Guillotin et la « guillotine »[modifier | modifier le code]
Avec l'appui de Mirabeau, député et secrétaire de l’Assemblée nationale constituante, Guillotin
propose le 9 octobre 1789 un projet de réforme du droit pénal dont le 1er article dispose que « les délits de même genre seront punis par les mêmes genres de peines, quels que soient le rang et l'état du coupable. » Ce même jour il est nommé membre de la commission chargée de rechercher à Paris, au plus près de la personne du roi, « le local qui convient » à l'Assemblée8. Il demanda dans la séance du 1er décembre 1789 que « la décapitation fût le seul supplice adopté et qu'on cherchât une machine qui pût être substituée à la main du bourreau. » L’utilisation d’un appareil mécanique pour l’exécution de la peine capitale lui paraît une garantie d’égalité, qui devait selon lui ouvrir la porte à un futur où la peine capitale serait finalement abolie. En effet, jusqu’alors, l'exécution de la peine capitale différait selon le forfait et le rang social du condamné : les nobles étaient décapités au sabre, les roturiers à la hache, les régicides et criminels d'État écartelés, les hérétiques brûlés, les voleurs roués ou pendus, les faux-monnayeurs bouillis vifs dans un chaudron. La proposition de Guillotin vise également à supprimer les souffrances inutiles. Son idée est adoptée en 1791 par la loi du 6 octobre et, malgré ses protestations, on attribue son nom à cette machine, qui existait pourtant depuis le XVIe siècle. Après plusieurs essais sur des moutons puis trois cadavres à l'Hospice de Bicêtre le 15 avril 1792, la première personne guillotinée en France fut un voleur, du nom de Nicolas Jacques Pelletier, le 25 avril 17929. L’appareil est mis au point en 1792 par son confrère Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie (d’où son premier nom de Louison), et se voit rapidement affublé du nom de guillotine, contre la volonté du docteur Guillotin qui en manifesta le regret jusqu'à sa mort en 1814, appelant sa fameuse machine « la tache involontaire de [sa] vie »4. Guillotin espérait instaurer une exécution plus humaine et moins douloureuse. Mais, pendant la Terreur, celle qui est désormais affublée de nombreux surnoms (comme le rasoir national, le moulin à silence, la veuve, puis la cravate à Capet après son emploi sur Louis XVI), a largement contribué à multiplier les exécutions capitales. Emprisonné durant la Terreur, Guillotin est remis en liberté après la mort de Robespierre. Il passa le restant de ses jours loin de la vie politique et ne se consacra plus qu'à la médecine, s’activant à propager la pratique de la vaccination contre la variole et, sous le Consulat, il est chargé d’installer le premier programme cohérent de santé publique en France à l’échelle de la nation. Il est nommé médecin chef de l'hôpital Saint-Vaast d'Arras. Guillotin est également le fondateur de la Société des premiers médecins de Paris, ancêtre de l'actuelle Académie nationale de médecine. Par pure coïncidence, un médecin lyonnais, J.M.V. Guillotin (pas de relation) fut exécuté par la guillotine. ce qui contribua à répandre la rumeur selon laquelle Guillotin aurait lui-même été exécuté par « sa » machine. Joseph Ignace Guillotin est en réalité mort de causes naturelles. « Il y a des hommes malheureux. Christophe Colomb ne peut attacher son nom à sa découverte ; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention. » ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;