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L’indépendance algérienne, juillet 1962

« Voulez-vous que l’Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions
définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? »1

En votant à 99,72 % en faveur du « Oui » à la question qui leur est posée dans le cadre du référendum
d’autodétermination organisé le 1er juillet 1962, le peuple algérien ouvre la voie de son indépendance.
Deux jours plus tard, le 3 juillet 1962, soit un peu plus de trois mois après le cessez-le-feu du 19 mars
1962 prévu par les accords d’Évian, la France reconnaît officiellement l’indépendance de l’Algérie2.

Plusieurs phénomènes peuvent permettre d’expliquer, en partie, le dénouement de la crise algérienne qui
intervient alors.
D’une part, on peut avancer que, du point de vue des Français de métropole, la situation politico-militaire
de l’Algérie n’a de cesse de s’enliser et génère une défiance de l’opinion publique métropolitaine vis-à-
vis des solutions politiques mises en œuvre depuis 1954. Aussi, à la faveur de la crise algérienne survenue
au cours du mois de mai 1958, de l’internationalisation du conflit et de la reprise de l’initiative militaire
qui découle du plan Challe mis en place à partir de février 1959, le général de Gaulle multiplie
rapidement les signes politiques en faveur d’un désengagement militaire et politique de la France en
Algérie.
D’autre part, le droit de vote accordé à dessein par le général de Gaulle à l’ensemble de la population
algérienne le 4 juin 19583, permet finalement, contre toute attente, aux Algériens, de peser
significativement dans le devenir politique de leur pays à partir du discours prononcé par le général de
Gaulle le 16 septembre 19594. En effet, les deux grandes consultations populaires5 et les succès
référendaires qui en découlent, permettent à la fois de légitimer la politique algérienne menée par le
président de la République et de faire admettre le principe d’indépendance de l’Algérie dans les
consciences6.
Ainsi, cinquante ans après, il semble qu’au-delà des décisions et des influences politiques exercées entre
1954 et 1962, de part et d’autre de la Méditerranée, l’indépendance de l’Algérie apparaît comme
essentiellement un fait du peuple. En effet, dès lors qu’il a eu la possibilité de s’exprimer

1
Référendum d’autodétermination en Algérie le 1er juillet 1962.
2
Déclaration du 3 juillet 1962 portant reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie :
« Par le référendum du 8 janvier 1961, le peuple français a reconnu aux populations algériennes le droit de choisir leur destin
politique par rapport à la République française.
Par le référendum du 8 avril 1962, le peuple français a approuvé les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 qui
prévoient le cas où les populations algériennes consultées en vertu de la loi du 14 janvier 1961 choisiraient de constituer
l’Algérie en État indépendant coopérant avec la France.
Par le scrutin d’autodétermination du 1er juillet 1962, le peuple algérien s’est prononcé pour l’indépendance de l’Algérie
coopérant avec la France.
En conséquence, les rapports entre la France et l’Algérie étant désormais fondés sur les conditions définies par les déclarations
gouvernementales du 19 mars 1962, le président de la République française déclare que la France reconnaît solennellement
l’indépendance de l’Algérie. »
3
Vote exprimé pour la première fois lors du référendum du 28 septembre 1958 sur la Constitution de 1958.
4
Discours sur l’autodétermination de l’Algérie.
5
Référendum du 8 janvier 1961 (sur l’autodétermination en Algérie) et référendum du 8 avril 1962 (sur l’indépendance de
l’Algérie [suite aux accords d’Évian]).
6
Il faut bien distinguer deux temps dans ce processus.
Dans un premier temps, le droit de vote accordé aux Algériens par le général de Gaulle n’avait d’autre but que de désavouer
l’adversaire politique incarné par le FLN à l’occasion de la consultation du 28 septembre 1958. De là, en choisissant la
proposition défendue par de Gaulle, l’homme providentiel, le peuple algérien choisissait la France et non pas l’indépendance
dans la forme souhaitée par le FLN. Rétrospectivement, cette situation a ceci de paradoxal que, même après le discours du 16
septembre 1959, le peuple algérien n’a jamais suivi les mots d’ordre du FLN à l’occasion des consultations populaires pour
lesquelles il a été sollicité. En ce sens, le général de Gaulle a su jouer des circonstances lorsqu’une impasse politique et
militaire quant à la situation algérienne, s’est imposée à lui. Ainsi, la légitimation populaire du maintien de la présence
française en Algérie librement consentie dans les urnes par le peuple algérien a cédé le pas au besoin de légitimer de nouvelles
formes de « coopérations » entre la France et l’Algérie (pour mémoire, les accords d’Évian prévoient des formes de
coopération économique, financière, industrielle, culturelle et technique).
1
démocratiquement dans les urnes, le peuple algérien a choisi de se déterminer, par et pour lui-même,
malgré les directives initiales du FLN (Front de libération nationale), malgré les attentats de l’OAS
(Organisation armée secrète) et enfin, malgré les pressions quotidiennement subies depuis 1954.
Dans ce contexte, qu’apprennent les images photographiées ou tournées par les opérateurs du Service
cinématographique des armées (SCA) ? Quelle place tiennent-ils et quelle est leur légitimité à
photographier l’indépendance algérienne ?
En effet, le 5 juillet 1962, l’Algérie n’est officiellement plus la France. Pourtant, malgré les consignes,
plusieurs opérateurs photographient et filment les manifestations de joie du peuple algérien dans les rues
d’Alger ou d’Oran. Une fois encore, les décors sont essentiellement urbains, mais ce qui interpelle, ce
sont les regards, les postures, les foules. Les Algériens sont là et c’est une foule souriante qui croise et qui
accueille les objectifs des opérateurs du SCA.
C’est que pour la première fois, le dispositif est renversé. Les opérateurs du SCA ne sont pas là pour
participer à une mise en scène visuelle, à une représentation commandée des Algériens. Les opérateurs du
SCA photographient et filment, de leur propre initiative, les hommes, les femmes et les enfants d’une
nouvelle nation.

Photo n°1
ALG 62-132 R5
Manifestation à Alger.
05/07/1962, opérateur : Creuse
2
SOMMAIRE

I. Le long chemin des urnes et de la rue ....................................................................................................4

1/. 4 juin 1958 : le droit de vote accordé aux algériens.........................................................................4

2/. 16 septembre 1959 : l’annonce du principe de l’autodétermination..............................................4

3/. 8 janvier 1961 : le référendum sur l’autodétermination.................................................................6

4/. Novembre 1961 : manifestations algériennes...................................................................................8

5/. 8 avril 1962 : le référendum sur les accords d’Évian ......................................................................9

6/. 1er juillet 1962 : le référendum sur l’indépendance de l’Algérie ..................................................10

7/. 5 juillet 1962 : la proclamation de l’indépendance ........................................................................12

II. L’après Évian........................................................................................................................................13

1/. Le retrait progressif des troupes françaises ...................................................................................13

2/. L’exode des Français d’Algérie .......................................................................................................14

3/. Le sort tragique des harkis ..............................................................................................................15

4/. La poursuite des expérimentations nucléaires..............................................................................16

3
I. Le long chemin des urnes et de la rue

1/. 4 juin 1958 : le droit de vote accordé aux Algériens

« (…) je déclare, qu'à partir d'aujourd'hui, la France considère que, dans toute l'Algérie, il n'y a qu'une
seule catégorie d'habitants : il n'y a que des Français à part entière, des Français à part entière, avec les
mêmes droits et les mêmes devoirs. (…)
Français à part entière, dans un seul et même collège ! Nous allons le montrer pas plus tard que dans
trois mois, dans l’occasion solennelle où tous les Français, y compris les 10 millions de Français
d’Algérie, auront à décider de leur propre destin »7.

28 septembre 1958 : référendum sur le projet de nouvelle constitution.


« Approuvez-vous la constitution qui vous est proposée par le gouvernement de la République ? »

L’esprit de fraternisation né de la crise du mois


de mai 1958 et la politique de rénovation
souhaitée par le général de Gaulle se traduisent
par le droit de vote accordé aux Algériennes et
Algériens, qui s’expriment pour la première
fois à l’occasion du scrutin relatif à l’adoption
du projet de nouvelle constitution.

Le référendum se transforme en plébiscite


puisqu’un peu plus de 79% des votants
(métropole, Algérie et territoires d’Outre-mer
confondus) se prononcent en faveur du « Oui ».

C’est particulièrement le cas en Algérie, où les


populations participent très largement au
scrutin et se prononcent à 96% en faveur du
« Oui ».

Photo n°2
ALG 58-472 R10
Vote lors du référendum dans l'est constantinois.
28/09/1962, opérateur : Yves-Guy Berges

2/. 16 septembre 1959 : l’annonce du principe de l’autodétermination

Un an plus tard, le général de Gaulle prononce le discours fondamental du 16 septembre 1959 sur
l’autodétermination, à travers lequel il expose, sans ambiguïté, qu’il appartiendra un jour aux Algériens
de se déterminer vis-à-vis de la France8. La perspective d’une indépendance possible du pays devient
7
Extrait du discours prononcé par le général de Gaulle à Alger le 4 juin 1958.
8
« Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique, au progrès social, on peut maintenant envisager le jour où
les hommes et les femmes qui habitent l'Algérie seront en mesure de décider de leur destin, une fois pour toutes, librement,
en connaissance de cause. Compte tenu de toutes les données, algériennes, nationales et internationales, je considère comme
nécessaire que ce recours à l'autodétermination soit, dès aujourd'hui, proclamé. Au nom de la France et de la République, en
vertu du pouvoir que m'attribue la Constitution de consulter les citoyens, pourvu que Dieu me prête vie et que le peuple
m'écoute, je m'engage à demander, d'une part aux Algériens, dans leurs douze départements, ce qu'ils veulent être en
définitive et, d'autre part, à tous les Français d'entériner ce que sera ce choix ». Extrait du discours du 16 septembre 1959.
4
alors envisageable, à terme. Reste à en déterminer la forme. Quelques mois plus tard, Alger s’embrase au
cours de la semaine des barricades (24 janvier - 1er février 1960), mais les militaires d’Algérie ne suivent
pas les insurgés. Fort de ce dénouement, le général de Gaulle réaffirme dès le mois de mars 1960, le
principe de l’autodétermination.
Le 4 novembre 1960, le président de la République parle de la future « République algérienne » au cours
d’une allocution radiodiffusée.

C’est dans ce contexte tendu, que le général de Gaulle effectue ce qui sera son dernier voyage en Algérie
entre le 9 et le 13 décembre 1960. Cette visite officielle est ponctuée de violentes manifestations en
faveur du maintien de l’Algérie française. C’est le cas, notamment, à Alger, à Aïn-Temouchent ou encore
à Tlemcen.

Photo n°3 et 4
F 60-404 R14 et R26
Manifestation à Tlemcen.
09/12/1960, opérateur : inconnu

Ci-dessus, une banderole en faveur du général de Gaulle est violemment mise à terre par des partisans du
maintien de l’Algérie française à Tlemcen. Désormais, deux conceptions s’opposent ouvertement.

Chose inédite, pour la première fois des slogans « Vive


de Gaulle ! Vive l’Algérie algérienne ! » se font
entendre et répondent aux slogans « Algérie
française ! À bas de Gaulle ! ».
Un nouveau type d’affrontement intercommunautaire
prend alors forme.

Ci-contre, une altercation à Orléansville entre Européens


et musulmans à l’occasion de la visite du président de la
République dans la ville le 11 décembre.

Photo n°5
F 60-405 R30
Manifestation à Orléansville.
11/12/1960, opérateur : inconnu

5
Compte tenu des récentes déclarations officielles, des Algériens osent manifester ouvertement à Alger ou
à Oran en se prononçant en faveur d’une Algérie indépendante.
Ci-dessous, une manifestation en faveur de l’« Algérie algérienne » à Oran.9

Photo n°6
F 60-410 R14
Manifestation en faveur de l’Algérie indépendante à Oran.
15/12/1960, opérateur : inconnu

Malgré toutes ces manifestations, le référendum qui doit se tenir le 8 janvier 1961 est maintenu.

3/. 8 janvier 1961 : le référendum sur l’autodétermination

Le premier temps fort électoral s’inscrit donc dans la consultation populaire organisée au début de l’année
1961. Près d’un an après la semaine des barricades, le pouvoir exécutif souhaite faire valider la politique
algérienne esquissée et développée depuis le discours du 16 septembre 1959.

Le libellé du référendum du 8 janvier 1961 est le suivant :


« Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et
concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en
Algérie avant l’autodétermination ? »

9
Bilan des manifestations : 123 morts, plus de 600 blessés et 1 000 arrestations (dont plus de 600 Européens), Pierre-Albert
Lambert, « Un voyage mouvementé » dans Historia magazine, La guerre d’Algérie, n° 325, Tallandier, 1973, p. 2569
6
Malgré l’appel au boycott lancé le 8
décembre 1960 par le FLN, les
Algériens se déplacent tout de même
pour voter.

Le « Oui » l’emporte, cette fois-ci, à


près de 75% des suffrages exprimés
(métropole, Algérie et territoires
d’Outre-mer confondus).

L’article Premier de la loi dispose que


« Dès que les conditions de la sécurité
en Algérie permettront d’y établir le
plein exercice des libertés publiques,
les populations algériennes feront
connaître, par la voie d’une
consultation au suffrage direct et
universel, le destin politique qu’elles
choisiront par rapport à la
République française »10.

69,51% des votants ont voté « Oui »


en Algérie.

Photo n°7
BLED 61-7-26
Le référendum à Affreville.
08/01/1961, opérateur : inconnu

Ce succès permet de relancer à brève échéance les pourparlers avec le Gouvernement provisoire de la
République algérienne (GPRA), malgré l’ouverture avortée11 de la première conférence d’Évian annoncée
initialement pour le 7 avril 1961.

Avancée significative vers la reprise d’un dialogue avec les représentants du FLN, le 5 septembre 1961, le
président de la République tient une conférence de presse dans laquelle il propose un plan en trois étapes :
- renouer le dialogue,
- organiser un référendum sur l’autodétermination,
- conclure des accords entre la France et la future Algérie indépendante.
« En Algérie, dit de Gaulle, ce dont il s’agit, c’est du désengagement. Bien entendu, nous n’excluons pas
que ce désengagement aboutisse à une coopération, mais cette coopération, pour désirable qu’elle nous
paraisse, et surtout dans l’ordre du sentiment, cette coopération ne nous est nullement nécessaire (…) La
question de la souveraineté du Sahara n’a pas à être considérée, dit-il, tout au moins elle ne doit pas
l’être par la France dans le débat franco-algérien… La réalité, c’est qu’il n’y a pas un seul Algérien, je
le sais, qui ne pense que le Sahara ne doive faire partie de l’Algérie, quelle que soit son orientation par
rapport à la France » 12.

10
Loi n° 61-44 du 14 janvier 1961 concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs
publics en Algérie avant l’autodétermination.
11
Le 31 mars 1961, le maire de la ville d’Évian, Camille Blanc, meurt dans un attentat commis par l’Organisation armée
secrète (OAS).
12
Yves Courrière, La guerre d’Algérie, Tome V : Dictionnaire et Documents, éditions SGED, Paris, mai 2001, p. 1864

7
4/. Novembre 1961 : manifestations algériennes
Le 1er novembre 1961, jour du septième anniversaire de
l’insurrection, plusieurs manifestations se produisent
dans toute l’Algérie.
Certaines d’entres elles sont directement encadrées par
des membres du FLN.
L’objectif est de montrer à la France que les Algériens
souhaitent vivre en bonne intelligence avec les
Européens présents en Algérie, que l’indépendance peut
se faire dans le cadre d’une coopération entre les deux
États.
« Au cours de son appel au peuple algérien, le nouveau
président du GPRA, Ben Khedda, s’était déclaré "prêt à
reprendre les négociations sur des bases sérieuses" »13.
Pour la première fois, le FLN et les autorités françaises
avaient pris contact afin de définir le cadre et le
programme des manifestations, afin de limiter les risques
de débordements.

Photo n°8
F 61-388 R20
Manifestation musulmane à Oran.
01/11/1961, opérateur : Fauchet

Le 20 novembre, une manifestation musulmane se tient également à Bône.

Le reportage correspondant montre une série d’arrestations de manifestants par


les forces de l’ordre.
La tension est très présente dans cette suite de clichés à travers laquelle on voit
de jeunes manifestants violemment pris à partie.

Par ailleurs, il est à noter que ce type de prises de vues est rare dans les fonds
d’archives relatifs à la guerre d’Algérie conservés par l’ECPAD.

Photos n°9, 10 et 11
ALG 61-352 R16, R1 et R3
Manifestations musulmanes à Bône dans la casbah et aux
Lauriers-Roses.
20/11/1961, opérateur : Grimaud

13
Yves Courrière, La guerre d’Algérie, Tome V : Dictionnaire et Documents, éditions SGED, Paris, mai 2001, p. 1883
8
5/. 8 avril 1962 : le référendum sur les accords d’Évian

« Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et


concernant les accords à établir et les mesures à prendre au sujet de l’Algérie sur la base des
déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ? »

Ce référendum fait suite à la signature des accords


d’Évian. Les citoyens sont invités à approuver la
nature des accords signés à Évian entre la France et
les représentants du GPRA.
Symbole fort de ce référendum, seuls les Français de
métropole sont appelés à se prononcer.

Le résultat est à la hauteur des espérances du général


de Gaulle puisque 90,81% des votants se prononcent
en faveur du « Oui ».

Ainsi, les affrontements quotidiens qui opposent, en


Algérie, les commandos de l’OAS aux forces de
l’ordre depuis la proclamation officielle du cessez-le-
feu du 19 mars, n’influent en rien sur le processus
politique débuté trois ans plus tôt.

Photo n°12
ALG 62-71 R6
Attentat au mortier à Belcourt.
09/04/1962, opérateur : Grimaud

En effet, cette très large victoire du « Oui » ouvre la voie de l’indépendance pour l’Algérie14 alors que
quelques mois plus tard, les accords d’Évian15 qui sont signés le 18 mars 1962, mettent officiellement fin

14
La large victoire du « Oui » au référendum permet d’adopter la loi 62-421 du 13 avril 1962 concernant les accords à établir
et les mesures à prendre au sujet de l’Algérie sur la base des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962.
Article premier.
Le président de la République peut conclure tous accords à établir conformément aux déclarations gouvernementales du 19
mars 1962, si les populations algériennes, consultées en vertu de la loi du 11 janvier 1961, choisissent de constituer l’Algérie
en un État indépendant coopérant avec la France.
Article 2.
Jusqu’à la mise en place de l’organisation politique nouvelle éventuellement issue de l’autodétermination des populations
algériennes, le président de la République peut arrêter, par voie d’ordonnances ou, selon le cas, de décrets pris en Conseil des
ministres, toutes mesures législatives ou réglementaires relatives à l’application des déclarations gouvernementales du 19 mars
1962.
15
« Signés le 18 mars 1962 par Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie pour la France, d’une part, et Krim Belkacem,
vice-président du GPRA d’autre part, ces accords contenus dans un document de quatre-vingt treize pages annoncent le
cessez-le-feu pour le lendemain et fixent un certain nombre de principes, dont celui de l’autodétermination. Nombre de ces
clauses ne seront pas appliquées, notamment les clauses garantissant la sécurité des personnes (amnistie pour les actes
commis jusqu’au cessez-le-feu et impunité pour les opinions émises jusqu’à l’autodétermination) et des biens (pas
d’expropriation sans une juste et préalable indemnisation) ».
Yves Courrière, La guerre d’Algérie, Tome V : Dictionnaire et Documents, Éditions SGED, Paris, mai 2001, p. 2152
Pour plus de détails sur le sujet, voir également le dossier documentaire du mois de mars 2012 « Les accords d’Évian ou la
deuxième guerre d’Algérie 18 mars – 30 juin 1962 » en ligne sur www.ecpad.fr

9
à près de huit années de guerre en Algérie. Dès le 7 avril 1962, Christian Fouchet, haut-commissaire de
France en Algérie, installe l’Exécutif provisoire16 algérien à Rocher Noir17.

6/. 1er juillet 1962 : le référendum sur l’indépendance de l’Algérie

« Voulez-vous que l’Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions
définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? »
99,72% des suffrages se sont exprimés en faveur du « Oui ».
Le référendum du 1er juillet est un plébiscite et le taux de participation est de 91,88% des inscrits.

Photos n°13, 14, 15 et 16


ALG 62-127 R5, R4, R22 et R17
Files d’attente devant un bureau de vote.
01/07/1962, opérateur : Creuse

16
Décret du 6 avril 1962 portant nomination des douze membres de l’Exécutif provisoire en Algérie. Abderrhamane Farès,
homme politique et ancien président de l’Assemblée algérienne, est nommé président de l’Exécutif provisoire en Algérie le 6
avril 1962, charge qu’il assume jusqu’au 25 septembre 1962.
Voir le Journal Officiel sur le site :
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19620101&numTexte=&pageDebut=03644&pag
eFin=#
17
Rocher Noir est une commune de la wilaya de Boumerdès, située à 45 km à l’est d’Alger.
10
Le lendemain, 2 juillet 1962, les couleurs algériennes sont levées à Rocher Noir, en présence des
membres de l’Exécutif provisoire.

Photo n°17
ALG 62-128 R38
Lever des couleurs algériennes à Rocher Noir par le président [Abderrhamane Farès].
03/07/1962, opérateur : Lecourt

L’indépendance de l’Algérie est reconnue officiellement par la France à travers la proclamation du 3


juillet 196218.

18
Déclaration du 3 juillet 1962 portant reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie.
« Par le référendum du 8 janvier 1961, le peuple français a reconnu aux populations algériennes le droit de choisir leur destin
politique par rapport à la République française.
Par le référendum du 8 avril 1962, le peuple français a approuvé les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 qui
prévoient le cas où les populations algériennes consultées en vertu de la loi du 14 janvier 1961 choisiraient de constituer
l’Algérie en État indépendant coopérant avec la France.
Par le scrutin d’autodétermination du 1er juillet, le peuple algérien s’est prononcé pour l’indépendance de l’Algérie coopérant
avec la France.
En conséquence, les rapports entre la France et l’Algérie étant désormais fondés sur les conditions définies par les déclarations
gouvernementales du 19 mars 1962, le président de la République française déclare que la France reconnaît officiellement
l’indépendance de l’Algérie. »
11
7/. 5 juillet 1962 : la proclamation de l’indépendance

Photos n°18, 19 et 20
ALG 62-132 R29, R17 et R39
Manifestations de joie à l’occasion de la proclamation de l’indépendance.
05/07/1962, opérateur : Creuse

Le 5 juillet 1962, les Algérois descendent dans les rues de la capitale pour fêter l’indépendance de leur
pays. C’est à l’initiative personnelle et à la « désobéissance » des photographes et caméramans du SCA
que l’on doit ces images car ceux-ci, malgré l’interdiction de leurs chefs, décident de témoigner de la
liesse populaire provoquée par l’indépendance algérienne. 19

19
Témoignage de Bernard Miale (opérateur de prise de vue au SCA Algérie) :
« On a tourné jusqu’à ce que je sois parti, on a fait pas mal de magazines, et puis on a filmé l’indépendance ; on n’avait pas le
droit mais on s’est mis des brassards du FLN et on est allé faire des reportages, ils nous ont rien dit, on avait même mis les
couleurs du FLN sur notre camionnette et on était parti comme ça ».
Sébastien Denis, Le cinéma et la guerre d’Algérie, La propagande à l’écran (1945-1962), Nouveau Monde éditions, Paris,
2009, p. 167
12
II. L’après Évian

1/. Le retrait progressif des troupes françaises

Les accords d’Évian, dans leur partie relative au règlement des questions militaires, prévoient un
désengagement des forces françaises sous trois ans à partir de l’autodétermination.

Ci-contre, l’un des premiers départs symboliques :


celui de la Légion étrangère qui doit abandonner ses
quartiers de Sidi Bel-Abbès qu’elle occupe depuis
1843.

En outre, même si un bail de quinze ans renouvelable


est accordé aux forces françaises sur la base
stratégique de Mers el-Kébir20, celle-ci est rendue à
l’Algérie par anticipation le 31 janvier 1968.

Photo n°21
ALG 62-146 R6
Cérémonie à l'occasion du départ de la Légion étrangère de Sidi Bel-
Abbès.
05/10/1962, opérateur : Beau

Les dissolutions d’unités se multiplient et le dernier


départ de troupes a lieu le 16 juin 1964, soit un an
avant l’échéance fixée par les accords d’Évian.

Le 1er juillet 1964, le commandement supérieur des


forces armées en Algérie est officiellement dissout.

Photo n°22
ALG 64-33-R02
Prise d'armes en l'honneur du départ des dernières troupes françaises
d’Alger.
16/06/1964, opérateur : Rasse

20
« Dans une instruction du 11 avril 1962, le Premier ministre définit le rôle de la future base : surveillance et défense de la
Méditerranée occidentale, tête de pont en Afrique du Nord, relais vers le Sahara, l’Afrique noire et l’océan Indien, soutien des
forces navales et aériennes opérant en Méditerranée et dans l’Atlantique ». (…) Il apparut très vite qu’isolée de l’arrière-pays,
la base ne pourrait jouer le rôle stratégique qu’on attendait d’elle en cas de conflit en Méditerranée (…).
Michel Hardy, Hervé Lemoine et Thierry Sarmant, Pouvoir politique et autorité militaire en Algérie française, Hommes,
textes, institutions (1945-1962), SHD, L’Harmattan, Paris, 2002, pp. 119-121
13
2/. L’exode des Français d’Algérie

Le climat de guerre civile entretenue par l’OAS et


qui s’est accentué depuis la signature des accords
d’Évian dans les zones urbaines, précipite les
départs des Européens d’Algérie vers la
métropole21.

L’accord annoncé entre l’OAS et le FLN le 17


juin 1962 intervient trop tard et les garanties
exprimées dans les accords d’Évian22 ne changent
rien à la situation.

L’exode se poursuit et s’accélère après la


proclamation d’indépendance du 5 juillet 196223.

Photo n°23
ALG 62-85 R29
Protection des départs.
21/04/1962, opérateur : Creuse

« Ce qui paraît caractériser l’état d’esprit des Français d’Algérie, jusqu’à une date tardive, c’est
l’indécision : le désir de partir et la volonté de rester, quoi qu’il pût en coûter, coexistent et s’affrontent,
le premier prenant le pas sur la seconde, de manière irréversible, seulement après avril ou mai 1962,
peut-être même plus tard encore (…). Au moment même où ils embarquent sur les bateaux ou dans les
avions qui les emportent en métropole, les Français d’Algérie se sentent souvent surpris de partir. Pour
beaucoup, la résolution a été arrêtée la veille ou quelques jours plus tôt, dans l’improvisation, tant elle a
longtemps paru inconcevable »24.

21
Au mois de mars 1962, le bouclage du quartier de Bab el-Oued par les forces de l’ordre et la fusillade tragique de la rue
d’Isly associés aux exactions commises par le FLN à l’encontre de la communauté européenne d’Algérie choquent
profondément les consciences, mettent à mal les dernières illusions et confortent un sentiment d’abandon généralisé de leur
cause.
22
Pour mémoire, se reporter aux paragraphes intitulés :
- Les droits et libertés des personnes et de leurs garanties
II. Déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 relatives à l’Algérie – A) Déclaration générale – Chapitre II De
l’indépendance et de la coopération – A) De l’indépendance de l’Algérie – II. Des droits et libertés des personnes et de leurs
garanties. Il s’agit, d’une part, de permettre aux Français résidant en Algérie de pouvoir rester et de choisir, d’ici à trois ans,
entre la nationalité algérienne ou la nationalité française et de leur assurer, à la fois une représentativité équitable au sein des
futures institutions algériennes et une participation active aux affaires publiques du pays.
- Sécurité des personnes
II. Déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 relatives à l’Algérie – B) Déclaration des garanties – Première partie –
Dispositions générales 1) De la sécurité des personnes.
« Nul ne peut être inquiété, recherché, poursuivi, condamné, ni faire l’objet de décision pénale, de sanction disciplinaire ou de
discrimination quelconque, en raison d’actes commis en relation avec les événements politiques survenus en Algérie avant le
jour de la proclamation du cessez-le-feu.
Nul ne peut être inquiété, recherché, poursuivi, condamné, ni faire l’objet de décision pénale, de sanction disciplinaire ou de
discrimination quelconque, en raison de paroles ou d’opinions en relation avec les événements politiques survenus en Algérie
avant le jour du scrutin d’autodétermination. ».
23
Rappelons ici que plusieurs dizaines d’Européens sont enlevés et massacrés dans l’Oranais entre le 5 et le 7 juillet 1962. Le
sentiment d’insécurité qui prévaut chez la majorité des Européens d’Algérie accentue, pour certains, la décision de quitter
l’Algérie.
24
Daniel Lefeuvre, Les pieds-noirs, dans Mohammed Harbi et Benjamin Stora (sous la dir.), La guerre d’Algérie, 1954-2004,
la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004, pp. 281-282
14
On estime qu’environ 800 000 Européens ont quitté le territoire algérien entre les mois de janvier et de
septembre 1962. Environ 180 000 Français sont encore présents en Algérie au début de l’année 1963.

3/. Le sort tragique des harkis

Au début de l’année 1960, plus de 180 000 harkis et assimilés armés par la France combattent en Algérie
aux côtés des troupes françaises.
Deux ans plus tard, un vaste plan de désarmement des harkis est mis en place et l’ensemble de ces
« troupes auxiliaires » se retrouve livré à lui-même après le 5 juillet 1962.
Malgré les dispositions prises dans les accords d’Évian25, les officiers français ne se faisaient pourtant pas
d’illusions sur le devenir de ces hommes. En dépit des consignes officielles, certains officiers (notamment
ceux des Sections administratives spécialisées) n’hésitent pas à rapatrier eux-mêmes clandestinement
leurs hommes en métropole. À partir de l’été 1962, les enlèvements, les règlements de compte et les
assassinats se multiplient à l’encontre de cette communauté de combattants. « En août puis en septembre,
profitant de l’anarchie régnant en Algérie, des luttes entre clans pour prendre le pouvoir, les combattants
de la dernière heure qui veulent se dédouaner de leur attentisme, voire de leur double jeu, vont se livrer à
de véritables chasses aux sorcières. Les anciens supplétifs, élus, notables, anciens combattants sont
arrêtés, torturés, suppliciés publiquement avant d’être achevés26 ».

Photo n°24
BLED 60-28-43
Remise d'armes aux groupes d’autodéfense.
22/01/1960, opérateur : Jean-Baptiste Ferracci

L’élimination des auxiliaires de l’armée française et de l’État français va durer jusqu’à la fin de l’année
1962.

25
Voir plus haut la note de bas de page n°21 II. Déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 relatives à l’Algérie – B)
Déclaration des garanties – Première partie – Dispositions générales 1) De la sécurité des personnes.
26
Daniel Lefeuvre, op. cit., dans Mohammed Harbi et Benjamin Stora (sous la dir.), La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de
l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004, p. 333
15
Malgré la reprise des rapatriements à partir de
septembre 1962, on estime qu’au cours de cette période,
entre 60 000 et 150 000 harkis et assimilés ont été tués.

L’armée française encore présente avait reçu ordre de ne


pas intervenir, sauf en cas de légitime défense, afin,
selon Pierre Messmer « de ne pas prendre le risque de
recommencer la guerre27 ».

Photo n°25
ALG 62-162-R32
Départ des réfugiés harkis de Bône.
15/11/1962, opérateur : inconnu

4/. La poursuite des expérimentations nucléaires

Les accords d’Évian garantissent à la France la possibilité de poursuivre ses expérimentations nucléaires
sur le sol algérien jusqu’en 196628.

13 essais nucléaires sont menés, entre 1961 et 1966,


en galeries souterraines au Centre d'expérimentations
militaires des oasis (CEMO) situé dans le Hoggar.

La création ou mise en oeuvre d’une défense


nucléaire constitue un enjeu majeur pour la France.

Le choix du Sahara algérien comme terrain


d’expérimentation s’est fait en 1957 (construction du
Centre saharien d’expérimentation militaire - CSEM -
à Reggane) et le 13 février 1960, la France y réalise,
avec succès, son premier essai atomique29.

Photo n°26
F 63-115 RC18
Explosion nucléaire souterraine au CEMO.
03/1963, opérateur : inconnu

27
Daniel Lefeuvre, op. cit., dans Mohammed Harbi et Benjamin Stora (sous la dir.), La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de
l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004, p. 334
28
II. Déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 relatives à l’Algérie – G) Déclaration de relative aux questions militaires
– Chapitre II De l’indépendance et de la coopération – Article 4 : La France utilisera pour une durée de cinq ans les sites
comprenant les installations d’In-Ekker, Reggane et de l’ensemble de Colomb-Béchar-Hamaguir, dont le périmètre est délimité
dans le plan annexé de localisation correspondantes.
Les mesures temporaires que comporte le fonctionnement des installations à l’extérieur de celles-ci, notamment en matière de
circulation terrestre et aérienne, seront prises par les services français en accord avec les autorités algériennes.
29
Nom de code « Gerboise bleue », premier essai atomique français. Au total, 17 essais nucléaires sont effectués dans le
Sahara Algérien entre 1960 et 1966.
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Conclusion

Cinquante ans après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, l’histoire de la décolonisation de


l’Algérie demeure douloureuse et des rancœurs mémorielles persistent sur la question des accords
d’Évian ou sur l’organisation du retour des Européens d’Algérie et des harkis. Des sujets qui restent
sensibles, à la mesure des drames humains vécus.
En réalité, peu d’images permettent d’illustrer le point de vue des rapatriés d’Algérie, au sens large du
terme, dans les collections photographiques et cinématographiques conservées à l’ECPAD.
Les souvenirs, le vécu, les témoignages des protagonistes, le travail des historiens et des nouvelles
générations permettent cependant de construire et de renouveler une histoire « partagée » de la guerre
d’Algérie.

Bastien Chastagner
Chargé d’études documentaires, responsable du Fonds Algérie

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