Les sociétés transnationales sont les principaux opérateurs du système des relations
internationales économiques. En 1984, sur les 100 plus grandes entités économiques, 55
étaient des Etats et 45 des entreprises multinationales. Autant dire que ces dernières réalisent
l’essentiel des échanges économiques internationaux : principaux opérateurs du commerce
international ; quasi-totalité des investissements internationaux ; à l’origine de l’essentiel des
paiements internationaux. Dans un avis de 1972, le CES français devait considérer comme
rentrant dans la catégorie des entreprises multinationales « les sociétés dont le siège social est
dans un pays déterminé et qui exercent leurs activités dans un ou plusieurs autres pays par
l’intermédiaire de succursales ou de filiales qu’elles coordonnent ».
Vivement critiquées dans le passé par les PED, elles apparaissent dorénavant comme
un fait de civilisation. Si les critiques idéologiques se sont tues, les entreprises multinationales
demeurent au centre de profondes controverses quant à leur rôle positif ou négatif dans la
division internationale du travail et dans la mondialisation de l’économie. Elles apparaissent
comme les initiateurs d’un commerce international (car il dépasse les espaces économiques
nationaux) fermé (car il est interne à une entreprise multinationale donnée), qui constitue une
part importante et croissante des échanges internationaux : il est couramment évalué à 40 %
pour atteindre près de 70 % dans des secteurs tels que la chimie et surtout la pharmacie.
Leur puissance économique voire politique devait nécessairement amener les instances
nationales et internationales à affirmer puis à affermir leur contrôle sur leurs activités.
1. le projet de code de conduite des Nations Unies sur les sociétés transnationales
L’idée d’un code de conduite des Nations Unies sur les sociétés transnationales résulte
de la convergence momentanée de deux efforts : celui des Etats-Unis (l’objectif premier était
de décourager la corruption active des entreprises multinationales dans le cadre d’une
extension du Foreign Practices Act de 1978 ; comme l’argument n’a pas pris, il s’agissait dans
un second temps de réprimer les comportements des entreprises multinationales) et des PED.
Les pays développés souhaitaient que soit élaboré un véritable statut des sociétés
transnationales qui eût défini et leurs devoirs et leurs droits ; les PED entendaient s’en tenir à
l’énumération des devoirs des sociétés transnationales. L’affrontement a porté sur trois fronts
fondamentaux :
Certes, la déclaration et les décisions de l’OCDE ne jouent que dans un cadre limité
qui est essentiellement un cadre Nord-Nord. Mais la déclaration précise que les Etats
membres envisageront d’étendre le traitement national aux entreprises qui sont contrôlées
directement ou indirectement par les ressortissants des Etats membres. Une telle attitude ne
peut que favoriser, par le jeu de la réciprocité, la généralisation du traitement national au-
dehors comme au-dedans de la zone OCDE : la déclaration et les décisions de 1976 se
donnent ainsi les moyens de leur propre propagation.