Anda di halaman 1dari 2

AMNESTY INTERNATIONAL

Déclaration publique
Index AI : ASA 21/017/2010 (Public)
ÉFAI
19 août 2010

Indonésie. Il faut cesser d'ériger en délit les activités politiques pacifiques


aux Moluques

La décision d'inculper au moins 22 militants politiques pour « rébellion » aux Moluques illustre une
nouvelle fois l'incapacité du gouvernement indonésien à opérer une distinction entre groupes armés et
militants politiques pacifiques.

Amnesty International demande instamment au gouvernement indonésien de libérer immédiatement sans


condition ces militants, qui sont tous des hommes, s'ils ont été arrêtés uniquement en raison de leurs
activités politiques pacifiques.

Le 13 août 2010, la police moluquoise a annoncé son intention d'inculper les militants politiques pour
« rébellion » contre l'État (makar) au titre des articles 106 et 110 du Code pénal indonésien (KUHP, Kitab
Undang-Undang Hukum Pidana). Les éléments de preuve avancés par la police incluent la possession de
dizaines de drapeaux « Benang Raja », symbole de l'indépendance des Moluques du Sud, des cartes de
membres du mouvement de la République des Moluques du Sud (RMS) ainsi que des photos et des
autocollants représentant le drapeau de l'indépendance.

De sources locales, les militants avaient l'intention de profiter de la visite du président indonésien Susilo
Bambang Yudhoyono aux Moluques début août pour attirer l'attention sur les atteintes aux droits humains
commises aux Moluques, notamment en distribuant des affiches appelant à la remise en liberté de
prisonniers politiques détenus aux Moluques en raison de leur militantisme politique.

Amnesty International craint aussi pour leur sécurité en détention, les militants politiques étant souvent
torturés et soumis à de mauvais traitements en détention aux Moluques. Les autorités doivent veiller à ce
que ces hommes puissent prendre contact avec un avocat de leur choix, qu'ils puissent voir leur famille et
recevoir les soins médicaux que pourrait nécessiter leur état.

Complément d'information

La République des Moluques du Sud, un mouvement indépendantiste armé, a officiellement pris fin avec
l'exécution de son chef par les autorités indonésiennes en 1966. Cependant, certains villageois continuent
de brandir le drapeau « Benang Raja » en guise d'acte politique non violent pour protester contre le
gouvernement central.

Ces dernières années, Amnesty International a eu connaissance de plusieurs dizaines d'arrestations de


militants politiques qui revendiquaient de manière pacifique l'indépendance de régions traditionnellement
pro-indépendantistes, comme les Moluques et la Papouasie.

Amnesty International ne se prononce en aucune manière sur le statut politique que devrait avoir telle ou
telle province en Indonésie ou sur les appels à l'indépendance. Toutefois, l'organisation considère que le
droit à la liberté d'expression inclut le droit de défendre de façon pacifique le recours à un référendum,
l'idée de l'indépendance ou toute autre solution politique.
Le droit à la liberté d'expression, d'opinion et de réunion pacifique est garanti par la Constitution
indonésienne et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) auquel l'Indonésie est
État partie. Si le gouvernement indonésien a effectivement le devoir et le droit de protéger la vie et de
maintenir l'ordre public sur son territoire, il doit aussi veiller à ce que les restrictions à la liberté
d'expression et de réunion pacifique n'aillent pas au-delà de ce qui est autorisé au titre du droit
international relatif aux droits humains.

En juin 2007, 22 militants politiques de la province des Moluques ont été arrêtés pour avoir déployé le
drapeau « Benang Raja » lors d'une danse traditionnelle « Cakalele » exécutée devant le président
indonésien. Après le spectacle, la police, notamment l'unité anti-terroriste du Détachement 88, a arrêté
les 22 danseurs. Torturés et soumis à de mauvais traitements, ils ont été inculpés de « rébellion » au titre
des articles 106 et 110 du Code pénal indonésien et purgent actuellement des peines allant de sept à
20 ans d'emprisonnement. Amnesty International les considère comme des prisonniers d'opinion. Un
vingt-troisième danseur, également prisonnier d'opinion, a été arrêté en juin 2008 et condamné à quatre
années d'emprisonnement en mars 2009.

Anda mungkin juga menyukai