Reconversion d’un silo de lancement de

missiles nucléaires sur le plateau d’Albion en

pôle astronomique touristique et universitaire

Mémoire de Projet de Fin d’Etudes 2013 _ Magali Suc

Institut National des Sciences Appliquées de Strasbourg
Département architecture Directeur de diplôme : Philippe Dahan
Soleil depuis SIRENE
par Stéphane Poirier
Source : [r]

Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier monsieur Philippe Dahan
pour avoir accepté de me suivre dans ce travail et pour avoir fait
l’effort de comprendre mon raisonnement pour m’aider à suivre le
cheminement du projet d’architecture.
Merci également à Camille Pierrat qui ne m’a pas laissée me
décourager. Merci pour ce coup de téléphone à Sherbrooke, qui m’a
dissuadée de m’y enraciner trop tôt, merci pour tout ce qui a suivi,
pour ta présence, ta disponibilité, ton aide et ton enthousiasme.
Merci Arash Najari, pour ta patience au cours de tout ce
temps que tu as passé à m’aider. Merci d’avoir tenté de me montrer
une autre façon de réfléchir, et merci pour toutes ces références !
Un grand merci à Françoise Delplancke, pour avoir, dans la
nuit du 1er au 2 août 2000 à Esparron, pris la main d’une petite fille
pour lui faire toucher du doigt l’infinité de l’univers, la courbure de
l’espace temps, la vitesse de la lumière... et le fonctionnement de la
ligne à retard.
Un tout aussi grand merci à Solange et Colette Fouvet.
Merci pour les nombreux plans et documents sur lesquels j’ai pu
m’appuyer. Merci pour votre gentillesse et votre écoute. Merci pour
votre passion, merci de la partager ainsi !
Merci à Cyprien Pouzenc, pour le temps que tu as passé à
dessiner les lignes de niveaux de SIRENE, et pour ton témoignage
sur Concordia.
3
Merci à Stéphane Poirier, pour toutes ces belles images... bien plus
accessibles que les tâches floues découvertes à Palomar et que
l’esprit de défi pousse à photographier à travers les nuages avant
même qu’elles ne s’élèvent au-dessus de l’horizon...
Merci aux 2(A+D) et aux sireniens, pour m’avoir très tôt
montré que les astronomes amateurs n’ont rien d’intellectuels
intellectualisant mais sont des passionnés se nourrissant
d’observation et de partage joyeux.
Merci à mon grand frère Vincent pour avoir fait rentrer le
virus de l’astronomie dans la famille et l’avoir partagé sans compter.
Merci d’avoir ouvert le chemin de Raphèle à SIRENE... et de l’avoir
prolongé jusqu’au Chili. Merci de me montrer qu’on peut vivre de sa
passion.
Merci à mes parents pour m’avoir soutenue, portée et
supportée... pendant tout ce temps. Et merci pour la certitude quant
au fait que je peux garder cette confiance parce que c’est elle qui
permet d’avancer.
 M31 depuis SIRENE
par Stéphane Poirier
Source : [r]
Sommaire 5

INTRODUCTION 7

LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE 11

Le plateau d’Albion : cœur historique
Transition : démantèlement et reconversion du Plateau
Quel avenir ?

L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE 29
Une histoire de l’astronomie
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
Qui sont les astronomes aujourd’hui ?

PROJET 75
Enjeux de l’intervention
Programme
Etape du 20 mai 2013
Critique de la dernière version, évolutions à mettre en place au cours de l’été

CONCLUSION 107

ANNEXES 111
Notions d’astronomie influant certains choix dans la conception architecturale

BIBLIOGRAPHIE - SITOGRAPHIE 117

 Introduction

Page de gauche :
NGC 7635 depuis
SIRENE par
Stéphane Poirier
Source : [r]
8

NGC 6960 depuis

SIRENE par
Stéphane Poirier
Source : [r]

Introduction :
« Le commencement de toutes les sciences,
c’est l’étonnement de ce que les choses sont
ce qu’elles sont. »
(Aristote)
A une époque où l’outil mathématique
s’est généralisé comme paradigme
universel, la science est devenue la voie
fondamentale de la connaissance du
monde. De l’infiniment petit à l’infiniment
grand, elle se partage en une multitude de
sciences particulières dédiées à des objets
hétéroclites et incommensurables. Qui a la
curiosité d’approcher l’étude d’un domaine
de la science se retrouve alors rapidement
entraîné dans un engrenage sans fin le
menant de livre en livre et d’expérience
en expérience vers un objectif toujours
repoussé.
De ce fait, les chemins qui mènent à
l’acquisition de la connaissance scientifique
sont légion. Dans le cas particulier de
l’astronomie, ils sont souvent poétiques.
Tout peut commencer avec un ciel étoilé,
ce ciel en voie de disparition dans les lieux
de nos civilisations parce que les villes y
ont cette étonnante tendance à éclairer
davantage le ciel que le sol. Il suffit d’un
voyage dans un désert – à défaut, à la
campagne – et la voie lactée apparaît.
L’œil non averti peut croire y voir des
nuages. Premier étonnement, premier
questionnement, premier pas vers le
savoir. S’il trouve un accompagnateur, le
curieux pourra avoir la chance de regarder
dans l’oculaire d’un petit télescope et
contempler les anneaux de Saturne. Il
s’émerveillera de ne rien comprendre
lorsque qu’un astrophysicien lui parlera
de relativité générale, de vitesse de la
lumière, de courbure de l’espace-temps et
de matière noire. Il se retrouvera plongé
dans l’antiquité grecque par un conteur qui
lui narrera les origines des constellations. Il
s’étonnera d’apprendre qu’une étoile filante
est bien un phénomène lié à une particule qui
rentre à grande vitesse dans l’atmosphère,
mais que ce n’est pas sa combustion qu’il
observe et que ce minuscule caillou pèse
généralement moins de trois grammes.
L’initiation à l’astronomie peut être un
prétexte à l’étude d’une multitude de
domaines. Il suffit pour cela de mettre en
place la condition favorable à l’émergence
d’un questionnement. Les astronomes
9
amateurs sont généralement friands
d’étude et de partage autour des sciences,
leur curiosité n’ayant d’égale que leur envie
de transmettre leurs connaissances. Un
observatoire astronomique devient grâce
à eux le creuset d’une folie enthousiaste
favorable à l’étude et à la pratique de
la science pour tous les âges et tous les
niveaux de connaissance.
Il ne peut alors qu’être bénéfique de
mettre en relation des professionnels,
des amateurs et des visiteurs qui évoluent
habituellement au sein d’univers distincts
alors qu’ils ont tout à apporter les uns
aux autres. C’est l’objet de ce projet de
fin d’études  : développer un observatoire
astronomique grâce à une architecture
accompagnant un processus d’acquisition
de connaissances scientifiques tant sur le
plan pédagogique que professionnel.
Le passé du site de ce projet propose –
impose – par ailleurs un questionnement
sur le devoir de mémoire. C’est en effet un
ancien silo à missile nucléaire désaffecté
à la fin de la Guerre Froide. La fascination
de la population est grande pour ce type
d’infrastructure et la question est de savoir
quelle posture il est bon d’adopter vis-à-vis
d’un héritage laissé par ce que l’humanité –
dans sa course à la science – a eu de plus
destructeur.
 11

La dissuasion nucléaire française

Le plateau d’Albion : cœur historique

«Savoir le faire, le faire savoir, pour ne pas avoir à le faire».

Pierre Messmer,
Ministre des Armées
du général de Gaulle
de 1960 à 1969

Page de gauche :
situation géographique
du plateau d’Albion
12 LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE

Les infrastructures militaires

du plateau d’Albion
(BA = base aérienne)
Le plateau d’Albion : cœur historique
« Il faut, évidemment, que nous sachions nous pourvoir, au cours des
prochaines années, d’une force capable d’agir pour notre compte, de
ce qu’il est convenu d’appeler une FORCE DE FRAPPE susceptible de
se déployer à tout moment et n’importe où. Il va de soi qu’à la base
de cette force sera un armement atomique - que nous le fabriquions
ou que nous l’achetions - mais qui doit nous appartenir... Il faut que
notre force soit faite pour agir où que ce soit sur la Terre. »
Général de Gaulle,
le 3 novembre 1959
(source : [1])
Dès 1959 commence la période des grands
travaux. Parallèlement au développement
et à l’expérimentation du système d’arme,
des études sont menées pour choisir le lieu
d’implantation de la composante terrestre
de la force nucléaire stratégique.
Il s’agissait de procéder à l’établissement
des sites stratégiques qui devaient
respecter deux impératifs  : être une zone
à faible densité de population et présenter
un sol qui soit capable de permettre un bon
ancrage des silos renfermant les missiles,
mais aussi d’amortir l’onde de choc qui
serait provoquée par une agression
nucléaire adverse.
Le plateau d’Albion fut choisi pour
l’implantation des missiles S.S.B.S. (Sol Sol
Balistique Stratégique) et vit fleurir, de 1966
à 1972, dix-huit bases de lancement car il
présentait de plus la qualité de se situer à
bonne distance de toute faille susceptible
de provoquer un séisme.
13
L’arrivée des militaires sur le plateau a eu PCT1 dans le Vaucluse près de Rustrel, et
un impact évident sur les infrastructures le second au Nord, PCT2 dans la Drôme
civiles  : les routes ont été élargies, les près de Reilhanette, à 30 km l’un de
virages moins relevés, le revêtement l’autre. Véritables bunkers dissimulés sous
refait et entretenu régulièrement, les plusieurs centaines de mètres de roche,
carrefours agrandis, ceci afin de faciliter les PCT (Postes de Conduite de Tir) ont été
l’acheminement des transports volumineux conçus non seulement pour résister à toute
et spécifiques des véhicules militaires. attaque nucléaire, mais aussi pour éviter
toute intrusion grâce à de longues galeries
Chacune des 18 bases de lancement à angles droits de près de 2 km de long.
fut nantie de son abri auxiliaire (le BDS,
Bâtiment De Surface), et distante de La capsule de tir y est montée, suspendue
sur des ressorts amortisseurs au sein d’une
trois kilomètres de sa voisine afin qu’une
caverne artificielle creusée à même la
seule attaque ne détruise plusieurs sites roche. La caverne (8 m de diamètre, 28 m
à la fois mais que des frappes nucléaires de long) recouverte de 2 m de béton est
simultanées annulent leurs effets (deux entièrement tapissée d’un acier spécial,
explosions nucléaires simultanées dont les feuilles sont soudées selon des
annulent une grande partie de leurs effets procédés spéciaux afin d’obtenir une cage
de Faraday aussi parfaite que possible.
mécaniques). Un agresseur aurait donc
dû détruire un 1er silo, puis un 2ème, etc.
ce qui laissait le temps de la riposte. Les
18 ZL (Zones de Lancement) sont situées
entre Reilhanette au Nord dans la Drôme
et Rustrel au Sud dans le Vaucluse sur une
2
zone de 800 km .
Les missiles étaient surveillés nuit et jour
et commandés à distance à partir des deux
PCT (Postes de Conduite de Tir) construits
sous terre, à 400 m de profondeur. Chaque
poste de tir avait en charge neuf zones de
lancement. Le premier se trouve au Sud,
 La dissuasion nucléaire française
Transition : démantèlement et reconversion du Plateau

Page de gauche :
missile en place
Source : [1]
16 LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE

Manipulation d’une
partie haute de missile
Source : [1]
Transition : démantèlement et reconversion du Plateau
L’ensemble du plateau
C’est au mois de juin 1995 que naissent les
premières rumeurs de démantèlement de la
zone militaire. Les élus locaux commencent
à s’inquiéter et créent le comité d’Albion
regroupant 60 communes pour étudier les
retombés économiques d’une fermeture.
Le 22 février 1996, la décision est rendue
publique : Albion sera fermée. A terme, le
site était condamné : la précision des engins
ennemis (environ 300 m) et la puissance
de chacune des ogives permettaient de le
neutraliser. L’entretien coûtait 75 millions
d’euros par an, la modernisation en aurait
coûté 4500.
On prévoit alors que le démantèlement
des missiles et de leurs silos prendra deux
ans. Le 30 septembre 1996, la première
tête nucléaire est enlevée de la ZL 2-7,
la dernière quittera Albion le 26 février
1998. Sur chaque ZL ce sont 35 tonnes de
matériels qui sont retirés et déposés par les
équipes de l’armée.
Chaque missile enlevé du silo est ramené
dans les atelier de l’Aérospatiale où chaque
étage est enfermé dans un container. Ils
sont détruits par tir vers le ciel.
D’après le site internet [a], (créé en mars
2007 et dont sont tirées les informations de
l’ensemble de ce chapitre) :
«Plusieurs activités de recherche et
d’enseignement sont déjà envisageables
sur le site d’Albion. Dans le site unique
en France des postes de commandement
souterrains situés sous 600 m de calcaire,
l’Institut d’Astrophysique Spatiale de
l’Université d’Orsay propose l’implantation
d’un laboratoire de détection de particules
cosmiques pénétrantes. Un laboratoire
de robotique horticole s’intégrerait
naturellement dans le projet. La piste
d’aviation présente sur la base aérienne
de Saint Christol serait intéressante pour
accueillir un laboratoire d’aviation solaire en
collaboration avec des groupes de recherche
allemands. Un laboratoire d’entomologie
et botanique profiterait agréablement de
la remarquable richesse biologique de la
région, avec une orientation principale vers
l’écologie moderne. Enfin, le site se prête
particulièrement bien aux observations
interférométriques des nouveaux télescopes.
D’autre part, une partie des enseignements
d’Astrophysique observationnelle du Collège
de France pourraient y être dispensés.»
Ainsi, en 2007, il était déjà envisagé de
reconvertir une partie des infrastructures
militaires en équipements de recherche et
de pédagogie scientifiques.
Le 12 octobre, la communauté de
communes décide d’acheter le PCT de
Rustrel pour le mettre à disposition des
17
scientifiques (il deviendra le Laboratoire
Souterrain à Bas Bruit). Ils leur en coûtera
800 000 francs donnés par la région, le
département du Vaucluse et l’Université
Paris 7 et le C.E.A. (Commissariat à l’Énergie
Atomique et aux Énergies Alternatives).
En décembre, pour faire avancer le
dossier «SIRENE» (SIlo REhabilité pour
Nuits Etoilées), la petite commune de
Lagarde d’Apt adhère à la communauté de
communes du pays d’Apt qui accepte d’être
maître d’œuvre du projet.
Une fois démantelées, beaucoup
d’installations du plateau d’Albion ont été
rendues à la nature. Les portes des silos (140
tonnes d’acier chacune) ont été verrouillées
et soudées et les zones de lancement
recouvertes par un mètre de terre. Le
manque de financement, les problèmes
techniques et géographiques ont laissé en
plan tous les projets de reconversion du site
en musée pour l’histoire.
Il était prévu à l’origine de raser les
bâtiments de surface de toutes les zones de
lancement mais le manque de financement
a retardé puis annulé l’échéance. Seules
deux d’entre elles ont vu leur bâtiment de
surface rasé. Par la suite, divers types de
reconversions ont eu lieu :
18 LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE

BDS de la ZL 1-1 recouvert Coupoles d’un télescope

de pierre sèche et panneaux devant le BDS et une yourte
solaires au deuxième plan dédiée à l’accueil

ZL 1-3. Source de l’image : [a] ZL 2-3. Source de l’image : [a]

Transition : démantèlement et reconversion du Plateau
- ZL 1-1 : La commune de Lagarde d’Apt
finance la réhabilitation paysagère du
site par l’Office National des Forêts puis
la transformation du BDS (Bâtiment de
Surface) en restaurant inauguré en 2006.
En 2010, la partie au nord de cette ZL
est aménagée pour recevoir un parc de
panneaux photovoltaïques expérimentaux
(sans cadmium).
- ZL 1-2 : Sur le terrain communal de Lagarde
d’Apt, la communauté de communes du
pays d’Apt a sollicité Europe, Armée, Région
et Département pour reconvertir la zone en
observatoire astronomique amateur géré
par l’association SIRENE.
- ZL 1-3 : cette base a été laissée à l’abandon.
- La ZL 1.4 n’a plus son bâtiment de surface,
qui fut le premier à être détruit. A son
centre une construction en parpaings en
forme de rectangle remplie de pierres. Elle
appartiendrait toujours à l’Armée.
- La ZL 1-5 a été abandonnée et est
actuellement noyée dans une épaisse forêt
de chênes et de châtaignais. Le bâtiment
de surface existe toujours.
- La ZL 1-6 a subi le même sort que la ZL 1-5.
- Le terrain de la ZL 1-7 a été acheté par un
particulier, le bâtiment de surface n’a pas
été détruit.
- La ZL 1-8 est devenue une station
sismique du réseau national d’alerte aux
tremblement de terre. Une partie du
bâtiment extérieur a été détruite et la tour
de guet enlevée. C’est la seule ZL sans sa
tour de guet, qui a été vue dans un champ à
une quinzaine de kilomètres de la base.
- La ZL 1-9 a été abandonnée et son
bâtiment de surface est toujours en place.
- La ZL 2-1 a été transformée en centrale
solaire photovoltaïque en 2010. Elle a
gardé son bâtiment de surface.
- La ZL 2-2 abrite, depuis fin 2009, une
centrale solaire photovoltaïque (16 400
panneaux sur 3 hectares) capable de
produire 1,2 MWc pour les besoins de 600
foyers soit 3 000 kWh par an et par foyer.
Son bâtiment de surface a été conservé.
- La ZL 2-3 est maintenant, depuis début
2003, la déchetterie du SIRTOM (Syndicat
Intercommunal pour le Ramassage et le
Traitement des Ordures Ménagères) d’Apt.
Le site a été racheté pour une bouchée
de pain, 50 000 francs à l’époque par la
19
mairie de Sault. La dalle bétonnée sert
pour le déchargement dans les différents
containers installés là où logeait il y a 10 ans
les 140 tonnes de la porte refermant le silo.
- La ZL 2-4 : difficilement observable depuis
la grille d’entrée, il n’en reste rien, pas
même le bâtiment extérieur ; juste sa trace
au sol.
- La ZL 2.5 a été abandonnée et son
bâtiment de surface est resté en place.
- La ZL 2.6 a été reconvertie en septembre
1997 et accueille les antennes radar
GRAVES (Grand Réseau Adapté à la VEille
Spatiale) pour la surveillance de l’espace
de l’Onera (centre français de la recherche
aéronautique, spatiale et de défense)
développées avec Thomson-CSF. II s’agit
d’un système bistatique dont l’émetteur
se trouve dans la région de Dijon à Broyes-
les-Pesnes et le récepteur sur le plateau
d’Albion. II permet de détecter des objets
volants jusqu’à 1 000 km d’altitude. A noter
que contrairement à la plupart des autres
ZL, la porte du silo est toujours intacte et
visible.
- La ZL 2-7 : depuis 2008, elle accueille une
SCOP (SoCiété Ouvrière de Production)
pour la ville de Revest du Bion. Les
travaux ont permi de déterrer la porte
blindée du silo, maintenant visible. La ZL
20 LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE

Entrée de l’ancien PCT1,

nouveau Laboratoire
Souterrain à Bas Bruit.
Source de l’image : [a]
Transition : démantèlement et reconversion du Plateau
a été partagée en deux en 2010, et abrite
désormais un parc de panneaux solaires.
- La ZL 2-8 abrite une unité de concassage
de graviers. Son bâtiment de surface a été
conservé.
- La ZL 2-9 a été reconvertie en 2012 en
parc de panneaux solaires. Son nouveau
propriétaire utilise son bâtiment de surface
pour stocker du fumier et du bois.
- Le PCT1 de Rustrel, au Sud, est devenu
le LSBB (Laboratoire Souterrain à Bas
Bruit) où sont conduites des expériences
scientifiques, comme l’écoute des ondes
sismiques de la Terre et l’étude des
particules venant de l’espace. Le silence
magnétique absolu qui y règne permet
d’éviter tout bruit de fond qui brouillerait
les résultats. Seul exemple de conversion
d’une installation militaire en un laboratoire
de recherches civiles, la création du LSBB
à été rendue possible par les concours
de l’Armée de l’Air, de collectivités
territoriales, d’universités ainsi que de
quatre laboratoires de recherche français.
- Le PCT2 de Reilhanette au Nord a fait
l’objet d’une reconversion en «théâtre de
verdure». En 1999, l’objectif est d’utiliser
la plate-forme du bas (ancienne piste
d’atterrissage des hélicoptères qui offre un
point de vue superbe sur le Mont Ventoux
21
et la vallée) pour le parking des voitures Ainsi, parmi les 18 zones de lancement, la
de touristes et le départ des sentiers de base aérienne et les 2 postes de conduite
randonnées. Une table d’orientation et de tir :
l’aménagement d’une aire de course de
Karting est également construite. - 7 servent pour la collecte de déchets ou
pour des productions de richesses diverses
La seconde plate-forme au-dessus a été (énergie, matériaux, alimentation),
aménagée en théâtre de verdure avec pour
lieu de rangement des chaises, matériel - 2 sont restées la propriété de l’armée,
de scène, éclairage, sono, etc… l’intérieur
d’une des salles souterraines de l’ancien - seulement 2 ont été complètement
poste de tir. Les autres installations ont été rasées, 5 sont aisément accessibles pour le
murées pour les raisons de sécurité. grand public,
- 3 ont été mises au service de la science,
- La base aérienne de Saint Christol a été dont deux professionnelles et une axée vers
rebaptisée caserne Maréchal Koenig. la pédagogie : la ZL 1-2.
Elle accueille aujourd’hui près de 1000
légionnaires. Des installations de l’armée Rien n’a donc été mis en place de façon
de l’air, seules restent la zone vie de la officielle pour faire connaître auprès
base, les longs bâtiments attenant la piste du grand public ces traces laissées par
qui servent maintenant à stocker tout le le centre névralgique de la dissuasion
matériel du génie civil et quelques bâtiments nucléaire française que constituait le
(l’atelier de dépôt des munitions et des plateau d’Albion.
têtes nucléaires). Ces derniers, toujours
sous l’autorité de l’armée, servent pour des
simulations de combat. Les bâtiments de
la zone d’expérimentation et d’instruction
ont été détruits et les zones de lancement
d’instruction laissées à l’abandon. La base
étant devenue une base de l’armée de terre,
la longue piste d’atterrissage ne sert plus de
même que la tour de contrôle, débarrassée
de ses antennes et laissé à l’abandon.
22 LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE

Vue aérienne actuelle

de la ZL 1-2
Source de l’image : base de
données de l’observatoire
Transition : démantèlement et reconversion du Plateau
Zoom sur la ZL 1-2
Cinq raisons principales ont convaincu
les astronomes amateurs de l’association
SIRENE de venir s’installer sur la ZL 1-2 :
- la première était logistique : le site
présentait déjà une enceinte fermée (trois
grillages de 3 m de hauteur) et le bâtiment
pouvait facilement être reconverti pour
les besoins de l’association. De plus l’accès
était facile grâce aux routes qui avaient été
créées pour l’acheminement des missiles,
- le lieu est en altitude (1100 mètres), au-
dessus des basses couches polluées de
l’atmosphère,
- la pollution lumineuse y est très faible,
- l’horizon est dégagé à 360°,
- la dalle de béton de 9 mètres d’épaisseur
initialement coulée pour protéger les
missiles résiste à un séisme de 8 sur l’échelle
de Richter. Elle permet une parfaite stabilité,
évitant la création d’autres fondations pour
les instruments d’observation.
Des visites nocturnes y sont organisées
quotidiennement et des visites de jour sont
régulièrement sollicitées aussi bien pour
les instruments d’observations que pour les
infrastructures militaires.
23
L’observatoire SIRENE possède des
instruments de grande qualité (en
particulier un télescope de 635 mm de
diamètre). Les membres actifs de cette
association se rendent régulièrement
sur le site de l’observatoire, que ce soit
pour accueillir le public ou pour leurs
propres séances d’observation (une soirée
publique se terminant très souvent par une
observation personnelle après le départ des
visiteurs).
Le site se trouvant en plein cœur des
monts de Vaucluse, à proximité du
Luberon et de la vallée du Rhône ; régions
hautement attractives pour le tourisme, les
visiteurs y sont nombreux et de tous âges.
L’observatoire en cette région contribue à
diversifier l’offre et l’intérêt en proposant
une forme de tourisme scientifique.
Remarquons que seule cette zone de
lancement propose au grand public une
visite du site avec des explications quant
aux infrastructures militaires, certains
membres de l’association ayant acquis,
en autonomie, de solides connaissances
en ce qui concerne l’histoire du plateau
d’Albion.
 La dissuasion nucléaire française
Quel avenir ?

Page de gauche :
sous-marin nucléaire
Source : [j]
26 LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE

L’armée française à
l’horizon 2020.
Source de l’image : [c]
Quel avenir ?
D’après l’article paru le 29 avril 2013 sur le
site internet [c] du journal Le Monde, les
forces armées françaises à l’horizon 2020
devraient être conformes aux prédictions
indiquées sur l’image de la page de gauche.
Ce document a été produit le jour de la
présentation du Livre Blanc de la Sécurité
et de la Défense au président de la
République.
D’après l’article paru simultanément sur le
site internet [b] de la chaîne d’actualités
internationale France 24, le gouvernement
français prévoit la suppression de 24  000
postes dans l’armée française, au rythme
de 5 000 en moyenne par an entre 2016 et
2019.
La répartition des suppressions entre les
différentes armées et services ne sera
décidée qu’à l’automne, mais l’on sait
déjà que c’est l’armée de Terre, la plus
nombreuse avec environ 130 000 militaires
et civils, qui devrait être la plus touchée
avec la disparition de régiments et de
bases militaires. L’armée de l’Air devrait
également être affectée.
Il est affirmé par ailleurs sur le site internet
[b] que la priorité en matière de stratégie
militaire française sera de moderniser
les armées en favorisant les dépenses
de recherche, de développement de
matériels et d’équipement des forces  ;
tout particulièrement combler les
carences de l’armée en matière de drones
et de renseignements et lutter contre la
cybercriminalité.
Côté stratégique, il n’y a pas de
bouleversement majeur à prévoir.
François Hollande a, en effet, affirmé son
attachement à la dissuasion nucléaire et
n’entend pas revenir sur l’intégration de la
France dans le commandement intégré de
l’Otan. En effet, bien que la France n’ait plus
d’ennemi déclaré, elle continue de miser
sur la dissuasion nucléaire pour assurer
sa sécurité à long terme. Elle demeure
ainsi le fondement de la stratégie militaire
française.
Nous savons par ailleurs grâce à la vidéo
[d] que l’armée française a aujourd’hui en
service 350 armes nucléaires. Il n’existe plus
de composante terrestre  ; les missiles du
plateau d’Albion on tous été démantelés
et la France a signé un traité interdisant
tout essai nucléaire (même si elle a réalisé
en 1996 six derniers essais pour tester
une partie des nouvelles têtes nucléaires
qui équiperont les missiles vers 2015).
Aujourd’hui, la mise au point de ces armes
se poursuit à l’aide de simulations.
Concernant les forces navales, 90% des
armes nucléaires françaises se trouvent à
27
l’Île-Longue, dans la rade de Brest.
Les Forces aériennes stratégiques utilisent
quant à elles des missiles air-sol dotés
de têtes nucléaires aéroportées sous des
avions Mirage 2000N à la base aérienne 125
Istres-Le Tubé. Ce missile est également
utilisé avec les avions Rafale à la base
aérienne 113 Saint-Dizier-Robinson et ceux
embarqués sur le porte-avions Charles de
Gaulle.
à la lumière de ces informations, nous
pouvons affirmer qu’il n’y aura pas de
nouveau silo de lancement de missile
nucléaire sol-sol en service en France
avant longtemps. La dissuasion nucléaire
reste toutefois l’un des axes principaux
de la Défense militaire française, aux
côtés des axes émergents que sont le
développement des drones et le combat
de la cybercriminalité.
 L’observation astronomique
Une histoire de l’astronomie

Page de gauche :
corsaires observant le ciel
depuis l’observatoire SIRENE
Source : [j]
30 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

L’univers ptolémaïque,
sphère armillaire.
Source de l’image : [k]
Une histoire de l’astronomie
Très tôt dans son histoire, l’Homme a
commencé à lever les yeux vers le ciel.
Ainsi, d’après la bande dessinée de
vulgarisation de l’histoire de l’astronomie
[2], cette dernière commença il y a vingt-six
siècles sous le règne de Nabuchodonosor.
La lecture du ciel avait alors pour fonction
de protéger le roi à l’aide de présages.
Cinq siècles plus tard, l’astronomie en Inde
était le savoir de pointe. Ainsi, onze siècles
avant Galilée, et également contre les idées
de son temps, Aryabhata, professeur de
mathématiques indien le plus savant de son
époque, affirma la rotation
ème
de la Terre sur
elle-même. Au XVI siècle, Tycho Brahé
bâtit le premier observatoire ème
astronomique
sur une île suédoise. Au XVII siècle Galilée
pointait vers le ciel une lunette destinée
à observer au loin les mouvements des
armées ennemies. Sa théorie héliocentrique
lui valut ses célèbres déboires avec l’Église.
Plus tard au cours du même siècle,
Edmond Halley participait avec Newton à
l’élaboration de la théorie de la gravitation
universelle et décrit le mouvement ème
des
comètes. C’est à partir du XIX siècle
que des observatoires astronomiques
commencèrent véritablement à apparaître
sur tout le globe afin de pouvoir offrir aux
astronomes un abri pour leurs instruments
à proximité d’un espace de travail et de vie.
31
ème
Depuis le XIX siècle, le métier
d’astronome n’a cessé d’évoluer grâce
aux incessantes découvertes scientifiques
permettant la mise au point et l’exploitation
d’un matériel toujours plus performant.
Parallèlement, les attentes de la société
face aux astronomes ont également
changé. Indubitablement, le métier de
l’astronome a ainsi été métamorphosé
au cours des deux derniers siècles.
Cette métamorphose transparaît dans
la conception architecturale des lieux
destinés à accueillir l’exercice de ce métier.
Il semble que nous puissions distinguer trois
époques, correspondant à trois manières de
concevoir les observatoires astronomiques.
La première période commence avec la
construction de l’observatoire de Poulkovo
en Russie en 1830. Il a servi de modèle
pour la conception des observatoires
qui ont vu le jour au cours du siècle qui a
suivi. La secondeèmepériode correspond à
l’ensemble du XX siècle, dont datent la
majorité des observatoires actuellement en
fonctionnement dans le monde. La dernière
période est celle de la décennie passée.
 L’observation astronomique
Évolution de la conception des observatoires dans le temps

Page de gauche :
plan de l’observatoire
de Poulkovo
Source : [l]
34 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

plan de l’observatoire
de Strasbourg
Source : [l]
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
Période 1 : de 1830 à 1900
Selon l’appel à contribution pour le Colloque
de la Société Française pour l’Histoire
des Sciences de l’Homme (S.F.H.S.H.) de
Septembre 2005 publié le 18 octobre 2004
par Sébastien Douchet (consultable sur le
site internet [e]) :
Selon la célèbre loi des trois états d’Auguste
Comte, l’humanité serait passée par trois
stades  : théologique, métaphysique et
positif. Le règne des sciences (l’âge positif)
prendrait donc naissance au moment où
l’humanité sortirait de la phase religieuse
de son existence morale, via la transition
que constitue sa phase «métaphysique».
Auguste Comte a développé cette théorie
de 1830 à 1845, époque pendant laquelle il
l’observa, notamment en France. Selon lui,
en devenant «positif», l’esprit renoncerait
à la question «pourquoi ?», c’est-à-dire à
chercher les causes premières des choses.
Il se limiterait au «comment», c’est-à-
dire à la formulation des lois de la nature,
exprimées en langage mathématique, en
dégageant, par le moyen d’observations
et d’expériences répétées, les relations
constantes qui unissent les phénomènes, et
permettent d’expliquer la réalité des faits.
Il semble en effet que l’Église, qui avait
condamné de nombreux penseurs
dissidents au cours des siècles précédents
(Giordano Bruno a été brûlé en 1600 pour
avoir défendu la théorie héliocentrique,
Galilée a dû coder ses écrits pour ne pas
retourner devant le tribunal pour avoir
évoqué la rotation de la Terre en 1610...)
a commencé à perdre son pouvoirème
sur
la science au début du XIX siècle.
Par exemple, la théorie de l’évolution
de Darwin, publiée en 1859, a été
catégoriquement rejetée par l’Église selon
qui l’origine animale de l’homme ne pouvait
qu’être en contradiction avec la bible et la
doctrine catholique. Aujourd’hui encore,
plusieurs Églises de par le monde réfutent
cette théorie  ; elle continue cependant
d’être enseignée dans les écoles, et cet
enseignement n’est clairement pas sur le
point de cesser.
Les États, qui ont démocratisé
l’enseignement et lui ont fourni un contexte
et des moyens favorables à la recherche
scientifique, ont été ainsi à l’avant-garde
durant plusieurs années. L’exemple de
la France est assez emblématique, qui
suite à la Révolution fait de la science un
des piliers de l’enseignement et où une
véritable politique de la science voit le
jour avec le développement d’institutions
existantes (Collège de France, Muséum
national d’histoire naturelle, etc.) ou la
35
création de nouvelles (École polytechnique,
Conservatoire national des arts et
métiers, etc.). Alors que l’enseignement
était auparavant principalement donné
par l’Église, le développement de
l’enseignement pris en charge par l’État
servait également à laïciser le pays et
accentue de ce fait encore plus la séparation
de l’Église et de la science. Cette séparation
sera également présente dans d’autres pays
comme au Royaume-Uni, mais quelques
décennies plus tard seulement.
D’autre part, d’après l’article Historique
de la Communication Scientifique à l’aube
du XIXe siècle de Sylvie Ongena, visible
sur le blog scientifique [f], depuis le
balbutiement des sciences, la nécessité
de divulguer ces connaissances est
apparue comme essentielle. Or, après
la Révolution Française, l’information
scientifique et technique fut marquée par
la réorganisation et le désir de reconstituer
et de conserver le patrimoine scientifique.
Les publications scientifiques chutèrent
drastiquement durant les années 1792
à 1795 ; les savants ne savaient plus
comment diffuser leurs résultats. La
création d’institutions, comme l’Institut
National, ou le renforcement d’autres
(Observatoire de Paris) redonnèrent une
dynamique aux recherches scientifiques.
Les collections confisquées à la Révolution
furent confiées à des organismes publics,
36 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

L’observatoire
de Strasbourg :
élément fort d’un
axe structurant
Source : [l]
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
et des grandes écoles furent créées,
composant un nouveau point de départ
pour le développement de l’ information
scientifique et technique. Les travaux
scientifiques devinrent internationaux,
avec le développement de congrès et de
commissions (Commission du mètre en
1869, Commission des poids et mesures
en 1875). Bien que destinées davantage au
grand public, les expositions universelles
furent également l’occasion d’échanges sur
les innovations technologiques.
Les scientifiques avaient de plus une place
au service de l’État : de par la décision de
Bonaparte d’emmener une délégation de
scientifiques, la campagne d’Égypte de
1798 à 1801, d’abord campagne militaire,
devint source de nombreuses publications
scientifiques des études, analyses et
mesures réalisées en Égypte. Pour diffuser
plus rapidement l’information scientifique
et technique, des imprimeries furent même
embarquées ([3]).
En 1883, les inventeurs commencèrent à
être protégés dans la publication de leurs
travaux par la mise en place du système de
dépôt de brevet. L’information technique
échappa ainsi au seul contrôle de la
communauté scientifique. La croissance
de l’édition scientifique s’accéléra tout de
même, notamment par la suppression de la
censure pendant la Restauration, et les
revues scientifiques spécialisées se
répandirent. Les cours en université
étaient également un moyen de diffuser la
connaissance. Malgré tout, ces universités
bien qu’existant auparavant, deviennent les
seuls centres scientifiques et marginalisent
les apports des amateurs. Les cabinets
de curiosités disparaissent au profit des
musées et les échanges qui étaient courants
entre savants, amateurs et simples curieux
deviennent de plus en plus rares.
Les observatoires construits au sein de ce
contexte sont souvent commandés par un
empire qui les fait bâtir dans la perspective
de les utiliser comme moyen d’asseoir son
pouvoir, que ce soit par la propagande
que permet l’image véhiculée par
l’observatoire ou par les informations qu’il
est susceptible de fournir. Les instruments
d’observation alors sont gigantesques pour
compenser la faible qualité d’une technique
seulement naissante. L’observatoire
ème de la
deuxième moitié du XIX siècle est ainsi
majestueux et magistral. A Strasbourg
c’est même en fonction de l’observatoire
que l’urbanisation de la ville environnante
a été définie. Tout y est fait pour que
l’individu s’y sente minuscule face à une
puissance qui le dépasse. Les matériaux
viennent également contribuer à cette
démonstration de toute-puissance : hormis
le bois, dont la légèreté et les propriétés
isolantes sont par endroits nécessaires, le
37
seul matériau visible est la pierre. Matériau
noble par excellence, elle témoigne de la
richesse de son propriétaire.
Ils doivent de plus être le plus performant
possible sur la question de la qualité
des informations qu’ils fournissent suite
aux observations qui y sont faites. Rien
n’est laissé au hasard. L’implantation
se fait loin des villes et en altitude, à
l’abri de leur pollution lumineuse (et des
curieux indésirables...). Le chauffage
est également régulé afin de limiter les
distorsions atmosphériques. Dans le cas
de l’observatoire de Marseille (aujourd’hui
désaffecté, dans la montée de Accoules)
la zone d’observation commence à
s’éloigner des autres bâtiments pour limiter
les nuisances créées par l’ensemble de
l’observatoire lui-même. Cette course à la
performance est tout de même régulée par
la sécurité, qui reste prioritaire. C’est ainsi
qu’il a été décidé de placer l’observatoire
de Strasbourg à l’intérieur des remparts de
la ville : il se trouvait alors plus soumis aux
nuisances citadines mais avec la garantie
de ne pas être attaqué dans un secteur où
l’Empire Allemand sentait bien qu’il n’avait
pas encore acquis toute sa légitimité.
Conséquence de leur éloignement à la
ville, les observatoires de cette époque
peuvent également prévoir de fournir un
logement sur place à leurs astronomes et
38 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Gravure de l’observatoire
de Strasbourg.
Source : [l]
Évolution de la conception des observatoires dans le temps 39

techniciens. L’observatoire de Poulkovo

étant encore plus isolé que les autres, il
propose en plus un hébergement pour les
familles des astronomes ainsi que toutes
les commodités qu’ils pourraient désirer
trouver. Tout est calculé pour que les
astronomes restent longtemps sur leur lieu
de travail, qu’ils aient à proximité tout ce
dont ils ont besoin, sur les plans personnel
comme professionnel.

Pour résumer, retenons que les

observatoires astronomiques de la
période de 1830 à 1900 sont des éléments
de qualité, majestueux et imposants. Leur
architecture est optimisée pour atteindre
deux objectifs : démontrer la puissance du
commanditaire et accélérer l’acquisition
de connaissances scientifiques pour
leur application pratique. Les États, qui
n’hésitent pas à investir pour leur propre
sécurité, allouent ainsi aux observatoires
des budgets pharaoniques qui doivent
permettre aux astronomes de répondre
au mieux à cette préoccupation.
40 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Vue du site du CFHT

(Canada-France-
Hawaii Telescope)
Source : carte postale
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
Période 2 : de 1900 à 2000
Le deuxième millénaire est sur le point de
s’achever. Les scientifiques se spécialisent,
chacun en sait de plus en plus sur des
secteurs de plus en plus restreints. Des
bonds sont ainsi faits dans tous les
domaines de la science. S’il ne faut parler
que d’astronomie au cours de ce siècle
: Georges Lemaitre propose la théorie
du Big-bang pour expliquer l’origine de
l’Univers, Edwin Hubble avance la théorie
de l’expansion de l’Univers, Jocelyn Bell
découvre les pulsars (étoiles à neutrons), le
télescope spatial Hubble est lancé.
ème
Le XX siècle est celui des Guerres
Mondiales et de la Guerre Froide. C’est
probablement aussi celui de l’efficacité
de la science, sans superflu ni symbole.
Toutefois, des efforts commencent à être
faits pour communiquer et informer le
grand public de l’avancement de la science,
notamment à travers les musées.
ème
La première moitié du XX siècle vit
en effet apparaître de nouveaux musées
scientifiques destinés à briser les frontières
traditionnelles entre visiteurs privilégiés
et grand public, par exemple le Deutsches
Museum de Munich (1925), le Palais de la
Découverte de Paris (1937) et le musée de
la Science et de la Technologie de Chicago
(1939). Ces initiatives, dont plusieurs
furent écourtées par la Deuxième Guerre
mondiale, seront reprises dans les années
1960 et 1970 et se concrétiseront à travers
des centres scientifiques ayant pour
mission de communiquer les principes de
la science sous une forme stimulante et
tactile : la « science interactive ».
Néanmoins, dans la première section
du livre [4] (p.  40 à 42), les auteurs se
questionnent sur ces musées de science.
Il y est dit que dès les années 1930 à
1960, les tumultes sociaux et les débats
intenses suscitèrent des revendications
visant à élargir la diffusion des ressources
culturelles, sociales et économiques. Les
musées étaient jusqu’alors considérés
comme étant peu accessibles au grand
public (ouvriers, paysans, femmes...). On
accusait les musées scientifiques de ne
s’adresser qu’à une minorité d’instruits.
Cependant, les centres scientifiques,
malgré leur succès incontestable, ont
soulevé certaines critiques de la part
du milieu de l’éducation et des centres
scientifiques eux-mêmes.
Premièrement, bon nombre d’expositions
communiquaient des principes et non des
processus. Ces expositions étaient des
41
textes de physique en trois dimensions :
elles encourageaient le visiteur à envisager
la science comme une hiérarchie canonique
des lois. Chaque objet représentait une seule
expérience, souvent une démonstration,
qui débouchait inévitablement sur le même
résultat. Les moins instructifs d’entre
ces objets étaient des automates qui ne
requéraient, pour seule participation, que
d’appuyer sur un bouton.
Deuxièmement, de nombreuses expositions
ne transmettaient pas la structure de la
pensée scientifique. Elles étaient centrées
sur les conclusions et faisaient abstraction
de la démarche scientifique, si bien que le
visiteur ne voyait pas les fausses pistes,
les désillusions, les échecs rencontrés. Ces
expositions proposaient donc au public une
vision erronée de la nature de l’entreprise
scientifique, dans la mesure où elles
donnaient à penser qu’il existe une relation
univoque entre hypothèse et résultat.
Troisièmement, souvent, les liens
complexes entre science et technologie
n’étaient pas expliqués. Prenons par
exemple le cas de la soufflerie. Grand
nombre de centres scientifiques en
possédaient une. Tous les visiteurs
s’arrêtaient pour en observer le ballon de
42 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Vue de la
station Concordia
Source : [m]
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
plage rebondissant sous l’effet d’un jet
d’air. Pourtant, très peu comprenaient
les implications techniques du principe
démontré par l’appareil. Certains musées,
il est vrai, ont placé un modèle de 747 à
côté du ballon de plage, mais combien de
visiteurs saisirent le lien entre les deux ?
C’est ainsi que les concepteurs d’expositions
négligeaient leurs responsabilités envers
leur public, puisqu’ils construisaient des
réponses correctes en empêchant le visiteur
de formuler ses propres questions ou de
tenter de trouver lui-même ses réponses.
Ceci le privait de la chance de connaître
l’un des aspects les plus gratifiants de la
démarche scientifique : le plaisir de trouver
de nouvelles réponses aux questions
posées.
La plupart des observatoires construits au
cours de cet époque (par exemple La Silla ou
Las Campanas au Chili, le Canada-France-
Hawaii-Telescope, la base Concordia
en Antarctique...  ) ont été le fruit de la
commande de scientifiques. L’observatoire
n’est plus un moyen de montrer le pouvoir
d’un empire mais seulement un outil
d’accès à de nouvelles connaissances.
De plus, comme c’est le cas pour Hawaii
et Concordia, des institutions de plusieurs
pays peuvent se regrouper pour obtenir
des résultats supérieurs à ce qu’ils auraient
pu faire chacun indépendamment.
Systématiquement, l’objectif du maître
d’ouvrage est de mettre en place un outil
plus performant que ceux qui existent alors
afin d’avancer toujours plus loin dans la
connaissance de l’univers.
L’implantation se fait donc de préférence
en altitude et au sein d’un désert, où les
conditions d’observation seront le moins
possible entravées par des questions de
climat ou de pollution lumineuse. Notons
que l’observatoire de Marseille (il se situe
alors sur le plateau Longchamp) est, selon
ces critères, largement moins bien placé
que ceux de Hawaii et Concordia ; il se
trouve à quelques centaines de mètres
d’altitude seulement et bien plus proche de
la ville. Le type d’usagers de ces différents
observatoires ne semble pas indépendant
de ces différences d’implantation. Hawaii
et Concordia profitent d’un ciel de très
grande qualité ; ils n’accueillent que des
professionnels. Les visiteurs n’y sont pas
vraiment les bienvenus, de plus l’isolement
des sites peut être particulièrement
dissuasif, spécialement dans le cas de
Concordia.
43
L’observatoire de Marseille bénéficie quant
à lui d’un ciel seulement médiocre. Il peut
difficilement prétendre pouvoir obtenir par
l’observation des résultats compétitifs par
rapport aux observatoires largement mieux
placés. Il s’oriente alors aujourd’hui vers
d’autres fonctions que la seule observation.
Il signe des ententes pour travailler avec
d’autres laboratoires scientifiques et
accueille du public. Si le ciel n’est pas
suffisamment bon pour des professionnels,
il peut l’être pour des amateurs attirés en
premier lieu par l’usage des instruments
anciens mis à leur disposition, ou pour un
public non-initié, scolaire ou adulte, en
attente d’un éveil à l’astronomie.
La programmation des observatoires
présente deux éléments récurrents : une
zone d’observation, des bureaux pour
traiter les données et un hébergement
pour les professionnels. Celle de Concordia
est complétée sous la contrainte de la
vie en autarcie pendant les mois d’hiver.
Elle compte donc aussi des zones de
stockage de matériel, des espaces de
loisir, et un centre de soins d’urgence. Une
constante est également observée en ce
qui concerne le type de plan : les différents
bâtiments sont éparpillés sur la surface
de l’observatoire afin d’isoler autant que
44 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Photographie de
l’observatoire
La Silla (Chili)
Évolution de la conception des observatoires dans le temps 45

possible la zone d’observation. La distance connaissances avec les professionnels du

qui sépare les différentes constructions va lieu.
de la centaine de mètres pour Marseille
à plusieurs dizaines de kilomètres pour
Hawaii. Par ailleurs, les matériaux utilisés
ème
La course à l’acquisition de nouvelles
pour construire les observatoires du XX données scientifiques est donc
siècle ne sont pas choisis en fonction de indubitablement prégnante mais
leur esthétique mais exclusivement de leur l’observatoire de Marseille est un premier
fonctionnalité. Le fait qu’ils puissent plaire acteur d’une tendance à l’ouverture
à l’œil n’est qu’un bonus non recherché. des portes de la connaissance aux non-
professionnels de l’astronomie pour une
Nous pouvons donc ème
avancer que les vulgarisation à l’usage du plus grand
observatoires du XX siècle sont conçus nombre.
pour être performants du point de vue
scientifique. Les employés sont placés
dans une situation de grand isolement
pour satisfaire le besoin de placer les
instruments sous un ciel de la meilleure
qualité possible. Lorsque l’observatoire
est placé dans un lieu qui ne lui permet
pas d’avoir le meilleur ciel possible, avec
les meilleurs instruments connus jusque
là, pour réaliser des observations inédites,
alors une nouvelle fonction lui est allouée :
l’accueil de personnes non professionnelles.
Associations d’astronomes amateurs et
«  simple  » grand public peuvent alors
profiter des conditions d’observation
peut-être meilleures que celles qu’ils
auraient chez eux, utiliser des instruments
anciens qui les fascinent ou échanger des
46 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Façade de la résidence
des astronomes du
Very Large Telescope
©Roland Halbe Fotograe
/ 2002 Auer+Weber
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
Période 3 : depuis 2000
L’an 2000. Un saut dans les mentalités, la fin
d’un millénaire. Les sciences deviennent de
plus en plus précises.
D’après Pierre Binetruy, directeur du
laboratoire d’AstroParticules et Cosmologie
au CNRS, les gens semblent garder une
fascination pour l’infiniment grand comme
pour l’infiniment petit, peut être parce
qu’il est impossible de se représenter ces
dimensions.
Cependant pour Thibault Damour,
professeur de physique théorique à
l’Institut des Hautes Études Scientifiques, la
véritable connaissance de la science par le
peuple est en train de devenir superficielle.
Il affirme en effet, au cours de l’émission
scientifique la tête au carré diffusée le 27
septembre 2011 par France Inter :
«D’un côté la société ne permet plus au
citoyen de savoir à l’école ce qu’est la science
sur laquelle est fondée un grande partie de
notre science et de notre technologie et en
même temps les média nous excitent autour
d’icônes comme Einstein. Il y a quelque chose
de pas très sain et d’exagéré dans le battage
médiatique autour d’Einstein [...] la science
n’a pas pénétré les esprits, même si l’on aime
en parler de temps en temps.»
Cette émission était réalisée à l’occasion
de la découverte, au cours de l’expérience
OPERA menée par l’équipe de Dario
Autiero à l’Institut de Physique Nucléaire
de Lyon, de particules se déplaçant à une
vitesse supérieure à celle de la lumière,
des neutrinos. Cette découverte remettrait
complètement en cause les théories de la
relativité restreinte et générale énoncées
par Einstein. Un grand battage médiatique
a été fait autour de ce résultat alors que
d’autres travaux, récompensés par des
prix Nobel, sont restés dans le silence
médiatique tout au long de la décennie.
C’est par exemple le cas pour Jules
Hoffmann qui a obtenu le prix Nobel de
médecine le 4 octobre 2011 pour ses travaux
sur l’immunité. Il explique, lors d’une
entrevue avec la revue de vulgarisation
scientifique « Science et Avenir » que ses
travaux ont ouvert de nouvelles voies pour
le développement de la prévention et de
la thérapie contre les infections, le cancer
et les maladies inflammatoires. Peu de
mentions ont été faites de sa découverte...
la position de vedette ayant été donnée aux
résultats de l’expérience sur la vitesse des
neutrinos... dont on a finalement appris
qu’ils n’étaient pas corrects (voir l’article
en ligne du journal Le Monde du 8 juin 2012
[h]).
47
Ceci me parait représentatif de l’importance
que les média prennent par rapport à la
science. Les informations que reçoit le
grand public sont celles que lui donnent
les ème
média. L’importance d’Einstein, star du
XX siècle, est quant à elle à comparer avec
les personnalités scientifiques du XIX
ème
siècle : personne ne semble susceptible de
se soumettre à la comparaison. Pourtant
des découvertes scientifiques majeures
ont bien été faites au cours du siècle.
Pourquoi Einstein est-il le seul à sortir du
lot ? Première hypothèse ne laissant pas la
place à beaucoup de discussion : le niveau
d’Einstein se situe bien au-dessus des
autres. Soit. Une autre hypothèse pourrait
être intéressante : aujourd’hui la science
devient de plus en plus une affaire de travail
d’équipe. Si aucun nom n’est connu comme
celui d’Einstein c’est qu’il a travaillé seul
alors que la science aujourd’hui s’effectue
quasiment toujours à plusieurs, ce qui
explique que le nom de chacun n’ait pas
tendance à être spécialement retenu.
L’expérience OPERA citée plus haut semble
un bon exemple de ce phénomène : lorsque
l’équipe de Dario Autiero a constaté qu’elle
avait trouvé des particules se déplaçant
plus vite que la lumière, elle s’est empressée
de publier son résultat et de donner une
conférence, ceci pour décrire la procédure
qui avait été suivie pour l’expérience. Ceci
48 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Façade de la résidence
des astronomes du
Very Large Telescope
©Roland Halbe Fotograe
/ 2002 Auer+Weber
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
non pas dans le but de créer l’événement
médiatique mais dans celui de partager
toutes les données avec les chercheurs
du monde entier, chercheurs qui seraient
peut-être capables de trouver une erreur
ayant pu entraîner ce résultat pour l’instant
impensable.
Il est indéniable malgré tout que des
efforts sont faits pour la sensibilisation du
grand public à la question de la démarche
scientifique. Georges Charpak, par
exemple, prix Nobel de Physique 1992 a
lancé en 1996 un important mouvement
de rénovation de l’enseignement des
sciences à l’école primaire, LA Main Á la
Pâte, qui touche aujourd’hui près d’une
école sur trois en France et essaime dans
le monde entier. (Le site officiel de cette
démarche : [g]). Les média ne sont pas
en reste et des émissions télévisées et
radiophoniques traitent également de la
question de la science, il serait seulement
à regretter qu’une publicité assez restreinte
leur est faite. Citons par exemple Les petits
bateaux sur France Inter, dans lesquelles
des scientifiques de renom sont invités
pour répondre à des questions d’enfants,
La tête au carré sur la même station ou Les
années lumière sur radio Canada, qui chaque
semaine traitent d’un sujet scientifique
d’actualité en présence d’un spécialiste du
domaine, nous avons aussi X :enius, sur la
chaîne télévisée arte ; cette liste n’étant
bien sûr pas exhaustive.
ème
Le XXI est le témoin d’une grande mise
à distance entre la pratique de la science
par les professionnels et son approche
par le grand public. Il en découle un
véritable clivage entre les observatoires
amateurs et professionnels. Quand les
zones d’observation des professionnels
doivent permettre d’obtenir des conditions
d’observation meilleures que tout ce qui a
été vu auparavant atteindre des résultats
inespérés, les amateurs se contentent de
très bonnes conditions qui leur permettent
de passer un moment d’observation
agréable et de déclencher l’émerveillement
du grand public auquel ils ont soif de
transmettre leurs
connaissances.
Il en découle également des différences
concernant les implantations des
observatoires. L’observatoire SIRENE, par
exemple, est implanté de façon relativement
similaire aux observatoires professionnels
du siècle précédent : dissémination des
bâtiments avec éloignement des zones
de vie et d’observations de quelques
49
centaines de mètres. Cet éloignement est
poussé à l’extrême pour les observatoires
professionnels.
Les données recueillies au VLT (Very Large
Telescope, sur le mont Paranal, au Chili)
sont ainsi traitées à des dizaines de milliers
de kilomètres de là, dans les bureaux des
observatoires qui les ont commandées...
par exemple à Château-Gombert à
Marseille.
Les observatoires professionnels peuvent
continuer la tendance commencée
auparavant à ne recevoir que très
ponctuellement des visiteurs, puisque
ceux-ci sont accueillis par les observatoires
amateurs. Notons que ces amateurs qui
gèrent leurs observatoires n’ont rien de
novices, et qu’ils sont souvent les visiteurs
que l’on retrouve dans les observatoires
professionnels.
Des différences de programmation
découlent naturellement de ces modes
d’organisation. Les observatoires amateurs
proposent, outre la nécessaire zone
d’observation, une zone d’accueil du
public confondue ou non avec une zone
de vie qui permet de prendre les repas, se
détendre ou travailler. Les observatoires
50 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Intérieur de la résidence
des astronomes du
Very Large Telescope
©Roland Halbe Fotograe
/ 2002 Auer+Weber
Évolution de la conception des observatoires dans le temps 51

professionnels auraient plutôt tendance

à avoir une programmation scindée. Le
site «collection des données» comprend la
zone d’observation et une zone de vie avec
bureaux, hébergement et espaces de loisir,
et le site «  traitement des données  » se
contente de bureaux.

Les matériaux revêtent quant à eux une

importance variable. Quand ils importent
peu au niveau des bureaux, ils peuvent
ailleurs être porteurs d’un message. Le
béton de la résidence du mont Paranal
a ainsi été teinté à l’oxyde de fer pour lui
permettre de se confondre avec le sol  ;
l’objectif étant de créer un objet discret
respectant le paysage.

Nous pouvons donc conclure que si les

observatoires professionnels continuent
de mettre toutes les chances de leur côté
pour continuer de faire avancer la science,
les observatoires amateurs permettent
à leurs membres de considérer cette
science non comme un sacerdoce mais
comme un plaisir dont ils cherchent à
faire profiter le plus grand nombre.
52 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Astrolabe. Lunette de Galilée Télescope à l’observatoire

Source : [o] Source : [o] Las Campanas (Chili)
Évolution de la conception des observatoires dans le temps
Synthèse des trois périodes
L’architecture de tout observatoire est
définie en fonction des besoins d’une
science, elle même devant répondre à la
mission qui lui a été dévolue par une entité
donnée. C’est donc le changement de ladite
entité au cours des siècle qui a engendré
la métamorphose de l’architecture des
observatoires.
La science, outil du pouvoir :
ème
Au XIX siècle, la science est au service des
empires et des états. Elle doit contribuer à
les protéger et les renforcer. L’architecture
des observatoires est donc grandiose
; sa monumentalité sert à démontrer
la puissance de l’état ou de l’empire. Á
l’échelle du plan tout d’abord (comme celui
de l’observatoire de Poulkovo, symétrique
et rigoureux), à l’échelle du bâtiment
également où la symbolique doit contribuer
à impressionner l’usager. Portes de plus de
trois mètres de haut, poignée à hauteur
d’épaule et magistralité d’un style néo-
renaissance annoncent ainsi le contexte à
Strasbourg. La performance n’est pas en
reste cependant. Si la symbolique portée
par un observatoire joue un rôle non
négligeable dans la propagande des états
et empires, elle ne suffit pas à servir la
science dont ils ont besoin. Une séparation
existe donc entre les bâtiments abritant
les trois fonctions observation-traitement
des données-hébergement afin d’impacter
le moins possible sur la qualité des
observations. Lorsque les données
obtenues deviennent insuffisantes, de
nouveaux observatoires sont construits
pour combler le manque. Ceci a été
par exemple le cas de l’observatoire de
Marseille qui combla les lacunes de celui
de Paris. Une attention toute particulière
est donc portée à la stabilité des bâtiments
abritant les instruments et des efforts sont
faits pour implanter ceux-ci à distance des
villes. Cette distance reste toutefois limitée
pour des questions de sécurité militaire et
de visibilité politique.
La science rendue aux scientifiques :
ème
Avec le XX siècle commence une course
effrénée à la science, qui semble faire
perdre son importance au questionnement
architectural lors de la conception des
observatoires. Il n’est plus question de
propagande, l’unique objectif est de faire
progresser la connaissance de l’Univers.
Dans la mesure où l’observatoire n’est
plus une manifestation du pouvoir, il ne
risque plus d’être attaqué en tant que
tel. Les astronomes peuvent donc sans
crainte installer leurs structures en plein
désert pour profiter au mieux de conditions
atmosphériques de grande qualité. Les
53
bâtiments sont de plus en plus éloignés
les uns des autres pour permettre des
observations de qualité toujours plus
grande. Le caractère esthétique n’est
pas une préoccupation, les formes sont
simples (conformément à l’expression
fonctionnaliste form follows function) et
les matériaux performants. Il est probable
que l’astronome perde de son confort dans
cette mutation, mais il l’accepte et s’en
accommode, en tant que fidèle serviteur de
la science.
Une partie de la science prêtée aux
amateurs :
ème
Si le XXI siècle voit apparaître la prise
de conscience de la problématique du
développement durable, il est aussi le
témoin d’une nouvelle métamorphose de
la pratique de l’astronomie. Ce n’est en
effet plus l’astronome professionnel qui
lève les yeux vers le ciel, mais l’amateur.
Le professionnel devient souvent
astrophysicien et étudie de plus en plus les
données qui lui sont transmises directement
par son ordinateur. Á deux catégories
d’usagers correspondent alors deux
types d’architectures. Les observatoires
professionnels suivent la même progression
que les scientifiques  : ils se spécialisent
54 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Période 1 Période 2 Période 3

Schémas d’implantation des

observatoire au cours des trois périodes
Évolution de la conception des observatoires dans le temps 55

de plus en plus. L’un devient uniquement L’architecture des observatoires a donc

dédié à la collection des données, quand varié au cours des siècles pour s’adapter à
un autre se consacre au traitement ce des besoins évolutifs. D’abord magistrale
ces informations. Il est évident que la pour démontrer et renforcer un pouvoir,
communication est primordiale entre ces elle est devenue fonctionnelle pour
servir la science au mieux. Elle semble en
deux entités, mais elle ne nécessite pas train de redevenir élément confortable
de proximité géographique. Nous voyons et esthétique, au service de la science,
donc les zones d’observation s’évader respectant l’environnement dans lequel
de plus en plus dans les déserts quand elle s’implante.
les bureaux se rapprochent des villes
et spécialement des universités, avec
lesquelles un rapprochement est souvent
profitable. Le confort de l’usage des espaces
d’observation est davantage pris en compte
que pour la période précédente, avec
l’utilisation de matériaux limitant l’impact
écologique de la nouvelle construction.
Celle-ci tente de se fondre dans le désert,
de se faire invisible. Les observatoires
amateurs sont simples. Leur architecture
ne tend pas à faire passer un message si
ce n’est celui du confort et du respect de
l’environnement. L’élément primordial en
est l’espace d’observation, un lieu de vie et
de bureaux peuvent éventuellement lui être
ajoutés.
 L’observation astronomique
Qui sont les astronomes aujourd’hui ?

Page de gauche :
circumpolaire au dessus
d’une coupole à SIRENE.
Source : [i]
58 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Une salle de travail

de l’observatoire
Las Campanas (Chili)
Qui sont les astronomes aujourd’hui ?
L’astronomie est une science qui vise à
la compréhension l’Univers. Elle étudie
le Soleil et ses planètes, les étoiles et les
planètes autour d’elles — les exoplanètes
—, les nébuleuses de matière interstellaire,
les galaxies et enfin l’origine et l’évolution
de l’Univers.
L’astronomie se scinde en trois branches  :
l’astrométrie étudie la position et le
mouvement des astres, la mécanique
céleste traite des lois régissant le
mouvement des astres et l’astrophysique
s’appuie sur les observations et les
principes de la physique pour comprendre
la constitution, le fonctionnement et
l’évolution des astres observés.
L’astronomie fait ainsi appel à de
nombreuses disciplines, comme les
mathématiques, la physique, la chimie et
l’informatique, voire la biologie pour ce qui
est de la vie extraterrestre.
Pour faire de grandes découvertes
en astronomie, il faut des moyens
d’observation à la pointe du progrès : ce
sont les grands observatoires au sol ou les
missions spatiales.
Ces observatoires sont équipés d’une
instrumentation très performante, souvent
conçue par les chercheurs eux-mêmes, et
réalisée par des équipes internationales en
collaboration avec des industriels.
Ces résultats d’observation nouveaux
aident les chercheurs à améliorer leurs
modèles, aidés par l’accroissement de la
puissance de calcul des ordinateurs, mais
aussi à imaginer des théories nouvelles
pour mieux interpréter les observations.
L’astronomie n’est pas uniquement
accessible aux seuls chercheurs. Il existe de
nombreux « métiers de l’astronomie » avec
des niveaux de qualification et d’études
variés, et qui permettent d’assouvir la
même passion de façon différente et
complémentaire.
Chercheurs et enseignant-chercheurs :
Pour devenir chercheur, il faut avoir
effectué une thèse de doctorat dans un
laboratoire de recherche sous la direction
d’un chercheur. Celle-ci est souvent suivie
d’un séjour postdoctoral de 2 à 3 ans à
l’étranger. Ensuite, en postulant à des
concours nationaux de la fonction publique,
les candidats ont accès à trois types de
postes :
- chargé de recherche au CNRS (Centre
National de la Recherche Scientifique)
- astronome adjoint du corps des
astronomes et physiciens (Ministère
59
de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche)
- maître de conférences dans les universités
(Ministère de l’Enseignement Supérieur et
de la Recherche).
Un chercheur travaille souvent en équipe,
que ce soit dans son laboratoire ou au
sein de collaborations nationales ou
internationales.
Au quotidien, un chercheur ne fait pas
que produire de nouveaux résultats
scientifiques  : il enseigne, encadre des
étudiants, présente ses résultats dans
des congrès internationaux, donne des
conférences pour le grand public, conçoit
de nouveaux instruments, recherche des
financements pour ses projets... En fait, les
astronomes passent de moins en moins de
temps au télescope : les observations sont
souvent faites sur place par des équipes
spécialisées, puis envoyées au chercheur
par Internet, ou encore centralisées dans
des bases de données.
La direction d’une équipe de recherche ou
d’un laboratoire fait partie de la carrière
normale d’un chercheur. Il est également
habituel de prendre part à des tâches
d’animation scientifique de la communauté
en siégeant dans des conseils ou des comités
d’experts nationaux ou internationaux.
60 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Oculaires.
Source : [j]
Qui sont les astronomes aujourd’hui ?
Ingénieurs techniciens :
Sans instrumentation très performante,
il n’y a pas de progrès en astronomie. Les
ingénieurs et les techniciens jouent donc
un rôle très important dans la recherche en
astronomie ; leur nombre excède d’ailleurs
celui des chercheurs. Toutes sortes de
carrières sont possibles, avec des niveaux
de qualification très variés.
Les métiers sont généralement de très
haute technicité. Les activités vont de la
thermique, l’électronique, la mécanique,
l’optique, à l’informatique et au calcul
scientifique, sans oublier la gestion de projet
au plus haut niveau. Ingénieurs comme
techniciens travaillent en équipe, en étroite
collaboration avec les chercheurs, autour
d’un projet bien défini sur une durée fixée
(typiquement de 2 à 5 ans). Au quotidien,
les techniciens assistent les ingénieurs,
dans l’ensemble des phases de réalisation
d’un projet (prototypage, réalisation,
tests…). Les ingénieurs en collaboration
avec les chercheurs conçoivent, définissent
et réalisent des instruments qui seront
utilisés en laboratoire, ou installés dans les
observatoires ou sur les missions spatiales.
La collaboration internationale est la règle,
avec par exemple l’ESO (Observatoire
Européen de l’hémisphère austral), l’agence
spatiale française (CNES) ou européenne
(ESA), voire américaine (NASA), impliquant
aussi l’industrie (EADS, ALCATEL,
ASTRIUM...) et divers organismes de
recherche (ONERA, CEA). Une fois achevés
et placés au foyer d’un télescope, assurer le
fonctionnement de ces instruments sera la
tâche d’un opérateur. Les ingénieurs sont
aussi souvent chargés de développer des
technologies nouvelles qui seront utilisées
plus tard sur de nouveaux instruments.
Enfin, le développement des réseaux
informatiques et des bases de données
ont conduit à l’apparition de nouveaux
métiers dans les laboratoires : webmaster,
gestionnaire de réseaux, gestionnaire de
bases de données…
Les astronomes amateurs :
L’astronomie amateur est une activité de
loisirs qui consiste en l’observation d’objets
du ciel diurne et nocturne situés au-delà
du globe terrestre. Comme la plupart des
activités de loisir, elle peut se pratiquer
seul, en groupe non organisé ou en groupe
organisé (club, société). Elle peut se
différencier de l’astronomie professionnelle
par deux principaux aspects :
Contrairement à l’astronome professionnel
dont l’objectif premier est de produire un
résultat scientifique, plus précisément
d’approfondir nos connaissances en
astrophysique, l’astronome amateur, quant
à lui, considère rarement l’observation
61
astronomique comme un moyen mais
plutôt comme une fin.
Financée par la recherche scientifique,
l’astronomie professionnelle bénéficie
de moyens d’observation sans commune
mesure avec ceux dont peut disposer
l’astronome amateur. En raison, d’une
part, du coût des instruments et, d’autre
part, d’avancées technologiques parfois
indisponibles pour le grand public.
Il est difficile de dater précisément les
débuts de l’astronomie amateur telle qu’on
la connaît aujourd’hui. On peut néanmoins
citer quelques moments déterminants :
En 1880, Camille Flammarion édite
un ouvrage majeur de vulgarisation  :
Astronomie populaire .
Durant le premier tiers du XXe siècle,
les procédés de fabrication optique sont
industrialisés et les premiers planétariums
apparaissent.
Au début des années 1970 : sont mis sur
le marché les premiers télescopes de type
Schmidt-Cassegrain fabriqués en série et
des télescopes d’amateurs de type Dobson
font leur apparition aux États-Unis, ces
deux types d’instruments offrant une
luminosité généreuse pour des tarifs alors
sans concurrence.
62 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Transit de Vénus
devant le Soleil.
Source : Cyprien
Pouzenc [j]
Qui sont les astronomes aujourd’hui ?
Dans les années 1990 : apparition des
premiers instruments utilisables produits en
grande série et à bas prix (souvent d’origine
chinoise) marquent un grand progrès
dans la démocratisation de l’astronomie
amateur. La pratique observationnelle
de l’astronomie amateur regroupe de
nombreuses techniques. La majeure
partie des astronomes amateurs pratique
l’observation visuelle et/ou l’imagerie.
L’observation visuelle peut se faire à
l’oeil nu, aux jumelles, à la lunette ou au
télescope. Utilisé seul, un instrument
permet d’observer les objets du ciel profond
(galaxies, nébuleuses, amas), les étoiles, les
planètes et la lune. Dès lors qu’il est équipé
d’un filtre, il rend également possible
l’observation du soleil.
L’autre pratique extrêmement courante
de l’astronomie, chez l’amateur, revient à
produire des images du ciel. Elle peut se
pratiquer à des degrés très divers, pour des
budgets pouvant varier d’un facteur cent
suivant le domaine d’observation visé et les
résultats attendus.
L’exercice consiste à combiner un objectif
(de télescope ou de lunette en général) et
un capteur (caméra CCD, webcam, appareil
photographique numérique...).
À mi-chemin entre l’observation visuelle
pure et dure d’une part et l’imagerie d’autre
part, il existe une technique ancestrale
mais qui a su conserver un certain nombre
d’adeptes. En effet, le dessin astronomique
présente le meilleur des deux mondes : la
simplicité du premier et la touche artistique
(ou utilitaire) du second. Cette technique
permet en outre à l’amateur de développer
son sens de l’observation puisqu’il doit
retranscrire sur le papier tous les détails
constatés à l’oculaire. Celui qui ne dessine
pas aura plus tendance à survoler les objets
qu’il observe.
La spectroscopie et la radioastronomie
sont également souvent pratiquées dans le
cadre amateurs.
Nombreux sont par ailleurs les amateurs
prêts à parcourir des centaines de
kilomètres pour trouver les conditions qui
leur permettront par exemple d’observer
quelques amas de galaxies distants de
plus d’une centaine de millions d’années-
lumière, même si les galaxies de l’amas
n’apparaissent que sous la forme de petites
taches floues.
D’autres encore, qualifiés de semi-
professionnels, n’effectuent leurs
observations que dans la perspective d’une
découverte ou d’une mesure susceptible
d’intéresser la science même s’ils
63
n’attendent en retour aucune rétribution —
sinon peut-être la notoriété. Les chasseurs
d’astéroïdes, de comètes ou de supernovæ
se reconnaissent dans cet état d’esprit.
On y retrouve aussi des amateurs ayant
le goût de la statistique scientifique, avec
notamment la mesure des variations
d’éclat des étoiles variables, de position
des composantes d’étoiles multiples, de
phémus, etc.
Assez souvent d’ailleurs, les professionnels
font appel aux amateurs lorsque les
moyens techniques, le budget alloué
ou tout simplement le temps consacré
aux recherches ne leur permettent pas
d’effectuer les programmes d’observation
comme ils le souhaiteraient.
L’astronome semi-professionnel peut alors
avoir en la matière une culture scientifique
proche de celle des professionnels.
L’histoire récente de l’astronomie compte
ainsi quelques astronomes amateurs
célèbres comme par exemple John Dobson,
qui a inventé un concept de télescope
manuel de conception rudimentaire mais
rendant la construction de télescope
possible pour tous, Pierre Bourge qui a
inventé un concept de télescope capable
d’assurer un suivi équatorial fiable à peu de
frais, Yuji Hyakutake, qui a découvert l’une
des comètes les plus spectaculaires du XXe
64 L’OBSERVATION ASTRONOMIQUE

Télescope Dobson
Source : [i]
Qui sont les astronomes aujourd’hui ? 65

siècle, Alan Hale et Thomas Bopp, qui ont

découvert la comète qui porte leur nom,
l’une également des plus spectaculaires du
XXe siècle.
 Projet
Enjeux de l’intervention

Page de gauche :
arc en ciel double à
l’observatoire SIRENE.
Source : [i]
68 PROJET

photographies du site de projet

Enjeux de l’intervention
Les raisons qui ont poussé les astronomes
amateurs à venir s’installer sur le
plateau d’Albion sont également celles
qui rendraient ce site attractif pour des
professionnels. L’observatoire SIRENE
s’implante en effet sur un site à la fois
aisément accessible et présentant un ciel
d’une très grande qualité ; deux conditions
rarement réunies en France.
Mon intervention consiste en le
développement de cet observatoire
amateur en un pôle universitaire et
touristique. Sa proximité avec l’université
d’Avignon et le L.S.B.B. (Laboratoire
Souterrain à Bas Bruit, reconversion du
PCT2) permet un contact aisé avec le
domaine de la recherche. Par ailleurs,
de nombreux touristes visitent déjà
régulièrement à l’observatoire, accueillis
par des amateurs qui viennent y séjourner
pour des durées allant de la fin de semaine
à la quinzaine de jours.
L’objectif de ce projet est dans un premier
temps d’offrir des espaces de vie aux
astronomes se rendant sur le site. Il n’y a en
effet pour l’instant pas de confort véritable.
Les usagers réguliers qui veulent passer la
nuit sur le site se trouvent en effet contraints
de faire du camping dans le bâtiment de
surface laissé par les militaires ; espace qu’il
faut réaménager en journée pour l’accueil
des visiteurs. L’ajout par ailleurs d’espaces
de travail pour les chercheurs et de salles
à usage pédagogiques ainsi que des lieux
de détente communs permettrait de
favoriser un échange entre les différentes
catégories d’usagers accueillis sur le site.
S’il est inutile d’expliquer encore que les
astronomes amateurs sont demandeurs
de lieux pour partager leur passion, il est
intéressant de se rendre compte que c’est
aussi le cas des professionnels. En effet, on
devient rarement astronome par hasard  ;
c’est presque toujours la conséquence
d’une passion pour les sciences en général
et astronomie en particulier. Ainsi, l’un des
loisirs des astronomes professionnels qui
travaillent sur écran en journée est souvent
l’observation nocturne. Je voudrais donc
privilégier une communication de qualité
entre les usagers de différents niveaux
d’initiation grâce à la création d’espaces que
tous utiliseraient (même si la mise en place
de lieux de travail uniquement réservés aux
chercheurs reste une nécessité).
Une intervention sur un tel site impose de
se poser la question du devoir de mémoire.
Quelle posture adopter face à son passé ?
Nous parlons ici de la guerre froide, de la
dissuasion, de l’usage de la peur. Peur de
la bombe atomique, souvenir d’Hiroshima
et de Nagazaki, de milliers de morts
immédiatement ou postérieurement
suite aux irradiations. Y développer un
69
site dévoué à l’astronomie, tant dans sa
dimension scientifique que poétique, ne
serait-il pas un geste de très mauvais goût
ou une grave provocation ?
De fait, l’activité prévue sur le site existe
déjà en partie. Comme expliqué dans la
première partie de ce document, le passage
des militaires a même servi de fondation à
l’activité nouvelle des astronomes.
La solution serait-elle alors de profiter de
la voirie et de la dalle, puisque ce sont elles
qui ont l’utilité la plus concrète, et d’ignorer
le bâtiment de surface ? Voire même de le
raser, ses qualités esthétiques étant tout à
fait contestables.
Néanmoins, des visiteurs viennent
régulièrement à l’observatoire dans le seul
but de voir les infrastructures militaires.
Des passionnés, dont l’auteur de l’excellent
site internet [a] et plusieurs membres de
l’association SIRENE, se sont documentés
avec rigueur et constance pour connaître
l’histoire des zones de lancement du plateau
d’Albion. Des musées de la guerre existent
dans tous les pays. Les deux Guerres
Mondiales et la Guerre Froide font partie du
programme scolaire en Histoire. L’objectif
est clair : tirer les leçons de l’Histoire pour
apprendre à ne pas la reproduire.
Par ailleurs, les domaines de l’astronomie et
de la guerre sont plus intimement liés que
70 PROJET

La Station Spatiale
Internationale (ISS).
Source : [p]
Enjeux de l’intervention
l’on pourrait s’y attendre. Les astronomes,
amateurs ou professionnels, se limitent
en effet rarement à l’observation des
astres. L’observation entraîne rapidement
le questionnement et la recherche
d’explications par le biais de différentes
sciences : astrophysique, radioastronomie,
astrobiologie, optique, balistique,
aérospatiale...
Plusieurs de ces questionnement sont
en fait communs aux astronomes et aux
militaires, et un échange de techniques n’est
pas rare (une fois levée la confidentialité des
informations...). Un exemple est l’optique
adaptative  : conçue pour corriger des
turbulences de l’atmosphère, elle a d’abord
été développée pour les satellites qui
regardaient la Terre, avant d’être adaptée
aux télescopes qui regardent les étoiles.
Ou bien les sursauts gamma (phénomènes
astronomiques), qui ont été découverts par
hasard par des satellites espions américains
conçus pour détecter des explosions
nucléaires russes.
Les exemples sont légion et ne nécessitent
pas d’être tous explicités ici pour
faire entrevoir au lecteur l’intérêt des
astronomes pour les travaux de l’armée.
Le grand public n’est pas non plus exempt
du rapprochement entre ces deux
domaines. La fantasmatique populaire a
71
bien souvent tendance à associer les fusées
et les missiles, les satellites militaires
et ceux servant pour l’astronomie  ; par
exemple le télescope Hubble.
Alors, quelle meilleure opportunité que de
profiter de la présence de passionnés sur
un site comportant des infrastructure en
excellent état pour leur faire entretenir la
mémoire de ce site ? L’objectif ne serait en
rien d’entretenir une fascination malsaine
pour les armes de destruction massive mais
d’informer, instruire et toucher un public le
plus large possible.
Par conséquent, il ne me semble pas
opportun de raser le bâtiment de surface.
Je trouve même nécessaire de le conserver
en l’état. Il est le témoin d’une histoire, dont
les français ne sont pas forcément fiers, et
néanmoins bien réelle.
Je pense par ailleurs, qu’il faut non-
seulement le garder mais également le
mettre en valeur. Mis en perspective avec
la dalle, seule accessible aujourd’hui sur
le plateau d’Albion, il doit devenir un outil
pédagogique à part entière.
Un équilibre sera finalement à trouver en
gardant à l’esprit que le projet architectural
proposé ici est bien en premier lieu un outil
de recherche, de loisir et de pédagogie
scientifiques et non un musée de la guerre.
 Projet
Programme

Page de gauche :
orage sur
l’observatoire SIRENE
Source : [j]
74 PROJET

Initiation
Source : [i]
Programme
Les usagers du projet
Les astronomes professionnels à SIRENE
(SIlo REhabilité pour Nuits Etoilées) seront
des chercheurs ainsi que des techniciens.
Les chercheurs utiliseront parfois
les télescope mais pratiqueront
essentiellement leur activité de recherche
dans un bureau, pour le traitement des
données acquises par les instruments. Ils
seront au nombre de cinq.
Les techniciens s’occuperont quant à eux
de la maintenance des instruments, de leur
manipulation à leur entretien. Ils seront au
nombre de deux pour pouvoir présenter des
compétences complémentaires.
Les professionnels seront régulièrement
en contact avec les visiteurs pour une
présentation vivante de leur travail.
Si les techniciens sont liés aux instruments
qu’ils connaissent bien et doivent donc
rester à long terme sur le site, les chercheurs
peuvent venir de façon plus ponctuelle, par
exemple pour quelques semaines, le temps
de l’étude d’un sujet ciblé.
La proposition en hébergement devra donc
être diversifiée et adaptée au temps passé à
l’observatoire par chaque usager.
Un espace de détente sera prévu, pour
permettre aux professionnels de s’isoler
des visiteurs qu’ils peuvent ne pas avoir
envie de voir en permanence malgré leur
volonté de transmettre leur savoir.
Chacun d’eux est susceptible de se rendre
à l’observatoire avec son propre véhicule et
doit disposer d’un espace de stationnement
à proximité de son lieu de travail ou
d’hébergement.
Les astronomes amateurs viennent à
l’observatoire aussi bien pour leur loisir
personnel que pour la transmission de leurs
connaissances.
Ils peuvent venir individuellement,
par exemple pour un week-end, en
commençant la soirée avec une animation
pour le grand public puis en terminant la
nuit par des observations personnelles. Ils
sont généralement dans ce cas au nombre
de un à quatre.
Ils peuvent également venir en petit groupe,
par exemple dans le cas d’un club qui vient
faire un séminaire de quelques jours sur
un thème donné. Ces groupes seraient
d’environ une dizaine de personnes.
L’observatoire pourrait accueillir deux
groupes en même temps à condition qu’ils
puissent se partager les instruments au
cours de la nuit.
75
Leur hébergement se réduisant à moins
d’une semaine, il peut se permettre
d’être plus rudimentaire que celui des
professionnels.
Ils peuvent partager un espace de détente
avec les professionnels, ce qui favoriserait
une mise en contact et un échange de
connaissances.
La réalité ne permettant pas de cloisonner
les activités des différents usagers (ce qui
n’est d’ailleurs pas souhaitable dans le cadre
de ce projet ! ) celles-ci sont perméables.
Un professionnel est considéré comme
amateur aussitôt qu’il exerce son activité
non plus dans le but de produire des
résultats mais dans un objectif de loisir. Un
visiteur qui passe suffisamment longtemps
sur le site pour commencer à y avoir des
habitudes peut également devenir un
amateur. Les qualifications de visiteur,
amateur ou professionnel ne sont donc pas
liées aux personnes mais à l’activité qu’elles
exercent à un moment donné.
En temps normal, les visiteurs viennent
à l’observatoire en journée pour visiter
le site en tant qu’ancien silo à missile ou
pour des observations diurnes (du soleil
notamment). Ils sont actuellement peu
nombreux dans ce cas, au maximum cinq
par jour. L’association qui gère le site
organise également régulièrement des
76 PROJET

Proposition de programme
Programme 77

animations qui attirent quelques centaines
de personnes sur un week-end, comme par
exemple le festival de fusées à eau. L’activité
diurne quotidienne sera renforcée par la
mise en place d’un espace d’exposition
et d’expérimentation pour la pédagogie
scientifique ouverte aux visiteurs ponctuels
aussi bien qu’aux scolaires.
Les visiteurs réguliers sont néanmoins
surtout accueillis la nuit. Ils arrivent en
début de soirée pour observer le coucher du
soleil et l’apparition des premières planètes
ou étoiles et repartent vers minuit, après
avoir été guidés par les amateurs dans leurs
observations directe et aux instruments. Je
propose de mettre à leur disposition, outre
les salles d’exposition et d’expérimentation,
un espace de restauration qui leur
permettrait d’arriver un peu plus tôt dans
l’après-midi. Ils pourraient également
avoir accès à une bibliothèque, qui serait
également utilisée régulièrement par les
professionnels et les amateurs.
étoiles au mois d’août. Il est donc important
de mettre en place des équipements qui
pourraient se déployer pour s’adapter à
ce public, sans que cette mise en place ne
demande trop d’énergie dans la mesure où
elle serait utile moins de 10 nuits par an.
Il est également envisageable d’ouvrir
les locaux à des usagers n’ayant aucune
intention de pratiquer l’astronomie, mais
qui voudraient profiter de la localisation
isolée du lieu. Ce seraient par exemple
des associations de secouristes. Ceux-ci
ont en effet parfois besoin de s’isoler dans
la nature pour des formations par des
exercices nécessitant des mises en scènes
d’accidents tout en ayant accès à des salles
de travail pour leurs cours.

Il est à noter que les visites nocturnes

régulières ne sont pas spécialement
saisonnières. Bien que plus méconnu
car coïncidant avec des températures
plus rudes, le ciel d’hiver est au moins
aussi intéressant que celui d’été. En
revanche, quelques événement attirent
ponctuellement jusqu’à 600 visiteurs sur
un week-end, par exemple les nuits des
78 PROJET

Diagramme des usages sur une journée

Programme
Les usages du projet
L’accueil :
A la fois premier et dernier contact de
l’usager avec l’observatoire, il sert de
point d’entrée non seulement au bâtiment
mais aussi à l’ensemble du dispositif
implanté sur le site. Pour le visiteur, il est
le point de départ du processus initiatique
qui doit aboutir à l’observation grâce
aux instruments. Pour l’amateur et le
professionnel c’est un espace qui, bien que
pouvant être traversé rapidement, marque
le passage de la nature au lieu d’acquisition
de connaissance.
L’espace d’exposition :
Deuxième espace auquel accède le visiteur, il
propose une acquisition des connaissances
nécessaires à la compréhension des
expériences qu’il vivra à la sortie du
bâtiment. Sont considérés comme
expositions permanentes les phénomènes
mis en place grâce à l’architecture du
bâtiment tels un pendule de Foucault ou
une projection de l’analemne solaire (voir
annexe).
L’espace de rencontre :
Centre de desserte du projet, c’est le point de
contact entre les habitués (professionnels
et amateurs) et les visiteurs. C’est un
espace de détente au sein duquel une
petite restauration est possible. Il disposera
d’une cuisine réservée aux habitués et
de quelques éléments de réchauffage
accessible aux visiteurs. Il pourra aisément
être transformé en configuration face-à-
face, pour mettre en place une conférence
ou un spectacle théâtralisé. Les conférences
sont l’occasion pour les habitués ou invités
de présenter leurs travaux ou un événement
en lien avec les éphémérides (pluie d’étoiles
filantes, conjonction, éclipse, mouvement
rétrograde de mars...). On peut supposer
que de telles conférences ont lieu sur une
base bimensuelle. Les spectacles sont plus
rares, prévus pour les soirées-événements
estivales (Nuits des Étoiles notamment).
Les espaces de pédagogie active :
Ce sont les lieux où le visiteur agit lui
même pour l’acquisition du savoir. L’accès
aux ateliers didactiques se fait grâce à un
astronome amateur qui sert de médiateur.
Ce dernier espace permettra l’accueil de
scolaires. Dimensionné pour recevoir une
classe en demi-groupe, l’autre moitié de la
classe étant en visite diurne à l’extérieur ou
dans la salle d’exposition. La bibliothèque
79
est accessible en autonomie. Elle propose
une vue généreuse sur le paysage et peut
se déployer sur un espace extérieur. Notons
qu’elle est également utilisée par les
amateur et les professionnels.
L’hébergement :
Divers niveaux de confort seront prévus.
Les chercheurs et techniciens disposeront
d’une chambre avec salle de bain
individuelle. Elles ne devront pas donner
d’accès direct aux bureaux pour forcer
les chercheurs et les techniciens à passer
par l’extérieur au moins une fois dans la
journée et ainsi éviter la sensation de vivre
directement sur leur lieu de travail. Des
chambres à deux ou quatre lits disposeront
également chacune d’une salle de bain,
pour les amateurs venant ponctuellement,
ou pour les accompagnateurs de scolaires
à héberger le temps d’une ou deux nuit.
Des dortoirs de dix lits seront proposés
pour héberger des amateurs, des classes
ou des groupes en séminaire. Un lieu de
détente proposera des espaces de cuisine,
de repas et de repos pour une quinzaine de
personnes.
Les lieux de la Recherche :
Cinq bureaux nominatifs devront pouvoir
être utilisés à n’importe quelle heure par
80 PROJET

Appropriation des
espaces extérieurs
Source : [i]
Programme 81

les chercheurs et les techniciens présents à

long terme sur le site. Une salle de travail
sera mise à disposition d’éventuels groupes
venant en séminaires ou des amateurs en
manifestant le besoin. La bibliothèque sera
facilement accessible depuis les bureaux.
L’atelier servira à réparer des pièces ainsi
qu’à réaliser des prototypes. Mise à part la
bibliothèque, ces lieux sont principalement
destinés aux professionnels mais
régulièrement partagés avec les amateurs.

Les espaces extérieurs :

La base de lancement de fusées à eau est un

espace dégagé avec un accès à une source
d’eau. La base d’observation diurne doit
présenter une surface stable horizontale
pour permettre l’installation d’instruments
pour l’observation du soleil. Elle peut être
confondue avec la base d’observation
allongée sur laquelle l’observation du ciel
nocturne se fait à l’œil nu et en position
couchée (pour le comptage d’étoiles filantes
ou les balades dans les constellations).
Les cheminements d’un espace à l’autre
seront mis en lumière de façon à assurer la
sécurité des déplacements nocturnes sans
altérer la qualité des observations.
 Projet
Etape du 20 mai 2013

Page de gauche :
Tour de guet de la
ZL12
Source : [i]
84 PROJET

Implantation
paysage
La dalle d’observation se trouve
accès principal
sensiblement au centre de la parcelle.
C’est sur celle-ci que sont implantés
les télescopes et autres instruments
d’observation. Les fils jaunes représentent
la zone du ciel à préserver à tout prix. Ceci
ne signifie pas que l’on puisse se permettre
d’abaisser la qualité du ciel se trouvant
au Nord de la zone d’observation  ; c’est
néanmoins la seule direction selon laquelle
il soit envisageable d’implanter un nouveau
bâtiment.

C’est en effet au Nord que se trouve l’étoile

polaire, à environ 45° d’altitude. C’est autour
limite parcelle de cette étoile que semble tourner le ciel
du point de vue d’un observateur terrestre
situé dans l’hémisphère Nord. Ainsi, les
accès technique
constellations proches de l’étoile polaire –
dalle appelées constellations circumpolaires – se
trouvent, suivant la période de l’année et le
moment de la nuit, très bas sur l’horizon ou
parfaitement au zénith. De ce fait chaque
constellation circumpolaire, et la portion
de ciel qu’elle contient , se trouve à un
moment donné très haut dans le ciel, dans
une configuration idéale pour l’observation
car éloignée de la pollution engendrée par
horizon à préserver
la proximité du sol, de l’activité humaine ou
des bâtiments de surface.
Etape du mois de mai 2013 85

À l’inverse, certaines constellations de

la partie sud du ciel n’apparaissent que
pendant une certaine partie de l’année et
restent dans ce cas bas sur l’horizon (c’est
notamment le cas des constellations du
zodiaque, qui se trouvent sur la course
du Soleil, de la Lune et des planètes).
L’unique moyen de les observer de façon
satisfaisante est de profiter d’un horizon
sud dégagé et non pollué.

C’est de plus en direction du Nord que

l’horizon est le plus lointain (l’altitude
diminue vers le Nord, augmente légèrement
vers le Sud) et propose donc le paysage
le plus généreux (symbolisé par les fils
mauves). Une implantation du bâtiment au
Nord de la parcelle permet alors d’adosser
le bâtiment à la pente, lui faisant tourner le
dos à la dalle d’observation pour se tourner
complètement vers le paysage.
Le fil rouge représente le cheminement
des visiteurs, utilisant le bâtiment comme
porte d’entrée du site et suivant un
parcours initiatique jusqu’aux instruments
d’observation.

L’accès actuel (route blanche) devient un

accès technique permettant d’alimenter le
chantier de construction puis d’acheminer
du matériel jusqu’à la dalle.
Pause longue en direction du Nord.
Les étoiles semblent tourner
autour de l’étoile polaire car elle
se trouve dans le prolongement
de l’axe de rotation de la Terre
 implantation retenue

86 PROJET

Plan de situation
Plan de situation N
1:5000
es
e
es
e.
u
es
nt vers la dalle
e chemin initiatique
Vers Saint-hristol
puis Sault

er
e hapelle Notre-Dame accès
de amaron
e
os
e accès
principal

accès
technique

Vers agarde-d’pt
puis pt
 Etape du mois de mai 2013 87
Implantation du projet

es observatoires professionnels dans le monde Plan de masse

1:1000
N Plan de masse
00 : Depuis 2000 :

retenue

projet
direction des regards

an de situation
000

ol

hapelle Notre-Dame
de amaron

accès
principal
existant

accès
technique

’pt
88 PROJET

Plan du niveau inférieur

accès

Pe
nte
4%

espace détente

espace hébergement

Pente 4%
Pente 2%

accueil/vestiaire

pendule de
Foucault
Pente 5%

vente

stock
vente

exposition vente
Pente 7%
Etape du mois de mai 2013 89

Plan du niveau supérieur

exposition

bibliothèque Pente 4%

5%
nte
Pe
Pente 2%
Pente 7%

bureau 1

espace détente

Pente 7%
bureau 2

vestiaire
stock exposition vers la dalle

bureau 3

atelier

réunion cuisine bureau 4

90 PROJET

Cheminement du public dans le bâtiment

Etape du mois de mai 2013 91

Coupe sur la parcelle

projet dalle et instruments bâtiment de servitude

Coupe sur le bâtiment

92 PROJET

Zoom sur la séquence d’arrivée

Couloir d’accès : séquençage par la lumière

Séquence 1 : Séquence 2 : Séquence 3 : Séquence 4 :

début de l’exposition, obscurité et oppression
lumière naturelle rappelant les couloirs d’accès
provenant de l’entrée aux postes de commande
de tir. Suite de l’exposition
par des niches éclairées en
lumière zénithale
première dilatation arrivée dans la
horizontale à dilatation, double
l’approche de la grande hauteur, généreuse
dilatation du hall lumière zénithale

Séquence 1 : exposition en niches

Etape du mois de mai 2013 93

Séquence 3 : perception de la dilatation Passage à la séquence 4 : dévoilement progressif de l’espace du hall

94 PROJET

Justification des ouvertures en toiture

La contrainte sur le choix des ouvertures 21/06_13h

en toiture est d’avoir en permanence un
éclairage naturel sur le filtre de l’espace
d’entrée présenté à la page précédente.

Le schéma ci-contre montre une sélection

de positions du soleil en fonction de dates
représentatives. Une modélisation a permi
de déterminer des ouvertures telles que 21/12_11h
l’entrée reçoive une lumière directe tous les
matins.

Le problère reste néanmois que, de par

sa position dans l’espace de rencontre,
l’entrée ne peut plus recevoir de lumière
directe après 14h... heure à laquelle
elle commençerait à être utilisée de
façon véritablement significative. Cette
proposition n’est donc pas une option
viable dans cette configuration.
Etape du mois de mai 2013 95
 projet
Critique de la dernière version, évolutions à mettre en place au cours de l’été

Page de gauche :
Maquette étude
Espace de rencontre
 98 PROJET
froide

Implantation Couloir d’entrée

L’implantation en nord de parcelle
présentée en page 88 est conservée. C’est
en effet cette configuration qui permet
le respect à la fois des contraintes
d’accessibilité et de la préservation de la
qualité d’observation.
Le couloir d’entrée est très long et ne
permet pas de profiter du paysage. Il doit
être raccourci et son existence même est à
questionner.
accès

Stationnement
La question du stationnement n’a pas été Pe
nte

traitée en détail pour cette étape. Il se

4%

trouve actuellement en bordure de route,

à l’extérieur de la parcelle. Cette dernière
est pourtant suffisamment spacieuse pour
pouvoir accueillir cette fonction.

espace détente

espace hébergement

Pente 4%
Pente 2%

accueil/vestiaire

pendule de
Foucault

Pente 5%
vente

stock
vente
 accès

Questionnement estival 99
en Pe
te nte
4% 4%

Vues sur le paysage Desserte des espaces d’hébergement

L’espace d’articulation du projet est le Un interminable couloir sans animation
hall d’entrée, lieu de rencontres entre fournit un accès aux chambres. Il doit
les différents usagers, professionnels, devenir beaucoup plus court.
amateurs et visiteurs. Il ne profite d’aucune
vue sur le paysage qui se trouve au nord de
la parcelle. Ceci n’est en aucune manière
une situation satisfaisante.

espace détente espace détente

espace hébergement espace hébergement

Pente 4% Pente 4%
Pente 2% Pente 2%

accueil/vestiaire accueil/vestiaire

pendule de pendule de
Foucault Foucault

Pente 5%
Pente 5%

vente vente

stock stock
vente vente

exposition vente exposition vente

Pente 7% Pente 7%
100 PROJET

Organisation de l’étage Autres améliorations à apporter

Les espaces doivent être distribués L’accès du bâtiment à la dalle d’observation
autrement, de façon donner une meilleure n’a pas encore été traité ; il représente
vision sur le paysage pour les usagers les plus cependant un enjeu qui ne sera pas négligé.
susceptibles d’en profiter depuis l’intérieur Il devra comporter un balisage qui assure la
(depuis les bureaux, la bibliothèque...). Par sécurité d’un usager qui ne connaitrait pas
ailleurs, le fonctionnement en rampe doit les lieux et en aucun cas il ne devra créer
être davantage exploité en diversifiant les de pollution lumineuse perceptible par les
hauteurs sous plafond au fur et à mesure de instruments d’observation.
la distribution des espaces par la rampe.
Une fois la distribution des espaces définie,
il faudra rentrer dans le détail de chacun
d’eux. L’organisation des chambres, des
bureaux et de la bibliothèque devra tendre à
mettre en valeur un cadrage vers le paysage
au nord. Les matériaux contribueront au
exposition
rappel du passé militaire du site tout en
bibliothèque participant à la performance recherchée du
projet vis à vis de la lumière.
Pente 4%

5%
nte
Pe

Il faudra garder à tout prix à l’esprit la

volontée de mettre en relation les divers
Pente 2%

types d’usagers ayant différents niveaux de

Pente 7%

connaissances, ceci étant l’essence même

bureau 1

espace détente

bureau 2
Pente 7%

vestiaire
de ce projet.
stock exposition vers la dalle

bureau 3

atelier

réunion cuisine bureau 4

Questionnement estival 101
 Conclusion

Page de gauche :
Maquette concept
104

Maquette concept
 105

Conclusion

Le domaine de l’astronomie, son histoire, Au moment de la remise de ce document,

ses théories, ses instruments, son exercice les charrettes sont en train de se préparer.
ne m’étaient pas étrangers. Le temps de Après une démarche individuelle de
quelques mois, ils me le sont devenus. La plusieurs mois, vient maintenant le temps
pratique de l’architecture force à remettre du travail en groupe. Il va falloir non
en question ses connaissances car c’est seulement organiser la répartitions des
bien en se détournant du chemin connu que tâches en restant attentive aux envies
l’on peut enfin sortir des sentiers battus et de chacun mais aussi être à l’affût des
proposer une vie nouvelle pour une activité idées qui pourront être proposées et
ancestrale. que je n’aurais peut-être spontanément
jamais considérées autrement. Le mois
Parmi les nombreuses ambitions que j’ai de charrettes est ainsi porteur d’un grand
prêtées à ce projet, certaines m’étaient bien potentiel qu’il ne faudra pas négliger !
personnelles. Parmi d’autres intentions, je
voulais cheminer dans mon apprentissage
de la conception architecturale à travers
le filtre de la science. M’approprier
notamment quelques moyens de mettre
l’une au service de l’autre... et inversement.
Bien consciente de l’étendue de ce
questionnement, je ne prétends pas y avoir
apporté une réponse en une petite année
de travail. J’ai pu néanmoins y apercevoir
l’amplitude des possibilités d’intervention
des architectes  : chaque angle d’approche
peut être générateur d’un projet distinct,
tout comme chacune des décisions prises
au fur et à mesure du travail.
 annexes
Notions d’astronomie influant certains choix dans la conception architecturale

Page de gauche :
NGC 253 depuis
SIRENE par
Stéphane Poirier
Source : [r]
108 ANNEXES
Notions d’astronomie influant certains choix dans la conception architecturale
L’analemne
Un analemne est une courbe en huit qui
permet de calculer la différence entre le
temps solaire apparent et le temps solaire
moyen.
L’écart entre ces deux temps s’appelle
équation du temps. Elle est la résultante
de deux effets. D’abord, à cause de
l’excentricité de l’orbite de la Terre et
de la deuxième loi de Kepler, la vitesse
apparente de déplacement du Soleil n’est
pas constante. Ensuite le temps solaire
moyen est donné pour un Soleil fictif se
déplaçant sur l’équateur alors que le Soleil
se déplace le long de l’écliptique, il faut
donc tenir compte de l’inclinaison de l’axe
de rotation de la Terre par rapport au plan
de l’écliptique.
Le Soleil atteint en effet son altitude
maximale à des heures variables d’un jour
sur l’autre  - disons entre midi moins vingt
et midi vingt du temps local.
Ce décalage entre la culmination du soleil
et le midi local a pour origine :
- le fait que la terre parcourt son orbite
elliptique à une vitesse variable – selon la
loi mise en évidence par Képler :
la vitesse de la Terre étant maximale
quand elle passe au plus près du soleil, au
voisinage du périhélie.
- l’inclinaison de l’axe de rotation de la
Terre par rapport à l’écliptique  : c’est là le
paramètre le plus important ; d’abord parce
que le phénomène des saisons – qu’il génère
– est la cause de la variation de hauteur du
soleil au long de l’année  ; cette variation
permet au soleil de «  décrire  » l’analemne
au firmament – en procurant au décalage
des midis l’axe qui lui aurait manqué pour
se déployer  – mais l’inclinaison entraîne
aussi intrinsèquement un décalage entre
midi solaire et midi local ; en effet, l’heure
se réfère aux coordonnées équatoriales
terrestres, tandis que le mouvement du
soleil se produit dans le plan de l’écliptique.
Même si le soleil décrivait son ellipse
à vitesse constante, la projection de
son mouvement journalier dans le plan
équatorial terrestre varierait en fonction de
la « distance » entre les deux plans (laquelle
est minimale aux équinoxes ; maximale aux
solstices).
L’important au final est de bien voir que
les deux décalages se cumulent jour
après jour  ; comme ils sont l’un et l’autre
tantôt positifs, tantôt négatifs, et que leur
intensité respective est du même ordre de
grandeur, le décalage résultant entre la
culmination et le midi local prend lui aussi
des valeurs positives ou négatives selon la
période de l’année.
Si l’on trace les variations de l’équation
109
du temps (en abscisses) en fonction de la
hauteur du soleil dans les coordonnées
équatoriales (déclinaison) (en ordonnées),
on obtient cette fois la courbe en huit bien
lissée qu’on appelle analemne.
Aussi étrange que cela puisse paraître,
seulement sept personnes ont réussi à
capturer une image de l’analemne solaire
par des photographies multi-expositions
sur un même film photographique en
procédant à une exposition du ciel à la
même heure régulièrement au cours d’une
année.
En voici tout de même, sur la page de
gauche, un exemple, pris par Anthony
Ayiomamitis à proximité du parthénon à
Athènes au cours de l’année 2012.
Cette image nous permet d’imaginer la
trajectoire que suivra au cours de l’année
la projection au sol d’un rayon de soleil
traversant une fine ouverture dans la
toiture du bâtiment.
Les dimensions de l’analemne sur le sol
dépendront uniquement de la différence
de hauteur entre le sol et la toiture recevant
l’ouverture.
La course du soleil le long de l’analemne
sera matérialisée par des repères au sol
dans la salle d’exposition.
110 ANNEXES
Notions d’astronomie influant certains choix dans la conception architecturale
Le pendule de Foucault
Le pendule de Foucault, du nom du
physicien français Jean Bernard Léon
Foucault, est une expérience conçue pour
mettre en évidence la rotation de la Terre
par rapport à un référentiel galiléen. Elle
s’explique par l’existence de la force de
Coriolis dans le référentiel non galiléen lié à
un observateur terrestre.
La première démonstration publique date
de 1851, le pendule étant accroché à la
voûte du Panthéon de Paris. L’intérêt du
pendule, imaginé et réalisé par Foucault,
est qu’il met en évidence la rotation de la
Terre par une expérience locale aisément
reproductible et que l’on peut également
déterminer en quelques heures, par mesure
de la déviation au sol du plan d’oscillation, la
latitude du lieu de l’expérience sans aucune
observation astronomique extérieure.
Si l’on considère le plan déterminé par :
- le point de fixation du pendule (la voûte
du Panthéon de Paris par exemple),
- sa position au repos, donc la verticale du
lieu où il est suspendu,
- le point d’où il est lâché sans vitesse
initiale (sans vitesse relative locale),
111
L’expérience met en évidence :
- que le plan d’oscillation du pendule est en
rotation autour de l’axe de la verticale du
lieu,
- que ce plan d’oscillation tourne dans le
sens horaire dans l’hémisphère nord,
- et dans le sens inverse dans l’hémisphère
sud.
- que le plan d’oscillation effectue un tour
complet en un jour sidéral aux pôles (soit 23
h 56 min 4 s), mais qu’ailleurs la période est
plus longue et doit être divisée par le sinus
de la latitude. Cette période définit le jour
pendulaire (pendulum day). À une latitude
de 30°, le jour pendulaire est donc de 2 jours
et à 45° de latitude de 1,4 jour. À l’équateur
le pendule oscille dans un plan fixe.
Cette expérience historique, répétée
par la suite en de nombreux endroits, a
permis de vérifier le bien-fondé des lois du
mouvement de Newton.
112
 Bibliographie - Sitographie 113

Bibliographie
[1] L. Perreau, E. forest, S. Jodezyk et al. Plateau d’Albion. Les sentinelles de la paix (Delcourt, Patrice) (Juin 1999), 207 p.

[2] Fiami. Les vies de Galilée (Beta) (2008)

[3] M. Comberousse. Histoire de l’information scientifique et technique (Armand Colin) (2005), 127 p.

[4] B. Schiele et E. Koster. La révolution de la muséologie des sciences : vers les musées du XXIème siècle ?
(Presses Universitaires de Lyon) (1998), 493 p.

Sitographie
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albion/ (consulté le 2 mai 2013)
[b] http://www.france24.com/fr/20130429-livre-blanc-defense-
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(consulté le 2 mai 2013)
[d] http://www.youtube.com/watch?v=9S9uHI4lxJE&feature=f
vwp (consulté le 24 avril 2013)
[e] http ://www.fabula.org/actualites/sciences-humaines-et-
religions-xvie-xxe-siecles_9367.php (consulté le 13 octobre
2011)
[f] http://blog.mysciencework.com/2011/09/07/historique-de-
la-communication-scientifiquedu-xixe-siecle-a-lere-de-
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[g] http ://www.lamap.fr/ (consulté le 12 octobre 2011)
[h] http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/06/08/
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[p] h t t p : / / w w w. f u t u r a - s c i e n c e s . c o m / f r / d e f i n i t i o n / t /
astronautique-2/d/station-spatiale-internationale_2571/
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[q] http://www.hubblesite.org/ (consulté le 06 août 2013)
[r] http://www.astrosurf.com/c8 (consulté le 14 août 2013)