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La Mort d'un Légat


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Introduction
Le présent scénario s’inscrit dans le cadre
d’une Saga ayant pour toile de fond la Fold
croisade lancée contre les Cathares du Sud Table of Contents
de la France par le Pape Innocent III au
début du XIIIe siècle. L’événement Introduction
déclencheur de cette croisade fut La requête de Priscilla
l’assassinat du légat du Pape, Pierre de Le départ de la chevauchée
Castelneau, au matin du 14 janvier 1208 La mise en garde de Saint Jérôme
alors qu’il venait de traverser le Rhône. Le Le piège féerique
Pape tint le comte Raimond VI de Toulouse La rencontre de Trencavel
responsable de l’assassinat qui aurait été L’arrivée à Saint­Gilles
perpétré par un des hommes du comte qui La confrontation avec le légat
se serait ensuite réfugié à Beaucaire. Que A la recherche de Raimond
cette accusation soit ou non fondée, elle La mort du légat
servit en tout cas de détonateur, le Roi de Epilogue
France acceptant ensuite, fût­ce du bout
des lèvres, de soutenir la croisade exigée depuis longtemps par le Pape.

S’agissant d’un événément historique d'une importance centrale pour cette période,
ce scénario a pour but d’y associer étroitement les personnages. Dans ma Saga, l’un
des compagnons, Ronald, demeure lié à l’Alliance de Bellaquin, proche du comte de
Toulouse. L’une des membres du triumvirat de Bellaquin, Priscilla de Jerbiton, lui
demande d’escorter le comte de Toulouse jusqu’à Saint­Gilles où il doit rencontrer les
légats du Pape et plaider pour que son excommunication soit levée. Priscilla craint en
effet pour la vie du comte en raison d’une prophétie lue dans la Tapisserie magique de
Bellaquin (décrite dans le supplément Les Alliances). Au cours du voyage, le comte
doit faire face à des difficultés croissantes causées par les êtres féériques qu’il a
offensés en favorisant le défrichement de la forêt de Sadrissel, au sud de Toulouse. La
menace ne vient cependant pas de là : Jérôme de Bonisagus, un Mage corrompu par
le satanisme et l’ennemi des personnages, prend le contrôle d’un jeune homme de la
suite du comte et provoque ainsi l’assassinat du légat. Les personnages, tout occupés
qu’ils sont à résoudre les difficultés provoquées par le changelin, assistent,
impuissants, à l’assassinat du légat.

Le scénario devrait pouvoir être joué sans les liens des personnages avec Bellaquin, il
ne doit en effet pas être très compliqué de les faire se joindre à l’escorte du comte
jusque Saint­Gilles. Quant à Jérôme, il n’est même pas essentiel au déroulement du
scénario : l’assassin du légat peut avoir été guidé par la colère sans qu’un sataniste
ne soit là­dessous. En revanche, il paraît plus difficile de sortir entièrement le scénario
du contexte historique de l’assassinat du légat, sauf à en faire une simple aventure «
policière » où les personnages enquête sur les mystérieux événements qui se
produisent au cours de leur voyage en compagnie d’un noble puissant qu’ils sont
chargés de protéger.

Pour la rédaction de ce scénario, je me suis basé sur les sources suviantes :

M. Roquebert, L’épopée cathare. I. L’invasion 1198­1212, s.l., Perrin (Tempus),
2006 (1ère éd. 1970 ayant obtenu le Grand Prix d’Histoire de l’Académie
française), 848 p., spéc. pp. 303­315
L. Macé, Les comtes de Toulouse et leur entourage. XIIe­XIIIe siècles. Rivalités,
alliances et jeux de pouvoir, Toulouse, Editions Privat, 2003, 445 p.
E. Brasey, L'univers féérique, Paris, Pygmalion, 2008, 863 p., spéc. p. 329 et s.
(à propos des sirènes et ondines)
Jacques de Voragine, La légende dorée, ouvrage du XIIIe siècle, à propos de la
vie de Saint Jérôme

La requête de Priscilla
Janvier 1208. Alors que les personnages s’apprêtent à quitter Doïsseteppe à l’issue du
Dernier Tribunal, Priscilla vient trouver Ronald et en appelle à sa loyauté. Elle
l’informe que juste avant son départ de Bellaquin, la tapisserie magique représentait
le comte de Toulouse en discussion animée avec un légat, le menaçant du doigt, et
dans l’ombre, derrière lui, un homme armé d’une épée, prêt à frapper. (En réalité, la
position de l’homme signifie que c’est un homme du comte de Toulouse, non qu’il va
frapper celui­ci; car c’est le légat la victime). Priscilla s’en serait bien occupée elle­
même, mais compte tenu de l’issue du Tribunal, elle a décidé de gagner
immédiatement la cour du Roi de France pour tenter d’éviter la croisade; du reste, et
toujours compte tenu de la décision du Tribunal, elle se sent surveillée et ne souhaite
pas intervenir ostensiblement dans les affaires du comte Raimond. Elle décide dès lors
d’envoyer Ronald pour se mêler à l’entourage de celui­ci et veiller à sa sécurité au
cours de son voyage jusqu’à Saint­Gilles où il doit justement rencontrer les légats. Au
passage, elle glisse que Saint­Gilles est à la fois un lieu de pèlerinage important, un
port extrêmement prospère au carrefour de l’Orient et de l’Occident, et un lieu réputé
pour les puissants êtres féeriques qui vivent à ses abords.

En réalité, l’homme aperçu sur la tapisserie n’est autre que Thibault de Beaucaire qui,
à l’instigation de Jérôme, assassinera le légat Pierre de Castelneau, précipant la
croisade contre le Midi et, ainsi, contre l’Alliance des personnages.

Le départ de la chevauchée
Les personnages ont tout juste le temps de faire un crochet par leur Alliance avant de
mettre le cap sur Bellaquin où le comte de Toulouse a fait étape avec son entourage.
Celui­ci se compose d’une vingtaine de personnes, essentiellement des hommes
nobles de diverse importance; il comprend en particulier :

Thibault de Beaucaire, un jeune homme fougueux qui connaît bien la vallée du
Rhône. Il est prompt à la colère et à l’emportement, et c’est justement sur cette
corde que Jérôme jouera pour provoquer l’assassinat. Il peut notamment
apprendre aux personnages que Saint­Gilles est renommée pour les étranges
apparitions de femmes sur le Rhône, le plus souvent à la nuit tombée. On dit que
ce sont des sirènes qui vivent sur le littoral où elles entraînent les marins
malchanceux sous les flots.
Raimondet, le fils du Comte de Toulouse, âgé de 10 ans à peine (voy. L. Macé,
o.c., pp. 67­70)
Rostaing, le connétable du comte, l’un de ses principaux conseillers (L. Macé,
o.c., p. 124).
Dragonnet le Preux, une brute épaisse (L. Macé, o.c., p. 108)
Aldebert de Noves, un légiste formé à Bologne, caricature du juriste pédant,
occupant les fonctions de juge­chancelier du Comte (L. Macé, o.c., p. 110)
Un changelin, ayant présentement la forme d’un soldat absolument ordinaire.
Avant d’arriver à Bellaquin, Raimond a fait halte aux abords de la forêt de
Sadrissel, où l’abbé de Saint­Sernin a décidé de fonder un nouveau monastère
en défrichant des terres. Malheureusement pour lui, ce sont des terres féeriques,
et des événements étranges – lumières dans la nuit, animaux qui parlent, etc. –
ont effrayé les moines. Ceux­ci ont dès lors profité du passage de Raimond pour
lui demander son appui. Raimond qui a consenti, et a fait stationner toute sa
troupe en arme pendant la nuit pour montrer aux moines qu’il ne s’agissait que
de « contes de bonne femme ». A un moment, un animal étrange s’est approché,
mais les hommes de Raimond l’ont abattu d’une flèche. Les êtres féeriques,
prenant peur, ont laissé les moines tranquilles… mais l’un d’eux s’est infiltré par
les hommes du comte et est bien décidé à lui faire payer son immixtion dans les
affaires des fées. C’est un changelin, et il peut à son gré changer d’apparence. Il
réserve quelques bonnes surprises à Raimond et à sa troupe… Si jamais il est
démasqué avant la fin, il disparaît et revient sous un autre déguisement.

La mise en garde de Saint Jérôme


 
La troupe a emprunté un passage bien connu, mais s’arrête soudain, perplexe face à
un embranchement dans les bois dont le guide n’a aucune souvenance. Raimond
rejoint l’avant­garde, et c’est alors qu’on remarque un vieil homme, assis à même le
sol au pied d’un arbre, que personne ne semblait avoir jusqu’alors remarqué. A ses
pieds ronronne un chat. Ceux qui ont le don de Double Vue croient un instant le voir
richement habillé comme un cardinal, y compris avec le chapeau rouge de la fonction,
et méprennent le chat pour un lion – lion et chapeau de cardinal étant les attributs de
Saint Jérôme; mais, aussitôt, ils ne voient qu’un vieil homme et un très ordinaire
chat.

Saint Jérôme : Salut à toi, homme rongé par le doute !

Thibault fait un mouvement menaçant dans sa direction, mais Raimond l’arrête d’un
geste et répond : Sais­tu seulement à qui tu t’adresses, vieil homme ?

Saint Jérôme : Pour les hommes ici­bas, tu es le Prince Raimond de Saint­Gilles,
comte de Toulouse, duc de Narbonne et marquis de Provence; mais, pour le Très
Haut, tu n’es qu’un homme parmi les hommes, et le plus humble des pécheurs.

Si on lui demande qui il est, il répond : Je fus autrefois un savant, et me consacrai à
l’étude des Saintes Ecritures; mais aujourd’hui, je ne suis qu’un simple messager.
Si on lui demande quelle
route prendre, il répond que
l’homme pieu et juste n’a
qu’à regarder dans son cœur
pour savoir quel chemin
emprunter.

Si on lui demande ce qu’il
veut, il répond : Je suis venu
t’exhorter, Raimond, à te
jeter aux pieds de l’Eglise et
à lui demander pardon. Il est
encore temps; mais si jamais
tu tardes encore, alors tu
cours inévitablement à la
ruine. Sache qu’il est un
homme mauvais qui a juré ta
perte et, à travers toi, celle
de tout le Midi. Cet homme
mauvais, qui porte le même
nom que celui que je portais
autrefois, s’apprête à te
porter un grand coup; mais
ce n’est point lui que tu dois
craindre, mais toi­même !

Raimond : Que veux­tu dire ?
Parle !

Saint Jérôme : Je veux dire
que tu trouveras en toi ton
pire ennemi. Si tu n’y prends
garde, tes craintes, tes St. Jerome, by Peter Paul Rubens, 1625–1630. Source : Wikimedia  
hésitations causeront ta Commons.
chute.

Raimond : Prends garde à ta langue, si tu tiens à la vie !

Saint Jérôme : Je dis que la pire des contradictions te menace. Croyant conserver la
paix, tu te refuseras à faire la guerre; mais lorsque tous tes amis seront tombés sans
pouvoir compter sur ton aide, alors la guerre fera rage sur tes terres. Tu verras
s’effondrer tout ce qui t’est cher, tu boiras la coupe amère de la trahison, tu
connaîtras la douleur, l’exil et la mort.

Assez ! s’écrie Thibault de Beaucaire en tirant sa lame; et, sans crier gare, Saint
Jérôme disparaît.

Le piège féerique
Avec tout cela, les personnages ne sont pas plus avancés sur l’itinéraire à emprunter.
Au passage, ils peuvent observer qu’alors que tout le monde était captivé par
l’échange entre Raimond et le vieil homme, un soldat semble n’y prêter absolument
pas attention, et est tout entier absorbé dans la contemplation d’une feuille d’arbre. Il
s’agit du changelin qui, étant dépourvu d’âme, ne peut tout simplement pas entendre
la parole de Saint Jérôme.

L’embranchement est évidemment l’œuvre des êtres féériques, décidés à faire payer à
Raimond son intrusion sur leurs terres. Deux chemins sont possibles : l’un accueillant,
l’autre sombre et sinistre.

Sur ce second chemin, au moins la menace est claire : plus loin dans les sous­bois, au
milieu de la route a poussé un gigantesque arbre maléfique, qui tente d’écraser de ses
branches les voyageurs qui passent de part et d’autre de lui. Il n’est pas très rapide,
mais redoutable. Le feu, bien sûr, l’effraie, mais quiconque provoque un incendie
s’attirera l’inimitié durable du peuple des fées.

Sur le chemin lumineux, au contraire, tout paraît idyllique. Malgré l’hiver, la
température est douce et, parvenus au milieu d’une clairière ensoleillée avec en son
centre une petite mare, les hommes du comte ont tellement chaud qu’ils se défont de
leur vêtements et n’ont qu’une envie, c’est aller se rafraîchir dans l’eau pure. Bien mal
leur en prend ! En réalité, toute cette chaleur n’est qu’une illusion (jet de Résistance
Magique en Ignem, difficulté 15, pour s’en apercevoir, ou des jets d’Int). S’ils ne
prennent pas garde, ils vont tous geler sur place ! (Jets d’Energie pour éviter la perte
de Niveaux de Fatigue; en cas d’évanouissement, ils meurent rapidement de froid). Le
changelin, bien sûr, montre l’exemple, il est le seul à ne pas souffrir réellement du
froid.

La rencontre de Trencavel
Halte à Carcassonne. C’est l’occasion de rencontrer Raymond­Roger Trencavel,
vicomte de Carcassonne et de Bézier, neveu de Raimond VI. Les relations ne sont pas
vraiment au beau fixe – les deux familles sont rivales depuis des années, et les
Trencavel sont maintenant vassaux de Pierre II d’Aragon plutôt que des Comtes de
Toulouse – mais les choses se sont calmées depuis la montée au pouvoir de Raimond
VI. Trencavel est un jeune homme fougueux au tout début de la vingtaine, il contraste
fortement avec le calme Raimond VI. Celui­ci est venu tâter le terrain pour voir si une
alliance est possible au cas où la croisade devait se mettre en marche; mais, à ce
stade, Trencavel n’est pas chaud, il considère que le problème est principalement le
problème de Raimond – après tout, c’est lui qui s’est fait excommunier ! D’un autre
côté, son tempérament belliqueux s’accomoderait bien d’un bataille rangée, mais il
craint que Raimond n’en profite pour annexer le vicomté.

Un événement va perturber les relations entre les deux hommes. Pendant la nuit, le
changelin, assumant les traits et les habits d’Adelbert de Noves, se rend jusqu’aux
écuries où il libère tous les cheveaux, tant ceux de Trencavel que de Toulouse, et se
dirige vers une des portes des remparts. La sentinelle de garde s’endort sous le
sortilège du changelin, et les cheveaux le suivent docilement. Mais Jean le Palefrenier
se réveille sous le coup d’une brusque inquiétude pour « sa Neli ». Trouvant l’écurie
vide, il l’appelle, brisant le sortilège, celle­ci hennit en retour. La plupart des chevaux
se dispersent dans la nature, certains se brisent les pattes en tombant, c’est la
pagaille. Au petit déjeuner, Raimond est furieux contre Trencavel, mais les choses
s’inversent lorsqu’un homme de Trencavel vient lui parler à l’oreille puis introduit Jean
qui accuse Adelbert ! Celui­ci nie en bloc de son ton empoulé, Raimond qui le connaît
et lui fait confiance le croit mais il est d’une méchante humeur ! Les cavaliers
repartent, avec quelques chevaux de moins que l’on est pas parvenu à retrouver, et
les relations encore plus tendues entre le comte et le vicomte. Les personnages
parviendront­ils à reconstituer ce qui s’est passé ? Si le changelin menace d’être
démasqué, il s’éclipse et se mêlera à quelques marchands qui comptent faire voyage
avec Raimond jusque Saint­Gilles.

L’arrivée à Saint-Gilles
La rencontre avec les
légats est prévue de
lendemain soir dans le
palais comtal. En
attendant, les
personnages ont tout
le loisir de flâner dans
la ville, qui compte
parmi l’une des foires
les plus grandes
d’Europe. On y trouve
de tout, des produits
venus d’Orients, des
étoffes et des métaux
précieux, de quoi
améliorer
significativement la
qualité d’un
laboratoire, si du
moins l’on a les
finances nécessaires.
On peut même espérer
dégoter un objet aux
propriétés magiques
entre les étals.

En cours d’après­midi,
alors qu’ils se mêlent à
la foule, les
personnages tombent Source : BnF, Français 159, fol. 271v, David dans l'eau, manuscrit des  
soudain nez­à­nez XIVe­XVe siècle.
avec Jérôme, déguisé en simple pèlerin. Celui­ci réprime un mouvement de surprise
puis adopte un sourire cynique. S’il apprend que les personnages faisait partie de la
troupe de Raimond, il les raille pour s’être mêlé une fois de plus des affaires des
vulgaires, malgré l’avertissement donné par le dernier Tribunal. Si on l’interroge sur
les motifs de sa venue à Saint­Gilles, il répond hypocritement qu’il n’y a pas lieu de
s’étonner de le trouver sur un lieu de pèlerinage; mais qu’en ce qui le concerne, le
voyage se termine déjà. Et, effectivement, si on le suit, il se mêle à un groupe de
pèlerins qui reprend la direction d’Albi. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit entièrement
parti : son familier corbeau continue à décrire des cercles autour de l’enceinte de la
ville, pour lui rapporter la suite de son plan.

Car, en réalité, le mal est déjà accompli : Jérôme n’a eu aucune peine à se mêler à la
foule des badauds qui se pressent à l’intérieur du palais comtal et, de là, de trouver
l’instrument de ses agissements en la personne de Thibault de Beaucaire. Il a invoqué
un démon de la colère, qui a trouvé en Thibault, au tempérament déjà fougueux, une
proie facile. C’est le démon qui le poussera à commettre le lendemain le crime terrible
qui retombera sur son maître.

Alors que Jérôme prend congé, soudain la foule s’agite : on a retrouvé le cadavre d’un
homme noyé dans le Rhône. Il s’agit de Rostaing, le connétable du comte
(effectivement décédé en 1208 selon L. Macé, o.c., p. 124). En réalité, on
interrogeant les gens, on peut reconstituer que le comte, son connétable et un soldat
s’étaient promenés aux alentours du port pendant l’après­midi. Au palais, on pourra
apprendre aux personnages que le comte avait l’intention de réfléchir avec son
connétable à la stratégie à adopter vis­à­vis des légats, et cherchait le calme au bord
du Rhône. Le soldat n’est autre que le changelin, qui a profité de l’occasion pour enfin
exercer sa vengeance sur le comte : une nef blanche a surgi des flots, et une femme
d’une beauté surnaturelle – une sirène féerique – a invité le comte à monter à bord.
Le connétable a voulu le retenir, mais alors le changelin l’a poussé à l’eau et il s’est
noyé. Le changelin a ensuite pris l’apparence du comte et est retourné au palais, en
écartant d’un geste les questions qui lui ont été posées. A ce stade­ci, les
personnages ne parviendront pas à trouver de témoin de l’apparition de la nef, à
moins qu’ils ne s’éloignent fort du port; mais ils pourront reconstituer l’histoire de la
présence du comte. S’ils retournent au palais, ils arrivent juste à temps pour
l’entrevue avec les légats.

La confrontation avec le légat


Les légats du pape, Pierre de Castelneau et Navarre, évêque de Couseran (Raoul de
Fontfroide étant décédé à l’été 1207), font leur entrée dans la salle de réception du
palais. Le changelin a l’air mal à l’aise, il se râcle la gorge comme s’il connaissait mal
son texte – après tout, c’est la première fois qu’il incarne un comte ! Heureusement,
la rencontre avec Saint Jérôme va lui servir de source d’inspiration : il reprendra mot
pour mot, y compris avec l’intonation, les paroles que le comte avait tenues à ce
moment­là.

Pierre de Castelneau : Ainsi, mon fils, tu nous a fait mander pour nous supplier de
revenir sur l’excommunication que nous avons fulminée. Pouvons­nous espérer
trouver en toi un homme rongé par le remords et enfin décidé à embrasser la parole
du Christ ?

Raimond : Sais­tu seulement à qui tu t’adresses, vieil homme ?

Pierre de Castelneau : A un pécheur que seule la miséricorde divine a su préserver
jusqu’à présent du terrible sort qui l’attend.

Raimond : Que veux­tu dire ? Parle !

Pierre de Castelneau : Je dis que si tu ne fais pas amende honorable, si tu ne
t’engages pas à extirper l’hérésie à la racine, à respecter la paix de Dieu, à disperser
les routiers aragonais qui te servent d’armée et à observer en tout point les
commandements que t’adresse la Sainte Mère l’Eglise, alors tu vas au devant de
graves difficultés !

Raimond : Prends garde à ta langue, si tu tiens à la vie !

Pierre Castelneau : Il suffit ! Il n’était pas nécessaire de nous faire mander, si c’était
pour nous tenir pareil langage. Nous quitterons la ville sans attendre, plus rien ne
nous retient ici.

Les légats se retirent sans que le comte ne tente de les retenir; son entourage est
atterré, mais le comte semble quant à lui plutôt satisfait de sa performance. Si les
personnages n’ont toujours pas compris, Raimondet s’aperçoit rapidement que ce
n’est pas son père, il le traite étrangement. C’est le moment pour les personnages
d’interroger le changelin, qui pourra les mener jusqu’à la rive où est apparue la nef
blanche. Mais le changelin n’en sait pas plus : il ne connaît pas le domaine des
sirènes. En revanche, les pêcheurs du port pourraient renseigner les personnages.
L’un des nombreux bateaux qui descend le Rhône jusqu’à la mer pourrait embarquer
les personnages afin qu’ils retrouvent à temps Raimond.

A la recherche de Raimond
A l’embouchure du Rhône, il y a une
grotte éclairée d’une lumière
surnaturelle que les pêcheurs préfèrent
éviter. Là vivent les sirènes, de
magnifiques jeunes femmes à queue
de poisson, qui se coiffent avec des
peignes d’or et protégées par des
chiens invisibles. Raimond est assis sur
un trône au fond d’une grotte dans
laquelle le niveau de l’eau monte peu à
peu avec la marée. Bientôt, il finira
noyé si les personnages
n’interviennent. Mais pour le moment,
il est en transe, entouré du beau
visage des femmes de son passé : sa
première femme, Ermessinde Pelet, Source : BnF, Français 14969, fol. 21, Sirène(s) et  
comtesse de Melgueil, décédée trois marin(s), manuscrit du XIIIe siècle.
ans par son mariage; ses deuxième et troisème femmes, Béatrice de Béziers et
Bourguine de Chypre; sa quatrième, Jeanne d’Angleterre, morte en couche; son
actuelle, Eléonore d’Aragon; et même sa mère, Constance de France, qui l’a
abandonné quand il n’avait que onze ans.

Les sirènes ne lâcheront pas facilement le comte. C’est un bel homme prêt à leur
donner son cœur ! Elles n’accepteront en échange qu’un trésor d’égale valeur, soit le
cœur d’un autre homme, soit des étoffes, pierreries, miroir ou autre. Sinon, il va
falloir sortir par la force !

Notez que toute personne versée en théologie sait que la meilleure manière de se
prémunir contre les charmes des sirènes est, à la manière de Methodius d'Olympe,
d'invoquer la parole des prophètes et des apôtres, "agissant comme un bouclier à
l'encontre du chant fatal des filles de l'eau, comme dans l'épisode au cours duquel
Orphée détourne les Argonautes du chant des sirènes en jouant de la lyre" (E. Brasey,
o.c., p. 359)

La mort du légat
Alors qu’ils reviennent vers Saint­Gilles, les personnages aperçoivent de loin les légats
qui viennent de traverser le Rhône. Soudain surgit d’un buisson un cavalier, qui
frappe d’un coup de lance le légat Pierre de Castelneau qui s’effondre, puis part au
grand galop. C’est Thibault de Beaucaire, consumé par la rage et maintenant par la
peur de l’acte qu’il a commis, qui est responsable. Jérôme n’avait certes pas prévu
l’intervention du changelin; mais il était facile d’imaginer que les légats irriteraient le
comte, et maintenant l’assassinat retombera sur lui et déclenchera pour de bon la
croisade.

Epilogue
A la suite de cet épisode, Innocent III écrivit le 10 mars 1208 une lettre circulaire aux
prélats de France qui marque le début de la croisade :

Innocent, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu à nos fils bien-aimés les nobles
hommes, comtes et barons et à tous les habitants des provinces de Narbonne, Embrun,
Aix et Vienne, salut et bénédiction apostolique.

Nous venons d'apprendre un événement cruel qui va mettre en deuil l'Eglise tout
entière: frère Pierre de Castelnau, de sainte mémoire, moine et prêtre, qui parmi les
hommes vertueux se faisait remarquer par sa conduite, son savoir et sa bonne réputation,
avait été envoyé par nous avec d'autres dans le midi de la France pour y prêcher la paix
et affermir la foi. Dans la tâche qui lui était confiée, il avait réussi d'une façon digne
d'éloges et ne cessait d'y réussir. En vérité, c'est à l'école du Christ qu'il avait appris tout
ce qu'il prêchait: il était capable d'exhorter le fidèle selon la sainte doctrine et de réfuter les
contradicteurs: il était toujours prêt à rendre raison à quiconque l'interrogeait car c'était un
homme de foi catholique, de science juridique et de parole éloquente.

Mais le Diable suscita contre lui son ministre … le Comte de Toulouse. Celui-ci, à
cause des grands et nombreux excès qu'il avait commis contre Dieu et contre l'Eglise
avait souvent encouru la censure ecclésiastique et souvent il s'était fait absoudre après un
simulacre de repentir en homme qu'il était rempli de souplesse astucieuse et d'insaisissable
inconstance. Comme il était incapable de réfréner la haine qu'il avait conçue contre frère
Pierre dont la bouche ne gardait point enfermée la parole de Dieu pour exercer la
vengeance sur les nations et répandre les châtiments sur les peuples, poussé en outre par une
rage d'autant plus vive qu'il méritait d'être plus fortement réprimandé pour ses crimes, il
convoqua à Saint-Gilles le dit frère Pierre et son collègue, légats du siège apostolique,
promettant de donner sur tous les points qui lui étaient reprochés une entière satisfaction.
Les légats une fois arrivés dans cette ville, le Comte de Toulouse se montra à leur égard
tantôt docile et sincère dans ses promesses d'exécuter les ordres qui lui étaient donnés pour
son bien, tantôt fourbe et obstiné dans son refus de s'y soumettre. Lorsque les légats
décidèrent de se retirer, il les menaça publiquement de mort: il déclara que leur départ, qu'il
se fit par terre ou par eau, serait par lui avec soin épié, et aussitôt passant des paroles aux
actes, il dressa un guet-apens et y envoya ses complices.

Sourd aux prières de l'Abbé de Saint-Gilles, et aux instances des consuls et des
bourgeois qui essayaient vainement de calmer sa fureur, il les vit d'un mauvais oeil conduire
malgré lui les légats avec une escorte armée jusqu'au bord du Rhône. A la nuit
tombante, les légats s'arrêtèrent pour se reposer sans s'apercevoir que des satellites du comte
se tenaient auprès d'eux, et comme la suite l'a prouvé, cherchaient à répandre leur sang.
Le lendemain, quand le jour fut levé et la messe célébrée comme de coutume, les vertueux
chevaliers du Christ se disposaient à traverser le fleuve quand l'un des susdits satellites de
Satan, brandissant sa lance, blessa par derrière entre les côtes ledit Pierre, lequel
appuyé fortement sur le Christ comme sur un roc inébranlable, ne s'attendait pas à une
pareille trahison. Il regarda pieusement son impie agresseur et, suivant l'exemple de son
Maître Jésus-Christ et du bienheureux Etienne, il dit: “Que Dieu te pardonne
comme moi je t'ai pardonné”: il redit à plusieurs reprises ces paroles pieuses et résignées, puis
l'espoir du ciel lui fit oublier la douleur de la blessure qui le traversait: il continua, pendant
que s'approchait le moment de son précieux trépas à régler avec ses compagnons les mesures
destinées à promouvoir la paix et la foi et, par plusieurs reprises, il finit par s'endormir
bienheureusement dans le Seigneur.

La Paix et la Foi ! C'est la plus noble cause pour souffrir le martyre: c'est pour elle
que frère Pierre a versé son sang. Aussi d'éclatants miracles auraient déjà glorifié sa
mort, nous en sommes convaincus, sans la présence de ces incrédules, pareils à ceux dont
parle l'Evangile: “Jésus ne fit pas beaucoup de miracles en ce lieu à cause de leur
incrédulité”. Quoique le miracle des langues fut destiné aux incrédules et non aux
croyants, cependant quand notre Sauveur parut devant Hérode (qui au témoignage
de Saint-Luc éprouva à sa vue une grande joie parce qu'il espérait lui voir opérer
quelque prodige), il ne daigna ni faire de miracle ni répondre à celui qui l'interrogeait,
sachant qu'en fait de prodige Hérode cherchait à satisfaire, non le besoin de croire mais
la recherche de sa vanité. Si donc cette génération dépravée et perverse n'est pas digne
de recevoir de si tôt, comme peut-être elle le cherche, de cet homme qu'elle a fait son martyr
le signe qu'elle attend, quant à nous, nous estimons utile qu'un seul soit mort pour l'empêcher
de périr tout entière, elle que la contagion de l'hérésie avait contaminée et qui pourra être
ramenée de son erreur, mieux par l'appel du sang que par les discours de sa victime. Tel
est l'antique artifice de Jésus-Christ, le merveilleux stratagème employé par notre
Sauveur: quand on le croit vaincu dans la personne des siens, c'est alors qu'il remporte
sur eux sa plus forte victoire, et en vertu de ce même pouvoir par lequel en mourant il a
vaincu la mort, il l'emporte en la personne de ses serviteurs sur ceux qui croyaient l'avoir
emporté sur eux. Si le grain de blé qui tombe dans le sillon ne meurt pas, il reste seul:
mais si au contraire il meurt,il porte beaucoup de fruit. De la mort de ce grain très
fécond, nous avons le ferme espoir de voir sortir une riche moisson pour l'Eglise du
Christ, car celui-là serait obstinément cruel et cruellement obstiné dont l'âme ne serait pas
traversé par un tel glaive.

Le sang de la victime aura, nous n'en doutons pas, une efficacité telle que l'oeuvre de la
sainte prédication qu'il avait inauguré dans le midi de la France et pour laquelle il est
descendu dans la corruption recevra de Dieu le développement désiré. C'est pourquoi nous
estimons devoir avertir et exhorter avec soin nos vénérables frères les archevêques de
Narbonne, d'Arles, d'Ambrun, d'Aix et de Vienne ainsi que leur suffragants, et nous
leur ordonnons fermement de par le Saint-Esprit et en vertu de l'obéissance qu'ils nous
doivent d'arroser et faire germer par leurs prédications la parole de paix et de foi semée par
le défunt. Qu'ils travaillent avec un zèle infatigable à combattre la dépravation hérétique
et à fortifier la foi catholique, à déraciner les vices et à planter les vertus. Qu'au nom de
Dieu le Père tout Puissant et du Fils et du Saint-Esprit, par l'autorité des
Saints-Apôtres Pierre et Paul et par la nôtre, dans tous les diocèses, ils déclarent
excommuniés et anathèmes le meurtrier du serviteur de Dieu et tous ceux qui ont
conseillé, favorisé et aidé son crime. Qu'ils aillent en personne jeter l'interdit sur tous les
lieux où se réfugieront les coupables. Que cette condamnation soit solennellement
renouvelée les dimanches et jours de fête au son de cloches et à la lueur des cierges, jusqu'à
ce que le meurtrier et ses complices se présentent au Siège Apostolique et méritent par
une satisfaction convenable d'obtenir l'absolution.

A tous ceux par contre qui, animés par le zèle de la foi catholique pour venger le sang du
juste qui élève de la terre au ciel un appel incessant jusqu'à ce que le Dieu des vengeances
descende du ciel sur la terre pour la confusion des corrupteurs et des corrompus, à tous ceux
donc qui prendront vaillament les armes contre ces pestiférés, ennemis de la vraie foi tout
ensemble et de la paix, que les susdits archevêques et évêques garantissent l'indulgence
accordée par Dieu et son Vicaire pour la rémission de leurs péchés, et qu'une pareille
entreprise suffise à tenir lieu de satisfaction pour les fautes, celles du moins dont une réelle
contribution de coeur et une sincère confession de bouche seront offertes au Dieu de
Vérité. Ces pestiférés, en effet, ne se contentent plus de viser à la destruction de nos biens,
ils cherchent à machiner la perte de nos personnes: non seulement ils aiguisent leurs langues,
pour ruiner les âmes, mais ils étendent leurs mains pour prendre les corps; ils pervertissent les
âmes et détruisent les corps.

Quant au Comte de Toulouse, déjà frappé d'anathème pour des fautes graves et
nombreuses qu'il serait trop long d'énumérer, sa responsabilité dans le meurtre du saint
homme ressort d'indices certains: non seulement il l'a publiquement menacé de mort et a
dressé un guet-apens contre lui, mais encore il a, dit-on, reçu dans son intimité le meurtrier
et lui a donné une forte récompense, sans parler d'autres présomptions qui nous sont
clairement apparues. Qu'il soit donc publiquement déclaré anathème pour ce nouveau
motif également par les susdits archevêques et évêques. Et, comme selon les canons des
saints pères, on ne doit plus garder la fidélité envers celui qui n'a pas gardé sa fidélité envers
Dieu et qui est isolé de la communion des fidèles comme un homme à éviter plutôt qu'à
fréquenter, que tous ceux qui sont liés audit comte par un serment de fidélité, d'association
ou d'alliance soient déclarés par notre autorité apostolique relevés de ce serment. Qu'il soit
permis à tout catholique, sous réserve des droits du seigneur principal, non seulement de
combattre le comte en personne, mais encore d'occuper et de conserver ses biens , afin que la
sagesse d'un nouveau possesseur purge cette terre de l'hérésie dont par la faute du comte elle
a été jusqu'ici honteusement souillée: il convient, en effet, que toutes les mains se lèvent
contre celui dont la main s'est levée contre tous, et si ce tourment ne lui donne pas
l'intelligence, nous aurons soin d'appesantir davantage nos mains sur lui. Par contre, s'il
s'engage à donner satisfaction, il conviendra indubitablement qu'il fournisse d'abord les
gages suivants de son repentir: qu'il consacre toutes ses forces à expulser les hérétiques et
qu'il se hâte d'adhérer à une paix universelle: c'est surtout, en effet, parce que sa culpabilité
a été établie sur ces deux points que la censure ecclésiastique a été prononcée contre lui.
Et pourtant, si le Seigneur voulait tenir compte de toutes ses iniquités, il ne pourrait
guère donner de satisfaction suffisante, non seulement pour lui-même, mais encore pour la
foule des autres qu'il a entraînés dans le piège de la damnation.

Selon la parole de vérité, il ne faut pas craindre ceux qui tuent le corps, mais bien celui
qui peut envoyer le corps et l'âme en enfer. Aussi nous mettons notre confiance et notre
espoir dans celui qui ressuscita le troisième jour afin de libérer ses fidèles de la crainte de la
mort pour que la mort du susdit serviteur de Dieu, loin d'effrayer notre vénérable frère
l'évêque de Couserans ou notre aimé fils, l'Abbé de Citeaux, légats du Siège
Apostolique, et les autres fidèles catholiques, excite au contraire leur ardeur: qu'ils suivent
l'exemple de celui qui a eu le bonheur de gagner la vie éternelle au prix d'une mort
temporelle: qu'ils ne craignent pas d'exposer au besoin dans un si glorieux combat leur vie
pour le Christ. C'est pourquoi nous estimons devoir conseiller et commander aux
archevêques et évêques susdits, corroborant nos prières par nos ordres et nos ordres par nos
prières, de tenir scrupuleusement compte des avis et commandements salutaires de nos légats
et de collaborer avec eux comme de vaillants frères d'armes dans tout ce que ceux-ci leur
enjoindront. Nous ordonnons, sachez-le, de respecter et d'exécuter inviolablement toute
sentence que nos légats prononceraient contre les rebelles ou même contre des nonchalants.

En avant, chevaliers du Christ ! En avant, courageuses recrues de l'armée chrétienne !
Que l'universel cri de douleur de la sainte Eglise vous entraîne ! Qu'un zèle pieux vous
enflamme pour venger une si grande offense faite à votre Dieu ! Souvenez-vous que
votre Créateur n'avait nul besoin de vous quand il vous créa. Mais, bien qu'il puisse se
passer de votre concours, néanmoins, comme si votre aide lui permettait d'agir avec plus
d'efficacité, comme si votre carence affaiblissait sa Toute-Puissance, il vous donne
aujourd'hui l'occasion de le servir d'une manière qui soit digne de lui. Depuis le meurtre
de ce juste, l'Eglise de ce pays reste sans consolateur, assise dans la tristesse et dans les
larmes. La foi, dit-on, s'en est allée, la paix est morte, la peste hérétique et la rage
guerrière ont pris des forces nouvelles: la barque de l'Eglise est exposée à un naufrage
total si dans cette tempête inouïe on ne lui apporte un puissant secours. C'est pourquoi nous
vous prions de bien entendre nos avertissements, nous vous exhortons avec bienveillance,
nous vous enjoignons avec confiance au nom du Christ, devant un tel péril nous vous
promettons la rémission de vos péchés afin que sans tarder vous portiez remède à de si
grands dangers. Efforcez-vous de pacifier ces populations au nom du Dieu de paix et
d'amour. Appliquez-vous à détruire l'hérésie par tous les moyens que Dieu vous inspirera.
Avec plus d'assurance encore que les Sarrasins car ils sont plus dangereux, combattez
les hérétiques d'une main puissante et d'un bras étendu. Pour ce qui est du comte de
Toulouse qui semble avoir fait un pacte avec la mort et ne pas songer à la sienne, si par
hasard le tourment lui donne l'intelligence et si son visage, couvert d'ignominie commence à
demander le nom de Dieu, continuer à faire peser sur lui la menace jusqu'à ce qu'il nous
donne satisfaction, à nous, à l'Eglise et à Dieu. Chassez-le, lui et ses complices, des
tentes du Seigneur. Dépouillez-les de leurs terres afin que les habitants catholiques y
soient substitués aux hérétiques éliminés et, conformément à la discipline de la foi orthodoxe
qui est la votre, servent en présence de Dieu dans la sainteté et dans la justice.

Donné au Latran, le six des Ides de Mars, l'an II de notre pontificat.

(Source : P. Guébin, H. Maisonneuve, Histoire Albigeoise, nouvelle traduction de
l'Historia Albigensis de Pierre des Vaux­de­Cernay, Librairie Philosophique J. Vrin,
Paris, 1951, p. 25­32)

Les personnages n’ont qu’à bien se tenir !

Rafaël Jafferali

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