail a été noté ces derniers temps,
notamment dans les campagnes annuelles de sensibilisation organisées depuis 2007.
Notre recommandation à ce niveau serait une pure et simple dissolution du corps
des inspecteurs et contrôleurs de la CNSS dont le nombre est négligeable et le pouvoir
limité mais qui ne fait qu’une partie de la mission concédée à l’inspection du travail
notamment la prévention des risques professionnels par le contrôle de la sécurité et
santé au travail. Nous proposons en contrepartie un renforcement des moyens de
l’inspection du travail pour lui permettre de mieux mener sa mission de prévention des
risques professionnels ce qui allègera les réparations octroyées par la CNSS.
Cette proposition a d’ailleurs retenu, lors de nos investigations, l’attention d’un des
responsables de la CNSS qui a estimé que : « Ce n’est pas du ressort de la CNSS de
décider de la dissolution d’un corps de son institution. Vous connaissez vous-même,
aussi bien que moi, le ministère de tutelle de la CNSS ».
Nous lançons donc un appel au ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité
sociale de prendre en compte cette recommandation afin que l’administration du travail
au Togo puisse être efficiente et contribuer efficacement à la réduction de la pauvreté.

La collaboration entre les divers organes de l’administration du travail est très


fondamentale pour une bonne cohésion du système d’administration du travail face au
défi de réduction de la pauvreté au Togo.
CONCLUSION

Notre étude a permis de mettre en exergue la valeur du travail dans la réduction de la


pauvreté, de même que le rôle cardinal de l’administration du travail dans la réalisation de
cet objectif. Il en est résulté que l’emploi est le levier majeur pour la réduction de la pauvreté.
Cependant, la pauvreté ne saurait être réduite si les personnes qui ont un emploi travaillent
dans d’insalubres et exécrables conditions. Elle ne saurait non plus être réduite si des
portions congrues de rémunérations sont offertes aux travailleurs, ce qui leur permet de
subvenir à peine à leur propre besoin et d’entrevoir le bien être de leur ménage. Aussi des
travailleurs sans aucune protection sociale ne peuvent-ils dignement sortir de la pauvreté,
dans la mesure où ils sont exposés à divers risques qui les engloutissent.
La promotion du travail décent se révèle aux termes de notre étude comme le vecteur
principal pour la réduction de la pauvreté. Elle suppose des actions axées sur la création
d’emplois, la promotion des droits et la protection.
La création des emplois n’est possible que par le biais des entreprises productrices et
économiquement viables. Ceci implique un préalable assainissement du cadre des
entreprises. Notre étude a permis de démontrer que la productivité des entreprises pourrait
être atteinte aux moyens des actions de l’administration du travail en matière de sécurité et
santé au travail. Ces actions, qui visent la prévention des risques professionnels, permettent
à l’entreprise d’éviter des pertes et confortent sa compétitivité, sa croissance et par voie de
conséquence, la croissance économique nationale.
Si la croissance économique est jugée essentielle pour la réduction de la pauvreté, il
faut tout de même reconnaître que la croissance ne profite pas automatiquement aux
pauvres. L’administration du travail est une fois encore interpellée, par ses actions en faveur
de la promotion des droits au travail et de la protection sociale, parce qu’une croissance sans
développement humain n’est pas réductrice de la pauvreté. Ainsi, l’administration du travail
informe et sensibilise les partenaires sociaux, notamment les employeurs, sur le respect des
normes fondamentales au travail notamment la liberté, l’équité et la dignité tels reconnus par
l’agenda pour le travail décent. Elle définie et conduit également l’action en faveur de la
protection sociale des travailleurs, visant à les prémunir des risques inhérents au travail et
causes de multiples vulnérabilités.
Ces actions de l’administration du travail sont exécutées par les différents organes qui la
composent. La DPNE et l’ANPE mènent des actions en faveur du plein-emploi et luttent
contre le chômage et le sous-emploi. L’inspection du travail, sous la coordination de la
DGTLS, vérifie la conformité des emplois octroyés aux normes fondamentales du travail et
en contrôle les conditions de sécurité et santé. La CNSS est garante de la protection sociale
des travailleurs. Tous ces acteurs de l’administration du travail dont la nécessaire
collaboration n’est pas à exclure, œuvrent pour une véritable réduction de la pauvreté au
Togo.
L’administration du travail a donc une place capitale dans la lutte contre la pauvreté et
ses divers organes contribuent chacun pour sa part à la réalisation de ce défi. Cependant, au
Togo, « le ministère chargé du travail fait figure de parent pauvre de l’équipe
gouvernementale, ce qui le contraint à une gestion plus statique que dynamique. Or, en tant
que garant du progrès social et de la paix social, ce département devrait être un animateur
privilégié du développement, auquel il faut confier un poids politique certain et une autorité
réelle »98.
Notre étude a permis de mettre en évidence les différentes insuffisances de
l’administration du travail au Togo notamment ses manquements en terme de ressources
matérielles, humaines et financières. Ces manquements constituent des handicaps majeurs
pour la croissance économique et le développement humain devant conduire à la réduction
de la pauvreté.
L’ampleur et la progression de la pauvreté dans un pays constituent une menace pour la
stabilité politique, sociale et économique. Tout investissement dans le maintien de l’ordre et
la sécurité qui occulte la question de la pauvreté est un investissement non productif parce
que la justice sociale est mère de la justice civile et politique. Il est donc impossible de
dissocier l’évolution économique de l’évolution sociale. Aussi ressort-il de la Déclaration de
Philadelphie que : « la pauvreté, où qu’elle existe constitue un danger pour la prospérité de
tous ». La pauvreté n’est donc pas simplement le problème des pauvres. C’est un défi pour
tous ceux qui luttent pour une justice sociale et cherchent à promouvoir une croissance
durable et soutenue, respectueuse du bien être des populations.
L’administration du travail est l’acteur privilégié pour une équitable justice sociale au
Togo. Elle doit donc être dotée de moyens adéquats pour son fonctionnement et son
efficacité dans la mise en œuvre de bonnes politiques en matière de lutte contre la pauvreté.
L’Etat doit, non seulement veiller à ce que l’administration du travail soit intégrée à toute
stratégie nationale de réduction de la pauvreté mais aussi prendre en compte ses expertises
et recommandations qui respectent les préoccupations tant économiques que sociales. Les
insuffisances recensées dans le DSRP pourraient ainsi être évitées, pour peu qu’on prenne
en compte les conseils, suggestions ou recommandations de l’administration du travail.
Il est clair qu’on ne peut entrevoir un développement social sans un fondement
économique solide. On ne peut donc prétendre résoudre le problème de la pauvreté sans
une croissance économique durable et soutenue. L’administration du travail contribue

98
Dago YABRE, Le droit du travail togolais, 1ère édition, 2008, p.13.
valablement à la croissance économique qui est un préalable nécessaire, sans pour autant
occulter le développement humain des populations qui demeure un nécessaire
aboutissement.
Il serait très loisible de rappeler ici que les actions de l’administration du travail lors de la
récente Conférence Internationale du Travail (CIT), confortées par le discours du Président
de la République affirmant l’adhésion totale du Togo au Pacte mondial pour l’emploi, ont valu
le choix du Togo comme un des pays pilote dudit pacte99. Ce pacte, qui intègre les principes
fondamentaux du travail décent, est une chance inouïe pour le Togo, dans son processus de
réduction de la pauvreté. Le Togo doit donc saisir cette opportunité, pour renforcer son
administration du travail afin de tirer sa population du dénuement, du chômage, du sous-
emploi, de l’exclusion sociale et en définitive, de la pauvreté.

Somme toute, le travail décent vivement prôné par l’OIT et relégué dans chaque pays
membre par les administrations du travail, est le levier majeur pour sortir dignement de la
pauvreté. Tous les partenaires sociaux (employeurs, employés et Etat) ont tout à gagner,
encore faut-il qu’ils aient un cadre de concertation et de négociation approprié.
L’administration du travail, une fois encore, n’offre-t-elle pas aux partenaires sociaux, un
cadre tripartite de concertation et de négociation qu’est le dialogue social ?

99
Site officiel de la Présidence du Togo : www.presidencetogo.com, 15 septembre 2009.
ANNEXES
ANNEXE I :
GUIDES D’ENTRETIEN
FICHE D’ENTRETIEN AVEC L’INSPECTION DU TRAVAIL

1- Quel est le nombre de services d’inspection du travail dont dispose le


Togo et l’effectif réel des inspecteurs du travail ?

2- Effectuez-vous des visites d’inspection ? OUI / NON


Si oui, quelle est la périodicité ?
Si non pourquoi ?

3- Rencontrez-vous des difficultés au cours des visites ? OUI / NON


Si oui, quel genre de difficultés ?

4- Quel est selon vous l’impact de l’inspection du travail sur les conditions de
travail et le bien-être des travailleurs ?

5- L’inspection du travail collabore-t-elle avec les autres organes de


l’administration du travail ? OUI / NON
Si oui, quelle est la nature des rapports entretenus ?
Si non, pourquoi ?

NB: - Dans les cas n°2 et 3, répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
FICHE D’ENTRETIEN AVEC LA DIRECTION GENERALE DU TRAVAIL ET
DES LOIS SOCIALES (DGTLS)

1- Comment se présente l’organigramme de la DGTLS et que pensez-vous


de cet organigramme ?

2- Combien de matériel roulant dispose la DGTLS pour son fonctionnement,


ses sous directions y comprises ?

3- Quel nombre de bureaux comporte le bâtiment de la DGTLS et pour quel


effectif ?

4- La DGTLS collabore-t-elle avec les autres organes de l’administration du


travail ? OUI / NON
Si oui, quelle est la nature des rapports entretenus ?
Si non, pourquoi ?

NB: - Dans le cas n°4, répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
FICHE D’ENTRETIEN AVEC LA DIRECTION DE POLITIQUE NATIONALE
DE L’EMPLOI (DPNE)

1- La DPNE arrive –t-elle à atteindre les défis de réduction du chômage et


du sous-emploi tels prévus dans ses attributions par la réglementation en
vigueur ? OUI / NON
Si OUI, quels sont les résultats atteints ?
Si NON, quelles en sont les raisons ?

2- Quels sont les rapports qu’entretiennent la DPNE et l’ANPE ?

3- La DPNE et l’ANPE collaborent-t-elles avec les autres organes de


l’administration du travail ? OUI / NON
Si oui, quelle est la nature des rapports entretenus ?
Si non, pourquoi ?

NB: - Dans les cas n°1 et 3, répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
FICHE D’ENTRETIEN AVEC LA CAISSE NATIONALE DE SECURITE
SOCIALE (CNSS)

1- La CNSS a-t-elle une politique de prévention des risques professionnels


(accidents du travail et maladies professionnelles) ? OUI /
NON
Si OUI, quelles sont les modalités pratiques de cette politique ?
Si NON pourquoi ?

2- La CNSS dispose-t-elle des agents chargés de la prévention ? OUI /


NON
Si OUI quels en sont l’effectif et les moyens d’action ?
Si NON pourquoi ?

3- Quelles sont les diverses prestations de la CNSS et leurs taux


respectifs ?
Ces taux font-ils l’objet de révisions périodiques ? OUI / NON
Si OUI, à quand remonte la dernière révision ?
Si NON pourquoi ?

4- La CNSS collabore-t-elle avec les autres organes de l’administration du


travail ? OUI / NON
Si oui, quelle est la nature des rapports entretenus ?
Si non pourquoi ?

NB: - Répondre par OUI ‘‘O’’ ou NON ‘‘N’’ pour toutes les questions ;
- Les informations recueillies lors de cet entretien ont été exploitées dans
le présent document.
ANNEXE II :
AUTRES DOCUMENTS
Répartition de l’enveloppe globale du cadrage entre secteurs prioritaires et autres secteurs (en milliards de F CFA)
Réalisation Projection
2005-2007 2008 2009 2010 2011
Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total Fonc. Inv. Total
Secteurs
59,67 24,59 84,26 75,94 37,52 113,46 80,52 88,83 169,35 86,70 112,75 199,45 93,66 141,89 235,56
prioritaires
Education 40,31 3,03 43,33 51,36 1,63 53,00 54,60 9,65 64,25 58,99 13,38 72,37 64,22 17,94 82,16
Santé 11,90 6,43 18,34 13,92 12,43 26,35 14,94 26,47 41,41 16,41 33,01 49,42 17,80 40,99 58,79
Agriculture 3,65 1,82 5,47 5,06 16,31 21,37 5,21 23,88 29,10 5,37 27,42 32,78 5,53 31,72 37,25
Eau/assain. 2,37 3,60 5,97 0,38 1,50 1,89 0,40 8,20 8,60 0,41 11,32 11,73 0,42 15,13 15,55
Infrastructures 1,44 9,71 11,15 5,21 5,64 10,86 5,37 20,63 26,00 5,53 27,61 33,14 5,70 36,12 41,82
Transport 1,10 9,67 10,77 0,96 5,61 6,57 0,99 19,21 20,21 1,02 25,56 26,58 1,05 33,28 34,34
Energie 0,34 0,04 0,39 4,25 0,04 4,29 4,37 1,41 5,79 4,51 2,05 6,56 4,64 2,84 7,48
Télécom. - - - - - - - - - - - - - - -
Autres secteurs 78,33 7,61 85,93 90,98 4,56 95,54 93,71 4,74 98,45 96,52 4,93 101,45 99,42 5,13 104,54
Dette 15,01 - 15,01 32,52 - 32,52 33,40 0,00 33,40 33,30 0,00 33,30 9,30 0,00 9,30
Total 153,0 32,20 199,4 42,08 241,5 207,6 93,57 301,2 216,5 117,68 202,3 147,0 349,40
185,19 334,2
Source : DSRP-C ; Fonc.=Fonctionnement et Inv.=Investissement.

Investissements additionnels pour une accélération vers les OMD (% du PIB)


2009 2010 2011 Moyenne (2009-2011)
Education 1,4% 1,4% 1,8% 1,5%
Santé 1,0% 1,1% 1,4% 1,2%
Genre 0,2% 0,2% 0,3% 0,2%
Agriculture 0,6% 0,7% 0,8% 0,7%
Eau et Assainissement 0,2% 0,6% 1,0% 0,6%
Energie 0,3% 0,7% 1,5% 0,8%
Routes 0,3% 0,8% 1,0% 0,7%
Gouvernance 0,0% 0,1% 0,2% 0,1%
Autres secteurs (emplois, développement communautaire,
statistique environnement, etc.) 0,0% 0,1% 0,1% 0,1%
Source : DSRP-C
MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE REPUBLIQUE TOGOLAISE
ET DE LA REFORME ADMINISTRATIVE Travail-Liberté-Patrie
…………………………
DIRECTION DE LA GESTION INFORMATIQUE
DU PERSONNEL DE L’ETAT
…………………………………..
Division du contrôle et des statistiques

EFFECTIF DES AGENTS DE L’ETAT AU 18 AOUT 2009

CATEGORIES EFFECTIFS

A1 3221
A2 5772
B 7790
C 7909
D 4118
AGENTS PERMANENTS 3451
DECISIONNAIRES 402
CONTRACTUELS 97
ASSISTANTS TECHNIQUES 51
GARDIENS DE PREFECTURE 556
SAPEURS POMPIERS 210
ENSEIGHANTS CONFESSIONNELS 2536
TOTAL 36113
Source : Direction de la Gestion Informatique du Personnel de l’Etat/Août 2009
CLASSIFICATION DES METIERS ARTISANAUX TOGOLAIS

(Annexe au Décret N°84-46 du 8 février 1984 portant réglementation de l’exercice de l’artisanat au Togo)

LISTE DES METIERS ARTISANAUX CLASSES PAR CATEGORIES PROFESSIONNELLES


ere
1 catégorie : Alimentation 2e catégorie : Bâtiment 3e catégorie : Bois et Ameublement
1- Fabricant de beurre de karité 18-Tailleur de pierre 32-Bûcheron
2-Fabricant d’huile d’arachide, de palme, de 19-Briquetier- tuilier 33-Scieur de long
palmiste, de coprah 20-Fabricant d’agglomérés (banco, 34-Charron
3-Meunier (moulin à farine) terre stabilisée, ciment) 35-Charpentier
4-Boulanger 21-Puisatier 36-Menuisier-ébéniste
5- Fabricant de bière à base de céréales (mil, maïs, 22-Carreleur 37-Sculpteur sur bois
sorgho) 23-Ferrailleur 38-Tourneur
6- Fabricant de vin de palme 24-Maçon 39-Vernisseur
7- Fabricant de fromage blanc 25-Couvreur 40-Pipier (fabricant de pipe en bois)
8- Fumeur de poissons et crevettes 26-Plombier 41-Fabricant de jouets en bois
9- Fabricant de gari 27-Peintre 42-Vannier rotinier d’ameublement
10- Fabricant de tapioca 28-Peintre en bâtiment 43-Tresseur de natte d’ameublement
11- Fabricant de moutarde de néré, de soja... 29-Vitrier 44-Tapissier-garnisseur
12- Boucher 30-Electricien bâtiment 45-Matelassier
13- Tripier 31-Fabricant de grille antivol 46-Fabricant de mobilier métallique
14- Fabricant de beignets 47-Fabricant de sommier métallique
15- Fabricant d’igname frite 48- Fabricant de lit métallique
16- Pêcheur 49- Fabricant de siège métallique
17- Chasseur
4e catégorie: Métaux, Mécanique et Electricité 5e catégorie : Cuirs, Textiles et Vêtements 6e catégorie : Hygiène et divers
50-Fondeur 77-Tanneur 99-Coiffeur hommes
51-Tôlier 78-Bourrelier 100-Coiffeur femmes
52-Soudeur 79-Cordonnier 101-Esthéticienne
53-Menuisier en métal (fer, aluminium) 80-Savetier-Babouchier 102-Masseuse Rinésithérapeute
54-Mécanicien (mécanique général) 81-Maroquinier 103-Protésiste dentaire
55-Ajusteur-Tourneur 82-Sellier-garnisseur 104-Mécanicien orthopédiste
56-Ferblantier 83-Cordier-préparateur de fibres végétales 105-Photographe
57-Etameur 84-Fileuse 106-Bijoutier
58-Maréchal-ferrant 85-Tisserand 107-Dinandier (chaudronnier)
59-Forgeron 86-Bonnetier 108-Horloger
60-Mécanicien Agricole 87-Blanchisseur (couleur) 109-Lapidaire (tailleur de pierres ornementales
61-Charpentier en fer 88-Teinturier (couleur) ou pour bijouterie)
62-Serrurier – Ferronier 89-Imprimeur sur toile (cotonnade à l’indigo) 110-Bandagiste
63-Carrossier – tôlier 90-Couturière 111-Oculiste
64-Peintre en voiture automobile 91-Tailleur 112-Dépolisseur de verre, de glace
65-Mécanicen, réparateur automobile 93-Confectionneur 113-Vitrier
66-Monteur – réparateur en cycles et motos 94-Chapelier-modiste 114-Potier, céramiste
68-Mécanicien- réparateur en machine de 95-Blanchisseur-laveur 115-Imprimeur
bureau 97-Teinturier-dégraisseur 116-Métier annexes de l’imprimerie
69-Mécnicien- réparateur en machine à coudre 98-Repasseur 117-Relieur
70-Electricien généraliste 118-Fabricant de savon
71-Réparateur d’appareils ménagers 119-Chauffeur transporteur
72-Radio-électricien 120-Chauffeur
73-Frigoriste 121-Fabricant d’instrument de musique
74-Monteur-dépaneur radio 122-Travail d’ivoire, de la corne de l’écaille
75-Electro-mécanicien 123-Fabricant d’objets de piété
76-Bobinier 124-Fabricant d’ornements funéraires
125-Fabricant d’objets de bronze
126-Fabricant de luminaires
127-Vannier (nasses à poisson, cage à oiseaux,
paniers à volaille, etc.)
128-Jardinier
129-Horticulteur
LISTE DES TABLEAUX ET ENCADRES

A- Liste de tableaux

Tableau N°1 : Seuils de la pauvreté par région (Page 8).

Tableau N°2 : Incidence de la pauvreté monétaire par milieux de résidence selon les
régions (en %) (Page 10).

Tableau N°3 : Répartition des actifs du secteur informel suivant leur statut socio-
professionnel et les variables socio-démographiques (Page 28).

Tableau N°4 : Statistiques sur la réglementation des affaires au Togo (Page 30).

Tableau N°5 : Répartition du nombre des victimes d’Accidents de Travail (AT) et


Maladies Professionnelles (MP) selon la gravité (Page 41).

Tableau N°6 : Répartition des employeurs et des salariés assujettis la CNSS par région
économique et par secteur juridique : Année 2008 (Page 57).

Tableau N°7 : Dépenses de prestations sociales (en millions de franc) (Page 58).

B- Liste des encadrés

Encadré 1 : Le processus de l’initiative PPTE. (Page 7).

Encadré 2 : Indicateurs clés du marché du travail (ICMT), 5e édition (Page 22).

Encadré 3 : Document Cadre de Politique de l’Emploi et de Lutte contre la Pauvreté


(Page 63).
BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES GENERAUX

- Dago YABRE, Droit du Travail Togolais, 1ére édition, 2008, 314p.


- Jean PELISSIER, Alain SUPIOT et Antoine JEAMMAND, Précis de Droit du travail,
Dalloz, 24e édition, 2008, 1516p.
- J. DUPEYROUX, M. BORGETTO et R. LAFORE, Précis de Droit de la sécurité
sociale, Dalloz ,16e édition, 2008, 1280p.

II- OUVRAGES SPECIALISES

- Sylvie SIFFERMANN et Paul WEBER, L’inspection du travail et la mondialisation


durable, Association Internationale de l’Inspection du Travail, Genève, SUISSE,
2008, 116 p. ;
- Damien Millet et Eric TOUSSAINT, 60 questions 60 réponses sur la dette, le FMI et
la Banque mondiale, 2008, 390p ;
- Mamadou KOULIBALY, La pauvreté en Afrique de l’Ouest, Collège africain de socio
économétrie, 2005, 144p ;
- Arnaud Zacharie, La stratégie DSRP-PPTE en R. D. Congo, Bruxelles - Juillet 2003,
26p. ;
- Soulèye KANTE, Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : Vers
la promotion du travail décent. Document de travail du BIT, 2001, 60p.

III- PERIODIQUES ET REVUES

- Marc RAFFINOT, l’appropriation des politiques de développement : de la théorie à la


mise en pratique, Université Paris Dauphine, Développement Institutions et Analyse
de Long terme (DIAL), Document de travail DIAL Mars 2009, 21p. ;
- Banque mondiale, Rapport Doing business, 2009, 195p. ;
- PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 2008, 391p. ;
- BIT, Le défit mondial de l’emploi dans Le magazine "TRAVAIL" de l’OIT, n°62, Avril
2008, 48p. ;
- Etude sur la perception de la pauvreté au Togo, Université de Lomé (URD-2006) ;
- BIT, Les grands défis mondiaux de l’inspection du travail, Vol.140-141, 2005, n°3-4,
92p. ;
- Alexandre KOLEV, Chômage, Qualité de l’emploi et pauvreté : le cas de la Bulgarie,
RIT, Vol. 144, 2005, n°1, p.89-120 [33p.] ;
- BIT, Rapport sur l’emploi dans le monde : Emploi, productivité et réduction de la
pauvreté, 2004-05, p.24-78 [56p.] ;
- Gary S. FIELDS, Travail décent et stratégie de développement, Revue International
du travail (RIT), Vol. 142, 2003, n°2, p.159-193 [36p.] ;
- Iftikhar AHMED, Travail décent et développement humain, RIT, Vol. 142, 2003, n°2,
p.287-295 [10p.] ;
- Richard ANKER, Igor CHERNYSHEV, Philippe EGGER, Farhad MEHRAN et
Joseph A. RITTER, La mesure du travail décent : un système d’indicateurs
statistiques de l’OIT, RIT, Vol. 142, 2003, n°2, p.159-193 [36p.] ;
- BIT : S’affranchir de la pauvreté par le travail, 91e session de la Conférence
Internationale du Travail, Genève, 2003, 119p. ;
- Lawrence HADDAD et Michelle ADATO, L’efficacité des programmes d’emploi dans
la lutte contre la pauvreté : résultats obtenus en Afrique du Sud, RIT, Vol.141, 2002,
n°3, p.223-248 [27p.] ;
- CNUCED, Rapport sur les pays les moins avancés : Echapper au piège de la
pauvreté, 2002, 309p. ;
- CNUCED, De l’ajustement à la réduction de la pauvreté : qu’ a-t-il de nouveau ? 26
septembre 2002, 69p. ;
- G.M. KELLY, L’emploi et l’idée de travail dans la nouvelle économie mondiale RIT,
Vol.139, 2000, n°1, p.5-32 [32p.] ;
- BIT, Rapport du Directeur Général, Activités de l’OIT 1998-1999 : La promotion de
l’emploi et la lutte contre la pauvreté, Conférence internationale du travail, 88è
Session 2000, 156p. ;
- PNUD, Rapport sur la pauvreté : « Vaincre la pauvreté humaine », 2000, 144p. ;
- BIT-PECTA, Crise économique et perspective de l’emploi dans une économie
ouverte : Le cas du Togo, vol.2, Addis-Abeba, 1984 ;
IV- COURS ET MEMOIRES

- AKUETE Tékpoh, Cours de déontologie et pratiques de l’inspection du travail, ENA Cycle


III, Option : Administration du Travail et des Lois Sociales, 2007-2009 ;
- KLOUVI Ayi, Cours de statistiques du travail, ENA Cycle III, Option : Administration du
Travail et des Lois Sociales, 2007-2009 ;
- IMKAKPAMALE Mohamed, L’impact de la prévention des risques professionnels sur
le développement socio-économique du Togo, Mémoire, ENA, Cycle III, Option :
Administration du Travail et des Lois Sociales, 2006-2008.
- TODOM KENAO Hessou, La collaboration des services d’inspection du travail avec
les institutions partenaires, Mémoire, ENA, Cycle III, Option : Administration du
Travail et des Lois Sociales, 2005-2007 ;
- AGBAGLA Tomekpé Amewanou, Sécurité sociale et développement national,
Mémoire, ENA, Cycle III, Option : Administration du Travail et des Lois Sociales,
1984-1986 ;

VI- DOCUMENTS OFFICIELS

- Code du travail : Loi N° 2006-010 du 13 décembre 2006 portant code du travail ;


JORT N°38 du 13 décembre 2006 ;
- Code de la sécurité sociale : Ordonnance n°39 du 12 novembre 1973 portant code
de sécurité sociale, JORT N°31 du 16 décembre 1973 ;
- Document Complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-C), Juin 2009,
105p. ;
- Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-I), Février
2008, 93p. ;
- Enquête Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien être (QUIBB), 2006, 102p ;
- Document Cadre de la Politique Nationale de l’Emploi et de lutte contre la pauvreté,
BIT, Genève, 2004, 56p. ;

VІ- AUTRES DOCUMENTS

- Le Nouveau Petit Robert de langue française, 2009, 2837p.


- G. CORNU, Vocabulaire juridique, PUF, coll. Quadrige, 7e éd., 2005, 970p.
- J. BREMOND et A. GELEDAN, Dictionnaire des sciences économiques et sociales,
2002, 392p.

VII- SITES INTERNET

- Site officiel de l’Organisation Internationale du Travail : http://www.ilo.com ;


- Site officiel de la République Togolaise : http://www.republicoftogo.com ;
- Site officiel de la Présidence du Togo : http://www.presidencetogo.com ;
- Site officiel de la législation togolaise : http://www.legitogo.gouv.tg.
TABLE DES MATIERES

Liste des sigles et abréviations….……………………………………….…...……….…...iii


Dédicace…………………………………….....…………………….………..….………….iv
Remerciements…………………………….……………………...….....……….............…v
Avertissement……………………………...……………………………..………....…...….vi

INTRODUCTION…………………………...…………………………….…..……….….….1

PREMIERE PARTIE : VUE D’ENSEMBLE SUR LA PAUVRETE AU TOGO

CHAPITRE I : ANALYSE DU DOCUMENT DE STRATEGIE DE REDUCTION DE LA


PAUVRETE (DSRP)…………………………………..……….………………………..7
SECTION I : Diagnostic de la pauvreté au Togo…………………....……………………8
Paragraphe I - Les statistiques nationales sur la pauvreté au Togo……………….…8
A- Seuils de pauvreté au Togo…………………………….….………………………....…8
B- Incidence de la pauvreté au Togo………………………….…………...………...……9
Paragraphe II - La vulnérabilité et les caractéristiques socio-démographiques
des ménages………………………………………………………………………….…….11
A- Pauvreté et vulnérabilité……………………………………..…………………………11
B- Pauvreté et caractéristiques socio-démographiques des ménages..……..……....12
SECTION II : Analyse critique du cadre DSRP….…………………………..……….…13
Paragraphe I : Les limites du processus d’élaboration du DSRP……………….……13
C- Un cadre conceptuel ambigu………………………………………………..…….…..13
D- Un contrôle dissuasif a posteriori………………………………………………...…...14
Paragraphe II : Les limites des mesures de réduction de la pauvreté du DSRP….. 15
A- Les mesures de croissance économique formulées dans le DSRP……….…..….16
1- Le renforcement des réformes structurelles………………………………………….16
2- L’excessive libéralisation de l’économie togolaise…………………………………..17
B- La marge de l’emploi décent dans le DSRP…………………………………..……..19
CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DU MARCHE DU TRAVAIL AU TOGO….22
SECTION I : Liens entre pauvreté et situation sur le marché du travail……………...23
Paragraphe I : Le chômage…………………………………………………………...….23
A- Définition et typologie du chômage……………………………………………………23
1- Définition………………………………………………………………………………….23
2- Typologie du chômage………………………………………………………………….24
B- Dynamique du chômage au Togo……………………………………………..………25
Paragraphe II : La structure de l’emploi…………………………………………...……26
A- Emploi atypique…………………………………………………………...…...………..26
B- Emploi informel……………………………………………………………..…………...27
SECTION II : Déterminants des échecs sur le marché du travail………………..……29
Paragraphe I : Les causes économiques………………………………………..……...29
A- La faiblesse des entreprises…………………………………………………..……….30
B- La progression de l’économie informelle…………………………………….…….…31
Paragraphe II : Les causes sociales………………………………………………..…..32
A- Les aspects de la vulnérabilité……………………………………………………..….32
B- Les groupes vulnérables……………………………………………………..…….…..34

DEUXIEME PARTIE : APPORTS DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA REDUCTION


DE LA PAUVRETE AU TOGO : LA PROMOTION DU TRAVAIL
DECENT

CHAPITRE I : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL A LA


CROISSANCE ECONOMIQUE DU TOGO…………………………………….………..39
SECTION I : L’assainissement du cadre des entreprises, un préalable nécessaire..39
Paragraphe I : La productivité des entreprises…………………………………………40
A- Le secteur privé structuré…………………………………………………...………....40
B- Le secteur informel………………………………………………………………..…….42
Paragraphe II : L’émergence de l’économie nationale………………………….……..43
A- L’éviction des pertes financières pour l’Etat……………………………………….…43
B- L’amélioration de la consommation privée par habitant…………………….………44
SECTION II : La politique de l’emploi, un nécessaire aboutissement…………….….45
Paragraphe I : Les Fondements juridiques…………………………………..…………45
A- Les normes internationales…………………………………………………….………45
B- Les normes nationales…………………………………………………………….……46
Paragraphe II : Les fondements matériels………………………………………...…...48
A- L’emploi, garant d’une croissance durable et soutenue…………………………….48
B- L’emploi, préalable à une efficiente réduction de la pauvreté……………..……….49
CHAPITRE II : APPORT DE L’ADMINISTRATION DU TRAVAIL AU
DEVELOPPEMENT HUMAIN DES TOGOLAIS…………………………………….….51
SECTION I : Incidence de la qualité de l’emploi sur la réduction de la pauvreté……51
Paragraphe I : Les droits fondamentaux au travail…………………………….………52
A- La liberté et la dignité………………………………………………………………...…52
B- L’équité…………………………………………………………………...………………53
Paragraphe II : Les conditions minima de travail…………………….…………………55
A- La rémunération et la durée du travail………………………………………......……55
B- La protection sociale……………………………………………………………..…..…56
SECTION II : Recommandations pour une efficiente action de l’administration du
travail sur l’effectivité du travail décent au Togo………………………….…………..…59
Paragraphe I : Recommandations à l’endroit des organes de l’administration
du travail…………………………………………………………………………………..…59
A- La DGTLS et l’inspection du travail…………………………….………………….….59
B- La CNSS et les services en charge de l’emploi……………….……………….…....61
1- La CNSS………………………………………………………………………………….61
2- Les services en charge de l’emploi……………………………………………………62
Paragraphe II : Recommandations pour une bonne collaboration entre les organes
de l’administration du travail……………………………………………………….………63
A- Inspection du travail et services en charge de l’emploi……………………………..63
B- Inspection du travail et CNSS…………………………………………………………64
CONCLUSION………………………………………………………….……………..........66
Annexe...………………………………………………………………….…………...…....69
Bibliographie……………………………………………………………………………….71
Table des matières………………………………………………………………...……...75

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